Archives pour la catégorie géostratégie

Les instruments financiers occidentaux continuent de perdre leur mainmise internationale

07.06.2023

Les processus actuels propres à l’ère multipolaire ne concernent pas seulement les événements géopolitiques et sécuritaires en cours, mais évidemment aussi les nombreux aspects géoéconomiques. Dédollarisation, mise en place d’instruments financiers alternatifs à ceux de l’Occident, mais également la perte désormais parfaitement visible de parts de marché des acteurs occidentaux ayant longtemps dominé presque sans partage des secteurs importants de la finance internationale, font partie de ces processus.

Alors que le Sommet des BRICS approche, durant lequel de nombreuses questions fortement importantes seront abordées: de la question d’adhésion de nouveaux membres, qui d’autant plus sont effectivement nombreux, jusqu’à la question de la mise en place d’une monnaie commune parmi les pays membres, l’ordre multipolaire international continue sans relâche de s’imposer face aux nostalgiques de l’unipolarité. Le tout à l’heure où le PIB combiné des cinq Etats membres actuels des BRICS dépasse déjà celui des sept participants du club occidental + Japon nommé G7.

La question très importante de la dédollarisation ne sera pas en reste. Comme le note le média marocain Perspectives Med citant l’expert suisse Guy Mettan: «La grande crainte de l’Europe et des Etats-Unis, c’est que s’il y a une émancipation des BRICS, s’il y a une émergence du monde multipolaire avec d’autres puissances indépendantes, c’est la fin du règne non seulement militaire, mais également du règne financier des Etats-Unis. Parce que la suprématie du dollar, c’est au fond avoir une rente gratuite sans payer le prix».

Si ces paroles sont à bien d’égards parfaitement justifiées, il serait tout de même correct de rajouter qu’aujourd’hui il n’est plus vraiment question d’émergence du monde multipolaire, qui est déjà une réalité, mais bel et bien de l’apparition du monde multipolaire post-occidental. Face au refus des régimes occidentaux à faire preuve d’un minimum d’adaptation aux règles du monde contemporain, dans lequel les peuples non-occidentaux représentent non plus seulement l’écrasante majorité démographique, mais aussi s’imposent chaque jour un peu plus dans la sphère des processus économiques mondiaux. Des processus d’ailleurs ayant reçu un certain «coup de pouce» via l’arrogance des dites régimes otanesques de l’Ouest.

Et là aussi ce n’est pas tout. China UnionPay, l’entreprise chinoise de services financiers basée à Shanghai, représentée dans pas moins de 180 pays du monde, a réussi, suite aux récentes données publiées, à l’issue de 2022 – à prendre un peu plus de 40% du marché mondial des cartes de débit. En détrônant ainsi les concurrents étasuniens, longtemps leaders incontestés, que sont Visa et Mastercard (qui possèdent respectivement désormais 38,78 et 21% des parts du marché mondial). Et compte tenu de la multiplication d’initiatives en vue de réduire la dépendance à l’échelle internationale vis-à-vis des instruments financiers occidentaux – cela représente indéniablement un coup dur supplémentaire pour les intérêts de l’Occident. D’autant plus que le processus est fort loin d’être terminé.

Face à cette dernière nouvelle, et au-delà des processus qui continuent de monter en puissance dans le cadre de la dédollarisation, il reste aujourd’hui aux pays BRICS et à leurs alliés, y compris dans le cadre du concept BRICS+ à donner un élan supplémentaire en vue de la mise en place d’alternatives fortes au système occidental de communication entre institutions financières, qu’est le Swift. Ces alternatives existent, notamment du côté chinois et russe, et se doivent désormais de prendre un envol en vue de casser définitivement la dépendance face à des instruments étant sous contrôle de-facto directe des élites atlantistes.

Tout cela représente que les quelques aspects, mais effectivement très importants pour l’avenir planétaire, des processus en cours et à venir à l’échelle globale du monde. Restera évidemment aussi, comme déjà abordé précédemment, à nettoyer des structures dites internationales de la présence d’éléments occidentaux ou acquis à la cause de l’extrême minorité planétaire. A défaut d’en créer tout simplement de nouvelles – qui seront beaucoup représentatives du visage actualisé de la véritable et seule communauté internationale. L’Occident ayant raté sa chance de s’intégrer à la multipolarité, n’aura alors qu’à observer la suite des événements contemporains.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Entre les BRICS et les pressions occidentales – l’Afrique du Sud opte pour la première option

01.06.2023

Pretoria semble plus que jamais déterminée à assumer son orientation stratégique dans le cadre de l’alliance des BRICS, en dépit des pressions multiformes de l’establishment atlantiste de l’Occident et de l’opposition interne orientée sur l’axe otanesque. Tout semble indiquer que les Occidentaux et leurs agents locaux n’obtiendront pas gain de cause.

Alors que le Sommet des BRICS qui doit avoir lieu en Afrique du Sud approche – les autorités du pays de Nelson Mandela continuent de faire face aux innombrables pressions, menaces et intimidations émanant des élites issues de l’extrême minorité planétaire, ainsi que d’une autre minorité – cette fois-ci interne – pour une large partie composée des héritiers du régime raciste de l’apartheid d’une certaine époque, aux origines occidentales et orientée sur l’Occident.

Ainsi, l’une des principales puissances continentales africaines envisage de modifier sa loi afin d’avoir le pouvoir de décider d’arrêter ou non un dirigeant recherché par la Cour pénale internationale (CPI), a déclaré Obed Bapela, vice-ministre auprès de la présidence, à la BBC.

En effet, et alors que Pretoria est signataire du Statut de Rome de la CPI, les autorités nationales cherchent la solution au moment où plusieurs voix s’élèvent, aussi bien au sein des principaux représentants du parti au pouvoir – le Congrès National Africain (ANC) – qu’au sein des Combattants pour la liberté économique (EFF), troisième force politique du pays – en faveur de quitter tout simplement la prétendue Cour pénale internationale.

Le seul souci pour le leadership sud-africain et les autres représentants de la majorité du pays issue de la population de souche et des autres peuples non-occidentaux – c’est que le timing qui aurait pu permettre cette sortie de la CPI pourrait être plus long que voulu. En tenant compte que l’opposition dominée par les libéraux pro-occidentaux, bien souvent issus justement de la minorité d’origine occidentale, fait tout pour bloquer ou du moins faire retarder ladite action à travers des mécanismes internes propres à la nation sud-africaine. Y compris au niveau du parlement. Et cela en tenant évidemment compte que le Sommet des BRICS est pour très bientôt.

Selon plusieurs sources, l’une des options en cours d’étude parmi les membres des BRICS – serait le fait que ce soit la Chine qui accueille cette année de nouveau le sommet des pays membres, sachant que Pékin n’a non seulement aucune obligation légale vis-à-vis de la CPI, mais d’autant plus aucun respect pour ladite structure, qui aujourd’hui ne peut définitivement plus voiler son assujettissement total aux intérêts purement occidentaux. Il serait d’ailleurs beaucoup plus logique de réaliser un «rebranding» pour l’organisme à la solde des Occidentaux et ainsi pouvoir le renommer en CPO – Cour pénale occidentale. Ce serait beaucoup plus réaliste.

Dans tous les cas, tout indique aujourd’hui que le Sommet des BRICS aura bien lieu, selon le calendrier annoncé. Plus que cela, l’Afrique du Sud malgré toute son approche extrêmement démocratique vis-à-vis d’une minorité immigrée depuis l’Occident, du moins sa partie toujours nostalgique des années honteuses de l’apartheid et orientée strictement contre les intérêts africains, aura déjà démontré être en mesure non seulement de dire non à l’establishment occidental, mais également de savoir les remettre à leur place en rappelant quelques vérités. Comme l’a d’ailleurs fait récemment Fikile Mbalula, Secrétaire général du Congrès National Africain en remettant clairement à sa place un propagandiste britannique de la BBC.

En ce qui concerne les agents locaux du néocolonialisme occidental – il faut tout de même savoir qu’ils jouent sérieusement avec le feu. Evidemment, les représentants de cette opposition libérale et pro-occidentale, défendant notamment les intérêts d’une minorité ethnique nostalgique de la période de ségrégation raciale vis-à-vis de la majorité de souche, pourront toujours prendre un billet sans retour en direction de New-York, Londres, Amsterdam ou Tel-Aviv. Mais qu’en sera-t-il de leurs concitoyens dont ils sont les représentants, et qui risquent fortement à terme de devoir faire face à un retour de flamme.

Surtout lorsqu’on se souvient que dans un pays comme l’Afrique du Sud – l’écrasante majorité des terres agricoles reste sous contrôle de cette même minorité – comme résultat direct de la politique passée de l’apartheid. Et si le leadership sud-africain, bien que jugeant nécessaire de régler cette situation d’injustice, continue d’opter pour la modération et le dialogue – les millions de partisans justement du troisième principal parti sud-africain EFF – pensent strictement à des mesures bien plus radicales. Peu probable qu’un fermier d’origine occidentale pourra alors remercier ses représentants politiques appliquant les ordres depuis l’Occident.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Mali: la population souhaite le départ de la Minusma

28.05.2023

Les Maliens ne veulent plus de la Minusma. Au moment où Bamako renforce sa propre capacité défensive qui se traduit par des succès sur le terrain face aux groupes terroristes et où le pays continue de faire face à une pression de nombre de régimes occidentaux – cette volonté populaire semble plus que jamais justifiée.

Plusieurs milliers de Maliens ont manifesté dans la capitale malienne Bamako pour réclamer le départ de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma). A l’appel du M5-RFP, parti du Premier ministre de transition Choguel Maïga, du Mouvement de la société civile Yèrèwolo (hommes dignes), Debout sur les Remparts et une trentaine d’associations, des milliers de personnes se sont ainsi rassemblées jeudi dernier au Palais des sports de Bamako pour exiger le départ de la mission onusienne.

Pour Sidiki Kouyaté, porte-parole du mouvement, la Minusma doit partir dès maintenant – n’étant plus utile pour le Mali car c’est une fabrication française, dirigée par des militaires hexagonaux et certains de leurs alliés. Une fabrication qui continue d’entretenir la guerre et la peur au Mali, ainsi que de soutenir les terroristes.

Dans leur discours, les leaders de la manifestation ont également vivement critiqué le dernier rapport de l’ONU sur le massacre perpétré en mars 2022 contre la population civile dans la ville de Moura, située dans la région centrale de Mopti. Un rapport qui accuse les Forces armées maliennes (FAMA) et des soldats étrangers.

En dehors des autorités et de la société civile du Mali, la présence de la Minusma est indésirable y compris pour d’anciens cadres du gouvernement, à l’image de l’écrivaine et ancienne ministre malienne Aminata Dramane Traoré, qui considère que la France – comme la Minusma – se sont invitées toutes seules au Mali. Et que la force onusienne participe à l’instar de l’ancienne puissance coloniale et d’autres régimes occidentaux – à un combat géopolitique contre son pays qui se bat pour sa dignité. Pour elle – la Minusma doit simplement suivre Barkhane (l’opération militaire française ayant duré plus de 8 ans en terre malienne et terminée en novembre dernier, ndlr).

De manière plus générale, l’opinion largement entendue de la nation malienne rejoint l’analyse d’Observateur Continental qui traitait le problème de la présence des forces onusiennes dans le cadre des missions dites de paix, plus particulièrement sur le continent africain. Notamment les questions d’un manque flagrant d’efficacité de ces missions dans leur rôle annoncé de « stabilisation ». Et d’autre part – l’affiliation des divers secrétariats onusiens à l’establishment occidental, avec tout ce que cela implique – ce qui représente un énorme défi jusqu’à ce jour pour les pays concernés et toute la véritable communauté internationale.

Comme également rappelé précédemment – le fait que lorsque cet establishment occidental n’est aucunement intéressé par la résolution des défis sécuritaires dans tel ou tel pays, notamment d’Afrique, il en va de son intérêt à faire prolonger les conflits autant que possible. Et ce aussi bien dans un but géoéconomique que géopolitique. Et compte tenu de cela, il est évident que lorsqu’un citoyen d’un pays occidental, ou simplement affilié à l’Occident collectif, est nommé responsable de missions de stabilisation et de maintien de la paix – il ne fera qu’appliquer ce pourquoi il a été adoubé par l’élite pour laquelle il est au service.

D’où par la même occasion le mécontentement à peine voilé des structures citées quant à l’arrivée d’autres acteurs qui obtiennent des résultats notables en un espace de temps rapide. Et d’où les fameux « rapports » des diverses structures onusiennes proches de l’Occident en vue de condamner les actions des autorités des pays concernés et de leurs alliés non-occidentaux.

Encore une fois et en ce qui concerne les pays d’Afrique – il semble aujourd’hui de plus en plus évident que les Minusma, Minusca, Monusco et autres – n’ont plus leur place dans la résolution des défis sécuritaires dans les Etats concernés. Surtout au vu des événements des quelques dernières années, lorsque l’Occident politique & affiliés n’arrivent plus à voiler les succès des acteurs de l’espace non-occidental, des succès obtenus en coordination avec les nations africaines.

Quant à l’approche encore plus mondiale – il faudrait revenir effectivement une fois de plus à la question d’une très large réforme de la machine onusienne, à défaut de passer à d’autres actions parmi les puissances des BRICS et les nations du Sud global. Cela passe incontestablement par une réforme du Conseil de sécurité de l’ONU – en direction des pays non-occidentaux, représentant l’écrasante majorité planétaire. Une perspective que les membres permanents que sont la Russie et la Chine soutiennent.

Et d’autre part – faire libérer les différents secrétariats et structures de l’ONU de cadres qui se maintiennent à leurs postes uniquement en raison de leurs citoyennetés occidentales ou de leur affiliation à l’Occident. Surtout lorsqu’on sait que la Chine fait partie des principaux contributeurs financiers des Nations unies, de même que d’autres nations non-occidentales. Cela sans même de nouveau rappeler les réalités démographiques, géopolitiques et géoéconomiques du monde contemporain multipolaire.

Mikhail Gamandiy-Egorov

La ligne de démarcation Est-Ouest et l’agitation de l’axe occidental

26.05.2023

Face aux initiatives des principales puissances non-occidentales et d’autres nations du Sud global – les régimes occidentaux et kiévien tentent par tous les moyens de faire entendre leur voix. Une voix qui a de plus en plus de mal à être entendue de manière sérieuse par la majorité planétaire, sachant que l’axe otanesque a tout fait sauf rechercher une solution pacifique jusqu’à présent dans le dossier ukrainien.

Les peurs washingtoniennes et occidentales quant au fait qu’une large partie du monde prennent position en faveur des initiatives de paix de la République populaire de Chine et d’autres nations des BRICS semblent se confirmer plus que jamais. A l’heure où la majorité planétaire s’est définitivement rendu compte que c’est précisément le bloc des nostalgiques de l’unipolarité qui refuse obstinément la paix, tout en cherchant à chaque fois l’escalade face aux partisans de l’ère multipolaire contemporaine.

Evidemment et à cet effet, l’establishment otanesque mobilise inlassablement son représentant sous tutelle, à savoir Kiev. Les récents contacts des représentants du régime kiévien, notamment en direction des pays africains et arabes ne font d’ailleurs que confirmer cette thèse. Fait d’ailleurs assez comique, mais tellement typique pour ce régime – l’utilisation d’un ton condescendant de la part d’un régime fantoche, calqué sur celui de ses maîtres occidentaux, vis-à-vis des pays concernés. Pour autant – aucune illusion à avoir, car pratiquement personne n’est aujourd’hui dupe parmi les pays concernés par cette mobilisation de l’axe otano-kiévien.

Les raisons pour de telles démarches sont quant à elles une fois de plus parfaitement compréhensibles et prévisibles. Face à l’incapacité de réaliser le scénario tellement promu par l’Occident d’infliger une défaite stratégique à la Russie, chaque jour qui passe les nations non-occidentales du monde – en d’autres termes la seule et véritable communauté internationale car représentant l’écrasante majorité de l’humanité – prennent de plus en plus position en faveur d’une ligne de démarcation entre l’Otan et Moscou, représentant un véritable dilemme pour l’Occident.

En effet et comme Observateur Continental l’avait plusieurs fois soulevé – cette ligne de démarcation, même dans l’état actuel des choses – représente un aveu d’une défaite du bloc otanesque. Peut-être pas une défaite complète, mais une défaite néanmoins. Et cela sans même aborder de nouveau le sujet que cette ligne de démarcation puisse continuer à être étendue vers l’Ouest dans le cadre de l’opération militaire spéciale russe, et ainsi se retrouver encore plus près des frontières des régimes atlantistes. De même que personne ne peut aujourd’hui garantir, malgré tout le contrôle occidental sur l’Ukraine contemporaine, combien de temps pourra tenir le régime kiévien dans cette perspective.

Evidemment, l’option qui semble pouvoir arranger les Occidentaux, y compris via les déclarations du régime kiévien, représente un secret de polichinelle. A savoir que la Russie se retire de tous les territoires libérés depuis le commencement de l’opération militaire spéciale – pour énième rappel après les multiples violations et non-respect des Accords de Minsk par Kiev et dont les régimes français et allemand se portaient en passant comme co-garants, et en retour entrevoir une possible reconnaissance occidentalo-kiévienne de la Crimée comme partie intégrante de la Fédération de Russie.

Sauf que cette option est évidemment inacceptable pour Moscou. Le cas de la Crimée est résolu depuis 2014. Pour rappel en passant sans qu’il y ait eu une seule victime dans le processus de réintégration de la péninsule à la Russie et à travers un référendum qui avait largement confirmé la volonté de l’écrasante majorité du peuple multiethnique de Crimée. Et dans le cas précis du Donbass et des autres territoires majoritairement russophones, l’Etat russe ne se permettra pas de trahir les populations concernées et les laisser à l’abandon face à un génocide que les otano-kiéviens n’hésiteront pas à mettre en œuvre, dans le cadre d’une épuration ethnique. Une épuration ethnique que les représentants du régime kiévien assument ouvertement dans leurs déclarations, avec la «bénédiction» des parrains bien évidemment.

Dans cette perspective, le dilemme de l’Occident se retrouve d’autant plus renforcé. A savoir que la poursuite de la guerre par procuration, et désormais avec la montée des enchères une guerre quasi-directe entre l’Otan et la Russie, place cet axe occidental non plus seulement devant une condamnation de l’écrasante majorité mondiale, mais également face à la réalité de voir d’autres territoires de la Novorossia (Nouvelle Russie) à être libérés par les Forces armées russes. Et le tout avec une perspective très incertaine quant à l’avenir du régime kiévien, envers lequel d’énormes investissements de l’Occident politique avaient été placés, dans l’espoir justement d’infliger une défaite non seulement à la Russie, mais à tout le monde multipolaire. Sans succès jusqu’à présent.

Mikhail Gamandiy-Egorov

L’approche plus pragmatique de la Géorgie comme un défi à l’Occident

23.05.2023

Dans les événements contemporains, y compris dans l’espace ex-soviétique et eurasiatique, nombreux sont ceux qui auront compris la manipulation des pays concernés par l’establishment occidental. Le cas géorgien, de même que certains autres, confirment que ladite manipulation ne fonctionne plus comme l’Occident l’aurait souhaité.

Des relations normales entre Moscou et Tbilissi après une longue période de tensions suite à la mainmise occidentale sur l’Etat géorgien constituent un défi réel aux intérêts de Washington et de ses suiveurs européistes bruxellois. Le refus de la Géorgie d’ouvrir un second front contre la Russie sur la base des souhaits occidentaux n’en est d’ailleurs que l’un des aspects.

Aussi, le choix du leadership géorgien à ne pas adhérer aux sanctions occidentales contre Moscou représentait déjà à lui seul une menace pour les forces obscures pensant avoir depuis nombre d’années placé ce pays ex-soviétique complètement dans l’orbite de l’axe otanesque. Ce dernier n’ayant pas prévu qu’un retour de la sagesse et d’une vision pragmatique des choses du côté géorgien puisse faire barrage aux plans de l’Occident pour cet Etat et pour la région.

Car malgré la présence d’éléments ouvertement russophobes au sein de la société géorgienne – de la présidente (citoyenne hexagonale) jusqu’aux extrémistes combattant au sein de l’effectif armé otano-kiévien – une partie importante des citoyens du pays aspirent à des relations positives, ou du moins normales, avec la Russie. Le pragmatisme économique n’y est pas étranger – alors que depuis toutes ces années de gouvernance pro-occidentale à Tbilissi – l’Occident n’a jamais été mesure de remplacer économiquement Moscou. Et beaucoup justement de Géorgiens ne veulent pas sacrifier les opportunités économico-commerciales existantes pour le compte des «belles paroles» de l’axe washingtono-bruxellois.

Et face à une partie du leadership et de nombreux citoyens préférant cette approche pragmatique – les éléments pro-occidentaux, y compris la présidente née en France et ayant été dans le passé une diplomate française – n’y peuvent rien. Le dernier exemple en date concerne d’ailleurs la récente reprise de la liaison aérienne entre la Géorgie et la Russie, soutenue par le gouvernement et les principales compagnies aériennes nationales, mais à laquelle était fermement opposée la personnalité hexagonale sur le sol géorgien.

Après avoir annoncé son boycott de la principale compagnie aérienne Georgian Airways – la direction de la compagnie a déclaré la présidente pro-occidentale indésirable sur ses vols. Tout en lui rappelant qu’elle devrait s’excuser auprès des millions de Géorgiens pour son manque de respect à l’encontre des intérêts du pays – elle, qui selon la direction de Georgian Airways – privilégiait d’autant plus une compagnie comme Air France au lieu des compagnies nationales.

Dans tous les cas – malgré le boycott de Salomé Zourabichvili et des manifestations d’éléments russophobes à Tbilissi – les vols entre la Russie et la Géorgie ont bel et bien repris. Et ce malgré les menaces et intimidations occidentales, notamment de la part de Washington ayant ouvertement menacé de sanctions Tbilissi en cas de reprise des vols directs avec l’Etat russe.

De manière plus générale, le cas de la Géorgie aujourd’hui représente précisément cet exemple où une partie notable de son leadership et de sa société civile a largement compris ce que valaient les expérimentations occidentales sur leur sol national – de la révolution de couleur de 2003 jusqu’aux fausses promesses d’un avenir radieux. Des promesses n’ayant jamais abouti. Ladite compréhension concerne également – qu’au-delà de l’histoire et de victoires communes avec la Russie – l’objectif occidental a toujours été d’utiliser certains pays ex-soviétiques, y compris la Géorgie, dans l’intérêt unique de la confrontation du bloc atlantiste avec la Russie et le monde multipolaire.

Le cas ukrainien a d’ailleurs désormais largement démontré que l’axe des nostalgiques de l’unipolarité n’est «généreux» avec les dits pays uniquement dans l’optique de les utiliser comme de la chair à canon pour le compte otanesque. Et certainement pas dans l’objectif de proposer un développement économique digne de ce nom.

A ce titre, le cas géorgien n’est pas unique. En Moldavie par exemple, autre république ex-soviétique, l’opposition et une large partie de la société civile représentent aujourd’hui un rempart efficace face aux tentatives des régimes occidentaux à entrainer ce pays dans un autre front militaire contre la Russie. De manière générale – les instruments des structures à la sauce Soros et du département d’Etat étasunien – se retournent progressivement contre leurs instigateurs.

Sagesse et partage de valeurs communes pour les uns, pur pragmatisme économique pour d’autres, voire tout à la fois – le fait est que le nombre de pays et de peuples ayant largement compris par leur propre analyse l’arnaque communément appelée Occident – augmente de jour en jour. Et pour le monde multipolaire d’aujourd’hui, malgré l’obstination et l’arrogance de l’extrême minorité planétaire – cela représente indéniablement des processus positifs.

Mikhail Gamandiy-Egorov

La nouvelle ligne de démarcation et le dilemme de l’Occident

18.05.2023

La ligne de séparation Est-Ouest, ou aussi celle du monde multipolaire d’un côté et de l’espace réunissant tous les nostalgiques de l’unipolarité de l’autre, apparait aujourd’hui de plus en plus comme la seule solution plausible. Surtout au regard que l’écrasante majorité planétaire ait fermement refusée à se joindre au discours et aux agissements de l’extrême minorité occidentale.

L’establishment otanesque se retrouve effectivement et de plus en plus devant un bien sérieux dilemme. Et selon nombre de sources – y compris au sein des forces parmi les plus russophobes de l’axe atlantiste. Celui d’accepter la ligne de démarcation courante entre l’Otan et la Russie dans le cadre de la réalité sur le terrain de l’opération militaire spéciale lancée par Moscou l’année dernière. A défaut de quoi de maintenir le discours quant à la nécessité d’assurer par tous les moyens une défaite stratégique à l’Etat russe.

Dans le cas de la première option de la ligne de démarcation – sujet qu’Observateur Continental avait de nouveau récemment traité – cela aura pour signification peut-être non pas une défaite complète de l’Otan dans sa guerre contre la Russie, mais représentera une défaite tout de même. Tout en tenant compte que dans cette option, personne ne peut garantir combien de temps tiendra le régime fantoche de Kiev installé par l’Occident. Surtout au vu des fort nombreux dossiers pour lesquels il faudra rendre des comptes.

L’autre option concerne quant à elle la poursuite de la politique d’anéantissement des citoyens d’Ukraine, en maintenant la politique occidentale du «jusqu’au dernier ukrainien», à l’heure où les pertes du régime kiévien sont déjà tout simplement colossales. Y compris au regard des fuites au sein de l’establishment étasunien sur cette question, comme d’autres.

Etant incapables de réaliser le fameux scénario d’infliger une défaite stratégique à la Russie, tout en se rendant compte que le nombre quasi-incalculable d’armes fournies au régime de Kiev, y compris les plus stratégiques et jugées tellement «efficaces» – ne permet pas de bouleverser la dynamique sur le terrain. Le tout récent exemple avec le système de défense aérienne étasunien Patriot, présenté comme l’un des meilleurs au monde par la propagande occidentale, touché et endommagé selon les sources mêmes washingtoniennes et détruit selon Moscou par une frappe du missile hypersonique russe Kinjal à Kiev, ne fait que renforcer cette réalité.

Et dans cette option – à l’heure où la Russie continue de faire preuve de patience et à ne pas se précipiter – tout en progressant chaque jour un peu plus non seulement sur le terrain, mais également dans l’étude et la riposte face aux technologies militaires occidentales, l’axe atlantiste risque de se retrouver à terme face à une ligne de démarcation qui sera au contact direct ou quasi-direct des frontières des régimes otanesques. Ce qui équivaudra non plus à une défaite limitée de l’establishment occidental, mais bel et bien à une défaite entière et stratégique de l’Otan.

Et là aussi ce n’est pas tout. Car comme prévu et suite à l’initiative de paix chinoise, qui représentait déjà à elle seule un énorme casse-tête pour l’Occident dans l’optique que les nations non-occidentales apportent leur soutien en se joignant à la direction en question – désormais cette réalité se confirme avec l’implication d’autres pays des BRICS, notamment du Brésil et désormais de l’Afrique du Sud. Dans le cas d’ailleurs de l’une des principales puissances d’Afrique – l’initiative est déjà soutenue par plusieurs autres pays africains, dont l’Ouganda, l’Egypte, la Zambie, le Congo et le Sénégal. En passant – des pays pour la plupart ayant des relations étroites et privilégiées avec Pékin et Moscou.

Et malgré le fait que les élites washingtoniennes et occidentales n’ont pas profité de l’occasion de se taire – en accusant le leadership brésilien de «faire le perroquet de la propagande sino-russe» ou encore d’aller jusqu’à affirmer que l’Afrique du Sud fournit des armes et munitions à la Russie, l’Occident se rend compte de plus en plus à être dans l’impossibilité à faire la sourde oreille face à l’écrasante majorité planétaire. Après tout – ni les menaces et intimidations, ni des promesses financières – n’ont été en mesure de faire basculer cette écrasante majorité mondiale dans le camp atlantiste de l’Occident.

Pendant ce temps l’opération militaire spéciale se poursuit. La retenue russe vis-à-vis des civils tout en maintenant la destruction progressive du potentiel armé ennemi et du laboratoire d’expérimentation otanesque en Ukraine, y compris les meilleurs types d’armements occidentaux, confirme une fois de plus toute la rage de l’Occident à ce sujet. Du moins des régimes occidentaux nostalgiques de l’ère unipolaire définitivement révolue.

Quant au fait laquelle des options sera finalement appliquée dans le cadre de la nouvelle ligne de démarcation Est-Ouest, entre le monde multipolaire et l’extrême minorité planétaire, cette question reste encore ouverte. Le principal étant que la ligne de démarcation sera bel et bien tracée.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Les accusations de l’Occident contre l’Afrique du Sud ou le pyromane qui se prétend pacifiste

15.05.2023

Les récentes attaques verbales de l’establishment atlantiste contre Pretoria ne font que confirmer l’incapacité totale de l’Occident à faire face aux partisans de l’ordre multipolaire international contemporain. Par ailleurs, les dites accusations contre les puissances non-occidentales ne pourront en aucun cas voiler le rôle de pures pyromanes que sont précisément les élites occidentales à l’encontre de l’écrasante majorité planétaire.

La rhétorique hostile de Washington et de ses principaux suiveurs occidentaux vis-à-vis des puissances non-occidentales pro-multipolaires est passée tout récemment à l’étape supérieure. Comme confirmation – les accusations de l’ambassadeur US en Afrique du Sud qui a ouvertement accusé le pays de Nelson Mandela de fournir des armes et munitions à la Russie, comme le rapporte la BBC.

Ainsi, le diplomate étasunien a affirmé qu’un navire russe ait été chargé d’armes et de munitions dans la ville du Cap, en décembre dernier. Le personnage en question a également déclaré lors d’une conférence de presse à Pretoria – que Washington était à ce titre «préoccupé» compte tenu de la position déclarée de non-alignement des autorités sud-africaines dans le dossier ukrainien.

Le bureau du président de l’Afrique du Sud s’est dit de son côté déçu par ces affirmations étasuniennes et par le fait qu’aucune preuve n’avait été fournie par la partie US pour pouvoir confirmer de telles allégations.

24 heures plus tard – le ministère sud-africain des Affaires étrangères a déclaré que l’ambassadeur étasunien s’était «excusé sans réserve» pour avoir affirmé que l’Afrique du Sud avait fourni des armes à la Russie. Confirmant que Washington semble avoir fait en partie marche arrière dans ses agressions verbales vis-à-vis de l’une des principales puissances continentales d’Afrique et membre des BRICS.

Mais cette situation n’a fait que démontrer une fois de plus plusieurs éléments soulevés dans le passé. Parmi lesquels le fait que l’axe washingtonien des nostalgiques de l’unipolarité adore lancer des accusations farfelues vis-à-vis non seulement de ses principaux adversaires géopolitiques et géoéconomiques déclarés, mais également vis-à-vis de toutes les nations qui aujourd’hui n’adhèrent pas au discours occidental. Sans être en mesure de présenter une quelconque preuve digne de ce nom.

Confirmant ainsi que bien souvent ces accusations, comme à l’endroit de l’Afrique du Sud, ne sont en réalité qu’une énième tentative de faire pression sur un pays pratiquant une politique indépendante sur la scène internationale, faisant partie de l’une des principales alliances pro-multipolaires, en l’occurrence celle des BRICS, le tout au moment où l’organisation concernée participe activement aux bouleversements géoéconomiques et géopolitiques à l’échelle mondiale. Tout en étant une source d’attraction pour de nombreux autres pays de la planète.

Mais là encore ce n’est pas tout. Les accusations washingtoniennes à l’encontre de l’Afrique du Sud, comme d’ailleurs précédemment à l’endroit de la Chine, quant à la prétendue fourniture d’armes en faveur de la Russie dans le conflit qui oppose Moscou à l’axe otanesque dans le Donbass et d’autres territoires ex-ukrainiens – sonnent véritablement comme l’hôpital qui se moque de la charité lorsqu’on connait les moyens engagés par l’Occident dans sa guerre par procuration contre l’Etat russe. Peut-être d’ailleurs même un hôpital psychiatrique plus précisément, avec des cas de malades particulièrement touchés.

Le fait est qu’à l’approche du prochain Sommet des BRICS – tous les pays partisans de la multipolarité – seront incontestablement dans le viseur des forces atlantistes, qui malgré les énormes moyens engagés n’ont pas réussi à réaliser leur scénario de défaite stratégique infligée à la Russie. D’autant plus qu’ils savent parfaitement que ce n’est pas le dernier dossier d’un affrontement majeur entre la réalité multipolaire contemporaine et l’axe des nostalgiques de l’unipolarité, réuni autour de Washington.

Mikhail Gamandiy-Egorov

BRICS, Occident et la nouvelle ligne de démarcation Est-Ouest

12.05.2023

Dans la conjoncture internationale actuelle, il devient plus que jamais évident que rien ne sera effectivement plus comme avant. La rage occidentale se renforce d’autant plus que l’écrasante majorité mondiale a refusé de manière claire à se joindre aux initiatives de l’axe otanesque à l’encontre de la Russie. Plus que cela, des processus que l’establishment atlantiste pensait ne pas avoir à observer encore nombre d’années – se déroulent désormais sous nos yeux. Pendant ce temps, la ligne de démarcation continue d’être tracée.

L’opération militaire spéciale lancée par la Russie en février de l’année dernière a eu le mérite de mettre en évidence toute l’extrême malhonnêteté de l’Occident. Et pas seulement vis-à-vis de la Russie, dans le cadre des engagements non tenus par l’espace occidental, et ce depuis les années 1990 et tout au long de la période récente, y compris dans le cadre des Accords de Minsk. L’Occident ou en d’autres termes – l’extrême minorité planétaire – n’a eu d’autre choix que de dévoiler pleinement son hideux visage vis-à-vis de l’écrasante majorité des peuples du monde.

Notamment quant au fait que les diverses situations de crise à l’échelle internationale, du Moyen-Orient jusqu’en Afrique, si souvent créées directement par la politique occidentale, ne méritent pas une attention particulière de cette minorité qui s’était autoproclamée comme étant la prétendue «communauté internationale» – qu’elle n’est aucunement, ne l’a jamais été et ne le sera pas. Mais du moment que les intérêts de l’Occident se retrouvent impactés car le temps de l’impunité est effectivement terminé – l’humanité tout entière doit écouter jour et nuit les pleurnicheries de l’establishment otanesque.

Quant à l’Ukraine, l’une des républiques ex-soviétiques les plus développées économiquement au moment de la fin de l’URSS et devenue rapidement l’un des pays les plus pauvres d’Europe, il est devenu plus que jamais clair que le projet occidental pour Kiev ne représente qu’une énième arnaque, mais d’une énorme envergure. Lorsqu’on pense notamment que les dépenses de l’axe otanesque destinées à armer le régime fantoche kiévien dans la guerre par procuration de l’Otan contre la Russie – auraient pu justement servir, depuis plusieurs années, à donner à l’Ukraine une impulsion économique et faire profiter sa population, incapable de sortir du marasme économique depuis les années 1990 et à ce jour.

Mais les objectifs réels de l’Occident, derrière les belles paroles de démocratie et de liberté, n’ont effectivement jamais visé à créer des «success stories» dans les pays passant sous sa bulle. Très loin de là. Le seul intérêt pour ces pays a toujours été uniquement de les exploiter contre les principaux adversaires de la domination et du diktat de l’Occident. D’ailleurs, certains autres pays concernés par cette expérimentation occidentale, notamment les anciennes républiques soviétiques de Géorgie ou de Moldavie, commencent aujourd’hui de plus en plus à le réaliser. Et à faire les bonnes conclusions. Soit au niveau d’une partie de leur leadership (dans le cas géorgien), soit au niveau de l’opposition et de la société civile (dans le cas moldave).

De manière générale, le petit monde occidental qui observe les événements en cours, non seulement géopolitiques, mais également géoéconomiques, d’autant plus désormais en mode d’accélération, avec vive inquiétude, comprend malgré toute l’arrogance qui le caractérise qu’il faudra bien accepter, d’une manière ou d’une autre, la nouvelle ligne de démarcation Est-Ouest. Ou plus particulièrement entre le bloc de l’ordre multipolaire international d’un côté et des nostalgiques de l’unipolarité de l’autre.

D’ailleurs, même les poids lourds de la propagande occidentale, dont le très célèbre magazine US Foreign Policy, laisse désormais passer le message qu’il faudra bien négocier avec la participation des puissances non-occidentales, plus particulièrement celles des BRICS, y compris sur le dossier «ukrainien». Confirmant par la même occasion les dires récents des principaux éléments du régime kiévien qui parlent d’une pression accrue de nombre de pays, à ce que le régime négocie.

L’amertume avec laquelle les héritiers du coup d’Etat du Maïdan reconnaissent cette réalité n’est évidemment et aucunement liée au fait que le régime de Kiev aura à céder des territoires qui historiquement n’avaient et n’ont rien «d’ukrainien», mais évidemment cela signifiera une baisse significative des financements occidentaux, ayant favorisé leur enrichissement personnel sur le sang de leur propre population.

Il est donc aujourd’hui totalement évident que la ligne de démarcation sera tracée. La question qui reste encore ouverte étant uniquement – où et quand. Du côté de la Russie, la modération reste de mise et ce malgré le fait de devoir faire face à une coalition otanesque de plusieurs dizaines de régimes ennemis. Si les Forces armées russes avaient le feu vert d’appliquer la méthode de l’Otan, à savoir tout raser sans aucune distinction – la ligne de démarcation serait déjà au plus proche des frontières de l’axe otanesque. Surtout lorsqu’on sait que les régimes occidentaux soutiennent et organisent pleinement des actes terroristes pouvant déboucher sur un affrontement nucléaire.

Mais la Russie travaille sur la durée. Et vraisemblablement préfère ne pas avoir à engager tout son potentiel afin de permettre à l’humanité d’encore mieux réaliser ce qui se joue aujourd’hui. D’ailleurs les processus de paix à divers endroits du monde non-occidental, déjà confirmés ou en phase de finalisation, démontrent toute l’importance de la retenue russe. Car pendant que le parasitage occidental reste concentré sur son laboratoire d’expérimentation en Ukraine – les peuples non-occidentaux applaudissent les événements qui concernent aujourd’hui la Syrie, la Turquie, l’Iran, l’Arabie saoudite, pour ne citer qu’eux.

Quant aux régimes fantoches créés et installés par l’Occident – il ne leur restera pas longtemps à vivre lorsqu’un minimum de sagesse sera retrouvé par les peuples victimes de cette énième arnaque occidentale. Et pour cela – effectivement pas besoin de raser. De nombreux objectifs sauront être atteints autrement. D’où – la rage justement de ce petit monde occidental. Et les tentatives de pousser par tous les moyens les partisans de l’ordre multipolaire actuel à la faute.

Mikhail Gamandiy-Egorov

La dissuasion nucléaire comme moyen de stabilité. Ou de chaos total.

04.05.2023

La parité nucléaire entre Washington et Moscou a longtemps été considérée à juste titre comme la base d’une certaine stabilité dans les relations internationales. A savoir qu’un conflit ouvert entre les deux principales puissances du domaine représenterait la fin du monde tel que nous le connaissons. La partie russe a longtemps fait preuve de patience stratégique au vu de la responsabilité pour l’avenir de l’humanité tout entière. Mais cette patience peut-elle être infinie?

Le chantage nucléaire, auquel fait souvent référence ces derniers temps l’establishment occidental en accusant la Russie, doit surtout nous rappeler que le seul utilisateur jusqu’à présent de cette terrible arme étaient et restent les Etats-Unis. Avec les conséquences que l’on connait pour les populations ayant subi les premières et jusqu’à aujourd’hui les seules frappes à l’arme atomique de l’histoire de l’humanité. Plus exactement celles des villes japonaises d’Hiroshima et de Nagasaki, en août 1945.

Les conséquences sont également bien connues: des centaines de milliers de morts, dans l’écrasante majorité civils, dont près des ¾ immédiatement après les bombardements. Pour les autres, ce sera dans les jours et les semaines qui ont suivi les dits bombardements. Stratégiquement ces frappes nucléaires n’avaient, au-delà de leur totale inhumanité, aucune valeur stratégique sur le front de guerre contre le Japon militariste, qui était déjà de-facto quasi-vaincu. Mais le message était autre et destiné à l’URSS, vainqueur indiscutable sur l’Allemagne nazie et qui ne possédait pas encore à cette période l’armement nucléaire.

Comme le rappelait d’ailleurs des dizaines d’années plus tard le premier président démocratiquement élu d’Afrique du Sud, Nelson Mandela. Tout en rappelant que l’utilisation de l’arme atomique par les USA n’était pas tellement destinée contre le Japon, militairement déjà pratiquement vaincu, mais bel et bien contre l’Union soviétique – qui ne possédait pas encore à cette période l’arme de dissuasion nucléaire et qui devenait déjà l’adversaire principal de Washington à l’international.

S’il est difficile de rajouter quelque chose aux paroles de l’ex-président sud-africain et du symbole de la lutte contre le régime raciste de l’apartheid – il faudrait juste rappeler que depuis l’acquisition par l’URSS de la technologie nucléaire et de la mise en place de la parité stratégique, le monde tout entier avait pu éviter la réalisation du plan d’autres utilisations de cette arme d’extrême destruction massive – par Washington et son axe atlantiste.

Qu’en-est-il d’aujourd’hui? A l’heure de l’affrontement décisif entre justement l’ Occident qui regroupe tous les nostalgiques de l’unipolarité contre celui de l’ordre multipolaire international, dont la Russie est l’une des principales représentantes, l’Occident et plus particulièrement les USA poussent chaque jour un peu plus le monde vers cet affrontement apocalyptique que peut représenter un conflit nucléaire. Cela est d’ailleurs parfaitement visible en Ukraine où se mène une guerre de-facto entre l’Otan d’un côté et la Russie de l’autre.

Malgré les quelques rappels du leadership russe quant aux capacités indéniables de dissuasion nucléaire – dans l’éventualité uniquement d’une situation extrême, la Russie ne se presse effectivement pas en devenir l’utilisateur, même dans un cadre d’une utilisation stratégique limitée.

Mais la patience russe peut-elle être appliquée à l’infini? Probablement pas. Et ce n’est tout sauf de la faiblesse comme le souhaiterait à présenter une partie de la propagande occidentale otanesque, mais bel et bien une responsabilité assumée vis-à-vis de toute l’humanité. Sauf que tout a une limite. D’autant plus que la Russie dans tous les cas ne portera jamais le titre du premier utilisateur d’armement nucléaire – l’histoire déjà rappelée oblige. Dans la mesure du possible – Moscou préférerait ne pas avoir à porter le titre même du second utilisateur. Mais tout dépendra de la conjoncture face à des nostalgiques de l’unipolarité vraisemblablement prêts à tout dans le cadre de leur politique de chaos mondial.

Mikhail Gamandiy-Egorov

«Le pari US vis-à-vis de l’Ukraine se retourne contre l’instigateur»

02.05.2023

Washington ne semble pas pouvoir atteindre ses objectifs en Ukraine, ayant été au préalable convaincu que sa mise sera gagnante rapidement. Plus que cela, les alliances de la multipolarité et les autres événements en cours à l’échelle planétaire détruisent les projets washingtoniens de maintien de son diktat mondial.

Le pari des Etats-Unis sur l’Ukraine commence à se retourner contre eux car n’ayant pas pu atteindre les objectifs souhaités – écrit le journaliste serbo-américain Nebojsa Malic pour le quotidien chinois anglophone Global Times. Selon l’auteur, lorsque la Russie lance l’opération militaire spéciale en février 2022 – l’ambiance à Washington est presque festive. En effet et pour les Etats-Unis, alors que Moscou avait refusé durant huit ans à tomber dans le piège tendu par la révolution de couleur soutenue par les USA à Kiev – le Kremlin avait selon les convictions étasuniennes fini par mordre à l’hameçon.

L’establishment US ayant été convaincu que l’économie russe serait détruite par les sanctions occidentales et que la monnaie nationale du pays – le rouble – se transformerait en décombres. Seul problème pour les instigateurs: rien de tout cela n’est arrivé, rappelle l’auteur de l’article. Moscou ayant bien mieux résisté aux sanctions unilatérales occidentales que l’espace bruxellois – allié des USA, dont les économies se sont taries sans les importations d’énergie russe. Sur le plan militaire – le conflit n’a pas épuisé le potentiel armé de la Russie, tandis qu’au contraire les stocks d’armes et de munitions en Occident comme en Ukraine se réduisent drastiquement.

Et pendant ce temps, les dirigeants russe et chinois n’ont fait que confirmer leur engagement commun en faveur du monde multipolaire. Et bien même que les responsables washingtoniens continuent d’insister sur le fait que le conflit se déroule de manière positive, que l’Ukraine serait prétendument en train de gagner, que les sanctions contre la Russie seraient en train de fonctionner et que la production militaro-industrielle US augmentera comme par magie d’un jour à l’autre – de plus en plus d’Américains, commencent à remarquer bien que lentement que ce n’est pas le cas.

Du côté justement de l’élite politique étasunienne – Robert Francis Kennedy Junior, annonçant sa participation à la course présidentielle la semaine dernière – avait fait valoir qu’il n’est pas dans l’intérêt national américain de rapprocher la Russie de la Chine, car cela représente un véritable cataclysme. Tout en notant que les Chinois viennent de négocier un accord de paix entre l’Iran et l’Arabie saoudite, que la stratégie US au Moyen-Orient s’est complètement effondrée et que l’économie étasunienne allait également suivre une pente négative si quelque chose n’est pas fait rapidement pour stopper tous ces processus néfastes pour les USA.

Un argument similaire avait été avancé dans le magazine American Thinker plus tôt ce mois-ci, où les auteurs de l’article Patricia Adams et Lawrence Solomon qualifient les sanctions imposées par l’Occident à la Russie d’erreur de calcul la plus monumentale de l’histoire moderne.

Nebojsa Malic rappelle également qu’en 1972 – Henry Kissinger avait cherché à adoucir l’aiguillon de la défaite US au Vietnam en établissant des relations avec la Chine et en exploitant la scission de l’époque entre Pékin et Moscou. Et que durant les 50 années qui s’en ont suivi – la politique washingtonienne avait été justement d’empêcher tout ce qui pouvait ressembler à une alliance entre la Chine et la Russie.

Pourtant et à mesure que 2022 avançait – Washington a fait tout son possible pour contrarier Pékin, dont les représentants politiques n’avaient cessé de déclarer que l’île de Taïwan était une autre Ukraine, ayant besoin d’armes occidentales contre une prétendue invasion chinoise.

Pour l’auteur de l’article de Global Times l’une des explications possibles aux actions washingtoniennes est que l’establishment étasunien en matière de politique étrangère se compose désormais principalement des disciples de Zbigniew Brzezinski, et non pas de Kissinger. En 1997, Brzezinski avait écrit justement un manuel pour l’hégémonie mondiale des Etats-Unis intitulé Le Grand Echiquier (The Grand Chessboard), se concentrant sur le contrôle de l’Ukraine comme moyen d’empêcher la résurgence de la Russie.

Nebojsa Malic conclut son article par un rappel de la sagesse ancienne. Plus particulièrement celle rapportée par l’historien grec antique Hérodote lorsque le roi Crésus de Lydie avait demandé à l’Oracle de Delphes des conseils pour partir en guerre. Il a été dit au roi qu’il détruirait un grand empire. Le roi Crésus déclara alors la guerre à Cyrus le Grand de Perse – et perdit la guerre. La prophétie s’est bien réalisée, tant bien que mal: l’empire détruit par Crésus ayant été le sien.

Ce qu’il serait certainement juste de rajouter – c’est que les prévisions de Washington et de ses suiveurs européistes non seulement ne se sont pas réalisées, ayant considéré durant de longues années que l’économie était prétendument le maillon faible de la Russie – mais plus que cela tournent de plus en plus au ridicule. Ayant souhaité isoler la Russie du commerce international – les ennemis occidentaux de Moscou lui une fois de plus rendu, malgré eux, un grand service. Celui d’avoir accélérer la diversification massive des relations économiques de l’Etat russe avec le monde non-occidental, représentant l’écrasante majorité de l’humanité.

Plus que cela encore, le ridicule est d’autant plus palpable que les Occidentaux, et notamment les régimes européistes, se retrouvent obligés à répondre à leurs besoins énergétiques en achetant les produits pétroliers et d’autres en provenance de Russie via justement des nations non-occidentales. Sapant ainsi leurs propres efforts en matière de sanctions, auxquelles pour rappel l’écrasante majorité des pays du monde n’a pas adhéré.

Et là aussi ce n’est pas tout. Comme Observateur Continental l’avait récemment rappelé – la montée en puissance des BRICS à l’échelle mondiale est elle aussi en partie le résultat des mauvais calculs occidentaux. Et ce non seulement dans le cadre de l’attractivité montée en flèche pour les BRICS de la part d’autres nations non-occidentales, mais également des résultats obtenus récemment par l’alliance pro-multipolaire. Faudrait-il rappeler que selon les prévisions des principaux économistes occidentaux – le PIB combiné des cinq pays BRICS devait dépasser celui du G7 pas avant 2030. Pourtant cela est devenu réalité à l’issue de l’année 2022.

De manière générale, l’arrogance extrême de l’Occident et des quelques acteurs acquis à sa cause – n’a fait de-facto qu’accélérer des processus qui de toute manière allaient voir le jour. Mais certainement et seulement des années plus tard. Et non pas sous nos yeux aujourd’hui. Peut-être que pour cela, il serait juste de «remercier» en quelque sorte les nostalgiques de l’unipolarité, ayant été aveuglés par la conviction à pouvoir maintenir leur domination planétaire et se retrouvant désormais obligés à observer les événements actuels sans réellement savoir quoi entreprendre.

Mikhail Gamandiy-Egorov