Archives mensuelles : décembre 2015
Voeux de Noël. Рождественские пожелания.
Joyeux Noël à tous mes frères et soeurs catholiques. Joyeuse fête également à tous les frères et soeurs chrétien(ne)s en général. Que la naissance de Jesus-Christ notre Seigneur soit le début d’une nouvelle ère, à laquelle on aspire tous. En revenant depuis Kazan, la capitale du Tatarstan, je salue également mes frères, soeurs et ami(e)s musulman(e)s (les vrais), pour leur rappeler l’importance d’une alliance entre le christianisme et l’islam dans le but de contrer nos ennemis communs. Qu’il en soit ainsi.
С Рождеством Христовым братья и сестры католики. С праздником также всех братьев и сестер христиан в целом. Чтобы рождение Иисуса Христа, Господа нашего, стало началом новой эры, к которой мы все стремимся. Возвращаясь из города Казань, столицы Татарстана, передаю также теплый привет всем друзьям мусульманам (истинным), дабы напомнить о важности союза между христианством и исламом в противостоянии с общими врагами. Да будет так.
Kazan, République du Tatarstan, Fédération de Russie. Décembre 2015.
De retour à Moscou depuis Kazan. Très heureux de cette visite. D’abord parce que découvrir de nouveaux endroits est toujours bon. D’autre part et dans mon cas, moi qui a passé une grande partie de ma vie à l’étranger, je découvre à travers ce genre de voyages mon propre pays. Car la Russie, ce n’est effectivement pas seulement Moscou. Maintenant en ce qui concerne Kazan. Très belle ville, multiethnique et multiconfessionnelle, et symbolique de cette expérience purement russe de cohésion entre chrétiens et musulmans. Et ce depuis de bien longs siècles. Kazan est la terre du christianisme comme c’est la terre de l’islam. Une expérience unique. En passant, je pense que quelque soit notre religion, il faudrait un jour visiter Kazan. Et je dois avouer aussi qu’après ce voyage, le patriotisme ne fait que se renforcer. Merci Kazan !
Вернулся в Москву из Казани. Очень доволен поездкой. Во-первых, потому что открытие новых мест – это всегда хорошо. Кроме этого, в моем конкретном случае, человека прожившего большую часть жизни за границей, это еще и открытие собственной страны. И действительно Россия – это не только Москва. Теперь что касается самой Казани. Очень красивый город. Многонациональный и многоконфессиональный. Символ того уникального российского опыта сплоченности христиан и мусульман. И так на протяжении многих веков. Казань является землей христианства, как и землей ислама. Действительно уникальный опыт. Кстати говоря, вне зависимости от нашего вероисповедания, Казань стоить посетить. И также надо признать, что после данной поездки патриотизм только укрепляется. Спасибо, Казань!
Me trouve actuellement à Kazan, la capitale du Tatarstan et la troisième capitale officielle de la Fédération de Russie par la même occasion. Нахожусь в славном городе Казань.
Enjeux et perspectives centrafricaines. (Partie 2)
Sylvie Baipo-Temon est une ressortissante centrafricaine. Economiste de formation, cadre au sein de la direction financière d’une banque française, son engagement pour son pays, la République centrafricaine, date de 2003.
Un engagement d’abord passif à travers des réflexions et analyses personnelles, puis actif, surtout depuis fin 2014. De décembre 2014 à juin 2015, elle sera porte-parole du comité ad hoc diaspora pour la paix en RCA. En ce moment, elle travaille sur un blog dont l’objectif serait de faire découvrir la Centrafrique: son histoire, ses maux, ses tares, ses défis, enjeux et perspectives.
Sputnik: Lors des affrontements entre les milices Seleka et les Anti-balaka, certains spécialistes avaient avancé l’éventualité d’une partition de la RCA, dans le cas où une solution pacifique durable n’est pas trouvée. Votre avis sur la question?
Sylvie Baipo: La Centrafrique est un pays indivisible. Pour moi, la partition est un non sujet, parce qu’aucune vraie action de sortie de crise n’a été entreprise, mise à part celle entreprise récemment par le Pape François. Comment parler de partition alors que tout n’est que manipulation?
Nous avons vu ce que la partition du Soudan a donné? Un fiasco sans nom. C’est cela que la communauté internationale veut renouveler en Centrafrique? Sachant que le cas du Soudan est différent de celui du Centrafrique car au Soudan, la partition est née notamment en raison des problèmes raciaux (Nord blanc et Sud noir). Ce racisme n’existe pas en Centrafrique, et la partition sur la base religieuse n’a aucun fondement. La population rejette cette partition. Seuls les partisans de cette partition savent les avantages qu’ils en tirent.
Il faut avoir à l’esprit que la division rend vulnérable, il faut que la Centrafrique et l’Afrique en général comprenne que nous sommes dans une ère où seuls les grands ensembles survivent. Se diviser nous rend vulnérable et à la merci des tentations des voisins.
De plus, derrière les revendications de la Seleka, se cache des revendications pécunières que la Centrafrique ne peut honorer car les caisses sont vides. Et je pense que répondre à la demande de criminels est une faiblesse qui ouvre la porte à pire demain. Le terrorisme a pris de l’ampleur au moment où nos grands chefs des puissances ont fait le choix de négocier et discuter avec le terrorisme. Retenons qu’on ne discute pas avec un terroriste ni avec un criminel.
Sputnik: Parlons du rôle de la communauté internationale. Notamment de la France qui était intervenue en RCA, on se souvient d’ailleurs de la fameuse opération Sangaris. Est-ce que cette intervention avait contribué à apporter la paix ou non? Plus largement, quel est lien aujourd’hui qui lie la France, ou plutôt l’Elysée, à la Centrafrique?
Sylvie Baipo: Sans hésitation, non, cette opération qui est toujours en place n’a pas apporté le résultat escompté. Nous en sommes à nous poser la question sur la sincérité de l’aide annoncée. Car depuis que les sangaris sont en place il y a eu davantage d’exactions et de victimes. Sans compter que les sangaris eux-mêmes ont commis des exactions (viols sur des mineurs de 8/9 ans).

Je ne connais pas les liens entre l’Elysée et la Centrafrique, mais ils semblent troubles. Nous avons appris qu’il y a une pléthore de conseillers français auprès des autorités de transition. Je n’en connais pas leur nombre, mais compte-tenu du chao qui persiste, leur stratégie est soit inefficace soit contraire à celle annoncée.Nous ne sommes pas dupe, au-delà d’être des défenseurs de droits de l’homme, la France a davantage un enjeu économique en Centrafrique. D’ailleurs, le Président Hollande l’a clairement dit lors du sommet France-Afrique en 2013 « la France soutien ses intérêts ».
Il y a aussi des casques bleus appelés Minusca en Centrafrique. De même, leur impartialité sur le terrain est remise en cause par la population. Je me demande quel a été le critère de sélection des troupes composant la Minusca. Et soyons honnête, citez-moi un pays où une intervention sous l’égide de l’ONU a été un succès?
Sputnik: La politique française en République centrafricaine peut-elle être vue comme partie intégrante de ce qu’on appelle la Françafrique? Si oui, combien de temps selon vous cela va continuer?
Sylvie Baipo: Oui totalement, c’est un système ancien qui perdure et n’a pas pris une ride.
Il est paradoxal que certain pays du tiers-monde ont réussi à prendre leur envol et que seul les pays assujettis à des accords de coopération restent cloués au sol. D’autant plus que ces pays ont un potentiel non négligeable.
Je pense que la paupérisation de l’Afrique et de la Centrafrique en particulier est une stratégie géopolitique pour conserver une forme de domination.
Foccart n’est plus mais le dossier a bien été transmis et continuera à se transmettre.Cela continuera jusqu’à une prise de conscience totale et profonde des Africains et des Centrafricains en particulier. Espérons que cette prise de conscience soit rapide et pacifique.
Sputnik: Dernière question. Quel avenir entretenez-vous pour votre pays? Sur le court et le moyen terme. Quels sont ses principaux défis?
Sylvie Baipo: Je pense que nous ne pouvons que nous relever. Après de telles atrocités, nous ne pouvons que nous unir pour un avenir meilleur si et seulement si nous le voulons et tirons les leçons d’un passé chaotique.
A court terme, nous avons des échéances électorales. Au regard des campagnes en cours et du comportement de la classe politique, je ne suis pas sûr que les leçons de la crise ont été tirées.
Par conséquent, ces élections ne donneront lieu qu’à une période de transition légitime et nécessaire pour remettre le pays sur de bons rails.
J’ai plus d’espérance sur le moyen terme, espérance conditionnée par les efforts qui seront fait par le prochain président en termes de gouvernance (transparence, responsabilité,…).La Centrafrique n’a pas d’autre choix que de se relever et se reconstruire par le travail de ses fils et filles. Notre destin ne dépend que de nous, de notre volonté, de nos capacités et du fait de vouloir regagner un peu de dignité.
http://fr.sputniknews.com/points_de_vue/20151221/1020455019/afrique-republique-centrafricaine.html
RUSSIA’S QUIET RISE IN AFRICA
A lire (article en anglais).
Retour de la Russie en Afrique : http://www.ozy.com/fast-forward/russias-quiet-rise-in-africa/65812
« As investment continues, Putin’s predictions at the Munich Security Conference may just come true: The days of American global dominance are ending, and Russia is yet again making its way to the forefront of international affairs, starting with Africa ».
Enjeux et perspectives centrafricaines. Entretien avec Sylvie Baipo-Temon (Partie 1)
Sylvie Baipo-Temon est une ressortissante centrafricaine. Economiste de formation, cadre au sein de la direction financière d’une banque française, son engagement pour son pays, la République centrafricaine, date de 2003. Un engagement d’abord passif à travers des réflexions et analyses personnelles, puis actif, surtout depuis fin 2014.
De décembre 2014 à juin 2015, elle sera porte-parole du comité ad hoc diaspora pour la paix en RCA. En ce moment, elle travaille sur un blog dont l’objectif serait de faire découvrir la Centrafrique: son histoire, ses maux, ses tares, ses défis, ses enjeux et perspectives.
Sputnik: L’année dernière, la République centrafricaine faisait l’actualité en raison des affrontements inter-religieux. Qu’en est-il aujourd’hui? Quelle est la situation sur le terrain?
Sylvie Baipo-Temon: Les médias occidentaux ont présenté le conflit centrafricain comme étant un conflit inter-religieux. Cela n’est pas exact.
Le conflit centrafricain issu du dernier coup d’Etat mené par la milice Seleka, est né d’une crise politique. D’ailleurs, la Centrafrique depuis son indépendance en 1960 n’a connu que des cycles de violences liés à une instabilité politique chronique. De 1960 à 2015, la Centrafrique n’a connu qu’une seule élection présidentielle libre et transparente. Hormis le régime du défunt président Ange-Félix Patassé, tous les régimes ont été mis en place par un recours systématique à la violence (coup d’Etat).Pour revenir à la crise issue du dernier recours à la force, orchestré par la Seleka et ayant emmené au pouvoir Michel Djotodjia. L’origine de cette crise est politique et elle a glissé, parce qu’aucune solution politique n’a été trouvé par les parties prenantes, en conflit de société à caractère religieux et cela uniquement sur la base de manipulation des hommes politiques.
Pour faire court, à son avènement la Seleka a manipulé la population de religion musulmane pour obtenir à la fois:— un soutien moral: le nord-est du pays a toujours été négligé pour ne pas dire abandonné par les autorités centrafricaines (tout régime confondu).
— un soutien financier: la population de religion musulmane possède la plupart des commerces et est fortement implanté dans l’exploitation du diamant. Elle est donc une maille financière importante. Durant le régime du Général Bozizé, les diamantaires ont été fortement pénalisés par les abus du pouvoir en place.

Politiquement, la Seleka a justifié son coup d’Etat par une révolte de la population du Nord qui a été trop lésé jusqu’à date. Alors qu’il s’agissait uniquement de mercenaires étrangers à 60% (Tchadiens et Soudanais) qui ont rallié par la manipulation politique d’autres mercenaires centrafricains. D’ailleurs, parmi les mercenaires de la Seleka, on retrouve les mêmes mercenaires qui ont appuyé le Général Bozizé lors de son coup d’Etat de 2003. Des mercenaires insatisfaits par le régime qu’ils ont aidé à l’époque à mettre au pouvoir.Notons qu’une guerre ou un conflit ne se passe pas sans répercussions sur la population civile et qu’un mercenaire est un criminel. Dans leur marche vers la prise de pouvoir à Bangui, les Selekas ont volé, violé, pillé, tué la population et majoritairement la population de religion chrétienne. Celle-ci en riposte à ces exactions et abus de la Seleka, a réagi en formant des groupes d’auto-défense qu’ils ont appelés les anti-balles AK. Ils s’agissaient uniquement de paysans usés, fatigués et livrés à eux-mêmes.
Il y a eu une récupération politique de ces groupes d’auto-défense anti-balles AK qui a donné naissance aux milices Anti-Balakas. Et de là, le conflit politique s’est transformé en conflit de société à caractère religieux.Pourquoi il s’agit d’une manipulation politique? D’abord, dans les différents groupes armés (Selekas et Anti-Balakas), il y a eu des scissions. Et ceux qui continuent à semer les troubles sont ceux qui se revendiquent des deux anciens présidents déchus (Bozizé et Djotodjia), ils sont appelés les Nairobistes (du fait de l’accord signé à Nairobi).
La situation d’aujourd’hui est que les affrontements à caractère religieux sont localisés dans les quartiers à forte concentration des partisans des présidents déchus. Des crimes et exactions sont savamment orchestrés, tout cela pour maintenir une tension tant que les différents groupes armés n’obtiennent pas gain de cause. Il faut garder en mémoire que les accords de Nairobi n’ont rien donné pour les protagonistes.
A aujourd’hui, la population non partisane de ces groupes est prise en otage. Un groupe d’individus, des mercenaires et bandits sèment la terreur et la population non armée subit les exactions des uns et des autres.Nous en avons eu la preuve lors du passage du Saint père (le Pape Fançois), les Centrafricains musulmans et les Centrafricains chrétiens étaient ensemble pour accueillir le Pape.
Lors du référendum qui a eu lieu le dimanche 13 décembre, la population musulmane qui a souhaité faire valoir ses droits et devoirs citoyens a subi les foudres de la fraction Seleka. Le bureau de vote a fait l’objet de tirs faisant 2 morts et des blessés. Encore une preuve que les conflits ne sont pas d’ordre religieux mais uniquement de la manipulation.
Les médias diffusent des informations qui entrainent de la confusion, il est important que chaque Centrafricain et Centrafricaine s’efforce à rétablir la vérité.
Sputnik : On avait beaucoup parlé de la nécessité d’une réconciliation nationale. A-t-elle globalement eu lieu? Si non, quelles seraient les raisons?
Sylvie Baipo-Temon : Un forum a en effet eu lieu en mai 2015, mais nous ne pouvons pas parler d’un forum de réconciliation nationale. Déjà parce que la réconciliation n’a pas eu lieu. Des affrontements persistent, de manière localisée. Les groupes armés détiennent encore une bonne partie du territoire centrafricain. Récemment, nous avons eu une nouvelle déclaration choc de la fraction Seleka installée au nord du Centrafrique, qui a décrété la partition du pays. De plus, cette même coalition a indiqué qu’elle s’opposerait à l’organisation des élections annoncées pour fin 2015, dans les zones qu’elle occupe.
Ce que nous retenons du forum, c’est qu’il a eu lieu mais son issu a été aussi éphémère et chaotique que son déroulement.
Personnellement, ce n’est pas une surprise car en Centrafrique on organise des dialogues sans vraiment se fixer d’objectifs à atteindre, sans réellement y travailler de manière sérieuse, sans prendre la mesure de la gravité de la situation et surtout sans aucune méthode. Pour mener une démarche de réconciliation, il faudrait en comprendre le sens, comme l’on fait avec succès d’autres pays ayant vécu des situations toutes aussi atroces voire au-delà que celui de la Centrafrique. Il ne s’agit point d’organiser un regroupement de personnes où les gens se retrouvent, se saluent, partagent un café et repartent avec leur perdiem. Non, il s’agit d’entreprendre, de faire un point sur notre histoire, identifier les ennemis, permettre l’expression de tous, pousser à la prise de conscience les auteurs des crimes. Globalement, la volonté du forum aurait dû être celle d’affronter la situation, de parler de ce qui fâche et divise, cela pour arriver à le surmonter ensemble. C’est un pan de notre histoire qu’il nous faudra graver et apprendre à vivre avec. Le Forum ne s’est pas attaché à faire en sorte de ne plus vivre cela, de cesser les incitations au recours à la force comme seul moyen d’accéder au pouvoir.Pour atteindre l’objectif de la réconciliation, il aurait fallu et il faut que la démarche de dialogue soit initiée et réalisée dans un cadre légitime et de confiance, c’est-à-dire pas par les autorités du pays qui sont de fait juges et parties. Pour preuve de l’incohérence entre ce qui est dit et ce qui est fait, la cheffe de la transition avait nommé comme président de ce forum, un ancien chef de rébellion. Comme quoi, en Centrafrique, nous avons encore un long chemin à entreprendre pour marcher sans béquilles.
La démarche doit concerner toute la population et non une partie de celle-ci triée sur le volet. Il aurait fallu aussi opter pour un médiateur neutre et hors de la sous-région.Avant le dialogue, il y a eu ce que les autorités ont appelés des consultations populaires, le résultat de ces consultations a été faussé. Le peuple s’est exprimé mais au final les revendications et souhaits n’ont pas été pris en compte. Pourquoi? Il faut retenir que c’est ainsi qu’on incite à la formation de rebellions et de groupes armés?
Suite dans la seconde partie de l’entretien
http://fr.sputniknews.com/points_de_vue/20151218/1020388722/afrique-republique-centrafricaine.html
Vive l’Afrique du Sud ! Да здравствует ЮАР!