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Les BRICS dépassent le G7 et les nouvelles opportunités pour les pays du Sud

14.03.2023

Les principales puissances non-occidentales s’affirment de jour en jour, y compris économiquement. Et commencent à prendre progressivement le dessus sur le bloc occidental, ne faisant que confirmer les nombreuses prévisions des dernières années.

A l’issue de 2022, l’association des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) a dépassé le club du G7 (composé des Etats-Unis, Royaume-Uni, Canada, Allemagne, France, Italie, Japon) en termes de PIB combiné, écrit le portail indien The Eastern Herald. Ainsi, dans l’économie mondiale les BRICS avaient désormais une part de 31,5% contre 30,7% pour le G7.

Cette réalité confirme les nombreuses prévisions datant d’il y a plusieurs années et démontre que le bloc des BRICS pèse désormais pratiquement d’1/3 sur le PIB mondial. Et non plus d’1/4 comme cela était le cas dans un passé pas du tout lointain. Le tout à l’heure où les pays membres du bloc augmentent les actions en vue d’obtenir la pleine indépendance vis-à-vis des instruments financiers occidentaux, comme Observateur Continental l’avait récemment rappelé

Une autre analyse intéressante vient quant à elle de l’hebdomadaire sud-africain Mail & Guardian qui soulève la question du comment les pays du Sud global peuvent échapper à la mainmise du dollar étasunien, écrit par Nontobeka Hlela, qui collabore avec l’Institut de recherche sociale Tricontinental et est détachée au bureau du conseiller à la sécurité nationale de l’Afrique du Sud en qualité de chercheuse.

L’analyste sud-africaine rappelle à juste titre que le dollar US depuis qu’il était devenu la monnaie de réserve internationale, cela a permis aux Etats-Unis de contrôler les marchés financiers et d’imprimer de l’argent comme bon leur semble. Cette réalité avait donné aux USA un pouvoir mondial extraordinaire et, avec la structure de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international (FMI) et du Conseil de sécurité des Nations unies, cela signifie que bien qu’il existe des Etats dits démocratiques, il n’existe en réalité pas de démocratie des Etats.

Toujours selon elle – au fil des années, on a souvent soutenu que la construction d’un monde plus équitable exige, entre autres mesures, la démocratisation du système financier mondial. Et à cet effet – cela nécessiterait, au même titre qu’avec d’autres mesures, de s’éloigner du dollar comme principale monnaie de réserve mondiale.

Il y a eu selon Nontobeka Hlela des propositions justement pour rompre avec l’emprise du dollar. Et ces projets visant à lutter contre cette emprise sur les économies des pays du Sud se trouvaient au cœur des motivations étasuniennes à chasser Saddam Hussein en Irak et Mouammar Kadhafi en Libye.

Aujourd’hui, de nouvelles tentatives visant à contourner le quasi-monopole du dollar en tant que principale monnaie du commerce international ont vu le jour. L’analyste sud-africaine cite la décision de l’Arabie saoudite d’accepter d’autres devises en échange de son pétrole – faisant référence au yuan chinois. Mais pour elle la question de l’abandon du dollar a été soudainement intensifiée par le conflit en Ukraine.

Rappelant que suite au gel des avoirs de la Russie par l’Occident et à son expulsion du système bancaire international SWIFT, Moscou a répondu en exigeant le paiement des livraisons de son gaz dans sa propre monnaie – le rouble russe. Cela a été une démonstration claire que le commerce international peut être effectué sans en dépendre du dollar étasunien. Toujours selon elle le développement rapide des possibilités de commerce international sans la médiation du dollar représente un moment important pour les pays du Sud global, qui se sont longtemps retrouvés considérés comme des Etats vassaux des Etats-Unis en particulier, et de l’Occident de manière générale.

Ces relations avec l’Occident sont d’ailleurs devenues si grossières que, comme nous l’avons vu récemment en Afghanistan où Washington s’est approprié 9,5 milliards de dollars de la Banque centrale afghane – cela n’a fait que confirmer que les réserves en dollars d’autres pays détenues à la banque centrale étasunienne ne sont pas sécurisées.

Plus généralement parlant, l’experte sud-africaine rappelle également qu’il s’agit d’un processus de longue date, où les USA cherchent à isoler économiquement et à sanctionner les Etats qu’ils perçoivent comme une menace pour leur pouvoir. Et ce – depuis la révolution haïtienne contre l’esclavage en 1804 ou encore au cours du XXème siècle, notamment avec l’assassinat par la CIA du président chilien Salvador Allende.

Quant à la guerre économique déclenchée par l’Occident contre la Russie, y compris le gel de ses réserves libellées en dollars, cela a largement prouvé qu’aucun pays qui va à l’encontre des USA ne pourra se sentir en sécurité. Et cela devrait être un signal d’alarme urgent pour les pays du Sud afin de se lancer pleinement dans un système financier alternatif qui ne dépende pas du dollar étasunien.

L’analyste sud-africaine rappelle elle aussi encore une fois que le PIB combiné des pays BRICS est désormais supérieur à celui du groupe G7. Et que les nations BRICS peuvent très certainement trouver une meilleure façon de travailler ensemble afin de construire un système financier qui ne soit pas sous contrôle des USA, ces derniers ayant continuellement bloqué les tentatives de développer de nouvelles règles plus justes pour le commerce mondial.

Pour Nontobeko Hlela, les BRICS doivent également renforcer leurs institutions et celles de la Nouvelle banque de développement afin qu’elle puise être ce point d’ancrage qui crée et soutient un système alternatif pour les pays du Sud. Enfin, l’experte sud-africaine rappelle que l’ordre mondial construit par les Occidentaux (communément appelé l’unipolarité) – correspond effectivement à la description de néocolonial. Et que cet ordre ne fonctionne pas pour les pays du Sud. Tout en insistant que le système plus multilatéral de gouvernance mondiale concerne non pas seulement l’aspect économique de la question, mais également politique.

Pour conclure, il devient aujourd’hui évident que quelle que soit l’entêtement des élites occidentales qui continuent de faire référence à «un ordre mondial basé sur des règles» (occidentales), un ordre représenté désormais par les vestiges de l’unipolarité – au sein des principales puissances mondiales non-occidentales et plus généralement dans les pays justement du Sud global, représentant ensemble l’écrasante majorité de l’humanité – il sera complètement inacceptable de vivre selon les prétendues règles d’une extrême minorité planétaire. Une minorité bien souvent ne représentant même pas ses propres populations.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Le grand rendez-vous du Sommet de l’OCS

13.09.2022

Au moment des bouleversements internationaux et d’un affrontement de plus en plus visible entre les partisans de l’ordre multipolaire et les nostalgiques de l’ère unipolaire, le sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai arrive à point pour poursuivre la coordination dans grand nombre d’orientations stratégiques.

Le Premier ministre indien Narendra Modi participera à un sommet régional qui, selon Moscou, donnera lieu à des discussions en tête-à-tête entre les présidents russe Vladimir Poutine et chinois Xi Jinping, comme l’a annoncé dimanche 11 septembre le gouvernement indien, écrit Le Figaro.

Fait tout de même toujours marquant dans la rhétorique occidentale: «sommet régional». S’il est vrai que les pays membres de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) – en l’occurrence la Russie, la Chine, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, l’Inde, le Pakistan et bientôt l’Iran, appartiennent tous au grand espace eurasiatique, il serait tout de même bon de rappeler que la population totale représentée est de pratiquement la moitié de la population mondiale. Cela évidemment sans compter les pays-observateurs: la Biélorussie, la Mongolie et l’Afghanistan. Ainsi que les partenaires de dialogue: Arménie, Azerbaïdjan, Cambodge, Népal, Turquie, Sri Lanka. Et ceux qui sont en cours d’obtention de ce dernier statut, en l’occurrence l’Egypte, l’Arabie saoudite ou encore le Qatar.

En d’autres termes – l’OCS représente une large partie de l’humanité. Et de simples calculs mathématiques permettent strictement à démontrer qui est beaucoup plus apte à faire référence à la communauté internationale. Evidemment, du côté occidental, la prétendue «communauté internationale» reste dans le cadre des 10-15% de la population terrestre, et qui prétendument dépasserait un cadre strictement «régional».

Passons. Il y a tout de même effectivement des points importants à soulever dans ce sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai en Ouzbékistan et qui aura lieu fort symboliquement dans la grande ville historique de Samarkand, l’une des plus anciennes villes habitées d’Asie centrale et ayant été l’une des principales cités de la Route de la soie.

La rencontre attendue entre les chefs d’Etat chinois et russe représente également un grand moment de ce sommet, sachant que ce sera de-facto l’un des deux premiers voyages du leader chinois à l’étranger depuis le début de la pandémie – il se rendra dans un premier temps au Kazakhstan, puis en Ouzbékistan pour le Sommet de l’OCS.

Il apparait aujourd’hui clairement que le rôle de la grande organisation eurasiatique et internationale sera appelé à monter, et ce dans plusieurs dossiers. Parmi lesquels : le renforcement de l’interaction politique, économique et sécuritaire des Etats membres, la poursuite de la défense et de la promotion de l’ordre multipolaire international dont l’OCS est l’un des principaux fers de lance, l’opposition à l’unilatéralisme d’une minorité mondiale extrême, et sans oublier les efforts conjoints dans l’objectif notamment de modifier le travail des différents secrétariats onusiens.

En effet, il est aujourd’hui révoltant qu’une structure comme l’ONU – censée être la base de l’entière communauté internationale – reste dominée, du moins dans les différents groupes de travail et d’analyse, soit par des représentants occidentaux, soit par des représentants assez ouvertement affiliés à l’Occident collectif. Peut-être que ce modèle avait sa «place» dans les années 1990 et le début des années 2000, lorsque les affaires internationales étaient de-facto dominées par l’establishment occidental, malgré l’infime minorité qu’il représentait. Aujourd’hui, cette page est largement dépassée, même si la bête à l’agonie s’accroche jusqu’au bout, il faut bien le reconnaitre.

Car à défaut de réformer en profondeur les diverses structures onusiennes, des organisations comme l’OCS seront appelées dans un avenir assez proche – à prendre leurs propres responsabilités, et si nécessaire devenir des alternatives aux bureaux onusiens existants. Il faut bien le reconnaitre aussi – les divers salariés onusiens issus du petit monde occidental et leurs proxys ne souhaiteront évidemment pas perdre lesdites places, pas plus que les élites atlantistes qui comptent sur eux.

Dans tous les cas, le monde multipolaire et quoiqu’on en dise fort vraisemblablement post-occidental, continuera à monter en puissance dans les mois et années à venir. Les tentatives, y compris radicales, de l’Occident à tenter de stopper ce processus ne mèneront finalement à rien. Et ne feront qu’impacter sérieusement la vie des citoyens ordinaires des pays dirigés par cette extrême minorité planétaire. Et en ce sens, l’Organisation de coopération de Shanghai sera bel et bien la structure clé du nouveau monde qui émerge.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=4237

Diplomatie chinoise: l’ère de l’impunité pour les USA est terminée

La Chine continue de hausser le ton face aux nostalgiques du système unipolaire. Les récentes déclarations de la diplomatie chinoise ont été vues par de nombreux analystes comme un sérieux avertissement vis-à-vis de Washington et de ses supplétifs. Mais aussi et peut-être surtout comme une mise au point définitive quant à l’avenir des affaires internationales.

Les Etats-Unis, leurs alliés occidentaux et certains de leurs supplétifs ont beau prétendre à continuer de s’autoproclamer «communauté internationale», à organiser des pseudo-sommets de la «démocratie» – la réalité multipolaire, elle, ne compte aucunement reculer. Et dans cette réalité, à défaut de l’accepter convenablement – il faudra apprendre à une extrême minorité planétaire à connaitre sa place dans le monde… en qualité d’extrême minorité planétaire.

A ce titre, il serait très intéressant de prêter attention aux toutes récentes déclarations de Wang Wenbin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères: «Nous condamnons l’intervention militaire brutale des Etats-Unis en Afghanistan, en Irak, et en Syrie au nom de la « démocratie«  et des « droits de l’homme« . Nous appelons la communauté internationale à enquêter sur les crimes de guerre de l’armée étasunienne consistant à tuer des civils innocents dans le monde et à la tenir responsable de ces crimes».

En ajoutant des éléments très importants: «La justice peut être retardée, mais elle ne sera reniée. L’ère durant laquelle les USA agissaient de façon arbitraire dans le monde sous le prétexte de la prétendue « démocratie«  et des « droits de l’homme«  est terminée. Le jour de rendre des comptes finalement viendra pour l’armée US qui a commis les crimes de tuer des civils innocents dans de nombreux pays».

Maintenant, abordons les perspectives. Tout d’abord, il devient aujourd’hui évident que nos prévisions se sont une fois de plus confirmées. Déjà en février dernier et à l’heure où de nombreux analystes et experts présageaient une amélioration des relations sino-étasuniennes après le départ de l’administration Trump de la Maison-Blanche, Observateur Continental a publié une analyse qui indiquait que rien ne présageait au contraire de nettes améliorations dans ces relations. En rappelant notamment que face à la poursuite de l’arrogance dans la politique étasunienne, Pékin continuera à défendre ses intérêts nationaux et à promouvoir la réalité multipolaire mondiale. Ces prévisions se sont largement confirmées.

D’autre part et au moment où certains pouvaient penser que la Chine – tout en étant une superpuissance économique internationale ne se focalisera pas particulièrement sur le volet géopolitique ont là aussi eu tout faux. La République populaire de Chine a au contraire largement accepté son rôle de superpuissance également géopolitique, et a inlassablement raffermi ses alliances avec les autres principales puissances mondiales non-occidentales, parmi lesquelles la Russie et l’Iran.

Enfin, les déclarations récentes de la haute diplomatie chinoise confirment tout simplement que la Chine est effectivement passée à la contre-offensive. L’appel à faire porter la responsabilité aux USA pour les crimes commis à divers endroits de la planète, ainsi que la mise au point sans équivoque que l’ère de l’injustice unipolaire est bel et bien révolue – ne nécessitent pas de commentaire supplémentaire.

Dans ce paradigme de la réalité internationale contemporaine – l’Occident politique pourra alors poursuivre ses gesticulations «moralisantes» autant qu’il souhaitera. Cela ne changera pourtant aucunement les bouleversements mondiaux: des bouleversements dans lesquels l’establishment occidental et ses acolytes devront apprendre à connaitre la place qui est la leur. Encore une fois – cette place est bien connue. Celle d’une minorité planétaire évidente, avec tout ce que cela implique. Y compris sur le plan économique – à l’heure où le poids de l’Occident dans l’économie mondiale ne cesse d’aller à la baisse. Un processus qui par ailleurs ne fera que s’accélérer dans les prochaines années et décennies.

L’Occident et ses suiveurs les plus radicaux avaient pourtant une chance assez unique de tenter à s’adapter à la nouvelle ère multipolaire. Mais les nombreux appels et rappels des nations partisanes de la multipolarité à l’encontre des nostalgiques de l’ordre unipolaire totalement dépassé – à revoir leur mentalité néocoloniale n’ont donné aucun résultat digne de ce nom. Ayant en face des patients inguérissables, il devient évident qu’une telle perte de temps n’apporte que des retards au véritable développement pour l’humanité.

Et en ce sens – les patients intraitables doivent être mis à l’isolement de l’écrasante majorité planétaire. Sachant d’autant plus qu’au sein de cette large majorité terrestre, on retrouve de nombreux citoyens de pays occidentaux – eux aussi adeptes de la multipolarité. La seule et véritable communauté internationale poursuivra donc sa grande marche en avant.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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Crise migratoire: la Pologne a-t-elle la légitimité de se positionner en victime?

Au moment des tensions montantes entre l’Union européenne et la Biélorussie, Varsovie tente de se positionner en victime des prétendues actions de Minsk et de Moscou. Pour autant, les responsables polonais semblent faire mine d’oublier leur responsabilité directe dans les diverses interventions occidentales otanesques. Des interventions en très large partie responsables des crises migratoires observées.

Alors que les responsables polonais, tout comme nombre de leurs collègues européistes, ne cessent d’accuser la Biélorussie, la Russie, mais également la Turquie, de la crise observée actuellement à la frontière polono-biélorusse, ces personnages devraient peut-être surtout se regarder objectivement dans le miroir et cesser de gesticuler de manière totalement hypocrite et mensongère.

Et dans le cas précis mentionné – la Pologne devrait faire profil bas – au même titre que ses collègues de nombre de pays occidentaux. Faut-il le rappeler – Varsovie a activement participé aux actions sous-traitantes pour le compte de Washington et de l’Otan en Irak, comme en Afghanistan? D’ailleurs le site du gouvernement polonais le rappelle ouvertement: 20 années de présence militaire en Afghanistan. Une présence achevée évidemment récemment suite à la déroute de la coalition occidentale en terre afghane, USA en tête.

En supplément de l’Afghanistan, la Pologne fut effectivement engagée en Irak, en soutien à l’invasion étasunienne. Petite question de rappel: d’où provient la grande partie des migrants aujourd’hui? Réponse: pour un large nombre d’entre eux – d’Irak et d’Afghanistan justement. Et ce n’est certainement pas à la Biélorussie – subissant des attaques, intimidations et tentatives de déstabilisation de la part de Washington, Bruxelles et de leurs supplétifs d’Europe de l’Est – de porter une quelconque responsabilité quant à l’accueil des personnes fuyant des pays détruits par l’interventionnisme occidental et l’action de ses sous-traitants.

De façon générale et au-delà de la Pologne qui assume pleinement son rôle d’un des principaux sous-traitants de la politique étasunienne et otanesque en Europe, la question de la responsabilité quant au chaos propagé devrait être certainement étendue à tous les pays dont les gouvernements ont choisi une politique de sous-traitance vis-à-vis de l’establishment occidental. Et plus particulièrement encore lorsque cette sous-traitance ne se limite pas seulement à des campagnes de lobbying et autres «bienveillances» à l’égard des maitres, mais surtout lorsqu’il s’agit de contribuer au chaos et aux souffrances que doivent endurer nombre de peuples non-occidentaux, à divers endroits de la planète.

Et puisque l’Occident politique, dans son arrogance extrême et son refus de reconnaitre officiellement l’avènement de l’ère multipolaire, continue de s’autoproclamer comme étant soi-disant la communauté internationale – qu’il ne représente pourtant guère – et d’être le centre du monde «libre et démocratique», il devrait certainement donner l’exemple à toutes ces personnes en provenance de pays ayant tellement souffert du néocolonialisme occidental et de ses supplétifs.

Pour revenir maintenant à la Pologne – non, elle ne possède aucune légitimité de se plaindre de quoi que ce soit dans la situation actuelle. Car au-delà d’avoir activement participé aux souffrances infligées aux populations irakiennes et afghanes durant de longues années – Varsovie a joué, et continue de jouer, un rôle de premier plan dans les tentatives de déstabilisation de ses voisins, parmi lesquels – la Biélorussie.

Et peut-être qu’effectivement la situation qui prévaut actuellement à sa frontière orientale devrait servir de bonne leçon pour une Pologne ayant des ambitions démesurées, mais une capacité de réaliser quoi que ce soit de viable – nulle. Absence de souveraineté oblige. Et en parlant d’ailleurs d’immigration – n’est-ce pas les citoyens polonais qu’on retrouve parmi les migrants les plus représentés en nombre – dans nombre de pays étrangers, notamment au Royaume-Uni? Une situation pas très à l’honneur pour un Etat qui tente de créer le mythe d’être une puissance régionale. Pour le reste: l’arroseur arrosé dirait-on.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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L’Arabie saoudite s’adapte aux réalités contemporaines?

Riyad semble opérer des changements dans sa politique régionale et internationale. Normalisation envisageable avec l’Iran, des relations montantes avec la Russie et la Chine, les événements en cours démontrent une stratégie qui semble tenter à s’adapter aux règles du monde multipolaire. Mais jusqu’où pourra aller l’Arabie saoudite?

Certains des représentants du royaume saoudien semblent de plus en plus comprendre que l’alliance de longue date avec le monde anglo-saxon, et plus particulièrement avec Washington, ne représente plus une mise gagnante pour son avenir. Et qu’à l’heure d’un renforcement sans précédent de l’ordre international multipolaire il serait peut-être temps de s’y adapter, au risque de se retrouver dans le camp perdant.

Dans le cas relationnel avec l’Iran – l’adversaire régional déclaré de l’Etat wahhabite, les récentes actions laissent entrevoir une possible normalisation. A ce titre, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Saeed Khatibzadeh, a récemment déclaré que les discussions sur les relations bilatérales avancent progressivement.

«Au cours des derniers mois, nous avons eu des contacts plus ou moins élaborés avec le Royaume d’Arabie saoudite. Nous avons entamé une série de pourparlers avec le gouvernement saoudien à Bagdad au cours de ces mois», soulignant que les discussions en rapport avec les relations bilatérales et les progrès des pourparlers sur la sécurité de la région du Golfe étaient très fructueux.

Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a également déclaré que si le gouvernement saoudien accorde une attention sérieuse au message de l’Iran qui considère que la solution aux problèmes de la région demeure en la région elle-même, et que nous devons parvenir à un mécanisme régional global, il sera alors possible à ce moment-là d’avoir des relations soudées entre les deux pays.

Evidemment, si un tel mécanisme deviendrait réalité, il ne sera pas du goût de Washington, ni de Tel-Aviv. Et à ce titre, rien n’est encore sûr quant au fait si Riyad aura le courage d’aller jusqu’au bout d’une telle initiative. D’un autre côté, les Saoudiens comprennent aujourd’hui parfaitement que les tentatives à faire isoler l’Iran constituent indéniablement un échec total pour ses initiateurs.

Et les évidences de cet échec ne manquent pas: Syrie, Yémen, montée en force de l’Axe de la résistance, probablement la plus grande influence de l’Iran dans les affaires régionales et même au-delà dans son histoire contemporaine, formation de l’alliance avec la Chine et la Russie. Cette dernière d’autant plus renforcée que l’adhésion officielle de la République islamique en qualité de membre de plein droit au sein de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) a été pleinement validée

Dans le cas saoudien, s’ajoute à cela les récents retraits par les USA des batteries de missiles Patriot du territoire saoudien, le nouvel accord de coopération militaire avec la Russie, la coopération économico-énergétique avec la Chine. En bref – des éléments supplémentaires qui confirment un basculement évident dans les affaires du Moyen-Orient.

Cela sans oublier le retrait US d’Afghanistan, qui selon nombre de sources a fortement déplu à plusieurs monarchies du Golfe. Et surtout la manière dont s’est opéré ce retrait. Permettant de voir clairement avec quelle facilité Washington peut abandonner ses prétendus alliés.

Pour autant, non – il est encore très loin de considérer que l’Arabie saoudite se joindra sous peu à l’axe de la multipolarité. Et rien ne présage un changement de cap dans les plus brefs délais, connaissant l’énorme proximité de Riyad avec Washington. Il n’empêche qu’il y a effectivement de plus en plus de têtes pensantes en territoire saoudien qui comprennent la voie du monde actuelle. Et que dans le cadre des processus en cours, il faut déjà commencer à prendre les bonnes dispositions. A défaut de quoi – s’exposer au risque de subir de plein fouet les conséquences d’avoir été parmi les principaux retardataires dans le cadre des réalités qui émanent de l’ordre multipolaire.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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Afghanistan: les USA indignes du rôle d’allié

Les talibans ont gagné la guerre après les 20 années de présence occidentale, principalement étasunienne, sur le sol afghan. S’il est difficile de faire pour le moment des prévisions de ce qu’il adviendra désormais de l’Afghanistan, une chose demeure certaine – il s’agit ni plus ni moins d’une véritable leçon pour tous ceux qui continuent de miser sur l’alliance avec Washington.

Le mouvement des talibans contrôle désormais la capitale du pays Kaboul. Le seul emplacement de la capitale afghane qui n’est pas encore passé sous leur contrôle demeure l’aéroport international où les Etats-Unis et plusieurs de leurs alliés réalisent une évacuation d’urgence humiliante. Plusieurs vidéos ont par ailleurs fuité montrant des citoyens afghans s’accrocher aux avions qui décollent et s’écraser au sol après des chutes mortelles. Difficile après ces images de parler d’un quelconque prestige international des USA. Le président pro-étasunien Ashraf Ghani a fui le pays.

La débâcle est totale ne serait-ce qu’en raison des 20 années de présence occidentale, plus de 1000 milliards de dollars de dépenses selon les responsables US, un bilan humain lourd – surtout pour les civils afghans, aucun développement digne de ce nom pour le pays, et pour couronner le tout – une explosion de la production de drogue, ayant provoqué un impact dramatique aussi bien pour l’intérieur que pour l’extérieur. Et selon nombre de sources, les Etats-Unis n’ont pas été étrangers au trafic de drogue  en provennce du sol afghan.

L’évacuation de l’ambassade étasunienne de Kaboul a rappelé à de nombreux observateurs les images datant de plusieurs dizaines d’années lorsque les USA se retiraient du Vietnam, après y avoir subi une défaite humiliante. Et ce malgré les déclarations du secrétaire d’Etat étasunien Antony Blinken affirmant à la presse de son pays que le départ de Kaboul n’est pas similaire à celui de Saïgon.

En parlant justement des évacuations des ambassades étrangères, si les Etats-Unis et la France, à l’instar de la plupart des représentations diplomatiques occidentales dans la capitale afghane ont choisi l’évacuation et la fermeture temporaire, celles de la Chine et de la Russie sont toujours opérationnelles.

Au vu de l’extrême rapidité de l’offensive menée par les talibans, plusieurs experts s’interrogent néanmoins si la situation observée actuellement n’avait pas été source d’un accord préalable entre les Etats-Unis et le mouvement des talibans, avec la participation du Pakistan. Si cette éventualité mérite l’attention, il n’en demeure pas moins que cela ne remet pas en question la situation sécuritaire sur le terrain – où les talibans contrôlaient déjà plus de la moitié du pays depuis plusieurs années sans que les USA et leurs alliés ne puissent y faire quoi que ce soit, et que d’autre part Washington a une nouvelle fois démontré ne pas être un allié fiable vis-à-vis de ceux qui lui ont fait, ou font encore, confiance.

Maintenant en parlant des perspectives régionales eurasiatiques. Si certains seraient tentés d’avancer la thèse que l’évacuation des troupes US & consorts d’Afghanistan représente en soi-même une stratégie pour créer des problèmes sécuritaires aux principaux adversaires géopolitiques de l’establishment étasunien, à savoir la Russie, la Chine et l’Iran, de même qu’à leurs alliés, bien que cette possibilité puisse être tout à fait plausible dans les têtes des représentants washingtoniens, il ne faut pas oublier que les trois grandes puissances eurasiennes ne sont restées les bras croisés. Et ce depuis un bon moment déjà.

Des efforts qui ont par ailleurs permis d’obtenir les garanties nécessaires pour Pékin et Moscou y compris sur la poursuite du fonctionnement de leurs représentations diplomatiques à Kaboul. En outre, bien que les talibans ne puissent évidemment pas d’une quelconque façon être considérés comme étant une force progressiste, et d’ailleurs toujours considéré comme un mouvement terroriste en Russie, il n’en demeure pas moins qu’ils font preuve d’une capacité d’analyse de la conjoncture internationale actuelle de manière assez factuelle.

En ce sens, la Russie ne se presse d’ailleurs pas à ne plus considérer les talibans comme une organisation terroriste, en attendant de voir les résultats des garanties et promesses réalisées par ces derniers. A savoir, entre autres, la lutte contre la production et l’exportation de drogue mais aussi le combat contre la présence des terroristes de Daech sur le sol afghan. Une présence contre laquelle les forces étasuniennes n’ont de-facto rien réalisé et qui demeure inacceptable non seulement pour les nations d’Asie centrale, mais également pour la Russie, la Chine et l’Iran.

Quant à la sécurité régionale, notamment des Etats d’Asie centrale partageant des relations d’alliance avec Moscou, tout permet de dire actuellement que les capacités de riposte face à une éventuelle détérioration de la situation restent au plus haut niveau. Et ce aussi bien dans le cadre du soutien russe que chinois. Sans oublier les capacités de mobilisation des forces conjointes de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) dans les pays voisins de l’Afghanistan, ainsi qu’en cas de nécessité des frappes ciblées contre les éléments hostiles dans les zones frontalières avec les pays concernés.

Par ailleurs, les talibans qui ont toujours déclaré n’être intéressés que par la prise de pouvoir à l’intérieur de leurs frontières, comprennent parfaitement le risque que comporte toute hostilité face au triumvirat Chine-Russie-Iran et aux alliés des pays cités. Non seulement d’ailleurs sur le plan sécuritaire, mais également économique – à l’heure où le pays a plus que jamais besoin de soutien et de financements. Des financements que la Chine serait en mesure d’accorder, à condition évidemment de ne pas dépasser les lignes rouges connues.

Quant aux USA et plus généralement l’axe occidental nostalgique de l’unipolarité révolue, il est encore une fois devenu évident quel type d’alliés ils représentent et quelle facilité ils ont à lâcher ceux qui auraient pensé avoir choisi l’option gagnante. Quelle désillusion…

Mikhail Gamandiy-Egorov

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Les USA: les faux apôtres de la démocratie

Au cours de plusieurs décennies, allant de la seconde moitié du vingtième siècle et jusqu’à aujourd’hui, Washington a été directement ou indirectement impliqué dans des agressions contre un large nombre d’Etats souverains. Les crimes commis, y compris de masse, n’ont pour autant jamais poussé l’establishment étasunien à de quelconques remords dignes de ce nom.

Depuis 1945, les Etats-Unis ont été impliqués dans une série d’interventions typiques pour ce que l’on appelle le néocolonialisme, et ce à divers endroits de la planète. La particularité de ces agressions, à la différence par exemple du régime nazi allemand, c’était de se positionner comme le porteur des idéaux de «liberté et de démocratie». Pourtant, les peuples ayant eu à subir ces attaques et ces violations de leurs souverainetés, n’ont obtenu que destructions et chaos.

Depuis cette période, la liste fut très large. Si les exemples de la Corée, du Laos, Vietnam, Cambodge, Angola, Grenade et Panama faisaient partie de la période liée à la guerre froide, ceux, plus récents, de la Yougoslavie, de l’Afghanistan, de l’Irak ou encore de la Libye – peuvent être considérés comme appartenant à la période sombre du concept unipolaire – apparu à la chute de l’URSS. Un concept fort heureusement désormais révolu.

Cela évidemment sans oublier les innombrables tentatives de renversement du gouvernement cubain et d’assassinat de son leader Fidel Castro (qui finiront tous comme des échecs pour les instigateurs), la participation au meurtre barbare et lâche du grand leader congolais Patrice Lumumba, le coup d’Etat contre le président chilien Salvador Allende, ou encore le soutien semi-voilé au régime raciste d’apartheid sud-africain de l’époque. En d’autres termes – des faits et gestes en faveur de tout – sauf de la liberté et de la démocratie.

Si chacune de ces agressions mériterait d’être détaillée en de longues pages, il serait certainement juste d’accorder une attention particulière au Vietnam, sachant qu’il y a 57 ans de cela, en août 1964, que débutait l’escalade de l’intervention criminelle étasunienne contre ce pays. Selon les propres aveux des responsables US, confirmés par les documents étasuniens déclassifiés, les objectifs des Etats-Unis dans leur intervention dans la partie sud du Vietnam étaient à 70% – dans le but d’éviter une défaite humiliante (pour la réputation internationale US). Et seulement à 20% – dans le but d’y empêcher «une prise en main chinoise, et enfin à 10% dans l’objectif déclaré – de permettre aux habitants du Vietnam du Sud de profiter d’un « mode de vie meilleur et plus libre».  

En d’autres termes, les belles paroles de soutien à la liberté et à la démocratie – n’ont été que de la poudre aux yeux pour tenter à voiler les véritables raisons de cette agression macabre. Au plus fort de cette guerre d’agression contre le Vietnam et son peuple, plus d’un demi-million de militaires étasuniens se trouvaient dans ce pays. Cette guerre sale dans le plus direct du sens de ce terme, ne visera pas seulement les forces armées de la République démocratique du Vietnam, ou le Front national de libération du Sud Vietnam, mais également et massivement la population civile vietnamienne – qui pour une large part d’entre elle, notamment dans la partie sud du pays qui n’était pas encore réunifiée avec la partie nord – sympathisait effectivement aux forces qui résistaient à l’agression étasunienne.

Le tribut payé par le Vietnam, aussi bien en termes de pertes civiles comme militaires, fut tout simplement énorme: plus d’un million de tués sur le plan militaire, et entre un et deux millions de civils massacrés. Mais les souffrances du peuple vietnamien ne s’arrêteront pas aux énormes nombres de personnes tuées. L’utilisation massive d’armes chimiques par les agresseurs US, notamment de «l’agent orange», a provoqué des conséquences catastrophiques non seulement pour l’environnement et la santé des personnes ayant été touchées, mais également pour les enfants vietnamiens qui verront le jour après cette guerre néocoloniale.

Selon Tran To Nga, l’une des victimes de cet herbicide utilisé massivement par les militaires US contre la population vietnamienne, et qui se bat depuis des années pour que ledit préjudice soit reconnu, les effets de l’intoxication se font aujourd’hui ressentir jusqu’à la quatrième génération après la guerre. Et qu’au moins 100 000 enfants vietnamiens à ce jour sont atteints d’anomalies congénitales sérieuses.

Evidemment et au-delà de la honte des pratiques US à l’encontre de la population vietnamienne, l’humiliation sera aussi à la hauteur des crimes commis. Car les plus d’un demi-million de militaires US ne viendront jamais à bout de la résistance du Vietnam – un Vietnam qui vaincra ses ennemis et obtiendra également la réunification de tout le pays, avec le soutien de ses alliés – dont la Chine, l’URSS ou encore Cuba, forçant les USA à une défaite totalement humiliante. Cette résistance victorieuse continue à ce jour d’être étudiée par les principaux spécialistes du domaine militaire.

Et c’est peut-être d’ailleurs aujourd’hui la raison, au-delà de la capacité de nombre d’Etats à résister efficacement, tout en promouvant activement l’ordre multipolaire mondial – du rejet de la politique occidentale par une large part des populations du monde. Y compris même à l’intérieur de l’Occident. Après tout, les faux apôtres ne pourront jamais porter le mensonge indéfiniment. Même s’ils continuent à se positionner en de gentils agneaux.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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BRICS: finalisation du plan d’action conjoint contre le terrorisme

Les pays BRICS se préparent à porter à un niveau supérieur l’interaction conjointe en matière de lutte contre le terrorisme. Il devient évident que les grandes puissances non-occidentales auront à jouer un rôle désormais déterminant dans le volet sécuritaire, et ce au niveau régional comme international.

Le plan d’action antiterroriste des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) destiné à renforcer la coopération dans la lutte contre le terrorisme entre les Etats membres de l’organisation, a été finalisé, comme l’annonce le quotidien indien de langue anglaise The Hindu. Cela a été discuté lors de la sixième réunion du Groupe de travail contre le terrorisme des BRICS, les 28 et 29 juillet.

Le ministère indien des Affaires étrangères a pour sa part annoncé que ce plan d’action contribuera à établir «une coopération axée sur les résultats» entre les Etats membres des BRICS. Tout en précisant «qu’au cours de la réunion du groupe de travail, en condamnant le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations à tout moment, où et par qui que ce soit, les pays des BRICS ont également échangé leurs points de vue sur l’évaluation de la menace terroriste aux niveaux national, régional et mondial, et ont décidé de renforcer davantage la coopération antiterroriste conformément audit plan d’action».

Ce plan d’action d’interaction conjointe dans la lutte contre le terrorisme représente l’un des principaux résultats de la présidence indienne actuelle de l’organisation et qui devrait être adopté lors de la réunion des conseillers à la sécurité nationale des BRICS prévue en août. Parmi les principales orientations dudit plan d’action, on retrouve non seulement la prévention et la lutte contre le fléau du terrorisme, mais également le traitement des problèmes liés à la radicalisation, le financement des groupes terroristes, l’utilisation abusive d’internet par les éléments extrémistes, la restriction des mouvements de terroristes, le contrôle des frontières, la protection des cibles vulnérables, le partage d’informations, ainsi que la coopération régionale et internationale.

Cette initiative, au-delà d’être liée à une structure internationale représentant plus de 3 milliards d’habitants, est d’autant plus importante que les initiatives dans le cadre de la lutte antiterroriste qui émanent de la communauté occidentale ont pratiquement tous connu de vifs échecs – le tout allié à une approche irrespectueuse du droit international, de la souveraineté des Etats, et pensant pouvoir manipuler à leur guise des éléments terroristes dans l’objectif d’atteindre des gains géopolitiques et géoéconomiques.

De la Libye jusqu’au Mali, de la Syrie à l’Afghanistan, la liste n’étant pas exhaustive – l’establishment occidental ne peut se vanter de quelconques résultats dans le volet de la lutte contre le terrorisme. Et ce au moment même où ce même establishment continue de faire référence à une communauté internationale dont il est tout sauf le représentant, sans oublier l’approche révisionniste lorsqu’il continue de mentionner l’ordre international unipolaire – terminé et révolu.

En ce qui concerne les pays BRICS, notamment la Chine et la Russie – les Etats en question auront déjà démontré non seulement des résultats efficaces dans la lutte contre le terrorisme et la prévention contre l’extrémisme, mais plus que cela – une capacité à mettre hors d’état de nuire de très larges groupements terroristes recevant des aides variées et multiples de la part des élites occidentales. La Syrie en représente un exemple fort révélateur.

Si l’on prend par contre l’exemple de la Libye, du Mali et plus généralement la région du Sahel – l’Occident a également fait preuve d’une incapacité à assumer son rôle objectif de pompier pyromane. Car au-delà d’avoir largement contribué à la large propagation du terrorisme dans le Sahel suite à la destruction, en toute illégalité internationale, de la Jamahiriya libyenne de Mouammar Kadhafi – un Etat jadis prospère et stable, les mêmes acteurs n’ont rien pu (ou voulu) faire pour stopper l’hémorragie terroriste au sein des Etats appartenant à cette région.

Le fait donc que les BRICS, à l’instar d’une autre grande structure internationale comme l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), attache une importance de plus en plus accrue au volet antiterroriste ne peut être que rassurant pour l’avenir mondial, à l’heure où des défis évidents et sérieux persistent. Et parmi ces défis figurent bel et bien les groupements terroristes – comme d’ailleurs ceux, qui tout en refusant de reconnaitre l’ère multipolaire, ne ressentent aucun remord à tenter d’instrumentaliser les extrémistes en question, pensant à tort pouvoir en garder le contrôle. Mettant ainsi en danger non seulement la sécurité internationale dans son ensemble, mais également celle de leurs propres citoyens.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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Les efforts sino-russo-iraniens dans le dossier afghan

Le retrait occidental d’Afghanistan, au-delà d’être un aveu d’un échec cuisant, représente sans le moindre doute un défi sécuritaire de premier plan pour les pays régionaux. A ce niveau, il est important de se focaliser sur les actions entreprises par la Russie, la Chine et l’Iran dans ce dossier.

Le 31 août prochain devra s’achever le retrait étasunien et des forces affiliées d’Afghanistan. Le tout après vingt années de présence. Cette réalité, au-delà de représenter un échec évident pour les USA et sa coalition occidentale, touche directement à plusieurs autres aspects. Premièrement, qu’adviendra-t-il désormais de l’Afghanistan ? Sachant que le mouvement des talibans, contrôlant déjà une large partie du pays durant la présence occidentale, est désormais tout simplement à l’offensive dans le but de prendre sous contrôle tout le pays. A ce titre, les talibans déclarent déjà contrôler 85% du territoire.

Sur ce point, l’heure est tout simplement à la déroute pour les forces de Kaboul, qui se rendent ou fuient les combats face à l’avancée des talibans. Grand nombre d’entre eux, se sont déjà réfugiés au Tadjikistan, pays ex-soviétique d’Asie centrale, qui a accepté d’accueillir sur son sol les militaires afghans sur une base humanitaire. D’autres supplient leurs alliés étasuniens de les faire évacuer d’Afghanistan avec leurs familles. En ce sens et de façon réaliste, très peu d’entre eux obtiendront cette «faveur» occidentale. Tout laisse à supposer que les talibans prendront, à un moment ou un autre, le pouvoir, et domineront de nouveau la vie politique du pays.

Deuxièmement, et compte tenu de cette probable éventualité, quel impact cela aura sur la sécurité des pays voisins de l’Afghanistan, notamment d’Asie centrale – pour la plupart alliés de la Russie, et faisant partie de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), ainsi que de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). A ce titre, le Tadjikistan a déjà mobilisé près de 20 000 militaires dans le but de protéger sa frontière avec l’Afghanistan. Et a également sollicité l’aide de son allié russe, ainsi que de l’OTSC, dans le cas d’une détérioration de la situation. Un soutien confirmé du côté de Moscou.

Il est évident qu’avoir à ses frontières un régime d’obédience obscurantiste représente un défi de poids pour l’Asie centrale, mais aussi pour la Russie, la Chine et l’Iran. D’autant plus qu’au-delà des talibans, qui pour le moment jurent de n’être intéressés que par les affaires intérieures de leur pays, l’Afghanistan est devenu un terrain propice pour les éléments de Daech – sans que là aussi la coalition washingtonienne ne puisse faire quoi que ce soit. Ou peut-être faudrait-il dire ne souhaitant faire quoi que ce soit. Il est donc primordial pour les puissances eurasiennes et leurs alliés de prendre tout le dispositif sécuritaire nécessaire. Ce processus suit actuellement son cours.

Troisièmement, et pour parler plus précisément des actions entreprises par la Chine, la Russie et l’Iran, il faut noter que les trois pays travaillent activement sur les mécanismes permettant de maintenir la situation sous contrôle au niveau régional. Et jusqu’à maintenant avec efficacité.

Le 7 juillet dernier, l’Iran, à travers l’implication du chef de sa diplomatie Mohammad Javad Zarif, avait accueilli une rencontre inter-afghane entre des représentants du gouvernement de Kaboul et les talibans. Du côté chinois, le ministre des Affaires étrangères, Wang Yi, visitera cette semaine trois pays d’Asie centrale: le Turkménistan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan – tous des voisins proches de l’Afghanistan.

Selon des analystes chinois, cette visite fournira une plateforme à la Chine et aux trois pays concernés dans le but de coopérer en matière de sécurité régionale. Pékin se dit également prêt à accorder un soutien financier et technique aux pays confrontés à des défis sécuritaires dans leurs zones frontalières.

En ce qui concerne la Russie, qui partage faut-il le rappeler encore, des relations fortes et d’alliance avec les nations d’Asie centrale, elle reste très attentive à la situation sur le terrain. Une délégation des talibans était tout récemment en visite à Moscou. Ladite délégation, reçue au ministère russe des Affaires étrangères, a fait mention de plusieurs points importants: ne pas concevoir à menacer la sécurité des Etats voisins, lutter contre les éléments de Daech sur le sol afghan et à combattre le narcotrafic. Un narcotrafic ayant explosé durant la présence étasunienne en Afghanistan, avec tout ce que cela implique.

Reste à savoir si les talibans tiendront leurs promesses. D’un certain côté – cela va dans le sens de leurs propres intérêts car du côté russe il y a une ligne rouge à ne pas franchir – celle qui concerne la sécurité de ses alliés d’Asie centrale. Et en cas de nécessité, la Russie n’hésitera pas à utiliser la force si la sécurité de ses alliés se trouvera menacée. Les talibans le comprennent parfaitement.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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L’Afghanistan ou la défaite de l’Otan

L’annonce du président étasunien sur le retrait des troupes se trouvant en Afghanistan au plus tard le 11 septembre 2021 ne satisfait pas les Talibans, qui réclament un retrait pratiquement immédiat. Retour sur la question.

Le président US Joe Biden a annoncé que la date limite pour le retrait des troupes étasuniennes (et plus généralement de l’Otan qui suivront les prérogatives de Washington) d’Afghanistan sera le 11 septembre 2021 – le jour du 20ème anniversaire des attentats terroristes aux Etats-Unis, ayant été utilisés comme la principale raison de l’invasion étasunienne en terre afghane. Une invasion qui est aujourd’hui considérée comme étant la plus longue guerre menée par les USA. Une guerre dont ils ne sortent pas victorieux.

Cette annonce pose désormais plusieurs défis supplémentaires. Notamment pour la conférence d’Istanbul – étant vue comme une initiative étasunienne, visant à donner un nouvel élan au règlement afghan. Car du côté des Talibans, après avoir appris la nouvelle du report de la date de retrait du 1er mai au 11 septembre, la position a été de dire qu’ils refusaient désormais de participer à de quelconques événements internationaux – tant que les Etats-Unis n’auront pas respecté l’accord initial.

Pour rappel, l’accord initial signé entre les USA et les Talibans dans la capitale qatarie Doha en février 2020 prévoyait effectivement le retrait des troupes de la coalition d’ici mai 2021. Cependant, Washington n’a jusqu’à présent fait que réduire le contingent sur place – de 8000 à 2500 militaires.

Les autres membres de l’Otan suivent les décisions washingtoniennes de près quant au retrait qu’ils appliqueront vraisemblablement aussi. C’est ce qu’avait d’ailleurs déclaré tout récemment la ministre allemande de la Défense Annegret Kramp-Karrenbauer: «Nous avons toujours dit: nous entrons ensemble (avec les Américains), nous sortons ensemble».

Pour revenir aux Talibans, au-delà de menacer de ne plus prendre part aux divers pourparlers internationaux sur l’Afghanistan coordonnés par les Etats-Unis, ils laissent clairement planer le risque d’une détérioration de la situation sécuritaire sur le terrain: «Si l’accord est violé et que les forces étrangères ne quittent pas notre pays dans le délai convenu, les problèmes vont certainement empirer et ceux qui ont violé l’accord seront tenus pour responsables . C’est ce qu’a déclaré Zabihullah Mujahid, porte-parole des Talibans.

Si les experts sont aujourd’hui partagés sur l’avenir de l’Afghanistan et sur le fait si oui ou non les Talibans prendront à terme complètement le pouvoir à Kaboul, ou seront susceptibles d’accepter à participer à une sorte de gouvernement «d’union nationale», le fait est que la très longue campagne afghane représente incontestablement une défaite évidente pour Washington, ainsi que pour l’Otan de façon générale.

En vingt années de présence, non seulement la coalition otanesque n’a pas été en mesure de venir à bout des Talibans, mais plus que cela – ne serait-ce qu’asseoir un contrôle relatif sur le terrain. Pas plus que stabiliser la situation. Avec plus de 2000 soldats tués durant cette période et plus de 20 000 blessés (rien qu’américains) et plusieurs centaines de milliards de dollars de dépenses, les Talibans continuent de contrôler environ la moitié de l’Afghanistan. Et ne prévoient pas de reculer, tout au contraire.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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