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Mali: la population souhaite le départ de la Minusma

28.05.2023

Les Maliens ne veulent plus de la Minusma. Au moment où Bamako renforce sa propre capacité défensive qui se traduit par des succès sur le terrain face aux groupes terroristes et où le pays continue de faire face à une pression de nombre de régimes occidentaux – cette volonté populaire semble plus que jamais justifiée.

Plusieurs milliers de Maliens ont manifesté dans la capitale malienne Bamako pour réclamer le départ de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma). A l’appel du M5-RFP, parti du Premier ministre de transition Choguel Maïga, du Mouvement de la société civile Yèrèwolo (hommes dignes), Debout sur les Remparts et une trentaine d’associations, des milliers de personnes se sont ainsi rassemblées jeudi dernier au Palais des sports de Bamako pour exiger le départ de la mission onusienne.

Pour Sidiki Kouyaté, porte-parole du mouvement, la Minusma doit partir dès maintenant – n’étant plus utile pour le Mali car c’est une fabrication française, dirigée par des militaires hexagonaux et certains de leurs alliés. Une fabrication qui continue d’entretenir la guerre et la peur au Mali, ainsi que de soutenir les terroristes.

Dans leur discours, les leaders de la manifestation ont également vivement critiqué le dernier rapport de l’ONU sur le massacre perpétré en mars 2022 contre la population civile dans la ville de Moura, située dans la région centrale de Mopti. Un rapport qui accuse les Forces armées maliennes (FAMA) et des soldats étrangers.

En dehors des autorités et de la société civile du Mali, la présence de la Minusma est indésirable y compris pour d’anciens cadres du gouvernement, à l’image de l’écrivaine et ancienne ministre malienne Aminata Dramane Traoré, qui considère que la France – comme la Minusma – se sont invitées toutes seules au Mali. Et que la force onusienne participe à l’instar de l’ancienne puissance coloniale et d’autres régimes occidentaux – à un combat géopolitique contre son pays qui se bat pour sa dignité. Pour elle – la Minusma doit simplement suivre Barkhane (l’opération militaire française ayant duré plus de 8 ans en terre malienne et terminée en novembre dernier, ndlr).

De manière plus générale, l’opinion largement entendue de la nation malienne rejoint l’analyse d’Observateur Continental qui traitait le problème de la présence des forces onusiennes dans le cadre des missions dites de paix, plus particulièrement sur le continent africain. Notamment les questions d’un manque flagrant d’efficacité de ces missions dans leur rôle annoncé de « stabilisation ». Et d’autre part – l’affiliation des divers secrétariats onusiens à l’establishment occidental, avec tout ce que cela implique – ce qui représente un énorme défi jusqu’à ce jour pour les pays concernés et toute la véritable communauté internationale.

Comme également rappelé précédemment – le fait que lorsque cet establishment occidental n’est aucunement intéressé par la résolution des défis sécuritaires dans tel ou tel pays, notamment d’Afrique, il en va de son intérêt à faire prolonger les conflits autant que possible. Et ce aussi bien dans un but géoéconomique que géopolitique. Et compte tenu de cela, il est évident que lorsqu’un citoyen d’un pays occidental, ou simplement affilié à l’Occident collectif, est nommé responsable de missions de stabilisation et de maintien de la paix – il ne fera qu’appliquer ce pourquoi il a été adoubé par l’élite pour laquelle il est au service.

D’où par la même occasion le mécontentement à peine voilé des structures citées quant à l’arrivée d’autres acteurs qui obtiennent des résultats notables en un espace de temps rapide. Et d’où les fameux « rapports » des diverses structures onusiennes proches de l’Occident en vue de condamner les actions des autorités des pays concernés et de leurs alliés non-occidentaux.

Encore une fois et en ce qui concerne les pays d’Afrique – il semble aujourd’hui de plus en plus évident que les Minusma, Minusca, Monusco et autres – n’ont plus leur place dans la résolution des défis sécuritaires dans les Etats concernés. Surtout au vu des événements des quelques dernières années, lorsque l’Occident politique & affiliés n’arrivent plus à voiler les succès des acteurs de l’espace non-occidental, des succès obtenus en coordination avec les nations africaines.

Quant à l’approche encore plus mondiale – il faudrait revenir effectivement une fois de plus à la question d’une très large réforme de la machine onusienne, à défaut de passer à d’autres actions parmi les puissances des BRICS et les nations du Sud global. Cela passe incontestablement par une réforme du Conseil de sécurité de l’ONU – en direction des pays non-occidentaux, représentant l’écrasante majorité planétaire. Une perspective que les membres permanents que sont la Russie et la Chine soutiennent.

Et d’autre part – faire libérer les différents secrétariats et structures de l’ONU de cadres qui se maintiennent à leurs postes uniquement en raison de leurs citoyennetés occidentales ou de leur affiliation à l’Occident. Surtout lorsqu’on sait que la Chine fait partie des principaux contributeurs financiers des Nations unies, de même que d’autres nations non-occidentales. Cela sans même de nouveau rappeler les réalités démographiques, géopolitiques et géoéconomiques du monde contemporain multipolaire.

Mikhail Gamandiy-Egorov

La nouvelle ligne de démarcation et le dilemme de l’Occident

18.05.2023

La ligne de séparation Est-Ouest, ou aussi celle du monde multipolaire d’un côté et de l’espace réunissant tous les nostalgiques de l’unipolarité de l’autre, apparait aujourd’hui de plus en plus comme la seule solution plausible. Surtout au regard que l’écrasante majorité planétaire ait fermement refusée à se joindre au discours et aux agissements de l’extrême minorité occidentale.

L’establishment otanesque se retrouve effectivement et de plus en plus devant un bien sérieux dilemme. Et selon nombre de sources – y compris au sein des forces parmi les plus russophobes de l’axe atlantiste. Celui d’accepter la ligne de démarcation courante entre l’Otan et la Russie dans le cadre de la réalité sur le terrain de l’opération militaire spéciale lancée par Moscou l’année dernière. A défaut de quoi de maintenir le discours quant à la nécessité d’assurer par tous les moyens une défaite stratégique à l’Etat russe.

Dans le cas de la première option de la ligne de démarcation – sujet qu’Observateur Continental avait de nouveau récemment traité – cela aura pour signification peut-être non pas une défaite complète de l’Otan dans sa guerre contre la Russie, mais représentera une défaite tout de même. Tout en tenant compte que dans cette option, personne ne peut garantir combien de temps tiendra le régime fantoche de Kiev installé par l’Occident. Surtout au vu des fort nombreux dossiers pour lesquels il faudra rendre des comptes.

L’autre option concerne quant à elle la poursuite de la politique d’anéantissement des citoyens d’Ukraine, en maintenant la politique occidentale du «jusqu’au dernier ukrainien», à l’heure où les pertes du régime kiévien sont déjà tout simplement colossales. Y compris au regard des fuites au sein de l’establishment étasunien sur cette question, comme d’autres.

Etant incapables de réaliser le fameux scénario d’infliger une défaite stratégique à la Russie, tout en se rendant compte que le nombre quasi-incalculable d’armes fournies au régime de Kiev, y compris les plus stratégiques et jugées tellement «efficaces» – ne permet pas de bouleverser la dynamique sur le terrain. Le tout récent exemple avec le système de défense aérienne étasunien Patriot, présenté comme l’un des meilleurs au monde par la propagande occidentale, touché et endommagé selon les sources mêmes washingtoniennes et détruit selon Moscou par une frappe du missile hypersonique russe Kinjal à Kiev, ne fait que renforcer cette réalité.

Et dans cette option – à l’heure où la Russie continue de faire preuve de patience et à ne pas se précipiter – tout en progressant chaque jour un peu plus non seulement sur le terrain, mais également dans l’étude et la riposte face aux technologies militaires occidentales, l’axe atlantiste risque de se retrouver à terme face à une ligne de démarcation qui sera au contact direct ou quasi-direct des frontières des régimes otanesques. Ce qui équivaudra non plus à une défaite limitée de l’establishment occidental, mais bel et bien à une défaite entière et stratégique de l’Otan.

Et là aussi ce n’est pas tout. Car comme prévu et suite à l’initiative de paix chinoise, qui représentait déjà à elle seule un énorme casse-tête pour l’Occident dans l’optique que les nations non-occidentales apportent leur soutien en se joignant à la direction en question – désormais cette réalité se confirme avec l’implication d’autres pays des BRICS, notamment du Brésil et désormais de l’Afrique du Sud. Dans le cas d’ailleurs de l’une des principales puissances d’Afrique – l’initiative est déjà soutenue par plusieurs autres pays africains, dont l’Ouganda, l’Egypte, la Zambie, le Congo et le Sénégal. En passant – des pays pour la plupart ayant des relations étroites et privilégiées avec Pékin et Moscou.

Et malgré le fait que les élites washingtoniennes et occidentales n’ont pas profité de l’occasion de se taire – en accusant le leadership brésilien de «faire le perroquet de la propagande sino-russe» ou encore d’aller jusqu’à affirmer que l’Afrique du Sud fournit des armes et munitions à la Russie, l’Occident se rend compte de plus en plus à être dans l’impossibilité à faire la sourde oreille face à l’écrasante majorité planétaire. Après tout – ni les menaces et intimidations, ni des promesses financières – n’ont été en mesure de faire basculer cette écrasante majorité mondiale dans le camp atlantiste de l’Occident.

Pendant ce temps l’opération militaire spéciale se poursuit. La retenue russe vis-à-vis des civils tout en maintenant la destruction progressive du potentiel armé ennemi et du laboratoire d’expérimentation otanesque en Ukraine, y compris les meilleurs types d’armements occidentaux, confirme une fois de plus toute la rage de l’Occident à ce sujet. Du moins des régimes occidentaux nostalgiques de l’ère unipolaire définitivement révolue.

Quant au fait laquelle des options sera finalement appliquée dans le cadre de la nouvelle ligne de démarcation Est-Ouest, entre le monde multipolaire et l’extrême minorité planétaire, cette question reste encore ouverte. Le principal étant que la ligne de démarcation sera bel et bien tracée.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Les accusations de l’Occident contre l’Afrique du Sud ou le pyromane qui se prétend pacifiste

15.05.2023

Les récentes attaques verbales de l’establishment atlantiste contre Pretoria ne font que confirmer l’incapacité totale de l’Occident à faire face aux partisans de l’ordre multipolaire international contemporain. Par ailleurs, les dites accusations contre les puissances non-occidentales ne pourront en aucun cas voiler le rôle de pures pyromanes que sont précisément les élites occidentales à l’encontre de l’écrasante majorité planétaire.

La rhétorique hostile de Washington et de ses principaux suiveurs occidentaux vis-à-vis des puissances non-occidentales pro-multipolaires est passée tout récemment à l’étape supérieure. Comme confirmation – les accusations de l’ambassadeur US en Afrique du Sud qui a ouvertement accusé le pays de Nelson Mandela de fournir des armes et munitions à la Russie, comme le rapporte la BBC.

Ainsi, le diplomate étasunien a affirmé qu’un navire russe ait été chargé d’armes et de munitions dans la ville du Cap, en décembre dernier. Le personnage en question a également déclaré lors d’une conférence de presse à Pretoria – que Washington était à ce titre «préoccupé» compte tenu de la position déclarée de non-alignement des autorités sud-africaines dans le dossier ukrainien.

Le bureau du président de l’Afrique du Sud s’est dit de son côté déçu par ces affirmations étasuniennes et par le fait qu’aucune preuve n’avait été fournie par la partie US pour pouvoir confirmer de telles allégations.

24 heures plus tard – le ministère sud-africain des Affaires étrangères a déclaré que l’ambassadeur étasunien s’était «excusé sans réserve» pour avoir affirmé que l’Afrique du Sud avait fourni des armes à la Russie. Confirmant que Washington semble avoir fait en partie marche arrière dans ses agressions verbales vis-à-vis de l’une des principales puissances continentales d’Afrique et membre des BRICS.

Mais cette situation n’a fait que démontrer une fois de plus plusieurs éléments soulevés dans le passé. Parmi lesquels le fait que l’axe washingtonien des nostalgiques de l’unipolarité adore lancer des accusations farfelues vis-à-vis non seulement de ses principaux adversaires géopolitiques et géoéconomiques déclarés, mais également vis-à-vis de toutes les nations qui aujourd’hui n’adhèrent pas au discours occidental. Sans être en mesure de présenter une quelconque preuve digne de ce nom.

Confirmant ainsi que bien souvent ces accusations, comme à l’endroit de l’Afrique du Sud, ne sont en réalité qu’une énième tentative de faire pression sur un pays pratiquant une politique indépendante sur la scène internationale, faisant partie de l’une des principales alliances pro-multipolaires, en l’occurrence celle des BRICS, le tout au moment où l’organisation concernée participe activement aux bouleversements géoéconomiques et géopolitiques à l’échelle mondiale. Tout en étant une source d’attraction pour de nombreux autres pays de la planète.

Mais là encore ce n’est pas tout. Les accusations washingtoniennes à l’encontre de l’Afrique du Sud, comme d’ailleurs précédemment à l’endroit de la Chine, quant à la prétendue fourniture d’armes en faveur de la Russie dans le conflit qui oppose Moscou à l’axe otanesque dans le Donbass et d’autres territoires ex-ukrainiens – sonnent véritablement comme l’hôpital qui se moque de la charité lorsqu’on connait les moyens engagés par l’Occident dans sa guerre par procuration contre l’Etat russe. Peut-être d’ailleurs même un hôpital psychiatrique plus précisément, avec des cas de malades particulièrement touchés.

Le fait est qu’à l’approche du prochain Sommet des BRICS – tous les pays partisans de la multipolarité – seront incontestablement dans le viseur des forces atlantistes, qui malgré les énormes moyens engagés n’ont pas réussi à réaliser leur scénario de défaite stratégique infligée à la Russie. D’autant plus qu’ils savent parfaitement que ce n’est pas le dernier dossier d’un affrontement majeur entre la réalité multipolaire contemporaine et l’axe des nostalgiques de l’unipolarité, réuni autour de Washington.

Mikhail Gamandiy-Egorov

BRICS, Occident et la nouvelle ligne de démarcation Est-Ouest

12.05.2023

Dans la conjoncture internationale actuelle, il devient plus que jamais évident que rien ne sera effectivement plus comme avant. La rage occidentale se renforce d’autant plus que l’écrasante majorité mondiale a refusé de manière claire à se joindre aux initiatives de l’axe otanesque à l’encontre de la Russie. Plus que cela, des processus que l’establishment atlantiste pensait ne pas avoir à observer encore nombre d’années – se déroulent désormais sous nos yeux. Pendant ce temps, la ligne de démarcation continue d’être tracée.

L’opération militaire spéciale lancée par la Russie en février de l’année dernière a eu le mérite de mettre en évidence toute l’extrême malhonnêteté de l’Occident. Et pas seulement vis-à-vis de la Russie, dans le cadre des engagements non tenus par l’espace occidental, et ce depuis les années 1990 et tout au long de la période récente, y compris dans le cadre des Accords de Minsk. L’Occident ou en d’autres termes – l’extrême minorité planétaire – n’a eu d’autre choix que de dévoiler pleinement son hideux visage vis-à-vis de l’écrasante majorité des peuples du monde.

Notamment quant au fait que les diverses situations de crise à l’échelle internationale, du Moyen-Orient jusqu’en Afrique, si souvent créées directement par la politique occidentale, ne méritent pas une attention particulière de cette minorité qui s’était autoproclamée comme étant la prétendue «communauté internationale» – qu’elle n’est aucunement, ne l’a jamais été et ne le sera pas. Mais du moment que les intérêts de l’Occident se retrouvent impactés car le temps de l’impunité est effectivement terminé – l’humanité tout entière doit écouter jour et nuit les pleurnicheries de l’establishment otanesque.

Quant à l’Ukraine, l’une des républiques ex-soviétiques les plus développées économiquement au moment de la fin de l’URSS et devenue rapidement l’un des pays les plus pauvres d’Europe, il est devenu plus que jamais clair que le projet occidental pour Kiev ne représente qu’une énième arnaque, mais d’une énorme envergure. Lorsqu’on pense notamment que les dépenses de l’axe otanesque destinées à armer le régime fantoche kiévien dans la guerre par procuration de l’Otan contre la Russie – auraient pu justement servir, depuis plusieurs années, à donner à l’Ukraine une impulsion économique et faire profiter sa population, incapable de sortir du marasme économique depuis les années 1990 et à ce jour.

Mais les objectifs réels de l’Occident, derrière les belles paroles de démocratie et de liberté, n’ont effectivement jamais visé à créer des «success stories» dans les pays passant sous sa bulle. Très loin de là. Le seul intérêt pour ces pays a toujours été uniquement de les exploiter contre les principaux adversaires de la domination et du diktat de l’Occident. D’ailleurs, certains autres pays concernés par cette expérimentation occidentale, notamment les anciennes républiques soviétiques de Géorgie ou de Moldavie, commencent aujourd’hui de plus en plus à le réaliser. Et à faire les bonnes conclusions. Soit au niveau d’une partie de leur leadership (dans le cas géorgien), soit au niveau de l’opposition et de la société civile (dans le cas moldave).

De manière générale, le petit monde occidental qui observe les événements en cours, non seulement géopolitiques, mais également géoéconomiques, d’autant plus désormais en mode d’accélération, avec vive inquiétude, comprend malgré toute l’arrogance qui le caractérise qu’il faudra bien accepter, d’une manière ou d’une autre, la nouvelle ligne de démarcation Est-Ouest. Ou plus particulièrement entre le bloc de l’ordre multipolaire international d’un côté et des nostalgiques de l’unipolarité de l’autre.

D’ailleurs, même les poids lourds de la propagande occidentale, dont le très célèbre magazine US Foreign Policy, laisse désormais passer le message qu’il faudra bien négocier avec la participation des puissances non-occidentales, plus particulièrement celles des BRICS, y compris sur le dossier «ukrainien». Confirmant par la même occasion les dires récents des principaux éléments du régime kiévien qui parlent d’une pression accrue de nombre de pays, à ce que le régime négocie.

L’amertume avec laquelle les héritiers du coup d’Etat du Maïdan reconnaissent cette réalité n’est évidemment et aucunement liée au fait que le régime de Kiev aura à céder des territoires qui historiquement n’avaient et n’ont rien «d’ukrainien», mais évidemment cela signifiera une baisse significative des financements occidentaux, ayant favorisé leur enrichissement personnel sur le sang de leur propre population.

Il est donc aujourd’hui totalement évident que la ligne de démarcation sera tracée. La question qui reste encore ouverte étant uniquement – où et quand. Du côté de la Russie, la modération reste de mise et ce malgré le fait de devoir faire face à une coalition otanesque de plusieurs dizaines de régimes ennemis. Si les Forces armées russes avaient le feu vert d’appliquer la méthode de l’Otan, à savoir tout raser sans aucune distinction – la ligne de démarcation serait déjà au plus proche des frontières de l’axe otanesque. Surtout lorsqu’on sait que les régimes occidentaux soutiennent et organisent pleinement des actes terroristes pouvant déboucher sur un affrontement nucléaire.

Mais la Russie travaille sur la durée. Et vraisemblablement préfère ne pas avoir à engager tout son potentiel afin de permettre à l’humanité d’encore mieux réaliser ce qui se joue aujourd’hui. D’ailleurs les processus de paix à divers endroits du monde non-occidental, déjà confirmés ou en phase de finalisation, démontrent toute l’importance de la retenue russe. Car pendant que le parasitage occidental reste concentré sur son laboratoire d’expérimentation en Ukraine – les peuples non-occidentaux applaudissent les événements qui concernent aujourd’hui la Syrie, la Turquie, l’Iran, l’Arabie saoudite, pour ne citer qu’eux.

Quant aux régimes fantoches créés et installés par l’Occident – il ne leur restera pas longtemps à vivre lorsqu’un minimum de sagesse sera retrouvé par les peuples victimes de cette énième arnaque occidentale. Et pour cela – effectivement pas besoin de raser. De nombreux objectifs sauront être atteints autrement. D’où – la rage justement de ce petit monde occidental. Et les tentatives de pousser par tous les moyens les partisans de l’ordre multipolaire actuel à la faute.

Mikhail Gamandiy-Egorov

L’Afrique et les BRICS: le destin commun

13.04.2023

Plusieurs pays africains expriment leur désir soit d’intégrer, soit d’interagir plus activement avec l’alliance BRICS. Le tout au moment des grands bouleversements internationaux sur les plans géopolitique, géoéconomique et géostratégique – propres à l’ordre multipolaire international. Ceci étant dit, l’Afrique était déjà présente de-facto dans les BRICS au moment de la création de l’organisation.

Si les quatre premiers pays membres des BRICS, à savoir le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine n’étaient pas issus du continent africain – avec l’adhésion de l’Afrique du Sud à l’organisation – toute l’Afrique devenait officiellement représentée au sein de l’alliance. Les BRIC devenaient alors les BRICS. Bien qu’il soit certainement nécessaire de rappeler que la notion même des principales puissances émergentes non-occidentales – était un concept important pour l’Afrique.

Pour quelle raison? Car les BRIC et puis les BRICS représentaient l’espoir d’un autre monde, d’une ère multipolaire, à laquelle aspirait l’écrasante majorité de l’humanité. Une ère où une extrême minorité planétaire ne pourra plus appliquer son diktat et durant laquelle elle aura à rendre des comptes. Et pour l’Afrique, continent si riche à bien d’égards, mais dont les innombrables atouts avaient été de-facto tout simplement soit voilés, soit souvent volés, par justement l’extrême minorité planétaire, cette voie était particulièrement inspirante.

Aujourd’hui et plus que jamais, les BRICS dont fait partie l’une des principales puissances continentales africaines d’une part et les autres pays d’Afrique de l’autre – passent aux actions conjointes. Le tout à l’heure des grands processus internationaux, y compris économiques et financiers, notamment dans la direction de la pleine indépendance vis-à-vis des instruments financiers occidentaux – créant par la même occasion de grandes nouvelles opportunités http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=4728 pour les pays du Sud global.

En effet et en Afrique, après les intérêts annoncés par l’Egypte et l’Algérie à se joindre aux BRICS, désormais c’est au tour du Zimbabwe et de la Tunisie à suivre l’exemple. Pour rappel et en dehors du continent africain – l’Iran, l’Argentine et plus récemment l’Arabie saoudite avaient exprimé leur désir à se joindre à l’organisation.

Beaucoup dépendra évidemment du prochain Sommet des BRICS, qui aura lieu cet été – justement en terre sud-africaine. Parmi les candidatures citées, à défaut de devenir dans l’immédiat des membres de plein droit, il est probable que plusieurs pourront obtenir le statut d’observateur de l’organisation. Représentant la première étape à une pleine adhésion par la suite.

Le tout à l’heure d’un engagement de plus en plus prononcé de l’alliance pro-multipolaire dans son interaction avec le continent africain. Comme le confirme d’ailleurs l’engagement tout récent des représentants des BRICS à mettre en œuvre plusieurs projets structurants et stratégiques en République centrafricaine. Il est fort probable que de telles initiatives seront élargies à de nombreux autres Etats d’Afrique. Avec des résultats pratiques attendus.

Pour finir et faire mention des valeurs communes, partagées par de nombreuses nations africaines avec les pays membres des BRICS, il faudrait également rappeler qu’au-delà de la puissance économique du bloc multipolaire, à l’heure où le PIB combiné des cinq Etats membres dépasse désormais celui des sept membres du club occidental du G7 – il est effectivement aussi question de valeurs. Les BRICS n’ont pas besoin d’esclaves, ni de sous-traitants. Le besoin est d’avoir des partenaires fiables, égaux et adhérant aux valeurs de la multipolarité.

Et les acteurs, ayant accepté leur rôle de sous-traitants pour le compte de l’establishment occidental, décriant les BRICS sans pouvoir même argumenter, ni faire appel à des statistiques dignes de ce nom, doivent se rappeler que la porte ne leur sera pas forcément ouverte lorsqu’ils auront changé d’avis. Certes, les principaux partisans de l’ordre multipolaire international ne chercheront probablement pas à punir ceux ayant fait le choix d’un suivisme aveugle pro-occidental – le tout jusqu’au moment où l’Occident n’aura plus rien à leur proposer, mais il est indéniable que les opportunités du monde nouveau n’iront pas en priorité à ceux ayant été longtemps dans le prétendu «doute».

Mikhail Gamandiy-Egorov

Afrique du Sud-Russie: l’histoire ne s’efface pas

05.04.2023

Si l’Occident n’a non seulement pas réussi à mettre au sein de son axe anti-russe les nations non-occidentales, notamment africaines, aujourd’hui les régimes otanesques paient de-facto le prix de leur arrogance et mépris en obtenant un effet boomerang qu’ils n’avaient pas vraisemblablement prévu: le renforcement de l’axe anti-occidental. Surtout qu’en Afrique la mémoire des relations positives avec la Russie – ne s’efface pas.

Une délégation du Congrès national africain (ANC) – le parti au pouvoir en Afrique du Sud depuis l’avènement de la démocratie et la fin du régime raciste de l’apartheid – était tout récemment en visite à Moscou, à l’invitation des homologues du parti Russie unie.

Comme l’avait indiqué l’ANC – les discussions portaient sur un réajustement de l’ordre mondial afin d’inverser les conséquences du néocolonialisme et du monde unipolaire qui prévalait auparavant. En d’autres termes – la principale force politique sud-africaine non seulement se positionne ouvertement en faveur de la multipolarité, chose qui était connue, mais affirme haut et fort que le diktat unipolaire occidental constitue effectivement le passé.

Ces derniers temps, le pays de Nelson Mandela est fortement critiqué par les régimes occidentaux en raison des liens non seulement qui se maintiennent, mais qui grandissent sensiblement avec la Russie. Et ce dans divers domaines. Rien n’a pu détruire cette relation privilégiée – ni les multiples visites des hauts responsables étasuniens, ni les attaques verbales des sous-traitants européistes, ni les virulentes critiques des médias de propagande occidentaux, ni l’opposition sud-africaine libérale et pro-occidentale, bien souvent d’ailleurs composée d’héritiers du régime de l’apartheid.

Parmi les événements récents importants dans le cadre bilatéral et multilatéral, il faudrait certainement citer les exercices militaires navals conjoints entre l’Afrique du Sud, la Russie et la Chine dans l’océan Indien, et ce malgré les innombrables condamnations occidentales. De même que le travail actif au niveau des experts proches du gouvernement sud-africain sur les mécanismes à mettre en œuvre en vue de passer à une pleine indépendance vis-à-vis des instruments financiers occidentaux et de la dédollarisation en cours à l’échelle internationale. Notamment et bien évidemment dans le cadre de l’alliance des BRICS.

En parlant justement des BRICS, il faut rappeler que l’Afrique du Sud accueillera en août prochain le 15ème Sommet des pays membres de l’organisation, et les travaux préparatifs suivent leur cours.

Mais là aussi ce n’est pas tout. Le gouvernement sud-africain vient vraisemblablement de prendre la décision d’interdire la vente d’armes à la Pologne, comme le note BNN Breaking. Selon les sources du média en question, les autorités sud-africaines ont pris cette décision dans l’objectif de limiter l’approvisionnement potentiel en munitions du régime ukrainien via Varsovie. Cette dernière étant l’une des principales promotrices de la haine russophobe depuis de longues années et l’un des plus fidèles sous-traitants de Washington. Pendant ce temps l’Afrique du Sud reste un acteur important dans le domaine de l’armement à l’international. La décision sud-africaine parait donc plus que justifiée.

Sauf qu’au-delà de tous ces points très importants, il y a une chose qui semble profonde et indestructible dans les relations russo-sud-africaines – c’est l’histoire. Les Occidentaux avaient beau avoir espéré détruire ce patrimoine relationnel entre les deux nations en soutenant les forces ultra-libérales du pays avec les héritiers de l’apartheid – ils n’ont jamais pu effacer le patrimoine en question. Un patrimoine qui permet aujourd’hui d’étendre le partenariat bilatéral à tellement d’autres domaines d’interaction mutuellement bénéfique.

Comme d’ailleurs cela a été récemment parfaitement bien rappelé par Julius Malema, chef du troisième principal parti politique sud-africain EFF (Combattants pour la liberté économique) et ex-leader de la Ligue de jeunesse du Congrès national africain, notamment le soutien stratégique de l’URSS et de Cuba durant le combat contre l’apartheid. Un soutien que d’ailleurs Nelson Mandela n’avait jamais oublié. Et ses héritiers et partisans d’aujourd’hui – non plus.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Washington ne pourra rien opposer à Pékin et Moscou en Afrique

31.03.2023

Au moment des tensions sans précédent entre l’ordre multipolaire international et les nostalgiques de l’unipolarité, le continent africain confirme une fois de plus être l’endroit stratégique dans le cadre de cette opposition. Les récentes manœuvres washingtoniennes en vue de tenter à repositionner l’Occident sur la scène africaine, en s’opposant ouvertement à la Chine et à la Russie, n’y changeront vraisemblablement rien.

Pour comprendre les événements en cours sur le continent africain, y compris dans le cadre de l’affrontement stratégique entre les partisans résolus du monde multipolaire d’un côté et les vestiges de l’unipolarité de l’autre, il faut tout d’abord une fois de plus comprendre que si Washington, en qualité de maître incontesté de l’axe occidental otanesque, tente de prendre un nouvel leadership occidental en Afrique – c’est précisément en raison des échecs totalement évidents de ses sous-traitants, notamment l’Hexagone. Ce dernier faisant face à un effet domino en termes d’échecs répétés, qui n’est d’ailleurs plus à démontrer.

Parallèlement à cela, toutes les tentatives washingtoniennes et occidentales à faire intégrer les nations africaines dans la coalition anti-russe, prétextant l’interprétation purement occidentale des événements ukrainiens, se sont avérées être des échecs également. Tout comme de manière générale toutes les tentatives à nuire au développement des relations russo-africaines.

Dans le cas des relations entre l’Afrique et la Chine – les difficultés de l’axe occidental sont tout aussi prononcées, d’autant plus lorsqu’on sait que la Chine est de bien loin le principal partenaire économico-commercial des nations africaines, avec un volume des échanges de plusieurs fois supérieur à celui de Washington et de ses sous-traitants européens. Et face aux attaques étasuniennes à l’encontre du partenariat sino-africain, Pékin n’hésite plus à remettre fermement les pendules à l’heure vis-à-vis de l’adversaire washingtonien. De manière générale – personne ne pourra évincer la Chine de son interaction avec le continent africain. Absolument personne.

Un autre point très important, qu’Observateur Continental avait abordé dans le passé, plus exactement en juillet 2021 – celui de la complémentarité sino-russe en Afrique. Si à cette période, notre analyse allait pleinement en contradiction avec celle des principaux prétendus experts occidentaux, désormais ils ne font que constater, fort amèrement, cette réalité. Une réalité encore plus renforcée suite à la toute récente visite du président chinois Xi Jinping à Moscou.

Et là aussi c’est loin d’être tout. Washington a aujourd’hui de plus en plus peur de se retrouver isolé face aux initiatives de paix de Pékin, notamment sur le dossier ukrainien. Comme l’écrit Bloomberg – les Etats-Unis craignent qu’un monde fatigué de la guerre n’accepte la proposition de paix de la Chine sur l’Ukraine, jugée inacceptable par l’establishment étasunien. Et plus que cela – que Pékin puisse convaincre une large coalition de pays que c’est précisément Washington qui refuse la paix. Bien qu’il soit nécessaire d’ajouter que c’est déjà l’opinion de la grande partie des peuples du monde.

Et cela comme mentionné précédemment – alors que Washington n’arrive ni à convaincre les Etats africains à se détourner de leurs partenariats avec la Chine, ni à les faire joindre à l’axe de la haine otano-occidentale contre la Russie. En bref – des schémas que ni Washington, ni l’Occident politique dans son ensemble – ne sont en mesure de résoudre. Ni maintenant, ni par la suite.

Enfin et c’est peut-être même le point le plus important. Dans le cadre de l’affrontement de Washington avec Pékin et Moscou, qu’en est-il des Africains et de leurs opinions sur la question? Ici également et pour tout observateur qui connait réellement le continent africain, les sympathies sont très clairement en faveur des partisans de la multipolarité. Et les vaines tentatives washingtoniennes à tenter de se positionner en alternative à ses propres sous-traitants, dont Paris et Londres, ne trompent pratiquement personne à l’échelle africaine.

Certes, Washington et les quelques capitales européennes peuvent encore compter sur un groupe limité de citoyens africains achetés et dévoués à leurs donneurs d’ordre. Mais ces derniers ne peuvent absolument rien opposer de fiable, ni de fort, aux souverainistes et panafricanistes à l’échelle continentale, et même au sein de la diaspora africaine. C’est un fait. D’ailleurs leurs quelques sorties ne font que les ridiculiser eux-mêmes, ainsi que de créer un rejet encore plus puissant vis-à-vis des politiques occidentales.

Et lorsque nous prenons toutes ces données en compte, il devient assez clair que Washington ne sera aucunement en mesure de casser le rythme de la chute occidentale – aussi bien à l’échelle africaine, que plus globalement internationale. En ce qui concerne l’Afrique et comme nous l’avions plusieurs fois souligné dans le passé – le continent sera l’un des principaux pôles du monde multipolaire. D’ailleurs, le président russe l’avait récemment souligné lors de l’ouverture de la Conférence parlementaire internationale Afrique-Russie, dans la capitale russe.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Hydrocarbures russes et les nouveaux mauvais calculs de l’Occident

29.03.2023

Les dernières statistiques en matière d’exportations d’hydrocarbures par la Russie démontrent largement que les plans occidentaux à travers les sanctions unilatérales visant Moscou ne fonctionnent pas. Confirmant une fois encore que le monde dans sa globalité, c’est beaucoup plus qu’un espace représentant une évidente minorité mondiale.

« Hydrocarbures. La Russie dope ses chiffres en dehors de l’Europe », écrit le site marocain Infomédiaire, en indiquant que suite aux sanctions imposées par certains pays de l’UE, la Russie s’est tournée vers d’autres marchés pour écouler sa production d’hydrocarbures. Ainsi – le diesel et le gasoil russes ont trouvé preneurs en Afrique, Asie et au Moyen-Orient.

Selon les données de Refinitiv (entreprise américano-britannique, fournisseur de données et d’infrastructures sur les marchés financiers, ndlr), les exportations de diesel et gasoil russes à la destination de la Türkiye ont dépassé 1,2 million de tonnes en ce mois de mars. Représentant par la même occasion un record en comparaison au mois précédent (0,8 million de tonnes).

Par ailleurs et toujours selon les données pour la période concernée – près de 200 000 tonnes de diesel russe ont été expédiées vers la Libye, environ 165 000 tonnes vers l’Algérie et 100 000 tonnes vers la Tunisie. Cette dernière ayant déjà importé un volume record de gasoil russe au cours du mois de février. Les autres importateurs importants au niveau africain étant le Maroc, le Nigéria, le Ghana ou encore le Sénégal.

Du côté de l’Amérique latine – 300 000 tonnes de diesel ont transité en ce mois de mars par le Brésil depuis des ports maritimes russes (en février le volume était de 250 000 tonnes). Et du côté du Moyen-Orient : la Russie avait envoyé pas moins de 450 000 tonnes de diesel vers l’Arabie saoudite le mois dernier et environ 200 000 tonnes devraient arriver aux Emirats arabes unis ce mois-ci.

Les exportations russes sont en passe d’atteindre un record ce mois-ci (depuis 2016…), et ce malgré les sanctions de l’Union européenne privant le pays de son plus grand marché, écrit de son côté Bloomberg. Ajoutant que les expéditions d’hydrocarbures russes de mars ont atteint en moyenne environ 1,5 million de barils par jour et que des pays comme la Turquie, le Maroc, ainsi que d’autres ont effectivement intensifié leurs achats.

Le constat est une nouvelle fois relativement simple : le business international et plus généralement le monde tout simplement ne tournent pas autour de l’espace occidental, bien que ce dernier se pensait être irremplaçable. Les faits cités ne représentent que quelques exemples supplémentaires à ce qu’Observateur Continental affirmait depuis plusieurs années.

Pour autant les élites occidentales sont-elles à ce point incompétentes à ne pas avoir prévu que leurs fameuses sanctions unilatérales et illégales tomberaient rapidement ou dans certains cas progressivement à l’eau ? L’incompétence fait évidemment partie des caractéristiques qui devraient leur être attribuées. Néanmoins, l’arrogance extrême les caractérisant y est aussi pour beaucoup. Car l’Occident politique était au départ effectivement convaincu que le monde entier ou presque allait suivre ses ordres et se conformer à la ligne de l’axe russophobe otanesque stipulant l’isolation immédiate de la Russie.

Cela n’a pas marché. A dire vrai les Occidentaux ont vraisemblablement énormément sous-estimé la force de l’ère multipolaire, préférant se berner dans leurs illusions que ce n’est qu’un projet qui prendra du temps à se réaliser. Et n’ayant pas compris que l’ordre multipolaire est déjà une réalité depuis plusieurs années et qu’à travers leurs propres actes – n’ont fait qu’accélérer maintenant l’avènement d’un monde multipolaire post-occidental. Non pas que l’objectif des partisans de la multipolarité était d’exclure complètement le petit espace occidental du reste de l’humanité, mais c’est un chemin que l’establishment occidental s’est choisi soi-même.

Quant à l’échec de la politique des sanctions unilatérales et au fait que dans le commerce international contemporain – le monde ne tourne pas sur l’Occident – cela constitue les autres orientations qu’Observateur Continental avait abordé des mois auparavant.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Xi Jinping en Russie et l’ordre mondial contemporain

25.03.2023

Pendant que les élites occidentales continuent de déchanter suite aux résultats de la visite du président chinois en Russie, du côté de la seule et véritable communauté internationale – l’heure est résolument à l’optimisme. Cette évidence confirme de-facto une énième fois l’impuissance des nostalgiques de l’unipolarité.

Si le récente visite officielle du président de la République populaire de Chine, Xi Jinping, en Fédération de Russie avait une importance stratégique pour l’alliance sino-russe qui prend désormais effectivement un nouvel envol, pour la majorité du reste de la communauté internationale elle était également synonyme d’un grand espoir pour la suite du monde multipolaire. Evidemment, cet enthousiasme était loin d’être partagé par les nostalgiques de l’unipolarité, mais cela est désormais complètement secondaire, pour ne pas dire plus.

En ce sens, les principaux médias chinois ont consacré plusieurs comptes-rendus en lien avec la première visite officielle à l’étranger du chef d’Etat de la RPC suite à la confirmation récente de son troisième mandat présidentiel, représentant une première dans l’histoire de la Chine par la même occasion.

Ainsi, si la télévision internationale de Chine CGTN questionné les habitants de la capitale chinoise sur l’importance de la visite de Xi Jinping en Russie, l’agence de presse Xinhua réalisé une synthèse sur la valeur stratégique de ce voyage et des pourparlers au Kremlin entre les présidents chinois et russe.

Comme le note justement Xinhua – la communauté internationale a salué la visite de Xi Jinping à Moscou, décrivant ce voyage d’amitié, de coopération et de paix comme une étape historique. Sous la direction stratégique de MM. Xi et Poutine, la Chine et la Russie ont enrichi leur partenariat de coordination stratégique global à l’ère nouvelle et approfondi leur coopération pragmatique dans divers secteurs, apportant davantage de bénéfices aux peuples des deux pays, selon les observateurs internationaux.

Ces observateurs internationaux se sont également dits convaincus que cette visite contribuerait à améliorer la gouvernance mondiale, promouvrait la construction d’une communauté de destin pour l’humanité et ferait avancer la cause du progrès humain. Parmi les experts interrogés par Xinhua, on retrouve notamment l’ancien ministre bolivien des Affaires étrangères, Fernando Huanacuni – pour qui face à la montée de l’hégémonisme et de l’unilatéralisme, la visite de M. Xi a injecté davantage d’éléments de stabilité et de certitude dans le monde actuel. Les relations sino-russes ont donné un exemple pour les relations entre les grands pays et inspiré les pays d’Amérique latine en quête de coopération, affirme Fernando Huanacuni.

Pour Serik Korzhumbaïev, rédacteur en chef du journal Delovoy Kazakhstan (Le Kazakhstan d’affaires) – ces dernières années, les chefs d’Etat des deux pays sont restés en contact étroit de diverses manières, élaborant des plans pour les relations sino-russes. Selon lui, les relations bilatérales russo-chinoises sont devenues plus globales, pragmatiques et stratégiques.

De son côté, le sociologue argentin Marcelo Rodriguez considère «que nous sommes à un tournant de l’histoire de l’humanité et les relations sino-russes génèrent un nouveau paradigme pour ce que les relations internationales doivent être».

Abdullah al Faraj, expert des relations sino-russes au Centre de recherche et de connaissances en intercommunication, un groupe de réflexion basé à Riyad, la capitale saoudienne – «les relations sino-russes sont caractérisées par l’égalité et le respect mutuel, et la vision incarnée dans leurs relations gagne de plus en plus de soutien international».

Il est évidemment très important également d’attirer l’attention sur le commentaire accordé à la presse du ministre chinois des Affaires étrangères Qin Gang (ex-ambassadeur de Chine à Washington, où il était en poste jusqu’à fin décembre dernier), qui affirme que la visite de Xi Jinping en Russie – peut être largement considérée comme un événement majeur, doté d’une grande portée géopolitique.

Comme le note l’actuel chef de la diplomatie chinoise – la Chine et la Russie doivent travailler ensemble pour orienter et faire avancer la gouvernance mondiale dans une direction capable de répondre aux attentes de la communauté internationale et pour promouvoir la construction d’une communauté de destin pour l’humanité.

Pour lui – la principale contradiction du monde d’aujourd’hui n’est pas la prétendue opposition entre «démocratie et autocratie» mise en avant par un petit groupe de pays, mais une lutte entre le développement et l’endiguement du développement, entre la justice mondiale et les politiques de puissance, et face à la montée de l’unilatéralisme et de l’hégémonisme, il était plus nécessaire que jamais pour la Chine et la Russie de consolider et de renforcer leur coordination stratégique.

Qin Gang a également indiqué que les deux pays s’engageaient à promouvoir un monde multipolaire et une plus grande démocratie dans les relations internationales. Et que cela répond aux exigences de maintien de l’équité et de la justice internationales, est propice à la construction d’une communauté de destin pour l’humanité, représente la bonne direction du progrès et du développement de l’histoire, et dépasse le cadre des relations bilatérales pour acquérir une importance mondiale. Le haut niveau de confiance mutuelle qui règne entre les deux chefs d’Etat permet de fournir une orientation stratégique et des garanties politiques solides au partenariat de coordination stratégique global sino-russe à l’ère nouvelle.

Pour parler maintenant des perspectives, il est aujourd’hui effectivement évident que l’ère multipolaire se renforce considérablement avec le soutien affirmé de la majorité des peuples planétaires. Pendant ce temps, le petit groupe de pays pour reprendre l’expression du ministre chinois des Affaires étrangères, s’enfonce chaque jour un peu plus. Le ridicule est tel que les instruments propagandistes de l’extrême minorité planétaire occidentale poursuivent la fameuse rhétorique des sanctions et d’isolation vis-à-vis de ses adversaires.

Fait fortement intéressant: si la première visite officielle à l’étranger de Xi Jinping après avoir été reconduit à la tête de la République populaire de Chine représente bien évidemment celle du chef d’Etat de la première puissance économique mondiale en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat, mais également démographique, il est à noter que tout récemment se trouvaient également à Moscou les délégations parlementaires de 40 pays africains pour les travaux de la deuxième Conférence parlementaire Russie-Afrique, représentant toutes les régions du grand continent africain. Pour rappel, la population de la Chine dépasse 1,4 milliards d’habitants. La population actuelle du continent africain – dépasse également 1,4 milliards d’habitants. Juste pour rappel.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Afrique: les USA tentent ouvertement de prendre le leadership occidental sur le continent

17.03.2023

Face aux multiples échecs des Occidentaux sur le continent africain, Paris en tête, l’establishment washingtonien tente par tous les moyens de maintenir l’influence occidentale en terre stratégique africaine. Et par la même occasion se bat pour réduire l’influence de Pékin et de Moscou sur le continent.

Les élites occidentales mettent le plein d’efforts en vue de tenter à se repositionner en Afrique. Si du côté de Paris et malgré toutes les tentatives récentes de sauver ce qui est encore possible à sauver, le constat va clairement dans le sens d’un échec évident, aujourd’hui le maître de l’axe occidental-otanesque en la qualité de Washington tente de son côté à prendre la relève et barrer la route à l’axe sino-russe et celui de la multipolarité.

Ainsi, le chef de la diplomatie US Blinken est de nouveau en tournée en Afrique. Il a visité d’abord l’Ethiopie, pays qui était pourtant encore récemment sous la déstabilisation ouverte et assumée de l’Occident, où il a annoncé «une nouvelle aide humanitaire» de 331 millions de dollars.

Le choix de l’Ethiopie n’étant pas un hasard car le pays est stratégique à plusieurs égards. Deuxième en termes démographique à l’échelle continentale africaine avec plus de 120 millions d’habitants, l’un des principaux partenaires de Pékin et de Moscou en Afrique, sans oublier que le siège de l’Union africaine se trouve précisément dans la capitale éthiopienne Addis-Abeba.

Après l’Ethiopie, Blinken sera au Niger. Le choix du Niger n’est certainement pas un hasard non plus car Niamey étant toujours orienté sur l’axe occidental, notamment sur l’Hexagone, à l’heure du large rejet de ce dernier dans plusieurs pays africains.

Mais les relations politiques ne sont certainement pas la seule raison. Le pays riche en ressources naturelles, mais dont profite bien peu la population locale – fait partie des principaux fournisseurs de l’Europe en uranium naturel, avec le Kazakhstan et la Russie. A l’heure où les structures occidentales s’alarment que des pays comme la France restent dépendants dans le domaine nucléaire vis-à-vis de Moscou.

Perdre ainsi un autre allié qui est un fournisseur de taille d’une matière stratégique serait synonyme de catastrophe pour les Occidentaux, d’autant plus qu’ils savent parfaitement qu’une large partie de la société civile nigérienne partage les convictions panafricanistes et souverainistes de ses camarades maliens, burkinabés et d’autres populations africaines.

Et cela d’ailleurs confirme également les prévisions d’Observateur Continental que les ressources naturelles stratégiques représenteront la clé du monde multipolaire post-occidental. A l’heure où il est devenu totalement évident que malgré toutes les belles paroles de l’establishment occidental quant au succès des économies néolibérales – sans l’accès aux ressources naturelles des nations non-occidentales – cet Occident est bel et bien condamné soit à de bien grandes difficultés économiques et industrielles, soit à la catastrophe pure et simple.

Une autre option qui fait trembler à ce titre l’establishment occidental est celle lorsque les pays possédant justement ces ressources naturelles stratégiques, dont nombreux se trouvent précisément en Eurasie et en Afrique, imposeront leur propre mécanisme de régulation des prix sur le marché international, indépendamment des «centres» existant en Occident, ces derniers n’ayant par la même occasion aucun lien avec la propriété sur les dites ressources naturelles.

Il suffira après de créer les mécanismes nécessaires en vue de travailler conjointement pour les pays non-occidentaux sur la transformation des matières premières et c’est ainsi que les nouveaux rapports de force sur ce sujet d’importance effectivement stratégique s’imposeront.

Pour revenir donc à l’énième tournée de Blinken sur le continent africain, il serait aussi important de dire à quel point l’Afrique est importante pour les élites occidentales, qui se battent aujourd’hui de manière ouverte, et habituellement arrogante, pour sauver leurs fameux vestiges de l’unipolarité et écarter au plus tard possible leur chute déjà attendue. Mais bien que Washington tente de modifier les rapports de force sur le continent africain, à l’heure des échecs évidents de ses sous-traitants en la qualité des régimes européistes, il est peu probable que cela aura une influence notable sur la suite des événements.

Mikhail Gamandiy-Egorov