Archives mensuelles : juin 2016

Vous voulez savoir c’est quoi un « deal » à l’occidental ? Le voici :

Les USA viennent de proposer à la Russie l’option suivante : Moscou « doit faire pression » sur le gouvernement syrien afin que les forces gouvernementales syriennes cessent de bombarder « l’opposition modérée pro-occidentale », en échange de quoi les USA se disent « prêts à augmenter leur participation dans le combat contre le Front al-Nosra » (filiale d’Al-Qaïda en Syrie).

Conclusion : les USA ont toujours été du côté des terrroristes. Ils n’ont jamais combattu Daech, pas plus qu’Al-Nosra. Au contraire, c’était pour eux un moyen d’en découdre avec le gouvernement de Syrie. Mais au vu de ce qui se passe, des succès de l’alliance Syrie-Russie-Iran-Hezbollah, et du rapprochement annoncé entre la Russie et la Turquie (peut-être même y compris sur la Syrie), les Occidentaux, Yankees en tête, ont le culot de proposer ce genre de « deal ».

En ce qui me concerne, qu’une chose à dire même si c’est plutôt radical : FUCK OFF! Quant à toute la vermine terroriste encore présente en Syrie : on s’occupera d’elle nous même. Pas besoin de vos « bombardements » au ketchup et aux big-macs…

Russie-Turquie : vers une normalisation des relations ?

Tayyip Erdogan

En réalité il fallait s’y attendre. Connaissant les énormes intérêts économico-commerciaux qui lient la Turquie à la Russie, la première se devait à un moment ou un autre se conformer aux conditions annoncées par la Russie dans le cas de toute éventuelle normalisation.

C’est chose faite. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a présenté les excuses officielles à la Russie pour l’avion russe abattu en novembre dernier. Par ailleurs, il a transmis « les plus sincères condoléances et regrets » à la famille d’Oleg Pechkov, le pilote russe tué par les terroristes après s’être catapulté de l’avion. En outre, la Turquie se dit prête à payer les dédommagements dans le cas où une demande lui sera faite de la part de la famille du pilote russe.

Pour certains cette annonce a eu l’effet de tonnerre mais en réalité ce n’est effectivement pas si surprenant que cela. Dès la tragédie et la réponse russe qui s’en est suivi en limitant fortement les intérêts économiques turcs dans plusieurs secteurs, les délégations de lobbying n’ont cessé de faire des allers-venues Istanbul-Moscou. Les hommes d’affaires et entrepreneurs turcs présents en Russie, ou y ayant des intérêts, ont par ailleurs effectué de sérieuses pressions sur le gouvernement d’Erdogan. Sans oublier la partie notable de l’opinion publique de Turquie qui n’a cessé de critiquer le crime commis en novembre 2015, tout comme la politique d’Erdogan en général.

Certains s’accordent à dire que le chef d’Etat turc ait retrouvé un minimum de raison. Peut-être. Surtout au vu d’un énième attentat sanglant qui a endeuillé hier la ville d’Istanbul, en l’occurrence l’attaque terroriste à l’aéroport Atatürk ayant emporté des dizaines de vies humaines et ayant fait plus d’une centaine de blessés. Mais il est à croire que c’est surtout d’intérêts stratégiques qu’il s’agit. La Turquie, tout en étant une puissance régionale évidente, comprend parfaitement que les intérêts la liant à la Russie prédomine sur ceux la liant avec d’autres pays ou blocs de pays, y compris avec l’UE ou les USA. Les discussions avec Bruxelles n’en finissent pas. Et au final la Turquie comprend aussi que son entrée éventuelle dans « la famille européenne » bruxelloise n’est de loin pas forcément la meilleure option. Y compris au vu du tout récent Brexit et d’autres événements encore qui peuvent suivre d’un moment à l’autre. Donc l’idée de perdre la Russie faisait trembler la Turquie tout au long de ces derniers mois. Même si Erdogan et son premier-ministre d’alors Ahmet Davutoglu faisaient en sorte de jouer les têtues, la réalité d’aujourd’hui est bien ce qu’elle est. A savoir que la Turquie a bien besoin de la Russie et certainement plus que dans l’autre sens.

Pour autant il ne faut pas espérer que cette normalisation se fasse du jour au lendemain. L’opinion publique russe reste très négative envers le leadership de la Turquie. Le coup de poignard dans le dos, pour reprendre l’expression utilisée par le président Poutine, ne sera pas oublié d’aussitôt. Et le rétablissement d’une confiance même relative a encore de longs jours devant lui. Néanmoins et il faut le rappeler aussi, la Russie et la Turquie avaient effectivement atteint un niveau de partenariat bilatéral impressionnant: plus de 30 milliards de dollars d’échanges. Plus que cela, avant l’événement tragique de novembre dernier, Poutine et Erdogan s’étaient fixé un objectif d’atteindre 100 milliards en termes d’échanges bilatérales, à l’horizon 2020. S’ajoutent à cela les importants liens humanitaires et culturels des deux pays. Au niveau du tourisme, le président russe vient de lever les restrictions de vente de voyages touristiques à destination de la Turquie. Pourtant, ce n’est pas demain que les stations balnéaires turques reverront les 4,5 millions de touristes russes, de loin les plus dépensiers en Turquie. Mais c’est déjà un début. L’autre question concerne les entreprises turques du bâtiment opérant en Russie et qui suivent avec grand intérêt la suite des événements. En effet, jusqu’à encore récemment la communauté turque en Russie représentait entre 150 et 200 000 ressortissants, dont nombreux travaillant justement dans ce domaine. Et depuis les restrictions, les jours n’étaient pas à la joie.

A suivre donc. Début de normalisation des relations? Peut-être. Mais il faudra être bien patient. Et tout dépendra aussi de la suite des actions entreprises par Ankara, y compris en Syrie, où le leadership turc a clairement fait affaires avec les terroristes. Son propre peuple en paie aujourd’hui les frais. Condoléances à toutes les victimes de l’attentat d’hier, comme à toutes les victimes de terrorisme au niveau mondial.

https://fr.sputniknews.com/points_de_vue/201606291026273240-russie-turquie-relations/

Mikhail Gamandiy-Egorov

L’Organisation de coopération de Shanghai : élargissement à l’horizon

Sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) à Tachkent

Tachkent, la capitale de l’Ouzbékistan vient d’accueillir le Sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Plusieurs questions étaient à l’ordre du jour : le développement de l’organisation, lutte contre le terrorisme et les défis liés à la sécurité régionale, élargissement de l’OCS.

En parlant de développement, le président du Kazakhstan Noursoultan Nazarbaïev a parlé de la possibilité de créer une zone de libre-échange dans le cadre de l’OCS. Une proposition qui a trouvé beaucoup d’échos positifs. En parlant d’élargissement et c’est en effet un sujet de grande importance, l’Inde et le Pakistan deviendront vraisemblablement membres à part entière lors du prochain sommet de 2017 qui aura lieu à Astana, la capitale kazakh.

L’Iran qui est observateur au sein de l’organisation a lui aussi de sérieuses chances de devenir membre de plein droit au sein de l’OCS. La candidature de l’Iran est d’ailleurs soutenue aussi bien par la Russie que par la plupart des autres membres, notamment les autres pays d’ex URSS. A ce titre le président kazakh, qui est en outre l’un des principaux initiateurs de l’intégration eurasiatique, a parlé des perspectives dans le cadre d’un tel élargissement: « L’entrée possible à l’avenir de l’Iran au sein de l’OCS élargira les possibilités de notre interaction commune. En tenant compte de l’entrée des nouveaux membres, l’OCS représentera plus de 60% du territoire de l’Eurasie, 45% de la population mondiale, plus de 19% du PIB mondial ».

 

Pour rappel, l’Organisation de coopération de Shanghai réunit en son sein six membres fondateurs: 5 issus de l’ex-URSS, à savoir la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan, ainsi que la Chine. L’Empire du Milieu place d’ailleurs un très grand espoir en l’OCS et n’a pas manqué d’afficher plusieurs fois son attachement à cette organisation qui représente l’une des priorités de la politique extérieure chinoise. Cela a été d’ailleurs été confirmé à maintes reprises dans les principaux médias chinois. L’Inde et le Pakistan deviendront donc eux membres à part entière sous peu. L’Iran a de grandes chances de les suivre. La Biélorussie, la Mongolie et l’Afghanistan sont pour le moment observateurs. Des pays comme la Syrie, l’Egypte ou encore le Bangladesh ont quant à eux exprimé leur volonté de devenir membres-observateurs.

Bref, le monde poursuit son avancée. Et cette avancée n’est plus dictée par l’Occident. En tout cas de moins en moins. Ce qui prouve une fois encore que la multipolarité se renforce de jour en jour. Il était assez drôle d’observer les réactions hystériques de certains politiciens et diplomates occidentaux par rapport au fameux Brexit, en allant même d’accuser ouvertement la Russie et Poutine d’être les « grands gagnants » de cette histoire. Pour répondre à cela, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait parlé de « cas cliniques » et qu’il n’était pas habilité à faire d’autres commentaires car n’ayant pas reçu de formation médicale… Difficile de dire mieux. 

En effet, l’Occident politique s’est tellement obsédé à l’idée de son « exceptionnalisme » et de son « rôle spécial » pour l’humanité, qu’il en devient hystérique à voir qu’à d’autres endroits du monde il ne représente plus un intérêt si important. Le Brexit, le Frexit, ou quoi d’autres encore: tout cela est le choix souverain des Européens. Que nous respectons.

Mais pour autant il serait surtout bon que les Occidentaux comprennent, en premier lieu les élites occidentales, qu’un autre monde a déjà vu le jour. Et ce nouveau monde, c’est cela notre priorité. Le modèle occidental de la vision du monde a montré toutes ses limites, et surtout ses bassesses. Une large partie de l’humanité n’en veut tout simplement plus. Donc il faudra s’y faire à cette réalité. 

Et pendant que les élites washingtoniennes et bruxelloises continueront leurs « débats » sans fin sur l’avenir de l’UE, à notre niveau on poursuivra l’intégration eurasiatique, tout comme celle de l’OCS et des BRICS. A chacun ses priorités.

https://fr.sputniknews.com/points_de_vue/201606271026187776-ocs-tachkent-elargissement/

Mikhail Gamandiy-Egorov