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Les lignes rouges en mer Noire

Les bombardiers stratégiques des pays de l’Otan volent à une distance de 20 kilomètres des frontières de la Russie, ce qui constitue une ligne rouge pour le chef de l’Etat russe Vladimir Poutine. Face aux agissements occidentaux, il est évident que la Russie devra prendre des mesures dissuasives supplémentaires.

Participant à une réunion élargie avec le ministère russe des Affaires étrangères, Vladimir Poutine n’a pas manqué d’aborder la question des récentes actions otanesques en mer Noire: «En ce qui concerne la mer Noire, les derniers événements dépassent certaines limites. Des bombardiers stratégiques volent à une distance de 20 kilomètres de notre frontière étatique et ils portent, comme vous le savez, des armes très sérieuses».

Le président russe a également attiré l’attention sur le fait que les actions des pays occidentaux, qui aggravent la situation présente, se déroulent non seulement en mer Noire, mais également dans d’autres régions proches des frontières de la Fédération de Russie. «Oui, nous exprimons constamment nos inquiétudes à ce sujet, nous parlons de lignes rouges, mais, bien sûr, nous comprenons aussi que nos partenaires étant très particuliers et qui, en employant un euphémisme – traitent tous nos avertissements et échanges en matière de lignes rouges de manière très superficielle», a déclaré le chef de l’Etat.

Pour autant, il a rappelé que la Russie réagira à ces défis. «L’Otan a pris son initiative pour rompre tous les mécanismes de dialogue. Nous répondrons bien évidemment de manière appropriée à l’activité militaire des otanesques le long du périmètre des frontières russes». Tout en soulignant que la Russie n’a pas besoin de conflits à ses frontières occidentales. «Nos récents avertissements (aux pays occidentaux, ndlr) se font encore ressentir et produisent un certain effet. Une certaine tension est apparue là-bas. Nous devons maintenir cet état pour eux aussi longtemps que possible, afin qu’ils ne pensent même pas à organiser à nos frontières occidentales une sorte de conflit dont nous n’avons pas besoin».

A noter que le lundi 15 novembre, le président biélorusse Alexandre Loukachenko, dont le pays est également en tensions avec les régimes occidentaux, a déclaré que les pays de l’Occident cherchaient à aggraver la situation dans la région, comme en témoignent les manœuvres des Etats-Unis et de l’Otan en mer Noire. Il a également déclaré avoir discuté de cette question avec Vladimir Poutine.

En parlant maintenant de perspectives à venir. Il est aujourd’hui évident que face à un establishment occidental qui comprend parfaitement la fin de son projet hégémonique unipolaire, mais qui par la même occasion s’accroche par tous les moyens à ce concept révolu, il sera fortement nécessaire de poursuivre non plus les rappels à l’ordre, mais bel et bien les actions qui permettront de le remettre à sa place. Celle d’une extrême minorité à l’échelle planétaire.

Ces actions, il faut certainement les diviser en plusieurs volets. Dans la partie européenne, puisque c’est justement à travers elle que sont organisées les manœuvres de provocation otanesques près des frontières russes, il sera nécessaire d’augmenter l’arsenal de dissuasion pouvant mettre les têtes chaudes hors d’état de nuire en un temps record. Pour ce qui est des USA – le maitre des nostalgiques de l’unipolarité et principal initiateur des provocations en question, il sera certainement nécessaire d’accroitre l’interaction avec l’axe latino-américain souverainiste et poursuivre la défense des pays concernés face aux manœuvres de déstabilisation étasuniennes.

Et si nécessaire, augmenter l’interaction en Amérique latine avec d’autres partenaires, notamment la Chine et l’Iran – dont l’influence grandissante dans cette région met également Washington dans un état de quasi-hystérie. Toujours dans le cadre latino-américain, le temps est certainement venu de renforcer très considérablement la présence militaire au sein des pays alliés de la Russie et de l’axe multipolaire, comme Cuba, le Nicaragua et le Venezuela. Avec en prime l’organisation de manœuvres militaires conjointes près des frontières US.

Dans le Pacifique, où Washington mène également des actions hostiles vis-à-vis de la Russie et de la Chine, il est à penser que Moscou et Pékin doivent en coordination riposter à tout acte pouvant toucher les intérêts sino-russes. Y compris à travers l’élargissement de manœuvres militaires conjointes à grande échelle.

Le président russe l’a bien rappelé: un certain effet des avertissements est déjà visible du côté occidental. Mais face à un cas clinique qui ne laisse aucune note d’optimisme, les remèdes doivent être à la hauteur de la maladie.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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Mali: les autorités insistent sur la souveraineté nationale

Paris ne cache pas sa vive colère sur les choix stratégiques en cours de l’Etat malien. En oubliant comme à son habitude que dans le monde contemporain, le dernier mot reviendra au peuple souverain et aux autorités qui sont à l’écoute de ce peuple.

Les raisons de la colère de l’Elysée et du Quai d’Orsay sont d’une certaine façon compréhensibles. Après tout, comme nous le disions précédemment – l’exemple centrafricain est devenu fortement inspirant pour d’autres nations africaines, notamment d’Afrique francophone.

Et le processus semble désormais véritablement sur sa lancée, à l’heure où le système de la Françafrique non seulement doit faire face à une chute brutale de ses capacités de nuisance, mais également à l’observation de sa propre chute sans être un minimum capable de s’adapter aux règles issues du monde multipolaire, pour tenter à sauver ne serait-ce qu’un peu sa face.

Les récents événements au Mali et la peur de Paris de voir Bamako signer un accord de coopération sécuritaire avec un groupe privé de sécurité russe ont au final montré au grand jour toute la fragilité de ce système néocolonial – pas seulement dans le cadre de l’apparition d’acteurs compétents et déterminés en qualité de ses adversaires, mais aussi et surtout à l’heure d’un éveil de conscience sans précédent à l’échelle africaine. Et ce avant tout grâce aux mobilisations populaires de masse, ayant clairement exprimé leur ras-le-bol face à la présence militaire occidentale. Sans oublier les autorités de nombre d’Etats africains de plus en plus à l’écoute des aspirations de leurs populations, avec en prime une capacité analytique efficace dans le cadre des événements contemporains.

Pendant ce temps, Paris tente de s’accrocher jusqu’au bout. Et au lieu de défendre un minimum de dignité après la gifle des alliés anglo-saxons, l’establishment élyséen – incapable de se défaire de son rôle de sous-traitant vis-à-vis de Washington, tente, de montrer encore ses muscles dans ce qu’il considère comme son «pré-carré» africain. Bien que cela n’impressionne plus grand monde.

Ce lundi, la ministre française des Armées, Florence Parly, est partie pour la capitale malienne dans l’objectif vraisemblablement ultime de convaincre les autorités du pays à faire marche arrière. Du côté malien, il a été expressément dit qu’il ne permettra pas à aucun Etat de faire des choix à sa place et encore moins de décider quels partenaires il peut solliciter ou pas.

Il faut de tout de même bien comprendre le contexte actuel: l’effet domino est déjà en cours pour la Françafrique. Et les représentants hexagonaux, bien qu’étant toujours dans une posture sous-traitante et ne pouvant plus prétendre à parler au nom d’une puissance internationale digne de ce nom, savent pour le moins un peu analyser les perspectives et la suite fort probable des événements.

Et cette suite des événements est relativement simple: quelle que soit la décision finale des autorités du Mali, dans le cadre de leur souveraineté nationale, le processus de fin du système néocolonial françafricain se poursuivra. Devant faire face à une mobilisation des populations africaines de grande envergure, une opinion publique lui étant largement hostile, des leaders de nombre de pays africains de plus en plus déterminés à défendre la souveraineté de leurs Etats, et des puissances non-occidentales qui ne comptent pas faire marche arrière – il devient alors compréhensible que le système françafricain est condamné à une défaite humiliante.

Pourtant des solutions existaient. Et ce sont tout sauf celles privilégiées par l’establishment élyséen actuel. Les menaces, les tentatives d’intimidation et de pression, les actions de déstabilisation et autres instruments propres au néocolonialisme – n’impressionnent plus. Plus que cela, le ras-le-bol des populations d’Afrique francophone est tel que rien ne semble pouvoir inverser la tendance.

De un, la solution pour l’Etat français aurait été de sortir de la domination atlantiste anglo-saxonne et de devenir un pays réellement souverain. De deux, abandonner la pensée d’arrogance extrême propre aux représentants du néocolonialisme et de commencer à respecter la souveraineté des nations africaines francophones. De trois, s’adapter à l’ère multipolaire, en proposant son savoir-faire sans agenda néocolonial dans certains domaines de compétence. Pour autant il faut être réalistes – ce sont toutes des orientations dont est tellement loin la France contemporaine. Plus particulièrement depuis Sarkozy jusqu’à la période macronienne actuelle.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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L’Ethiopie s’éloigne de plus en plus de l’Occident

Choix stratégiques des autorités éthiopiennes, accords avec la Chine et la Russie et une opinion publique du pays de plus en plus hostile vis-à-vis de l’establishment occidental constituent des éléments qui laissent entrevoir une nouvelle défaite géopolitique de l’Occident dans un pays africain stratégique.

De nombreux partisans du gouvernement éthiopien se sont rassemblés pour dénoncer une ingérence occidentale dans les affaires de leur pays. Les messages hostiles, notamment à l’encontre de Washington, sont loin d’être d’ailleurs les premiers de la part de la société civile éthiopienne. Cela sans oublier – les tournants stratégiques pris par Addis-Abeba, en direction de Pékin et de Moscou, pouvant être considérés comme une source supplémentaire de vive inquiétude pour l’establishment washingtonien et ses acolytes.

En effet et à l’heure où les Etats-Unis et certains de leurs fidèles alliés, dont le régime français, observent avec un mécontentement non-voilé l’interaction montant en puissance entre les Etats africains avec la Chine et de plus en plus de nouveau avec la Russie, l’Ethiopie représente justement un nouveau casse-tête pour les Occidentaux.

L’Etat éthiopien est stratégique en Afrique pour bien de raisons. Deuxième plus large population du continent avec près de 110 millions d’habitants, la seule nation africaine à n’avoir jamais été colonisée, ayant été un allié africain stratégique de l’URSS durant la période de guerre froide, et que l’Occident pensait avoir mis dans son orbite d’influence à la chute de l’Union soviétique. Vraisemblablement à tort. Sans oublier que le siège de l’Union africaine (UA) se trouve justement à Addis-Abeba.

Le leader actuel de l’Ethiopie, en la personne d’Abiy Ahmed, mérite également une mention spéciale. Lauréat du prix Nobel de la paix 2019, notamment pour ses actions ayant conduit à la résolution du conflit avec l’Erythrée voisine, il a été pendant un certain moment plutôt adulé dans une partie de la presse occidentale, du moment que les relations entre Addis-Abeba et les capitales occidentales restaient relativement au beau fixe. Mais les choix stratégiques sélectionnés de plus en plus en faveur de la Chine – très présente en Ethiopie sur le plan économique et dans le secteur des infrastructures – ainsi qu’en direction de l’ancien allié russe – notamment sur le plan sécuritaire – sont des éléments ayant rapidement transformé le chef d’Etat éthiopien en une cible d’attaques émanant de l’Occident. Aussi bien politiques, que médiatiques.

Mais le grand souci, une fois encore, pour l’establishment occidental – c’est qu’Abiy Ahmed continue de jouir d’une popularité réellement importante auprès de la population de son pays – un pays pour rappel qui n’a pas connu la colonisation occidentale et dont la population voit très mal toute tentative d’interférence dans ses affaires intérieures. Comme c’est actuellement le cas avec l’opération sécuritaire menée par l’armée gouvernementale dans la région de Tigré.

Et les récentes mobilisations massives des citoyens éthiopiens en faveur du gouvernement, avec en prime des messages hostiles visant la politique occidentale et plus particulièrement washingtonienne, ainsi que des appels à renforcer l’alliance avec Pékin et Moscou, ne font que rajouter un peu plus d’intensité à l’hystérie occidentale.

Le mois dernier, l’Ethiopie avait d’ailleurs annoncé la signature de plusieurs accords avec la Russie en vue de renforcer la coopération militaire entre les deux pays. La ministre éthiopienne de la Défense, Martha Lewig, avait souligné que ledit accord «renforcera l’amitié de longue date établie entre l’Ethiopie et la Russie et leur permettra de poursuivre le travail en commun qu’ils mènent de manière plus étroite encore».

Avant cela, en mars dernier, la Chine et la Russie avaient bloqué une déclaration promue par le bloc occidental au sein de Conseil de sécurité de l’ONU visant l’opération éthiopienne dans sa région de Tigré. Accordant ainsi un soutien diplomatique de poids à Addis-Abeba.

Quant à l’Ethiopie elle-même et au-delà du soutien sino-russe et de plusieurs pays africains, la mobilisation populaire représente vraisemblablement encore une fois la meilleure réponse aux tentatives d’ingérence étasunienne et plus généralement occidentale dans ses affaires souveraines. Et face à cette mobilisation – les instruments de déstabilisation habituels allant des campagnes médiatiques du mainstream jusqu’aux cellules Soros – ne semblent pas être en mesure de pouvoir bouleverser la donne en faveur des intérêts néocolonialistes de l’establishment occidental, se référant encore à un ordre révolu et dépassé par les événements.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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RCA, Tchad, Mali: Paris dans l’embarras

L’establishment français se retrouve désormais dans une situation délicate sur le continent africain. A l’heure des bouleversements stratégiques en cours et d’une mobilisation de la société civile en Afrique pour la reprise d’une souveraineté véritable, le risque observé réside dans la volonté de l’Elysée d’utiliser des méthodes de déstabilisation pouvant être considérées comme clairement extrémistes.

Parmi ces méthodes, on peut faire mention d’une activation des cellules appartenant au réseau françafricain, pouvant commettre des attaques ciblées contre les leaders africains s’étant libérés ou en phase de le faire vis-à-vis de l’ancienne métropole coloniale, et plus généralement vis-à-vis des forces néocoloniales. L’autre schéma pouvant être promu par ledit réseau réside dans le fait de créer des tensions intra-africaines, comme la tentative actuelle qui vise la Centrafrique et le Tchad.  

En effet, après l’arrestation récente d’un mercenaire français dans la capitale centrafricaine Bangui, en possession d’un fort important arsenal d’armes et de munition, et de la reprise sous contrôle gouvernemental de pratiquement tout le territoire national de la RCA, le tout après des années d’instabilité, Paris semble vouloir jouer le tout pour le tout. Des attaques médiatiques hexagonales visant les pays ayant choisi la souveraineté nationale et le panafricanisme comme bases de leur développement, jusqu’à la création de nouveaux défis sécuritaires pour les pays concernés, comme la promotion de tensions entre pays voisins.

Les tout récents exemples sont là: tout d’abord une explosion dans le nord-ouest de la RCA qui tue deux policiers centrafricains et trois instructeurs russes, puis cette tentative de semer la discorde entre Bangui et N’Djamena.

Si effectivement le Tchad reste un allié officiel à ce jour pour Paris, un très grand nombre de citoyens tchadiens refusent catégoriquement d’être entrainés dans un conflit avec le voisin centrafricain, le tout via une pure instrumentalisation française. Le leadership de la République centrafricaine a en ce sens entrepris également toutes les démarches nécessaires afin que la situation avec le voisin tchadien reste sous contrôle, comme l’indique d’ailleurs le communiqué conjoint signé par la cheffe de la diplomatie centrafricaine Sylvie Baipo-Temon et son homologue tchadien.

La vive inquiétude et la radicalisation des actions de l’Elysée peuvent être vues non seulement dans le contexte de la perte d’influence en RCA – mais également à d’autres endroits dans ce qu’il continue de considérer comme son «pré-carré». Notamment au Mali où la société civile continue de se mobiliser pour demander, entre autres, le départ des troupes françaises.

En termes de perspectives, si la meilleure réponse aux nouvelles tentatives de déstabilisation via un réseau obscur et d’un autre temps – reste sans aucun doute la pleine conscience du leadership et de la société civile d’Afrique, il faut néanmoins prendre ces défis avec le plus grand sérieux. Faut-il le rappeler: l’establishment occidental a déjà démontré à plus d’une fois être capable d’instrumentaliser des éléments extrémistes, et mêmes ouvertement terroristes, notamment comme ce fut le cas en Syrie, dans le but d’atteindre des objectifs géopolitiques. Cette éventualité est d’autant plus plausible lorsque ce même establishment voit ses intérêts datant de dizaines d’années ouvertement menacés.

Une chose est sûre. L’éveil des consciences au sein du continent africain vit une période sans précédent. La réponse médiatique panafricaine, l’analyse personnelle et non dictée depuis l’Occident au sein des populations de l’Afrique, la mobilisation populaire – représentent des éléments indéniables pour une résistance à succès face au schéma qui vise à toujours diviser pour maintenir, ne serait-ce que pour quelque temps, un règne unipolaire totalement dépassé.

Les Africains dans leur large majorité ont soif de la souveraineté véritable pour leur continent. Et s’inspirent aujourd’hui des grands noms du panafricanisme. L’Afrique a aujourd’hui une chance unique de s’affirmer pleinement – dans l’optique de devenir à terme un bloc puissant du monde multipolaire, devenu réalité depuis ces dernières années. Même si cela déplait fortement aux nostalgiques d’un ordre international dépassé par les événements en cours.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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RCA: le mercenariat français continue de miser sur la déstabilisation

Un ressortissant français a été récemment arrêté à Bangui, la capitale centrafricaine, en possession d’un fort important arsenal d’armes et de munitions. Cette arrestation intervient au moment même d’une stabilisation à succès en cours dans ce pays malgré des tentatives extérieures évidentes à maintenir la déstabilisation.

Un certain Juan Rémy Quignolot, citoyen français, a été arrêté, le 10 mai dernier, dans la capitale centrafricaine avec une impressionnante quantité d’armes, ainsi que de munitions. L’arrestation en question a suscité un vif intérêt au sein de l’opinion publique aussi bien centrafricaine, que plus généralement au niveau du continent africain. De nombreux experts s’interrogent sur les motivations possibles pour un citoyen étranger, se trouvant dans un pays souverain et n’ayant aucune autorisation à disposer d’un tel arsenal d’armements.

Pour beaucoup d’Africains, un véritable sentiment de colère se faisait clairement ressentir, à l’heure où certains puissances au passé colonial ont toujours du mal à accepter la pleine souveraineté de leurs anciennes colonies et le fait que ces dernières souhaiteraient choisir librement leur politique de développement dans des secteurs divers, ainsi que leurs partenaires extérieurs.

Du côté des autorités françaises, on déplore «une instrumentalisation». Interrogé sur cette prétendue instrumentalisation, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement centrafricain, Ange-Maxime Kazagui n’a pas manqué de réagir: «Nous prenons bonne note de cette publication, je ne l’ai pas lu d’ailleurs. Maintenant, instrumentalisation pour instrumentalisation, je pense qu’au moment où nous parlons, les faits d’armes, ou les faits qui sont évoqués concernant nos forces de sécurité sont bien souvent instrumentalisés, je vous l’accorde, non pas par les autorités françaises, mais par beaucoup de médias occidentaux. Deuxièmement, pour ce qui concerne ce monsieur [Juan Rémy Quignolot], nous n’avons rien instrumentalisé, nous avons publié le fait qu’une personne a été arrêtée de telle manière, et dans tel contexte».

Le représentant des autorités centrafricaines a en effet insisté que les soupçons d’instrumentalisation sont surtout une interprétation des médias français: «Vous parlez d’instrumentalisation. Alors, est-ce que nous allons lancer un débat? Qu’est-ce qui vous fait penser que cela est instrumentalisé? Cette personne existe-t-elle ou bien est-elle virtuelle? Oui, elle existe. Est-ce qu’elle a été arrêtée avec des équipements de guerre? Oui! Cela a été le cas. Est-il un citoyen français? Oui, c’est le cas. Que faisait-elle avec des armes? Alors, en quoi cela peut-il être instrumentalisé? Voilà, vous comprenez donc pourquoi je pense qu’il faut laisser à la justice l’opportunité de faire son travail et ensuite nous verrons bien».

Maintenant et pour parler plus précisément du détenu français dont il est question. Le procureur général auprès de la Cour d’appel de Bangui, Eric Didier Tambo, a affirmé qu’il n’y a aucun doute que ce ressortissant français soit impliqué dans la déstabilisation de la Centrafrique: «Ce monsieur est à Bangui depuis 2013. C’est un militaire français qui serait à la retraite. Il faisait partie du groupe de Bernard Cousin et Christophe Raineteau (voir notre article d’octobre 2019 sur le sujet) et en 2013, c’était lui qui était chargé de former les rebelles de la Seleka (groupe rebelle ayant opéré en RCA, ndlr) pour le compte du groupe Raineteau. En 2019, c’était ce Raineteau qui activait les extrémistes du Km5 (un quartier à Bangui). Nous sommes en train de mener des investigations en respectant ses droits». En ajoutant que «le détenu Quignolot se présente comme consultant et journaliste mais après tous les effets que nous avons trouvé chez lui, nous n’avons rien trouvé en lien avec la presse».

La description donnée en dit long sur le passé de Juan Rémy Quignolot, caractérisé par de nombreux observateurs comme un véritable mercenaire et barbouze. Mais l’autre question très importante à se poser c’est de connaitre les motivations dudit personnage, ainsi que des éventuels commanditaires, notamment en lien avec l’arsenal d’armes trouvé dans sa villa de la capitale centrafricaine. A cet effet plusieurs thèses sont possibles.

Parmi ces thèses – celle d’une utilisation de cet armement pour des cellules dormantes appartenant aux groupes rebelles et terroristes. Le tout au moment où la situation sécuritaire a été récemment largement inversée en faveur des autorités centrafricaines et de leurs alliés. Une réalité accueillie avec grand enthousiasme par la large partie des citoyens de la RCA mais vraisemblablement alarmante pour les représentants des bandits de grand chemin, ainsi que pour leurs parrains.

L’autre thèse – d’ailleurs pas moins révoltante – serait celle d’une préparation d’assassinats ciblés de responsables centrafricains. Une option qui peut d’ailleurs être qualifiée non seulement d’ouvertement criminelle, mais dont l’objectif serait certainement à tenter de semer de nouveau le chaos dans ce pays africain stratégique. Ou comme une punition des représentants étatiques centrafricains d’avoir misé sur la pleine souveraineté pour leur pays, le panafricanisme et le libre choix des partenaires extérieurs.

Quoiqu’il en soit: le pire a été jusqu’à maintenant évité. Au-delà de la sécurisation du territoire national, les services de sécurité de la RCA auront démontré toute leur compétence dans la gestion des risques terroristes et de déstabilisation émanant de ressortissants dont la présence sur le sol centrafricain aurait pu paraitre innocente. Quant à la question que posent certains représentants de l’establishment politique et médiatique occidental – à savoir que cet événement serait une nouvelle page d’une confrontation entre la France et la Russie en République centrafricaine – il aurait été certainement plus juste de reformuler ladite question. Il serait en effet plus légitime de parler d’une vive opposition entre les patriotes, souverainistes africains, ayant misé sur les valeurs du panafricanisme, face aux prédateurs souhaitant voler des droits légitimes aux peuples d’Afrique.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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Iran: Washington espère le maintien de l’embargo sur les armes, Moscou et Pékin opposés

Alors que les USA ont failli à leurs engagements dans le cadre de l’accord sur le nucléaire iranien, en sortant unilatéralement de l’accord, l’establishment US espère néanmoins le maintien de l’embargo sur les armes vis-à-vis de la République islamique d’Iran, au moment où deux membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU y soient clairement opposés.

On approche vraisemblablement d’un nouvel échec politico-diplomatique étasunien. Après l’échec des révolutions de couleur et des tentatives de déstabilisation de l’Iran de l’intérieur, l’incapacité à faire reculer la grande puissance perse sur le front politico-militaire, sans oublier le secteur énergétique et même dans le cadre de la propagation du Covid-19, Washington espère néanmoins à pouvoir réaliser son coup diplomatique dans le cadre onusien, en mettant activement à contribution ses alliés occidentaux, notamment européens, mais ayant en face l’infaillible et solidaire duo sino-russe. En parlant d’ailleurs du fameux Covid-19, alors que l’Iran était effectivement l’un des pays les plus touchés au début de la propagation, à l’heure actuelle Téhéran s’en sort incomparablement mieux dans le cadre sanitaire que ce n’est le cas pour les USA.

De l’avis même de nombre d’experts occidentaux, l’élite étasunienne avance inévitablement vers un échec. Bien que mobilisant ses partenaires de l’UE, eux-mêmes comprenant parfaitement toutes les contradictions washingtoniennes mais incapables de lui dire «stop», les Etats-Unis ont bien peu de chances de pouvoir obtenir le maintien de l’embargo sur les armes à destination de l’Iran, sachant que Pékin comme Moscou comptent vraisemblablement utiliser leur droit de véto, et ce au grand dam des attentes étasuniennes.

Plus que cela, de sources provenant de hauts diplomates russes comme iraniens, Moscou et Téhéran sont déjà en train de discuter d’un éventuel élargissement de la coopération militaro-technique, y compris à travers de possibles nouvelles livraisons d’armes russes en Iran. Une éventualité qui serait une énorme claque supplémentaire aux USA, et ce pour deux raisons. La première étant que Washington n’aura pas été capable de forcer l’application de sa «volonté» à l’ONU. Donc une nouvelle défaite politico-diplomatique. La deuxième étant purement stratégique et militaire. Sachant que si effectivement Moscou allait livrer de nouvelles armes, peut-être même stratégiques, aux forces armées iraniennes, cela augmentera plus que considérablement la capacité défensive de l’Iran – possédant déjà une capacité de riposte importante, l’ayant en passant ouvertement démontré lors des frappes contre des cibles US en Irak, suite à l’assassinat du général Qassem Soleimani, ainsi que dans le cadre de divers dossiers où Téhéran tient efficacement tête à Washington. Et qui ne manquent pas : Syrie, Irak, Yémen, entre autres…

Tout cela pour dire que Washington a beau continuer à prétendre être le gendarme terrestre, la réalité multipolaire du monde prouve, elle, tout le contraire. Et s’il y a bien encore un certain nombre de pays jouant le rôle de sous-traitants pour les USA, nombre d’autres lui résistent efficacement, dont la puissance et la détermination ne sont pas à démontrer. A bon entendeur.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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L’Iran: une priorité en matière de déstabilisation pour les USA

Après avoir raté les missions de faire tomber les gouvernements légitimes de Syrie et du Venezuela, et d’avoir pour le moment réussi à contribuer au coup d’Etat en Bolivie, c’est au tour de l’autre «os dans la gorge» de l’establishment étasunien de ressentir la tentative de déstabilisation – en l’occurrence l’Iran. Le tout avec l’assistance d’Israël et de l’Arabie saoudite.

D’une certaine façon ce n’est aucunement une première, puisque au-delà des pressions économiques et géopolitiques, les événements observés récemment en Iran ne représentent de loin pas la première tentative de contribuer à la déstabilisation intérieure du pays. Et cela a une explication assez simple : il est très peu probable qu’une intervention militaire extérieure soit possible sur le territoire iranien, et ce malgré les nombreux appels d’Israël à porter des frappes aériennes ciblées contre des installations en Iran liées notamment à son programme nucléaire. Le fait est que Washington, comme Tel-Aviv ou encore Riyad, savent parfaitement qu’un tel scénario leur coûterait très cher et sans aucune garantie de succès.

Reste donc l’espoir d’une révolution de l’intérieur, orchestrée et assistée de l’extérieur. Et à cette fin, les adversaires de Téhéran ne lésinent pas sur les moyens. Il faut dire aussi que les problèmes auxquels est confronté le pays ne manquent pas – là aussi en lien direct avec la pression exercée de l’extérieur. Tout d’abord les sanctions étasuniennes visant l’Iran, en premier lieu les exportations pétrolières iraniennes, qui frappent fortement l’économie du pays, sachant que la vente du pétrole représente un domaine clé pour le budget de l’Etat perse.

Et malgré les tentatives iraniennes de contourner ces sanctions, le fait est que Washington fait absolument tout pour bloquer toute transaction liée au pétrole en provenance de l’Iran, et ce quelle que soit la destination. Pour rappel, les USA ont ouvertement menacé les institutions financières turques de sanctions pour la prétendue raison d’avoir facilité ces transactions internationales. D’ailleurs, ce n’est pas uniquement le pétrole iranien qui est visé, mais également son gaz – autre produit abondant parmi les ressources naturelles du pays.

Plus que cela encore, les Etats-Unis font leur maximum pour faire monter les prix du pétrole sur le marché mondial, à un moment où augmente la production du pétrole de schiste étasunien – une production coûteuse mais dont les Etasuniens veulent à tout prix pouvoir utiliser comme nouvelle arme économique, et cela sans même compter les risques écologiques qui en découlent dans le cadre d’une telle production. Fait intéressant: cela se fait en portant atteinte aux intérêts économiques et énergétiques des «alliés», en l’occurrence les pays de l’UE – l’un des principaux importateurs de pétrole. Mais cela est quelque chose d’habituel dans la politique washingtonienne, à savoir le concept de «j’impose, vous subissez»… Evidemment, cela frappe aussi sérieusement l’économie iranienne : limitée dans ses exportations pétrolières et obligée d’aller dans l’augmentation des prix du carburant sur le marché intérieur – ce dernier fait ayant justement été la principale raison des récentes manifestations en Iran.

Et là aussi ce n’est pas tout. Lorsque les instruments politico-économiques ne suffisent pas à faire plier l’adversaire, les partisans de l’ordre unipolaire utilisent la pression sécuritaire, y compris terroriste, comme les attaques ayant visé les navires transportant le pétrole iranien. Le tout évidemment en accusant l’Iran comme étant «responsable» de terrorisme.

Sur le plan médiatique, les médias mainstream ont largement contribué eux-aussi à la montée de l’hystérie vis-à-vis de Téhéran. Cela a pu être pleinement observé toujours lors des récentes manifestations ayant touché plusieurs régions du pays, notamment via les médias des opposants politiques basés à l’étranger, dont de nombreux bien évidemment aux USA. Dans certains cas, le complot paraissant encore plus évident, et ce à l’approche même des manifestations. Ainsi, la chaine BBC Persian avait commencé à émettre ses programmes deux heures plus tôt que d’habitude, comme si tout était déjà planifié à l’avance. Le service régional de la chaine TV Iran International, basé en Arabie saoudite, avait quant à lui abandonné son programme habituel et consacré toute une journée uniquement aux manifestations en Iran. Un certain nombre de chaines étrangères diffusant en langue farsi allaient même jusqu’à donner des instructions aux manifestants : où aller, quels slogans crier et quand, quoi voler et incendier. Et cerise sur le gâteau, le secrétaire d’Etat US Mike Pompeo a soutenu ouvertement dans son discours les protestataires, fait notable – une partie du discours fut prononcée en farsi…

Et enfin, dans toute cette pression hors-norme visant l’Iran, Washington n’oublie évidemment pas les intérêts de son principal allié régional: Israël. Notamment en ce qui concerne la montée des hostilités entre l’Etat perse et certains pays arabes – ces derniers devenus assez récemment des alliés semi-officiels de l’Etat sioniste – et ce au moment même des massacres perpétrés en Palestine, le tout avec la stricte coordination étasunienne.

Après cela, le discours du leadership iranien quant au complot américano-sioniste parait-il si «complotiste»? Rien n’est moins sûr. Car si en effet des problèmes internes peuvent exister en Iran, comme d’ailleurs dans n’importe quel pays du monde, il serait tout d’abord important de mentionner les raisons de tels problèmes, notamment les raisons ayant largement contribué à ce que ces problèmes apparaissent. Quant au reste, il est déjà mentionné ci-haut.

Le complot anti-iranien n’a de nouveau pas abouti. La majorité de la population du pays ayant apporté son soutien aux autorités, et ce en sortant massivement dans la rue pour s’opposer à la violence de ceux qui critiquaient le gouvernement. Evidemment, la sagesse d’une civilisation confirmée, et la puissance militaro-technique, scientifique, spirituelle font de l’Iran un bien dur morceau à avaler. Que ce soit pour Washington, Tel-Aviv ou autres.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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