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Omar el-Béchir vs CPI : une victoire pour l’Afrique !

Omar el-Béchir

Le suspens n’a pas été long. La machine néocoloniale nommée Cour pénale internationale (CPI) n’a pas réussi son coup : la République d’Afrique du Sud et plus globalement tout le continent africain n’ont pas cédé !

Petit rappel. Ladite CPI, devenue la cour de jugement pour les Africains, tout comme son « frère » le fameux Tribunal pénal pour l’ex-Yougoslavie l’est lui pour les Serbes, avait émis un mandat d’arrêt contre le président soudanais, Omar el-Béchir, accusé de crimes de guerre (mandat émis depuis mars 2009). Des accusations fortement douteuses. Connaissant parfaitement la politisation de cette cour, une politisation qui a été reconnue à maintes reprises ne serait-ce que par les experts russes et chinois. Et surtout connaissant parfaitement les pseudo-accusations ayant visé un autre leader africain, le président ivoirien Laurent Gbagbo, dont le procureur en charge de ce dossier n’a pas pu présenter jusqu’à maintenant ne serait-ce qu’un élément valable de sa culpabilité. De même qu’à l’encontre de l’ex-ministre de la Jeunesse de Côte d’Ivoire, Charles Blé Goudé. Le tout en épargnant entièrement le camp des pro-occidentaux, dont pourtant les crimes massifs (ne serait-ce qu’à Duékoué) ont été reconnus, y compris par des organismes non-gouvernementaux occidentaux.

Le Soudan ne reconnait pas la CPI et le président Omar el-Béchir a plusieurs fois lancé des défis audit organisme en voyageant librement et en participant à divers grands forums aussi bien sur le continent africain qu’ailleurs. Jusqu’ici tout allait assez bien. Mais les derniers jours, la République d’Afrique du Sud accueillait un sommet de l’Union africaine. A noter qu’en juillet 2009, après le lancement du mandat d’arrêt de la CPI à l’encontre d’el-Béchir, les Etats de l’Union africaine ont voté une résolution indiquant qu’ils n’exécuteront pas le mandat d’arrêt de la CPI émis contre le président soudanais.

Mais on connait les Occidentaux, ou plutôt leurs « élites ». Ils ne s’arrêteront devant rien. D’autant plus lorsque la mentalité coloniale est ancrée si profondément dans les têtes de ces dites élites. Ils ont lancé donc une demande à la justice sud-africaine d’arrêter Omar el-Béchir en terre sud-africaine compte tenu du fait que l’Afrique du Sud est signataire du Statut de Rome et reconnait donc (pour le moment) la CPI. Immédiatement, un juge sud-africain d’origine allemande, Hans-Joachim Fabricius, vraisemblablement un nostalgique de la sinistre période d’apartheid (dont l’un des ancêtres selon certaines sources était un haut cadre politique de l’Allemagne nazie), émet une interdiction au président soudanais de quitter le territoire sud-africain.

Le suspens peut commencer. Les Occidentaux pensaient déjà crier victoire en pensant que le gouvernement sud-africain allait appliquer à la lettre leurs exigences. Plus encore, certains représentants occidentaux et leurs valets locaux ont eu le culot de lancer des phrases du genre « je crois que la fidélité de l’Afrique du Sud à l’Union africaine ne peut pas faire le poids face à ses obligations envers la CPI ». C’est vrai, on avait oublié. Les machins néocoloniaux ça vaut « bien plus » qu’une organisation réunissant les Etats de tout un grand continent, en la qualité de l’UA.

Mais le suspens n’a pas duré. Le gouvernement sud-africain n’a pas appliqué les « prérogatives » néocoloniales de la CPI. Omar el-Béchir est rentré au Soudan où il a été accueilli par une foule en liesse. Bravo donc aux Sud-Africains, membres à part entière de l’alliance des BRICS, de ne pas avoir cédé aux tentatives d’une extrême minorité de notre planète, vivant encore dans leurs rêves unipolaires, ainsi qu’aux traitres locaux — héritiers de l’apartheid.

A ce titre, on a pu particulièrement apprécier la réaction du parti historique de Nelson Mandela, le principal parti politique du pays, le Congrès National Africain (ANC), via sa porte-parole Khusela Sangoni, ayant fustigé les tentatives de faire arrêter le leader soudanais en leur sol. « Le gouvernement sud-africain, lorsqu’il a invité son excellence Omar el-Béchir et les autres participants à venir au sommet de l’UA, a dans le même temps adopté une mesure légale pour accorder l’immunité à tous les participants. Cette notice a fait l’objet d’une publication, et personne ne l’a contesté, donc nous trouvons très étrange qu’une organisation décide maintenant de saisir la justice pour obtenir que Béchir soit arrêté en Afrique du Sud, et nous avons encouragé le gouvernement sud-africain à faire en sorte que cette démarche n’aboutisse pas ».

Il fut très intéressant également de connaître la réaction du chef du département juridique de l’Union africaine, le professeur Vincent O. Nmehielle, qui considère que l’Afrique du Sud a entièrement raison du point de vue juridique.

Voici ce qu’il a répondu à RFI : « Le sommet n’est pas une réunion organisée par le gouvernement sud-africain. Dans le règlement de l’Union africaine, et conformément à l’accord signé entre l’Afrique du Sud et l’UA, l’Afrique du Sud ne peut pas violer l’accord faisant de lui un pays hôte. Et donc el-Béchir n’est pas ici pour visiter l’Afrique du Sud, il visite un site sous contrôle de l’Union africaine, aussi longtemps que se tient le sommet. Et donc, les lois de l’Afrique du Sud ne s’appliquent pas dans ce cadre. » Selon lui « cet accord est aussi un traité international entre l’Afrique du Sud et l’Union africaine pour lui permettre de tenir ce sommet. Si l’Afrique du Sud ne peut pas garantir le libre passage de tous les participants à ce sommet, il ne peut pas être pays d’accueil. Il n’y a eu dans cette affaire aucune violation d’aucune sorte. Si l’Afrique du Sud avait écouté ce que n’importe qui avait à dire, ce serait une violation de cet accord qui lui permet d’être l’hôte de ce sommet. »

Très drôle aujourd’hui de voir tout le mainstream occidental, anglophone comme francophone, crier au scandale, tout en donnant la parole à d’anciens cadres de l’administration du régime raciste de la période apartheid, qui expriment également leur « révolte »… Sans commentaires.

Quant à l’Afrique, elle vient effectivement de remporter une mini-bataille, mais fort symbolique. Surtout à l’heure où la plupart des pays africains, membre de l’UA, aient exprimé le désir de quitter la fameuse et trop controversée CPI (merci en passant à la présidence du Zimbabwe à l’UA). La guerre, elle, est bien loin d’être gagnée et les efforts ne doivent aucunement être relâchés. Tout ne fait véritablement que commencer. Mais, cette petite victoire de l’Afrique du Sud (et donc des BRICS), ainsi que de tous les Africains en général prouve que lorsque l’Afrique veut — elle peut beaucoup de choses. En avant !

http://fr.sputniknews.com/points_de_vue/20150616/1016571936.html

Mikhail Gamandiy-Egorov

Crimes néonazis ukrainiens : Que fera la CPI, ou à quand un nouveau Nuremberg ?

Crimes néonazis ukrainiens : Que fera la CPI, ou à quand un nouveau Nuremberg ?

Plusieurs fosses communes viennent d’être découvertes dans le village de Kommounar, dans la région de Donetsk, qui était encore tout récemment sous contrôle des néofascistes ukrainiens.

Dans ces fosses communes plusieurs cadavres, principalement des femmes, disparues il y a plusieurs semaines. Elles ont été torturées, violées puis fusillées. L’une de ces victimes était enceinte (8ème mois de grossesse). Elle a été assassinée les mains attachées, avec son bébé qui n’a pas eu la chance de découvrir le monde. Les enquêteurs de l’OSCE se trouvent sur place. Des questions simples se posent : que fera la CPI ? Quelles actions entreprendra la justice dite internationale ?

Eh bien, très difficile à dire. Des crimes pourtant évidents mais malheureusement connaissant la politisation des institutions internationales de justice, il y a vraiment de quoi être perplexe. Des institutions telles que la CPI sont devenues depuis longtemps des organisations pratiquement de non-droit, dont la seule « mission » est de juger les leaders qui n’arrangent pas les intérêts néocoloniaux occidentaux. Les procès du président légitime de la Côte d’Ivoire Laurent Gbagbo, dont le seul méfait était de s’être opposé au néocolonialisme et d’avoir ardemment défendu la souveraineté de son pays, ainsi que de son ministre de la Jeunesse Charles Blé Goudé, constituent les principaux exemples récents.

Pour revenir aux macabres découvertes du village de Kommounar, et pendant que les enquêteurs de l’OSCE établissent les faits de ces crimes barbares, les représentants de Novorossia, eux, recherchent les familles et les proches des victimes. Après les crimes contre l’humanité commis dans la ville d’Odessa, lorsque les activistes antifascistes et les partisans de la fédéralisation de l’Ukraine ont été brûlés vifs par les néonazis et les ultra-nationalistes ukrainiens soutenus par l’Occident politique, on découvre maintenant ces nouvelles atrocités. Le ministère russe des Affaires étrangères réclame immédiatement une ferme condamnation de la part de toutes les structures de justice internationale.

En parlant de la CPI qui préfère juger les Serbes et les leaders africains refusant le diktat occidental pour leurs nations, si elle n’agit pas dans cette situation concrète, alors il est grand temps de tourner définitivement sa page. Plusieurs spécialistes russes dans le domaine du droit international, y compris des députés de la Douma (chambre basse du Parlement de Russie), de même qu’un grand nombre de leurs collègues étrangers qui ont depuis longtemps insisté sur la nécessité urgente de réformer en intégralité cet organisme, parlent désormais ouvertement de la possibilité de créer une nouvelle structure, dans l’idéal un équivalent du Tribunal de Nuremberg ayant jugé les principaux criminels nazis, juste après la fin de la Seconde guerre mondiale. En effet, il serait plus que logique que les héritiers du nazisme soient jugés de la même manière et dans le même format que leurs idoles en 1945-1946.

Les organismes tels que la Cour pénale internationale (CPI), tout comme le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), représentent ouvertement les intérêts néocoloniaux et criminels des élites occidentales. Cela a été discuté et rediscuté tellement de fois. Quant au reste de l’humanité, ou plutôt sa très grande majorité, il reste soit à se conformer aux systèmes de « justice » déjà préétablis, créés par ceux pour qui l’humanité se limite en exclusivité à eux-mêmes, le reste se trouvant vraisemblablement en dehors de ce cadre-là (y compris la majorité de leurs propres citoyens). Soit à créer un nouveau système de justice internationale, d’autant plus que notre monde multipolaire se renforce de jour en jour.

Quant à la CPI déjà tellement discréditée, osera-t-elle hausser le ton face aux responsables des crimes totalement inhumains et barbares du néonazisme ukrainien ? Ou confirmera-t-elle une fois encore sa servitude face aux intérêts qui créent justement les monstres de l’extrémisme, les Frankenstein des temps modernes, à différents endroits de notre planète ? Des talibans et salafistes de l’EIIL exécutant aujourd’hui de façon barbare les musulmans pratiquant un islam traditionnel, ainsi que les simples citoyens des pays dont les gouvernements ont créé ces monstres, jusqu’aux nouveaux fascistes de l’Ukraine pro-étasunienne, ayant lancé un génocide à l’encontre de leurs compatriotes antifascistes et abattu un avion civil avec près de 300 personnes à son bord. Fort heureusement, ces néofascistes ukrainiens ont été stoppés par le courage des habitants et des résistants de Novorossia. En tout cas, pour le moment.

L’avenir très proche nous dira ce qu’il en sera. Ce qui est certain, c’est que d’une manière ou d’une autre, les responsables des crimes en question vont devoir en répondre. Et cela, ils le savent parfaitement, de même que leurs mentors outre-Atlantique et bruxellois.

http://french.ruvr.ru/2014_09_26/Crimes-neonazis-ukrainiens-Que-fera-la-CPI-ou-a-quand-un-nouveau-Nuremberg-9917/

Mikhail Gamandiy-Egorov

 

« La vérité finira par triompher ! ». Entretien avec François Mattei (Partie 1)

« La vérité finira par triompher ! ». Entretien avec François Mattei (Partie 1)

Nous avons appris récemment que la Cour pénale internationale (CPI) a confirmé les charges visant le président de la République de Côte d’Ivoire, M. Laurent Gbagbo. Et ce malgré un désaccord net parmi les trois juges de la Chambre préliminaire I. Aujourd’hui, nous nous entretenons depuis Paris avec M. François Mattei, journaliste, auteur de nombreux ouvrages, mais surtout témoin privilégié ayant suivi les principaux développements de la crise ivoirienne depuis son déclenchement en septembre 2002.

Mikhail Gamandiy-Egorov, La Voix de la Russie : M. Mattei, bonjour ! Vous êtes journaliste et écrivain français. Vous êtes également co-auteur du livre « Pour la vérité et la justice »,le second co-auteur étant le président de la République de Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo. Dans ce livre, on retrouve de nombreuses révélations et confidences, souvent inédites, du président Gbagbo, déchu le 11 avril 2011 suite à l’intervention de l’armée française. Comment s’est déroulée cette collaboration ?

François Mattei : Durant cette période, cela a été sous la forme de visites amicales que je lui ai rendu plus d’une dizaine de fois. Nous avons eu l’occasion ensemble de parler de tout. Comme je le dis dans le prologue du livre, c’est une conversation ininterrompue puisque on se connait depuis plus d’une dizaine d’années. Je l’avais rencontré plusieurs fois à Abidjan. Nous avons continué à nous entretenir quand il était là-bas et moi ici, à Paris, quand il avait le loisir car les dix années de pouvoir qu’il a exercé en Côte d’Ivoire ont été plus qu’agitées. Donc on a une relation qui ne n’est jamais interrompue et je ne voulais pas que l’incarcération, en plus dans ces conditions-là, mette un terme à cette relation. Donc, on a continué à parler et à analyser la situation ensemble.

LVdlR : Vous avez beaucoup côtoyé Laurent Gbagbo, notamment depuis son incarcération en novembre 2011 à la prison de la Cour pénale internationale (CPI), à La Haye. Comment se sent-il ? Physiquement comme moralement.

F.M. : Physiquement, il était encore très atteint par les événements, notamment quand je l’ai rencontré la première fois, c’est-à-dire en juin 2012. Comme on le sait, il avait subi des bombardements dans sa résidence. Des bombardements très violents. Toute la maison a été détruite car il y a eu utilisation de munitions incendiaires. Il y avait donc énormément de fumée, des gaz toxiques qui ont gravement atteint les personnes qui se trouvaient sur place. Car dans la résidence et contrairement à ce qui a été beaucoup dit en France, il n’y avait ni armes lourdes et il y avait très peu de militaires. Il y avait surtout des amis, des parents, des ministres, ainsi que des enfants et notamment des bébés. Ils s’étaient tous réfugiés là croyant être en sécurité en pensant que jamais les troupes françaises n’oseraient bombarder, à cause d’un litige électoral, la résidence d’un président de la république élu auparavant dans des conditions régulières.

LVdlR : Pour vous, en tant que journaliste et en tant que personne qui avait suivi de près la crise ivoirienne, quelle fut la véritable raison de ce qui s’est passé ? Quel rôle le gouvernement français a-t-il joué dans cette affaire ?

F.M. : Le gouvernement français depuis toujours, ou plutôt depuis ce qu’on appelle l’indépendance des pays francophones d’Afrique, qui est en fait une dépendance organisée, et ce depuis 1960, a été non pas un arbitre mais un acteur principal des crises. En l’occurrence l’armée française qui est présente presque partout en Afrique francophone et ayant les capacités d’intervenir très vite, y compris ramener des renforts. Et depuis que Laurent Gbagbo est apparu sur la scène politique africaine, il n’a jamais été accepté à l’Elysée. Pourquoi ? Parce que l’Elysée avait ses favoris et notamment le successeur et héritier de Houphouët-Boigny, qui a été le premier président de la Côte d’Ivoire en 1960. Houphouët-Boigny était par ailleurs un ancien ministre de la IVème République française et a même participé à l’écriture de la constitution de la Vème République qui est toujours en usage en France. C’était un personnage aimé et connu du personnel politique de droite comme de gauche en France. Il n’a jamais lui-même d’ailleurs voulu l’indépendance de la Côte d’Ivoire. Donc c’était évidemment un grand ami de la France. Et ensuite ses successeurs, comme M. Bédié, ont voulu suivre ses traces. Quant à M. Ouattara, qui a été formé aux Etats-Unis durant ses études, puis très vite devenu membre du FMI, avait lui aussi ses réseaux, ceux de la grande finance et de la grande politique occidentale. Ils étaient donc les favoris pour les élites occidentales car étant leurs amis. D’autant plus qu’il y avait des relations personnelles, aussi bien dans le cas de M. Bédié mais surtout dans le cas de M. Ouattara. Ce dernier connaissant personnellement les grands chefs d’entreprises français, ainsi que les hommes politiques de France, de droite comme de gauche. Il a donc un relationnel très important. Pour revenir à Laurent Gbagbo et pour parler du fait qu’il n’était pas apprécié à l’Elysée, la meilleure preuve est que dès qu’il a été élu, et personne n’avait absolument rien à lui reprocher, lui qui étant démocrate et qui a lutté pour le multipartisme, étant très francophile d’ailleurs, il lui ait tombé sur la tête un an et demi après l’élection, non seulement une attaque militaire mais aussi une occupation de 60% du territoire du pays, et qui a duré jusqu’à l’élection de 2010. Donc durant huit ans, il a dirigé le pays en contrôlant seulement 40% du territoire. L’autre partie, les 60% du pays, lui échappant totalement.

LVdlR : Donc finalement ce qui s’est passé est lié directement au fait que Laurent Gbagbo n’arrangeait pas les gros intérêts dont vous avez fait mention ?

F.M. : Laurent Gbagbo, il faut le savoir, n’a jamais plu à la classe politique parisienne. C’est une chose. Il a bien évidemment quelques amis à Paris, comme M. Emmanuelli, mais il n’a jamais plu à l’Elysée. Pourquoi ? Parce qu’il y a au fond de cela ce qu’il reste de la Françafrique et que l’opinion publique française ne connait pas. Cela est basé sur des piliers très précis. Après l’indépendance des années 1960, la Françafrique représentait la conservation de la dépendance de ces pays-là vis-à-vis de la France, y compris sur le plan militaire. Des accords de défense ont été conclus permettant à la France d’intervenir à tout moment sous la justification de défense des pays en question. D’autant plus et ce qu’il faut savoir c’est que dans ces accords, il y a également des clauses secrètes, qui garantissent à la France on va dire non pas la propriété du sous-sol mais l’accès prioritaire au sous-sol de tous ces pays. Que ce soit pour l’uranium, or, pétrole, tout ce qui s’y trouve. C’est le premier pilier. Le second étant le Franc CFA. Ce qui signifie que ces pays, 50 ans après leurs indépendances, n’ont pas de monnaie propre. Car la marque de la souveraineté d’un pays, ce n’est pas seulement un drapeau et un territoire, mais c’est également sa monnaie. Et ces pays n’ont pas de monnaie à eux. La monnaie des 14 pays ex-colonies françaises est fabriquée et imprimée en France, à Chamalières, ville d’origine de M. Giscard d’Estaing, mais en plus cette monnaie est garantie par ces pays-là, c’est-à-dire que sur toute leur exportation, que ce soit cacao, pétrole, or, uranium, etc…, on leur prenait 65% des devises qui entraient en Banque de France et aujourd’hui 50% des devises, qui pourtant devraient toutes leur revenir pour leur développement. Ces devises viennent donc en Banque de France et non pas dans leurs pays. Cela est inconnu de l’opinion publique en France aussi. Même chose pour l’or. Plusieurs pays africains étant très riches en or. Il y en a en Côte d’Ivoire mais il y en a encore plus au Mali. Donc pour garantir la monnaie, on prend l’or des pays africains qui se retrouve en Banque de France, à Paris, à quelques kilomètres de chez moi. S’ajoute à cela l’intervention dans les élections, comme on l’a déjà vu en 2010. On peut d’ailleurs prendre le cas assez caricatural du Gabon, qui est on peut dire la propriété privée de France dans le domaine du pétrole. On parle de démocratie en France, c’est très bien. On a basculé M. Gbagbo à cause du fait que soi-disant il n’était pas démocrate, ce qui est faux, et parallèlement dans un pays comme le Gabon, M. Bongo-père a régné pendant 41 ans, qui est par ailleurs un ancien de l’armée française, et aujourd’hui son fils, qui pourtant a été battu aux élections, occupe malgré tout le poste de président du pays, et félicité par nos élites politiques. Dans le cas de la Côte d’Ivoire, M. Gbagbo a, lui, à juste titre dit qu’il a été élu et désigné comme vainqueur par l’institution suprême qu’est le Conseil constitutionnel. En France, on ne remet jamais en cause les décisions du Conseil constitutionnel. Lorsque Nicolas Sarkozy l’a fait à cause de ses comptes de campagnes qui étaient truqués, le président Hollande qui était en voyage à Tunis, a dit des phrases fortes, auxquelles j’adhère sur le fait que dans un pays démocratique il y a une institution juridique suprême, en l’occurrence le Conseil constitutionnel, chargé de trancher les litiges électoraux. Et si on remet en cause cette chose-là, il n’y a plus de démocratie. Il n’y a plus d’Etat. En Côte d’Ivoire, c’est le Conseil constitutionnel, qui a été fait sur le modèle exact du Conseil constitutionnel français, qui a désigné M. Gbagbo vainqueur des élections présidentielles. On accuse M. Gbagbo d’avoir mis quelqu’un en qui il a confiance, à la tête du Conseil constitutionnel. Pourtant, c’est la tradition en France aussi. A l’époque de Mitterrand, c’était Roland Dumas. Sous Chirac, c’était M. Debré. Pourquoi ? Car on met une personne de confiance pour assurer au fond une certaine stabilité de l’Etat.

LVdlR : Selon vous, l’opinion publique française est-elle suffisamment informée de ce qui s’est réellement passé en Côte d’Ivoire depuis la rébellion de 2002 et jusqu’à la chute de Laurent Gbagbo ?

F.M. : Bien entendu non. L’opinion publique française est totalement ignorante de ce qui se passe en Afrique. Il a été dit aux Français que l’Afrique subsaharienne leur coutait très cher alors qu’en réalité elle leur rapporte beaucoup. Si ce n’est pas dire énormément. On leur dit beaucoup de choses, notamment on leur montre des gens qui se coupent en rondelles pour des raisons ethniques ou autres, sans donner toutes les raisons, et en particulier celles qui impliquent notre responsabilité, de leur sous-développement. Cela justifie en tout cas la présence militaire de l’armée française. Ou en d’autres termes, les interventions de ce qu’on appelle la communauté internationale. L’opinion publique française, elle, n’a même pas été tenue au courant par exemple du vote qui s’est passé en France, ce qui était pourtant facile à raconter pour les journalistes : au moment de l’élection présidentielle ivoirienne et compte tenu du fait qu’il y a de nombreux Ivoiriens en France, une communauté importante, les votes des Ivoiriens vivant en France ont été tout simplement annulés. Il y a eu des vandalismes terribles commis par les partisans du RDR (Rassemblement des Républicains, ndlr) d’Alassane Ouattara, qui ont été constatés à tous les coins de rue des grandes villes françaises. Les résultats ont été invalidés totalement. Pourquoi ? Parce que dans un pays qui représente un symbole pour la Côte d’Ivoire : la France, l’ancien colonisateur, Gbagbo avait gagné. J’ai les chiffres et je le dis dans le livre. Non seulement personne n’a enquêté sur ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire pendant le scrutin, où les médias ont simplement suivi ce qui leur a été dit par les canaux officiels, que ce soit le Quai d’Orsay, l’ONU ou l’Elysée, mais surtout, on n’a même pas enquêté au coin de nos propres rues. Que ce soit à Bordeaux, Lyon ou Paris.

 (A suivre)

http://french.ruvr.ru/2014_06_30/La-verite-finira-par-triompher-Entretien-avec-Francois-Mattei-Partie-1-0579/

Mikhail Gamandiy-Egorov

L’Ivoirien Blé Goudé à la CPI : nouvelle bavure de la prétendue « justice internationale »

Charles Blé Goudé

Après l’arrestation le 11 avril 2011 du président légitime de la République de Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, et son transfert, en novembre de la même année, à la Cour pénale internationale (CPI), à La Haye, c’est désormais au tour du ministre ivoirien de la Jeunesse, Charles Blé Goudé, d’y être déporté.

Chef du mouvement les Jeunes Patriotes, Blé Goudé a joué un rôle majeur dans la résistance au néocolonialisme occidental, aux côtés du président Laurent Gbagbo et de tous les autres résistants panafricains. Après la chute et l’arrestation de Laurent Gbagbo, déchu par l’intervention directe de l’armée coloniale française, Charles Blé Goudé s’était exilé au Ghana.

Enlevé dans la capitale ghanéenne le 17 janvier 2013 par les services secrets d’Alassane Ouattara, il sera transféré en Côte d’Ivoire et restera en détention dans différents lieux illégaux tenus secrets par le régime. Visé par un mandat d’arrêt de la CPI, il y sera finalement transféré le 22 mars dernier. Comparaissant pour la première fois le 27 mars, confiant et souriant, il lancera : « Si je suis jugé pour ce que j’ai fait et non pour ce que je suis, que je sois déclaré innocent ! Je sais que je repartirai chez moi ».

Une intervention qui a redonné beaucoup d’optimisme à tous ses soutiens et, plus généralement, à tous les patriotes ivoiriens, dont nombreux sont allés spécialement à La Haye pour exprimer leur soutien à Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. Le jeune patriote a également ouvertement affiché sa volonté afin que la lumière soit entièrement faite sur la crise ivoirienne, en dépit de la propagande occidentale. Et d’ajouter : « Contrairement à une certaine opinion qui pense qu’un voyage à la CPI est un voyage sans retour, je pense qu’un citoyen peut faire l’objet d’un procès et rentrer chez lui. » Charles Blé Goudé n’a pas manqué de réitérer son adhésion aux idéaux de Laurent Gbagbo et à leurs valeurs communes : « C’est avec Gbagbo que j’ai appris la réconciliation. Je suis pro-Gbagbo et fier de l’être ».

La grande question que pose cette situation nous ramène à celle dont ont débattu les parlementaires et diplomates russes le 11 novembre dernier à la Douma d’Etat (Chambre basse du Parlement russe), à savoir la crédibilité de la justice internationale et des institutions qui l’ont établie. Les parlementaires russes, ainsi que les autres participants à l’événement, avaient ouvertement mis en avant toutes les contradictions de ces institutions, censées défendre le droit et la justice internationale pour tous, sans exception. Pourtant les procès et pré-procès en cours montrent une approche politisée presque non voilée. Et c’est cette politisation des institutions juridiques « internationales » qui avait été dénoncée à la Douma.

En effet, il est complètement incompréhensible et révoltant que des personnes légitimement élues, ainsi que les membres d’un gouvernement légitime, qui défendaient leur pays contre une rébellion armée, soutenue et financée de l’extérieur – notamment par la France -, et s’opposaient ouvertement au néocolonialisme dans leur pays et sur leur continent, soient privés aujourd’hui de leur liberté. Pendant ce temps, les criminels responsables de massacres massifs aussi bien de civils (on se souvient tous du très tristement célèbre Duékoué en mars 2011) que de représentants de l’Etat, occupent des hautes fonctions dans l’appareil de l’Etat ivoirien actuel et se baladent tranquillement à différents endroits de la planète. Certains sont même reçus à l’Elysée. C’est cela la justice internationale ?

Il y a quelques jours, le 11 avril, les Ivoiriens commémoraient le triste anniversaire de l’arrestation de leur président légitime par les forces armées françaises. C’était le 11 avril 2011. Bombardement de la résidence présidentielle, arrestation du président Gbagbo, de son épouse Simone et tous les proches qui étaient à leurs côtés. Ce jour-là, la démocratie, l’indépendance et la souveraineté de la Côte d’Ivoire ont été tout simplement bafouées et piétinées. Et les décisions plus que contradictoires des juridictions telles que la CPI ne renforcent en rien la confiance, même relative, en ces institutions.

Mais depuis, la résistance ivoirienne n’a aucunement baissé d’intensité, bien au contraire. Et compte tenu de l’actualité internationale et de l’avènement d’une nouvelle ère dans la politique planétaire, leur conviction que la liberté viendra et que justice sera faite ne fait que se renforcer.

http://french.ruvr.ru/2014_04_15/L-Ivoirien-Ble-Goude-a-la-CPI-nouvelle-bavure-de-la-pretendue-justice-internationale-3395/

Mikhail Gamandiy-Egorov

 

La politisation des institutions juridiques « internationales » dénoncée à la Douma

La politisation des institutions juridiques « internationales » dénoncée à la Douma

Le 11 novembre dernier, la Douma (chambre basse du Parlement russe) a organisé en son sein une table ronde sur le thème « Les aspects principaux des institutions pénales internationales sur l’exemple du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) et de la Cour pénale internationale (CPI) ».

L’objectif de cette table ronde était en outre de discuter des principaux résultats à l’heure actuelle de ces organismes, ainsi que d’aborder les perspectives de ces institutions dans le cadre du développement du droit international. Parmi les personnalités qui ont pris part à cet événement, on peut citer, les députés de la Douma Viatcheslav Tetekine, Pavel Dorokhine, Tamara Pletneva, Mikhail Emelyanov, le professeur et Docteur en droit international Alexandre Mezyaev, la spécialiste des Balkans Anna Filimonova, le directeur de l’Institut des pays de la CEI Konstantin Zatouline, le directeur de l’Institut russe des recherches stratégiques Leonid Rechetnikov et d’autres imminents représentants de la classe politique, diplomatique et universitaire russe, dont des représentants du Ministère russe des affaires étrangères. Darko Mladic, le fils du général Ratko Mladic, commandant en chef de la République serbe de Bosnie, détenu aujourd’hui au TPIY, a également pris part aux discussions.

Le premier intervenant fut le Docteur Alexandre Mezyaev. Il a rappelé les principaux procès se déroulant depuis plusieurs années et jusqu’à aujourd’hui au TPIY et la CPI. Il a également rappelé les cas de Serbes emprisonnés par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie : le général Ratko Mladic, Radovan Karadzic, Goran Hadzic et notamment l’universitaire serbe Vojislav Seselj, ce dernier n’ayant jamais pris part au conflit armée en Ex-Yougoslavie et pourtant emprisonné depuis bientôt 11 ans par la « justice internationale », constituant un énième exemple flagrant des contradictions de ce tribunal. Un chapitre spécial sera dédié au cas du président de la Côte d’Ivoire Laurent Gbagbo, emprisonné depuis le 30 novembre 2011 dans les geôles de la Cour pénale internationale, ainsi qu’à Charles Blé Goudé, ministre ivoirien de la Jeunesse sous le gouvernement de Laurent Gbagbo, visé par un mandat d’arrêt de la CPI depuis le 1er octobre 2013.

En parlant du cas de Laurent Gbagbo, le professeur Mezyaev le caractérise ainsi : « Un président légitime déchu par des forces de l’extérieur et jugé sans aucun élément fiable ».En ajoutant que : « La CPI ne possède aucun élément de preuve pour détenir ne serait-ce qu’un jour de plus M. Laurent Gbagbo. Mais il est toujours en détention… ». Les autres intervenants ne manqueront pas de rappeler eux aussi toutes les contradictions inexpliquées de ces institutions juridiques internationales, censées défendre le droit international et la justice dans le monde entier, sans exception. Au lieu de cela, la CPI et le TPIY, ainsi que les autres institutions de ce type sont devenus des instruments politiques aux mains de groupes d’intérêts limités.

Effectivement, la politisation et l’instrumentalisation des dits organismes ont été les mots-clefs des discussions. Tous les spécialistes étaient unanimes sur le fait que des institutions censées lutter contre l’injustice aux quatre coins du monde devenaient en réalité des instruments qui ne font qu’accroitre cette injustice, de même que l’incompréhension générale et un manque de confiance totale en ces institutions dans le monde entier.

Il est incompréhensible que dans le cas du TPIY, les seuls coupables soient des responsables serbes, dont le fait d’être Serbes est déjà passible de sanctions. Qu’en est-il des criminels albanais, croates et autres ? On se souvient encore des tristes cas d’Ante Gotovina, général croate (possédant également la citoyenneté française), accusé de crimes contre l’humanité et notamment de meurtres massifs de civils serbes, de déplacement forcé de population, destruction sans motif de villes et villages, et la liste n’est pas exhaustive et qui, à la grande surprise générale, sera libéré en novembre 2012 (alors qu’il était condamné à 24 ans d’emprisonnement). Ou encore de Ramush Haradinaj, chef militaire de la dite « Armée de libération du Kosovo » (UÇK), inculpé lui aussi pour crimes de guerre commis alors qu’il était justement commandant de l’UÇK et acquitté lui aussi quelques jours après Gotovina…. « Bravo » donc au TPIY.

Pour revenir à l’Afrique et à la CPI, et plus particulièrement au cas ivoirien, où sont les responsables des crimes commis à Duékoué ? Où sont les mandats d’arrêts à l’encontre de ceux qui ont véritablement commis et continuent de commettre encore des crimes contre l’humanité ? Une justice à deux vitesses ? Pratique de doubles standards ? A l’évidence, c’est le cas… Du moins les parlementaires russes et leurs invités étaient tous d’accord sur ce point. Ils ont également vivement salué la démarche entreprise par l’Union africaine (UA) qui entrevoit la possibilité d’une sortie massive des pays africains de la Cour pénale internationale. Toujours selon eux, tant qu’il n’y aura pas une réforme massive et en totalité de la CPI, du TPIY et autres institutions de cette « famille », alors ces juridictions ne retrouveront jamais la confiance qu’ils espèrent tant porter, et de cela dépendra leur survie… La Russie de son côté, de même que la Chine, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, continuera de suivre avec la plus grande attention les événements liés aux institutions juridiques internationales et surtout si les critiques objectives dont elles font l’objet seront entendues ou non…

http://french.ruvr.ru/2013_11_18/La-politisation-des-institutions-juridiques-internationales-denoncee-a-la-Douma-2919/

Mikhail Gamandiy-Egorov

 

 

Toussaint Alain : « L’Afrique s’impatiente de voir Gbagbo libre ! » (Partie 2)

Suite de la première partie.

La Voix de la Russie : Les charges contre le président Laurent Gbagbo n’ont pas été confirmées par la CPI. Malgré cela, M. Gbagbo est toujours emprisonné, le temps que le procureur puisse trouver « des éléments de preuves additionnels », comme l’ont demandé les juges de la Cour. Comment jugez-vous cette situation ?

Toussaint Alain : Croyez-vous sincèrement qu’il pouvait en être autrement ? Nous sommes devant une situation inédite : un tribunal reconnaît qu’il n’a pas de d’éléments suffisants mais il s’obstine tout de même à maintenir en détention un inculpé. C’est époustouflant comme procédé ! On l’aura compris : la mission de la CPI n’est pas de dire le droit mais de condamner coûte que coûte. Or, Laurent Gbagbo est présumé innocent. Avec tous les moyens dont disposent le procureur et ses enquêteurs, la CPI n’a pas été en mesure de fournir la moindre preuve inattaquable. Que cette comédie inhumaine cesse ! Le président Gbagbo doit être remis en liberté.

LVdlR : On évoque une possible mise en liberté provisoire de Laurent Gbagbo. La demande a été introduite à plusieurs reprises par la défense. Qu’en est-il ?

Toussaint Alain : Oui, j’ai entendu beaucoup de déclarations à ce sujet. Je ne vais en rajouter à la spéculation. Sachez que la Côte d’Ivoire et l’Afrique s’impatientent de voir Laurent Gbagbo libre. Pas seulement en liberté provisoire mais en liberté pleine et définitive tout simplement. La CPI dessert la cause de la justice mondiale en maintenant un innocent en détention alors que les charges s’effondrent les unes après les autres comme un château de cartes. L’incarcération de Laurent Gbagbo est un non-sens. On ne peut pas emprisonner quelqu’un par convenance ou par pur calcul politique. Gbagbo est innocent. Sa libération revêt un enjeu de paix et de stabilité pour la Côte d’Ivoire, où le naufrage du processus de réconciliation saute aux yeux. Les Ivoiriens ont envie d’être de nouveau ensemble, de cohabiter pacifiquement. Après la politique, il y a la vie de tous les jours. Libre, Gbagbo peut être un puissant accélérateur de la cohésion sociale et un facilitateur de la confiance retrouvée entre ses compatriotes. Ni la CPI ni le Conseil de sécurité de l’ONU ne peuvent ignorer cette dimension de l’affaire.

LVdlR : Quelles sont les dernières avancées notoires dans la situation politique en Côte d’Ivoire ?

Toussaint Alain : M. Ouattara a récemment fait quelques gestes en remettant en liberté plusieurs personnalités proches du président Gbagbo. Il reste encore au moins 800 prisonniers politiques, toujours détenus sans jugement. Parmi eux, Simone Gbagbo et Charles Blé Goudé, lequel reste privé de l’assistance de ses avocats. La détention au secret ou la torture physique ou psychologique n’ont jamais fait avancer la cause de la vérité. Sur le plan politique, on a pu observer aussi que le Front populaire ivoirien (FPI, parti du président Gbagbo – Ndlr) a repris du poil de la bête avec le retour aux affaires de Pascal Affi N’Guessan, son président. Les lignes bougent puisque l’opposition peut de nouveau tenir des réunions publiques. Mais tout cela reste précaire et conditionné à l’humeur des autorités actuelles. Or, il y a nécessité d’instaurer un climat de confiance durable entre le pouvoir et l’opposition afin d’éviter de nouvelles crises. Cela passe également par la levée des mandats d’arrêt internationaux contre des anciens dignitaires et le dégel des comptes bancaires de plusieurs centaines de personnalités proches du président Gbagbo ou ayant servi l’Etat sous sa gouvernance.

LVdlR : Le régime d’Alassane Ouattara devient-il plus conciliant avec l’opposition à l’approche de l’élection présidentielle de 2015 ?

Toussaint Alain : Le gouvernement ne perd rien à ouvrir un vrai dialogue politique avec l’opposition. Bien au contraire. Effectivement, tout le monde songe déjà à la présidentielle de 2015. Mais il y a des sujets cruciaux qu’il faut absolument régler afin de mieux aborder cette échéance. L’objectif étant de garantir la paix et la sécurité.

D’abord, l’épineuse question du désarmement des ex-combattants de M. Ouattara : au moins 65 000 soldats en armes. Ils constituent une vraie source d’inquiétude et d’insécurité tant pour le pouvoir que pour les populations. Ensuite, il y a l’indispensable recomposition de la Commission électorale indépendante (CEI) dont la mission a officiellement pris fin, selon les accords de paix inter-ivoiriens, depuis les dernières élections locales d’avril 2013. Enfin, la révision de la liste électorale et l’inscription de plusieurs millions de nouveaux majeurs sur les listings. L’élection de 2015 reste ouverte. A mi-mandat, la grogne sociale est forte car M. Ouattara n’a tenu aucune de ses promesses électorales : un million d’emplois, les soins gratuits, cinq nouvelles universités, des milliers de nouvelles écoles, des points d’adduction d’eau potable dans tous les villages du pays, etc. Le chômage a atteint un niveau endémique. L’économie tourne au ralenti. Une note interne d’une célèbre institution de Bretton Woods a récemment tiré la sonnette d’alarme sur la gestion de M. Ouattara. La Côte d’Ivoire, qui a un programme avec le Fonds monétaire international (FMI), continue de s’endetter clandestinement auprès de régimes amis pour sauver les apparences. Les créanciers du pays sont eux aussi irrités par les pratiques peu orthodoxes de ce pouvoir incompétent. Et le mois de décembre s’annonce difficile sur le plan budgétaire. Or, les caisses de l’Etat sont désespérément vides. Face à ce triste tableau, le régime n’aura pas d’autre alternative que la fraude industrielle pour tenter de se maintenir au pouvoir. Je ne doute pas que les Ivoiriens veilleront à ce que M. Ouattara ne leur vole pas la victoire une nouvelle fois.

 LVdlR : M. Toussaint Alain, je vous remercie. Très bonne continuation à vous !

Toussaint Alain : Merci à La Voix de la Russie de m’avoir donné la parole. Je voudrais exprimer ma sincère gratitude aux autorités politiques de votre pays pour leur position courageuse sur la CPI et pour tout ce qu’elles entreprennent pour la recherche de la vérité. Merci et à très bientôt à Moscou.

http://french.ruvr.ru/2013_10_29/Toussaint-Alain-L-Afrique-s-impatiente-de-voir-Gbagbo-libre-Partie-2-0022/

Mikhail Gamandiy-Egorov

 

 

Côte d’Ivoire et CPI : entretien avec Toussaint Alain (Partie 1)

Côte d'Ivoire et CPI : entretien avec Toussaint Alain (Partie 1)

Nous avons le privilège aujourd’hui de nous entretenir de nouveau avec M. Toussaint Alain, ancien conseiller, ex-porte-parole et représentant dans l’Union européenne (UE) du président Laurent Gbagbo – président de la République de Côte d’Ivoire de 2000 à 2011.

 M. Alain préside aujourd’hui le groupe de pression Côte d’Ivoire Coalition Inc., représenté dans plusieurs pays. Fin janvier, Toussaint Alain s’était déjà confié à La Voix de la Russie à l’issue d’une autre visite de travail à Moscou, où il avait été reçu en audience par des dirigeants politiques et des députés du Parlement russe, la Douma.

 La Voix de la Russie : Monsieur Alain, bonjour ! Nous avons appris la demande d’extradition vers la Cour pénale internationale (CPI) de Simone Gbagbo, l’épouse de M. Laurent Gbagbo. Une extradition qui a été refusée par le régime d’Alassane Ouattara…

 Toussaint Alain : C’est une décision sage. Mme Simone Gbagbo est innocente. C’est une femme politique importante, une intellectuelle de premier rang qui a fortement contribué à l’éveil démocratique en Côte d’Ivoire. La CPI ignore probablement qui elle est en réalité. M. Alassane Ouattara a aussi certainement voulu épargner son camp. Les chefs de guerre, qui forment aujourd’hui sa garde prétorienne, avec leur donneur d’ordre Guillaume Soro, sont impliqués dans de graves violations des droits de l’Homme depuis septembre 2002. Tout cela est connu. Toutefois, j’estime que M. Ouattara a eu raison de ne pas céder aux rêveries de la CPI qui croit devoir juger les Africains en lieu et place des tribunaux africains. La justice est un pilier essentiel de l’État de droit. Notre institution judiciaire compte en son sein des femmes et des hommes aguerris qui ne demandent qu’à travailler en toute indépendance, loin des pressions politiques. Simone Gbagbo a droit à un procès équitable en Côte d’Ivoire devant un tribunal indépendant et impartial. Elle pourra alors répondre à toutes les graves accusations portées contre sa personne. C’est le minimum qu’un pays indépendant depuis 1960 puisse garantir à une citoyenne. La CPI n’a aucun rôle à jouer dans cette affaire et dans toutes les autres, y compris celles impliquant des lieutenants de M. Ouattara : ces dossiers relèvent de la compétence exclusive des instances judiciaires ivoiriennes.

 LVdlR : Depuis le 1er octobre, la CPI a rendu public un mandat d’arrêt à l’encontre de Charles Blé Goudé, l’ex-ministre de la jeunesse du dernier gouvernement de Laurent Gbagbo. Comment interprétez-vous cette nouvelle procédure visant un pro-Gbagbo ?

 Toussaint Alain : C’est un grand classique : la CPI ne poursuit qu’un seul camp. Pourquoi rendre public seulement en octobre 2013 un mandat émis depuis décembre 2011 ? Compte tenu de la gravité des crimes allégués, elle aurait dû le faire immédiatement afin d’alerter l’opinion sur la « dangerosité » de ce jeune leader progressiste. Vous savez, plus personne ne prend au sérieux cette Cour. Une fois encore, la CPI fait montre d’une cécité affligeante. Ce nouveau mandat traduit une méconnaissance flagrante de l’histoire de la Côte d’Ivoire. C’est très inquiétant. Blé Goudé n’était pas un chef de milice ni un chef de guerre. C’est un patriote qui s’est engagé, avec son verbe pour seule arme, dans le combat politique. Durant dix ans, il a mobilisé des millions de compatriotes, éveillé des consciences et même sensibilisé à la paix auprès des populations après l’accord entre l’État ivoirien et la rébellion de MM. Ouattara et Soro. Si j’ai bien compris, le fait de revendiquer la liberté, la souveraineté et l’indépendance des peuples africains constitue un « crime contre l’humanité » pour la Cour. Tout comme la résistance face au néocolonialisme des Occidentaux désormais à la reconquête de l’Afrique. C’est pourtant cette même « humanité » que l’on extermine impunément à Duékoué, Guitrozon, Nahibly… lorsque des bandes armées se rendent coupables des pires atrocités. Ce double standard prouve bien que la CPI a un agenda politique et qu’elle est au service exclusif des plus puissants.

 LVdlR : Justement, la CPI est chargée de juger les auteurs présumés de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre…

 Toussaint Alain : La CPI s’est grandement dévaluée aux yeux des Africains et des dirigeants du continent. Comme en atteste la récente fronde à l’Union africaine (UA). Cette Cour sera crédible le jour où elle inculpera les chefs d’État occidentaux dont les armées assassinent des civils au nom de la démocratie ou de la lutte contre le terrorisme. Voyez ce qu’ont fait les présidents Bush, Obama, Chirac et Sarkozy en Afghanistan, Irak, Libye ou encore en Côte d’Ivoire. Des dizaines de milliers de personnes y ont été impunément massacrées dans le silence assourdissant des sempiternels donneurs de leçons. Qu’a fait la CPI ? Rien ! Elle préfère s’en prendre au Soudanais Omar el-Béchir, à l’Ivoirien Laurent Gbagbo ou au Congolais Jean-Pierre Bemba plutôt qu’aux chefs de l’OTAN. Sincèrement, l’épithète « internationale » dans la dénomination de cette Cour est une imposture : le mot « indigène » eût été mieux indiqué ! Que la CPI laisse nos instances judiciaires nationales gérer ces situations. La Côte d’Ivoire dispose des instruments juridiques et des ressources humaines pour juger Blé Goudé ainsi que tous les autres sur son territoire. Ces procédures doivent aussi avoir une vocation pédagogique. La vérité doit être connue afin d’édifier les générations futures. Transférer Blé Goudé à la CPI ou le juger au pays, voilà un autre dilemme pour le pouvoir. J’ai foi que M. Ouattara et son gouvernement n’extraderont pas Blé Goudé. L’Afrique en a assez de livrer ses enfants à cet Occident ingrat et égoïste.

Suite dans la seconde partie de l’entretien

http://french.ruvr.ru/2013_10_25/Cote-dIvoire-et-CPI-entretien-avec-Toussaint-Alain-Partie-1-5007/

Mikhail Gamandiy-Egorov

CPI : une première grande victoire pour Gbagbo

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Rappel des faits : lundi 3 juin, les juges de la Cour Pénale Internationale (CPI) ont demandé au procureur d’apporter des éléments de preuves additionnels avant de prendre une ultime décision sur un éventuel procès contre le Président ivoirien Laurent Gbagbo. Un procès qui n’a visiblement aucune raison d’être.

Le moment de vérité approche. Logiquement, ce lundi 3 juin aurait dû être le jour de la libération de Laurent Gbagbo, mais visiblement, la CPI a décidé de donner une ultime chance au procureur, tellement les pressions de la part de certains lobbies ultra puissants sont importantes. Les juges ont donc ajourné la décision de confirmer ou non les charges. Selon la formule officielle de la CPI, citée par son porte-parole Fadi el-Abdallah : « La chambre a estimé que l’ensemble des preuves du procureur, bien qu’apparemment insuffisantes, ne semble pas manquer de pertinence et de valeur probante et ne peut donc pas directement décider d’abandonner les poursuites ».

En d’autres termes, voici le message au procureur : « Certes, vous n’avez aucun élément de preuve solide, mais pour recompenser votre entêtement à vouloir condamner un chef d’Etat qui a osé défier et se révolter contre de grandes puissances impérialistes et leurs armées, il faut bien vous donner une seconde chance… ». La procureure Fatou Bensouda aura donc jusqu’au 15 novembre, le temps « d’envisager de fournir des preuves supplémentaires ou de mener des enquêtes supplémentaires », comme le mentionne également le communiqué de la CPI.

Pour maître Emmanuel Altit, avocat principal du Président Laurant Gbagbo, ainsi que pour tous les partisans du président ivoirien et pour Laurent Gbagbo lui-même, c’est la satisfaction. Répondant aux questions de la Radio internationale des Pays-Bas (Radio Netherlands Worldwide), maître Altit a affirmé que « le Président Gbagbo était particulièrement satisfait parce que c’est une grande victoire. Une première grande victoire significative dans ce long chemin qui mène vers la vérité, vers la révélation de ce qui a été la réalité historique. Les juges ont estimé que le procureur n’apportait aucun élément à son argumentation. Ils ont considéré par conséquent que ces accusations ne tenaient pas. Ils ont donc décidé logiquement de ne pas confirmer les charges et ont dit clairement à l’accusation de recommencer à zéro ». Et d’ajouter : « dans ces conditions, la mise en liberté du Président Gbagbo est une conséquence logique de cette décision ».

Pour Toussaint Alain, un ancien porte-parole de la présidence ivoirienne, la décision de la CPI marque « un grand pas vers la libération » de Laurent Gbagbo. « La CPI, qui joue sa survie et sa crédibilité, n’a pas d’autre choix que de le libérer », conclut-il dans un communiqué.

L’optimisme est donc bel et bien de retour parmi les soutiens de Laurent Gbagbo, mais également ceux qui désirent que la Côte d’Ivoire retrouve la paix et la prospérité d’antan ainsi que le chemin d’une vraie reconciliation nationale. La libération de Laurent Gbagbo en serait la condition initiale. Certains partisans, mais aussi plusieurs spécialistes du droit international, ont quant à eux exprimé un certain mécontement sur le fait que Laurent Gbagbo n’ait pas été libéré à l’annonce de cette décision en attendant que l’accusation « trouve quelque chose, ou du moins fasse semblant d’avoir trouvé».

 Pour finir, il reste à souhaiter que l’espoir de justice qui semble renaître chez des millions d’Ivoiriens, mais également d’Africains et de citoyens du monde épris de liberté, puisse devenir réalité. Et que la CPI, très critiquée pour ses contradictions évidentes, puisse retrouver un semblant de légitimité et d’équité en prenant la bonne décision dans un dossier désespérément vide depuis le début. Surtout quand on sait que les bourreaux d’hier sont devenus les « justiciers » d’aujourd’hui. Bien sûr, comme par magie, tous ceux qui avaient combattu ces bourreaux et défendu leur pays, la Côte d’Ivoire, dès le déclenchement de la crise en septembre 2002, sont désormais injustement emprisonnés sans aucune base juridique ou condamnés à l’exil par le pouvoir ivoirien.

Mikhail Gamandiy-Egorov