Archives pour la catégorie Международные отношения

L’approche plus pragmatique de la Géorgie comme un défi à l’Occident

23.05.2023

Dans les événements contemporains, y compris dans l’espace ex-soviétique et eurasiatique, nombreux sont ceux qui auront compris la manipulation des pays concernés par l’establishment occidental. Le cas géorgien, de même que certains autres, confirment que ladite manipulation ne fonctionne plus comme l’Occident l’aurait souhaité.

Des relations normales entre Moscou et Tbilissi après une longue période de tensions suite à la mainmise occidentale sur l’Etat géorgien constituent un défi réel aux intérêts de Washington et de ses suiveurs européistes bruxellois. Le refus de la Géorgie d’ouvrir un second front contre la Russie sur la base des souhaits occidentaux n’en est d’ailleurs que l’un des aspects.

Aussi, le choix du leadership géorgien à ne pas adhérer aux sanctions occidentales contre Moscou représentait déjà à lui seul une menace pour les forces obscures pensant avoir depuis nombre d’années placé ce pays ex-soviétique complètement dans l’orbite de l’axe otanesque. Ce dernier n’ayant pas prévu qu’un retour de la sagesse et d’une vision pragmatique des choses du côté géorgien puisse faire barrage aux plans de l’Occident pour cet Etat et pour la région.

Car malgré la présence d’éléments ouvertement russophobes au sein de la société géorgienne – de la présidente (citoyenne hexagonale) jusqu’aux extrémistes combattant au sein de l’effectif armé otano-kiévien – une partie importante des citoyens du pays aspirent à des relations positives, ou du moins normales, avec la Russie. Le pragmatisme économique n’y est pas étranger – alors que depuis toutes ces années de gouvernance pro-occidentale à Tbilissi – l’Occident n’a jamais été mesure de remplacer économiquement Moscou. Et beaucoup justement de Géorgiens ne veulent pas sacrifier les opportunités économico-commerciales existantes pour le compte des «belles paroles» de l’axe washingtono-bruxellois.

Et face à une partie du leadership et de nombreux citoyens préférant cette approche pragmatique – les éléments pro-occidentaux, y compris la présidente née en France et ayant été dans le passé une diplomate française – n’y peuvent rien. Le dernier exemple en date concerne d’ailleurs la récente reprise de la liaison aérienne entre la Géorgie et la Russie, soutenue par le gouvernement et les principales compagnies aériennes nationales, mais à laquelle était fermement opposée la personnalité hexagonale sur le sol géorgien.

Après avoir annoncé son boycott de la principale compagnie aérienne Georgian Airways – la direction de la compagnie a déclaré la présidente pro-occidentale indésirable sur ses vols. Tout en lui rappelant qu’elle devrait s’excuser auprès des millions de Géorgiens pour son manque de respect à l’encontre des intérêts du pays – elle, qui selon la direction de Georgian Airways – privilégiait d’autant plus une compagnie comme Air France au lieu des compagnies nationales.

Dans tous les cas – malgré le boycott de Salomé Zourabichvili et des manifestations d’éléments russophobes à Tbilissi – les vols entre la Russie et la Géorgie ont bel et bien repris. Et ce malgré les menaces et intimidations occidentales, notamment de la part de Washington ayant ouvertement menacé de sanctions Tbilissi en cas de reprise des vols directs avec l’Etat russe.

De manière plus générale, le cas de la Géorgie aujourd’hui représente précisément cet exemple où une partie notable de son leadership et de sa société civile a largement compris ce que valaient les expérimentations occidentales sur leur sol national – de la révolution de couleur de 2003 jusqu’aux fausses promesses d’un avenir radieux. Des promesses n’ayant jamais abouti. Ladite compréhension concerne également – qu’au-delà de l’histoire et de victoires communes avec la Russie – l’objectif occidental a toujours été d’utiliser certains pays ex-soviétiques, y compris la Géorgie, dans l’intérêt unique de la confrontation du bloc atlantiste avec la Russie et le monde multipolaire.

Le cas ukrainien a d’ailleurs désormais largement démontré que l’axe des nostalgiques de l’unipolarité n’est «généreux» avec les dits pays uniquement dans l’optique de les utiliser comme de la chair à canon pour le compte otanesque. Et certainement pas dans l’objectif de proposer un développement économique digne de ce nom.

A ce titre, le cas géorgien n’est pas unique. En Moldavie par exemple, autre république ex-soviétique, l’opposition et une large partie de la société civile représentent aujourd’hui un rempart efficace face aux tentatives des régimes occidentaux à entrainer ce pays dans un autre front militaire contre la Russie. De manière générale – les instruments des structures à la sauce Soros et du département d’Etat étasunien – se retournent progressivement contre leurs instigateurs.

Sagesse et partage de valeurs communes pour les uns, pur pragmatisme économique pour d’autres, voire tout à la fois – le fait est que le nombre de pays et de peuples ayant largement compris par leur propre analyse l’arnaque communément appelée Occident – augmente de jour en jour. Et pour le monde multipolaire d’aujourd’hui, malgré l’obstination et l’arrogance de l’extrême minorité planétaire – cela représente indéniablement des processus positifs.

Mikhail Gamandiy-Egorov

La nouvelle ligne de démarcation et le dilemme de l’Occident

18.05.2023

La ligne de séparation Est-Ouest, ou aussi celle du monde multipolaire d’un côté et de l’espace réunissant tous les nostalgiques de l’unipolarité de l’autre, apparait aujourd’hui de plus en plus comme la seule solution plausible. Surtout au regard que l’écrasante majorité planétaire ait fermement refusée à se joindre au discours et aux agissements de l’extrême minorité occidentale.

L’establishment otanesque se retrouve effectivement et de plus en plus devant un bien sérieux dilemme. Et selon nombre de sources – y compris au sein des forces parmi les plus russophobes de l’axe atlantiste. Celui d’accepter la ligne de démarcation courante entre l’Otan et la Russie dans le cadre de la réalité sur le terrain de l’opération militaire spéciale lancée par Moscou l’année dernière. A défaut de quoi de maintenir le discours quant à la nécessité d’assurer par tous les moyens une défaite stratégique à l’Etat russe.

Dans le cas de la première option de la ligne de démarcation – sujet qu’Observateur Continental avait de nouveau récemment traité – cela aura pour signification peut-être non pas une défaite complète de l’Otan dans sa guerre contre la Russie, mais représentera une défaite tout de même. Tout en tenant compte que dans cette option, personne ne peut garantir combien de temps tiendra le régime fantoche de Kiev installé par l’Occident. Surtout au vu des fort nombreux dossiers pour lesquels il faudra rendre des comptes.

L’autre option concerne quant à elle la poursuite de la politique d’anéantissement des citoyens d’Ukraine, en maintenant la politique occidentale du «jusqu’au dernier ukrainien», à l’heure où les pertes du régime kiévien sont déjà tout simplement colossales. Y compris au regard des fuites au sein de l’establishment étasunien sur cette question, comme d’autres.

Etant incapables de réaliser le fameux scénario d’infliger une défaite stratégique à la Russie, tout en se rendant compte que le nombre quasi-incalculable d’armes fournies au régime de Kiev, y compris les plus stratégiques et jugées tellement «efficaces» – ne permet pas de bouleverser la dynamique sur le terrain. Le tout récent exemple avec le système de défense aérienne étasunien Patriot, présenté comme l’un des meilleurs au monde par la propagande occidentale, touché et endommagé selon les sources mêmes washingtoniennes et détruit selon Moscou par une frappe du missile hypersonique russe Kinjal à Kiev, ne fait que renforcer cette réalité.

Et dans cette option – à l’heure où la Russie continue de faire preuve de patience et à ne pas se précipiter – tout en progressant chaque jour un peu plus non seulement sur le terrain, mais également dans l’étude et la riposte face aux technologies militaires occidentales, l’axe atlantiste risque de se retrouver à terme face à une ligne de démarcation qui sera au contact direct ou quasi-direct des frontières des régimes otanesques. Ce qui équivaudra non plus à une défaite limitée de l’establishment occidental, mais bel et bien à une défaite entière et stratégique de l’Otan.

Et là aussi ce n’est pas tout. Car comme prévu et suite à l’initiative de paix chinoise, qui représentait déjà à elle seule un énorme casse-tête pour l’Occident dans l’optique que les nations non-occidentales apportent leur soutien en se joignant à la direction en question – désormais cette réalité se confirme avec l’implication d’autres pays des BRICS, notamment du Brésil et désormais de l’Afrique du Sud. Dans le cas d’ailleurs de l’une des principales puissances d’Afrique – l’initiative est déjà soutenue par plusieurs autres pays africains, dont l’Ouganda, l’Egypte, la Zambie, le Congo et le Sénégal. En passant – des pays pour la plupart ayant des relations étroites et privilégiées avec Pékin et Moscou.

Et malgré le fait que les élites washingtoniennes et occidentales n’ont pas profité de l’occasion de se taire – en accusant le leadership brésilien de «faire le perroquet de la propagande sino-russe» ou encore d’aller jusqu’à affirmer que l’Afrique du Sud fournit des armes et munitions à la Russie, l’Occident se rend compte de plus en plus à être dans l’impossibilité à faire la sourde oreille face à l’écrasante majorité planétaire. Après tout – ni les menaces et intimidations, ni des promesses financières – n’ont été en mesure de faire basculer cette écrasante majorité mondiale dans le camp atlantiste de l’Occident.

Pendant ce temps l’opération militaire spéciale se poursuit. La retenue russe vis-à-vis des civils tout en maintenant la destruction progressive du potentiel armé ennemi et du laboratoire d’expérimentation otanesque en Ukraine, y compris les meilleurs types d’armements occidentaux, confirme une fois de plus toute la rage de l’Occident à ce sujet. Du moins des régimes occidentaux nostalgiques de l’ère unipolaire définitivement révolue.

Quant au fait laquelle des options sera finalement appliquée dans le cadre de la nouvelle ligne de démarcation Est-Ouest, entre le monde multipolaire et l’extrême minorité planétaire, cette question reste encore ouverte. Le principal étant que la ligne de démarcation sera bel et bien tracée.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Les accusations de l’Occident contre l’Afrique du Sud ou le pyromane qui se prétend pacifiste

15.05.2023

Les récentes attaques verbales de l’establishment atlantiste contre Pretoria ne font que confirmer l’incapacité totale de l’Occident à faire face aux partisans de l’ordre multipolaire international contemporain. Par ailleurs, les dites accusations contre les puissances non-occidentales ne pourront en aucun cas voiler le rôle de pures pyromanes que sont précisément les élites occidentales à l’encontre de l’écrasante majorité planétaire.

La rhétorique hostile de Washington et de ses principaux suiveurs occidentaux vis-à-vis des puissances non-occidentales pro-multipolaires est passée tout récemment à l’étape supérieure. Comme confirmation – les accusations de l’ambassadeur US en Afrique du Sud qui a ouvertement accusé le pays de Nelson Mandela de fournir des armes et munitions à la Russie, comme le rapporte la BBC.

Ainsi, le diplomate étasunien a affirmé qu’un navire russe ait été chargé d’armes et de munitions dans la ville du Cap, en décembre dernier. Le personnage en question a également déclaré lors d’une conférence de presse à Pretoria – que Washington était à ce titre «préoccupé» compte tenu de la position déclarée de non-alignement des autorités sud-africaines dans le dossier ukrainien.

Le bureau du président de l’Afrique du Sud s’est dit de son côté déçu par ces affirmations étasuniennes et par le fait qu’aucune preuve n’avait été fournie par la partie US pour pouvoir confirmer de telles allégations.

24 heures plus tard – le ministère sud-africain des Affaires étrangères a déclaré que l’ambassadeur étasunien s’était «excusé sans réserve» pour avoir affirmé que l’Afrique du Sud avait fourni des armes à la Russie. Confirmant que Washington semble avoir fait en partie marche arrière dans ses agressions verbales vis-à-vis de l’une des principales puissances continentales d’Afrique et membre des BRICS.

Mais cette situation n’a fait que démontrer une fois de plus plusieurs éléments soulevés dans le passé. Parmi lesquels le fait que l’axe washingtonien des nostalgiques de l’unipolarité adore lancer des accusations farfelues vis-à-vis non seulement de ses principaux adversaires géopolitiques et géoéconomiques déclarés, mais également vis-à-vis de toutes les nations qui aujourd’hui n’adhèrent pas au discours occidental. Sans être en mesure de présenter une quelconque preuve digne de ce nom.

Confirmant ainsi que bien souvent ces accusations, comme à l’endroit de l’Afrique du Sud, ne sont en réalité qu’une énième tentative de faire pression sur un pays pratiquant une politique indépendante sur la scène internationale, faisant partie de l’une des principales alliances pro-multipolaires, en l’occurrence celle des BRICS, le tout au moment où l’organisation concernée participe activement aux bouleversements géoéconomiques et géopolitiques à l’échelle mondiale. Tout en étant une source d’attraction pour de nombreux autres pays de la planète.

Mais là encore ce n’est pas tout. Les accusations washingtoniennes à l’encontre de l’Afrique du Sud, comme d’ailleurs précédemment à l’endroit de la Chine, quant à la prétendue fourniture d’armes en faveur de la Russie dans le conflit qui oppose Moscou à l’axe otanesque dans le Donbass et d’autres territoires ex-ukrainiens – sonnent véritablement comme l’hôpital qui se moque de la charité lorsqu’on connait les moyens engagés par l’Occident dans sa guerre par procuration contre l’Etat russe. Peut-être d’ailleurs même un hôpital psychiatrique plus précisément, avec des cas de malades particulièrement touchés.

Le fait est qu’à l’approche du prochain Sommet des BRICS – tous les pays partisans de la multipolarité – seront incontestablement dans le viseur des forces atlantistes, qui malgré les énormes moyens engagés n’ont pas réussi à réaliser leur scénario de défaite stratégique infligée à la Russie. D’autant plus qu’ils savent parfaitement que ce n’est pas le dernier dossier d’un affrontement majeur entre la réalité multipolaire contemporaine et l’axe des nostalgiques de l’unipolarité, réuni autour de Washington.

Mikhail Gamandiy-Egorov

BRICS, Occident et la nouvelle ligne de démarcation Est-Ouest

12.05.2023

Dans la conjoncture internationale actuelle, il devient plus que jamais évident que rien ne sera effectivement plus comme avant. La rage occidentale se renforce d’autant plus que l’écrasante majorité mondiale a refusé de manière claire à se joindre aux initiatives de l’axe otanesque à l’encontre de la Russie. Plus que cela, des processus que l’establishment atlantiste pensait ne pas avoir à observer encore nombre d’années – se déroulent désormais sous nos yeux. Pendant ce temps, la ligne de démarcation continue d’être tracée.

L’opération militaire spéciale lancée par la Russie en février de l’année dernière a eu le mérite de mettre en évidence toute l’extrême malhonnêteté de l’Occident. Et pas seulement vis-à-vis de la Russie, dans le cadre des engagements non tenus par l’espace occidental, et ce depuis les années 1990 et tout au long de la période récente, y compris dans le cadre des Accords de Minsk. L’Occident ou en d’autres termes – l’extrême minorité planétaire – n’a eu d’autre choix que de dévoiler pleinement son hideux visage vis-à-vis de l’écrasante majorité des peuples du monde.

Notamment quant au fait que les diverses situations de crise à l’échelle internationale, du Moyen-Orient jusqu’en Afrique, si souvent créées directement par la politique occidentale, ne méritent pas une attention particulière de cette minorité qui s’était autoproclamée comme étant la prétendue «communauté internationale» – qu’elle n’est aucunement, ne l’a jamais été et ne le sera pas. Mais du moment que les intérêts de l’Occident se retrouvent impactés car le temps de l’impunité est effectivement terminé – l’humanité tout entière doit écouter jour et nuit les pleurnicheries de l’establishment otanesque.

Quant à l’Ukraine, l’une des républiques ex-soviétiques les plus développées économiquement au moment de la fin de l’URSS et devenue rapidement l’un des pays les plus pauvres d’Europe, il est devenu plus que jamais clair que le projet occidental pour Kiev ne représente qu’une énième arnaque, mais d’une énorme envergure. Lorsqu’on pense notamment que les dépenses de l’axe otanesque destinées à armer le régime fantoche kiévien dans la guerre par procuration de l’Otan contre la Russie – auraient pu justement servir, depuis plusieurs années, à donner à l’Ukraine une impulsion économique et faire profiter sa population, incapable de sortir du marasme économique depuis les années 1990 et à ce jour.

Mais les objectifs réels de l’Occident, derrière les belles paroles de démocratie et de liberté, n’ont effectivement jamais visé à créer des «success stories» dans les pays passant sous sa bulle. Très loin de là. Le seul intérêt pour ces pays a toujours été uniquement de les exploiter contre les principaux adversaires de la domination et du diktat de l’Occident. D’ailleurs, certains autres pays concernés par cette expérimentation occidentale, notamment les anciennes républiques soviétiques de Géorgie ou de Moldavie, commencent aujourd’hui de plus en plus à le réaliser. Et à faire les bonnes conclusions. Soit au niveau d’une partie de leur leadership (dans le cas géorgien), soit au niveau de l’opposition et de la société civile (dans le cas moldave).

De manière générale, le petit monde occidental qui observe les événements en cours, non seulement géopolitiques, mais également géoéconomiques, d’autant plus désormais en mode d’accélération, avec vive inquiétude, comprend malgré toute l’arrogance qui le caractérise qu’il faudra bien accepter, d’une manière ou d’une autre, la nouvelle ligne de démarcation Est-Ouest. Ou plus particulièrement entre le bloc de l’ordre multipolaire international d’un côté et des nostalgiques de l’unipolarité de l’autre.

D’ailleurs, même les poids lourds de la propagande occidentale, dont le très célèbre magazine US Foreign Policy, laisse désormais passer le message qu’il faudra bien négocier avec la participation des puissances non-occidentales, plus particulièrement celles des BRICS, y compris sur le dossier «ukrainien». Confirmant par la même occasion les dires récents des principaux éléments du régime kiévien qui parlent d’une pression accrue de nombre de pays, à ce que le régime négocie.

L’amertume avec laquelle les héritiers du coup d’Etat du Maïdan reconnaissent cette réalité n’est évidemment et aucunement liée au fait que le régime de Kiev aura à céder des territoires qui historiquement n’avaient et n’ont rien «d’ukrainien», mais évidemment cela signifiera une baisse significative des financements occidentaux, ayant favorisé leur enrichissement personnel sur le sang de leur propre population.

Il est donc aujourd’hui totalement évident que la ligne de démarcation sera tracée. La question qui reste encore ouverte étant uniquement – où et quand. Du côté de la Russie, la modération reste de mise et ce malgré le fait de devoir faire face à une coalition otanesque de plusieurs dizaines de régimes ennemis. Si les Forces armées russes avaient le feu vert d’appliquer la méthode de l’Otan, à savoir tout raser sans aucune distinction – la ligne de démarcation serait déjà au plus proche des frontières de l’axe otanesque. Surtout lorsqu’on sait que les régimes occidentaux soutiennent et organisent pleinement des actes terroristes pouvant déboucher sur un affrontement nucléaire.

Mais la Russie travaille sur la durée. Et vraisemblablement préfère ne pas avoir à engager tout son potentiel afin de permettre à l’humanité d’encore mieux réaliser ce qui se joue aujourd’hui. D’ailleurs les processus de paix à divers endroits du monde non-occidental, déjà confirmés ou en phase de finalisation, démontrent toute l’importance de la retenue russe. Car pendant que le parasitage occidental reste concentré sur son laboratoire d’expérimentation en Ukraine – les peuples non-occidentaux applaudissent les événements qui concernent aujourd’hui la Syrie, la Turquie, l’Iran, l’Arabie saoudite, pour ne citer qu’eux.

Quant aux régimes fantoches créés et installés par l’Occident – il ne leur restera pas longtemps à vivre lorsqu’un minimum de sagesse sera retrouvé par les peuples victimes de cette énième arnaque occidentale. Et pour cela – effectivement pas besoin de raser. De nombreux objectifs sauront être atteints autrement. D’où – la rage justement de ce petit monde occidental. Et les tentatives de pousser par tous les moyens les partisans de l’ordre multipolaire actuel à la faute.

Mikhail Gamandiy-Egorov

La dissuasion nucléaire comme moyen de stabilité. Ou de chaos total.

04.05.2023

La parité nucléaire entre Washington et Moscou a longtemps été considérée à juste titre comme la base d’une certaine stabilité dans les relations internationales. A savoir qu’un conflit ouvert entre les deux principales puissances du domaine représenterait la fin du monde tel que nous le connaissons. La partie russe a longtemps fait preuve de patience stratégique au vu de la responsabilité pour l’avenir de l’humanité tout entière. Mais cette patience peut-elle être infinie?

Le chantage nucléaire, auquel fait souvent référence ces derniers temps l’establishment occidental en accusant la Russie, doit surtout nous rappeler que le seul utilisateur jusqu’à présent de cette terrible arme étaient et restent les Etats-Unis. Avec les conséquences que l’on connait pour les populations ayant subi les premières et jusqu’à aujourd’hui les seules frappes à l’arme atomique de l’histoire de l’humanité. Plus exactement celles des villes japonaises d’Hiroshima et de Nagasaki, en août 1945.

Les conséquences sont également bien connues: des centaines de milliers de morts, dans l’écrasante majorité civils, dont près des ¾ immédiatement après les bombardements. Pour les autres, ce sera dans les jours et les semaines qui ont suivi les dits bombardements. Stratégiquement ces frappes nucléaires n’avaient, au-delà de leur totale inhumanité, aucune valeur stratégique sur le front de guerre contre le Japon militariste, qui était déjà de-facto quasi-vaincu. Mais le message était autre et destiné à l’URSS, vainqueur indiscutable sur l’Allemagne nazie et qui ne possédait pas encore à cette période l’armement nucléaire.

Comme le rappelait d’ailleurs des dizaines d’années plus tard le premier président démocratiquement élu d’Afrique du Sud, Nelson Mandela. Tout en rappelant que l’utilisation de l’arme atomique par les USA n’était pas tellement destinée contre le Japon, militairement déjà pratiquement vaincu, mais bel et bien contre l’Union soviétique – qui ne possédait pas encore à cette période l’arme de dissuasion nucléaire et qui devenait déjà l’adversaire principal de Washington à l’international.

S’il est difficile de rajouter quelque chose aux paroles de l’ex-président sud-africain et du symbole de la lutte contre le régime raciste de l’apartheid – il faudrait juste rappeler que depuis l’acquisition par l’URSS de la technologie nucléaire et de la mise en place de la parité stratégique, le monde tout entier avait pu éviter la réalisation du plan d’autres utilisations de cette arme d’extrême destruction massive – par Washington et son axe atlantiste.

Qu’en-est-il d’aujourd’hui? A l’heure de l’affrontement décisif entre justement l’ Occident qui regroupe tous les nostalgiques de l’unipolarité contre celui de l’ordre multipolaire international, dont la Russie est l’une des principales représentantes, l’Occident et plus particulièrement les USA poussent chaque jour un peu plus le monde vers cet affrontement apocalyptique que peut représenter un conflit nucléaire. Cela est d’ailleurs parfaitement visible en Ukraine où se mène une guerre de-facto entre l’Otan d’un côté et la Russie de l’autre.

Malgré les quelques rappels du leadership russe quant aux capacités indéniables de dissuasion nucléaire – dans l’éventualité uniquement d’une situation extrême, la Russie ne se presse effectivement pas en devenir l’utilisateur, même dans un cadre d’une utilisation stratégique limitée.

Mais la patience russe peut-elle être appliquée à l’infini? Probablement pas. Et ce n’est tout sauf de la faiblesse comme le souhaiterait à présenter une partie de la propagande occidentale otanesque, mais bel et bien une responsabilité assumée vis-à-vis de toute l’humanité. Sauf que tout a une limite. D’autant plus que la Russie dans tous les cas ne portera jamais le titre du premier utilisateur d’armement nucléaire – l’histoire déjà rappelée oblige. Dans la mesure du possible – Moscou préférerait ne pas avoir à porter le titre même du second utilisateur. Mais tout dépendra de la conjoncture face à des nostalgiques de l’unipolarité vraisemblablement prêts à tout dans le cadre de leur politique de chaos mondial.

Mikhail Gamandiy-Egorov

«Le pari US vis-à-vis de l’Ukraine se retourne contre l’instigateur»

02.05.2023

Washington ne semble pas pouvoir atteindre ses objectifs en Ukraine, ayant été au préalable convaincu que sa mise sera gagnante rapidement. Plus que cela, les alliances de la multipolarité et les autres événements en cours à l’échelle planétaire détruisent les projets washingtoniens de maintien de son diktat mondial.

Le pari des Etats-Unis sur l’Ukraine commence à se retourner contre eux car n’ayant pas pu atteindre les objectifs souhaités – écrit le journaliste serbo-américain Nebojsa Malic pour le quotidien chinois anglophone Global Times. Selon l’auteur, lorsque la Russie lance l’opération militaire spéciale en février 2022 – l’ambiance à Washington est presque festive. En effet et pour les Etats-Unis, alors que Moscou avait refusé durant huit ans à tomber dans le piège tendu par la révolution de couleur soutenue par les USA à Kiev – le Kremlin avait selon les convictions étasuniennes fini par mordre à l’hameçon.

L’establishment US ayant été convaincu que l’économie russe serait détruite par les sanctions occidentales et que la monnaie nationale du pays – le rouble – se transformerait en décombres. Seul problème pour les instigateurs: rien de tout cela n’est arrivé, rappelle l’auteur de l’article. Moscou ayant bien mieux résisté aux sanctions unilatérales occidentales que l’espace bruxellois – allié des USA, dont les économies se sont taries sans les importations d’énergie russe. Sur le plan militaire – le conflit n’a pas épuisé le potentiel armé de la Russie, tandis qu’au contraire les stocks d’armes et de munitions en Occident comme en Ukraine se réduisent drastiquement.

Et pendant ce temps, les dirigeants russe et chinois n’ont fait que confirmer leur engagement commun en faveur du monde multipolaire. Et bien même que les responsables washingtoniens continuent d’insister sur le fait que le conflit se déroule de manière positive, que l’Ukraine serait prétendument en train de gagner, que les sanctions contre la Russie seraient en train de fonctionner et que la production militaro-industrielle US augmentera comme par magie d’un jour à l’autre – de plus en plus d’Américains, commencent à remarquer bien que lentement que ce n’est pas le cas.

Du côté justement de l’élite politique étasunienne – Robert Francis Kennedy Junior, annonçant sa participation à la course présidentielle la semaine dernière – avait fait valoir qu’il n’est pas dans l’intérêt national américain de rapprocher la Russie de la Chine, car cela représente un véritable cataclysme. Tout en notant que les Chinois viennent de négocier un accord de paix entre l’Iran et l’Arabie saoudite, que la stratégie US au Moyen-Orient s’est complètement effondrée et que l’économie étasunienne allait également suivre une pente négative si quelque chose n’est pas fait rapidement pour stopper tous ces processus néfastes pour les USA.

Un argument similaire avait été avancé dans le magazine American Thinker plus tôt ce mois-ci, où les auteurs de l’article Patricia Adams et Lawrence Solomon qualifient les sanctions imposées par l’Occident à la Russie d’erreur de calcul la plus monumentale de l’histoire moderne.

Nebojsa Malic rappelle également qu’en 1972 – Henry Kissinger avait cherché à adoucir l’aiguillon de la défaite US au Vietnam en établissant des relations avec la Chine et en exploitant la scission de l’époque entre Pékin et Moscou. Et que durant les 50 années qui s’en ont suivi – la politique washingtonienne avait été justement d’empêcher tout ce qui pouvait ressembler à une alliance entre la Chine et la Russie.

Pourtant et à mesure que 2022 avançait – Washington a fait tout son possible pour contrarier Pékin, dont les représentants politiques n’avaient cessé de déclarer que l’île de Taïwan était une autre Ukraine, ayant besoin d’armes occidentales contre une prétendue invasion chinoise.

Pour l’auteur de l’article de Global Times l’une des explications possibles aux actions washingtoniennes est que l’establishment étasunien en matière de politique étrangère se compose désormais principalement des disciples de Zbigniew Brzezinski, et non pas de Kissinger. En 1997, Brzezinski avait écrit justement un manuel pour l’hégémonie mondiale des Etats-Unis intitulé Le Grand Echiquier (The Grand Chessboard), se concentrant sur le contrôle de l’Ukraine comme moyen d’empêcher la résurgence de la Russie.

Nebojsa Malic conclut son article par un rappel de la sagesse ancienne. Plus particulièrement celle rapportée par l’historien grec antique Hérodote lorsque le roi Crésus de Lydie avait demandé à l’Oracle de Delphes des conseils pour partir en guerre. Il a été dit au roi qu’il détruirait un grand empire. Le roi Crésus déclara alors la guerre à Cyrus le Grand de Perse – et perdit la guerre. La prophétie s’est bien réalisée, tant bien que mal: l’empire détruit par Crésus ayant été le sien.

Ce qu’il serait certainement juste de rajouter – c’est que les prévisions de Washington et de ses suiveurs européistes non seulement ne se sont pas réalisées, ayant considéré durant de longues années que l’économie était prétendument le maillon faible de la Russie – mais plus que cela tournent de plus en plus au ridicule. Ayant souhaité isoler la Russie du commerce international – les ennemis occidentaux de Moscou lui une fois de plus rendu, malgré eux, un grand service. Celui d’avoir accélérer la diversification massive des relations économiques de l’Etat russe avec le monde non-occidental, représentant l’écrasante majorité de l’humanité.

Plus que cela encore, le ridicule est d’autant plus palpable que les Occidentaux, et notamment les régimes européistes, se retrouvent obligés à répondre à leurs besoins énergétiques en achetant les produits pétroliers et d’autres en provenance de Russie via justement des nations non-occidentales. Sapant ainsi leurs propres efforts en matière de sanctions, auxquelles pour rappel l’écrasante majorité des pays du monde n’a pas adhéré.

Et là aussi ce n’est pas tout. Comme Observateur Continental l’avait récemment rappelé – la montée en puissance des BRICS à l’échelle mondiale est elle aussi en partie le résultat des mauvais calculs occidentaux. Et ce non seulement dans le cadre de l’attractivité montée en flèche pour les BRICS de la part d’autres nations non-occidentales, mais également des résultats obtenus récemment par l’alliance pro-multipolaire. Faudrait-il rappeler que selon les prévisions des principaux économistes occidentaux – le PIB combiné des cinq pays BRICS devait dépasser celui du G7 pas avant 2030. Pourtant cela est devenu réalité à l’issue de l’année 2022.

De manière générale, l’arrogance extrême de l’Occident et des quelques acteurs acquis à sa cause – n’a fait de-facto qu’accélérer des processus qui de toute manière allaient voir le jour. Mais certainement et seulement des années plus tard. Et non pas sous nos yeux aujourd’hui. Peut-être que pour cela, il serait juste de «remercier» en quelque sorte les nostalgiques de l’unipolarité, ayant été aveuglés par la conviction à pouvoir maintenir leur domination planétaire et se retrouvant désormais obligés à observer les événements actuels sans réellement savoir quoi entreprendre.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Les BRICS et le bouleversement mondial

26.04.2023

L’élargissement de l’alliance des BRICS non seulement avance dans la phase de confirmation, mais semble largement dépasser les attentes quant au nombre de pays souhaitant se joindre à l’organisation pro-multipolaire. Le tout au grand désarroi de l’Occident, dont la représentation minoritaire à l’échelle planétaire n’est plus à démontrer.

19 pays ont exprimé leur intérêt à rejoindre le groupe des nations BRICS alors que se prépare le sommet annuel qui aura lieu en Afrique du Sud, écrit Bloomberg. Le sujet de l’élargissement de l’alliance à de nouveaux membres sera effectivement discuté cet été en terre sud-africaine.

L’information n’est effectivement pas nouvelle – Observateur Continental l’a précédemment plusieurs fois traité – y compris justement la question de l’élargissement en faveur d’autres pays non-occidentaux. Le tout à l’heure où les le PIB combiné des 5 cinq membres des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) dépasse désormais celui des 7 membres du club occidental + Japon, le fameux G7.

Par contre ce qui est intéressant de noter dans l’article de Bloomberg, c’est le fait que sur les 19 pays ayant exprimé leur volonté d’adhésion aux BRICS – 13 l’auraient fait de manière officielle, tandis que 6 autres non-officiellement. Peut-être d’ailleurs afin d’éviter dans le cas de ces derniers de mettre trop tôt en colère leurs partenaires occidentaux.

Cela d’autant plus qu’il ne faut pas croire que toutes les demandes recevront une réponse favorable et immédiate. Un tri sera incontestablement nécessaire et une feuille de route sera probablement déterminée pour chacune des demandes concernées. Cela sans oublier que – comme Observateur Continental l’avait précédemment abordé – des pays-candidats pourraient être dans un premier temps acceptés comme observateurs de l’organisation, avant une éventuelle pleine adhésion au groupe.  

Dans tous les cas, les BRICS auront non seulement confirmé leur attractivité à l’échelle mondiale, mais désormais avec les nouvelles perspectives il devient évident que l’Occident approche la perte non seulement de sa domination géopolitique, mais bel et bien et également géoéconomique, à l’heure où dans le Top 10 mondial en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat les économies occidentales ne représentent plus la majorité. Et cela sur la base même des données du Fonds monétaire international (FMI).

Et lorsque nous savons que selon ces mêmes prévisions l’alliance des cinq pays déjà membres des BRICS – représentant déjà aujourd’hui près de la moitié de la population terrestre et un tiers du PIB mondial – à l’horizon de 2050 le PIB combiné pourrait atteindre, voire dépasser, le niveau de 50% du PIB mondial. A noter par la même occasion que selon les prévisions de Goldman Sachs – à l’horizon justement de 2050 – 4 des 5 membres actuels des BRICS, à savoir la Chine, l’Inde, le Brésil et la Russie – feront partie du Top 5 des principales économies mondiales.

En prenant en compte ces données – pour rappel encore une fois uniquement sur la base des cinq Etats membres aujourd’hui – il n’est possible alors que d’imaginer quel sera alors le PIB combiné de l’alliance pro-multipolaire suite à l’élargissement prévue en faveur des autres nations non-occidentales. Le constant sera pourtant simple et sans appel : l’Occident n’aura alors qu’à subir de manière encore beaucoup plus marquée le rôle de l’extrême minorité planétaire. D’une minorité certes arrogante, mais extrêmement minoritaire. D’ailleurs le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, à l’heure où la Russie préside actuellement le Conseil de sécurité de l’ONU, l’a bien rappelé: «Appelons les choses par leur nom. Personne n’a donné d’autorisation à la minorité occidentale à parler au nom de toute l’humanité». Effectivement – personne. Quant au reste – tout se paie.

Mikhail Gamandiy-Egorov

L’Amérique latine n’est pas l’arrière-cour étasunienne

21.04.2023

Les pays d’Amérique latine refusent le diktat washingtonien et se positionnent de plus en plus activement au sein de l’ordre multipolaire international. Y compris les principaux poids lourds de la région. Cela déplait énormément à l’establishment étasunien, mais c’est une réalité avec laquelle il faudra compter.

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov se trouve en nouvelle tournée internationale, cette fois-ci en Amérique latine. Le tout après la récente tournée sur le continent africain. Le Brésil fut le premier pays concerné par cette visite latino-américaine, suivi par le Venezuela, le Nicaragua et enfin Cuba.

Au Brésil – le ministre russe des Affaires étrangères a rappelé que les pays concernés sont unis par le désir d’un ordre international polycentrique plus juste. Cela au moment d’ailleurs où Washington, dans son arrogance si habituelle, a accusé le Brésil (huitième puissance économique mondiale en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat) «de se faire l’écho de la propagande russe et chinoise».

L’inquiétude US est évidemment partagée par les principaux suiveurs de la politique étasunienne, à savoir les régimes bruxellois. Ainsi, la chaîne européiste Euronews se pose la question si le Brésil ne serait tout simplement pas aligné sur Moscou et Pékin? En rappelant par la même occasion que les récentes déclarations du président brésilien Lula auraient «irrité» les Occidentaux. Notamment quant au fait que Washington et Bruxelles devaient cesser d’encourager la guerre en Ukraine.

A cela s’ajoutent évidemment les récents appels du chef d’Etat du Brésil, durant son déplacement en Chine, aux pays en développement à œuvrer ensemble pour remplacer le dollar US par leurs propres monnaies dans le commerce international. Un processus de dédollarisation qu’Observateur Continental avait déjà traité et qui prend effectivement et plus que jamais son envol à l’échelle mondiale.

Ce qui inquiète évidemment Washington et ses sous-traitants dans la configuration actuelle, c’est que la solidarité des pays BRICS est plus que jamais forte, y compris dans le cadre de cette dédollarisation en cours, où chacun des pays concernés met en action les mécanismes nécessaires – bilatéraux comme multilatéraux. Dans le cadre du trio Chine-Russie-Brésil, ce qui met également en extrême colère les régimes occidentaux et leurs quelques affiliés – c’est que les trois pays sont représentés au sein du Conseil de sécurité de l’ONU. Pékin et Moscou en qualité bien évidemment de membres permanents, Brasilia actuellement en tant que membre non-permanent.

Et lorsqu’on sait que les trois pays représentant à eux seuls une population totale de plus d’1,8 milliard d’habitants et étant par la même occasion respectivement la première, sixième et huitième économies mondiales en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat, cela représente des données et statistiques que les Occidentaux détestent voir publier. Pourtant il faudra bien s’en habituer.

Au-delà du Brésil et en ce qui concerne les autres partenaires privilégiés de Moscou en Amérique latine, à savoir comme déjà indiqué le Venezuela, le Nicaragua et Cuba (bien que le chef de la diplomatie russe a également eu des discussions avec ses homologues de Bolivie et de Saint-Vincent-et-les-Grenadines dans le cadre de cette tournée), les autres inquiétudes washingtoniennes sont également connues. En l’occurrence l’augmentation de la coopération militaro-technique et l’éventualité de la création de bases militaires russes dans ces pays, avec tout ce que cela implique.

Après tout, ce n’est pas seulement une question de réponse proportionnelle et amplement justifiée face à la présence étasunienne aux frontières occidentales de la Russie, mais c’est également et peut-être surtout une question de sécurité pour les Etats latino-américains en question face aux incessantes tentatives washingtoniennes d’interférence et de déstabilisation dans les affaires intérieures et régionales des pays concernés. D’autant plus que d’un point de vue purement militaro-stratégique, le fait que la Russie soit le leader mondial avec la Chine en matière d’armement hypersonique – constitue déjà une réponse suffisante quant aux possibilités de frapper le territoire étasunien en cas de riposte nécessaire. Et cela au départ du territoire russe et sans avoir la nécessité de le faire à partir de pays tiers.

Dans tous les cas – l’Amérique latine n’est pas l’arrière-cour des néocolonialistes de Washington. Y compris dans le volet économique qui restait longtemps le maillon faible des Etats latino-américains dans leur dépendance face à une puissance sans civilisation digne de ce nom. A l’heure où d’ailleurs même économiquement la Chine a largement mis de côté les USA en qualité de principal partenaire économico-commercial des pays de la région. Y compris en passant du Brésil et ce depuis plusieurs années maintenant.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Chine-Russie: vers l’officialisation de l’alliance militaire?

19.04.2023

Les relations sino-russes ont atteint le niveau stratégique non plus seulement dans les domaines politique et économique, mais également militaro-sécuritaire. Le tout à l’heure des vives inquiétudes de l’axe otanesque face au rapprochement sans précédent entre Moscou et Pékin. Rien ne semble pouvoir stopper l’alliance sino-russe.

La visite officielle d’une durée de plusieurs jours du ministre chinois des Affaires étrangères, Li Shangfu, en Russie – était importante et hautement symbolique pour plusieurs raisons. Il s’agissait effectivement de la première visite à l’étranger du chef des Forces armées chinoises depuis sa nomination le mois dernier. D’autre part, il est connu et admis que Li Shangfu partage des relations hautement amicales et de confiance avec son homologue russe Sergueï Choigou. Et ce depuis plusieurs années.

Petit détail supplémentaire et non des moindres: l’actuel ministre chinois de la Défense se trouve sous sanctions étasuniennes, depuis plusieurs années également. La raison ? Pour avoir considérablement élargi précisément le partenariat militaro-technique de la Chine avec la Russie.

Le programme de Li Shangfu à Moscou était effectivement chargé. Réception au Kremlin par le président Poutine, rencontre officielle bien évidemment avec le ministre russe de la Défense Choigou, dépôt des fleurs et hommage sur la tombe du soldat inconnu.

Le ministre chinois de la Défense n’a d’ailleurs pas manqué de rappeler que c’est effectivement sa première visite à l’étranger depuis sa nomination: «C’est ma première visite à l’étranger (depuis la nomination à la tête du ministère chinois de la Défense). J’ai spécifiquement choisi la Russie à cet effet – pour souligner la nature particulière et l’importance stratégique de nos relations bilatérales».

Mais au-delà de l’importance symbolique de cette visite, de même que des accords officiellement annoncés dans le cadre de la visite, notamment le mémorandum d’entente entre l’Académie militaire de l’état-major général des Forces armées de la Fédération de Russie et l’Académie de la Défense nationale de l’Armée populaire de libération de la République populaire de Chine, il y a un autre point qui mérite notre attention. Durant la partie rendue publique de la réunion entre les ministres de la Défense russe et chinois – les deux hommes ont plusieurs fois fait référence aux décisions et dispositions prises par les chefs d’Etat des deux pays, Vladimir Poutine et Xi Jinping, dans le secteur de la coopération militaire. Sans en détailler publiquement le contenu.

Ce dernier point représentera sans le moindre doute un casse-tête supplémentaire pour l’axe otanesque qui observe déjà avec forte amertume les événements en cours aussi bien dans le cadre des relations Chine-Russie, que plus généralement parlant dans le cadre du grand espace eurasiatique et à l’échelle globalement internationale.

C’est d’ailleurs un secret de polichinelle de savoir que les innombrables récents voyages des dirigeants européistes en Chine – n’avaient pas tellement pour objectif à promouvoir le partenariat économico-commercial avec Pékin, bien que ce dernier soit le premier partenaire économique de l’UE, mais bel et bien afin d’y aller défendre la cause commandée par Washington – à savoir que la Chine fasse marche arrière dans sa coopération stratégique avec Moscou.

Fort vraisemblablement en vain. Car tout semble au contraire aller dans la direction représentant le cauchemar pour l’establishment atlantiste. A savoir la confirmation non plus seulement de l’alliance politique et économique à l’échelle bilatérale et multilatérale entre la Chine et la Russie, mais fort vraisemblablement de l’alliance militaire également. Les deux pays ayant les mêmes ennemis et adversaires. Le nier aujourd’hui serait pour le moins ridicule.

Et lorsqu’on connait comment la propagande occidentale affirmait que Pékin semble prendre ses distances avec Moscou, on ne peut que se demander comment elle présentera la situation désormais. Dans le même temps – faut-il encore une fois en être surpris? Un petit monde qui vit sa chute, sans l’assumer, tentera certainement à réduire encore l’importance des tout derniers événements dans les relations sino-russes. Quant à la Russie et à la Chine, ainsi qu’aux autres partisans résolus de l’ordre multipolaire international, l’essentiel ne sera pas à la rhétorique – mais bel et bien au travail intense conjoint. C’est ce qui importe et rien d’autre.

Mikhail Gamandiy-Egorov

L’Afrique et les BRICS: le destin commun

13.04.2023

Plusieurs pays africains expriment leur désir soit d’intégrer, soit d’interagir plus activement avec l’alliance BRICS. Le tout au moment des grands bouleversements internationaux sur les plans géopolitique, géoéconomique et géostratégique – propres à l’ordre multipolaire international. Ceci étant dit, l’Afrique était déjà présente de-facto dans les BRICS au moment de la création de l’organisation.

Si les quatre premiers pays membres des BRICS, à savoir le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine n’étaient pas issus du continent africain – avec l’adhésion de l’Afrique du Sud à l’organisation – toute l’Afrique devenait officiellement représentée au sein de l’alliance. Les BRIC devenaient alors les BRICS. Bien qu’il soit certainement nécessaire de rappeler que la notion même des principales puissances émergentes non-occidentales – était un concept important pour l’Afrique.

Pour quelle raison? Car les BRIC et puis les BRICS représentaient l’espoir d’un autre monde, d’une ère multipolaire, à laquelle aspirait l’écrasante majorité de l’humanité. Une ère où une extrême minorité planétaire ne pourra plus appliquer son diktat et durant laquelle elle aura à rendre des comptes. Et pour l’Afrique, continent si riche à bien d’égards, mais dont les innombrables atouts avaient été de-facto tout simplement soit voilés, soit souvent volés, par justement l’extrême minorité planétaire, cette voie était particulièrement inspirante.

Aujourd’hui et plus que jamais, les BRICS dont fait partie l’une des principales puissances continentales africaines d’une part et les autres pays d’Afrique de l’autre – passent aux actions conjointes. Le tout à l’heure des grands processus internationaux, y compris économiques et financiers, notamment dans la direction de la pleine indépendance vis-à-vis des instruments financiers occidentaux – créant par la même occasion de grandes nouvelles opportunités http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=4728 pour les pays du Sud global.

En effet et en Afrique, après les intérêts annoncés par l’Egypte et l’Algérie à se joindre aux BRICS, désormais c’est au tour du Zimbabwe et de la Tunisie à suivre l’exemple. Pour rappel et en dehors du continent africain – l’Iran, l’Argentine et plus récemment l’Arabie saoudite avaient exprimé leur désir à se joindre à l’organisation.

Beaucoup dépendra évidemment du prochain Sommet des BRICS, qui aura lieu cet été – justement en terre sud-africaine. Parmi les candidatures citées, à défaut de devenir dans l’immédiat des membres de plein droit, il est probable que plusieurs pourront obtenir le statut d’observateur de l’organisation. Représentant la première étape à une pleine adhésion par la suite.

Le tout à l’heure d’un engagement de plus en plus prononcé de l’alliance pro-multipolaire dans son interaction avec le continent africain. Comme le confirme d’ailleurs l’engagement tout récent des représentants des BRICS à mettre en œuvre plusieurs projets structurants et stratégiques en République centrafricaine. Il est fort probable que de telles initiatives seront élargies à de nombreux autres Etats d’Afrique. Avec des résultats pratiques attendus.

Pour finir et faire mention des valeurs communes, partagées par de nombreuses nations africaines avec les pays membres des BRICS, il faudrait également rappeler qu’au-delà de la puissance économique du bloc multipolaire, à l’heure où le PIB combiné des cinq Etats membres dépasse désormais celui des sept membres du club occidental du G7 – il est effectivement aussi question de valeurs. Les BRICS n’ont pas besoin d’esclaves, ni de sous-traitants. Le besoin est d’avoir des partenaires fiables, égaux et adhérant aux valeurs de la multipolarité.

Et les acteurs, ayant accepté leur rôle de sous-traitants pour le compte de l’establishment occidental, décriant les BRICS sans pouvoir même argumenter, ni faire appel à des statistiques dignes de ce nom, doivent se rappeler que la porte ne leur sera pas forcément ouverte lorsqu’ils auront changé d’avis. Certes, les principaux partisans de l’ordre multipolaire international ne chercheront probablement pas à punir ceux ayant fait le choix d’un suivisme aveugle pro-occidental – le tout jusqu’au moment où l’Occident n’aura plus rien à leur proposer, mais il est indéniable que les opportunités du monde nouveau n’iront pas en priorité à ceux ayant été longtemps dans le prétendu «doute».

Mikhail Gamandiy-Egorov