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Le Qatargate ou les nouvelles difficultés énergétiques pour l’UE

24.12.2022

Le scandale de corruption ayant ébranlé Bruxelles avec l’implication présumée du Qatar représente un défi supplémentaire sur le plan énergétique pour l’Union européenne, à l’heure où l’espace européiste n’a toujours aucune alternative digne de ce nom aux livraisons de gaz russe. Et si Washington tire son épingle du jeu des problèmes économiques et industriels européens, les responsables de l’UE ne font que s’enfoncer dans les dits problèmes, le tout sans aucune solution fiable.

«Qatargate: Doha menace de couper le gaz à des Européens encore trop dépendants» – titre le magazine hexagonal Marianne. En précisant que le Qatar n’avait pas attendu la fin de la Coupe du monde de football pour adresser un sérieux avertissement aux pays européens, dans le cas où l’UE prendrait des sanctions après la révélation du Qatargate. Tout en menaçant de lourdes conséquences sur la sécurité énergétique mondiale.

Pour rappel, l’émirat qatari a été largement courtisé par les représentants européistes tout au long des derniers mois, dans l’objectif à réduire la dépendance de l’UE au gaz russe, sans grand succès jusqu’à présent. Comme Observateur Continental l’avait noté précédemment, Doha est depuis longtemps spécialisé sur les marchés asiatiques, et si bien même qu’il augmenterait ses livraisons aux clients européens – ce serait alors sur la base de contrats signés sur le long-terme, option qui déplait fortement aux bureaucrates de l’Europe bruxelloise.

Cela sans oublier que le leadership qatari avait clairement fait entendre ne pas être en mesure de remplacer complètement et dans un avenir proche le gaz russe sur le marché européen. Tous ces faits mettant Doha en position de force indéniable.

D’autant plus et qu’au-delà du scandale de corruption éclaté à Bruxelles, le Qatar n’oublie certainement pas les diverses campagnes hostiles à son encontre, notamment avant et durant le déroulement de la principale compétition footballistique internationale, en provenance de l’Occident. Les appels au boycott, les tentatives agressives de nombre de pays occidentaux à promouvoir la propagande lgbtiste, en d’autres termes – l’arrogance si traditionnelle des régimes de l’Occident – restent fort certainement dans la mémoire des citoyens qataris, et de leurs représentants.

Tout cela se déroule au moment où les livraisons pétrolières et gazières russes, malgré toutes les sanctions occidentales à l’encontre de la Russie, continuent d’augmenter sur les grands marchés asiatiques comme ceux de la Chine et de l’Inde, ainsi que sur d’autres marchés non-occidentaux. Et le tout également au moment où le risque de désindustrialisation dans l’espace bruxellois est de plus en plus ouvertement abordé – y compris par les Européens eux-mêmes. Un processus qui semble d’ailleurs déjà suivre son cours, avec comme l’un des résultats – la délocalisation des industries européennes sur le sol étasunien. Pour le plus grand bonheur de Washington, chef incontesté de l’axe atlantiste nostalgique de l’unipolarité, et pour le plus grand malheur des industries basées en Europe, incapables d’être compétitives sans l’énergie russe. Un fait totalement évident aujourd’hui.

Pour revenir au Qatar, ses mises en garde à destination des responsables européistes représentent tout simplement l’option que l’UE a longtemps cherché elle-même. A force de pratiquer l’arrogance et l’ingratitude, et cela depuis de bien longues années et non pas seulement depuis quelques mois, le résultat était largement prévisible et attendu. Peut-être pas pour les bureaucrates bruxellois, bien souvent ne possédant pas les capacités intellectuelles et analytiques nécessaires, mais pour toute personne censée – indéniablement.

Et en ce sens le petit émirat qatari possède aujourd’hui tous les moyens de remettre à sa place le nain géopolitique nommé Union européenne. Et peut-être bientôt non plus seulement un nain géopolitique, mais également et de plus en plus économique. Car lorsqu’on ne possède pratiquement rien en termes de ressources stratégiques – il faut avoir un minimum de bon sens de savoir faire profil bas et avaler son arrogance.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Le plafonnement occidental du prix sur le pétrole russe aura peu d’impact sur la Russie

09.12.2022

Le plafonnement des prix sur le pétrole en provenance de Russie ne fera que payer à l’Occident le prix élevé pour de telles actions, à l’inverse de l’Etat russe, paralysant par la même occasion les principes de marché occidentaux. C’est ce qu’il ressort de l’avis des experts chinois.

Alors que la Russie a averti ce lundi qu’elle répondra au plafonnement des prix sur son pétrole brut à l’initiative étasunienne et de ses alliés, les experts chinois interrogés par le quotidien Global Times ont souligné que ledit plafonnement des prix entrainerait des pertes pour Moscou, mais dont l’étendue sera relativement limitée, car la Russie dispose de plusieurs plans alternatifs.

Le quotidien chinois indique à ce titre que le prix fort sera payé par l’Europe bruxelloise – creusant l’écart de ses propres divisions internes et paralysant les principes de marché sur lesquels l’Occident s’est construit. Tout en rappelant la position officielle chinoise sur la question, citant Mao Ning – porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la République populaire de Chine qui a déclaré que la coopération énergétique sino-russe était toujours menée dans un esprit de respect et d’avantages mutuels, et que le fait de pouvoir assurer la sécurité de l’approvisionnement énergétique mondial était d’une importance vitale.

Pour Cui Heng – chercheur adjoint au Centre d’études russes de l’Université normale de Chine orientale – Moscou ressentirait un pincement car la décision occidentale de plafonnement limiterait la capacité de la Russie à exporter du pétrole en Occident, mais cela n’aura pas d’impact majeur.

«Elle peut trouver des acheteurs tels que la Chine et l’Inde dans l’objectif de combler le vide, tout comme elle peut contourner le plafonnement en exportant d’abord le pétrole vers les pays du Moyen-Orient, puis en Europe», a déclaré l’expert chinois. Cela sans oublier l’option de pousser davantage de pays européens à demander des exemptions aux nouvelles limitations (à l’instar de la Hongrie, ndlr).

Cui Heng ajoute que l’Europe bruxelloise paiera le prix de ses actions, car devra trouver des substituts au brut russe et payer des tarifs plus élevés pour acheter au Royaume-Uni et aux Etats-Unis.

Pour Wang Yiwei – directeur de l’Institut des relations internationales de l’Université Renmin de Chine – le fait de vouloir fixer un prix plafonné constitue une grave violation des principes du marché pour une industrie mature. Et qu’une telle intervention ne fera que saper la crédibilité des gouvernements concernés, tout en pesant lourdement sur leurs économies déjà en difficulté.

Enfin et au-delà de l’opposition des grandes puissances internationales comme la Chine et l’Inde à de telles pratiques et désireuses de maintenir le cap d’une coopération énergétique de haut niveau avec la Russie, les experts chinois interrogés par Global Times ont également rappelé que l’OPEP+, qui réunit les principaux exportateurs mondiaux de pétrole, a convenu de maintenir le cap visant à réduire la production journalière de pétrole – à hauteur de deux millions de barils par jour.

En ajoutant que la voix de l’OPEP+ grandit sur la scène internationale, au moment où l’organisation devient de plus en plus indépendante dans l’élaboration de sa politique, et en se libérant des pressions étasuniennes.

En parlant donc des perspectives à venir, et comme bien rappelés par les experts chinois – l’Europe bruxelloise continuera à représenter le dindon de la farce dans la guerre de Washington contre la Russie et les partisans de la multipolarité. Vraisemblablement le dossier gazier n’apprend rien aux agents de l’atlantisme sur le sol européen, qui oublient par la même occasion que de nombreuses options de Moscou restent toujours dans le tiroir. La question – jusqu’à quand? Et cela non seulement dans les domaines du pétrole et du gaz, mais aussi sur la question stratégique par exemple de l’uranium, entre autres.

Mikhail Gamandiy-Egorov