Les procès du président ivoirien Laurent Gbagbo et de son ministre de la Jeunesse Charles Blé Goudé viennent de débuter à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, aux Pays-Bas.
Comme attendu, ces deux procès connaissent aujourd’hui une mobilisation sans précédent de la part des ressortissants ivoiriens et africains en général, aussi bien à La Haye devant cette même CPI, qu’à différents endroits d’Afrique et du monde.
Car il n’est aujourd’hui plus possible de mentir aussi facilement qu’avant sur le rôle de tel ou tel leader et sans avoir à en rendre des comptes. Grâce aux alternatives y compris dans l’espace médiatique, chaque personne censée est aujourd’hui capable de se faire sa propre analyse et sa propre opinion. Le cas de la Côte d’Ivoire en est le parfait exemple. Un leader africain instruit, partisan de la démocratie et du pluralisme politique depuis les bancs universitaires, arrivant au pouvoir à l’issue d’élections démocratiques longtemps absentes, réclamant le droit à son peuple de profiter plus de ses ressources (le pays étant de loin le premier producteur mondial des fèves de cacao pour ne citer qu’eux), n’arrangeant pas les appétits néocoloniaux, se faisant déloger par une puissance armée étrangère et extra-africaine. Et se faisant juger aujourd’hui loin de chez lui, de son pays et de son continent. Voilà un résumé qui caractérise cette assez récente histoire ivoirienne. Et sans même prendre fait et cause pour les leaders ivoiriens que sont Gbagbo et Blé Goudé, personne ne réussit jusqu’à maintenant à répondre ne serait-ce qu’à une seule question: de quel droit un président élu de son peuple se fait déloger par la voie armée et par une puissance étrangère n’ayant aucun mandat à cet effet? Aucune réponse si ce n’est celle de l’injustice criante. Plus généralement, le temps est venu pour que l’Occident comprenne (celui des élites, pas des peuples) une chose bien simple. La domination (économique, politique, armée et même mentale) arrive à sa fin. Les injustices à différents endroits du monde ont beau encore exister mais à un moment ou un autre, il faudra bien y répondre.
En passant, le forum des anciens présidents africains: Joaquim Chissano (ancien président du Mozambique), Nicephor Soglo (ex-président du Bénin), ainsi que l’ex-président sud-africain Thabo Mbeki (figure de lutte avec Nelson Mandela contre le régime raciste d’apartheid dans son pays), a lancé un appel à la communauté internationale et notamment la Procureur, Fatou Bensouda, pour la libération du président Gbagbo. S’ajoutent à cela des millions d’Africains, du continent et issus des diasporas, sans oublier les amis de l’Afrique qui réclament eux-aussi que justice soit faite, à savoir la libération pure et simple de personnes n’ayant rien à faire dans les geôles de la CPI. « Les procès de la honte », comme ils sont communément appelés aujourd’hui doivent être courts et réalistes. Les élites occidentales sauront-elles faire intelligemment marche arrière afin d’éviter (pour eux) des conséquences imprévisibles ou poursuivront-elles la ligne néocoloniale dure et radicale, on en saura plus bientôt. A suivre.
http://fr.sputniknews.com/points_de_vue/20160129/1021308834/afrique-laurent-gbagbo-proces-cpi.html