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Le soutien international en faveur de la Russie augmente (étude britannique)

09.03.2023

Depuis le lancement de l’opération militaire spéciale, le soutien plus ou moins affiché à la Russie à divers endroits du monde grandit. Cela concerne également les pays adoptant une position neutre et qui refusent eux-aussi à se joindre à l’axe anti-russe promu par l’Occident. C’est ce qu’il ressort de l’analyse d’un célèbre cabinet britannique.

L’analyse de l’équipe globale de prévision de l’Economist Intelligence Unit (EIU), cabinet britannique appartenant à The Economist Group, qui offre des prévisions et des services de conseil à ses clients au niveau international, montre qu’un nombre croissant de pays se rangent aujourd’hui du côté de la Russie.

Ce que note ladite analyste occidentale, c’est que depuis l’année dernière la situation n’a pas beaucoup changé pour les pays occidentaux et pro-occidentaux. Un bloc qui selon EIU représente environ 36% de la population mondiale. Le nombre de pays neutres est quant à lui passé de 26 à 35 (représentant désormais près de 31% de la population mondiale). Les analystes du cabinet britannique indiquent que certains pays qui étaient précédemment alignés sur l’Occident, dont la Colombie, la Turquie et le Qatar – sont ainsi entrés dans cette catégorie de pays neutres, au moment où leurs gouvernements cherchent à tirer des avantages économiques dans le cadre de l’engagement avec les deux parties. Cependant, la Russie et la Chine font monter les enchères en «recrutant» selon les termes employés par l’étude occidentale les pays non-alignés et neutres, en leur faveur.

Ainsi, pour Agathe Demarais, directrice générale de la prévision chez EIU, «la Russie et la Chine courtisent les pays neutres non-alignés dans le but de semer le doute sur les effets des sanctions visant la Russie et de tirer parti du ressentiment contre les anciennes puissances coloniales. Nous pensons que les deux pays intensifieront ces efforts dans les années à venir, posant des défis croissants aux démocraties et à la diplomatie occidentales, qui n’ont pas encore saisi toute l’ampleur de ce défi».

Aussi, ladite étude mentionne que le plus grand changement de position a été parmi les pays qui penchent vers la Russie: leur nombre est passé de 25 à 36. La Chine reste le pays le plus important dans cette catégorie, mais d’autres pays en développement (notamment l’Afrique du Sud, le Mali et le Burkina Faso) ont également évolué dans ce groupe, qui représente 33% de la population mondiale. Ces tendances mettant en évidence l’influence croissante de la Russie en Afrique, indique EIU.

Maintenant intéressons-nous encore de plus près à cette étude. En effet, EIU a divisé les pays du monde en cinq groupes: ceux qui condamnent la Russie, ceux qui penchent vers l’Occident, les pays neutres, ceux qui penchent vers la Russie, et ceux qui apportent un soutien officiel et déclaré à la Russie. A notre niveau, rappelons également que nombre de régimes occidentaux avaient plusieurs fois martelé que ceux qui adoptent une position neutre sur le dossier ukrainien, apportent également un soutien à la Russie, car ne la condamnent pas et ne se joignent pas aux sanctions occidentales à l’encontre de Moscou.

En termes donc de poids économique sur le PIB mondial, les régimes qui condamnent la Russie représentent 60,1%, les pays penchant vers l’Occident – 7,8%, les pays neutres – 12%, les pays penchant vers la Russie – 16,8%, et ceux soutenant très ouvertement Moscou – 3,3%. Si l’on doit donc faire la somme des trois groupes qui ne font pas partie de la coalition occidentale anti-russe (soutiens déclarés à la Russie, penchant vers la Russie et neutres), nous obtenons un total de 32,1% du PIB mondial – correspondant plus ou moins au poids économique international actuel des puissances émergentes non-occidentales, notamment les BRICS.

Sur le plan démographique, EIU indique que les pays condamnant la Russie représentent 15,2% de la population mondiale, ceux penchant vers l’Occident – 20,7%, ceux adoptant la neutralité – 30,8%, ceux penchant vers la Russie – 27,8%, et ceux soutenant officiellement la Russie – 5,5%. Ce qui revient à dire que le pourcentage total de la population mondiale qui n’adhère pas à la coalition russophobe occidentale représente au total : 64,1% de la population terrestre.

Quant aux principales évolutions de positions des Etats depuis l’année dernière auxquelles fait également référence l’Economist Intelligence Unit, il s’agit des points suivants. La Colombie, la Turquie et le Qatar sont passés du statut penchant vers l’Occident à neutre. La Bolivie, l’Afrique du Sud et l’Ouganda – de la neutralité à penchant vers la Russie. L’Iran, le Mali et le Burkina Faso – de penchant vers la Russie à un soutien déclaré en faveur de Moscou. Le seul pays mentionné ayant évolué dans le sens contraire, en faveur donc des thèses occidentales, étant le Bangladesh – du statut neutre à penchant vers l’Occident.

Maintenant permettons-nous quelques commentaires. Tout d’abord, il est évident que le ton choisi par les analystes d’EIU est résolument amer. Constatant que cela représente un défi pour les prétendues démocraties occidentales. Comme si la notion même de démocratie était une propriété exclusive de l’Occident. Et comme si l’Occident, et plus particulièrement l’establishment otanesque, avait une quelconque légitimité à pouvoir ne serait-ce que mentionner le mot de démocratie.

D’autre part, ce qui est tout de même fort révélateur – c’est le fait qu’encore une fois le minimum d’objectivité et la constatation d’un certain nombre de faits ressortent plus souvent de l’axe anglo-étasunien, qui tout en étant de loin le principal adversaire à l’alliance sino-russe et plus généralement à l’axe de la multipolarité, possède une capacité d’analyse résolument meilleure que les régimes ayant totalement perdu leur indépendance en faveur justement de cet axe anglo-saxon, notamment l’Hexagone ou le régime allemand.

Enfin, il faut tout de même rappeler que ladite étude reste une étude occidentale, qui tout en admettant un certain nombre de faits devenus impossibles à faire voiler – «oublie» de prendre en compte le poids du soutien de nombreuses sociétés civiles en faveur de la Russie et de l’ordre multipolaire international, à divers endroits de la planète – y compris dans des pays qui restent sous la coupe occidentale. Et là, il est très fort probable que le soutien en faveur de la Russie, et donc de tous les partisans de la multipolarité, sera bien au-dessus des 64,1% de la population mondiale, comme le prétend l’EIU.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Burkina Faso: adieu la Françafrique, bonjour l’Afrique!

24.01.2023

Après plusieurs échecs du régime français en terre africaine, l’effet domino se poursuit de manière attendue. Désormais et suite aux revendications populaires, c’est au tour des autorités du Burkina Faso d’officialiser la demande de départ des troupes françaises du sol national. Le système néocolonial de la Françafrique semble définitivement en chute finale.

Suite à l’annonce par les autorités burkinabè de l’exigence pour les troupes françaises se trouvant au Burkina Faso de quitter le pays dans un délai d’un mois – le président hexagonal Macron avait demandé des «clarifications». Des clarifications désormais obtenues: le gouvernement du Burkina Faso confirme avoir demandé le retrait des troupes françaises.

La confirmation est venue du porte-parole du gouvernement – Jean-Emmanuel Ouedraogo, dans une interview à la Radio-Télévision du Burkina (RTB). Si pour le moment, il ne s’agit pas d’une rupture diplomatique entre Ouagadougou et Paris, la page du partenariat militaire se termine bel et bien. Et ce de manière parfaitement logique et attendue, aussi bien par la société civile burkinabè, que par de nombreux autres citoyens africains.

En effet, et comme nous l’avions déjà plusieurs fois abordé – les mobilisations populaires souverainistes, le panafricanisme et la réalité multipolaire internationale ont complètement mis à mal la présence des nostalgiques de l’unipolarité sur le sol africain, ainsi que l’interférence fortement néfaste de ces derniers dans les affaires des Etats de l’Afrique. Et après la Centrafrique, le Mali, ou encore l’Ethiopie – il est devenu évident que les schémas néocolonialistes mis en place par les régimes occidentaux sur le continent africain – n’avaient plus du tout leur place.

Comme nous l’avions également souligné précédemment, les dits régimes atlantistes se retrouvent de-facto impuissants face aux millions de citoyens de pays africains mobilisés et qui comprennent parfaitement les événements en cours à l’échelle régionale, continentale et internationale. Et l’effet domino que nous avions également plusieurs fois abordé – est toujours et plus que jamais d’actualité. Et fort certainement ne fera que se poursuivre.

Pendant ce temps, il est évident qu’au lieu de changer de mentalité et devenir des acteurs constructifs du monde multipolaire et du destin commun de l’humanité – pour reprendre la notion du leadership chinois – l’establishment occidental maintient une approche arrogante, méprisante et condescendante vis-à-vis des Etats et peuples africains. Et plus généralement – vis-à-vis de tous les peuples non-occidentaux, et surtout ceux qui ne partagent pas leurs fameuses pseudo-valeurs, certainement occidentales, mais aucunement universelles.

Bien qu’il soit vrai aussi que tout en maintenant une approche arrogante propre à l’Occident depuis des siècles déjà – les derniers événements à l’échelle internationale – démontrent que le petit monde occidental se rend tout de même compte qu’il est loin, très loin, de pouvoir compter sur un large soutien à l’échelle de l’écrasante majorité de l’humanité.

Dans cette perspective, le pays de Thomas Sankara fait clairement le choix d’une rupture avec le régime hexagonal et les réseaux françafricains. Des réseaux qui tout en continuant à accuser la Russie, la Chine, la Turquie et d’autres puissances non-occidentales de leurs propres échecs abordés tellement de fois, refusent surtout à se regarder de manière un minimum objective dans le miroir.

Dans tous les cas – le Burkina Faso semble désormais définitivement faire le choix de l’orientation panafricaniste et pro-multipolaire. Tout en disant adieu à un système qui n’a plus du tout sa place dans le monde contemporain. Et ce – ni en Afrique, ni ailleurs.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=4583

Burkina Faso: les Occidentaux s’agitent déjà

11.10.2022

Alors qu’il est toujours trop tôt à pouvoir déterminer l’orientation que privilégieront les nouvelles autorités burkinabés, l’inquiétude grandit au sein des cercles occidentaux. Après les échecs subis dans de nombreux pays africains, le Burkina Faso risque de devenir la goutte de trop pour un establishment occidental largement rejeté en Afrique.

Des inquiétudes et diverses interprétations de Paris jusqu’aux pressions et mises en garde de Washington, décriées par les experts africains, la tendance semble aller assez clairement en direction de nouveaux défis pour l’establishment occidental.

Après les échecs au Burundi, en Centrafrique, en Ethiopie ou plus récemment au Mali – le processus de la chute d’influence non plus seulement du système françafricain, mais plus globalement occidental, ne semble pas pouvoir être stoppé en Afrique. Et si bien même que Washington a tenté de surfer sur la vague panafricaine, en utilisant des éléments qui reprenaient le discours anti-français tout en promouvant la ligne pro-étasunienne, en d’autres termes en poignardant son propre allié, aujourd’hui lui aussi doit se rendre à l’évidence d’être largement rejeté, au même titre que Paris.

D’où les nouvelles menaces et mises en gardes, notamment à destination des nouvelles autorités burkinabés. Le seul souci pour les élites atlantistes, c’est qu’elles oublient une fois de plus que dans la réalité contemporaine, elles n’ont plus seulement en face des leaders de plus en plus à l’écoute de leurs populations, mais justement ces mêmes populations – déterminées à en découdre une bonne fois pour toute avec le système néocolonial occidental sur leur sol.

Les élites occidentales, dans l’extrême arrogance et sentiments de prétendue supériorité qui les caractérisent, pensent fortement à tort que leurs assassinats des grands leaders panafricains, dont Patrice Lumumba, Thomas Sankara, plus récemment Mouammar Kadhafi, et bien d’autres encore – ont été oubliés dans la mémoire collective africaine. Il n’en est rien.

Au contraire et plus que jamais des millions et des millions d’Africains reprennent le flambeau des leaders tombés. L’Occident avait beau tenté à détruire, humilier leur mémoire – rien n’y fait, c’est le retour des flammes à l’envoyeur. Et rien ne semble être en mesure non seulement à éteindre les dites flammes, mais même ne serait-ce qu’à faire baisser leur intensité.

Dans cette perspective, les nouvelles agitations, menaces, intimidations occidentales ont vraisemblablement le mérite d’augmenter la puissance du feu dans lequel brûlent leurs projets malsains pour le continent africain. Faibles en analyse des peuples non-occidentaux, peut-être par manque de capacité intellectuelles, mais surtout car étant incapables de se défaire de la posture néocoloniale ancrée en eux depuis des siècles, Washington, Londres comme Paris continueront à cueillir les «fruits» de leur politique.

Encore une fois et quels que soient les futurs choix stratégiques de Ouagadougou, les autorités nationales ne pourront rester sourds aux appels de la population du pays. Les mobilisations populaires ne sont pas prêtes à s’arrêter et la vague panafricaniste continuera à balayer l’arrogance occidentale. Et si aujourd’hui en Ukraine se déroule le combat contre les derniers vestiges de l’unipolarité atlantiste, c’est notamment en Afrique que se jouera très certainement l’avenir du monde multipolaire post-occidental.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Burkina Faso: le rejet de la Françafrique au summum

04.10.2022

S’il est encore difficile de déterminer la voie que choisiront les nouvelles autorités burkinabés après le récent coup d’Etat militaire, une chose demeure évidente: le rejet quasi-total de l’orientation françafricaine par les populations concernées. Un rejet qui, s’il n’est pas écouté correctement, ne fera que relancer d’autres révolutions populaires.

Une fois de plus, Paris voit très mal les événements en cours dans ce qu’il considère comme son prétendu pré-carré, une notion qu’il devra fort probablement oublier au plus vite. Et ce qui fait le plus mal aujourd’hui au système néocolonial de la Françafrique, et plus généralement à l’establishment occidental, ce ne sont pas tant les coups d’Etat militaires communément appelés comme tels dans le mainstream médiatique de l’Ouest, mais bien les mobilisations sans précédent des populations africaines.

Après tout et si l’on prend les principaux échecs jusqu’à présent pour l’establishment hexagonal en Afrique francophone, à savoir la Centrafrique et le Mali, les deux cas restent différents et ressemblants au même moment. Différents dans le sens de l’organisation des pouvoirs concernés, ressemblants car jouissant d’un très large soutien populaire à l’intérieur des pays cités.

Plus que cela, et comme nous avons souvent répétés dans le passé – les cas de la RCA et du Mali – d’exemples longtemps cités comme étant parmi les plus négatifs à l’échelle continentale en raison de l’insécurité quasi-chronique – sont désormais devenus d’énormes sources d’inspiration pour beaucoup d’autres nations du continent africain.

Pour revenir au Burkina Faso, les experts africains s’accordent à dire que quelle que soit la suite des orientations choisies par le nouveau pouvoir, suite au coup d’Etat conduit par le capitaine Ibrahim Traoré, le principal étant de ne pas faire le jeu de Paris. Car c’est précisément ce que reprochent les citoyens burkinabés à Paul-Henri Damiba, déchu à la suite de ce nouvel coup d’Etat militaire.

Quant aux drapeaux russes que portaient de nombreux manifestants au Burkina Faso, comme d’ailleurs à l’instar d’autres pays africains, si en Occident beaucoup sont ceux qui souhaitent y voir une «main de Moscou», la réalité démontre plutôt qu’ils sont, une fois de plus, si loin du compte.

La réalité étant surtout que les Africains rejettent, sans plus le moindre doute, massivement la politique hexagonale et occidentale – aussi bien vis-à-vis de leurs pays respectifs, de leur continent, et plus généralement à l’échelle internationale. Quant à la Russie, beaucoup de citoyens africains la voient si ce n’est pas comme la force libératrice, alors au moins stabilisatrice, qui contribue à apporter la sécurité, notamment face aux divers groupes terroristes, tout en remettant de l’ordre face à l’arrogance néocoloniale occidentale. Une arrogance que les Africains, dans leur très large majorité, ne toléreront plus jamais.

Et ce qui fait effectivement si peur aux élites occidentales, c’est que si bien même quand elles arrivent à corrompre certains nouveaux pouvoirs africains en place, ou du moins à les forcer à faire marche arrière sur certaines de leurs promesses, évidemment ce schéma ne marche vis-à-vis des millions et des millions de citoyens africains, qui se revendiquent du panafricanisme et de la multipolarité.

Au Mali comme en Centrafrique, où le pouvoir militaire dans le premier cas, civil dans le deuxième, marchent main dans la main avec les aspirations populaires, représentent le plus grand et principal défi aux néocolonialistes résolus, des néocolonialistes nostalgiques du diktat unipolaire par la même occasion.

Dans le cas du Burkina Faso, s’il est encore trop tôt à connaitre les choix stratégiques qui se feront par le nouveau pouvoir en place, l’essentiel étant qu’il ne pourra se permettre de ne pas prendre en compte les attentes de la population burkinabé. Et si en Afrique très nombreux sont ceux qui associent déjà le leader malien Assimi Goïta au légendaire Thomas Sankara, les autorités du Burkina Faso devront encore attendre et démontrer si une telle comparaison avec leur grand compatriote pourra elle aussi se faire à leur encontre.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Paris incapable de se défaire de sa politique néocoloniale en Afrique

A l’heure de l’accélération de la chute d’influence sans précédent de l’Elysée sur le continent africain, l’establishment hexagonal continue de chercher des boucs-émissaires pour ses échecs. Le tout en s’obstinant à refuser de regarder la réalité en face : celle que le rejet en masse de la politique néocoloniale de Paris concerne de très loin et en premier lieu les Africains. Et non pas de prétendus acteurs externes.

Tout semble en effet s’accélérer dans les problèmes auxquels fait face le système de la Françafrique. Bien que les principaux acteurs de cette dernière continuent de prétendre que cela n’est que l’œuvre de puissances «hostiles», parmi lesquelles la Russie, la Chine, l’Iran ou encore la Turquie.

Les différents formats que Paris cherche à faire adopter dans son prétendu renouveau relationnel avec les pays africains ne changent absolument rien pour une opinion publique africaine lassée de regarder les faux beaux sourires après des années d’interventions néocoloniales dans les affaires intérieures et les manipulations à grande échelle qui s’en suivaient. Faire semblant à prétendre ne pas voir cette réalité pour les responsables élyséens équivaut à devoir accepter une suite des événements qui ne fera qu’exacerber l’hostilité de très nombreux Africains à l’encontre de la politique française et plus généralement occidentale.

Après l’échec déjà subi en Centrafrique et celui en cours au Mali, les récentes manifestations de masse contre la présence militaire française au Burkina Faso, puis au Niger, ont remis au grand jour une réalité que nous avons déjà abordé nombre de fois. A savoir que les échecs de l’establishment hexagonal en Afrique ne sont l’œuvre que de son extrême arrogance, une mentalité purement néocoloniale, et des objectifs ouvertement prédateurs à l’encontre des Etats africains.

Evidemment, l’Elysée comme le Quai d’Orsay pourront continuer à faire leurs «beaux» communiqués et donner des interviews aux médias francophones, comme anglophones – eux aussi en extrême perte d’influence dans l’espace médiatique africain, où ils poursuivront leurs accusations à l’encontre des acteurs internationaux – qui jouissent d’un large soutien auprès de nombreux habitants d’Afrique.

Il est évident que notre objectif n’est pas de donner de quelconques conseils à des personnages qui s’estiment toujours exceptionnels et qui pensent avoir (encore) la légitimité de détenir le pouvoir mondial – car se considérant être les pseudo-vainqueurs de la guerre froide. Et pensant avoir encore les moyens de nous forcer tous, ou du moins l’écrasante majorité de l’humanité, à retourner vivre à l’ère unipolaire. Bien sûr que non. Mais face à chaque mensonge propagé – les points sur les «i» continueront d’être remis.

Dans tous les cas, les meilleures juges seront les populations concernées. Et en ce qui concerne l’Afrique, il faut être aujourd’hui complètement aveugle et mentalement malade pour ne pas voir de quel côté penchent résolument la balance et les sympathies. Aussi, personne n’accordera plus de confiance à un autre partenaire pour les beaux yeux. Mais peut-être que tout simplement, les peuples africains ont parfaitement compris dans leurs observations et analyses personnelles – qui sont les prédateurs et les hypocrites, et qui sont les partenaires qui méritent leur confiance.

Tout le reste – n’étant que gesticulations de personnages vivant de leur entier dans une ère révolue et qui ne reviendra pas. Cette ère est bel et bien partie. Et avec elle bientôt ses nostalgiques néocolonialistes.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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Sommet Afrique-France: synonyme d’un échec flagrant?

Le sommet Afrique-France de Montpellier a remis à l’ordre du jour la perte évidente de l’influence élyséenne dans les pays africains, y compris ceux que Paris considérait encore récemment comme faisant partie intégrante de son prétendu pré-carré.

Il semble évident que l’Elysée se rend compte progressivement que sa parte d’influence en Afrique, y compris francophone, est un processus ayant pris une ampleur de très grande envergure. La tentative d’organiser un sommet Afrique-France, bien que de nombreux observateurs l’appellent sans la moindre hésitation celui de la Françafrique, en «privilégiant» cette fois-ci la société civile aux dépens des chefs d’Etat n’a fait que remettre une couche supplémentaire dans le constat du rejet des Africains de la politique hexagonale sur le continent.

Et ce, malgré le fait que les participants au sommet en question ont été pour nombre d’entre eux triés sur le volet et que de très nombreux Africains se revendiquant clairement du panafricanisme n’y ont été tout simplement pas conviés. Beaucoup sont également ceux qui n’auraient d’ailleurs certainement pas accepté l’invitation, si bien même qu’elle leur aurait été faite.

Le constat est que malgré un format construit au maximum pour tenter à redorer l’image de la France auprès des Africains, ce ne sont pas les accusations vis-à-vis de la politique élyséenne qui ont manqué. A ce titre, lors d’une séance plénière, les participants de divers pays africains ont «bousculé les usages et interpellé le président français», écrit Boursorama.

«La rupture a été voulue par les Africains, il ne faut pas croire qu’elle se décide à Montpellier», s’est exclamée une jeune participante du Mali, Adam Dicko, originaire de la région malienne de Mopti. Une autre participante, appartenant d’ailleurs à un pays anglophone et ne faisant pas partie du soi-disant pré-carré selon la vision élyséenne, en l’occurrence du Kenya, a de son côté sommé Emmanuel Macron de s’engager à mettre fin au système de la Françafrique et ses pratiques opaques, tout en pointant du doigt les contradictions de la politique hexagonale.

Plusieurs d’ailleurs n’ont pas manqué à critiquer ouvertement l’arrogance de l’establishment élyséen, notamment dans sa tentative à prétendre apporter la démocratie. En parlant justement d’arrogance évidente, il est désormais plus que jamais clair que des scènes comme celle d’il y a de cela quelques années lorsque Macron intervenait devant des étudiants au Burkina Faso n’ont plus lieu d’être dans le monde contemporain.

Et au-delà d’ailleurs de l’arrogance et de la familiarité avec laquelle sieur Macron parle à un chef d’Etat souverain, le fait de dire que c’est n’est pas à lui de s’occuper de l’électricité dans les universités du pays hôte, était d’ailleurs, une fois de plus, extrêmement hypocrite. Surtout lorsqu’on connait la dépendance du réseau françafricain pour l’uranium, l’or, le pétrole et nombre d’autres ressources stratégiques africaines.

En d’autres termes – occupez-vous, Africains, de vos problèmes courants… Mais laissez-nous continuer à piller vos ressources, à imprimer votre monnaie, torpiller vos capacités sécuritaires. Et si vous aurez le malheur à tenter de prendre complètement votre destin et votre souveraineté en main, y compris dans vos choix politiques, sécuritaires et de partenaires extérieurs – vous ferez face à un chantage et une pression dont nous sommes des experts reconnus.

Un chantage auquel d’ailleurs a fait récemment référence le Premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga, commentant les nouveaux choix stratégiques de l’Etat malien et du chantage extérieur (occidental) dont l’hystérie grimpe à un rythme fort élevé.

Une fois de plus, la France macronienne a visiblement raté sa chance de s’adapter aux nouvelles règles qui émanent de l’ordre multipolaire international. S’accrochant à une vision purement néocoloniale d’un autre âge, et voulant par la même occasion forcer des Etats africains à rester ses sous-traitants – étant soi-même un simple sous-traitant vis-à-vis de Washington – l’élite élyséenne contribue à l’humiliation subie. De par son arrogance et peut-être aussi par manque de capacités analytiques basiques.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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