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Crimes de guerre dans le Donbass: la responsabilité de Kiev évidente

Au moment où le régime kiévien active les préparations en vue d’une fort possible nouvelle agression à grande échelle contre le Donbass, les républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk continuent de réunir toutes les preuves des massacres à l’encontre des civils commis par l’armée ukrainienne et les bataillons punitifs d’obédience néonazie.

Plus d’un millier de sépultures anonymes des victimes de l’agression ukrainienne dans le Donbass se trouvent aujourd’hui sur le territoire contrôlé par Kiev. Les premiers résultats des travaux de la commission mixte des républiques autoproclamées du Donbass (RPD et RPL) sur la recherche des personnes disparues ont été annoncés lors de la conférence «Mémoire brûlée du Donbass: crimes de guerre de l’armée ukrainienne et nouvelles données sur les massacres de la population civile».

Depuis l’été et jusqu’à aujourd’hui, une recherche active se poursuit des victimes des agissements de l’armée ukrainienne et des bataillons punitifs extrémistes néonazis – aussi bien du côté de Donetsk, que de Lougansk. Ce travail se fait notamment dans le cadre d’exhumations et de recherche de charniers de civils. A cet effet, une structure spéciale a été mise en place, qui comprend des représentants des deux républiques autoproclamées, des enquêteurs, des équipes de recherche, ainsi que des experts médico-légaux.

L’ampleur et la complexité des tâches n’ont pas affecté le rythme des travaux de la commission. Outre la recherche de nombreux charniers éparpillés sur tout le territoire des républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk, ainsi que l’exhumation, se déroulent également des procédures complexes d’identification des victimes civiles, des enquêtes approfondies des circonstances de leur mort, la collecte et l’analyse comparative des tests ADN, et la poursuite des recherches des personnes portées disparues. En parallèle, une base unifiée des disparus et de leurs proches est en cours de création. Après identification et documentation des circonstances des décès, les restes des civils tués par l’agression ukrainienne seront remis à leurs proches pour être inhumés.

Il est à noter que les leaderships des républiques populaires autoproclamées du Donbass prennent toutes les mesures nécessaires pour que la justice internationale puisse être interpellée face aux agissements criminels du régime de Kiev vis-à-vis de la population civile. A Donetsk, comme à Lougansk, le mot d’ordre est le même: l’Ukraine devra répondre pour ses crimes contre les civils.

Ceci étant dit et lorsqu’on observe les attaques politico-médiatiques coordonnées qui émanent de Kiev, mais également de ses alliés occidentaux, il est à croire que la justice réclamée par les responsables et les habitants du Donbass aura de très nombreux obstacles sur son chemin. Tout porte aujourd’hui à croire que les accusations portées par Washington et nombre de régimes occidentaux à l’encontre d’une prétendue «agression» russe qui viserait l’Ukraine ne cherchent qu’à tenter de voiler la véritable agression qui se prépare à grande échelle contre le Donbass et ses habitants – par les forces ukrainiennes et leurs alliés otanesques.

Une chose demeure néanmoins sûre. Si ce dernier scénario se confirmera – la justice se fera alors d’elle-même. Car faut-il le rappeler – l’opposition aux agissements kiéviens et de ses parrains occidentaux est loin de se limiter aux républiques populaires autoproclamées du Donbass. Autre rappel: en août 2008, un autre régime pro-occidental soutenu par l’OTAN avait tenté d’écraser par la force les populations civiles d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie. Tout le monde connait le résultat qui s’en est suivi. Que l’establishment occidental en prenne bonne note avant de cautionner une quelconque nouvelle agression du régime assujetti kiévien.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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L’Ukraine devra répondre pour ses crimes contre les civils

Alors que des centaines de victimes de l’agression ukrainienne ont été retrouvées dans des fosses communes dans le Donbass, la question de la responsabilité pour ces crimes représente un sujet de première importance. Tout porte à croire qu’avec le temps la justice se fera inévitablement.

La ville de Lougansk a accueilli le 2 novembre dernier le Forum international appelé «Les plaies non-cicatrisantes du Donbass», durant lequel ont été résumés les premiers résultats de la recherche des charniers des victimes de l’agression ukrainienne, ainsi que leur identification et la perpétuation de la mémoire, tout comme la poursuite des recherches des personnes disparues.

Les dirigeants des républiques autoproclamées du Donbass (RPD et RPL), les représentants du parquet, des personnalités publiques et des journalistes, y compris étrangers, ont participé à cet événement. Tous les sujets qui ont été abordés et discutés dans le cadre dudit forum étaient fermement liés à la question de l’inévitabilité des mesures punitives à l’encontre des responsables des massacres commis sur le territoire du Donbass.

A cet effet, la République populaire autoproclamée de Donetsk (RPD) et la République populaire autoproclamée de Lougansk (RPL) comptent transférer tous les éléments accusatoires liés aux crimes commis par l’Ukraine contre le Donbass à la Cour européenne des droits de l’homme, ainsi qu’à la Cour pénale internationale. A l’heure actuelle, le travail se poursuit aussi bien dans l’identification des victimes, mais également dans la collecte d’informations sur les auteurs ukrainiens de ces atrocités.

Jusqu’à maintenant, 147 victimes des opérations d’agression de l’armée ukrainienne et des bataillons punitifs d’obédience néonazie ont été récupérées des fosses communes en République populaire de Donetsk et 267 victimes en République populaire de Lougansk. L’examen initial des corps et des restes de vêtements des personnes tuées prouve qu’il s’agit bien de civils – massacrés durant la période été-automne 2014, à la suite de l’agression du régime kiévien contre les républiques autoproclamées du Donbass.

Toutes les victimes font partie d’une terrible histoire de crimes commis par l’Ukraine post-Maïdan dans le Donbass, avec l’utilisation de moyens et de méthodes interdits y compris en période de conflit armé – ne s’arrêtant devant rien. Les habitants, les biens civils comme les écoles, les jardins d’enfants, hôpitaux, internats pour les vétérans de guerre et les personnes handicapées – tous représentaient des cibles «privilégiées» pour les opérations punitives menées par les forces affiliées au régime de Kiev.

Le chef de la République populaire autoproclamée de Donetsk, Denis Pouchiline, a souligné l’importance du travail en cours. Pour lui – un nouveau Nuremberg attend tous les complices du régime néonazi kiévien. De son côté Léonid Passetchnik – chef de la République autoproclamée populaire de Lougansk est convaincu que le temps viendra et tous les auteurs des crimes commis par l’Ukraine sur le territoire du Donbass seront traduits devant la justice. Pour lui, il est également important de montrer à l’ensemble de la communauté mondiale l’ampleur, l’énormité et l’inhumanité des crimes ayant été commis par des formations armées ukrainiennes contre les civils du Donbass. En ajoutant que «nous nous souvenons vraiment bien de notre histoire et que la mort d’aucun habitant du Donbass ne sera pardonné».

Cette réalité confirme nos prévisions quant à l’impossibilité d’une quelconque réconciliation entre les populations des Républiques populaires du Donbass et le régime pro-occidental ukrainien. Il serait d’ailleurs certainement important de rajouter qu’au-delà des responsabilités face aux crimes commis sur la terre du Donbass, désormais et de-facto indépendante, les auteurs de nombreux autres crimes commis à d’autres endroits du territoire ukrainien devront également être jugés. La ville d’Odessa et les personnes qui y ont été brûlées vives en mai 2014 en représentent l’un de ces exemples.

Une fois de plus et face aux agissements ukrainiens, tout comme de leurs mentors otanesques occidentaux, rêvant d’une énième large campagne d’agression contre le Donbass, il est plus que jamais important de se rappeler que les nazis durant leur occupation de territoires soviétiques, y compris même après la bataille décisive de Stalingrad, avaient également de nombreux projets quant à la relance de campagnes à grande échelle contre le peuple multiethnique de l’URSS et de son éradication. La suite – tout le monde la connait. La prise de Berlin et le drapeau rouge flottant sur le Reichstag, symbolisant la victoire du peuple multiethnique soviétique et de toute l’humanité sur la peste brune nazie.

Aujourd’hui le régime installé à Kiev est aux abois. Marasme économique, aucune perspective de développement digne de ce nom, et des mentors atlantistes aux commandes incapables d’y changer quoi que ce soit. D’ailleurs et dans le pur esprit libéral occidental – ne le souhaitant pas. D’où le rêve de pouvoir écraser la résistance du Donbass, y compris s’il fallait pour cela éradiquer toute la population qui y vit. Le souci, c’est que toute opération éventuelle allant dans cette direction deviendra par la même occasion une opportunité de premier plan pour libérer les autres territoires dont les aspirations suite au putsch du Maïdan ont été écrasées, y compris dans le sang. Y compris même Kiev. Car faut-il le rappeler, même dans cette ville historique de première importance pour l’histoire russe – nombreuses sont les personnes qui attendent la fin de l’ère du pur marasme à la sauce pro-occidentale.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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Donbass & Ukraine: aucune chance pour la réconciliation

Le régime kiévien semble incapable de comprendre que toute éventualité de pouvoir récupérer par la force les républiques populaires autoproclamées du Donbass est vouée à l’échec non seulement du point de vue des capacités de résistance des dites républiques, mais également et peut-être surtout au vue du rejet de cette idée par la large partie de la population concernée.

Une chose semble aujourd’hui assez sûre dans les agissements kiéviens, c’est que la population du Donbass est presque ouvertement considérée comme une cible à abattre, au même titre que les forces armées des Républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk (RPD, RPL).

Le rapport du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH), dont les principaux points ont été d’ailleurs relayés par Observateur Continental en dit long sur les véritables motivations de l’Ukraine dans sa version actuelle.

Au-delà de continuer à viser les infrastructures civiles, allant de sites d’approvisionnement en électricité jusqu’aux établissements scolaires, la population elle-même du Donbass continue de représenter tout simplement une cible pour l’armée ukrainienne et les nombreux bataillons punitifs d’obédience néo-nazie. Femmes, enfants, personnes âgées – personne n’est épargnée des crimes commis par le régime de Kiev.

D’ailleurs, le projet de loi ukrainien sur «la période de transition» pour le Donbass (évidemment dans le cas où il serait repris par Kiev) en dit long sur le calvaire que voudrait faire endurer le pouvoir ukrainien à la population des républiques populaires de l’ex-Est ukrainien. En d’autres termes – toute la population du Donbass risque de devenir la cible d’une campagne de représailles pour «collaboration» avec l’ennemi. Ce qui équivaut à dire que tous ceux qui ont refusé de reconnaitre le coup d’Etat de 2014 en Ukraine sont considérés comme des ennemis dudit Etat et seront, d’une façon ou d’une autre, poursuivis.

Il devient aujourd’hui assez évident que le régime kiévien ne recherche aucune réconciliation, d’aucune nature que ce soit, avec les habitants qu’il souhaite «retrouver». Ce qu’il souhaite par contre c’est d’anéantir toute liberté de pensée qui va en opposition avec la politique pro-occidentale de ce régime post-Maïdan et des mouvements néonazis qui ont un pouvoir dans les rues des villes ukrainiennes toujours aussi important – et dont on ne trouvera probablement pas d’équivalent à d’autres endroits du monde.

Dans ces conditions – tout retour, sous quelque forme que ce soit des républiques autoproclamées du Donbass au sein de l’Etat ukrainien (si on peut encore parler d’Etat) relève de l’impossible. L’Ukraine pro-occidentale ne souhaite pas, comme certains pays dans le monde l’ont fait en période de conflit ou post-conflit, chercher la réconciliation nationale. Ce qu’elle veut, et peut-être aussi et surtout ses mentors occidentaux ayant des pouvoirs décisionnels qui ne sont plus à présenter, c’est l’anéantissement pur et simple de ces républiques. Et si nécessaire – de la population qui y vit.

Ce que ces personnages, qui seront évidemment passagers car l’Ukraine saura retrouver la voie de la raison à un moment ou un autre, oublient – c’est que la capacité de résistance du Donbass n’est plus à présenter elle aussi. Et si ce n’est pas en 2014, 2015 ou 2016 que cette résistance ait pu être brisée, ce ne sera certainement pas aujourd’hui ou dans un avenir quelconque. La meilleure chose par contre que peuvent déjà entrevoir les citoyens ukrainiens – c’est de se préparer à la période post-marasme de leur pays. Un pays pour rappel devenu l’un des deux plus pauvres d’Europe. Avec pas moins de 4,5 millions de migrants ukrainiens se trouvant en dehors des frontières de leur pays – sur une population totale d’un peu plus de 40 millions d’habitants.

Le régime kiévien joue également avec le feu sur un autre aspect, et non des moindres. Si les voix dissidentes ont été effectivement écrasées dans certaines régions ukrainiennes où les sentiments anti-Maïdan étaient largement répandus, ce n’est pas une raison pour croire qu’elles ne puissent pas être ravivées. Surtout si une contre-offensive des républiques du Donbass devait avoir lieu face à une quelconque nouvelle tentative d’agression. Avec tout ce que cela implique.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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Donetsk-Lougansk, un match de foot pour la paix

Donetsk-Lougansk, un match de foot pour la paix

Les populations des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, habituées à être constamment sous le feu et à devoir être prêtes à la défense de leur terre, ainsi qu’à la sauvegarde de leurs vies et ceux de leurs proches, ont eu finalement droit à un moment de détente, dans un cadre sportif.

En effet, un match amical réunissant pour la première fois les équipes nationales des Républiques de Donetsk (DNR) et de Lougansk (LNR) ensemble, a eu lieu dans la capitale de la première. Sans campagne promotionnelle importante, le stade Metalurg de Donetsk a réuni des tribunes pourtant pleines.

Pour Denis Pouchiline, représentant permanent de la DNR, cette rencontre sportive représente la renaissance du sport dans le Donbass. Plus encore, le match symbolisait également un espoir de paix au moment où les deux républiques populaires vivent toujours en état de guerre avec la junte de Kiev.

Ce match historique était donc significatif pour plusieurs raisons. Premier match commun des équipes nationales de deux Etats désormais indépendants, ayant constitué dans le passé récent le poumon économique et industriel de l’Etat ukrainien. Et ayant décidé de le quitter après le putsch armé pro-occidental du Maïdan. D’autre part, ladite rencontre a permis de redonner l’espoir aux populations concernées qu’un retour à la vie normale reste possible et ce malgré l’état de guerre quasi-permanent.

Bien que le match ait été amical, la rencontre a montré une véritable bataille sportive. Au final, la DNR a remporté le match sur le score de 4 buts à 1. A noter la présence au sein de l’équipe nationale de la République populaire de Donetsk d’un joueur d’origine africaine, Peres Adongo. Originaire du Nigeria, ayant joué de nombreuses saisons dans les pays du Golfe, il vit depuis plusieurs années à Donetsk, a épousé une native de la ville et se considère pleinement comme étant un citoyen de la DNR. Cet avis est d’ailleurs entièrement partagé par ses collègues et ses nombreux amis.

Durant la rencontre, les supporteurs présents scandaient « Donetsk, Lougansk, unis », ou encore « Novorossia, Russie! ». Des messages fortement symboliques. Pour le printemps de l’année prochaine, les autorités de la DNR entendent même lancer la première coupe républicaine, voire même réutiliser Donbass Arena, stade ayant notamment accueilli des matchs de l’Euro 2012 (y compris la demi-finale) et pouvant accueillir plus de 60 000 personnes, même si pour le moment cela est impossible, car il est fortement endommagé par les bombardements putschistes.

En tout cas et ce qui est certain, c’est que le temps d’un match de football, les habitants du Donbass ont pu retrouver un semblant de vie normale. Le Donbass revit même si tellement de défis doivent encore être résolus, le premier étant la défense de l’indépendance. En effet, les forces putschistes kiéviennes et leurs mentors occidentaux n’ont toujours pas accepté l’idée d’un Donbass libre et indépendant. Et bien sûr travailleur comme il l’a toujours été.

http://fr.sputniknews.com/points_de_vue/20150810/1017451519.html

Mikhail Gamandiy-Egorov

« Le Donbass ne refera jamais partie de l’Ukraine ». Entretien avec Konstantin Dolgov.

Konstantin Dolgov est co-président du Front populaire de Novorossia

Konstantin Dolgov est co-président du Front populaire de Novorossia.

Mikhail Gamandiy-Egorov, Sputnik France: Vous venez d’arriver de Donetsk. Comment se déroule la vie de la population depuis les accords de Minsk-2? Et globalement quelles sont les nouvelles?

Konstantin Dolgov: Le principal point positif de la trêve que l’on observe depuis les accords de Minsk 2 est que la population civile ne soit pas tuée. Néanmoins, la partie ukrainienne continue de violer l’accord de cessez-le-feu même si et il faut le dire cela se passe généralement sur la ligne de contact des forces ukrainiennes et de nos troupes. En ce qui concerne Donetsk, la ville est en train de revivre. On voit la réapparition d’embouteillages sur les routes. Et pour la première fois depuis le début de la guerre, on observe sur les points de contrôle des files d’attente de gens qui rentrent chez eux en République populaire de Donetsk depuis la Fédération de Russie.

Globalement, la situation reste très compliquée. L’un des principaux problèmes est que les retraités continuent de ne pas pouvoir toucher leurs retraites et ce depuis le mois de juillet de l’année dernière. Depuis le moment que Kiev ait tout simplement volé les retraites des gens. La position de la partie ukrainienne se résume au fait que puisque les habitants de Donetsk ont choisi la voie de l’indépendance, Kiev refuse donc de leur payer leurs retraites. C’est une approche véritablement hypocrite puisque tous ces gens durant de bien longues années avaient cotisé aussi bien au sein de la République socialiste soviétique d’Ukraine, puis au sein de l’Ukraine dite indépendante. De leurs salaires ils cotisaient au fonds de pension. L’argent du fonds de pension se trouve à Kiev. En conséquence de quoi, cet argent dû de plein droit aux habitants est tout simplement volé par Kiev et les personnes touchées ne peuvent jusqu’à présent pas toucher leurs retraites. Cette situation peut être caractérisée comme une catastrophe humanitaire. Nous avons à l’heure d’aujourd’hui environ 1,5 million de retraités qui se trouvent toujours sans retraites. Tout récemment nous avons commencé à payer les salaires aux employés de l’Etat, aux professeurs, médecins mais il y a encore un manque sérieux d’argent, en premier lieu cela concerne la masse monétaire. C’est ce qui a poussé le leadership de la république à déclarer que nous devenons une zone multi-devises où le rouble russe, l’euro ou le dollar ont tous une libre circulation au même titre que la hryvnia ukrainienne.

A Donetsk, comme dans nos autres villes, l’écho de la guerre se fait beaucoup ressentir. Beaucoup de gens ont été victimes dans ce qu’on appelle désormais l’ex-Sud-Est ukrainien. Et on le voit ne serait-ce qu’au niveau de notre fondation caritative Belaya kniga (« Livre blanc »), que je dirige. Tous les jours nous recevons des dizaines, et parfois même des centaines, de demandes d’aide. Directement de la part des personnes, ou via leurs proches, qui ont été blessés lors des attaques ukrainiennes. Certaines de ces personnes sont aujourd’hui handicapées. Ou encore de la part de personnes ayant perdu leur foyer après les bombardements ukrainiens. Notamment le village de Peski se trouvant non loin de Donetsk, qui a été tout simplement détruit et rasé. Les vétérans de la Grande guerre patriotique à l’instar des autres retraités ne touchent également pas ce qui leur revient de droit. Ce dont Kiev a l’obligation de payer mais qu’il refuse. Les orphelinats aussi se trouvent dans une situation très délicate, notamment au niveau de l’approvisionnement en produits de base, telle que la nourriture. Il y a des orphelinats aussi qui ont des problèmes de chauffage et d’approvisionnement en eau. En ce qui concerne les personnes devenues handicapées, bien souvent ils ont besoin de prothèses ou d’opérations couteuses. Des centaines de personnes juste à Donetsk.

Sputnik France: Tous ces problèmes que vous venez de mentionner, vont-ils pouvoir être réglés dans un avenir prévisible?

Konstantin Dolgov: Ils vont être réglés mais il faut bien comprendre que nous nous trouvons toujours en situation de guerre. Bien que la trêve soit globalement respectée, ce n’est un secret pour personne que l’Ukraine se prépare de nouveau à attaquer le Donbass. Vraisemblablement ils utilisent l’expérience du massacre opéré par la Croatie en République serbe de Krajina. Cette dernière était devenue un Etat à part entière mais la Croatie avec le soutien des instructeurs étasuniens et de sociétés privées appartenant également à de hauts gradés militaires américains, s’était alors préparée à la reconquête en mobilisant et en modernisant ses forces armées. Et au cours d’un « blitzkrieg » elle avait écrasé ce qu’ils appelaient « le foyer du séparatisme ». Kiev vraisemblablement prépare le même type de scénario et nous recevons bon nombre d’information confirmant cette thèse. Kiev mobilise ses citoyens. Bientôt leurs forces armées atteindront le chiffre de 500 000 personnes: l’armée ukrainienne, les soi-disant « bataillons territoriaux », la « garde nationale ». D’autre part, de sérieuses discussions sont menées sur les livraisons d’armes à l’Ukraine par les USA. Mais de fait les armes américaines s’y trouvent déjà et nous le savons. Lorsque nous avons libéré l’aéroport de Donetsk, nous y avons trouvé les armes Made in USA. D’autre part encore, l’Ukraine continue d’appliquer ce qu’ils appellent l’impôt militaire ou selon les termes officiels « l’impôt pour l’opération anti-terroriste » (1,5% de prélèvement sur les salaires et revenus ukrainiens, ndlr). De nouveaux véhicules blindés et autres armements sont envoyés à différents endroits, notamment dans les directions de Kharkov-Izium, Izium-Slaviansk et d’autres. Tout cela certainement pas pour appliquer les accords de Minsk.

Evidemment dans cette situation, il est encore difficile d’assurer une vie normale aux citoyens de la République populaire de Donetsk. Nous sommes obligés de nous préparer à la guerre qui très certainement aura lieu. C’est une question de temps. Nous allons assurer la défense des habitants de Donetsk, Lougansk et de nos autres villes. Cela nécessite évidemment beaucoup d’efforts, aussi bien au niveau du leadership de nos républiques populaires, ainsi que de tous les habitants. Et c’est ce qui rend difficile la reconstruction pacifique qui permettra de retrouver une vie normale. Notre devoir est d’assurer la sécurité de nos citoyens et le faire sans des forces armées efficaces est tout simplement impossible. Si l’Ukraine réussit à réaliser ses plans pour le Donbass et que nous ne puissions pas assurer une défense digne de ce nom, le nombre des victimes se comptera par centaines de milliers. Néanmoins et globalement la situation s’améliore déjà. Et aujourd’hui on peut même dire que dans certains domaines, la DNR et la LNR, dépassent le niveau des territoires ukrainiens, pourtant non touchés par la guerre. En premier lieu cela concerne les services publics. Les bâtiments résidentiels sont chauffés et bien mieux que dans le reste de l’Ukraine. D’autre part, nous avons gelé les prix pour les services publics alors que parallèlement en Ukraine sur certaines positions ils ont été augmentés de sept fois, notamment en ce qui concerne le gaz… Notre objectif est bien évidemment de poursuivre le travail dans cette voie afin que malgré la guerre et l’agression de l’Ukraine contre nos républiques, nous puissions assurer un niveau de vie meilleur dans nos républiques qu’en Ukraine. Il s’agit du meilleur argument possible pour tous les habitants qui se trouvent encore sur les territoires occupés par le pouvoir autoproclamé kiévien. Nous considérons que les 35 millions de citoyens de l’Ukraine qui se trouvent de fait pris en otages par un gang de criminels de guerre basé à Kiev, par les Porochenko, Iatseniouk et autres, représentent le véritable potentiel de développement de Novorossia auquel nous devons penser.

Sputnik France : Donc selon vous la reprise des combats est juste une question de temps, c’est bien cela?

Konstantin Dolgov : Oui. Et d’après les informations que nous possédons, cela peut arriver pratiquement d’un jour à l’autre. L’Ukraine possède toutes les possibilités de passer à l’offensive sur certains endroits du front déjà aujourd’hui. Bien que et il est important de le mentionner, l’application de Minsk 2 à la différence de Minsk 1 est garantie par plusieurs pays de la communauté internationale, dont deux possèdent un statut de puissances nucléaires: la Russie et la France. Mais il faut toujours se rappeler que la décision de violer l’accord Minsk 2 par Porochenko ne va pas être prise par ce même Porochenko, mais bien à Washington. Compte tenu d’une certaine stabilisation économique que l’on observe actuellement en Fédération de Russie: on voit que le rouble se renforce par rapport au dollar, que les sanctions appliquées par les USA et l’UE n’ont pas eu l’effet escompté sur la Russie, il est donc tout à fait probable qu’afin de recréer une situation de déstabilisation aux frontières russes, Washington poussera Porochenko à la reprise de la guerre chez nous dans le Donbass. La météo s’est détériorée en ce moment: un vent très fort, avertissement de tempêtes, à certains endroits fortes pluies et neige. Un moment donc qui n’est pas idéal pour lancer l’offensive. Mais les prévisions météorologiques annoncent que d’ici 10 jours, le temps deviendra ensoleillé. Au Donbass nous avons les steppes, qui sèchent rapidement. Donc toutes les conditions seront réunies du côté ukrainien pour un déplacement « confortable » de leurs véhicules blindés et donc pour attaquer nos villes. A notre niveau ce que je peux dire c’est que nous sommes prêts à contrer les attaques qui nous visent.

Sputnik France : En ce moment on observe beaucoup de discussions externes sur l’avenir de la DNR et la LNR. Certains parlent d’une « large autonomie » et qu’en tout cas les républiques populaires vont rester « au sein de l’Ukraine ». Pouvez-vous aujourd’hui répondre à cette question et mettre les points sur les « i »?

Konstantin Dolgov : Ce que je vais dire sera mon opinion personnel. Je parlerai de la tendance générale que j’observe. Cette tendance générale est simple: le Donbass dans tous les cas ne refera plus partie de l’Ukraine. Si c’était l’opposé, les millions de personnes vivant dans nos républiques ne le comprendront tout simplement pas et ne pourront l’accepter. Ils seront alors obligés de partir massivement. Où? Bien évidemment sur le territoire de la Fédération de Russie, le seul pays qui assiste véritablement Novorossia. En premier lieu grâce aux convois humanitaires que la Russie envoie dans le Donbass. Non, le Donbass ne fera pas partie de l’Ukraine. Nos habitants sont catégoriquement opposés à toute idée de retour au sein du pays qui massacrait ses concitoyens d’hier. En parlant d’indépendance, j’aimerai à ce titre faire un retour aux événements du printemps dernier, du printemps 2014 rentré dans l’histoire comme le « Printemps russe ». Nous allons regarder la vérité dans les yeux. Les gens qui sont sortis dans les rues pour manifester ne le faisaient pas pour la DNR et la LNR. Oui, il y avait ceux qui dès le départ réclamaient l’indépendance, il y avait aussi ceux qui prônaient la fédéralisation au sein de l’Ukraine. Ces derniers étaient certes bien minoritaires mais ils y étaient aussi. Le fait principal est que l’écrasante majorité des habitants des régions de l’ex-Sud-Est ukrainien voulaient suivre la même voie que la Crimée. Mais ce qui nous réunissait tous était le fait que nous réclamions la tenue d’un référendum pour déterminer le futur de notre terre dans la mesure où un coup d’Etat anticonstitutionnel venait d’avoir lieu à Kiev. Il n’y a donc plus de pouvoir légitime ukrainien au niveau de l’Etat. Le pouvoir passait au niveau des autorités locales qui devaient déterminer leur futur. Certaines d’entre elles ont préféré faire allégeance au gouvernement putschiste autoproclamé à Kiev. Mais les collectivités territoriales n’ont pas disparu et à ce titre Donetsk, Lougansk, Kharkov, Odessa et les autres régions voulaient qu’une seule chose: un référendum sur leur statut. Ce que je peux dire une fois encore c’est que dans toutes ces régions de l’ex-Sud-Est ukrainien, l’écrasante majorité des habitants souhaitaient suivre la Crimée et rejoindre la Fédération de Russie. Et même lorsqu’on a vu la formation des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk après le référendum du 11 mai dernier qui devait justement valider leurs indépendances, c’était vu par les habitants comme un statut provisoire. Le 8 mai je suis sorti de la prison de Kharkov et j’ai dû quitter le territoire ukrainien pour éviter une autre arrestation par les services spéciaux kiéviens qui se profilait pour me retrouver à Donetsk. Et en observant les sentiments régnants, aussi bien à Donetsk qu’à Lougansk, la création des républiques populaires était perçue comme une étape intermédiaire avant le rattachement à la Fédération de Russie. A ce titre, on se préparait à faire une demande officielle. Puis le 26 mai les premières bombes ukrainiennes sont tombées sur Donetsk. L’aviation ukrainienne a lancé ses bombardements. Et la guerre se poursuit jusqu’à aujourd’hui. Mais à titre personnel, je suis convaincu qu’à un moment ou un autre, la grande partie du territoire appelé Ukraine, à l’exception probablement des cinq oblasts de l’Ouest, va demander à rejoindre la Fédération de Russie, y compris Kiev.

Sputnik France : Donc selon vous le projet Novorossia va s’étendre bien au-delà des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk?

Konstantin Dolgov : Je pense qu’un jour on verra le drapeau de Novorossia en qualité d’un des sujets de la Fédération de Russie, au même titre que celui de la Crimée qui a été rajouté au sein du bâtiment du Conseil de la Fédération regroupant tous les drapeaux de tous les sujets composant la Russie. En fin de compte, on y verra aussi le drapeau de Novorossia.

http://fr.sputniknews.com/points_de_vue/20150402/1015467226.html

Mikhail Gamandiy-Egorov

 

Elections à Novorossia : Entretien avec Fabrice Beaur, observateur français (Partie 2)

Elections à Novorossia : Entretien avec Fabrice Beaur, observateur français (Partie 2)

LVdlR : Savez-vous que les autorités putschistes de Kiev ont déclaré que tous les observateurs internationaux ayant participé à l’observation du scrutin dans le Donbass, y compris européens de l’UE et nord-américains, allaient être déclarés persona non-grata en Ukraine ? Que pensez-vous de cela ?

Fabrice Beaur : J’hésite entre indifférence et mépris. Les observateurs internationaux qui ont participé à la mission de monitoring du référendum de Crimée et de Sébastopol, organisée déjà par EODE en mars 2014, sont déjà persona non-grata en Ukraine et ceci dès la veille du référendum de mars.

La vérité, c’est que Kiev a peur de la démocratie de l’Est. Kiev a peur que la révolution orange 2.0 du Maïdan devienne une réalité populaire et se retourne cette fois-ci contre le pouvoir bandéro-oligarchique. Celui des néofascistes et des oligarques ukrainiens.

LVdlR : Mis à part l’observation lors de ces élections, avez-vous eu l’occasion de discuter avec les habitants du Donbass ? Si oui, quels points essentiels en avez-vous retenus ?

Fabrice Beaur : Les standards d’EODE pour le monitoring des élections comprennent également une partie de prise de contact direct avec les électeurs, les candidats et les formations politiques. Que serait un processus électoral sans les électeurs ? Là aussi, c’est une chose qui nous différencie d’avec l’OSCE, plus habituée aux réceptions petits-fours, aux conférences de presse convenues et à la tournée des grands ducs dans les bars, qu’au travail sur le terrain jusque dans les petits bureaux de vote bien loin du confort des hôtels 4 ou 5 étoiles.

C’est la raison pour laquelle lors des élections russes de 2011 et 2012, des observateurs d’EODE, comme Luc Michel et moi-même, sommes allés où l’OSCE et ses épigones n’ont jamais été : Novossibirsk (vol de nuit et moins 50°), Kemerovo, Astrakhan, Iles du Delta gelé de la Volga, Extrême-Orient russe (à la frontière chinoise), etc…

J’ai donc discuté avec des électeurs devant tous les bureaux de vote que j’ai visité. J’ai pu constater que le peuple du Donbass a un haut degré de conscience politique. Bien supérieur à celle des masses ouest-européennes.

Les gens là-bas comprennent parfaitement les enjeux géopolitiques du conflit qui les touche dans leur chair et dans leur sang. Il n’y a aucune haine contre le peuple ukrainien, aucune. Je n’ai pas rencontré une seule personne qui ait exprimé cela. C’est bel et bien aux politiciens de Kiev que les Novorossiens en veulent. L’ennemi américain est clairement montré du doigt dans son soutien aux forces bandéristes qui les bombardent et qui tuent tous les jours des civils.

Je me souviens plus particulièrement d’un homme qui à ma question « pensez-vous que la négociation soit encore possible avec Kiev ? » m’a répondu : « Kiev ? Je ne veux plus en entendre parler. Ils nous bombardent. Ils nous tuent tous les jours. Femmes, enfants, retraités, cela ne fait aucune différence pour ces gens-là. Nous sommes des « terroristes » pour eux. Moi terroriste ? Est-ce qu’un terroriste les aurait nourris comme je l’ai fait lors des premiers jours quand arrivant dans le Donbass ils n’avaient pas d’eau et encore moins de nourriture ? En remerciement, ce fut une semaine plus tard des tirs pendant une semaine sur notre ville. Alors Kiev ce n’est plus mon affaire ».

Et combien de fois ai-je entendu pendant mon séjour autant la veille des élections, que le jour même, ou le lendemain lors de mes différents déplacements, la déclaration suivante : « Ici, Bandera n’est pas notre héros et ne le sera jamais ! »

LVdlR : La démocratie a-t-elle triomphé dans le Donbass ? Comment voyez-vous l’avenir du Donbass qui était le poumon industriel et économique de l’ex-Etat ukrainien ? Plus globalement, comment voyez-vous l’avenir de Novorossia ?

Fabrice Beaur : Ces élections sont un pas en avant… irréversible ! Elles ont donné un cadre autant légitime que légal au pouvoir populaire en place à Donetsk et Lougansk. La période de la rébellion est terminée. Nous venons d’assister à la naissance officielle de deux Etats avec toutes leurs institutions dont la légitimité ne peut être contestée de part du parfait déroulement des élections.

Le président de la CEC de la DNR l’a bien exprimé. Les élections présidentielles et législatives dans la République populaire de Donetsk (DNR) ont « définitivement consacré la séparation du Donbass de l’Ukraine », c’est ce qu’a déclaré le chef de la Commission électorale centrale (CEC) de la DNR Roman Liaguine lors d’un point de presse à Donetsk. « Les élections se sont déroulées légitimement et sans aucun incident capable d’en influencer les résultats. Actuellement, nous disposons d’un pouvoir légitime. Le Donbass ne fait plus partie de l’Ukraine, que cela plaise aux autres ou non ». C’était sa conclusion.

Et vous faites bien de faire remarquer que le Donbass est essentiel pour l’Ukraine. La perte pour Kiev n’est pas immense, c’est une catastrophe. Car sans les industries du Donbass, l’Etat ukrainien n’est plus viable. C’est le Donbass qui remplissait les caisses de l’Etat ukrainien.

C’est également un coup porté aux oligarques mafieux qui sont la base du pouvoir de la junte de Kiev. La peur obsessionnelle de la clique au pouvoir à Kiev, c’est de voir le soulèvement populaire se répandre aux autres régions de l’Est et du Sud. Car la Novorossia, ce n’est pas que Donetsk ou Lougansk mais un projet qui concerne aussi sept autres républiques populaires jusqu’à la frontière roumaine, jusqu’à la Priednestrovié pro-russe.

Au Donbass comme en Crimée, ce sont des peuples qui contestent le Nouvel ordre mondial américain. Il n’y a que ceux qui ne comprennent pas le « monde russe » pour croire qu’il est possible de revenir en arrière. Le sang à coulé comme Kiev l’a voulu ! L’Ukraine est morte. C’était déjà ma conviction depuis le massacre fasciste d’Odessa. Kiev a perdu les cœurs dans le Donbass. Car les âmes ont toujours été russes et rien d’autres depuis que cette terre a été reconquise hier par l’Empire russe de la Grande Catherine.

Alors quel avenir ? Impossible de prédire. Bien heureux qui pourra prédire ce que vont donner les événements futurs. Ce qui est sûr, c’est que je ne crois pas en des négociations avec Kiev. Le parti de la guerre a gagné à Kiev. La CIA aux commandes, l’auto-intoxication de la junte et la folie semblent avoir emporté la partie à Kiev.

Lors de mes rencontres avec différents officiels de la République populaire de Donetsk, dont le Premier ministre de la DNR Aleksandr Zakhartchenko, élu président dimanche, j’ai toujours entendu que bien que donnant sa chance à la paix, la DNR comme la LNR ne croyaient pas que Kiev soit de bonne volonté. Ils attendent tous la nouvelle offensive générale de Kiev. Et se disent prêt ! Bien qu’en infériorité matérielle (Kiev a trois fois plus d’artillerie, une aviation et encore de nombreux blindés), ils ont confiance. Si la démoralisation est une plaie dans le camp d’en face, cela est totalement différent dans les rangs de l’Armée du Donbass. « Nous savons pourquoi nous nous battons. Pour notre terre ! Pour nos maisons ! Pour nos familles ! Pour nos camarades tombés face au fascisme ukrainien ! », affirment-ils tous…

LVdlR : Votre ONG EODE (Eurasian Observatory for Democracy & Elections) fait l’objet, suite à votre mission, d’une campagne d’attaques haineuses et diffamatoires dans les médias occidentaux. Pourquoi cet acharnement contre EODE ?

Fabrice Beaur : Tout simplement parce que notre ONG EODE défie l’OSCE, l’OTAN, l’UE et Kiev directement.

Auparavant le monitoring des élections était leur chasse gardée. Ils remettaient les bons et les mauvais points selon leur agenda politique. Et surtout choisissaient seuls de valider ou non une élection ou un référendum en y envoyant une mission ou pas. Combien d’élections où l’OSCE donnait le pourcentage des « fraudes » la veille de l’élection ! Combien de rapports de mission déjà disponibles avant même le déplacement des observateurs de l’OSCE !

EODE et ses partenaires, car nous sommes un réseau international d’ONG, apportent ce qu’ils entendent refuser : la présence d’une mission internationale de monitoring qui valide, selon les propres critères de l’OSCE et sa méthodologie, une élection.

Pour cette mission au Donbass, on a déjà publié contre nous des dizaines d’articles diffamatoires et haineux, plein de mensonges. Nous en avions eu plus de 1800 en mars contre la mission internationale de monitoring du référendum en Crimée et à Sébastopol que nous avions organisée alors. Ce sont toujours les mêmes qui nous attaquent : des offices barbouzardes, les médias de l’OTAN, les réseaux Soros ou encore BHL et le journal du fils de l’oligarque Khodorkovski.

Les média-mensonges sont grossiers et repris sans contrôle par les médias de l’OTAN. Le plus flagrant est de traiter notre administrateur-général Luc Michel de « néonazi ». La fameuse reductio ad hitlerium qui est au parlementarisme occidental, le même qui soutient les néofascistes à Kiev et à Moscou. Le souci est que Luc Michel est le fondateur du Réseau antifasciste EUROPÄISCHER WIDERSTAND (Résistance européenne), au palmarès impressionnant en Belgique depuis vingt ans, où il a brisé les reins à l’extrême-droite francophone. Moi-même je suis aussi taxé de « néofasciste » (resic) alors qu’en 1998 je présentais une liste à Toulon à une élection partielle à l’intitulé sans équivoque : « PCN. Les jeunes contre Le Pen et pour l’interdiction du FN ». Curieux « néofascistes » qui n’ont aucune leçon à recevoir des antifascistes de salon au service des Etats et des services français et belges…

En plus des mensonges, des diffamations et des insultes qui révèlent le manque d’argument politique de ces gens-là, nous avons aussi eu le droit cette fois-ci à une avalanche de haine et de menaces.

Mais cela ne nous fera pas reculer. Tout au contraire. EODE entend bien participer à l’élaboration d’un monde multipolaire où les peuples pourront décider librement de leur destin politique sans interférences extérieures.

Nous sommes l’anti-OSCE et nous en sommes fiers. La prétention et l’arrogance des organismes de monitoring occidentaux qui entendent s’arroger le monopole de l’observation électorale est inacceptable et intolérable. Nous entendons bien aller partout en Eurasie et en Afrique (EODE a un réseau panafricain EODE AFRICA et a par exemple monitoré les sénatoriales 2013 au Cameroun) pour mener nos missions de monitoring électoral et d’expertise dans le cadre légal et le respect des Etats.

http://french.ruvr.ru/2014_11_13/Elections-a-Novorossia-Entretien-avec-Fabrice-Beaur-observateur-francais-Partie-2-3795/

Mikhail Gamandiy-Egorov

 

Elections à Novorossia : entretien avec Fabrice Beaur, observateur français (Partie 1)

Elections à Novorossia : entretien avec Fabrice Beaur, observateur français (Partie 1)

Les élections législatives et présidentielles viennent d’avoir tout récemment lieu dans les ex-régions ukrainiennes de Donetsk et de Lougansk, désormais Etats indépendants formant ensemble le projet de Novorossia (Nouvelle Russie).

Une cinquantaine d’observateurs internationaux étaient présents à ces élections qui ont confirmé la volonté massive des habitants de soutenir l’État de Novorossia. Parmi eux, plusieurs observateurs venus de France, dont Fabrice Beaur, observateur d’EODE (Eurasian Observatory for Democracy & Elections).

Notre entretien portera donc avec lui sur le déroulement de ces élections et sur le choix exprimé massivement par les habitants.

Mikhail Gamandiy-Egorov, La Voix de la Russie : Fabrice Beaur bonjour ! Vous avez dirigé une mission d’observation internationale lors de ces élections législatives et présidentielles à Novorossia auxquelles vous avez personnellement pris part. Racontez-nous !

Fabrice Beaur : Une fois de plus les organismes de monitoring occidentaux ont refusé d’envoyer une mission d’observation pour les élections présidentielles et législatives en DNR (Donetsk) et LNR (Lougansk), les deux républiques de Novorossia. Façon inélégante mais efficace de saboter ces élections en leur enlevant toute légitimité et en faisant peser le doute sur la transparence des opérations électorales.

Situation classique, déjà rencontrée en Pridnestrovié (la PMR, la soi-disant « Transnistrie » des médias roumains et de l’OTAN) – où en 2006, pour le Référendum d’autodétermination, EODE a organisé sa première mission, en Abkhazie, en Ossétie du Sud, au Nagorny-Karabakh. Tous théâtres où EODE est intervenue. Sans oublier le Référendum d’autodétermination de la Crimée et de Sébastopol, où EODE a organisé en mars dernier la Mission internationale de monitoring, avec ses 135 observateurs, et a donné une grande claque à l’OSCE…

Déjà la presse occidentale annonçait des élections illégitimes, avançant le critère, essentiel selon les standards de l’OSCE, de l’absence d’une mission de monitoring internationale.

Hélas pour cette manœuvre honteuse, les Occidentaux n’ont pas le monopole de l’observation électorale internationale.

Il existe des organisations indépendantes, non-alignées sur les institutions occidentales et atlantistes, comme notre ONG EODE. Les deux Commissions électorales centrales de DNR et LNR leur ont donc lancé au dernier moment des invitations pour organiser une mission d’observation. EODE, qui est une ONG transnationale, et ses partenaires polonais et allemands, y ont répondu favorablement. Sur place une seule mission a été constituée, avec 55 observateurs, venus de l’UE, de la CEI et même des USA, répartis en deux groupes, l’un pour Donetsk, l’autre pour Lougansk. Le tout dans le respect mutuel des appartenances de chacun, les observateurs allant des partis populistes de droite à la gauche nationale, en passant par quelques représentants de partis plus traditionnels.

J’ai pour ma part accompagné le groupe allant à Donetsk. Où j’ai pu rencontrer des représentants du gouvernement dès mon arrivée le samedi 1er novembre, notamment le Premier ministre, Alexandre Zakhartchenko, élu président dimanche, et le ministre de la Défense de la République populaire de Donetsk.

LVdlR : Dans quelles conditions se déroulait cette mission ?

Fabrice Beaur : Dans des conditions non habituelles ! J’ai déjà fait depuis 2006 diverses missions d’observation électorale, dont une à Kiev lors des dernières législatives d’octobre 2012, avant le coup d’État du 21 février dernier, mais jamais sous cette forme. Le samedi 1er novembre au matin des combats avaient encore lieu à l’aéroport de Donetsk et les provocations étaient également nombreuses sur plusieurs points du front. Nos déplacements étaient toujours sous escorte militaire. Nous devions constamment vérifier que la route était dégagée lorsque nous nous déplacions de villes en villages pour nos visites des bureaux de vote. La tension était palpable aux postes de contrôle, les fameux « Blo сk Post ».

Et je tiens ici à remercier une fois encore le professionnalisme de l’armée de la République populaire de Donetsk, qui a parfaitement dans des conditions difficiles permis le bon déroulement de cette mission.

LVdlR : Le taux de participation était impressionnant tenant compte de l’actualité. Donetsk et d’autres localités continuaient d’être bombardées par les forces ukrainiennes aux ordres de Kiev. Plusieurs messages de menaces avaient été d’ailleurs envoyés aux habitants qui « oseraient » aller prendre part au vote. Pourtant, on a vu de longues files d’attente dans les bureaux de vote et beaucoup de personnes ont même fait le déplacement des villes occupées par les bataillons punitifs kiéviens. Qu’est-ce que cela vous a inspiré ?

Fabrice Beaur : Les menaces de répression de la part de la Junte de Kiev étaient effectivement à prendre au sérieux. Car lorsqu’on sait que les premiers combats pour la « libération des territoires de l’Est occupés par les terroristes » (sic) selon la terminologie officielle de Kiev signifiaient et signifient encore bombardement des zones civiles. Enlèvement contre rançon, viols et assassinats des gens soupçonnés d’aider les milices populaires d’alors, on ne peut être qu’admiratif du courage de toutes ces babouchka et dedouchka, de toutes ces familles et ces jeunes, du peuple travailleur du Donbass qui dans les températures de l’hiver naissant sont allés voter avec détermination.

Le peuple a prouvé par cette mobilisation massive extraordinaire dans ces conditions de guerre son soutien entier aux dirigeants des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk. L’appel au peuple depuis le début du processus de révolte contre le pouvoir bandériste et oligarchique de Kiev est à relever. Nous avons bien dès le premier jour de la révolte populaire, une forme de démocratie directe en œuvre. Nous sommes bien loin du parlementarisme et de ses petites combines. En DNR et en LNR, en territoire de Novorossia libéré, c’est bien le peuple qui vote, le peuple qui souffre et qui se bat contre Kiev et ses bataillons punitifs qui n’infligent que souffrance et destruction sur leur passage.

Et si nous devions faire une comparaison avec les pays de l’Union européenne, celle-ci ne serait pas flatteuse pour cette dernière. Dans cette Europe atlantiste, cette Europe américaine, l’abstention électorale est aujourd’hui massive. Le peuple déserte de plus en plus les institutions et rejette le système.

Dans le Donbass, sous les bombes, dans les multiples difficultés du quotidien, j’ai vu un peuple qui se lève encore et encore avec le même message de refus de la dictature kiévienne et des criminels bandéristes qui sèment destruction et mort au nom d’une Ukraine pure idéalisée qui n’a jamais existé que dans les fantasmes des nationalistes de Svoboda et autres extrémistes pro-occidentaux.

C’est un flagrant démenti aux mensonges des media de l’OTAN qui affirmaient du « peu d’intérêt de la population pour ces élections » (resic). Ce fut tout le contraire et même une surprise de par son ampleur pour les autorités des républiques populaires et pour tous les observateurs internationaux.

LVdlR : Globalement, en tant qu’observateur international, avez-vous été satisfait du déroulement de ces élections, ainsi que vos collègues ? On sait qu’il y a également eu des observateurs venus des USA et qui étaient impressionnés par la participation massive des habitants à ces élections.

Fabrice Beaur : Ces élections se sont tenues conformément à la législation des républiques populaires. Et le déroulement de celles-ci respecte les standards occidentaux et le cahier de charge classique de l’OSCE. Et il est honteux que l’OSCE, le parlement européen ou l’APCE ne se soient pas rendus sur place pour participer au monitoring électoral. Le président de la Commission électorale centrale de la DNR me disait pourtant qu’ils auraient « accepté de recevoir une telle délégation ». Honteux disais-je du fait que ces mêmes organisations ont participé aux élections bidons de Kiev une semaine auparavant.

Notre collègue américain, Frank Abernathy, Attorney US honoraire et observateur à Lougansk, déclarait en effet : « Je crois que les élections ont suivi les normes internationales des élections démocratiques. Je suis très impressionné par l’enthousiasme et la vigueur avec laquelle les gens se sont rendus aux urnes pour exprimer leur opinion ». Je partage bien entendu ses observations…

LVdlR : Les pays occidentaux, ou plutôt leurs oligarchies politiques, ont d’ores et déjà déclaré qu’ils ne reconnaîtraient pas la légitimité de ce scrutin. De même du côté du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon. Pourquoi selon vous ce refus de reconnaître la volonté démocratique d’une population martyrisée et pourquoi encore et toujours cette constance du deux poids deux mesures ?

Fabrice BEAUR : L’Occident est le royaume du double langage. Les élections dans les républiques populaires de Donetsk et de Lougansk sont un défi à l’ordre occidental.

Nous avons à faire face à un refus du choix démocratique des peuples. Cela est caractéristique. Regardez le refus de l’idée même du référendum dans l’Union européenne : en Catalogne, à Venise et ailleurs … Rappelez-vous des résultats des référendums sur « la Constitution de l’UE » en Irlande, en France et aux Pays-Bas. Les peuples avaient dit Non à l’Europe atlantiste anti-démocratique. Le parlementarisme occidental avait alors passé outre à la volonté populaire clairement exprimée. Depuis, l’Occident a peur des élections plébiscitaires comme celles que nous venons de voir à Donetsk et Lougansk. Les Occidentaux refusent de reconnaître toutes les élections qui ne sont pas contrôlées par eux et dont les résultats ne suivent pas leurs directives.

Et dans la situation qui nous importe à l’heure actuelle, nous avons une belle démonstration du théâtre démocratique de ces organisations internationales et de ces pays, qui se pavanent revêtus du manteau des droits de l’homme à géométrie variable.

Selon l’ordre occidental, donc américain, il existe des peuples qui ont le droit de voter et d’autres non. Le droit de vote étant compris comme le fait d’avaliser les choix que le phare de la démocratie mondiale a auparavant fait pour eux dans sa grande « sagesse »./N

Suite dans la seconde partie de l’entretien.

http://french.ruvr.ru/2014_11_12/Elections-a-Novorossia-entretien-avec-Fabrice-Beaur-observateur-francais-Partie-1-5433/

Mikhail Gamandiy-Egorov

Elections législatives à Novorossia : l’indépendance est une réalité

Elections législatives à Novorossia : l’indépendance est une réalité

Les élites politiques et médiatiques occidentales se doivent de comprendre plusieurs choses. La première, c’est que la volonté populaire ne peut pas être stoppée, et ce par qui que ce soit. La seconde, c’est que chaque peuple est souverain de son avenir. Les élections législatives dans les Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk ont été conformes à toutes les normes d’élections démocratiques. Que l’Occident politique refuse d’accepter la nouvelle donne en poursuivant son soutien actif à la junte néo-fasciste kiévienne, c’est son choix, qui ne fera que le discréditer encore plus. Novorossia, elle, est une réalité que tous devront de toute manière accepter.

A Donetsk, le Premier ministre en exercice de la République populaire de Donetsk, Alexandre Zakhartchenko, a remporté les élections en obtenant plus de 70% des voix. La Commission électorale centrale (CEC) a annoncé, après avoir traité 100% des procès-verbaux, que 765 340 personnes lui avaient donné leur voix. La deuxième place revient au vice-président du parlement de Novorossia Alexandre Koffman, ayant obtenu 111 000 voix. 1,012 million de personnes ont pris part au scrutin. Le mouvement d’Alexandre Zakhartchenko, « La République de Donetsk », a obtenu plus de 60% des voix pour les mandats de députés du parlement de la république. A Lougansk, l’actuel chef de la République populaire de Lougansk, Igor Plotnitski, obtient lui 63,8% des suffrages. Son mouvement « La paix à Lougansk »a reçu 69,42% des voix.

Le taux de participation aux élections législatives dans le Donbass a dépassé les 70% et ce malgré toutes les tentatives des groupes extrémistes envoyés par Kiev de saboter ces élections. Cela n’a pas non plus empêché de très nombreuses personnes de faire de longs voyages, parfois de plus de 500 km, pour venir et faire entendre leur voix quant au futur de leur Etat, l’Etat de Novorossia. Grand nombre de personnes sont également venus des villes de Slaviansk et Kramatorsk, pour le moment occupées par les forces putschistes kiéviennes, afin de prendre part au vote et également soutenir le projet de Novorossia. De longues files d’attente étaient par ailleurs observées dans différents bureaux de vote. Une mobilisation donc sans précédent de la part de cette population qui n’a pas cédé aux menaces des néo-fascistes de Kiev pour venir voter afin de choisir son avenir et celui de ses enfants.

Des observateurs internationaux étaient également présents, venus de France, de Serbie, de République tchèque, de Grèce, de Russie, d’Abkhazie, d’Ossétie du Sud et même des Etats-Unis. Les observateurs ont exprimé leur satisfaction quant au déroulement du scrutin, d’importantes violations n’ont pas été observées et tous ont particulièrement noté le taux de participation très élevé de la part des électeurs. Ce taux ne peut par ailleurs qu’expliquer qu’une seule chose : la population de Novorossia prend très activement part au choix de son futur. N’est-ce pas cela le sens même de la démocratie (clin d’œil aux technocrates bruxellois) ?

Quant à la Russie, Moscou estime que les élections à Novorossia se sont déroulées d’une manière légitime. La Russie reconnait ces élections et respecte la volonté des habitants des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk. C’est ce qu’indique la déclaration du ministère des Affaires étrangères de Russie. En outre, la déclaration souligne que les élections ont été bien organisées et ont eu lieu avec un taux de participation élevé.

Pour revenir à Novorossia, à Donetsk comme à Lougansk, le message était clair : le Donbass ne fait plus partie de l’Ukraine et n’en fera plus jamais partie. « Les élections dans la République populaire de Donetsk ont définitivement consacré la séparation du Donbass de l’Ukraine », a déclaré ce lundi le chef de la Commission électorale centrale (CEC) Roman Liaguine lors d’un point de presse à Donetsk. « Les élections se sont déroulées légitimement et sans aucun incident capable d’en influencer les résultats. Actuellement, nous disposons d’un pouvoir légitime. Le Donbass ne fait plus partie de l’Ukraine, n’en déplaise à certains », a également poursuivi Liaguine.

Même note d’optimisme de la part du chef de la République populaire de Lougansk qui en répondant aujourd’hui à la question de la reconnaissance internationale de ces élections, a été lui aussi plus que clair : « Nous attendons la reconnaissance de la Russie. C’est l’essentiel. Plus de 80% de notre économie est orientée vers la Fédération de Russie. Et nous pouvons proposer beaucoup plus encore ». Par rapport aux relations avec Kiev, Plotniski a affirmé qu’il était prêt au dialogue : « En tant que deux Etats voisins, il serait stupide de vivre constamment en état de guerre. Par ailleurs, s’ils finissent par s’excuser et se repentir pour leurs exactions commises à l’encontre de notre population, alors nous pourrons peut-être les pardonner, avec le temps ». Par rapport à la « position » des pays occidentaux, Igor Plotniski a rappelé à juste titre le sens même de la démocratie et du choix démocratique. « Les pays occidentaux nous envient compte tenu de la mobilisation de notre population lors de ces élections. Ils n’ont pas vu cela chez eux et il est peu probable qu’ils le verront un jour, lorsque des personnes sont prêtes à attendre parfois cinq heures dans le froid pour pouvoir exprimer leur volonté. Les gens savent pourquoi ils votent », a-t-il conclu. Quant à l’absence de reconnaissance de la part des élites occidentales, il ne pouvait certainement pas mieux dire : « S’ils ne nous reconnaissent pas, cela ne nous empêchera pas d’exister et d’aller de l’avant, bien au contraire. La reconnaissance ou non, cela est leur problème. D’autant plus que nous avons beaucoup de sympathie et de soutien de la part des populations d’Europe et d’ailleurs ».

Effectivement, Novorossia a fait une fois de plus son choix légitime. Le choix de la liberté et de l’indépendance. Compte tenu de la mobilisation, la population du Donbass a prouvé une fois encore qu’elle se reconnaissait totalement dans le projet de Novorossia et non pas dans l’Etat ukrainien. Et qu’elle était prête si nécessaire à tout moment pour défendre de nouveau son indépendance. C’est cela la nouvelle réalité. Vous pouvez bombarder, tuer, massacrer, mentir sans arrêt via vos instruments du mainstream, mais vous ne pourrez jamais casser la volonté d’un peuple digne et fier à arracher la vie qu’il désire. Certains refusent encore d’accepter la réalité du nouveau monde multipolaire. Mais ils devront malgré tout comprendre une chose : que ce monde multipolaire détruira peu à peu les restes du diktat criminel, néocolonial et mafieux des instigateurs de l’unipolarité. A ce titre, Novorossia constitue une étape clé pour la libération de la partie martyrisée de l’humanité. Il en sera ainsi !

http://french.ruvr.ru/2014_11_04/Elections-legislatives-a-Novorossia-l-independance-est-une-realite-8136/

Mikhail Gamandiy-Egorov

 

Novorossia, Syrie, Mistral, coopération Afrique-Russie : Entretien avec Igor Korotchenko (Partie 2)

Novorossia, Syrie, Mistral, coopération Afrique-Russie : Entretien avec Igor Korotchenko (Partie 2)

Igor Korotchenko est un expert militaire, rédacteur en chef du magazine mensuel russeNacional’naya oborona (Défense nationale), directeur du Centre d’analyse du commerce mondial de l’armement et membre du Conseil public du ministère de la Défense de la Fédération de Russie. (Suite de la première partie de l’entretien).

LVdlR : Autre thème dont on parle assez souvent ces temps-ci, c’est celui de la livraison ou non par la France à la Russie des navires porte-hélicoptères Mistral. On y voit beaucoup de manipulation et même du chantage. La France subit une grande pression extérieure, en premier lieu des USA et de l’OTAN, à laquelle elle cède depuis plusieurs années déjà. Désormais on nous donne des « conditions » selon lesquelles la livraison pourrait avoir lieu bien que vraisemblablement la France soit plus gagnante que la Russie dans cette histoire. Néanmoins, en tant que grand expert militaire, que pensez-vous de cette situation ?

Igor Korotchenko : La Russie a adopté une position très calme sur le sujet. Le contrat est signé, l’argent est payé. Le contrat se doit donc d’être exécuté. Si Paris et l’Elysée annulent la transaction, la France devra déjà rembourser en intégralité l’argent qu’elle a reçu pour ce contrat et en plus payer une grande pénalité. Quant à nous, nous réagissons calmement, sans excès.

LVdlR : La France serait donc la perdante dans cette histoire en cas de non livraison ? A-t-on vraiment besoin de ces Mistral ?

Igor Korotchenko : Tout d’abord, pour la France ce sera un coup très dur pour son image et sa réputation en tant que pays-fournisseur dans le domaine. D’autre part, les Mistral qui ont été construits pour la Russie, ont été spécialement conçus selon les exigences russes, selon le cahier des charges de la Russie. Ce ne sont pas les mêmes Mistral que la France utilise pour effectuer ses missions expéditives en Afrique. Le Mistral pour la Russie n’a pas la même taille du pont d’envol, des hangars… En premier lieu des hangars car cela a été conçu pour les hélicoptères russes Ka-52. La fonction brise-glace est également propre à nos exigences. Nos systèmes y sont par ailleurs intégrés. Paris aura donc beaucoup de mal à vendre ces bateaux à d’autres qu’à la Russie. Autre point important, le refus d’exécuter le contrat amènera la crise dans l’industrie de la construction navale française. Les syndicats ont déjà exprimé ouvertement qu’ils n’accepteront pas l’annulation du contrat. Le président français Hollande qui même sans cette histoire a perdu et continue de perdre tellement de points politiques, pourrait donc désormais devenir le politicien ayant ouvertement trahi les intérêts nationaux de la France. Les électeurs français ne le lui pardonneront pas. De même qu’ils ne pardonneront pas les forces politiques liées à Hollande. Le refus éventuel donc d’exécuter ledit contrat fera que la France perdra bien plus qu’elle ne recueillera. Quant à la Russie, elle se concentrera sur ses propres moyens. Pour nous, il n’y aura aucune tragédie.

LVdlR : Le dernier thème que je voulais aborder avec vous concerne l’Afrique, un continent qui m’est cher. Ce continent attend notre retour depuis suffisamment longtemps. Depuis un certain temps, la Russie a également exprimé son désir de retour. Aujourd’hui, on observe les premiers résultats. Cette coopération russo-africaine est fortement liée entre autres au domaine de partenariat militaro-technique. De même qu’à d’autres secteurs du domaine économique et commercial. Selon vous, les conditions sont-elles désormais toutes réunies pour un grand retour de la Russie en Afrique et le renforcement du partenariat Afrique-Russie ?

Igor Korotchenko : Il est vrai et c’est malheureux que durant 20 années nous avons regardé l’Afrique comme un continent où nous n’avons pas ou très peu d’intérêts. Entre autres, nos positions ont été occupées par les USA. La Chine s’y est aussi très fortement implantée. Aujourd’hui effectivement on y retourne. Si l’on parle du thème de l’armement, nous avons signé une nouvelle série de contrats avec l’Egypte. Nous allons à ce titre moderniser et perfectionner le système égyptien de défense antiaérienne. De nouveaux contrats ont également été signés avec l’Angola pour la livraison de véhicules militaires blindés et d’avions de chasse Soukhoï Su-30. De nombreux pays africains achètent l’armement russe, en premier lieu l’Algérie. L’Ouganda a signé récemment un contrat fort important avec nous, également pour des avions de chasse Su-30. Nous faisons par ailleurs activement la promotion de nos hélicoptères. J’étais récemment en République sud-africaine où non loin de la ville de Pretoria s’est déroulée une grande exposition de l’armement. La Russie y était représentée par nos plus grandes entreprises du domaine : Almaz-Antei, Vysokotochnye kompleksy, Vertolety Rossii (« Hélicoptères russes »), Rosoboronexport. Globalement tout le monde comprend aujourd’hui que nous devons travailler activement avec l’Afrique. Mais je soulignerai une fois encore qu’on va devoir travailler dans les conditions d’une concurrence extrême. La Chine est très active. Les USA de même ainsi que les autres acteurs. Notre valeur ajoutée est que nous pouvons donner des garanties que les pays occidentaux, eux, ne peuvent pas. Des garanties politiques qui confirmeraient que la coopération se poursuivra en dépit de toute force majeure éventuelle. Alors que les USA utilisent l’embargo quand bon leur semble et lorsque cela les arrange, en refusant notamment le service après-vente, ou encore la fourniture de pièces de rechange. L’armement moderne a une longue durée d’exploitation : 20 ans et plus. Ainsi, le pays-acheteur, en choisissant tel ou tel système d’armement, attend du pays-fournisseur que celui-ci assure ses obligations tout au long de cette période du cycle de vie de l’armement en question. La Russie possède une très bonne image sur ce plan-là, en tant que partenaire fiable et prévisible. Plus la Russie renforcera ses positions et plus elle sera libre politiquement, y compris en ayant des sanctions à son encontre, cela peut sembler paradoxal mais le nombre de pays désireux d’acquérir l’armement russe ne fera que croître. C’est ce qu’on voit déjà aujourd’hui. Une position forte et indépendante aux côtés de très bonnes caractéristiques de nos systèmes de défense, tout cela attira les acheteurs étrangers, y compris en Afrique.

LVdlR : Dernière question. Selon vous doit-on renforcer nos liens avec les pays africains qui désirent coopérer au plus haut niveau avec la Russie, tout en étant sous très forte pression occidentale, de la part de leurs ex-colonisateurs et des USA ? Je fais notamment allusion aux pays d’Afrique francophone.

Igor Korotchenko : Bien sûr. Prenons l’exemple du Mali qui achète notre armement. Surtout que sur certaines positions, il n’y a pas d’alternative. Nous devons forcément renforcer nos positions avec ces pays. Mais je dois souligner un point important que mis à part la coopération militaro-technique, globalement notre business lui aussi doit devenir beaucoup plus actif sur le continent africain. Regardez à quel point sont actives les entreprises chinoises opérant en Afrique, et ce dans toutes les sphères économiques du continent. Nous avons par exemple des intérêts à participer dans des projets du domaine de l’industrie minière et de l’extraction des ressources naturelles. Notre capital, nos investissements, notre armement, doivent se compléter mutuellement. Dans le monde moderne, les affaires et la vente d’armes s’accompagnent car ils permettent de faire avancer les intérêts stratégiques du pays. Sans aucun doute, nous devons regarder l’Afrique dans les yeux. Longtemps, elle a été sous-estimée en tant que partenaire. C’est pour cela que nous devons absolument élargir notre partenariat.

LVdlR : Merci pour toutes ces précisions.

http://french.ruvr.ru/2014_10_15/Novorossia-Syrie-Mistral-cooperation-Afrique-Russie-Entretien-avec-Igor-Korotchenko-Partie-2-7186/

Mikhail Gamandiy-Egorov