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L’approche plus pragmatique de la Géorgie comme un défi à l’Occident

23.05.2023

Dans les événements contemporains, y compris dans l’espace ex-soviétique et eurasiatique, nombreux sont ceux qui auront compris la manipulation des pays concernés par l’establishment occidental. Le cas géorgien, de même que certains autres, confirment que ladite manipulation ne fonctionne plus comme l’Occident l’aurait souhaité.

Des relations normales entre Moscou et Tbilissi après une longue période de tensions suite à la mainmise occidentale sur l’Etat géorgien constituent un défi réel aux intérêts de Washington et de ses suiveurs européistes bruxellois. Le refus de la Géorgie d’ouvrir un second front contre la Russie sur la base des souhaits occidentaux n’en est d’ailleurs que l’un des aspects.

Aussi, le choix du leadership géorgien à ne pas adhérer aux sanctions occidentales contre Moscou représentait déjà à lui seul une menace pour les forces obscures pensant avoir depuis nombre d’années placé ce pays ex-soviétique complètement dans l’orbite de l’axe otanesque. Ce dernier n’ayant pas prévu qu’un retour de la sagesse et d’une vision pragmatique des choses du côté géorgien puisse faire barrage aux plans de l’Occident pour cet Etat et pour la région.

Car malgré la présence d’éléments ouvertement russophobes au sein de la société géorgienne – de la présidente (citoyenne hexagonale) jusqu’aux extrémistes combattant au sein de l’effectif armé otano-kiévien – une partie importante des citoyens du pays aspirent à des relations positives, ou du moins normales, avec la Russie. Le pragmatisme économique n’y est pas étranger – alors que depuis toutes ces années de gouvernance pro-occidentale à Tbilissi – l’Occident n’a jamais été mesure de remplacer économiquement Moscou. Et beaucoup justement de Géorgiens ne veulent pas sacrifier les opportunités économico-commerciales existantes pour le compte des «belles paroles» de l’axe washingtono-bruxellois.

Et face à une partie du leadership et de nombreux citoyens préférant cette approche pragmatique – les éléments pro-occidentaux, y compris la présidente née en France et ayant été dans le passé une diplomate française – n’y peuvent rien. Le dernier exemple en date concerne d’ailleurs la récente reprise de la liaison aérienne entre la Géorgie et la Russie, soutenue par le gouvernement et les principales compagnies aériennes nationales, mais à laquelle était fermement opposée la personnalité hexagonale sur le sol géorgien.

Après avoir annoncé son boycott de la principale compagnie aérienne Georgian Airways – la direction de la compagnie a déclaré la présidente pro-occidentale indésirable sur ses vols. Tout en lui rappelant qu’elle devrait s’excuser auprès des millions de Géorgiens pour son manque de respect à l’encontre des intérêts du pays – elle, qui selon la direction de Georgian Airways – privilégiait d’autant plus une compagnie comme Air France au lieu des compagnies nationales.

Dans tous les cas – malgré le boycott de Salomé Zourabichvili et des manifestations d’éléments russophobes à Tbilissi – les vols entre la Russie et la Géorgie ont bel et bien repris. Et ce malgré les menaces et intimidations occidentales, notamment de la part de Washington ayant ouvertement menacé de sanctions Tbilissi en cas de reprise des vols directs avec l’Etat russe.

De manière plus générale, le cas de la Géorgie aujourd’hui représente précisément cet exemple où une partie notable de son leadership et de sa société civile a largement compris ce que valaient les expérimentations occidentales sur leur sol national – de la révolution de couleur de 2003 jusqu’aux fausses promesses d’un avenir radieux. Des promesses n’ayant jamais abouti. Ladite compréhension concerne également – qu’au-delà de l’histoire et de victoires communes avec la Russie – l’objectif occidental a toujours été d’utiliser certains pays ex-soviétiques, y compris la Géorgie, dans l’intérêt unique de la confrontation du bloc atlantiste avec la Russie et le monde multipolaire.

Le cas ukrainien a d’ailleurs désormais largement démontré que l’axe des nostalgiques de l’unipolarité n’est «généreux» avec les dits pays uniquement dans l’optique de les utiliser comme de la chair à canon pour le compte otanesque. Et certainement pas dans l’objectif de proposer un développement économique digne de ce nom.

A ce titre, le cas géorgien n’est pas unique. En Moldavie par exemple, autre république ex-soviétique, l’opposition et une large partie de la société civile représentent aujourd’hui un rempart efficace face aux tentatives des régimes occidentaux à entrainer ce pays dans un autre front militaire contre la Russie. De manière générale – les instruments des structures à la sauce Soros et du département d’Etat étasunien – se retournent progressivement contre leurs instigateurs.

Sagesse et partage de valeurs communes pour les uns, pur pragmatisme économique pour d’autres, voire tout à la fois – le fait est que le nombre de pays et de peuples ayant largement compris par leur propre analyse l’arnaque communément appelée Occident – augmente de jour en jour. Et pour le monde multipolaire d’aujourd’hui, malgré l’obstination et l’arrogance de l’extrême minorité planétaire – cela représente indéniablement des processus positifs.

Mikhail Gamandiy-Egorov

BRICS, Occident et la nouvelle ligne de démarcation Est-Ouest

12.05.2023

Dans la conjoncture internationale actuelle, il devient plus que jamais évident que rien ne sera effectivement plus comme avant. La rage occidentale se renforce d’autant plus que l’écrasante majorité mondiale a refusé de manière claire à se joindre aux initiatives de l’axe otanesque à l’encontre de la Russie. Plus que cela, des processus que l’establishment atlantiste pensait ne pas avoir à observer encore nombre d’années – se déroulent désormais sous nos yeux. Pendant ce temps, la ligne de démarcation continue d’être tracée.

L’opération militaire spéciale lancée par la Russie en février de l’année dernière a eu le mérite de mettre en évidence toute l’extrême malhonnêteté de l’Occident. Et pas seulement vis-à-vis de la Russie, dans le cadre des engagements non tenus par l’espace occidental, et ce depuis les années 1990 et tout au long de la période récente, y compris dans le cadre des Accords de Minsk. L’Occident ou en d’autres termes – l’extrême minorité planétaire – n’a eu d’autre choix que de dévoiler pleinement son hideux visage vis-à-vis de l’écrasante majorité des peuples du monde.

Notamment quant au fait que les diverses situations de crise à l’échelle internationale, du Moyen-Orient jusqu’en Afrique, si souvent créées directement par la politique occidentale, ne méritent pas une attention particulière de cette minorité qui s’était autoproclamée comme étant la prétendue «communauté internationale» – qu’elle n’est aucunement, ne l’a jamais été et ne le sera pas. Mais du moment que les intérêts de l’Occident se retrouvent impactés car le temps de l’impunité est effectivement terminé – l’humanité tout entière doit écouter jour et nuit les pleurnicheries de l’establishment otanesque.

Quant à l’Ukraine, l’une des républiques ex-soviétiques les plus développées économiquement au moment de la fin de l’URSS et devenue rapidement l’un des pays les plus pauvres d’Europe, il est devenu plus que jamais clair que le projet occidental pour Kiev ne représente qu’une énième arnaque, mais d’une énorme envergure. Lorsqu’on pense notamment que les dépenses de l’axe otanesque destinées à armer le régime fantoche kiévien dans la guerre par procuration de l’Otan contre la Russie – auraient pu justement servir, depuis plusieurs années, à donner à l’Ukraine une impulsion économique et faire profiter sa population, incapable de sortir du marasme économique depuis les années 1990 et à ce jour.

Mais les objectifs réels de l’Occident, derrière les belles paroles de démocratie et de liberté, n’ont effectivement jamais visé à créer des «success stories» dans les pays passant sous sa bulle. Très loin de là. Le seul intérêt pour ces pays a toujours été uniquement de les exploiter contre les principaux adversaires de la domination et du diktat de l’Occident. D’ailleurs, certains autres pays concernés par cette expérimentation occidentale, notamment les anciennes républiques soviétiques de Géorgie ou de Moldavie, commencent aujourd’hui de plus en plus à le réaliser. Et à faire les bonnes conclusions. Soit au niveau d’une partie de leur leadership (dans le cas géorgien), soit au niveau de l’opposition et de la société civile (dans le cas moldave).

De manière générale, le petit monde occidental qui observe les événements en cours, non seulement géopolitiques, mais également géoéconomiques, d’autant plus désormais en mode d’accélération, avec vive inquiétude, comprend malgré toute l’arrogance qui le caractérise qu’il faudra bien accepter, d’une manière ou d’une autre, la nouvelle ligne de démarcation Est-Ouest. Ou plus particulièrement entre le bloc de l’ordre multipolaire international d’un côté et des nostalgiques de l’unipolarité de l’autre.

D’ailleurs, même les poids lourds de la propagande occidentale, dont le très célèbre magazine US Foreign Policy, laisse désormais passer le message qu’il faudra bien négocier avec la participation des puissances non-occidentales, plus particulièrement celles des BRICS, y compris sur le dossier «ukrainien». Confirmant par la même occasion les dires récents des principaux éléments du régime kiévien qui parlent d’une pression accrue de nombre de pays, à ce que le régime négocie.

L’amertume avec laquelle les héritiers du coup d’Etat du Maïdan reconnaissent cette réalité n’est évidemment et aucunement liée au fait que le régime de Kiev aura à céder des territoires qui historiquement n’avaient et n’ont rien «d’ukrainien», mais évidemment cela signifiera une baisse significative des financements occidentaux, ayant favorisé leur enrichissement personnel sur le sang de leur propre population.

Il est donc aujourd’hui totalement évident que la ligne de démarcation sera tracée. La question qui reste encore ouverte étant uniquement – où et quand. Du côté de la Russie, la modération reste de mise et ce malgré le fait de devoir faire face à une coalition otanesque de plusieurs dizaines de régimes ennemis. Si les Forces armées russes avaient le feu vert d’appliquer la méthode de l’Otan, à savoir tout raser sans aucune distinction – la ligne de démarcation serait déjà au plus proche des frontières de l’axe otanesque. Surtout lorsqu’on sait que les régimes occidentaux soutiennent et organisent pleinement des actes terroristes pouvant déboucher sur un affrontement nucléaire.

Mais la Russie travaille sur la durée. Et vraisemblablement préfère ne pas avoir à engager tout son potentiel afin de permettre à l’humanité d’encore mieux réaliser ce qui se joue aujourd’hui. D’ailleurs les processus de paix à divers endroits du monde non-occidental, déjà confirmés ou en phase de finalisation, démontrent toute l’importance de la retenue russe. Car pendant que le parasitage occidental reste concentré sur son laboratoire d’expérimentation en Ukraine – les peuples non-occidentaux applaudissent les événements qui concernent aujourd’hui la Syrie, la Turquie, l’Iran, l’Arabie saoudite, pour ne citer qu’eux.

Quant aux régimes fantoches créés et installés par l’Occident – il ne leur restera pas longtemps à vivre lorsqu’un minimum de sagesse sera retrouvé par les peuples victimes de cette énième arnaque occidentale. Et pour cela – effectivement pas besoin de raser. De nombreux objectifs sauront être atteints autrement. D’où – la rage justement de ce petit monde occidental. Et les tentatives de pousser par tous les moyens les partisans de l’ordre multipolaire actuel à la faute.

Mikhail Gamandiy-Egorov

«Le pari US vis-à-vis de l’Ukraine se retourne contre l’instigateur»

02.05.2023

Washington ne semble pas pouvoir atteindre ses objectifs en Ukraine, ayant été au préalable convaincu que sa mise sera gagnante rapidement. Plus que cela, les alliances de la multipolarité et les autres événements en cours à l’échelle planétaire détruisent les projets washingtoniens de maintien de son diktat mondial.

Le pari des Etats-Unis sur l’Ukraine commence à se retourner contre eux car n’ayant pas pu atteindre les objectifs souhaités – écrit le journaliste serbo-américain Nebojsa Malic pour le quotidien chinois anglophone Global Times. Selon l’auteur, lorsque la Russie lance l’opération militaire spéciale en février 2022 – l’ambiance à Washington est presque festive. En effet et pour les Etats-Unis, alors que Moscou avait refusé durant huit ans à tomber dans le piège tendu par la révolution de couleur soutenue par les USA à Kiev – le Kremlin avait selon les convictions étasuniennes fini par mordre à l’hameçon.

L’establishment US ayant été convaincu que l’économie russe serait détruite par les sanctions occidentales et que la monnaie nationale du pays – le rouble – se transformerait en décombres. Seul problème pour les instigateurs: rien de tout cela n’est arrivé, rappelle l’auteur de l’article. Moscou ayant bien mieux résisté aux sanctions unilatérales occidentales que l’espace bruxellois – allié des USA, dont les économies se sont taries sans les importations d’énergie russe. Sur le plan militaire – le conflit n’a pas épuisé le potentiel armé de la Russie, tandis qu’au contraire les stocks d’armes et de munitions en Occident comme en Ukraine se réduisent drastiquement.

Et pendant ce temps, les dirigeants russe et chinois n’ont fait que confirmer leur engagement commun en faveur du monde multipolaire. Et bien même que les responsables washingtoniens continuent d’insister sur le fait que le conflit se déroule de manière positive, que l’Ukraine serait prétendument en train de gagner, que les sanctions contre la Russie seraient en train de fonctionner et que la production militaro-industrielle US augmentera comme par magie d’un jour à l’autre – de plus en plus d’Américains, commencent à remarquer bien que lentement que ce n’est pas le cas.

Du côté justement de l’élite politique étasunienne – Robert Francis Kennedy Junior, annonçant sa participation à la course présidentielle la semaine dernière – avait fait valoir qu’il n’est pas dans l’intérêt national américain de rapprocher la Russie de la Chine, car cela représente un véritable cataclysme. Tout en notant que les Chinois viennent de négocier un accord de paix entre l’Iran et l’Arabie saoudite, que la stratégie US au Moyen-Orient s’est complètement effondrée et que l’économie étasunienne allait également suivre une pente négative si quelque chose n’est pas fait rapidement pour stopper tous ces processus néfastes pour les USA.

Un argument similaire avait été avancé dans le magazine American Thinker plus tôt ce mois-ci, où les auteurs de l’article Patricia Adams et Lawrence Solomon qualifient les sanctions imposées par l’Occident à la Russie d’erreur de calcul la plus monumentale de l’histoire moderne.

Nebojsa Malic rappelle également qu’en 1972 – Henry Kissinger avait cherché à adoucir l’aiguillon de la défaite US au Vietnam en établissant des relations avec la Chine et en exploitant la scission de l’époque entre Pékin et Moscou. Et que durant les 50 années qui s’en ont suivi – la politique washingtonienne avait été justement d’empêcher tout ce qui pouvait ressembler à une alliance entre la Chine et la Russie.

Pourtant et à mesure que 2022 avançait – Washington a fait tout son possible pour contrarier Pékin, dont les représentants politiques n’avaient cessé de déclarer que l’île de Taïwan était une autre Ukraine, ayant besoin d’armes occidentales contre une prétendue invasion chinoise.

Pour l’auteur de l’article de Global Times l’une des explications possibles aux actions washingtoniennes est que l’establishment étasunien en matière de politique étrangère se compose désormais principalement des disciples de Zbigniew Brzezinski, et non pas de Kissinger. En 1997, Brzezinski avait écrit justement un manuel pour l’hégémonie mondiale des Etats-Unis intitulé Le Grand Echiquier (The Grand Chessboard), se concentrant sur le contrôle de l’Ukraine comme moyen d’empêcher la résurgence de la Russie.

Nebojsa Malic conclut son article par un rappel de la sagesse ancienne. Plus particulièrement celle rapportée par l’historien grec antique Hérodote lorsque le roi Crésus de Lydie avait demandé à l’Oracle de Delphes des conseils pour partir en guerre. Il a été dit au roi qu’il détruirait un grand empire. Le roi Crésus déclara alors la guerre à Cyrus le Grand de Perse – et perdit la guerre. La prophétie s’est bien réalisée, tant bien que mal: l’empire détruit par Crésus ayant été le sien.

Ce qu’il serait certainement juste de rajouter – c’est que les prévisions de Washington et de ses suiveurs européistes non seulement ne se sont pas réalisées, ayant considéré durant de longues années que l’économie était prétendument le maillon faible de la Russie – mais plus que cela tournent de plus en plus au ridicule. Ayant souhaité isoler la Russie du commerce international – les ennemis occidentaux de Moscou lui une fois de plus rendu, malgré eux, un grand service. Celui d’avoir accélérer la diversification massive des relations économiques de l’Etat russe avec le monde non-occidental, représentant l’écrasante majorité de l’humanité.

Plus que cela encore, le ridicule est d’autant plus palpable que les Occidentaux, et notamment les régimes européistes, se retrouvent obligés à répondre à leurs besoins énergétiques en achetant les produits pétroliers et d’autres en provenance de Russie via justement des nations non-occidentales. Sapant ainsi leurs propres efforts en matière de sanctions, auxquelles pour rappel l’écrasante majorité des pays du monde n’a pas adhéré.

Et là aussi ce n’est pas tout. Comme Observateur Continental l’avait récemment rappelé – la montée en puissance des BRICS à l’échelle mondiale est elle aussi en partie le résultat des mauvais calculs occidentaux. Et ce non seulement dans le cadre de l’attractivité montée en flèche pour les BRICS de la part d’autres nations non-occidentales, mais également des résultats obtenus récemment par l’alliance pro-multipolaire. Faudrait-il rappeler que selon les prévisions des principaux économistes occidentaux – le PIB combiné des cinq pays BRICS devait dépasser celui du G7 pas avant 2030. Pourtant cela est devenu réalité à l’issue de l’année 2022.

De manière générale, l’arrogance extrême de l’Occident et des quelques acteurs acquis à sa cause – n’a fait de-facto qu’accélérer des processus qui de toute manière allaient voir le jour. Mais certainement et seulement des années plus tard. Et non pas sous nos yeux aujourd’hui. Peut-être que pour cela, il serait juste de «remercier» en quelque sorte les nostalgiques de l’unipolarité, ayant été aveuglés par la conviction à pouvoir maintenir leur domination planétaire et se retrouvant désormais obligés à observer les événements actuels sans réellement savoir quoi entreprendre.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Les BRICS et le bouleversement mondial

26.04.2023

L’élargissement de l’alliance des BRICS non seulement avance dans la phase de confirmation, mais semble largement dépasser les attentes quant au nombre de pays souhaitant se joindre à l’organisation pro-multipolaire. Le tout au grand désarroi de l’Occident, dont la représentation minoritaire à l’échelle planétaire n’est plus à démontrer.

19 pays ont exprimé leur intérêt à rejoindre le groupe des nations BRICS alors que se prépare le sommet annuel qui aura lieu en Afrique du Sud, écrit Bloomberg. Le sujet de l’élargissement de l’alliance à de nouveaux membres sera effectivement discuté cet été en terre sud-africaine.

L’information n’est effectivement pas nouvelle – Observateur Continental l’a précédemment plusieurs fois traité – y compris justement la question de l’élargissement en faveur d’autres pays non-occidentaux. Le tout à l’heure où les le PIB combiné des 5 cinq membres des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) dépasse désormais celui des 7 membres du club occidental + Japon, le fameux G7.

Par contre ce qui est intéressant de noter dans l’article de Bloomberg, c’est le fait que sur les 19 pays ayant exprimé leur volonté d’adhésion aux BRICS – 13 l’auraient fait de manière officielle, tandis que 6 autres non-officiellement. Peut-être d’ailleurs afin d’éviter dans le cas de ces derniers de mettre trop tôt en colère leurs partenaires occidentaux.

Cela d’autant plus qu’il ne faut pas croire que toutes les demandes recevront une réponse favorable et immédiate. Un tri sera incontestablement nécessaire et une feuille de route sera probablement déterminée pour chacune des demandes concernées. Cela sans oublier que – comme Observateur Continental l’avait précédemment abordé – des pays-candidats pourraient être dans un premier temps acceptés comme observateurs de l’organisation, avant une éventuelle pleine adhésion au groupe.  

Dans tous les cas, les BRICS auront non seulement confirmé leur attractivité à l’échelle mondiale, mais désormais avec les nouvelles perspectives il devient évident que l’Occident approche la perte non seulement de sa domination géopolitique, mais bel et bien et également géoéconomique, à l’heure où dans le Top 10 mondial en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat les économies occidentales ne représentent plus la majorité. Et cela sur la base même des données du Fonds monétaire international (FMI).

Et lorsque nous savons que selon ces mêmes prévisions l’alliance des cinq pays déjà membres des BRICS – représentant déjà aujourd’hui près de la moitié de la population terrestre et un tiers du PIB mondial – à l’horizon de 2050 le PIB combiné pourrait atteindre, voire dépasser, le niveau de 50% du PIB mondial. A noter par la même occasion que selon les prévisions de Goldman Sachs – à l’horizon justement de 2050 – 4 des 5 membres actuels des BRICS, à savoir la Chine, l’Inde, le Brésil et la Russie – feront partie du Top 5 des principales économies mondiales.

En prenant en compte ces données – pour rappel encore une fois uniquement sur la base des cinq Etats membres aujourd’hui – il n’est possible alors que d’imaginer quel sera alors le PIB combiné de l’alliance pro-multipolaire suite à l’élargissement prévue en faveur des autres nations non-occidentales. Le constant sera pourtant simple et sans appel : l’Occident n’aura alors qu’à subir de manière encore beaucoup plus marquée le rôle de l’extrême minorité planétaire. D’une minorité certes arrogante, mais extrêmement minoritaire. D’ailleurs le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, à l’heure où la Russie préside actuellement le Conseil de sécurité de l’ONU, l’a bien rappelé: «Appelons les choses par leur nom. Personne n’a donné d’autorisation à la minorité occidentale à parler au nom de toute l’humanité». Effectivement – personne. Quant au reste – tout se paie.

Mikhail Gamandiy-Egorov

L’Amérique latine n’est pas l’arrière-cour étasunienne

21.04.2023

Les pays d’Amérique latine refusent le diktat washingtonien et se positionnent de plus en plus activement au sein de l’ordre multipolaire international. Y compris les principaux poids lourds de la région. Cela déplait énormément à l’establishment étasunien, mais c’est une réalité avec laquelle il faudra compter.

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov se trouve en nouvelle tournée internationale, cette fois-ci en Amérique latine. Le tout après la récente tournée sur le continent africain. Le Brésil fut le premier pays concerné par cette visite latino-américaine, suivi par le Venezuela, le Nicaragua et enfin Cuba.

Au Brésil – le ministre russe des Affaires étrangères a rappelé que les pays concernés sont unis par le désir d’un ordre international polycentrique plus juste. Cela au moment d’ailleurs où Washington, dans son arrogance si habituelle, a accusé le Brésil (huitième puissance économique mondiale en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat) «de se faire l’écho de la propagande russe et chinoise».

L’inquiétude US est évidemment partagée par les principaux suiveurs de la politique étasunienne, à savoir les régimes bruxellois. Ainsi, la chaîne européiste Euronews se pose la question si le Brésil ne serait tout simplement pas aligné sur Moscou et Pékin? En rappelant par la même occasion que les récentes déclarations du président brésilien Lula auraient «irrité» les Occidentaux. Notamment quant au fait que Washington et Bruxelles devaient cesser d’encourager la guerre en Ukraine.

A cela s’ajoutent évidemment les récents appels du chef d’Etat du Brésil, durant son déplacement en Chine, aux pays en développement à œuvrer ensemble pour remplacer le dollar US par leurs propres monnaies dans le commerce international. Un processus de dédollarisation qu’Observateur Continental avait déjà traité et qui prend effectivement et plus que jamais son envol à l’échelle mondiale.

Ce qui inquiète évidemment Washington et ses sous-traitants dans la configuration actuelle, c’est que la solidarité des pays BRICS est plus que jamais forte, y compris dans le cadre de cette dédollarisation en cours, où chacun des pays concernés met en action les mécanismes nécessaires – bilatéraux comme multilatéraux. Dans le cadre du trio Chine-Russie-Brésil, ce qui met également en extrême colère les régimes occidentaux et leurs quelques affiliés – c’est que les trois pays sont représentés au sein du Conseil de sécurité de l’ONU. Pékin et Moscou en qualité bien évidemment de membres permanents, Brasilia actuellement en tant que membre non-permanent.

Et lorsqu’on sait que les trois pays représentant à eux seuls une population totale de plus d’1,8 milliard d’habitants et étant par la même occasion respectivement la première, sixième et huitième économies mondiales en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat, cela représente des données et statistiques que les Occidentaux détestent voir publier. Pourtant il faudra bien s’en habituer.

Au-delà du Brésil et en ce qui concerne les autres partenaires privilégiés de Moscou en Amérique latine, à savoir comme déjà indiqué le Venezuela, le Nicaragua et Cuba (bien que le chef de la diplomatie russe a également eu des discussions avec ses homologues de Bolivie et de Saint-Vincent-et-les-Grenadines dans le cadre de cette tournée), les autres inquiétudes washingtoniennes sont également connues. En l’occurrence l’augmentation de la coopération militaro-technique et l’éventualité de la création de bases militaires russes dans ces pays, avec tout ce que cela implique.

Après tout, ce n’est pas seulement une question de réponse proportionnelle et amplement justifiée face à la présence étasunienne aux frontières occidentales de la Russie, mais c’est également et peut-être surtout une question de sécurité pour les Etats latino-américains en question face aux incessantes tentatives washingtoniennes d’interférence et de déstabilisation dans les affaires intérieures et régionales des pays concernés. D’autant plus que d’un point de vue purement militaro-stratégique, le fait que la Russie soit le leader mondial avec la Chine en matière d’armement hypersonique – constitue déjà une réponse suffisante quant aux possibilités de frapper le territoire étasunien en cas de riposte nécessaire. Et cela au départ du territoire russe et sans avoir la nécessité de le faire à partir de pays tiers.

Dans tous les cas – l’Amérique latine n’est pas l’arrière-cour des néocolonialistes de Washington. Y compris dans le volet économique qui restait longtemps le maillon faible des Etats latino-américains dans leur dépendance face à une puissance sans civilisation digne de ce nom. A l’heure où d’ailleurs même économiquement la Chine a largement mis de côté les USA en qualité de principal partenaire économico-commercial des pays de la région. Y compris en passant du Brésil et ce depuis plusieurs années maintenant.

Mikhail Gamandiy-Egorov

L’Afrique et les BRICS: le destin commun

13.04.2023

Plusieurs pays africains expriment leur désir soit d’intégrer, soit d’interagir plus activement avec l’alliance BRICS. Le tout au moment des grands bouleversements internationaux sur les plans géopolitique, géoéconomique et géostratégique – propres à l’ordre multipolaire international. Ceci étant dit, l’Afrique était déjà présente de-facto dans les BRICS au moment de la création de l’organisation.

Si les quatre premiers pays membres des BRICS, à savoir le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine n’étaient pas issus du continent africain – avec l’adhésion de l’Afrique du Sud à l’organisation – toute l’Afrique devenait officiellement représentée au sein de l’alliance. Les BRIC devenaient alors les BRICS. Bien qu’il soit certainement nécessaire de rappeler que la notion même des principales puissances émergentes non-occidentales – était un concept important pour l’Afrique.

Pour quelle raison? Car les BRIC et puis les BRICS représentaient l’espoir d’un autre monde, d’une ère multipolaire, à laquelle aspirait l’écrasante majorité de l’humanité. Une ère où une extrême minorité planétaire ne pourra plus appliquer son diktat et durant laquelle elle aura à rendre des comptes. Et pour l’Afrique, continent si riche à bien d’égards, mais dont les innombrables atouts avaient été de-facto tout simplement soit voilés, soit souvent volés, par justement l’extrême minorité planétaire, cette voie était particulièrement inspirante.

Aujourd’hui et plus que jamais, les BRICS dont fait partie l’une des principales puissances continentales africaines d’une part et les autres pays d’Afrique de l’autre – passent aux actions conjointes. Le tout à l’heure des grands processus internationaux, y compris économiques et financiers, notamment dans la direction de la pleine indépendance vis-à-vis des instruments financiers occidentaux – créant par la même occasion de grandes nouvelles opportunités http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=4728 pour les pays du Sud global.

En effet et en Afrique, après les intérêts annoncés par l’Egypte et l’Algérie à se joindre aux BRICS, désormais c’est au tour du Zimbabwe et de la Tunisie à suivre l’exemple. Pour rappel et en dehors du continent africain – l’Iran, l’Argentine et plus récemment l’Arabie saoudite avaient exprimé leur désir à se joindre à l’organisation.

Beaucoup dépendra évidemment du prochain Sommet des BRICS, qui aura lieu cet été – justement en terre sud-africaine. Parmi les candidatures citées, à défaut de devenir dans l’immédiat des membres de plein droit, il est probable que plusieurs pourront obtenir le statut d’observateur de l’organisation. Représentant la première étape à une pleine adhésion par la suite.

Le tout à l’heure d’un engagement de plus en plus prononcé de l’alliance pro-multipolaire dans son interaction avec le continent africain. Comme le confirme d’ailleurs l’engagement tout récent des représentants des BRICS à mettre en œuvre plusieurs projets structurants et stratégiques en République centrafricaine. Il est fort probable que de telles initiatives seront élargies à de nombreux autres Etats d’Afrique. Avec des résultats pratiques attendus.

Pour finir et faire mention des valeurs communes, partagées par de nombreuses nations africaines avec les pays membres des BRICS, il faudrait également rappeler qu’au-delà de la puissance économique du bloc multipolaire, à l’heure où le PIB combiné des cinq Etats membres dépasse désormais celui des sept membres du club occidental du G7 – il est effectivement aussi question de valeurs. Les BRICS n’ont pas besoin d’esclaves, ni de sous-traitants. Le besoin est d’avoir des partenaires fiables, égaux et adhérant aux valeurs de la multipolarité.

Et les acteurs, ayant accepté leur rôle de sous-traitants pour le compte de l’establishment occidental, décriant les BRICS sans pouvoir même argumenter, ni faire appel à des statistiques dignes de ce nom, doivent se rappeler que la porte ne leur sera pas forcément ouverte lorsqu’ils auront changé d’avis. Certes, les principaux partisans de l’ordre multipolaire international ne chercheront probablement pas à punir ceux ayant fait le choix d’un suivisme aveugle pro-occidental – le tout jusqu’au moment où l’Occident n’aura plus rien à leur proposer, mais il est indéniable que les opportunités du monde nouveau n’iront pas en priorité à ceux ayant été longtemps dans le prétendu «doute».

Mikhail Gamandiy-Egorov

La dédollarisation en marche

11.04.2023

Le processus de l’affranchissement par la communauté internationale vis-à-vis du dollar suit son cours et atteint de plus en plus le stade pratique des choses. Et si du côté occidental et libéral – les analyses des événements tentent d’être rassurantes quant à l’avenir de la monnaie étasunienne à l’échelle internationale, du côté des grandes puissances non-occidentales et des pays du Sud global – l’heure est résolument à l’action et à la détermination.

La chose qui pouvait paraître presque impossible pour certains analystes, surtout occidentaux, il y a de cela quelques années – a bel et bien pris son envol, et avec assurance. Lorsque le processus de dédollarisation à l’international est observé aujourd’hui, il faut certainement comprendre qu’il était complètement inattendu, surtout au vu du rythme observé actuellement, ni par Washington, ni ses principaux suiveurs de l’espace occidental.

Cela est d’ailleurs peu surprenant. Le premier considérait que personne ne pourra toucher à sa domination mondiale, ni à l’hégémonie établie durant de longues années. Les suiveurs, notamment européistes, pensaient à tort se trouver dans le camp victorieux et par « essence » intouchable. Sauf que le monde dans sa globalité n’est pas, à la différence de l’Europe bruxelloise, un pseudo-jardin totalement endormi par des illusions du passé. Et complètement dépassé par les événements contemporains de l’ère multipolaire.

Pendant ce temps les chiffres et événements en rapport avec ledit processus parlent d’eux-mêmes : les accords en matière de dédollarisation des échanges réciproques et le passage vers l’utilisation des monnaies nationales concernées ne cessent de s’élargir. L’un des plus récents en dates étant d’ailleurs entre l’Inde et la Malaisie. Et cela faisant suite à d’autres accords entre Etats allant dans la même direction.

Notamment entre la Chine et la Russie (respectivement la première et la sixième économies mondiales en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat). Entre la Chine et le Brésil (respectivement première et huitième économies mondiales), la Chine et l’Arabie saoudite (première et 17ème), la Russie et l’Iran (sixième et 21ème). Dans le cas de l’Inde et de la Malaisie, cela concerne respectivement la troisième et la 31ème économies du monde.

Et cela en tenant compte que le processus en question ne fait réellement que commencer. Du côté occidental, les «spécialistes» d’obédience libérale tentent toujours de vouloir être rassurants quant à l’avenir du dollar à l’international, mais néanmoins se retrouvent obligés à reconnaitre qu’il faut se préparer à un monde monétaire multipolaire.

Pourtant et du côté des pays dits du Sud global, la constatation et l’analyse des faits est beaucoup plus réaliste et pleine d’espoir quant à l’avenir de la dédollarisation, cette dernière définie par l’utilisation à outrance de l’extraterritorialité du droit étasunien en qualité de levier juridique de coercition, créant de-facto un contrôle global sur l’ensemble des agents économiques utilisant la monnaie US. Et cette vision, notamment en Afrique, se ressemble bien souvent au Nord comme au Sud du continent, ainsi qu’à d’autres endroits à l’échelle continentale et internationale.

De manière générale et encore une fois l’extrême arrogance de Washington et de ses principaux suiveurs, de même que leur ferme conviction de pouvoir agir en toute impunité, y compris vis-à-vis des avoirs financiers étrangers ne leur appartenant pas, représentent les quelques aspects du processus désormais clairement enclenché aux quatre coins du monde. Le plus important maintenant est de maintenir la ferme motivation dans le cadre de ce processus au sein des nations non-occidentales. Fort visiblement – la motivation y est pleinement.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Afrique du Sud-Russie: l’histoire ne s’efface pas

05.04.2023

Si l’Occident n’a non seulement pas réussi à mettre au sein de son axe anti-russe les nations non-occidentales, notamment africaines, aujourd’hui les régimes otanesques paient de-facto le prix de leur arrogance et mépris en obtenant un effet boomerang qu’ils n’avaient pas vraisemblablement prévu: le renforcement de l’axe anti-occidental. Surtout qu’en Afrique la mémoire des relations positives avec la Russie – ne s’efface pas.

Une délégation du Congrès national africain (ANC) – le parti au pouvoir en Afrique du Sud depuis l’avènement de la démocratie et la fin du régime raciste de l’apartheid – était tout récemment en visite à Moscou, à l’invitation des homologues du parti Russie unie.

Comme l’avait indiqué l’ANC – les discussions portaient sur un réajustement de l’ordre mondial afin d’inverser les conséquences du néocolonialisme et du monde unipolaire qui prévalait auparavant. En d’autres termes – la principale force politique sud-africaine non seulement se positionne ouvertement en faveur de la multipolarité, chose qui était connue, mais affirme haut et fort que le diktat unipolaire occidental constitue effectivement le passé.

Ces derniers temps, le pays de Nelson Mandela est fortement critiqué par les régimes occidentaux en raison des liens non seulement qui se maintiennent, mais qui grandissent sensiblement avec la Russie. Et ce dans divers domaines. Rien n’a pu détruire cette relation privilégiée – ni les multiples visites des hauts responsables étasuniens, ni les attaques verbales des sous-traitants européistes, ni les virulentes critiques des médias de propagande occidentaux, ni l’opposition sud-africaine libérale et pro-occidentale, bien souvent d’ailleurs composée d’héritiers du régime de l’apartheid.

Parmi les événements récents importants dans le cadre bilatéral et multilatéral, il faudrait certainement citer les exercices militaires navals conjoints entre l’Afrique du Sud, la Russie et la Chine dans l’océan Indien, et ce malgré les innombrables condamnations occidentales. De même que le travail actif au niveau des experts proches du gouvernement sud-africain sur les mécanismes à mettre en œuvre en vue de passer à une pleine indépendance vis-à-vis des instruments financiers occidentaux et de la dédollarisation en cours à l’échelle internationale. Notamment et bien évidemment dans le cadre de l’alliance des BRICS.

En parlant justement des BRICS, il faut rappeler que l’Afrique du Sud accueillera en août prochain le 15ème Sommet des pays membres de l’organisation, et les travaux préparatifs suivent leur cours.

Mais là aussi ce n’est pas tout. Le gouvernement sud-africain vient vraisemblablement de prendre la décision d’interdire la vente d’armes à la Pologne, comme le note BNN Breaking. Selon les sources du média en question, les autorités sud-africaines ont pris cette décision dans l’objectif de limiter l’approvisionnement potentiel en munitions du régime ukrainien via Varsovie. Cette dernière étant l’une des principales promotrices de la haine russophobe depuis de longues années et l’un des plus fidèles sous-traitants de Washington. Pendant ce temps l’Afrique du Sud reste un acteur important dans le domaine de l’armement à l’international. La décision sud-africaine parait donc plus que justifiée.

Sauf qu’au-delà de tous ces points très importants, il y a une chose qui semble profonde et indestructible dans les relations russo-sud-africaines – c’est l’histoire. Les Occidentaux avaient beau avoir espéré détruire ce patrimoine relationnel entre les deux nations en soutenant les forces ultra-libérales du pays avec les héritiers de l’apartheid – ils n’ont jamais pu effacer le patrimoine en question. Un patrimoine qui permet aujourd’hui d’étendre le partenariat bilatéral à tellement d’autres domaines d’interaction mutuellement bénéfique.

Comme d’ailleurs cela a été récemment parfaitement bien rappelé par Julius Malema, chef du troisième principal parti politique sud-africain EFF (Combattants pour la liberté économique) et ex-leader de la Ligue de jeunesse du Congrès national africain, notamment le soutien stratégique de l’URSS et de Cuba durant le combat contre l’apartheid. Un soutien que d’ailleurs Nelson Mandela n’avait jamais oublié. Et ses héritiers et partisans d’aujourd’hui – non plus.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Washington ne pourra rien opposer à Pékin et Moscou en Afrique

31.03.2023

Au moment des tensions sans précédent entre l’ordre multipolaire international et les nostalgiques de l’unipolarité, le continent africain confirme une fois de plus être l’endroit stratégique dans le cadre de cette opposition. Les récentes manœuvres washingtoniennes en vue de tenter à repositionner l’Occident sur la scène africaine, en s’opposant ouvertement à la Chine et à la Russie, n’y changeront vraisemblablement rien.

Pour comprendre les événements en cours sur le continent africain, y compris dans le cadre de l’affrontement stratégique entre les partisans résolus du monde multipolaire d’un côté et les vestiges de l’unipolarité de l’autre, il faut tout d’abord une fois de plus comprendre que si Washington, en qualité de maître incontesté de l’axe occidental otanesque, tente de prendre un nouvel leadership occidental en Afrique – c’est précisément en raison des échecs totalement évidents de ses sous-traitants, notamment l’Hexagone. Ce dernier faisant face à un effet domino en termes d’échecs répétés, qui n’est d’ailleurs plus à démontrer.

Parallèlement à cela, toutes les tentatives washingtoniennes et occidentales à faire intégrer les nations africaines dans la coalition anti-russe, prétextant l’interprétation purement occidentale des événements ukrainiens, se sont avérées être des échecs également. Tout comme de manière générale toutes les tentatives à nuire au développement des relations russo-africaines.

Dans le cas des relations entre l’Afrique et la Chine – les difficultés de l’axe occidental sont tout aussi prononcées, d’autant plus lorsqu’on sait que la Chine est de bien loin le principal partenaire économico-commercial des nations africaines, avec un volume des échanges de plusieurs fois supérieur à celui de Washington et de ses sous-traitants européens. Et face aux attaques étasuniennes à l’encontre du partenariat sino-africain, Pékin n’hésite plus à remettre fermement les pendules à l’heure vis-à-vis de l’adversaire washingtonien. De manière générale – personne ne pourra évincer la Chine de son interaction avec le continent africain. Absolument personne.

Un autre point très important, qu’Observateur Continental avait abordé dans le passé, plus exactement en juillet 2021 – celui de la complémentarité sino-russe en Afrique. Si à cette période, notre analyse allait pleinement en contradiction avec celle des principaux prétendus experts occidentaux, désormais ils ne font que constater, fort amèrement, cette réalité. Une réalité encore plus renforcée suite à la toute récente visite du président chinois Xi Jinping à Moscou.

Et là aussi c’est loin d’être tout. Washington a aujourd’hui de plus en plus peur de se retrouver isolé face aux initiatives de paix de Pékin, notamment sur le dossier ukrainien. Comme l’écrit Bloomberg – les Etats-Unis craignent qu’un monde fatigué de la guerre n’accepte la proposition de paix de la Chine sur l’Ukraine, jugée inacceptable par l’establishment étasunien. Et plus que cela – que Pékin puisse convaincre une large coalition de pays que c’est précisément Washington qui refuse la paix. Bien qu’il soit nécessaire d’ajouter que c’est déjà l’opinion de la grande partie des peuples du monde.

Et cela comme mentionné précédemment – alors que Washington n’arrive ni à convaincre les Etats africains à se détourner de leurs partenariats avec la Chine, ni à les faire joindre à l’axe de la haine otano-occidentale contre la Russie. En bref – des schémas que ni Washington, ni l’Occident politique dans son ensemble – ne sont en mesure de résoudre. Ni maintenant, ni par la suite.

Enfin et c’est peut-être même le point le plus important. Dans le cadre de l’affrontement de Washington avec Pékin et Moscou, qu’en est-il des Africains et de leurs opinions sur la question? Ici également et pour tout observateur qui connait réellement le continent africain, les sympathies sont très clairement en faveur des partisans de la multipolarité. Et les vaines tentatives washingtoniennes à tenter de se positionner en alternative à ses propres sous-traitants, dont Paris et Londres, ne trompent pratiquement personne à l’échelle africaine.

Certes, Washington et les quelques capitales européennes peuvent encore compter sur un groupe limité de citoyens africains achetés et dévoués à leurs donneurs d’ordre. Mais ces derniers ne peuvent absolument rien opposer de fiable, ni de fort, aux souverainistes et panafricanistes à l’échelle continentale, et même au sein de la diaspora africaine. C’est un fait. D’ailleurs leurs quelques sorties ne font que les ridiculiser eux-mêmes, ainsi que de créer un rejet encore plus puissant vis-à-vis des politiques occidentales.

Et lorsque nous prenons toutes ces données en compte, il devient assez clair que Washington ne sera aucunement en mesure de casser le rythme de la chute occidentale – aussi bien à l’échelle africaine, que plus globalement internationale. En ce qui concerne l’Afrique et comme nous l’avions plusieurs fois souligné dans le passé – le continent sera l’un des principaux pôles du monde multipolaire. D’ailleurs, le président russe l’avait récemment souligné lors de l’ouverture de la Conférence parlementaire internationale Afrique-Russie, dans la capitale russe.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Hydrocarbures russes et les nouveaux mauvais calculs de l’Occident

29.03.2023

Les dernières statistiques en matière d’exportations d’hydrocarbures par la Russie démontrent largement que les plans occidentaux à travers les sanctions unilatérales visant Moscou ne fonctionnent pas. Confirmant une fois encore que le monde dans sa globalité, c’est beaucoup plus qu’un espace représentant une évidente minorité mondiale.

« Hydrocarbures. La Russie dope ses chiffres en dehors de l’Europe », écrit le site marocain Infomédiaire, en indiquant que suite aux sanctions imposées par certains pays de l’UE, la Russie s’est tournée vers d’autres marchés pour écouler sa production d’hydrocarbures. Ainsi – le diesel et le gasoil russes ont trouvé preneurs en Afrique, Asie et au Moyen-Orient.

Selon les données de Refinitiv (entreprise américano-britannique, fournisseur de données et d’infrastructures sur les marchés financiers, ndlr), les exportations de diesel et gasoil russes à la destination de la Türkiye ont dépassé 1,2 million de tonnes en ce mois de mars. Représentant par la même occasion un record en comparaison au mois précédent (0,8 million de tonnes).

Par ailleurs et toujours selon les données pour la période concernée – près de 200 000 tonnes de diesel russe ont été expédiées vers la Libye, environ 165 000 tonnes vers l’Algérie et 100 000 tonnes vers la Tunisie. Cette dernière ayant déjà importé un volume record de gasoil russe au cours du mois de février. Les autres importateurs importants au niveau africain étant le Maroc, le Nigéria, le Ghana ou encore le Sénégal.

Du côté de l’Amérique latine – 300 000 tonnes de diesel ont transité en ce mois de mars par le Brésil depuis des ports maritimes russes (en février le volume était de 250 000 tonnes). Et du côté du Moyen-Orient : la Russie avait envoyé pas moins de 450 000 tonnes de diesel vers l’Arabie saoudite le mois dernier et environ 200 000 tonnes devraient arriver aux Emirats arabes unis ce mois-ci.

Les exportations russes sont en passe d’atteindre un record ce mois-ci (depuis 2016…), et ce malgré les sanctions de l’Union européenne privant le pays de son plus grand marché, écrit de son côté Bloomberg. Ajoutant que les expéditions d’hydrocarbures russes de mars ont atteint en moyenne environ 1,5 million de barils par jour et que des pays comme la Turquie, le Maroc, ainsi que d’autres ont effectivement intensifié leurs achats.

Le constat est une nouvelle fois relativement simple : le business international et plus généralement le monde tout simplement ne tournent pas autour de l’espace occidental, bien que ce dernier se pensait être irremplaçable. Les faits cités ne représentent que quelques exemples supplémentaires à ce qu’Observateur Continental affirmait depuis plusieurs années.

Pour autant les élites occidentales sont-elles à ce point incompétentes à ne pas avoir prévu que leurs fameuses sanctions unilatérales et illégales tomberaient rapidement ou dans certains cas progressivement à l’eau ? L’incompétence fait évidemment partie des caractéristiques qui devraient leur être attribuées. Néanmoins, l’arrogance extrême les caractérisant y est aussi pour beaucoup. Car l’Occident politique était au départ effectivement convaincu que le monde entier ou presque allait suivre ses ordres et se conformer à la ligne de l’axe russophobe otanesque stipulant l’isolation immédiate de la Russie.

Cela n’a pas marché. A dire vrai les Occidentaux ont vraisemblablement énormément sous-estimé la force de l’ère multipolaire, préférant se berner dans leurs illusions que ce n’est qu’un projet qui prendra du temps à se réaliser. Et n’ayant pas compris que l’ordre multipolaire est déjà une réalité depuis plusieurs années et qu’à travers leurs propres actes – n’ont fait qu’accélérer maintenant l’avènement d’un monde multipolaire post-occidental. Non pas que l’objectif des partisans de la multipolarité était d’exclure complètement le petit espace occidental du reste de l’humanité, mais c’est un chemin que l’establishment occidental s’est choisi soi-même.

Quant à l’échec de la politique des sanctions unilatérales et au fait que dans le commerce international contemporain – le monde ne tourne pas sur l’Occident – cela constitue les autres orientations qu’Observateur Continental avait abordé des mois auparavant.

Mikhail Gamandiy-Egorov