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Xi Jinping en Russie et l’ordre mondial contemporain

25.03.2023

Pendant que les élites occidentales continuent de déchanter suite aux résultats de la visite du président chinois en Russie, du côté de la seule et véritable communauté internationale – l’heure est résolument à l’optimisme. Cette évidence confirme de-facto une énième fois l’impuissance des nostalgiques de l’unipolarité.

Si le récente visite officielle du président de la République populaire de Chine, Xi Jinping, en Fédération de Russie avait une importance stratégique pour l’alliance sino-russe qui prend désormais effectivement un nouvel envol, pour la majorité du reste de la communauté internationale elle était également synonyme d’un grand espoir pour la suite du monde multipolaire. Evidemment, cet enthousiasme était loin d’être partagé par les nostalgiques de l’unipolarité, mais cela est désormais complètement secondaire, pour ne pas dire plus.

En ce sens, les principaux médias chinois ont consacré plusieurs comptes-rendus en lien avec la première visite officielle à l’étranger du chef d’Etat de la RPC suite à la confirmation récente de son troisième mandat présidentiel, représentant une première dans l’histoire de la Chine par la même occasion.

Ainsi, si la télévision internationale de Chine CGTN questionné les habitants de la capitale chinoise sur l’importance de la visite de Xi Jinping en Russie, l’agence de presse Xinhua réalisé une synthèse sur la valeur stratégique de ce voyage et des pourparlers au Kremlin entre les présidents chinois et russe.

Comme le note justement Xinhua – la communauté internationale a salué la visite de Xi Jinping à Moscou, décrivant ce voyage d’amitié, de coopération et de paix comme une étape historique. Sous la direction stratégique de MM. Xi et Poutine, la Chine et la Russie ont enrichi leur partenariat de coordination stratégique global à l’ère nouvelle et approfondi leur coopération pragmatique dans divers secteurs, apportant davantage de bénéfices aux peuples des deux pays, selon les observateurs internationaux.

Ces observateurs internationaux se sont également dits convaincus que cette visite contribuerait à améliorer la gouvernance mondiale, promouvrait la construction d’une communauté de destin pour l’humanité et ferait avancer la cause du progrès humain. Parmi les experts interrogés par Xinhua, on retrouve notamment l’ancien ministre bolivien des Affaires étrangères, Fernando Huanacuni – pour qui face à la montée de l’hégémonisme et de l’unilatéralisme, la visite de M. Xi a injecté davantage d’éléments de stabilité et de certitude dans le monde actuel. Les relations sino-russes ont donné un exemple pour les relations entre les grands pays et inspiré les pays d’Amérique latine en quête de coopération, affirme Fernando Huanacuni.

Pour Serik Korzhumbaïev, rédacteur en chef du journal Delovoy Kazakhstan (Le Kazakhstan d’affaires) – ces dernières années, les chefs d’Etat des deux pays sont restés en contact étroit de diverses manières, élaborant des plans pour les relations sino-russes. Selon lui, les relations bilatérales russo-chinoises sont devenues plus globales, pragmatiques et stratégiques.

De son côté, le sociologue argentin Marcelo Rodriguez considère «que nous sommes à un tournant de l’histoire de l’humanité et les relations sino-russes génèrent un nouveau paradigme pour ce que les relations internationales doivent être».

Abdullah al Faraj, expert des relations sino-russes au Centre de recherche et de connaissances en intercommunication, un groupe de réflexion basé à Riyad, la capitale saoudienne – «les relations sino-russes sont caractérisées par l’égalité et le respect mutuel, et la vision incarnée dans leurs relations gagne de plus en plus de soutien international».

Il est évidemment très important également d’attirer l’attention sur le commentaire accordé à la presse du ministre chinois des Affaires étrangères Qin Gang (ex-ambassadeur de Chine à Washington, où il était en poste jusqu’à fin décembre dernier), qui affirme que la visite de Xi Jinping en Russie – peut être largement considérée comme un événement majeur, doté d’une grande portée géopolitique.

Comme le note l’actuel chef de la diplomatie chinoise – la Chine et la Russie doivent travailler ensemble pour orienter et faire avancer la gouvernance mondiale dans une direction capable de répondre aux attentes de la communauté internationale et pour promouvoir la construction d’une communauté de destin pour l’humanité.

Pour lui – la principale contradiction du monde d’aujourd’hui n’est pas la prétendue opposition entre «démocratie et autocratie» mise en avant par un petit groupe de pays, mais une lutte entre le développement et l’endiguement du développement, entre la justice mondiale et les politiques de puissance, et face à la montée de l’unilatéralisme et de l’hégémonisme, il était plus nécessaire que jamais pour la Chine et la Russie de consolider et de renforcer leur coordination stratégique.

Qin Gang a également indiqué que les deux pays s’engageaient à promouvoir un monde multipolaire et une plus grande démocratie dans les relations internationales. Et que cela répond aux exigences de maintien de l’équité et de la justice internationales, est propice à la construction d’une communauté de destin pour l’humanité, représente la bonne direction du progrès et du développement de l’histoire, et dépasse le cadre des relations bilatérales pour acquérir une importance mondiale. Le haut niveau de confiance mutuelle qui règne entre les deux chefs d’Etat permet de fournir une orientation stratégique et des garanties politiques solides au partenariat de coordination stratégique global sino-russe à l’ère nouvelle.

Pour parler maintenant des perspectives, il est aujourd’hui effectivement évident que l’ère multipolaire se renforce considérablement avec le soutien affirmé de la majorité des peuples planétaires. Pendant ce temps, le petit groupe de pays pour reprendre l’expression du ministre chinois des Affaires étrangères, s’enfonce chaque jour un peu plus. Le ridicule est tel que les instruments propagandistes de l’extrême minorité planétaire occidentale poursuivent la fameuse rhétorique des sanctions et d’isolation vis-à-vis de ses adversaires.

Fait fortement intéressant: si la première visite officielle à l’étranger de Xi Jinping après avoir été reconduit à la tête de la République populaire de Chine représente bien évidemment celle du chef d’Etat de la première puissance économique mondiale en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat, mais également démographique, il est à noter que tout récemment se trouvaient également à Moscou les délégations parlementaires de 40 pays africains pour les travaux de la deuxième Conférence parlementaire Russie-Afrique, représentant toutes les régions du grand continent africain. Pour rappel, la population de la Chine dépasse 1,4 milliards d’habitants. La population actuelle du continent africain – dépasse également 1,4 milliards d’habitants. Juste pour rappel.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Chine-Russie-Iran: poursuite du renforcement de l’interaction militaire

Au moment fatidique des tensions de l’axe de la multipolarité face aux nostalgiques de l’ère unipolaire révolue – Pékin, Moscou et Téhéran réaffirment leur ferme solidarité, y compris dans la sphère militaro-sécuritaire, confirmant une fois de plus le rôle crucial de l’espace eurasiatique dans la promotion de l’ordre international multipolaire actuel.

La Chine, la Russie et l’Iran ont terminé des exercices navals conjoints dans le golfe d’Oman, comme l’annonce la chaine internationale chinoise CGTN. Selon le ministère chinois de la Défense nationale, les exercices en question se sont tenus durant trois jours et impliquaient des croiseurs lance-missiles, des frégates et des navires anti-sous-marins.

La partie chinoise avait de son côté envoyé un destroyer lance-missiles, un navire de ravitaillement et plusieurs hélicoptères. 40 membres du corps chinois de marines étaient également impliqués. Les nations participantes ont affirmé que cet exercice visait à approfondir la coopération pratique et à bâtir une communauté maritime pour un avenir partagé.

Ces manœuvres militaires conjointes – troisièmes du genre pour le triumvirat au cours de ces dernières années – ont effectivement une importance particulière, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord et d’un point de vue purement pratique, elles permettent d’accroitre activement l’interaction militaro-technique entre les forces armées des trois nations. Et cela en tenant compte de la régularité de ces exercices, ainsi que des liens stratégiques qui lient les trois puissances sur l’arène internationale.

Le timing choisi est également intéressant. En effet, les manœuvres conjointes ont eu lieu juste après la visite du président iranien Ebrahim Raïssi à Moscou, au cours de laquelle il a rencontré son homologue Vladimir Poutine et s’est également exprimé devant les parlementaires russes. Confirmant une fois de plus le grand niveau de confiance existant entre Téhéran et Moscou.  

Toujours dans le cadre du timing, cela s’est déroulé alors que la Chine et l’Iran ont annoncé la mise en application de l’accord stratégique entre les deux pays signé pour une période de 25 ans. Le tout sans oublier le processus d’adhésion en qualité de membre de plein droit de l’Iran au sein de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), composée de la Russie, de la Chine, du Kazakhstan, du Kirghizistan, de l’Ouzbékistan, du Tadjikistan, ainsi que de l’Inde et du Pakistan.

Le lieu pour ces manœuvres mérite lui aussi une attention particulière. Pour le correspondant de la chaine de télévision TV5 Monde, Siavosh Ghazi, il s’agit d’une région stratégique pour le transport maritime international et une région qui était encore récemment la chasse gardée des Etats-Unis.

Enfin, il serait certainement juste de noter qu’au-delà des tensions montantes des trois pays avec l’establishment atlantiste occidental, l’heure est vraisemblablement plus que jamais à faire front commun au sein des principaux promoteurs de l’ordre multipolaire international – afin de barrer la route à toute tentative agressive des nostalgiques résolus d’un ordre totalement dépassé – celui de l’unipolarité.

Evidemment et au-delà de la Chine, de la Russie et de l’Iran dont l’alliance tripartite n’est plus vraiment à présenter, ce qui est également important de noter c’est que l’axe de la multipolarité obtient un soutien de plus en plus évident à divers endroits de la planète, et ce aussi bien de la part des leaderships militaires, que politiques, le tout sans oublier la large partie de l’opinion publique des pays en question. De l’Afrique à l’Amérique latine, sans oublier le Moyen-Orient et même au sein de l’espace européen, fort nombreuses sont les voix qui s’élèvent en faveur de l’axe multipolaire.

Cela est d’autant plus intéressant que de nombreux pays, y compris considérés traditionnellement proches de l’Occident, qui observent avec grande attention les bouleversements géopolitiques planétaires – souhaitent déjà se rapprocher considérablement des principales puissances eurasiennes. Y compris lorsqu’il s’agit de pouvoir faire partie des nouvelles routes de la soie – le projet chinois de très grande envergure qui permettra d’importantes retombées économiques pour les Etats ayant rejoint ladite initiative, ou seraient en train de le faire.

Un projet par la même occasion qui déplait fortement à Washington, bien que ce dernier soit complètement incapable de proposer quoi que ce soit de comparable face à la superpuissance économique chinoise. Une Chine qui par ailleurs est désormais la première puissance économique mondiale en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat (PIB-PPA). En ce sens, le rapport de vassalité que les USA entretiennent avec leurs principaux partenaires ne fait que démontrer une fois de plus cette incapacité à proposer des schémas gagnants-gagnants.

Une chose est sûre : le triumvirat sino-russo-iranien continuera de jouer un rôle de premier poids non seulement dans le grand espace eurasien, mais également et de façon générale au sein de la communauté internationale. Evidemment – de la véritable communauté internationale – n’étant pas celle qui représente 10-15% de la population terrestre, et qui par la même occasion représente déjà moins de la moitié au sein du Top 10 des principales puissances économiques mondiales. Un déclin qui selon même les analystes occidentaux ne fera que se poursuivre. D’où les actions agressives de l’axe atlantiste pour tenter de stopper la contagion, mais qui vraisemblablement ne pourront aucunement faire basculer un processus déjà fermement engagé.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=3516

https://t.me/axe_afrique_russie/352

https://web.facebook.com/mikhail.egorov.5/posts/10225126597885388

Pour l’Afrique, la coopération russe est un modèle. Entretien avec Lebel N’Goran

Lebel N'Goran

Mondialisation, terrorisme, relations avec les anciennes puissances coloniales, crises politiques… l’Afrique subsaharienne fait face à de nombreux défis, qu’analysent pour Sputnik Lebel N’Goran, spécialiste en stratégie et consultant en sécurité. Pour y répondre, nombreux sont les Africains qui misent sur une coopération renforcée avec la Russie.

Lebel N’Goran est analyste politique ivoirien. Il est spécialiste des questions stratégiques internationales, notamment en lien avec l’Afrique et est par ailleurs le représentant pour l’Afrique de l’Ouest de l’entreprise russe Global Security.

Sputnik: En qualité de citoyen de Côte d’Ivoire, comment évaluez-vous en tant qu’analyste la situation politique et économique de votre pays, ainsi que de l’Afrique de l’Ouest en général?

Lebel N’Goran: Merci pour l’occasion que vous me donnez de partager mon point de vue sur mon pays, la Côte d’Ivoire et l’Afrique. Depuis 2011, la Cote d’Ivoire est politiquement en arrêt. Une majorité issue de deux partis anciennement adversaires (PDCI et RDR) se partagent le pouvoir sans réelle vision politique et de développement. L’opposition, divisée et inconséquente, est inexistante ou pire carrément en déconfiture programmée. L’après-guerre présente une fracture politique due à une justice absolument incompréhensible, à une réconciliation en panne ou non voulue. Politiquement, ce pays est en arrêt. Économiquement, la croissance de 8% annoncée n’est pas ressentie par les Ivoiriens. Une croissance non inclusive dit le gouvernement. Un concept qui signifie que le pays avance, mais personne n’en voit les retombées. Nous sommes dans un poker menteur. C’est triste.

En Afrique de l’Ouest, la bande sahélienne est menacée par le terrorisme, tout comme le nord du Nigeria. Il y a eu des attentats au Burkina et en Côte d’Ivoire, une grande première. Le Togo vit une situation embarrassante politiquement avec un président contesté, le Liberia donne des lueurs d’espoir avec l’élection de George Weah. Le Ghana poursuit une bonne tradition démocratique et développe surtout une économie locale structurée. Elle a gagné le procès contre la Côte d’Ivoire dans le golfe de Guinée et avec les réserves de pétrole, elle va être un pays qui compte.

Le Nigeria a du mal à suivre les réformes de l’administration Buhari. L’inflation fait mal à l’économie et ce géant a toujours du mal à se stabiliser. Globalement, l’Afrique de l’Ouest est statique économiquement et politiquement depuis 5 ans. L’économie est tributaire de la politique, c’est un cercle vicieux. On a toujours les mêmes élans des instances internationales: FMI, BAD, BM… mais la réalité est toute autre. Nous faisons du surplace.

Sputnik: Nombre d’activistes africains, surtout d’obédience panafricaniste, crient au manque d’indépendance et de souveraineté de plusieurs de pays de votre région. Pour autant, les solutions proposées pour y remédier diffèrent d’un acteur à l’autre. Quelle est votre vision sur cette question?

Lebel N’Goran: Les indépendances sont de façade depuis 1960. Il faut être clair. Nous avons encore des bases militaires étrangères (françaises) en 2018. Une monnaie qui dépend du trésor français. Oui, nous ne sommes ni indépendants ni souverains. Nous sommes de facto des banlieues, ou des sous-préfectures. La faute est partagée. Nos leaders n’ont aucune vision stratégique, politique et, pire, sollicitent l’ancienne puissance coloniale dans la gestion des choses de l’État. Nous sommes des pays, mais pas des nations, ni des républiques puisque les lois sont toujours subordonnées à la violence dans bien de cas.

Il faut que les Africains prennent en mains leur destin, définissent leurs priorités, agissent exclusivement pour le bien de leurs populations. Il faut arrêter la politique de la main tendue, se mettre au travail avec des nations exemplaires et modèles. Les Africains doivent comprendre que la charité n’existe pas dans les relations internationales. On doit s’unir et travailler à rattraper notre énorme retard. Il faut penser l’Afrique de demain ensemble, entre Africains. Et bien sûr accepter le concours des nations amies, véritablement amies.

Sputnik: L’un des principaux défis du monde contemporain est celui du terrorisme. La lutte contre ce fléau est aujourd’hui la priorité d’un grand nombre de pays, pratiquement sur tous les continents. Surtout lorsqu’on sait que certains pays pensent que l’utilisation des groupes extrémistes afin d’atteindre des objectifs géopolitiques et géoéconomiques est amplement justifiée.
Depuis les événements en Syrie, la Russie est vue comme une sorte d’avant-garde de la lutte antiterroriste, surtout depuis l’anéantissement à plus de 95% de Daech en terre syrienne —dans lequel la Russie a joué un rôle de premier plan. Comment entrevoyez-vous la coopération Russie-Afrique subsaharienne dans ce domaine, sachant par exemple que certains pays d’Afrique du Nord collaborent déjà très activement avec la Russie sur cette question?

Lebel N’Goran: Les dispositifs antiterroristes sont encore trop lourds en Afrique. Face à une action terroriste légère, rapide et dévastatrice, il faut une réponse adaptée. C’est une guerre différente, donc elle doit procéder avec un dispositif différent. Tant qu’il y aura de bons et de mauvais terroristes comme au Mali, tant qu’il y aura des forces étrangères occidentales positionnées dans nos États, le terrorisme va grandir et se renforcer. Nous allons assister à une radicalisation des actions terroristes. Nous importons de fait une guerre dans laquelle nous n’avons aucun intérêt, où nous ne sommes que protagonistes par défaut. C’est une erreur stratégique que de laisser de développer ce cancer et ces bases militaires étrangères. Nous allons reproduire délibérément un écosystème propice du terrorisme en Afrique.

A contrario, la coopération russe est un modèle du genre. Elle donne de l’autonomie et de la compétence aux forces nationales. Il ne s’agit nullement d’implanter des bases à tout va, mais de permettre aux forces locales de monter en puissance et de gérer les situations en toute indépendance. C’est cela, une coopération efficace. Les Africains doivent gérer leur sécurité en toute autonomie.

Sputnik: Professionnellement parlant, vous représentez en Afrique de l’Ouest une société russe spécialisée dans les questions de sécurité. Localement, quels sont vos principaux domaines d’activité? L’expérience russe est-elle nécessaire dans le domaine des livraisons de technologies et celui de la formation? Entrevoyez-vous aussi de faire venir des spécialistes russes sur place pour des stages de qualification, si cela ne se fait pas déjà?

Lebel N’Goran: Global Security (Global’naya Bezopasnost») intervient dans tous les domaines militaires, sauf pour les questions d’armement et munitions. Nos domaines d’activité sont le contre-terrorisme, la surveillance électronique et spatiale (scanner, détection, drones..), la fourniture de véhicules blindés militaires et civils, les transmissions cryptées, le matériel opérationnel pour les forces spéciales et les unités d’intervention, les matériels volants et navigants, les hôpitaux militaires de campagne… et surtout la formation en gestion des forces armées, police, dans tous les composantes de leurs missions.

Nous aurons cette année des visites d’experts venant de Moscou. Il s’agit de voir les forces en présence, de comprendre les problématiques sur places et d’offrir des services à la carte. Le domaine sécuritaire demande une offre très solide et complète, car les enjeux sont très sensibles.

Il y a déjà des contacts sur lesquels je ne peux pas m’étendre pour des questions de confidentialité.

Sputnik: Vous appartenez à cette jeunesse active africaine résolument tournée vers le concept multipolaire du monde. Que représente concrètement pour vous ce concept? Quel avenir souhaitez-vous pour les relations Afrique-Russie? Et pourquoi selon vous l’exemple russe est de plus en plus cité aujourd’hui comme modèle de développement et d’indépendance au sein de la jeunesse africaine?

Lebel N’Goran: Ces deux dernières décennies nous ont démontré qu’un monde unipolaire est un danger pour la stabilité du monde. Nous avons en exemple l’Irak, la Libye, l’Afghanistan, la Syrie… Le monde multipolaire renvoie à un monde de conciliation, à des décisions collégiales sur la marche du monde. Il ne s’agit plus de faire la guerre à des pays sans mandat, sans tenir compte du droit international ni de la souveraineté. L’exemple de la Syrie est édifiant. Comment peut-on armer des terroristes contre un pays souverain? Et prétendre offrir la liberté et la prospérité?

La Russie revient de loin. Depuis l’époque des Tsars jusqu’à la Révolution d’octobre 1917, de la Seconde guerre mondiale à la chute de l’URSS, le peuple russe a toujours été souverain et fort. La Russie est revenue à sa place à force de travail. La Russie est un exemple de nation qui se bat, qui s’organise, qui s’impose et dit fièrement au monde: nous avons gardé notre héritage de peuple souverain. Je suis personnellement admirateur des maréchaux Gueorgui Joukov et de Vassili Tchouïkov et surtout de la bataille de Stalingrad. On peut vaincre, même quand tout semble perdu.

La Russie est le meilleur exemple historique et récent pour la jeunesse africaine. Le cas de la Syrie est un exemple de loyauté et d’efficacité. La Russie est leader dans de nombreux domaines: technologie, informatique, éducation, agriculture, énergie, aéronautique… L’exemple russe est mieux adapté à notre culture et je le rappelle les Russes n’ont jamais colonisé de pays africain. Logiquement, on ne tombe pas amoureux de ses bourreaux! Nous sortirons du syndrome de Stockholm bien plus vite que certains ne le croient…

Sputnik: Après la chute de l’URSS et une période de reflux de l’influence russe, on assiste dorénavant à un retour de plus en plus évident de la Russie en Afrique. Les élites politico-économico-médiatiques d’un certain nombre de pays le voient d’un bien mauvais œil. En tant que partisan des relations russo-africaines, saurez-vous résister aux pressions qui ressortent logiquement des opposants à ces relations?

Lebel N’Goran: Les temps changent. Les pressions sont effectives, la perception des Russes savamment entretenues, présente un tableau effrayant pour dissuader la connexion. La propagande a atteint ses limites. Personne ne pourra empêcher ces relations. Grâce à Sputnik, RT et autre médias alternatifs, les barrières s’évanouissent. Personne ne pourra empêcher ces relations, la dynamique est lancée.

Il faut que les jeunes Africains et les Africains en général révisent l’histoire. La Russie est certes méconnue, mais elle est un pays avec lequel on peut compter, une nation amie.

Personne ne pourra dicter le choix des amis et des alliés. La Russie a toujours fait preuve de sa fiabilité. Nous irons à la rencontre du peuple russe et des intérêts russes.

Ni shagou nazad: plus un pas en arrière.

https://fr.sputniknews.com/points_de_vue/201801301034948095-afrique-russie-cooperation-lebel-n-goran/

Mikhail Gamandiy-Egorov

En quoi la coopération russo-algérienne est-elle stratégique?

La visite officielle du Premier ministre russe Dmitri Medvedev en Algérie. Photo d'archive

Coopération datant de plusieurs dizaines d’années, les deux pays convergent aujourd’hui dans nombre de domaines. Défense, commerce, géopolitique, lutte-antiterroriste… les intérêts communs de la Russie et de l’Algérie sont loin de manquer.

Au-delà d’une alliance qui dure, il y a aussi des faits qui confirment une certaine ressemblance entre les deux nations. Une chose est certaine: le plus grand pays du monde et le plus grand d’Afrique en termes de superficie n’ont jamais lésiné sur les moyens lorsqu’il s’agissait de défendre la souveraineté et la sécurité nationale. Grande Guerre patriotique pour la Russie face aux nazis: avec les plus lourds sacrifices au niveau mondial, civils comme militaires. L’Algérie, elle, aura sa longue guerre d’indépendance, acquise au prix d’innombrables victimes.

Puis les fameuses années 1990, chaotiques pour les deux pays. Éclatement de l’URSS, appauvrissement d’une large partie de la population, extrémisme et terrorisme, une grande partie du peuple russe se souvient de cette période avec joie de l’avoir surmontée. Guerre contre le terrorisme salafiste à la même période pour l’Algérie, qui a une fois de plus dû compter les martyrs et faire de son mieux pour surmonter cette page terrible de son histoire contemporaine.

Mais les deux nations se sont relevées. Loin de dire que les défis ne manquent pas, le fait est qu’il est aujourd’hui admis que les deux pays sont en position de force: l’Algérie sur la scène régionale et continentale, la Russie sur la scène mondiale. Les soutiens à la souveraineté nationale des États et au concept multipolaire de la gestion du monde sont également des aspects qui rapprochent considérablement Alger et Moscou.

S’il fallait décrire en un mot la politique internationale algérienne, elle se résumerait certainement par le suivant: indépendance. En effet, la République algérienne se démarque très clairement de plusieurs pays arabes de par son indépendance de l’influence politique occidentale. Et cela se traduit sur plusieurs dossiers. Faut-il d’ailleurs le rappeler, l’Algérie a été l’un des rares pays arabes à avoir adopté une position responsable face à la guerre qui a été orchestrée par l’Otan alliée des salafistes locaux contre la Jamahiriya de Kadhafi. En allant même jusqu’à accorder l’asile à plusieurs membres de la famille Kadhafi et en refusant catégoriquement leur extradition aux nouvelles «autorités» libyennes.

Autre exemple: le refus d’Alger de classer, à la demande insistante de l’Arabie saoudite, le mouvement libanais Hezbollah comme terroriste, en appelant à respecter les affaires intérieures libanaises. Tout comme le refus de se positionner contre l’Iran, toujours sous pression de Riyad. Enfin, sur la Syrie, les autorités algériennes se sont également positionnées dès le départ de la guerre en faveur du respect de la souveraineté syrienne. Et, selon plusieurs sources, ont même tenté de réconcilier Damas et Ankara.

Aussi, et cela n’est pas des moindres: l’Algérie représente-t-elle l’un des principaux partenaires militaires de la Russie au niveau mondial. Plus précisément dans le top 3 actuel des plus grands acheteurs d’armement russe à l’international, avec l’Inde et la Chine. En effet, les hélicoptères de combat, avions de chasse, bombardiers, avions de transport et de ravitaillement, défense anti-aérienne, chars, sous-marins, navires, armements légers… de la 2e plus puissante armée d’Afrique (derrière l’Égypte), et 26e au niveau mondial (selon Global Firepower http://www.huffpostmaghreb.com/2017/01/11/algerie_n_14100866.html), proviennent très majoritairement de Russie. Et qui constitue d’ailleurs un domaine clé de la coopération algéro-russe.

Ces technologies, de même que le savoir-faire qui va avec (sachant qu’une bonne partie de l’élite militaire algérienne a été formée en terre russe), permettent aujourd’hui au pays non seulement de parer aux menaces terroristes qui existent dans la région nord-africaine, mais aussi d’être une force capable de résister efficacement à toute visée néocoloniale de certains. Une chose est aujourd’hui pratiquement évidente: le scénario libyen n’aura pas lieu en terre algérienne. Et même si certains personnages s’aviseraient à tenter de le réaliser, ils feront face à une Algérie qui peut amplement compter sur ses propres moyens en vue de défendre sa souveraineté. Surtout que l’expérience de la résistance ne lui manque pas. D’autre part, l’Algérie sait qu’elle peut compter sur des partenaires de longue date.

Les secteurs énergétique, minier, du nucléaire civil ou encore celui de l’agriculture: telles sont les autres domaines d’interaction des deux pays. Concernant d’ailleurs ce dernier, il est loin d’avoir atteint son apogée. Pourtant, si l’Algérie décidait de booster ledit domaine pour une plus grande part destinée à l’export, il n’y a pas de doute que le vaste marché russe lui sera grand ouvert. Ce qui est sûr c’est que le partenariat stratégique russo-algérien a de beaux jours devant lui. Et c’est tant mieux.

https://fr.sputniknews.com/points_de_vue/201801201034818440-russie-algerie-cooperation/

Mikhail Gamandiy-Egorov

Coopération Russie-Afrique dans le domaine de la défense: le point sur la situation

Alger, capitale de l'Algéire

Dans le récent classement publié par l’entreprise britannique dans le domaine de la défense Jane’s, la Russie conserve la deuxième place des exportations d’armement au niveau mondial. Dans le top 3 des principaux clients de la Russie, on retrouve un pays africain.

Il s’agit évidemment de l’Algérie, partenaire traditionnel de la Russie dans le domaine depuis des dizaines d’années. Ainsi à l’issue de l’année 2016, l’Algérie a occupé la troisième place (achats d’armements russes pour 924 millions de dollars), derrière des poids-lourds tels que l’Inde (achats pour 1,2 milliard de dollars à la Russie, 19% du volume total des livraisons russes) et la Chine (achats pour 959 millions de dollars), qui sont également des partenaires traditionnels de la Russie dans le domaine de la défense. Et devant le Vietnam (788 M USD) et l’Irak (460 M USD).

Le montant total des ventes d’armes russes s’est élevé, à l’issue de l’année 2016, à 6,34 milliards de dollars. En 2017, ce chiffre devrait augmenter: les experts prédisent un montant de 7,23 milliards. Par ailleurs et comme le note les analystes de Jane’s, «la Russie dispose d’un solide portefeuille de commandes jusqu’en 2020». Un portefeuille qui devrait s’élargir au cours des prochaines années, notamment après la démonstration évidente d’efficacité de l’armement russe dans l’opération antiterroriste en Syrie.

Concernant l’Algérie et mis à part d’être un allié privilégié de la Russie dans la sphère militaro-technique depuis de longues années, l’Algérie est aussi tout simplement la 2e plus puissante armée africaine, juste derrière l’Égypte (selon le site américain spécialisé sur les questions de la défense Global Firepower) et 26e au classement mondial. Le partenariat militaro-technique russo-algérien est fort varié: allant des avions et hélicoptères de combat modernes aux systèmes anti-missiles et aux sous-marins. Si concernant l’Algérie, dont l’amitié avec la Russie date de plusieurs dizaines d’années et se renforce aujourd’hui grâce au partenariat stratégique qui lie les deux nations, tout paraît clair, qu’en est-il des autres pays africains dans leur coopération avec la Russie dans le domaine de la défense?

Si l’Algérie est le leader absolu de cette coopération au niveau africain, il faut bien sûr mentionner l’Angola qui partage également un partenariat stratégique dans cette sphère avec la Russie. Ce qui est d’ailleurs assez logique, compte tenu de l’historique des relations et notamment du soutien important accordé en son temps par l’URSS à la lutte du peuple angolais d’abord pour son indépendance, puis contre l’interférence de la CIA alliée au régime d’apartheid sud-africain de l’époque dans les affaires intérieures du pays. L’Angola avait à ce titre commandé récemment 18 avions de combat multirôle Soukhoi Su-30, sans oublier l’entretien de nombreux équipements militaires datant de l’époque soviétique et la formation des cadres.
Un autre pays africain qui renforce le partenariat dans ce domaine avec la Russie est l’Ouganda, ayant commandé plusieurs dizaines de chars T-90 et huit chasseurs Soukhoi Su-30 (plus précisément la version Su-30MKK). En outre, le renforcement des liens militaires est mené avec le Zimbabwe et l’Afrique du Sud. Plus récemment, le Burundi qui renforce ses liens avec la Russie et la Chine, au moment de tensions évidentes avec l’Occident.

En ce qui concerne les pays francophones, notamment de l’ouest et du centre du continent, la situation avec les pays précédemment cités est clairement différente: manque de souveraineté et pression de l’ancienne métropole coloniale. D’où des relations avec la Russie pour le moment relativement peu notables. Mais connaissant les sentiments régnant de plus en plus au sein des populations concernées, de même qu’au sein de l’intelligentsia de ces pays, et la volonté de la Russie d’accroître ses relations avec cette partie de l’Afrique, il est à croire que des choses intéressantes auront lieu à l’avenir. Et surtout des changements.

Une chose est néanmoins certaine: dans l’industrie de l’armement, la Russie représente incontestablement le meilleur rapport qualité/prix. Que ce soit au niveau du prix unitaire qu’en termes d’entretien. Sans oublier la fiabilité du partenaire et de son respect pour la souveraineté des États, ce qui est probablement tout aussi important. Le reste ne sera qu’une question de travail… et de résultats.

https://fr.sputniknews.com/points_de_vue/201708211032733379-coopration-russie-afrique-defense/

Mikhail Gamandiy-Egorov

La Russie revient en Afrique, ou la visite historique de Lavrov au Zimbabwe

Russian Foreign Minister Sergei Lavrov (L) and Zimbabwean President Robert Mugabe shake hands in Zvimba on September 16, 2014.

Un pas significatif de plus confirmant le retour de la Russie sur le continent africain que beaucoup attendent depuis bien longtemps. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est arrivé à Harare, la capitale du Zimbabwe, accompagné d’une importante délégation d’hommes politiques et d’affaires russes. Il s’est entretenu avec l’emblématique président et leader du pays, Robert Mugabe.

La diplomatie russe poursuit ses avancées notables sur tous les fronts. L’Occident politique qui parlait « d’isolation » se retrouve au final bien ridiculisé. La Russie ne s’est non seulement pas retrouvée dans une quelconque isolation, mais au contraire n’a fait que confirmer ses nombreuses alliances (on se rappellera des récentes tournées de Vladimir Poutine en Chine et en Amérique latine), ainsi que renouer les alliances du passé.

Le Zimbabwe est en effet un ami de longue date de la Russie. L’URSS avait activement soutenu la lutte du peuple zimbabwéen contre le régime raciste et ségrégationniste, très semblable à celui de l’apartheid en Afrique du Sud, contre lequel l’Union soviétique soutenait aussi activement la lutte. Sergueï Lavrov n’a d’ailleurs pas manqué de souligner que Robert Mugabe est une légende et une très grande figure historique. En effet, Mugabe représente à ce jour aux yeux de ses concitoyens et de très nombreux Africains le symbole de la lutte contre un régime de ségrégation raciale, semblable à celui qui a perduré près d’un demi-siècle dans l’Afrique du Sud voisine, ainsi que contre le colonialisme et le néocolonialisme britannique.

Pour parler maintenant de l’aspect économique, la Russie et le Zimbabwe ont signé donc ce mardi un accord pour un montant total de trois milliards de dollars d’investissements. La coentreprise russo-zimbabwéenne Rushchrome Mining assurera ces investissements pour la construction d’une mine de platine à Darwendale, à 70 km à l’ouest de Harare. Ce gisement représente l’un des plus importants au monde en termes de platine et d’autres gisements métalliques (des réserves prouvés de 19 tonnes de platine et de 755 tonnes d’autres métaux du groupe platine). A savoir également que dans ce domaine, le Zimbabwe abrite tout simplement la seconde plus grande réserve mondiale (devant la Russie et derrière l’Afrique du Sud).

Ce grand projet commun qui sera financé par la Russie compte sur une production de 600 000 onces de platine par an et avec pour résultat notable la création d’au moins 8000 emplois. Selon les estimations russes, le retour sur les investissements du projet sera de cinq ans. A ce sujet, le message du président zimbabwéen était lui aussi très clair : « Ce projet va nous permettre d’émerger en tant que nation. Nous ne pouvions faire cela avec des ennemis. Non, c’était impossible. Nous ne pouvions le faire qu’avec des amis ».Les amis désignés étant clairement la Russie et les autres pays des BRICS (la Chine et l’Inde étant également très présents économiquement au Zimbabwe, sans oublier bien évidemment l’Afrique du Sud qui entretient des relations très étroites avec son voisin). Les ennemis, eux, se reconnaitront sans aucune difficulté.

Robert Mugabe n’a pas non plus manqué d’apporter une fois encore son soutien politique et diplomatique à la Russie face aux sanctions occidentales, qu’il a qualifié d’illégales. « Ce sont des sanctions illégales. Une petite partie de notre communauté internationale, qui méprise la loi, cherche à dominer le reste du monde. Nous répondons : non ! ».

De son côté, Sergueï Lavrov a souligné que « l’Afrique était l’un des piliers du système mondial en évolution », rappelant par la même occasion que le système du monde unipolaire représente désormais le passé. « Il n’y a plus de retour possible vers un monde unipolaire, ni bipolaire d’ailleurs. L’avenir du monde ne peut être que multiple, sinon le système ne pourrait être durable »,a-t-il ajouté.

Mis à part les accords commerciaux, dont le principal est bien évidemment celui lié à la mine de platine de Darwendale, Lavrov et Mugabe ont scellé le partenariat dans le domaine militaire et technique. Le Zimbabwe qui a longtemps et jusqu’à aujourd’hui dû vaillamment résister aux interventions néocoloniales occidentales, en premier lieu britanniques et étasuniennes, se doit de défendre son indépendance et sa souveraineté jusqu’au bout. Une indépendance et une souveraineté que beaucoup d’autres nations africaines aspirent à arracher dans un avenir proche.

Pour finir, il faut dire que la Russie commence donc à confirmer par les faits et gestes son véritable retour en terre africaine. Et à l’instar des autres membres des BRICS, elle compte offrir à ce riche et brillant continent, trop longtemps martyrisé par des forces obscures, un vrai partenariat gagnant-gagnant. D’autre part, la Russie renouvelle donc ses alliances qui ont été gelées à la chute de l’URSS. Toutes ces raisons font que la Russie est véritablement attendue en Afrique. C’est ce que n’a pas manqué de rappeler Robert Mugabe et les autres représentants gouvernementaux zimbabwéens, ainsi que les principales figures des secteurs économique, de la défense et des médias. La Russie continuera donc d’agir activement dans ce monde multipolaire, dans lequel nous vivons aujourd’hui. De leur côté, les nations africaines nous attendent et comptent sur nous. Nous ne pouvons pas les décevoir.

http://french.ruvr.ru/2014_09_17/La-Russie-revient-en-Afrique-ou-la-visite-historique-de-Lavrov-au-Zimbabwe-5153/

Mikhail Gamandiy-Egorov

 

Les BRICS et l’Afrique : l’alliance se confirme ?

Les BRICS et l’Afrique : l’alliance se confirme ?

Les échanges entre l’Afrique et les BRICS sont projetés à 500 milliards de dollars en 2015. Cette annonce, relayée par l’Agence Ecofin (agence africaine d’informations basée à Genève, en Suisse), a été faite par le Haut-commissaire de l’Inde au Cameroun, A.R. Ghanashyam.

En effet et selon le haut diplomate indien, « les échanges commerciaux entre l’Afrique et les pays membres du groupe des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) ont cru plus rapidement au cours de ces dernières années, que les échanges entre l’Afrique et toutes les autres régions du monde ». C’est ce qu’il a affirmé lors d’un entretien accordé au quotidien gouvernemental camerounais Cameroon Tribune,en tout début de mois, le 1er septembre.

A.R. Ghanashyam dont la mission en Afrique en plus du Cameroun s’étend également au Nigeria, au Bénin et au Tchad, n’a pas manqué d’avancer des chiffres à l’appui de ses déclarations : « Entre 2007 et 2012, les échanges entre l’Afrique et les BRICS ont doublé. Aujourd’hui ils se situent à 340 milliards de dollars et sont projetés à 500 milliards de dollars pour l’année prochaine, en 2015. » Toujours selon lui « le succès des BRICS dans la promotion de la croissance économique inclusive, la création des emplois et la structuration du secteur de la transformation locale des produits, afin de lutter contre la pauvreté et les inégalités, ont apporté beaucoup d’enseignements aux pays africains ». Dans le cadre de l’entrée en activité très prochaine des institutions financières des nations BRICS, en l’occurrence de la Banque de développement et du Fonds des BRICS, cette tendance ne fera que s’accroitre encore plus activement.

En effet les chiffres sont impressionnants. Et plusieurs raisons à cela. Tout d’abord car au sein des BRICS, une grande attention est accordée au continent africain. A commencer par la Chine qui depuis des années a fait de l’Afrique une de ses principales priorités en matière de politique extérieure, en premier lieu économique. La Chine a réussi à devenir le principal partenaire économique et commercial des Etats africains, en devançant, et de quelle manière, les Etats ouest-européens, les anciens colonisateurs fortement implantés et poursuivant leur politique néocoloniale, ainsi que les USA, qui ont également pris l’habitude d’agir en Afrique comme bon leur semble. La Chine a donc réalisé un travail remarquable et ce malgré les nombreuses campagnes antichinoises qui ont été organisées par les Etats occidentaux, afin de stopper l’influence grandissante de la Chine en Afrique, et surtout la sympathie que de nombreux Africains ont aujourd’hui à l’égard de l’Empire du Milieu.

Les autres pays des BRICS, dont l’Inde mais également le Brésil, ont également au cours de ces dernières années renforcé leurs positions en Afrique, en misant notamment sur l’export de leurs technologies et de leur savoir-faire. En ce qui concerne l’Afrique du Sud, leader du continent africain et membre des BRICS, son rôle devient aujourd’hui primordial sur le continent. Le pays du grand Nelson Mandela se doit aujourd’hui de répondre aux nombreux défis de l’Afrique, et pas seulement sur le plan économique. En effet l’Afrique du Sud peut et doit, avec l’assistance de ses autres alliés des BRICS, s’imposer sur le continent africain, notamment dans le cadre des missions humanitaires continentales et s’opposer aux interventions néocoloniales des Etats occidentaux qui pillent les ressources africaines, très souvent sous couvert humanitaire.

Finalement la Russie, très présente et active sur le continent africain durant la période soviétique, retrouve peu à peu les positions d’antan. Son prestige retrouvé, ses positions diplomatiques plus fortes que jamais depuis l’éclatement de l’URSS, de très nombreux Africains attendent impatiemment le retour de la Russie sur leur continent. Un retour largement favorisé par les intellectuels panafricains, les opérateurs économiques et les représentants de pratiquement toutes les couches sociales des nations africaines. Surtout qu’aujourd’hui, avec le jeu des « sanctions » occidentales qui visent la Russie et les réponses russes qui ont suivi, d’énormes opportunités s’ouvrent au partenariat Afrique-Russie. Les positions perdues des exportateurs occidentaux sur le marché russe se remplacent bien rapidement. Plusieurs pays africains en profitent déjà, parmi lesquels le Maroc, l’Egypte, l’Afrique du Sud ou encore le Kenya. Connaissant les atouts du continent africain, bien souvent surexploités ou dans certains autres cas sous-exploités, la liste de pays africains fournisseurs de leurs produits sur le marché russe peut s’accroitre dans un avenir proche. De son côté, la Russie également se verra élargir sa présence commerciale sur le continent, et ce dans bon nombre de secteurs.

Pour finir, il est à rappeler que la Banque de développement et le Fonds des BRICS, joueront effectivement un rôle très important dans les relations qui unissent les BRICS à l’Afrique, ainsi que globalement au monde entier. Cette alternative à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international (FMI) permettra de créer un autre type de relations économiques, plus justes et basées sur un partenariat gagnant-gagnant. Bien évidemment l’Afrique a le droit de faire partie de ces gagnants et ce malgré l’opposition farouche des prédateurs, n’ayant aucune volonté de donner la liberté à ce continent martyrisé depuis bien longtemps. Mais dans un monde multipolaire traversant déjà sa première phase active et qui vraisemblablement passera d’ici peu dans sa seconde phase, il y a toutes les raisons d’être optimistes sur le fait que les BRICS contribueront grandement à l’avènement d’une Afrique nouvelle, libérée, indépendante, souveraine et prospère.

http://french.ruvr.ru/2014_09_09/Les-BRICS-et-l-Afrique-l-alliance-se-confirme-8240/

Mikhail Gamandiy-Egorov

 

Visite de Poutine en Chine : l’alliance russo-chinoise confirmée

Visite de Poutine en Chine : l’alliance russo-chinoise confirmée

Les forces hostiles à l’amitié russo-chinoise ont tout fait pour saboter les très nombreux accords prévus à la signature lors de la toute récente visite du président russe en Chine. Mais rien n’y fait, l’alliance russo-chinoise, dans un monde multipolaire, a été confirmée une fois de plus et de quelle manière !

Comme quoi dans la vie, on a toujours le choix. La rhétorique des « sanctions » ne fera rien contre la Russie version 2014 si ce ne n’est que de la renforcer encore plus et lui faire prendre définitivement des choix stratégiques envers ses partenaires, honnêtes et moins honnêtes.

Lors de cette nouvelle visite en Chine, que l’on peut appeler historique, le président russe a non seulement rencontré son homologue chinois Xi Jinping, mais s’est également entretenu avec le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, ainsi que les chefs d’Etat de l’Iran, de l’Afghanistan et de la Mongolie, avec lesquels Vladimir Poutine s’est mis d’accord sur le développement accéléré de partenariats, et ce dans plusieurs domaines.

Visite historique pour plusieurs raisons. Tout d’abord car elle a permis de confirmer les excellentes relations économiques et commerciales entre la Russie et la Chine. Mais bien plus que cela, cette visite a été une confirmation nette de l’alliance russo-chinoise sur le plan politique et militaire, dans un monde désormais multipolaire. Cette idée d’alliance ne date pas d’hier, loin de là. Mais bon nombre de « spécialistes », occidentaux et autres, ont toujours tout fait pour la remettre en question et soi-disant « douter » quant à son efficacité et à sa réalité.

Aujourd’hui, personne ne peut plus remettre en doute quoique ce soit. Car mis à part la signature d’un très large éventail d’accords dans le domaine du partenariat commercial, économique et humanitaire, ainsi que dans le domaine des nouvelles technologies (un total de près de 50 documents), y compris le développement des régions frontalières, le résultat principal étant bien évidemment la signature de l’accord gazier entre les deux pays. Ledit contrat entre le géant gazier russe Gazprom et la société d’Etat chinoise CNPC, pour un montant total de 400 milliards de dollars, est tout simplement le plus grand accord gazier dans l’histoire de la Russie et prévoit l’approvisionnement en gaz naturel en provenance de Russie vers la Chine pour une période de 30 ans…

A l’heure où certains leaders occidentaux parlaient activement de la « nécessité » de diversifier les sources d’approvisionnement énergétiques et remettaient en cause la dépendance par rapport à la Russie (sans proposer des mesures concrètes et réalisables), la Russie, elle, a préféré passer à l’acte pour concrétiser l’alliance avec l’Empire du Milieu et diminuer par la même occasion la « dépendance » vis-à-vis de l’Union européenne.

D’autre part, la visite de Vladimir Poutine en Chine, a été donc également l’occasion de confirmer l’alliance militaro-technique entre les deux nations, notamment via l’organisation d’importants exercices navals conjoints, auxquels ont assisté les deux présidents. Pour rappel, la République populaire de Chine est le second principal acheteur au niveau mondial de l’armement russe, derrière l’Inde.

En général et pour finir, il serait bon de dire que l’amitié russo-chinoise a réussi à prouver une bonne fois pour toute que ce n’est nullement un mythe, mais bien une réalité. Au même titre que la réalité désormais du monde multipolaire et dans lequel les pays des BRICS joueront un rôle majeur, si ce n’est dire : un rôle clé. Et malgré toutes les tentatives de miner cette coopération russo-chinoise, les deux pays et les deux nations ont réussi brillamment à dépasser tous les obstacles sur leur chemin.

On ne peut pas en dire autant quant aux relations entre la Russie et l’Europe (ou plutôt l’UE), peut-être pour la simple et bonne raison que tant que l’Europe version Bruxelles restera un sous-traitant de la politique étasunienne, il sera impossible d’avoir des relations honnêtes et bénéfiques pour tous. Tant que l’Europe dans sa version UE adoptera la même rhétorique de « menaces » à laquelle nous sommes parfaitement habitués, la Russie continuera à confirmer ses alliances dans les pays, régions et continents où elle est appréciée et soutenue. Et aujourd’hui, ces pays, régions et continents ne manquent aucunement. On se demande aussi qui finira « isolé »… Bienvenue dans la nouvelle réalité !

http://french.ruvr.ru/2014_05_27/Visite-de-Poutine-en-Chine-l-alliance-russo-chinoise-confirmee-0951/

Mikhail Gamandiy-Egorov