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Samy Ammar: «La Russie est une priorité de la politique extérieure égyptienne»

Samy Ammar

Le récent Forum économique international de Saint-Pétersbourg (SPIEF) a accordé une grande attention au partenariat avec les pays africains. Ce fut également une occasion importante de parler d’échanges entre les jeunesses de Russie et d’Afrique. Entretien avec Samy Ammar, participant égyptien au SPIEF 2018.

Samy Ammar, en tant que responsable des relations extérieures du ministère égyptien de la Jeunesse, est un expert en matière de la politique à destination des jeunes. Il est de plus journaliste spécialisé dans les affaires internationales au journal Youm7.

Sputnik: Vous avez pris part au Forum économique international de Saint-Pétersbourg. Quelle a été votre impression sur cet événement?

Samy Ammar: Le Forum économique international de Saint-Pétersbourg a été une plateforme fructueuse pour moi, de même que pour des chefs d’entreprises du monde entier. Ceci est une preuve des capacités économiques de la Russie à l’échelle mondiale et une opportunité pour les secteurs prometteurs de l’économie russe à présenter leurs plans et leurs mégaprojets d’investissement en Russie.

Spuntik: Durant l’édition de cette année du forum, une attention particulière a été accordée à l’Afrique, à un moment où la Russie renforce activement son interaction avec le continent. En outre, les défis de la jeunesse ont été également abordés. En tant que représentant de l’Égypte, du continent africain, mais également de la jeunesse, considérez-vous que ces questions ont été traitées équitablement?

Samy Ammar: Oui, je le pense, car la plupart des sessions de travail qui étaient dédiées à l’Afrique ont justement mis en lumière toutes les questions clés, dont les opportunités et les défis de la jeunesse africaine. Permettez-moi aussi de mentionner la Journée de la Jeunesse, qui s’est déroulée le 26 mai dernier —lors de la dernière journée du SPIEF 2018, durant laquelle un excellent groupe de panélistes a fait un discours sur la jeunesse africaine.

Par ailleurs, j’étais ravi d’avoir à mes côtés Francine Furaha Muyumba, la présidente de l’Union panafricaine de la Jeunesse, qui a prononcé un discours riche sur les potentiels de la coopération transfrontalière entre l’Afrique et le reste du monde. Quant à l’interaction de la Russie avec notre continent, le réseau des organisations de jeunesse agit en priorité pour construire les ponts nécessaires entre les deux parties et combler le fossé pour d’autres collaborations ultérieures.

Sputnik: Que pouvez-vous dire au sujet du potentiel d’autonomisation des jeunes égyptiens?

Samy Ammar: Eh bien, sans aucun doute, la jeunesse égyptienne a de nombreux défis en matière d’autonomisation économique et politique. Nous avons la pauvreté, les bidonvilles, le chômage et un taux faible de participation aux élections, à titre d’exemples. En revanche, pour pouvoir relever ces défis, les potentiels augmentent. Le réseautage avec les organisations de jeunesse russes et internationales est une clé pour autonomiser la jeunesse égyptienne en mettant à profit les échanges et les protocoles d’entente afin de renforcer les capacités des jeunes. Le ministère égyptien de la Jeunesse pour lequel je travaille depuis 2009 met déjà en œuvre de nombreux programmes de soutien aux jeunes PME, des projets de microfinance, d’entrepreneuriat et d’autres programmes d’autonomisation politique et de sensibilisation.

Sputnik: Outre en Afrique, votre pays, l’Égypte, est également un pays-clé dans la région du Proche-Orient. Nous connaissons tous les problèmes auxquels cette région est confrontée, notamment liés à l’extrémisme. Selon vous, que faut-il faire pour empêcher les jeunes de suivre des idéologies extrémistes?

Samy Ammar: Tout commence par la pauvreté. Je crois que le problème de la pauvreté est la plus large des portes pour le terrorisme. Des milliers de jeunes gens du Moyen-Orient sont recrutés et utilisés pour la violence terroriste. La pauvreté les rend vulnérables, sans oublier le manque de conscience religieuse qui joue également son rôle dans bien des cas. Pour remédier à cela, l’Égypte et ses partenaires régionaux ont désormais des protocoles et des partenariats afin de permettre à Al-Azhar (l’une des principales universités d’étude de l’islam basée au Caire, ndlr) et à d’autres institutions religieuses de lutter efficacement contre la propagation des idées extrémistes et proterroristes. Et tout cela malgré les nombreux défis économiques et situations troublées en Égypte, notamment en raison d’une forte inflation.

Sputnik: La Russie et l’Égypte ont des liens historiques forts et anciens. Comment évaluez-vous les relations actuelles entre les deux pays?

Samy Ammar: La Russie est une priorité de la politique extérieure égyptienne. En 2010, l’Égypte avait accueilli 2,8 millions de touristes russes, ce qui représentait un énorme revenu pour le Trésor égyptien et ce qui a permis de créer de nombreux emplois à Hurghada et Charm el-Cheikh.

La coopération militaire et scientifique reste également vitale. Il faudrait se souvenir que l’Union soviétique avait construit un grand nombre d’installations en Égypte, parmi elles le premier centre de recherche nucléaire d’Anshas, mis en service en 1961. Sans oublier la conception du haut barrage d’Assouan. Aujourd’hui, la Russie s’apprête à construire la première centrale nucléaire du pays —il s’agit du projet de la centrale nucléaire d’El-Dabaa. Ce que je veux dire, c’est que déjà les relations russo-égyptiennes sont réellement stratégiques. Et cela ne concerne pas seulement les liens politiques et économiques, mais également la culture, le tourisme, l’histoire, la religion et de nombreux autres domaines d’intérêt commun. Et je pense aussi que les deux pays ont un avenir encore plus prometteur en termes de partenariats.

Sputnik: Selon vos observations, comment la Russie est-elle perçue par les jeunes d’Égypte et du Proche-Orient?

Samy Ammar: La Russie est un sérieux espace d’opportunités. La jeunesse égyptienne s’intéresse beaucoup au potentiel académique et commercial de la Russie. Lors de ma participation au Festival mondial de la jeunesse et des étudiants à Sotchi en octobre dernier, j’ai pu rencontrer plusieurs de mes compatriotes venus d’Égypte, des jeunes brillants avec plein d’idées intéressantes, plusieurs desquels avaient lancé de petites entreprises créatives, de même que des projets académiques. Je dois espérer que la jeunesse égyptienne a de grandes ambitions en Russie.

Main dans la main, épaule contre épaule, la Russie et l’Égypte peuvent avancer pour la prospérité et le développement des deux parties. Et soyons optimistes quant à l’avenir des relations russo-arabes aussi, surtout connaissant les défis liés à la grande tourmente dans laquelle se trouve la région.

https://fr.sputniknews.com/points_de_vue/201806211036895282-russie-egypte-samy-ammar/

Mikhail Gamandiy-Egorov

Zone industrielle russe en Egypte: percée économique en vue

Caire

La Russie et l’Égypte renforcent leurs relations privilégiées, aussi bien sur le plan économique que militaire ou diplomatique. Le prochain lancement d’une zone industrielle russe en Égypte n’est que la dernière manifestation de ce partenariat stratégique. Diplomatie, tourisme, Défense, commerce… revue de détail d’une relation d’envergure globale.

L’Égypte est le premier partenaire économico-commercial de la Russie en Afrique et dans le monde arabe. Une relation privilégiée qui ne cesse de se renforcer, comme le démontre le lancement annoncé d’une zone industrielle russe en terre égyptienne.

Ce projet de grande envergure sera discuté à partir de ce 23 mai, lors de la 11e réunion de la Commission mixte russo-égyptienne pour la coopération commerciale, économique et scientifico-technique. Outre cet événement central, cette commission intergouvernementale discutera de plusieurs grands projets qui devraient voir le jour prochainement: la construction de la première centrale nucléaire en Égypte par l’Agence fédérale russe de l’énergie atomique (Rosatom), la livraison de 1300 wagons destinés au transport de passagers aux chemins de fer égyptiens, la modernisation de l’usine métallurgique de Helwan, sans oublier la reconstruction et la modernisation des installations destinées au stockage et au traitement du blé. Car faut-il le rappeler, la Russie est désormais le premier exportateur mondial de blé, devant les USA, tandis que l’Égypte représente le deuxième marché pour les exportateurs russes, derrière la Turquie.

Selon les prévisions du ministère russe de l’Industrie et du Commerce, d’ici 2026, les entreprises russes résidentes dans la zone industrielle spécialement créée en Égypte devraient produire des marchandises et services pour l’équivalent de 3,6 milliards de dollars annuels. La zone industrielle se trouvera sur un site de deux mille hectares à l’est de la zone économique spéciale de Port-Saïd. La totalité des investissements dans ce projet devra s’élever à 7 milliards de dollars et 35.000 nouveaux emplois devraient y être créés.

Autre sujet de satisfaction pour les relations russo-égyptienne: le tourisme russe au pays des pharaons. La Russie a en effet récemment réautorisé les vols directs russes à destination d’Égypte, qui avait été gelés après l’attentat contre l’avion transportant des touristes russes au-dessus du Sinaï, le 31 octobre 2015. Depuis, et sous stricte supervision des spécialistes russes, l’Égypte a considérablement amélioré ses mesures de sécurité, notamment dans ses aéroports, permettant aux deux pays d’ouvrir une nouvelle page dans le secteur touristique. Pour mémoire, avant la tragédie en question, les touristes russes étaient de loin les plus nombreux et les plus dépensiers en Égypte, bien devant les Britanniques, les Allemands ou encore les ressortissants du Golfe.

Mais là aussi, ce n’est pas tout. Sous l’impulsion des Présidents Poutine et al-Sissi, les deux nations augmentent considérablement leur coopération dans la sphère militaro-technique, sécuritaire et dans la lutte antiterroriste: les contrats sur la livraison d’armements russes signés en 2014-2015, dont le montant total dépasse les 3,5 milliards de dollars, le confirment pleinement. Ces livraisons comprennent notamment le système antimissile S-300VM («Antey-2500»), 50 chasseurs MiG-29M/M2, 46 hélicoptères d’attaque Ka-52K, vedette du projet 1242.1 équipée d’un système de missile antinavire «Moskit», entre autres.

Sur le plan politico-diplomatique, l’Égypte, le pays le plus peuplé du monde arabe, première puissance militaire arabe et africaine, majoritairement musulman sunnite, n’a pas caché son soutien à l’opération antiterroriste russe en Syrie. Elle a ainsi résisté aux pressions saoudiennes, un autre fort important partenaire économico-commercial de l’Égypte, afin de tenter d’infléchir l’approche égyptienne sur le conflit syrien en sa faveur.
Cette approche responsable du gouvernement égyptien a également largement contribué au renforcement des relations entre la Russie et l’Égypte, y compris au niveau des ministères de la Défense et des Services de sécurité. Une chose est certaine: Moscou et Le Caire continueront à interagir dans le cadre de leurs intérêts respectifs, aussi bien géopolitiques, géoéconomiques que sécuritaires.

https://fr.sputniknews.com/points_de_vue/201805231036496267-zone-industrielle-russie-egypte/

Mikhail Gamandiy-Egorov

Poutine en Egypte. L’alliance stratégique se renforce

Vladimir Poutine (à gauche) et Abdel Fattah al-Sissi

Vraisemblablement, la Russie n’en finit pas avec son « isolation »… Après la Chine, l’Amérique latine, l’Inde, la Turquie et maintenant l’Egypte, c’est sûr que la Russie doit se sentir bien « seule » sur l’arène internationale. Heureusement que le ridicule ne tue pas (suivez le regard)…

Depuis l’arrivée d’Abdel Fattah al-Sissi à la tête de l’Etat égyptien, le pays des Pharaons a montré à maintes reprises son désir de se rapprocher considérablement de la Russie et de l’espace eurasiatique. D’ailleurs la première visite officielle du maréchal al-Sissi en dehors du monde arabe s’est faite justement en Russie, plus précisément à Sotchi, en août dernier.Cette fois-ci, c’était au tour du président russe de visiter son homologue égyptien, en terre égyptienne. Dans les rues de la capitale Le Caire, on pouvait voir les portraits de Poutine et les mots de bienvenue en arabe, russe et anglais. Comme résultat de cette importante visite: la signature d’un grand nombre d’accords. Revenons-y.

1) La Russie construira une centrale nucléaire en Egypte. L’accord a été signé à ce titre entre Sergueï Kirienko, directeur de l’Agence fédérale russe de l’énergie atomique (ROSATOM) et Mohammed Shaker, ministre égyptien de l’Electrification et de l’Energie. Vladimir Poutine a par ailleurs déclaré que « la Russie va non seulement construire ladite centrale nucléaire mais également créer et développer une toute nouvelle industrie nucléaire pour l’Egypte ».

2) L’autre aspect important de la visite concerne lui la coopération des deux pays dans le domaine de l’investissement. Ainsi, Alexeï Oulioukaev, ministre russe du Développement économique et Ashraf Salman, ministre égyptien des Investissements, ont signé un mémorandum d’entente dans le domaine des investissements et de la construction en Egypte. Des projets seront mis en œuvre dans des domaines tels que les infrastructures de transport, l’ingénierie ou encore l’industrie chimique. Poutine et al-Sissi ont également insisté sur la nécessité d’élargir les possibilités dans le partenariat bilatéral pour les petites et moyennes entreprises des deux pays. A noter qu’à l’heure d’aujourd’hui, plus de 400 entreprises avec des capitaux russes opèrent en Egypte.

3) Un accord pas moins important concerne la très sérieuse éventualité d’une zone de libre-échange entre l’Egypte et la Russie, et plus globalement avec l’Union économique eurasiatique. D’autre part et cela ne va certainement pas faire plaisir à nos « amis » étasuniens: les banques centrales de Russie et d’Egypte vont étudier rapidement la possibilité de passer aux paiements en devises nationales dans le commerce et les échanges mutuels…

4) Le tourisme. Autre domaine de partenariat privilégié entre les deux pays. Depuis la chute des Frères musulmans et la stabilisation du pays, les touristes russes ont massivement retrouvé les stations balnéaires égyptiennes, notamment celles de la mer Rouge (Hurghada et Charm el-Cheikh). Comme l’a noté le président russe, l’année 2014 a été une année record avec plus de 3 millions de touristes russes ayant visité le pays des Pharaons. C’est pourquoi et comme l’a bien noté le leader égyptien, son pays compte sur le renforcement du partenariat dans ce domaine entre les deux nations. Pour rappel, l’Egypte représente la destination favorite (avec la Turquie) des touristes russes. D’autre part, les citoyens de Russie sont de loin les plus nombreux visiteurs de l’Egypte, bien devant les Allemands ou encore les Britanniques.

5) Les deux Etats continueront en outre de développer et d’accroître leur partenariat dans le domaine de la coopération militaro-technique. Clin d’œil là-aussi aux USA, qui il n’y a encore pas très longtemps régnaient pratiquement en maîtres absolus dans cette sphère en Egypte. Mais vraisemblablement, les grands changements ne font que commencer.

6) L’agriculture. Beaucoup de nouvelles opportunités sont désormais offertes à l’Egypte en ce qui concerne l’export de ses produits agricoles, notamment des fruits. La République arabe d’Egypte étant déjà un partenaire important de la Russie dans ce domaine, désormais, avec les « sanctions » occidentales et les mesures de réponse prises par la Russie à l’encontre des produits occidentaux, dont européens, l’Egypte a ainsi occupé beaucoup de nouvelles niches dans un domaine où la Russie représente l’un des plus grands marchés au niveau mondial.

7) Pour finir, la Russie et l’Egypte vont activement collaborer dans la lutte contre les menaces terroristes, notamment celle venant du pseudo Etat islamique. Les deux leaders ont par ailleurs discuté de la situation en Syrie, des moyens à aider le pays à sortir de la crise et plus globalement de la situation au Moyen-Orient. La Palestine a également été abordée, les deux présidents ont insisté sur la nécessité de la création d’un Etat palestinien indépendant.

Que dire d’autre si ce n’est que les élites occidentales peuvent poursuivre leur cirque autant qu’ils souhaitent et affirmer constamment que la Russie se retrouve de plus en plus isolée sur la scène internationale. Bizarrement, à chaque visite officielle de Vladimir Poutine en territoires étrangers, autres que les pays occidentaux, c’est un accueil chaleureux qui lui est réservé. D’ailleurs, les médias du mainstream, commentant la visite du président russe en Egypte ont en partie bien dû le reconnaitre: « Poutine accueilli en grande pompe en Egypte, titrait Le Figaro. En ajoutant « que le président russe a été reçu comme un tsar »…

Il faut se rappeler qu’en pleine guerre froide et surtout au temps du grand leader panarabe Gamal Abdel Nasser, l’Egypte était un allié de poids de l’URSS. L’Union soviétique a soutenu son allié égyptien dans son opposition au néocolonialisme britannique, français et israélien. Grand nombre de spécialistes soviétiques travaillaient durant cette période en terre égyptienne. Sans oublier la construction du haut barrage d’Assouan et le soutien soviétique à l’Egypte durant la guerre qui l’opposa à l’Etat sioniste.

D’autre part, oui, le monde ne se limite pas à l’Occident. L’humanité représente beaucoup plus. Et cette humanité montre de plus en plus aujourd’hui son ras-le-bol du diktat voulu par cet Occident politique. Un ras-le-bol qui pourra à terme donner lieu à une vraie isolation de ceux qui menacent constamment d’isoler les autres. Bien que et il est très important de le noter, il n’est nullement question d’isoler les peuples européens et plus globalement occidentaux, surtout à l’heure d’un réveil évident des consciences et de la compréhension de plus en plus visible par ces peuples des réalités que leurs élites ont tellement longtemps voulu leur cacher. C’est donc ces « élites » qui vont devoir certainement payer, à un moment ou un autre, le prix d’une isolation qui apparait déjà à l’horizon.

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Mikhail Gamandiy-Egorov