Archives mensuelles : janvier 2015

La Russie et l’Iran contreront ensemble les forces néfastes au Moyen-Orient

Ministre de la Défense de Russie Sergueï Choïgou en Iran

Au moment où les élites occidentales, USA en tête, poursuivent leur cirque, retranchées derrière leur  » exceptionnalisme « , le monde multipolaire poursuit son travail avec des résultats évidents.

Après la tournée du président vénézuélien, Nicolas Maduro, en Chine, en Iran et en Russie, qui a confirmé une fois de plus l’alliance entre ces pays tous partisans de la multipolarité, ce fut au tour du ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, de se rendre en visite officielle à Téhéran.

 

Un accord pratiquement historique a été à ce titre signé entre la Russie et l’Iran. L’accord intergouvernemental en question prévoit notamment l’élargissement des échanges de délégations, la coopération entre les états-majors des deux nations, la participation commune à des exercices militaires et à la formation du personnel, ainsi que l’échange d’expérience dans les activités visant l’instauration de la paix et la lutte contre le terrorisme.

Le principal étant, comme cela a été clairement dit, que la Russie et l’Iran vont lutter ensemble contre les interférences extérieures dans la région du Moyen-Orient. C’est ce qu’a indiqué Hossein Dehghan, le ministre iranien de la Défense. Avant d’ajouter:  » La situation actuelle dans le monde fait que les deux puissances que sont la Russie et l’Iran, devront agir ensemble et promouvoir le renforcement de la sécurité internationale, ainsi que la stabilité régionale « .

Les forces néfastes auxquelles s’opposeront désormais conjointement et officiellement la Russie et l’Iran, ont elles aussi été nommées. A savoir les USA avec leur politique chaotique et destructive pour toute la région moyen-orientale et les organisations terroristes, bras droit des premiers. Cet accord est aussi un  » clin d’œil  » à d’autres satellites étasuniens de cette région, en l’occurrence Israël et l’Arabie saoudite, dont les rôles néfastes ne serait-ce que dans le conflit syrien ont été maintes fois prouvés.

En effet, l’Iran partage avec la Russie et la Chine des positions communes sur le conflit syrien, en opposition totale avec les élites occidentales, qui ont parrainé et soutenu les barbares terroristes massacrant et martyrisant la population civile syrienne, et commis les pires crimes de guerre contre les représentants de l’Armée arabe syrienne. Le tout en pleurnichant sans cesse ces derniers jours sur le vulgaire Charlie Hebdo. Mais l’hypocrisie de l’élite occidentale est un thème que l’on a abordé tellement de fois qu’il n’est point nécessaire d’y revenir ici.

L’Iran a d’ailleurs exprimé il y a déjà un certain temps sa volonté de rejoindre les BRICS, ainsi que les mécanismes financiers de l’alliance. La nation perse est également observatrice auprès de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), dont la Russie et la Chine sont membres fondateurs avec des pays ex-membres de l’URSS d’Asie centrale (Kazakhstan, Ouzbékistan, Kirghizistan, Tadjikistan).

Pour finir, il serait juste de rappeler une fois encore qu’à l’heure de la poursuite des inepties occidentales sur le soi-disant  isolement de la Russie et le  rôle exceptionnel des USA pour l’humanité, le monde multipolaire poursuit ardemment sa lutte. Et dans cette lutte, il ne peut que sortir vainqueur, n’ayant tout simplement pas d’autres options. L’unipolarité, retranchée autour des forces néocolonialistes, commence à sentir de plus en plus l’agonie dont elle est victime. Cette agonie la pousse à la folie totale, en refusant ardemment les nouvelles règles qui lui impose chaque jour qui passe notre nouvelle réalité mondiale.

Il y a quelques jours, le ministre canadien des Affaires étrangères a été accueilli par des jets d’œufs en Palestine. Un accueil à l’opposé total des visites de Vladimir Poutine ou de Sergueï Lavrov en terre palestinienne. A en croire qu’à ce rythme, les élites occidentales finiront bien vite par être complètement isolées au niveau de l’humanité, et même au sein de leurs propres peuples. Et comme l’a bien souligné le ministre russe des Affaires étrangères à l’issue de sa dernière conférence de presse à Moscou,  » les prétentions des USA au leadership mondial ne répondent pas aux réalités « .

Le comportement des élites occidentales rappelle celui des schizophrènes. La schizophrénie, elle, se soigne, bien que dans ce cas-ci nous ayons affaire à un cas aigu. Néanmoins, les grands moyens du monde multipolaire sauront certainement avec un peu de temps encore aider nos pauvres malades à se sentir mieux et les aider à retrouver contact avec la réalité.

http://fr.sputniknews.com/points_de_vue/20150128/203506182.html

http://fr.sputniknews.com/authors/mikhail_gamandiy_egorov/

« Nous sommes très heureux de voir que les positions responsables de la Fédération de Russie, surtout depuis les dernières années, nous ont fait revenir à une situation de plusieurs centres de pouvoir dans le monde ».

« Nous sommes très heureux de voir que les positions responsables de la Fédération de Russie, surtout depuis les dernières années, nous ont fait revenir à une situation de plusieurs centres de pouvoir dans le monde ».

Entretien avec M. Boniface Guwa Chidyausiku, ambassadeur de la République du Zimbabwe en Fédération de Russie. Suite de la première partie de l’entretien.

LVdlR : Après le référendum de mars dernier en Crimée ayant validé le ralliement de la presqu’île à la Russie, les USA ont voulu via l’Assemblée générale de l’ONU faire reconnaitre ce référendum comme étant illégitime. Grand nombre de pays n’ont pas soutenu cette initiative étasunienne et se sont massivement abstenus. Quant à votre pays, le Zimbabwe, il s’est non seulement abstenu de cette « initiative » mais s’en est en plus radicalement opposé. D’autre part, votre ministre de l’Environnement, de l’Eau et du Climat, M. Saviour Kasukuwere, a visité tout récemment la Crimée en tant que territoire russe. Est-ce que l’Occident a mis encore plus de pression sur votre nation depuis ?

S.E.M. Boniface G. Chidyausiku : Leur pression a très peu d’effet sur nous car notre politique extérieure est véritablement indépendante. Nous nous sommes effectivement opposés à la résolution étasunienne à l’Assemblée générale de l’ONU qui visait le référendum de ralliement de la Crimée à la Russie. Au niveau de notre pays, nous reconnaissons que le ralliement de la Crimée à la Russie comme étant une décision souveraine des habitants de la Crimée. Car nous nous basons sur le principe du droit à l’autodétermination des peuples. Et le référendum de Crimée était en parfaite conformité avec ce droit. Quant à la visite de notre ministre en Russie de décembre dernier, lorsque un représentant d’un pays souverain rend visite à un autre pays souverain, il n’y aucune raison de ne pas visiter telle ou telle partie ou région du pays visitée. Donc aucune raison valable pour que notre ministre n’aie pas visité la Crimée. Et en ce qui concerne le Zimbabwe et comme déjà dis précédemment, nous reconnaissons le principe du droit d’autodétermination des peuples. Et cela a rejoint entièrement la volonté des Criméens qui ont exprimé leur volonté via le référendum de mars 2014. Nous avons donc soutenu ce principe et nous nous sommes opposés à la position ukraino-étasunienne à l’Assemblée générale de l’ONU.

LVdlR : Une question que j’aimerai également aborder avec vous M. l’Ambassadeur est celle du terrorisme. Nous sommes bien évidemment tous au courant de ce qui s’est passé tout récemment en France. Néanmoins ce que nous observons aujourd’hui est qu’il y a une attention énorme de certains médias sur cette attaque lorsque parallèlement nous assistons à un terrorisme pratiquement journalier à différents endroits du monde et qui ne mérite vraisemblablement pas une attention aussi ardue du mainstream médiatique occidental. Je pense évidemment à la Syrie, à l’Irak, au Nigeria, au Cameroun. Ces pays mènent quotidiennement une lutte sans relâche contre le terrorisme.D’ailleurs, plusieurs spécialistes pensent que les groupes terroristes opérant dans ces pays sont ouvertement manipulés de l’extérieur. Mais ma question à vous sera la suivante : quel est le meilleur moyen de combattre le terrorisme, aussi bien en Afrique que dans le reste du monde ? Comment s’opposer à toute forme d’extrémisme qui représente un vrai danger pour toute l’humanité ?

S.E.M. Boniface G. Chidyausiku : Je pense que le terrorisme est en effet un défi à toute l’humanité. Quant à la presse internationale, en premier lieu occidentale, elle donne effectivement beaucoup plus d’attention lorsque le terrorisme touche les pays dits développés, ceux d’Europe ou les Etats-Unis. Mais comme vous l’avez bien mentionné, un grand nombre de personnes sont mortes en Afrique suite aux massacres terroristes, que ce soit au Nigeria, au Kenya, en Somalie, ou encore en Egypte. Evidemment les médias occidentaux n’y attachent pas une attention aussi importante que ce que nous voyons par rapport à la France. D’ailleurs le terrorisme visant la Russie n’a lui aussi pas une attention adéquate de la part de ces médias alors que nous avons observé des attentats terribles visant la Russie.

Nous devons donc affronter ce défi terroriste ensemble. Et nous ne devons pas attacher une plus grande attention lorsque cela touche les uns, et une moins grande attention lorsque cela touche les autres. Lorsqu’on observe les organisations terroristes telles que l’Etat islamique, Al-Qaida et d’autres encore, on y trouve souvent une participation américaine. Les USA ont participé à la création de certaines de ces organisations terroristes. Les djinns sont sortis alors de leurs bouteilles. Nous ne devons donc pas adopter des mesures à court terme qui demain nous causeront encore plus grand nombre de problèmes. Nous devons affronter le problème terroriste de front. Avec humanisme. Et où que ce soit : au Royaume-Uni, en Russie, au Zimbabwe ou au Nigeria. Le terrorisme est le terrorisme. L’extrémisme basé sur une justification religieuse représente un grand danger et nous devons le condamner sans répit. Et cela ne doit aucunement servir d’excuse. Et nous devons également accepter nos différences, qu’elles soient religieuses ou culturelles. Nous pouvons tous coexister car faisons tous partie de ce monde. Nous pouvons avoir des interprétations différentes, notamment basées sur la religion, mais cela ne doit jamais nous empêcher de coopérer. Et nous devons tous lutter contre le fanatisme, quel qu’il soit.

LVdlR : Vous avez mentionné un point très important : la solidarité internationale dans la lutte contre l’extrémisme et le terrorisme. Mais un certain groupe de pays tentent, hier comme aujourd’hui, d’utiliser l’excuse de la menace terroriste pour intervenir dans les affaires intérieures d’autres pays, le tout dans l’objectif d’atteindre des avancées dans leurs intérêts géopolitiques. Commet devons-nous lutter également contre cela ? La Russie, la Chine, les nations BRICS et votre pays également, sont fermement opposées à ce type de politique. Que devons-nous faire ?

S.E.M. Boniface G. Chidyausiku : Oui, c’est bien stupide de la part de certains Etats d’avoir des stratégies tellement à court terme, dont le seul but est l’élimination ou le changement de tel ou tel régime, dans tel ou tel pays, au point de créer des organisations terroristes pour atteindre ces objectifs malsains et effectuer les changements voulus. Nous avons tous vu ce qui s’est passé en Libye. Ils ont détruit un Etat qui fonctionnait bien, le tout au nom de la « démocratie ». Et aujourd’hui nous observons un Etat en échec évident. Mais ils sont toujours convaincus qu’ils savent quoi faire et mieux que quiconque. C’est un défi à nous tous. Et à ce titre, nous sommes très heureux de voir que les positions responsables de la Fédération de Russie, surtout depuis les dernières années, nous ont fait revenir à une situation de plusieurs centres de pouvoir dans le monde. Cela est bénéfique pour le monde entier. Ce qui a suivi les années 1990 et aussi le début du XXIème siècle, représentait tout simplement un monde unipolaire. Et lorsque nous nous trouvions dans l’unipolarité, certains se sont autoproclamés gendarmes du monde. Nous sommes heureux qu’aujourd’hui la Fédération de Russie, y compris au niveau du Conseil de sécurité de l’ONU, participe activement à la défense du droit international. C’est très important. Et lorsque nous voyons que certains pays au sein du Conseil de sécurité interprètent à leur guise le droit international selon leurs propres intérêts, cela est un vrai problème. Et c’est pourquoi nous sommes heureux d’avoir aujourd’hui un monde multipolaire devenu réalité et qui permet de rebalancer les forces et au final apporter une plus grande sécurité aux nations du monde entier.

LVdlR : Dernière question M. l’Ambassadeur. Vous avez bien mentionné la multipolarité du monde devenue désormais réalité. Mais il y a encore tellement de choses sur lesquelles il faut travailler. En tant que représentant de la République du Zimbabwe et de l’Afrique aussi, êtes-vous globalement optimiste et quels sont les domaines sur lesquels nous devons encore avancer ? Notamment dans le cadre de la volonté des BRICS d’interagir activement avec l’Afrique. Et comment pouvons-nous ensemble améliorer ensemble ce monde multipolaire ?

S.E.M. Boniface G. Chidyausiku : Il y a un certain nombre de choses à faire encore. La première serait à mon avis de réformer le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies. Il est grand temps que l’Afrique ait son siège au sein du Conseil de sécurité. On pourrait alors décider du pays africain qui prendrait cette place. L’ONU a été créée en 1945. Et il faut avoir à l’esprit que la situation d’antan et celle d’aujourd’hui sont bien différentes. Nous devons donc nous adapter à la nouvelle réalité.

Deuxièmement, il faut en effet avoir une interaction encore plus importante entre l’Afrique et les pays BRICS. Dans les domaines du commerce, de la finance, ainsi que dans le domaine de la coordination des positions sur l’arène internationale.

Troisièmement, nous devons mettre fin au monopole du dollar US. Nous devons avoir beaucoup plus de devises de référence et ne pas avoir à dépendre d’une seule. Car nous savons parfaitement que ladite devise est un instrument de politique extérieure et aussi de déstabilisation des économies d’un certain nombre de pays. La Russie et la Chine se sont déjà mis d’accord de passer aux paiements dans leurs devises nationales dans le domaine de leur commerce mutuel et de leurs projets communs. C’est la bonne voie. Nous devons trouver des alternatives à la domination du dollar US.

LVdlR : Merci beaucoup M. l’Ambassadeur ! C’est un plaisir de s’être entretenu avec vous.

S.E.M. Boniface G. Chidyausiku : Le plaisir est partagé.

http://french.ruvr.ru/2015_01_19/Nous-sommes-tres-heureux-de-voir-que-les-positions-responsables-de-la-Federation-de-Russie-surtout-depuis-les-dernieres-annees-nous-ont-fait-revenir-a-une-situation-de-plusieurs-centres-de-pouvoir-dans-le-monde-9554/

Mikhail Gamandiy-Egorov

« Nous, le Zimbabwe, avons assumé pleinement notre indépendance. Mais nous avons aussi dû payer un prix pour cela »

« Nous, le Zimbabwe, avons assumé pleinement notre indépendance. Mais nous avons aussi dû payer un prix pour cela »

Entretien avec M. Boniface Guwa Chidyausiku, ambassadeur de la République du Zimbabwe en Fédération de Russie (Partie 1)

C’est un honneur et un plaisir aujourd’hui d’avoir l’opportunité de nous entretenir avec S.E.M. Boniface Guwa Chidyasiku, ambassadeur de la République du Zimbabwe en Russie, poste qu’il occupe depuis 2011. Beaucoup de choses ont évolué depuis dans les relations entre les deux pays. A noter que le Zimbabwe fait partie des quelques nations africaines qui ont la capacité de mener leur propre politique indépendante et souveraine, sans l’interférence de forces externes néocolonialistes.

Mikhail Gamandiy-Egorov, La Voix de la Russie :

M. l’Ambassadeur, je vous remercie d’avoir accepté cet entretien pour La Voix de la Russie. Ma première question concernera probablement la coopération mutuelle entre nos deux nations, la République du Zimbabwe dont vous êtes le représentant ici et la Fédération de Russie. Comment pourriez-vous caractériser les relations actuelles entre les deux pays ?

S.E.M. Boniface G. Chidyausiku : Merci beaucoup. Le Zimbabwe et la Fédération de Russie ont de très bonnes relations. Il n’y a encore pas si longtemps, nous n’avions pratiquement que des relations politiques. Mais depuis que je suis ici, les quatre dernières années, la situation a considérablement évolué. Nous assistons aujourd’hui au moment où plusieurs entreprises russes investissent au Zimbabwe. Et depuis quatre ans également, nos élites gouvernementales et du monde des affaires, travaillent activement ensemble au plus haut niveau. Le ministre Denis Manturov (ministre russe de l’Industrie et du Commerce, ndlr) a participé au lancement de la commission mixte russo-zimbabwéenne. Un accord de protection des investissements a été à ce titre également signé. Aujourd’hui, nous nous trouvons à l’étape où plusieurs entreprises russes opèrent au Zimbabwe. En 2014, une importante délégation russe est venue au Zimbabwe, dirigée par M. Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères. M. Manturov accompagnait lui aussi la délégation, ainsi que plusieurs grands consortiums russes, tels que Vi Holding, Rostec, de même la banque russe du commerce extérieur VTB. Et le grand événement de cette visite a été la signature entre la Russie et le Zimbabwe de l’accord intergouvernemental sur l’exploitation du gisement de platine de Darwendale. Une grande réussite pour nos deux pays.

LVdlR : Vous avez mentionné la récente visite de notre ministre des Affaires étrangères au Zimbabwe Sergueï Lavrov, que beaucoup ont appelé historique. Peut-on associer cette visite à un lancement de projets plus grands encore dans un avenir proche ?

S.E.M. Boniface G. Chidyausiku : Nous pensons bien évidemment à une expansion des projets dans lesquels participent les consortiums russes et qui représentent déjà un montant d’investissements de 2,5-3 milliards de dollars. Et il y aura certainement d’autres retombées positives encore surtout que les accords en question prévoient également la formation des cadres zimbabwéens en Russie. D’ailleurs durant la visite en Russie de notre ministre des Finances et des Mines, nous avons discuté des possibilités d’importation au Zimbabwe d’équipements et de technologies russes. Ce qui permettrait au gouvernement russe d’avoir accès aux marchés existants au Zimbabwe dans ce domaine. Et un tel partenariat gagnant-gagnant aide bien évidemment aussi bien le Zimbabwe, que la Russie. Aujourd’hui, nos deux pays se trouvent sous les sanctions occidentales. Nous avons cela en commun. Et nous devons bien évidemment ensemble matérialiser nos capacités et opportunités communes.

LVdlR : Je vais vous poser une question M. l’Ambassadeur qui concerne probablement tout le continent africain. Durant la période soviétique, notre pays était très présent et actif en Afrique. Les années qui ont suivi l’éclatement de l’URSS, la Russie était très peu active sur le continent africain. Ces dernières années, nous sommes témoins d’un intérêt grandissant des deux côtés : des Russes pour l’Afrique, et de nombreux Africains pour la Russie. Croyez-vous que dans les quelques prochaines années, la Russie pourra atteindre, si ce n’est pas entièrement ses capacités d’antan en Afrique, mais au moins un niveau semblable ?

S.E.M. Boniface G. Chidyausiku : Il y a effectivement de la bonne volonté des deux côtés, aussi bien du côté africain que russe. Il faut se rappeler et c’est bien triste, qu’après l’éclatement de l’Union soviétique, la Russie avait en face tellement de problèmes internes, notamment économiques, qui devaient être à tout prix réglés sans tarder. Mais je pense qu’aujourd’hui l’économie russe a atteint un niveau qui lui permette de retrouver les positions perdues et profiter de la vision positive des Africains vis-à-vis de la Russie et du peuple russe. Vous savez certainement aussi qu’un nombre important d’Africains ont été formés en Russie, et ce depuis la période soviétique. Donc il y a des spécialistes africains russophones dans bon nombre de domaines : commerce, technologies, management, enseignement,… Et la Russie possède également des spécialités dont l’Afrique a grand besoin. La Russie a un très grand savoir-faire dans le domaine pétrolier, ainsi que dans le domaine de l’exploitation minière ou encore dans l’énergie atomique. Ce sont tous des domaines dans lesquels la Russie peut exceller en Afrique. Donc ce que la Russie aurait besoin de faire, et c’est ce que fait déjà bien la Chine, c’est de fournir des financements aux sociétés russes désireuses de s’établir sur le continent africain. Et participer ainsi au développement de l’Afrique. La Russie doit bien sûr être à bord pour participer et voir la réalisation de ce rêve.

LVdlR : Une autre question qui concerne aussi bien le Zimbabwe, que tout le continent africain. Votre pays est probablement un des rares pays du continent capable de mener sa propre politique, indépendante et souveraine, sans interférences extérieures, que ce soit de la part de l’ex-colonisateur ou de qui que ce soit d’autre. Mais parallèlement, un nombre important d’Etats africains, notamment d’Afrique francophone, sont jusqu’à aujourd’hui contrôlés de-facto aussi bien par les anciennes métropoles coloniales que les USA, et ce au niveau politique, économique, financier, militaire. Avez-vous une idée sur comment ces nations pourraient dans les prochaines années acquérir leur liberté et une indépendance véritable ?

S.E.M. Boniface G. Chidyausiku : Je crois que les nations africaines ont des positions différentes en ce qui concerne leur politique extérieure. Et c’est normal. Mais je crois aussi que l’Afrique doit être unie. Et je crois également et c’est important qu’afin de profiter pleinement de l’indépendance politique, il faut obtenir une indépendance économique. Et cela est impossible tant que tu es sous contrôle économique de quelqu’un d’autre. Et en arrachant l’indépendance économique, il est alors possible de faire profiter des ressources nationales aux citoyens africains. Et c’est à ce moment-là que nous pouvons alors parler d’indépendance véritable. Nous, le Zimbabwe, avons assumé pleinement notre indépendance. Mais nous avons aussi dû payer un prix pour cela. Donc c’est le leadership africain qui doit décider : adopter des demi-mesures ou alors des stratégies à long-terme, afin que les populations africaines puissent être maîtres de leurs ressources, et décider du futur de leurs nations. Sur ce chemin, il peut y avoir du mal et bon nombre d’obstacles, mais il faut effectivement du courage pour prendre cette décision.

LVdlR : Vous avez noté que votre pays a dû payer un prix pour assumer pleinement votre indépendance et votre liberté. Et parallèlement, vous êtes le pays qui fait partie de ceux qui ont souffert le plus des sanctions occidentales sur le continent africain. Et comme vous le savez certainement aussi, notre pays la Russie, fait aujourd’hui également face aux sanctions de l’Occident. Quels seraient vos conseils afin de résister efficacement à ces sanctions, compte tenu de la grande expérience du Zimbabwe sur cette question ?

S.E.M. Boniface G. Chidyausiku : Lorsqu’une nation fait face à des sanctions externes, il faut regarder la question en intégralité. Dans le cas de la Fédération de Russie, il faut voir que depuis l’éclatement de l’Union soviétique, les investissements dans la recherche et le développement n’étaient pas importants. Il était alors plus facile pour les entreprises russes d’importer des technologies occidentales au lieu de développer les leurs. Aujourd’hui, ces sanctions occidentales représentent de grandes opportunités pour la Russie afin de lui permettre de développer pleinement tout son potentiel. Que ce doit au niveau du R&D, IT et plus globalement des nouvelles technologies. Bien sûr il était facile d’importer des produits d’Europe mais il faut penser sérieusement au développement des produits fabriqués au pays. Tant qu’un pays est fortement dépendant des importations, alors il y aura toujours des forces voulant influencer votre politique : ceux qui sont opposés à votre pays et qui veulent faire changer votre politique sur l’arène internationale. Les Américains pensent qu’en imposant des sanctions contre la Russie, ils réussiront à changer le régime politique en Russie. Mais je crois que les citoyens russes le comprennent parfaitement et ne le permettront pas. Et je pense qu’il faut aujourd’hui mobiliser toutes les forces de la Russie pour défaire les plans malsains qui la visent directement.

Suite dans la deuxième partie de l’entretien.

http://french.ruvr.ru/2015_01_18/Nous-le-Zimbabwe-avons-assume-pleinement-notre-independance-Mais-nous-avons-aussi-du-payer-un-prix-pour-cela-7194/

Mikhail Gamandiy-Egorov

Transit du gaz russe vers l’UE via l’Ukraine ? Fini. Tout passera par la Turquie.

Maroš Šefčovič

Les politiciens bruxellois ont tendance à faire les comédiens. Malheureusement, bien souvent la comédie tourne à la tragédie mais ainsi en est-il. Quant à la « surprise » des dirigeants de Bruxelles sur le fait que désormais le gaz russe destiné à l’UE passera par la Turquie et non pas par l’Ukraine, cela fait bien sourire…

En effet, la nouvelle était assez récente mais ne datait tout de même pas d’hier. La visite du président russe Vladimir Poutine en Turquie en décembre de l’année qui vient de s’écouler avait pourtant mis tous les points sur les « i ». A savoir que la Turquie a confirmé une fois encore qu’elle ne se joindra pas aux « sanctions » occidentales contre la Russie, au contraire la Turquie y voyant une énorme opportunité d’accroitre le partenariat bilatéral avec son voisin du nord, un partenariat déjà fort important, compte tenu notamment du niveau des relations économiques et commerciales (la Russie est tout simplement le deuxième partenaire commercial de la Turquie).

L’autre point clé de cette visite chez un partenaire stratégique concernait bien évidemment l’aspect gazier. Gazprom ayant décidé d’abandonner à juste titre la construction du projet « South Stream » et se focaliser sur la construction commune avec la société turque de transport des hydrocarbures Botas d’un second gazoduc russo-turque qui passera sous la mer Noire. L’UE ne s’y attendait alors pas, pas plus que la junte néofasciste de Kiev. Et pourtant ni en Russie, ni en Turquie, on ne s’amuse à jeter des paroles en l’air. Accord signé, il faut se mettre au travail.

Cependant, le vice-président pour l’énergie de la Commission européenne, Maroš Šefčovič, en visite à Moscou hier, a exprimé toute sa « surprise » quant au fait que désormais le gaz russe allant vers l’UE transitera de moins en moins par la « new Ukraine », jusqu’au moment où notre gaz ne transitera tout simplement plus par cette zone. Tout passera alors via notre voisin du sud, la Turquie en l’occurrence. Les technocrates de Bruxelles sont quand même incroyables. En arrivant à Moscou, M. Šefčovič s’attendait certainement qu’on lui annonce que l’accord signé entre la Russie et la Turquie en décembre dernier n’était qu’un poisson d’avril hivernal, et qu’en général il n’allait jamais se réaliser. Pourtant, c’est tout autre chose qu’il a entendu de la part du PDG de Gazprom, Alexeï Miller : « A l’ avenir, Gazprom cessera tout transit de gaz destiné à l’Union européenne via l’Ukraine, pour se focaliser sur la Turquie ».Point.

Et devant le « grand étonnement » de son homologue de l’UE, M. Miller a ajouté : « qu’en cas de refus de l’UE de travailler selon les nouvelles réalités, les volumes de gaz russe destinés à l’Union européenne, iront vers d’autres marchés ».Vraiment difficile d’y ajouter quelque chose si ce n’est trois points importants :

1) Cette manœuvre de la Russie et un véritable triple coup contre Washington et Bruxelles. La junte de Kiev, pour laquelle les USA & UE sont désormais censés porter entière responsabilité, a du fil à retordre. L’Ukraine, ou plutôt ce qu’il en reste, se trouvant déjà dans une situation chaotique, devra désormais oublier les sommes fort importantes que la Russie lui versait pour le transit de notre gaz allant aux consommateurs de l’Union européenne. Un transit d’ailleurs trop souvent source de chantage de Kiev envers Moscou. Fini. Aux nouveaux « parrains » d’en prendre donc soin. Ce n’est plus le problème de la Russie de garder à flot l’économie ukrainienne. Une réalité donc à laquelle il leur faudra là-encore bien s’adapter.

2) La Turquie en sort également gagnante. Et possèdera désormais des leviers supplémentaires de pression sur l’UE.

3) Quant à la Russie, elle a montré une fois encore que c’est bien elle qui choisit avec qui elle fera affaire et avec qui elle ne fera pas. La Turquie étant un partenaire beaucoup plus fiable que l’Ukraine « nouvelle version ». Et malgré des désaccords évidents sur des questions de politique internationale, surtout en ce qui concerne la Syrie, où Moscou et Ankara partagent des positions pratiquement diamétralement opposées, et dans une moindre mesure sur la Crimée, les deux pays ont montré qu’ils ont aussi et surtout un bon nombre de positions communes. Et en premier lieu, celui de la défense de leurs intérêts nationaux réciproques. La Turquie a beau être membre de l’OTAN, et ne pas partager un certain nombre de positions avec la Russie, elle a au moins le mérite d’être capable de mener une politique indépendante et souveraine, surtout lorsque cela touche à ses intérêts les plus stratégiques.

Le tout à la très grande différence des nombreuses colonies étasuniennes sur le continent européen.

http://french.ruvr.ru/2015_01_15/Transit-du-gaz-russe-vers-l-UE-via-l-Ukraine-Fini-Tout-passera-par-la-Turquie-2029/

Mikhail Gamandiy-Egorov

Syrie & cas Charlie Hebdo : l’hypocrisie de l’élite politique occidentale encore et toujours

Syrie & cas Charlie Hebdo : l’hypocrisie de l’élite politique occidentale encore et toujours

L’attaque terroriste contre le bureau parisien de l’hebdomadaire « satirique » Charlie Hebdo a démontré plusieurs choses. Tout d’abord que le terrorisme cela concerne absolument tout le monde, sans exceptions. Et qu’il peut frapper à tout moment et n’importe où.

Le terrorisme ce n’est pas seulement en Syrie ou en Irak. L’Occident politique qui trop longtemps a non seulement sympathisé envers les terroristes wahhabites qui tuent, violent et massacrent au sein de grands centres civilisationnels que sont la Syrie et l’Irak, mais les a également activement soutenu (et soutient toujours), aujourd’hui malheureusement pour lui, en paie les frais.

En effet, à l’heure où au Moyen-Orient, la digne nation syrienne, via son leader, son peuple et son armée, mène une lutte acharnée contre des extrémistes criminels sans éducation quelconque, les chefs d’Etats occidentaux, y compris européens, soutiennent ouvertement les mêmes barbares qui sont prêts à frapper à tout moment n’importe quelle nation, y compris ces mêmes pays occidentaux, dont bien souvent ces barbares sont citoyens, y compris ceux de souche.

Pourquoi n’avoir pas soutenu dès le début de la crise syrienne le gouvernement légitime de Damas et ne l’avoir pas aidé à en finir avec la vermine terroriste ? Pourquoi ne pas avoir à l’instar de la Russie, de la Chine et de l’Iran, cherché à résoudre la crise par des moyens diplomatiques et non pas par des menaces d’attaque armée à l’encontre du gouvernement légitime syrien, soutenu par l’écrasante majorité des citoyens de la Syrie ? Pourquoi avoir laissé des délinquants et criminels en tout genre (dont bien nombreux sont leurs propres citoyens) se déplacer librement en Syrie pour commettre de véritables crimes contre l’humanité, aussi bien contre les militaires de l’Armée arabe syrienne, qu’à l’encontre de la population civile de la Syrie baathiste, multiethnique et multiconfessionnelle, sans oublier les massacres des journalistes, locaux comme étrangers ?

Fait incroyable et pourtant vrai, les pseudo-spécialistes du monde occidental, et ce après tous les massacres barbares commis, poursuivent leur propagande de la folie. Lors de diverses discussions télévisées, y compris sur Euronews, en discutant de la politique à adopter à l’encontre des « jeunes gens » partis faire le « Djihad » en Syrie et en Irak, ils affirment sans vergogne qu’au lieu de parler des mesures punitives à l’encontre de ces jeunes terroristes, qu’il faut au contraire trouver la « bonne approche » afin de les faire « réintégrer » dans les sociétés européennes dont ils sont issus… Sans commentaires.

Si ce n’est qu’il reste à espérer que l’Armée arabe syrienne avec ses alliés réussira à éradiquer massivement les parasites en question, afin que non seulement ces derniers ne puissent pas refaire leurs exactions sur les territoires de grandes civilisations arabes, mais également dans les pays de leur citoyenneté. Il serait peut-être aussi bon d’en finir avec la langue de bois et l’hypocrisie ambiante de l’Occident pour parler de « démocratie et des droits de l’homme en faveur » de la Syrie. Petit rappel à certains, la démocratie c’est la voix du peuple. La voix de la majorité. Et puisque le digne peuple syrien soutient en très grande majorité le président Bachar al-Assad, il serait peut-être temps d’apprendre à respecter le choix du peuple syrien, sa souveraineté et son indépendance. Bien que cela soit pratiquement inimaginable de la part des Obama, Cameron, Merkel, Hollande & Co. (notamment leurs « amis » d’Arabie Saoudite et du Qatar, des grands exemples de « démocratie », eux aussi).

Pour revenir à Charlie Hebdo, le terrorisme reste le terrorisme. Et absolument rien ne peut le justifier. Bien que le média en lui-même ne représentait et ne représente pas grand-chose. Un « média » de pure provocation, certains diront même extrémiste, qui de par sa tradition a bien souvent insulté les croyances religieuses des gens, qu’ils soient chrétiens ou musulmans. Et à chaque mauvaise et encore plus mauvaise occasion, surtout lorsqu’il approchait la faillite pure et simple, il ne trouvait rien de mieux que de se faire de la publicité à travers des moyens ouvertement sales. Oui, c’est le mot juste. Et je dois vous avouer qu’entre des manifestations à l’occidental de soutien audit hebdomadaire ou des manifestations hyper-agressives dans certains pays musulmans contre ledit journal, je ne soutiens ni les uns, ni les autres. De loin, je préfère l’exemple de nos alliés brésiliens du BRICS qui ont organisé il y a quelques temps de cela une manifestation d’opposition aux « caricatures » extrémistes de Charlie Hebdo, ayant massivement réuni côte à côte catholiques et musulmans du Brésil, tout en exprimant leur ferme opposition à l’extrémisme et au terrorisme sous quelque forme que ce soit.

Pour finir, nos sincères condoléances à toutes les victimes du terrorisme, en Syrie, en Irak, en Libye, au Mali, au Nigeria, au Cameroun, en France et partout dans le monde. Et nos vœux sincères pour les élites occidentales, en cette nouvelle année qui vient de débuter, d’ouvrir les yeux sur les conséquences de leur politique chaotique aussi bien au Moyen-Orient que dans leurs propres pays. C’est sûr que le sang des soldats et civils syriens représente bien peu, sinon rien, pour ces « élites » hypocrites, néanmoins lorsque le même mal frappe leurs propres citoyens, il serait peut-être temps de cesser de jouer aux pompiers pyromanes, qu’ils sont incontestablement.

http://french.ruvr.ru/2015_01_08/Syrie-cas-Charlie-Hebdo-l-hypocrisie-de-l-elite-politique-occidentale-encore-et-toujours-5814/

Mikhail Gamandiy-Egorov