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BRICS: l’alliance pro-multipolaire face à l’élargissement

10.11.2022

L’élargissement de l’alliance des BRICS semble aller de plus en plus vers la voie de la concrétisation, avec la possibilité d’adhésion de nouveaux membres au sein du bloc pro-multipolaire. Le concept des BRICS+ prend une tournure de plus en plus intéressante.

Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) devront certainement bientôt se concerter quant à l’adhésion de nouveaux membres au sein du bloc représentant déjà près de la moitié de la population du monde et plus d’un quart du PIB mondial. Après l’Iran, l’Argentine, l’Egypte, l’Arabie saoudite ou encore la Turquie, ayant exprimé leur souhait à se joindre aux BRICS, désormais c’est également l’Algérie qui a officialisé sa demande d’adhésion.  

S’il est encore tôt de connaitre les étapes d’adhésion pour chacun des dossiers, ainsi que le timing nécessaire, le fait est que cela confirme largement le désir de nombreux pays à se joindre au bloc des grandes puissances internationales, n’adhérant pas à la vision occidentale du monde.

L’autre point important à souligner c’est que tout semble indiquer la bienveillance vis-à-vis des nouvelles adhésions non seulement de la part de la Chine et de la Russie, mais également des trois autres membres composant l’alliance.

Par ailleurs, et ce qui devient également intéressant, c’est que le bloc des BRICS – conçu au départ comme une alliance économique et qu’il est toujours d’ailleurs, poursuit le renforcement de l’interaction dans d’autres domaines importants. Ainsi, l’annonce de nouveaux exercices militaires navals conjoints entre l’Afrique du Sud, la Russie et la Chine, prévus normalement pour février prochain, inquiète déjà de nombreux représentants occidentaux, ainsi que leurs proxys. Ce seront les seconds exercices du genre depuis 2019.  

A ce titre, l’opposition pro-occidentale n’a pas manqué de critiquer cette décision du leadership politique et militaire sud-africain. Mais fort probablement ne pourra pas y faire grand-chose. Après tout, l’expression du «chien aboie, la caravane passe» y trouve tout son sens. Le déroulement des dits exercices conforte l’idée que les BRICS ne se limitent plus uniquement à collaborer dans l’orientation économique, en qualité d’alternative majeure au système occidental, mais s’ouvrent à de nombreux autres domaines d’intérêt stratégique.

Un point important concerne le fait que les divers analystes occidentaux avaient prédit durant de longues années que cette alliance n’allait pas durer, tellement les cultures de chacun des membres sont différentes et que tôt ou tard l’alliance implosera. Nombreux étaient également ceux qui avaient espéré un rôle néfaste du Brésil lors de l’arrivée au pouvoir du président Jair Bolsonaro. Cela n’est pas arrivé, Brasilia ayant pleinement respecté ses engagements au sein du bloc et ayant continué à accroitre son interaction économico-commerciale avec les autres membres, dont la Chine et la Russie.

A ce titre, l’augmentation plus que conséquente des échanges entre le Brésil et la Russie depuis le 24 février dernier ne fait que le confirmer. Pour rappel, une augmentation de 106% sur la base du volume mensuel moyen par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Le retour du président Lula da Silva devrait maintenir le cap, voire le renforcer encore plus, sachant qu’il était l’un des principaux partisans et architectes de l’intégration du Brésil au sein des BRICS. Le tout au grand dam des espoirs occidentaux.

Quant aux autres pays membres, aucune force interne ne semble être en mesure de pouvoir faire basculer les projets du bloc. Pas même l’opposition sud-africaine, qui malgré toute sa rhétorique hostile ne peut défaire le parti historique de Nelson Mandela et de ses camarades – l’ANC. Une chose est sûre: les prochains mois et années seront intenses en termes de travail pour l’alliance des BRICS, et certainement maintenant bientôt des BRICS+.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=4401

L’Occident inquiet de la montée en puissance des BRICS

04.07.2022

Longtemps stigmatisée par les prétendus experts occidentaux, l’organisation des BRICS inquiète vivement désormais les divers analystes issus de l’espace occidental qui la voient comme un bloc plus que jamais ouvertement opposé à l’Occident collectif.

«Un bloc anti-occidental émerge, plus puissant que jamais», titre Die Welt, l’un des principaux quotidiens allemands. L’auteur dudit article, Stefan Aust, affirme que si beaucoup en Allemagne pensent que la plupart des pays du monde soutiennent l’Ukraine, la vérité est pourtant toute autre: l’alliance anti-occidentale devient de plus en plus puissante, politiquement et économiquement – et continue de s’étendre à travers le monde.

Pour lui, le bloc anti-occidental est en train d’émerger, plus puissant qu’à n’importe quel moment de l’histoire. A ce titre, il serait fort juste effectivement de reprendre la piqure de rappel de Lijian Zhao – porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères qui dans sa publication récente indique justement à très juste titre que si la population totale des pays composant le G7 est d’un peu plus que 770 millions de personnes, celle des BRICS représente plus de 3 milliards d’habitants de la planète.

Le haut représentant chinois ne manque d’ailleurs pas d’ajouter que «la prochaine fois qu’ils parleront de communauté internationale – vous saurez ce que cela signifie». En effet, les événements en cours, y compris la propagande occidentale largement russophobe autour de l’Ukraine, ont le mérite d’avoir remis amplement les points sur les «i». A savoir que l’Occident collectif, bien que faisant bloc commun (en qualité des nostalgiques de l’unipolarité) représente dans les faits une infime partie de l’humanité, avec tout ce que cela implique.

Les Occidentaux remarquent aussi avec stupéfaction que malgré les sanctions occidentales visant la Russie, y compris à travers les systèmes de paiement comme Visa ou MasterCard – les Russes peuvent désormais utiliser le système chinois UnionPay (accepté dans 180 pays du monde), que le nombre de voitures et d’autres produits fabriqués en Chine augmente largement sur le marché russe, et que même l’Inde – que les Occidentaux voulaient à tout prix voir dans leur bloc – non seulement n’a pas condamné l’opération militaire spéciale de la Russie, mais au contraire augmente fort considérablement ses échanges avec Moscou. Y compris dans la sphère énergétique, comme Observateur Continental l’avait déjà abordé

Aussi, les analystes occidentaux sont aujourd’hui forcés de reconnaitre, avec amertume bien évidemment, que leur suzerain en la qualité des USA – perd progressivement son influence sur les autres continents également. Y compris dans ce que Washington considérait  comme son arrière-cour, à savoir l’Amérique latine, fait qu’Observateur Continental avait également abordé.

Les Occidentaux reconnaissent également qu’aucun pays d’Amérique latine et d’Afrique n’a soutenu les sanctions occidentales contre la Russie. Tandis qu’en Asie, ils peuvent se comptent sur les doigts d’une seule main: Japon, Corée du Sud, régime séparatiste de Taïwan.

Les analystes occidentaux commencent également à reconnaitre, alors que cela était prédit depuis de longues années, que les grandes organisations internationales non-occidentales telles que les BRICS ou encore l’Organisation de coopération de Shanghai, malgré leurs diversités culturelles et politiques – sont unis dans le rejet face la prétendue supériorité occidentale et des pseudo-valeurs que tente d’exporter l’establishment de l’Occident.

Il faudrait certainement également rappeler que l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et les BRICS – abritent ensemble 4 des 10 principales économies mondiales en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat (Chine – 1ère, Inde – 3ème, Russie – 6ème, Brésil – 9ème) et quatre puissances nucléaires par la même occasion (Russie, Chine, Inde, Pakistan). Tout en représentant à eux seuls de-facto la moitié de la population terrestre et plus d’un quart du PIB mondial.

Cela alors que la seule et véritable communauté internationale garde les portes ouvertes pour d’autres nations. A ce titre l’Iran et l’Argentine ont annoncé leurs ambitions de rejoindre les BRICS. Dans le cas de l’Iran, il faudrait rappeler que son adhésion a été déjà validée à l’OCS en qualité de membre de plein droit. Et cela en tenant compte aussi que les présidents Vladimir Poutine et Xi Jinping souhaitent augmenter l’interaction entre les BRICS, l’OCS ou encore l’Union économique eurasiatique. Sans oublier les grands ensembles régionaux et continentaux, notamment africains et latino-américains.

Pour conclure, résumons. L’Occident comprend de plus en plus que l’ère de son extrême arrogance est bel et bien terminée. Et si avant il y avait encore une porte ouverte à devenir pour cet Occident collectif un membre responsable de la véritable communauté internationale, désormais c’est vraisemblablement trop tard. Le monde ne sera plus seulement multipolaire – il l’est déjà – mais bel et bien multipolaire post-occidental.

Car au-delà d’être effectivement une évidente minorité planétaire sur le plan démographique, sur le plan économique l’Occident ne cesse également de perdre sa position de dominant (dans le Top 10 mondial, désormais moins de la moitié sont des économies occidentales et dans un avenir assez proche elles seront encore moins représentées). Les technologies occidentales deviennent de plus en plus remplaçables, et mêmes perdent de l’importance face aux alternatives chinoises et indiennes pour ne citer qu’elles. Quant aux ressources naturelles – l’Occident n’en possède comme au Moyen-Age tout simplement pas, mis à part celles qu’il pille encore à nombre d’endroits de la planète.

Et dans cette réalité résumée – oui, l’Occident devra effectivement apprendre à faire profil bas face à l’écrasante majorité de la planète et de l’humanité.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Le format des BRICS+ en tant qu’une des priorités des Etats membres

19.06.2022

L’organisation des BRICS semble promouvoir de plus en plus une approche multilatérale permettant une intégration maximale dans le cadre du concept BRICS+, donnant la priorité à la diversité géographique aux pays concernés par cette interaction, et renforçant la thèse d’un ordre multipolaire post-occidental.

L’un des points principaux de la présidence chinoise des BRICS (composée du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud) a été le lancement d’une réunion BRICS+ élargie au niveau des ministres des Affaires étrangères, dans laquelle au-delà des pays membres de l’organisation internationale, ont été conviés les représentants de l’Egypte, du Nigéria, du Sénégal, de l’Argentine, du Kazakhstan, d’Indonésie, d’Arabie saoudite, des Emirats arabes unis et de Thaïlande. Une perspective déjà abordée par Observateur Continental.

Mis à part cette initiative du leadership chinois, Pékin a également présenté un format de dialogue inclusif couvrant toutes les grandes parties du Sud global, réunissant des plateformes d’intégration régionale en Eurasie, en Afrique et en Amérique latine.

Anil Sooklal, ambassadeur spécial d’Afrique du Sud pour les BRICS et les pays d’Asie, en marge du Forum économique international de Saint-Pétersbourg auquel il participe, a déclaré «que le format actuel des BRICS permet aux Etats membres de répondre aux défis géopolitiques et financiers actuels».

Toujours selon lui, l’ignorance par les pays occidentaux de l’architecture multilatérale des affaires internationales en matière de sécurité, ainsi que l’imposition des sanctions contre la Russie – entraînent des problèmes dans les domaines de l’alimentation et de l’énergie. Tout en ajoutant «que nous avons été très souvent privés d’accès aux vaccins. Nous avons également vu l’impact dévastateur des changements climatiques et nous constatons que de nombreux pays dits développés ne partagent par les technologies avec les autres pour surmonter les problèmes existants. Notre président (le président sud-africain Cyril Ramaphosa, ndlr) avait expliqué que nous étions déjà confrontés à des problèmes de sécurité alimentaire et nous nous sommes tournés vers la Russie pour résoudre ce problème».

En termes de perspectives et au-delà d’un élargissement en cours du format de partenariat avec le BRICS+, un point très important concerne effectivement non seulement le maintien des relations stratégiques entre les Etats membres, mais également un renforcement encore plus notable de ces relations.

Ainsi, malgré les multiples tentatives occidentales de saper le développement des relations sino-russes, cela non seulement n’a pas abouti, mais au contraire suit le cours absolument inverse de celui souhaité par les nostalgiques de l’ère unipolaire. La toute récente discussion téléphonique entre les présidents russe et chinois n’a fait d’ailleurs que le confirmer. 

Une discussion durant laquelle le leader chinois a réitéré que la Chine est prête à travailler avec la Russie pour continuer à se soutenir mutuellement sur leurs intérêts fondamentaux respectifs concernant la souveraineté et la sécurité, ainsi que sur leurs préoccupations majeures, en approfondissant leur coordination stratégique et en renforçant la communication et la coordination dans des organisations internationales et régionales importantes telles que l’ONU, les BRICS et l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS).

Autre point très important: la Chine est également disposée à travailler avec la Russie pour promouvoir la solidarité et la coopération entre les marchés émergents et les pays en développement, et pour faire avancer l’ordre international et la gouvernance mondiale vers une direction plus juste et plus raisonnable.

La réalité est devenue parfaitement évidente. Même nombre d’experts intervenant sur les plateaux des chaines occidentales le reconnaissent: la Chine et la Russie se trouvent sur la même longueur d’onde. Une réalité qui a au moins le mérite d’être honnête et comme résultat largement plus appréciée par les téléspectateurs.

De manière générale, il devient évident que les BRICS tout en représentant une large partie de l’humanité, aussi bien du point de vue démographique, économique qu’industriel – misent désormais sur une intégration encore plus large pour définitivement tourner la page d’une fausse communauté internationale, et mettre pleinement en pratique la seule et véritable.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Chine-Amérique latine ou la mise à la porte progressive de Washington

Si la République populaire de Chine s’appuie sur des relations cordiales avec les nations latino-américaines qui sont clairement en opposition à la politique washingtonienne, le leadership chinois développe également et activement les relations avec les pays qui se trouvent encore dans l’orbite des Etats-Unis ou à la croisée des chemins. Le tout au grand dam de l’establishment US.

A l’heure où les positions des principaux adversaires des USA en Amérique latine ne faiblissent pas, et ce malgré toutes les tentatives washingtoniennes de déstabiliser ces pays, l’autre processus qui inquiète vivement les élites étasuniennes n’est évidemment que la poursuite du renforcement des positions de leurs principaux adversaires internationaux, dans ce qu’elles continuent de considérer comme leur «arrière-cour».

Ceci étant dit, et si l’axe progressiste latino-américain – résolument hostile à Washington a traditionnellement des relations poussées avec Pékin, Moscou ou Téhéran, confirmant la thèse d’un éloignement de l’Amérique latine des USA, la particularité à noter est la capacité actuelle de la Chine à faire croître encore plus la pression sur ces derniers en développant activement ses relations économiques, politiques et mêmes militaires avec plusieurs Etats de la région où les positions étasuniennes restent assez fortes.

En effet et alors que les échanges économico-commerciaux entre la RPC et les Etats latino-américains ont augmenté de près de 20 fois entre 2002 et aujourd’hui, la Chine montre clairement sa capacité à interagir avec tous les pays concernés. Même la Colombie, allié traditionnel de Washington et ayant maintes fois assisté ce dernier dans les tentatives de déstabilisation du Venezuela voisin, se rapproche de plus en plus économiquement parlant avec Pékin, comme le notent d’ailleurs plusieurs analystes occidentaux.

Evidemment, cela ne signifie pas pour autant que Bogota pourra sortir si rapidement de l’orbite étasunienne, connaissant notamment les liens fortement étroits qui unissent les représentants de l’establishment US, y compris des services de renseignement, avec l’appareil étatique colombien. Mais après tout, chaque chose en son temps.

Ce qu’il faut également noter, c’est que la Chine ne renforce plus seulement ses liens économiques et commerciaux avec l’Amérique latine, mais augmente également l’interaction militaro-technique. Dans ce volet, les principaux partenaires de la RPC dans la région sont l’Argentine, le Venezuela, Cuba, ainsi que le Pérou. Le tout au moment où Pékin poursuit la promotion active du projet des Nouvelles routes de la soie, et face aux défis que cherchent activement à lui créer à cet effet les Etats-Unis, le leadership chinois poursuit également l’objectif de sécuriser ses intérêts, ainsi que ceux de ses principaux partenaires.

Le cas de l’Argentine est également intéressant dans le sens du basculement observé en Amérique latine. En ce sens, l’analyse approfondie de l’économiste Xavier Dupret est particulièrement intéressante à lire. Notamment pour comprendre l’importance de l’obtention de la souveraineté économique et financière pour ce pays stratégique dans la région.

Une chose est sûre. L’Amérique latine, à l’instar de nombreuses autres régions du monde, suit avec grande attention les processus propres à l’ordre multipolaire international. Si pour certains des Etats concernés, le choix stratégique a déjà été fait depuis un bon moment, pour d’autres l’heure est au basculement en cours.

Il est évident que Washington observe le tout avec vive amertume, en tentant d’engager les instruments de pression habituels. Il n’empêche que face à la superpuissance économique mondiale qu’est la Chine – première économie mondiale en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat, ayant par la même occasion pleinement assumé son rôle d’une des principales puissances géopolitiques mondiales – l’establishment US aura énormément de mal à pouvoir empêcher la réalisation logique des dits processus. Tout le reste n’étant que gesticulations de nostalgiques d’un ordre international dépassé et totalement révolu.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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Pérou: l’Amérique latine progressiste ne faiblit pas

L’élection de Pedro Castillo à la tête de l’Etat péruvien démontre la popularité toujours importante des idées progressistes et souverainistes au sein des nations latino-américaines. Renforçant par la même occasion l’axe pro-multipolaire, il ne demeure pas moins que les défis persistent – y compris en raison de l’hostilité de nombre d’éléments intérieurs, comme extérieurs.

Selon les résultats officiels, Pedro Castillo, candidat du parti socialiste et anti-impérialiste Pérou libre, a remporté le deuxième tour de la présidentielle avec 50,12% des voix. Cet instituteur et syndicaliste que de nombreux analystes ne voyaient pas comme vainqueur potentiel de cette élection doit entrer en fonction le 28 juillet prochain. Pour autant, il doit toujours faire face à l’opposition de sa rivale perdante, Keiko Fujimori, d’obédience libérale-conservatrice, fille de l’ex-président du pays Alberto Fujimori, visée d’ailleurs par des poursuites liées à la corruption. De même qu’à certains ex-éléments de l’armée, hostiles aux idées progressistes du président élu.

Il faut bien le dire, tout au long de la campagne présidentielle, Fujimori ne cessait d’arborer «l’épouvantail vénézuélien» aux électeurs péruviens, stipulant que les problèmes du Venezuela seront ceux du Pérou en cas de victoire de Pedro Castillo. Une tactique qui vraisemblablement n’a pas convaincu plus de la moitié des votants. Peut-être d’ailleurs qu’aussi pour ces personnes ayant voté pour le candidat socialiste, le Venezuela était loin de représenter un exemple négatif, d’autant plus que la candidate libérale a omis de mentionner les raisons majeures des problèmes apparus dans la république bolivarienne. Comme par exemple les sanctions économiques US, l’interférence de Washington dans les affaires intérieures de Caracas, sans oublier les nombreuses tentatives de déstabilisation et de coups d’Etat.

Si sur le plan intérieur, on compte de nombreux soutiens du vainqueur de l’élection au sein du Pérou dit «profond», ainsi qu’au sein de la population autochtone, sur le plan extérieur Pedro Castillo peut incontestablement compter sur le soutien des leaders progressistes d’Amérique latine : de Cuba, Bolivie, Venezuela, Argentine, notamment. Un fait qui ne peut que déplaire évidemment à l’establishment washingtonien, qui voit en cela l’élargissement de l’alliance progressiste latino-américaine hostile à la politique étasunienne.

Si le programme de Pedro Castillo semble prometteur, dans ce pays riche en ressources minières, ses partisans doivent néanmoins rester sur les gardes face aux risques de déstabilisation, voire de coup d’Etat. A ce titre, le président péruvien par intérim, Francisco Sagasti, a vivement critiqué l’appel de certains militaires retraités en faveur d’une intervention de l’armée dans le but d’empêcher que Pedro Castillo puisse prendre le poste présidentiel.

Cela sans oublier le refus de Keiko Fujimori de reconnaitre sa défaite, sachant que sa participation à la présidentielle était également une tentative de pouvoir fuir les poursuites pénales auxquelles elle doit faire face. Pour autant et jusqu’à maintenant, la mobilisation populaire semble rester, encore une fois, la meilleure réponse aux tentatives qui visent à entraver la prise de fonction présidentielle de Castillo.

Si l’Amérique latine a effectivement une longue tradition de coups d’Etat, souvent opérés d’ailleurs par l’intervention de la CIA aux côtés d’éléments réactionnaires face aux leaders progressistes, depuis les dernières années – au-delà de devoir faire face à l’opposition des partisans de la multipolarité face à ces pratiques, notamment au duo sino-russe au Conseil de sécurité onusien, la mobilisation massive populaire, en l’occurrence la véritable société civile – pas celle à la sauce Soros – aura également démontré toute son efficacité. La Bolivie en est d’ailleurs un parfait exemple

En ce sens, l’éveil de la conscience populaire, la souveraineté nationale, la solidarité régionale et continentale, ainsi que l’ordre international multipolaire – restent pour le moment des casse-têtes évidents pour les éléments pro-unipolaires, ainsi que leurs parrains, qu’ils soient d’ailleurs de la CIA ou du réseau Soros. Pour le reste, la situation sera à suivre. Les prochaines semaines seront déterminantes pour le choix démocratique péruvien et sa mise en application.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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Amérique latine vs USA: tout ne fait que commencer

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Les Etats-Unis d’Amérique n’ont jamais abandonné l’idée d’un maintien de l’Amérique latine en tant que leur arrière-cour. Cela est connu des experts, et reconnu au plus haut de l’Etat étasunien. Il n’empêche que les événements en cours dans cette partie du monde confirment que l’affrontement entre la principale puissance néocoloniale et les forces progressistes est à peine à son début.

Si pour certains spécialistes de la question depuis les événements assez récents au Venezuela, le changement de politique du leadership post-Correa en Equateur, sans oublier le départ forcé de Dilma Rousseff du pouvoir au Brésil (avec l’emprisonnement de son allié l’ex-président Lula), le temps de l’axe latino-américain anti-US serait prétendument révolu, il se trouve que lesdits experts se trompent car le véritable combat ne fait réellement que commencer.

Certes, les agents US utilisent aujourd’hui de grands moyens pour atteindre leurs objectifs vis-à-vis des Etats latino-américains hostiles à la politique de Washington. Généreux financement de l’opposition pro-US, infiltration dans les services de défense et de sécurité des pays concernés, larges sanctions économiques et autres embargos, menaces d’une intervention armée…. Les moyens ne manquent effectivement pas chez le régime US.

Et désormais avec le départ forcé d’un autre leader progressiste, en l’occurrence le Bolivien Evo Morales, parti en exil au Mexique, certains sont en train d’applaudir les événements en cours. Mais pas si vite. La réalité est tout de même beaucoup plus têtue que cela. Faisons à cet effet un tour d’horizon de la situation actuelle en Amérique latine.

Si dans le cas de la Bolivie, l’heure est effectivement à l’incertitude, qu’en Equateur le successeur de Correa en la personne de Lenin Moreno semble clairement chavirer dans l’autre camp, et un Brésil ayant à sa tête un président idéologiquement proche du leadership étasunien, il n’empêche que l’axe progressiste ne compte pas reculer davantage. Cuba tient bon, le Nicaragua sandiniste de Daniel Ortega aussi. Le Venezuela, malgré les innombrables pressions de l’extérieur comme de l’intérieur (ce dernier collaborant activement avec le premier), tient lui aussi. D’une part grâce aux partisans chavistes qui restent encore très nombreux dans le pays, mais également à ses forces armées – refusant dans leur grande majorité de céder aux menaces et intimidations washingtoniennes. Sans oublier l’assistance de ses principaux alliés : Cuba, Chine, Russie, Iran – aussi bien sur le plan diplomatique, qu’économique et sécuritaire.

Un autre événement est passé presque inaperçu dans les médias occidentaux: c’est le retour au pouvoir, suite aux toutes récentes élections présidentielles, des partisans assumés du péronisme en Argentine. En l’occurrence il s’agit de l’élection d’Alberto Fernandez qui sera investi le 10 décembre prochain en qualité de président du pays, et de Cristina Fernandez de Kirchner (ayant été présidente du pays de 2007 à 2015) en qualité de Vice-présidente. Cette dernière on s’en souvient bien était une alliée assumée de l’axe progressiste latino-américain et ferme opposante à la politique étasunienne.

Autre événement important: c’est la sortie de prison justement de l’ex-président brésilien Lula, à la grande joie de ses partisans brésiliens et de ses alliés régionaux. Dans le cas de la Bolivie, rien n’est encore perdu aussi. Evo Morales, bien qu’ayant pris la direction d’un exil temporaire au Mexique, ne s’avoue pas vaincu et promet de revenir «avec plus de force et d’énergie».

En passant, les positions du gouvernement mexicain sont également à saluer. Cette importante puissance émergente latino-américaine, se joint de plus en plus à l’alliance progressiste et souverainiste. En effet, le Mexique – à l’instar de plusieurs Etats latino-américains, ainsi que de la Chine, de la Russie, de l’Iran, de la Turquie, de la Syrie ou encore de l’Afrique du Sud – a apporté son soutien au gouvernement légitime vénézuélien en la personne du président Nicolas Maduro. Désormais, Mexico, après avoir proposé, accorde l’exil au leader bolivien Morales.

Et au-delà d’être une puissance montante, ce pays partage une large frontière commune avec son voisin étasunien, sans compter même la très importante diaspora d’origine mexicaine en «terre» anglo-saxonne. Les choses sérieuses ne font que commencer.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=1223

La présidente argentine à Moscou : nouvelle gifle à Washington

La présidente de la République argentine, Cristina Fernandez de Kirchner, est arrivée dans la capitale russe pour une visite officielle

La présidente de la République argentine, Cristina Fernandez de Kirchner, est arrivée dans la capitale russe pour une visite officielle de trois jours.

Une visite très symbolique, d’une grande personnalité politique. En effet, la présidente argentine fait partie de ces dignes leaders latino-américains menant une politique véritablement indépendante et souveraine, tout en soutenant activement le nouveau monde multipolaire.

Cette visite du leadership argentin en terre russe a confirmé le partenariat stratégique entre les deux pays. Et ce, après la tournée de Vladimir Poutine en Amérique latine de juillet 2014, dont la visite en Argentine. Une tournée ayant confirmé, elle, l’alliance avec la grande majorité des pays concernés. Les deux leaders ont abordé les dynamiques positives dans les relations bilatérales, ainsi que les problèmes existants. A noter que ladite visite a coïncidé avec 130 ans d’établissement des relations diplomatiques entre les deux nations.

Revenons maintenant aux accords qui ont été signés lors de cette visite de la présidente argentine en Russie. Ils sont bien nombreux:

— Mémorandum de coopération entre « Gazprom » et « Yacimientos Petroliferos Fiscales » (YPF) dans le domaine de l’exploitation pétrolière

– Programme de coopération russo-argentine dans le domaine de l’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture pour 2015-2016. A ce titre, la déclaration du ministre argentin de l’Agriculture et de l’Elevage, Carlos Kasamikela, était très significative: « L’Argentine de par sa production peut nourrir 400 millions de personnes. Alors que notre population n’est que d’un peu plus de 40 millions. Nous souhaitons étendre nos relations commerciales en premier lieu avec la Russie ». Tant pis pour les producteurs de l’UE même lorsque leurs « élites » auront retrouvé la raison.— Protocole d’entente sur la coopération dans la construction d’une centrale nucléaire sur le territoire de la République d’Argentine par l’Agence fédérale russe de l’énergie atomique (ROSATOM)

— Programme de coopération dans le domaine de la culture et de l’art entre le ministère de la Culture de la Fédération de Russie et le ministère de la Culture de la République d’Argentine pour 2016-2018

— Mémorandum d’accord entre les ministères russe et argentin de l’Industrie et du Commerce

– Plan de coopération économico-commerciale et dans le domaine des investissements entre la Russie et l’Argentine, dans le cadre de la Commission intergouvernementale russo-argentine sur la coopération économique, commerciale, scientifique et technique pour 2015-2016— Plan d’action pour le développement du partenariat stratégique global entre la Fédération de Russie et la République argentine

— Accord sur la coopération militaire (salut à l’OTAN…) entre les ministères russe et argentin de la Défense

En effet, le partenariat russo-argentin sera global: économico-commercial, politique, militaro-technique, culturel. En parlant des liens politiques, la présidente argentine a réitéré son soutien à la position de la Russie sur la Crimée et le Donbass, tout en remerciant la diplomatie russe sur sa position par rapport aux Iles Malouines. Cristina Fernandez de Kirchner n’a pas manqué de fustiger une fois de plus l’hypocrisie des élites occidentales, notamment en ce qui concerne l’interprétation du droit international selon des doubles standards évidents.

Avec un volume des échanges économico-commerciaux augmenté de plusieurs fois depuis les dernières années, d’autant plus à l’heure d’aujourd’hui avec les nouvelles opportunités s’étant ouvertes à l’Argentine suite aux sanctions de réponse de la Russie visant les pays occidentaux, dont européens. Une compréhension et un soutien mutuels plus qu’évidents sur le plan politique et géopolitique. Ajouté à cela, le partenariat militaro-technique commun qui s’ouvre amplement bien que les deux parties ont décidé de garder le secret sur les détails (et c’est probablement mieux, les curieux et les jaloux n’ont qu’à maigrir).

Sans oublier la sympathie humaine évidente entre la présidente argentine et le président russe, que les rencontres communes ne font que confirmer à chaque nouvelle occasion. Entre temps et depuis les deux mandats de Cristina Fernandez de Kirchner à la tête de l’Etat argentin, elle n’a jamais visité les USA… Plus encore, l’Argentine fait partie des candidats plus que probables pour rejoindre l’alliance des BRICS et peut-être même devenir le sixième membre. Bienvenue une fois encore dans la nouvelle réalité.

http://fr.sputniknews.com/points_de_vue/20150424/1015811373.html

Mikhail Gamandiy-Egorov

Sommet des Amériques à Panama : claque à Obama et aux USA

Barack Obama au sommet des Amériques

Le sourire d’Obama et ses tentatives de faire semblant de maîtriser la situation ne lui ont pas permis de cacher la triste réalité pour lui et son pays : les USA se rapprochent d’un isolement évident dans le cadre des pays d’Amérique latine et des Caraïbes.

Qui aurait pu croire il y a encore 10-15 ans de cela que le pays dit « exceptionnel », se permettant encore à l’heure d’aujourd’hui de parler en porte-parole (autoproclamé) de la communauté internationale et agir en qualité de « gendarme » pouvant « isoler » qui que ce soit, arriver à la situation où c’est lui qui se retrouve clairement isolé, et ce dans ce qu’il considérait (et aimerait considérer encore) comme son arrière-cour?

En effet, c’est un bien triste constat pour la diplomatie étasunienne: les USA n’impressionnent plus. Leurs visions unipolaires du monde sont complètement hors-sujet dans le cadre du monde actuel. La très grande majorité des leaders d’Amérique latine n’ont à ce titre pas manqué d’afficher clairement leur unité face au souriant (nerveusement?) Barack Obama…

Les critiques de la politique US étaient explicites et sans langue de bois. Le président de la « nation exceptionnelle » ne pouvait en retour que continuer à sourire ou à faire semblant de ne pas entendre toutes les critiques le visant lui et plus généralement la politique de son pays, se trouvant encore psychologiquement dans une époque aujourd’hui révolue.

Mais à un moment ou un autre, il faut bien se rendre un minimum à l’évidence. Les USA faisaient bien lors de ce sommet figure d’un pays isolé. Plus encore, les quelques tentatives de manifestations pro-US de certains « dissidents cubains », ou plutôt d’agents de la CIA dans les rues panaméennes, ont rapidement dû faire face à de jeunes cubains et vénézuéliens venus soutenir leurs gouvernements avec des slogans ouvertement anti-étasuniens.

Ces images étaient d’ailleurs très symboliques: de vieux « dissidents » manipulés et contrôlés par le département d’Etat des USA, travaillant pour certains depuis des décennies contre les intérêts de « leurs pays » en face d’une jeunesse au sang neuf, fière, patriotique et déterminée d’aller jusqu’au bout, pas moins que leurs dignes dirigeants, devenus des symboles pour tout un continent et même pour le monde. On pense à Fidel Castro, Che Guevara, Hugo Chavez. L’opposition entre le vieux monde unipolaire et la jeune et fraîche multipolarité, enfin devenue réalité. Ce qui est sûr, c’est que la relève est bien assurée. Et cela ne peut que ravir.

Il ne restait donc à Obama qu’à affirmer, presque en se justifiant, que « la nouvelle politique des USA envers les Etats d’Amérique latine et des Caraïbes ne sera plus jamais la même ». Et plus que cela (c’est d’ailleurs sur cet aspect que les médias du mainstream ont accentué leur « attention »), le président US est allé à des rencontres privées avec les leaders cubain et vénézuélien, Raul Castro et Nicolas Maduro. Les pays donc les plus visés, dans le cadre des Amériques, par les agressions & tentatives de déstabilisation US récentes et moins récentes. Des pays aujourd’hui devenus des exemples de résistance au néocolonialisme Made in USA et de la défense absolue de la souveraineté pour grand nombre d’autres pays de la région, du continent et bien au-delà. Des nations qui ont beaucoup inspiré d’autres. Et malgré un certain optimisme diplomatique affiché suite à ces entretiens où vraisemblablement le franc-parler était maître (ne serait-ce qu’au niveau de Castro et de Maduro, pour Obama on peut en douter), les USA sortent véritablement perdants de ce sommet avec pour résultat une preuve supplémentaire qu’ils ne sont plus en capacité de poursuivre leur diktat. Quoi de mieux donc que de reprendre les principales citations de plusieurs chefs d’Etats lors de ce sommet:

« Je vous respecte mais je ne vous fais pas confiance, M. Obama ». Nicolas Maduro, président de la République bolivarienne du Venezuela.

« Nos peuples n’accepteront plus jamais la tutelle, l’ingérence et l’interventionnisme dans nos affaires intérieures ». Rafael Correa, président de la République de l’Equateur.

« L’époque actuelle ne peut plus permettre et tolérer des mesures unilatérales et des politiques visant à isoler ou sanctionner tel ou tel pays. C’est pourquoi nous rejetons l’adoption des sanctions US contre le Venezuela ». Dilma Rousseff, présidente de la République fédérative du Brésil.

« C’est tout simplement absurde de considérer l’un d’entre nous — pays d’Amérique latine — comme une menace ». Cristina Fernandez de Kirchner, présidente de la République argentine, faisant allusion elle aussi aux sanctions US visant Caracas.

« Les USA doivent cesser de transformer le monde en un champ de bataille. Les Etats-Unis continuent de considérer l’Amérique latine et les Caraïbes comme leur arrière-cour et les habitants de nos pays comme leurs esclaves »… Evo Morales, président de l’Etat plurinational de Bolivie.

http://fr.sputniknews.com/points_de_vue/20150413/1015633071.html

Mikhail Gamandiy-Egorov