L’avenir du pays des Pharaons est plus que jamais indécis. Avec la nouvelle flambée de violence, il est bien difficile de prédire un quelconque scénario précis. Les événements peuvent évoluer de la meilleure comme de la pire des manières.
L’Egypte, avec une population de plus de 84 millions d’habitants, est classée troisième au niveau africain (derrière le Nigeria et l’Ethiopie). Le pays dispose de la plus importante armée du continent avec plus d’un million de soldats, ce qui fait incontestablement de l’Egypte l’une des principales forces du continent africain mais également du monde arabe.
La chute de Hosni Moubarak en février 2011 et l’élection par la suite d’un islamiste issu des Frères musulmans à la tête du pays, en l’occurrence Mohamed Morsi, n’a fait qu’accentuer la division d’un pays en quête de sa voie. Une division qui n’a pu durer plus ou moins pacifiquement bien longtemps et à la suite d’un nouveau vaste mouvement protestataire, ce sera autour de Morsi d’être déchu. Une chute dans laquelle l’armée égyptienne jouera le rôle décisif. Plus que cela, Morsi est arrêté et serait toujours détenu. D’autre part, plusieurs accusations le concernant risquent de donner lieu à des poursuites judiciaires à son égard.
Dès lors, ce sera au tour des partisans de Morsi et des Frères musulmans de descendre dans les rues du pays afin de réclamer la libération de « leur président » et de dénoncer ce qu’ils appellent « un coup d’Etat » et « une dictature militaire ». Les manifestations des partisans et des opposants de Morsi ont depuis donné lieu à de multiples affrontements violents. Des affrontements qui auraient déjà emporté la vie de plus d’une centaine de personnes depuis la fin du mois de juin. Beaucoup évoquent déjà un éventuel scénario syrien en Egypte. Un scénario effectivement envisageable si une solution n’est pas trouvée rapidement dans ce conflit interne. Autre dangereuse éventualité : une guerre inter-religieuse que les Egyptiens devraient à tout prix éviter. Pour rappel, environ 10 % des Egyptiens sont chrétiens (essentiellement coptes) et risquent d’être des cibles privilégiés pour les extrémistes, comme ils l’ont déjà été auparavant.
D’où l’importance d’un consensus dans la société égyptienne afin d’éviter un massif bain de sang que certains annoncent inévitable. D’autre part, certains parlent de manipulations extérieures dans le conflit égyptien. Certes, l’Egypte avec sa position stratégique, entre l’Afrique et le Moyen-Orient, d’autant plus à la frontière avec Israël, a toujours été et reste source de convoitise de la part de nombreuses forces, notamment occidentales. Certains affirment même que la chute de Morsi aurait été organisée par des forces occidentales. Bien que cela soit peu probable. Et ce pour plusieurs raisons. La première est que beaucoup oublient les liens américains de Morsi : études et travail aux Etats-Unis durant de longues années et la citoyenneté américaine pour ses deux premiers fils, nés aux USA. C’est d’ailleurs durant sa « période américaine » que Morsi a gravi les échelons dans la hiérarchie des Frères musulmans.
D’autre part et depuis l’arrestation de Morsi par l’armée égyptienne, la diplomatie étasunienne a maintes fois réclamé sa libération. Simple combat pour la justice ? On aurait du mal à le croire. D’autant plus lorsqu’on connait la position de Morsi sur la crise syrienne, qui rejoint tout simplement la position occidentale. On n’oubliera pas d’ailleurs que bien récemment, c’est bien Morsi qui a rompu les relations diplomatiques avec Damas, soulignant ouvertement son soutien aux rebelles « syriens » et appelant ouvertement au jihad en Syrie. Une rupture qui sera d’ailleurs réexaminée par l’actuel gouvernement intérimaire égyptien. Tout cela porte à croire que Morsi était bien plus qu’un simple partenaire des USA et des autres pays occidentaux. On pourrait donc effectivement douter de la participation occidentale à la chute de Morsi et supposer que les occidentaux ont été simplement pris de vitesse. Connaissant leur approche très originale – et c’est encore peu dire – dans le combat pour la « démocratie dans le monde » en soutenant quand cela les arrange tout sauf des démocrates, pire encore des extrémistes déclarés, il n’y a pas forcément de quoi s’étonner. Mais à l’image de la Syrie, qui malgré la perte d’un très grand nombre de vies humaines, tient toujours, les occidentaux commencent à voir que leurs calculs malsains se retournent contre eux.
En ce qui concerne l’Egypte, il est encore très difficile de définir une ligne sur laquelle le pays des Pharaons avancera. Ni prévoir le moment de l’arrêt total des violences. Néanmoins, et si la situation devait dégénérer, ce serait très certainement à l’armée égyptienne de jouer de nouveau un rôle décisif et d’avoir le dernier mot. A notre niveau, nous ne pouvons que souhaiter à l’Egypte et au peuple égyptien de dépasser de la meilleure des manières possibles cette période difficile de son histoire et d’aller de l’avant.
http://french.ruvr.ru/2013_07_24/Quelles-perspectives-pour-l-Egypte-0445/