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Afrique: les USA tentent ouvertement de prendre le leadership occidental sur le continent

17.03.2023

Face aux multiples échecs des Occidentaux sur le continent africain, Paris en tête, l’establishment washingtonien tente par tous les moyens de maintenir l’influence occidentale en terre stratégique africaine. Et par la même occasion se bat pour réduire l’influence de Pékin et de Moscou sur le continent.

Les élites occidentales mettent le plein d’efforts en vue de tenter à se repositionner en Afrique. Si du côté de Paris et malgré toutes les tentatives récentes de sauver ce qui est encore possible à sauver, le constat va clairement dans le sens d’un échec évident, aujourd’hui le maître de l’axe occidental-otanesque en la qualité de Washington tente de son côté à prendre la relève et barrer la route à l’axe sino-russe et celui de la multipolarité.

Ainsi, le chef de la diplomatie US Blinken est de nouveau en tournée en Afrique. Il a visité d’abord l’Ethiopie, pays qui était pourtant encore récemment sous la déstabilisation ouverte et assumée de l’Occident, où il a annoncé «une nouvelle aide humanitaire» de 331 millions de dollars.

Le choix de l’Ethiopie n’étant pas un hasard car le pays est stratégique à plusieurs égards. Deuxième en termes démographique à l’échelle continentale africaine avec plus de 120 millions d’habitants, l’un des principaux partenaires de Pékin et de Moscou en Afrique, sans oublier que le siège de l’Union africaine se trouve précisément dans la capitale éthiopienne Addis-Abeba.

Après l’Ethiopie, Blinken sera au Niger. Le choix du Niger n’est certainement pas un hasard non plus car Niamey étant toujours orienté sur l’axe occidental, notamment sur l’Hexagone, à l’heure du large rejet de ce dernier dans plusieurs pays africains.

Mais les relations politiques ne sont certainement pas la seule raison. Le pays riche en ressources naturelles, mais dont profite bien peu la population locale – fait partie des principaux fournisseurs de l’Europe en uranium naturel, avec le Kazakhstan et la Russie. A l’heure où les structures occidentales s’alarment que des pays comme la France restent dépendants dans le domaine nucléaire vis-à-vis de Moscou.

Perdre ainsi un autre allié qui est un fournisseur de taille d’une matière stratégique serait synonyme de catastrophe pour les Occidentaux, d’autant plus qu’ils savent parfaitement qu’une large partie de la société civile nigérienne partage les convictions panafricanistes et souverainistes de ses camarades maliens, burkinabés et d’autres populations africaines.

Et cela d’ailleurs confirme également les prévisions d’Observateur Continental que les ressources naturelles stratégiques représenteront la clé du monde multipolaire post-occidental. A l’heure où il est devenu totalement évident que malgré toutes les belles paroles de l’establishment occidental quant au succès des économies néolibérales – sans l’accès aux ressources naturelles des nations non-occidentales – cet Occident est bel et bien condamné soit à de bien grandes difficultés économiques et industrielles, soit à la catastrophe pure et simple.

Une autre option qui fait trembler à ce titre l’establishment occidental est celle lorsque les pays possédant justement ces ressources naturelles stratégiques, dont nombreux se trouvent précisément en Eurasie et en Afrique, imposeront leur propre mécanisme de régulation des prix sur le marché international, indépendamment des «centres» existant en Occident, ces derniers n’ayant par la même occasion aucun lien avec la propriété sur les dites ressources naturelles.

Il suffira après de créer les mécanismes nécessaires en vue de travailler conjointement pour les pays non-occidentaux sur la transformation des matières premières et c’est ainsi que les nouveaux rapports de force sur ce sujet d’importance effectivement stratégique s’imposeront.

Pour revenir donc à l’énième tournée de Blinken sur le continent africain, il serait aussi important de dire à quel point l’Afrique est importante pour les élites occidentales, qui se battent aujourd’hui de manière ouverte, et habituellement arrogante, pour sauver leurs fameux vestiges de l’unipolarité et écarter au plus tard possible leur chute déjà attendue. Mais bien que Washington tente de modifier les rapports de force sur le continent africain, à l’heure des échecs évidents de ses sous-traitants en la qualité des régimes européistes, il est peu probable que cela aura une influence notable sur la suite des événements.

Mikhail Gamandiy-Egorov

L’Occident n’a pas le monopole du sport international

02.03.2023

S’il est désormais admis que le monde contemporain du sport international est ouvertement lié à la géopolitique, les événements récents démontrent que la multipolarité y prend aussi tout son envol. Un envol qu’une évidente minorité planétaire ne sera pas en mesure de stopper.

La Fédération russe des échecs a officiellement quitté l’Europe pour l’Asie, devenant par la même occasion la première instance sportive russe à franchir le pas de manière officielle et pratique. Un pas qui sera fort vraisemblablement suivi par d’autres fédérations sportives russes dans un avenir plus ou moins proche.

Selon Andreï Filatov, président de la Fédération russe des échecs, il s’agit d’un événement historique. Le mot est certainement juste. Car il ne s’agit pas seulement d’une décision qui fait suite à une injustice et une discrimination au plus haut niveau des instances européistes-occidentales à l’endroit de la Russie, mais cela représente quelque chose qui devait avoir lieu dans tous les cas, et peut-être même il y a des années de cela. Y compris lorsque les tensions géopolitiques étaient un peu moins vives entre les partisans de l’ordre multipolaire international et les nostalgiques de l’unipolarité.

Dans tous les cas, le passage de la Russie vers la Fédération asiatique est effectivement historique et stratégique. Et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord – en raison de l’identité profondément eurasienne de l’Etat russe – Etat multiethnique et multiconfessionnel. Sur les plans historique, culturel, civilisationnel, humain. Une identité que la Russie assume pleinement enfin, et ce malgré les nombreuses tentatives des représentants libéraux de la société russe à ralentir ledit processus.

Aussi et face à l’arrogance extrême de l’establishment occidental qui domine encore de nombreuses structures sportives internationales, ayant d’ailleurs largement introduit la géopolitique dans le sport, et ce d’ailleurs très bien avant le lancement de l’opération militaire spéciale par la Russie l’année dernière, il fallait apporter une réponse ferme.

D’autre part, et puisque nous restons dans la géopolitique – il faudrait certainement dire que cette décision, et d’autres encore à venir – sont plus que symboliques, dans le cadre justement du monde multipolaire et des événements contemporains. Surtout lorsqu’on sait que démographiquement parlant, l’Asie représente plus de 4,7 milliards d’habitants de la planète, pendant que le fameux espace européiste, sans la Russie, pas beaucoup plus qu’un demi-milliard.

Et à ce sujet, ce qui est particulièrement intéressant de noter, c’est le vote justement des Etats membres de la Fédération asiatique quant à l’adhésion de la Russie: 29 voix pour, 6 abstentions, 1 contre. Soit en termes de pourcentages : plus de 80% des pays membres ayant soutenu le rattachement de Moscou à l’organisation. Et la seule voix contre représentant… environ 2,8%.

Quant à l’aspect sportif, qu’il faut évidemment aborder aussi, de l’avis des meilleurs champions soviétiques et russes d’échecs – c’est un pas évident en avant, à l’heure où les champions asiatiques – notamment chinois, indiens, iraniens – entre autres – dépassent de plus en plus leurs collègues européens. Et ce aussi bien en termes quantitatifs, que qualitatifs.

Enfin et pour parler de spiritualité. La récente Coupe du monde de football au Qatar a eu le mérite de démontrer qu’en termes de valeurs la Russie contemporaine a énormément plus en commun avec les Etats de l’espace asiatique, qu’avec l’Occident, dont les pseudo-valeurs (aucunement universelles), ne correspondent certainement pas à celles de la grande majorité des Russes – dans toute leur diversité ethnique et religieuse. Tout comme c’est d’ailleurs le cas pour la forte majorité des peuples d’Asie, d’Afrique ou d’Amérique latine.

En d’autres termes – le divorce était et est inévitable. Et fort vraisemblablement dans le cas occidental – pas seulement avec la Russie. Après tout, à chacun son chemin. L’essentiel étant que l’Occident n’aura plus le monopole. Un monopole qu’une extrême minorité à l’échelle planétaire n’était d’ailleurs censée jamais avoir.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Le sport international doit connaitre lui aussi des réformes en profondeur

13.12.2022

A l’instar de nombre d’organisations dites internationales, la réalité de l’ère multipolaire exige des mises à jour profondes, à défaut de procéder à l’établissement d’alternatives qui seront beaucoup plus adaptées aux évolutions contemporaines. Le monde du sport ne peut pas être épargné.

Les événements récents, notamment géopolitiques, géoéconomiques et géostratégiques ont eu le mérite de non seulement mettre en exergue le changement radical des rapports de force à l’échelle mondiale, mais également de confirmer une bonne fois pour toute – l’hypocrisie au summum des élites occidentales, ainsi que des institutions qui leur sont affiliées. Affiliées aussi bien de manière ouverte que non officielle.

Alors que la Coupe du monde de football approche les matchs décisifs, avant même son début la posture de la Fédération internationale de football association (FIFA) aura démontré que:

1) le monde du sport est définitivement affilié à la politique internationale;

2) la FIFA agit en partie importante sous la pression de l’establishment politique occidental.

D’où la disqualification totalement injuste de l’équipe nationale russe de football, qui devait jouer les matchs de barrages contre la Pologne, cette dernière ayant refusé lâchement de le faire et devait donc elle logiquement parlant faire partie des éliminés.

Mais il faut reconnaitre à cette Coupe du monde plusieurs avantages, notamment grâce au mérite de l’organisateur qatari. Parmi ces avantages, nous pouvons citer le fait d’avoir résisté efficacement aux tentatives occidentales de promouvoir la propagande du lobby LGBT, l’interdiction du drapeau du bataillon néonazi ukrainien Azov affiché par certains supporters de l’Espagne, créant la colère au sein des partisans du régime kiévien, ou encore le fait d’avoir maintes fois joué des chansons populaires russes comme Katioucha et Kalinka – à l’heure où l’establishment de l’Occident cherche désespérément les moyens de faire annuler la culture russe.

L’autre facteur très positif de ce grand tournoi sportif international est de voir enfin une équipe africaine dans le dernier carré des quatre meilleures équipes – en l’occurrence l’équipe nationale du Maroc, ayant gagné le soutien et la sympathie de milliards de personnes, dont bien évidemment en Afrique et dans le monde arabe.

Concernant justement ce dernier point, il faut faire mention que dans la réalité contemporaine multipolaire, y compris dans le domaine sportif, il est fermement à penser qu’il est grand temps de modifier radicalement les quotas accordés aux équipes africaines et asiatiques qui participent à la Coupe du monde footballistique, et ce vers la hausse.

En effet, il est désormais complètement illogique que l’Europe et l’Occident puisse continuer à posséder 40-50% des places attribuées aux équipes participantes. Et si en début de la compétition, certains pouvaient encore être dubitatifs quant à l’évolution nécessaire sur cet aspect, faisant valoir que les équipes européennes restent les «meilleures» – l’excellente performance du Maroc, mais également la compétitivité des autres équipes africaines, ainsi qu’asiatiques, confirment la nécessité de passer à autre chose, et que les quotas accordés soient désormais beaucoup plus représentatifs des évolutions à l’échelle internationale.

Cette posture est d’ailleurs rejointe par le héros de la performance marocaine, en la qualité du sélectionneur national Walid Regragui, qui a non seulement réalisé l’exploit de qualifier pour la première fois de l’histoire une équipe représentant le continent africain pour une demi-finale de la principale compétition footballistique mondiale, mais également d’être le premier entraineur africain à arriver à ce stade de la compétition. Confirmant la nécessité de croire en les talents et les compétences nationales africaines, mais également d’avoir la possibilité à ce que les équipes d’Afrique et d’Asie soient mieux représentées.

En effet, il est aujourd’hui évident que nombre d’équipes africaines et asiatiques, représentant par la même occasion démographiquement parlant des populations beaucoup plus importantes que celles d’Europe, puissent être plus nombreuses. Et qui méritent sans le moindre doute plus ces places que des Pologne, Pays de Galles ou Suisse.

Quant à l’aspect commercial de la question, car il faut reconnaitre que le monde du grand sport d’aujourd’hui est aussi devenu depuis un bon moment un business à très grande échelle – il n’est certainement pas à douter que les audiences pour des matchs d’équipes africaines et asiatiques supplémentaires gagneraient en nombre que ceux d’équipes européennes très moyennes déjà citées.

Jusqu’à présent, la FIFA tente de prétendre à comprendre cette évolution mondiale, mais sans remettre en cause le favoritisme accordé aux Occidentaux. Pour preuve, la prochaine Coupe du monde de 2026 verra certes un plus grand nombre de nations africaines (9 contre 5 actuellement) et asiatiques (8 contre 6 actuellement), mais c’est toujours l’Europe qui aura la part du lion: 16 places attribuées. Soit un tiers des places (40% lors de la Coupe du Monde en cours).

Le chemin est donc encore long. Mais la FIFA, à l’instar d’autres structures internationales prétendument «indépendantes», devra elle aussi se mettre rapidement à l’heure des nouvelles réalités et exigences contemporaines. A défaut de quoi, rien ne puisse empêcher l’émergence de structures et de compétitions alternatives, y compris pourquoi pas sur la base du concept des BRICS+. Désormais rien n’est impossible.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Turquie: prochain hub gazier de toute l’Europe?

14.10.2022

Les relations économiques et énergétiques entre Moscou et Ankara sont au beau fixe. Et dans la conjoncture actuelle, avec une UE complètement vassalisée à Washington, la Turquie a l’occasion de devenir le grand hub du gaz russe, y compris si besoin sera – à destination de l’Europe.

Les présidents russe et turc, qui sont à leur quatrième rencontre en trois mois, cette fois-ci dans le cadre du 6ème Sommet de la Conférence pour l’interaction et les mesures de confiance en Asie (CICA), dans la ville d’Astana, au Kazakhstan, ont abordé la possibilité de faire passer le partenariat énergétique à un stade supérieur, voire même largement supérieur.

En effet, Vladimir Poutine a proposé à son homologue turc Recep Tayyip Erdogan la création d’un hub gazier pour des livraisons vers d’autres pays, notamment vers l’Europe. En rappelant que la Turquie s’est avérée être actuellement l’itinéraire le plus sûr pour les livraisons de gaz russe.

Le président russe a par ailleurs indiqué que cette plateforme gazière servira non seulement pour assurer les approvisionnements, mais également dans la détermination des prix. Si ce projet se concrétise, et selon de nombreuses sources turques, il devrait probablement se concrétiser, le rôle de l’Etat turc deviendra crucial dans un domaine aussi stratégique que les fournitures énergétiques internationales. Tout en permettant à Ankara d’avoir un levier supplémentaire face à une Europe bruxelloise, qui ne manque toujours pas d’arrogance.

Pour la Russie, l’intérêt est évidemment d’avoir un partenaire énergétique fiable. Et en ce sens – la Turquie a amplement prouvé cette capacité. Etant le seul pays membre de l’Otan à ne pas avoir adhéré aux sanctions occidentales contre la Russie, développant activement ses relations avec Moscou, sachant d’autant plus que cette année sera certainement celle du plus haut niveau historique des relations économico-commerciales entre les deux pays, ainsi que disposant d’une capacité à mener une politique souveraine et pragmatique.

Ce n’est pas tout. A l’inverse des représentants masochistes européens, notamment allemands, qui assistent devant leurs yeux à des actes terroristes visant leurs propres intérêts économiques et énergétiques sans aucune réaction digne de ce nom, les autorités turques ont jusqu’à maintenant toujours assuré une sécurité de haut niveau pour le gazoduc Turk Stream, en coordination avec leurs homologues russes. Tout comme dans le processus des livraisons gazières.

Evidemment il est plus que probable que si ce projet se concrétise, il déplaira énormément à Washington, comme à Bruxelles et d’autres capitales occidentales. Si dans le deuxième cas et les suivants, il n’y a même pas besoin de faire des commentaires lorsqu’il s’agit de nains géopolitiques et de vassaux purs et simples, dans le cas étasunien il est tout à fait possible de s’attendre à des attaques économiques, notamment à travers des sanctions, ou tout simplement à de nouveaux actes terroristes, qui font partie intégrante du « savoir-faire » et du « savoir-vivre » des cow-boys washingtoniens.

Sauf que ce qui marche si facilement avec les élites européistes, dont le masochisme est peut-être également lié aux quartiers de mauvaise réputation de Bruxelles, ne marche pas forcément avec la Turquie, qui possède suffisamment de volonté, mais également de leviers à pouvoir riposter là où cela fera mal à l’establishment occidental. Surtout lorsqu’il s’agit d’intérêts nationaux, y compris économiques.

Dans tous les cas et malgré les désaccords qui existent entre Moscou et Ankara dans un certain nombre de dossiers, lorsqu’il s’agit d’une relation entre deux Etats souverains, pensant chacun à leurs propres intérêts pragmatiques nationaux, il est toujours beaucoup plus facile à arriver à des résultats positifs. Tellement plus simple que de faire affaire avec des enfants obligés d’aller automatiquement demander la permission à un grand-père saluant des ombres inconnues. Ou peut-être connues que pour lui-même.

Mikhail Gamandiy-Egorov

La barbarie similaire des destructeurs de monuments

26.08.2022

A l’heure où de nombreux régimes atlantistes d’Europe de l’Est démontent ou détruisent des monuments en mémoire des soldats soviétiques ayant libéré le continent du nazisme, le tout sous la justification d’une russophobie longtemps entretenue et désormais agissant sans le moindre tabou, le parallèle avec les méthodes de nombre de groupes terroristes vient inévitablement à l’esprit.

Si la russophobie des régimes de pays comme la Pologne ou encore les Etats baltes est fort loin d’être nouvelle en soi, désormais elle a pris la forme totalement assumée en ce qui concerne la destruction pure et simple de la mémoire collective et de la morale dans son ensemble à l’encontre des monuments en mémoire des militaires soviétiques ayant libéré la très grande partie du continent européen, et des territoires en question, de la peste brune.

D’une manière naturelle, ces actions qui d’ailleurs provoquent une résistance de plus en plus visible dans les pays en question de la part d’une partie de la population qui rejette cette réécriture de l’histoire, ressemblent si curieusement avec les destructions barbares du patrimoine culturel et civilisationnel syrien, notamment par les terroristes de Daech.

En effet et au-delà de la question du patrimoine historique ou culturel, la morale semble totalement inexistante dans les agissements des barbares terroristes assumés, et de ceux qui prétendent appartenir au monde dit «civilisé». D’autant plus que dans les agissements des Pologne et pays baltes, on retrouve l’approbation également de l’ensemble des régimes occidentaux, y compris justement européens.

De manière générale, on peut observer aujourd’hui même en Occident la tendance généralisée de réécriture historique, y compris de leur propre histoire, lorsqu’il s’agit de s’adapter aux besoins des principaux lobbies puissants du moment, qui dictent la marche à suivre en lien avec des fausses valeurs, prétendument «universelles».

Mais si cela concerne à proprement dit la cuisine occidentale interne, la destruction observée dans un passé assez récent de monuments et de mausolées par les terroristes en Syrie ou au Mali, et désormais le crachat pur et simple sur les millions de soldats soviétiques ayant payé au prix de leur vie la libération de l’Europe du nazisme, concernent justement l’écrasante majorité des peuples non-occidentaux.

Car au final, l’Occident et ses petits sous-traitants ont-ils été ne serait-ce qu’un jour respectueux du patrimoine culturel, historique et civilisationnel des autres? Car à défaut d’arracher le patrimoine culturel et civilisationnel des peuples (notamment lors des colonisations occidentales en Afrique, Asie, Amérique latine), la mentalité de cet Occident collectif et de ses quelques régimes affiliés se place clairement dans une posture raciste vis-à-vis des peuples non-occidentaux. En d’autres termes: nous pouvons piller ce que bon nous semble et détruire aussi si nous le jugerons nécessaire. Et à défaut de le faire soi-même – comme c’est aujourd’hui le cas dans la petite Europe otanesque de l’Est, d’autres le feront à leur place – y compris des éléments ouvertement extrémistes.

Peut-être que justement toute la différence de la pensée de l’Occident et du monde non-occidental (qui représente l’écrasante majorité de l’humanité) se trouve précisément là. L’Occident, extrêmement minoritaire à l’échelle planétaire, considère que la haine, le racisme et d’autres formes d’extrémisme sont parfaitement acceptables du moment que cela sert ses intérêts. A l’inverse, le rejet aujourd’hui de l’Occident, ou plus précisément de la politique occidentale, par un large front de peuples de la planète, ne rentre pas dans le schéma vicieux de la haine vis-à-vis des citoyens ou du patrimoine civilisationnel des pays occidentaux.

Ainsi, le rejet par des millions de Maliens, et d’autres peuples africains, de la politique hexagonale et plus généralement occidentale ne se traduit pas par une haine qui viserait les ressortissants français ou autres occidentaux . La Russie et la Chine n’annulent pas malgré les tensions géopolitiques au summum – la culture européenne et occidentale. Tellement différent de ce qui se fait aujourd’hui dans cette même Europe arrogante, qui tente à faire oublier les grands représentants de la culture russe – et mondiale par la même occasion.

Ou qui tente à raser la mémoire (indestructible) des millions de Soviétiques ayant sauvé l’humanité toute entière d’une domination nazie. Car oui et désolé de le rappeler – ce n’est pas le soldat Ryan qui a sauvé le continent européen de la peste brune, mais bel et bien l’Armée rouge soviétique. Et cela – personne, aussi bas moralement soit-il, ne réussira à le changer.

Au final – où se trouve réellement le prétendu espace civilisé? A titre d’exemple, le monument célèbre de la capitale éthiopienne Addis-Abeba – Tiglachin – construit à la mémoire des militaires éthiopiens, cubains et soviétiques ayant participé à la guerre de l’Ogaden (1977-1978) – n’a jamais été touché même durant la période pro-occidentale du pouvoir éthiopien. Tellement différent du comportement sauvage des régimes polonais et baltes, sous l’approbation de Washington et de Bruxelles. Probablement que la réponse est bel et bien là.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=4183

La richesse de l’Europe – c’est l’Afrique. Et non pas le contraire.

05.05.2022

Au moment où l’Occident et notamment l’Union européenne apprend à vivre selon de nouvelles règles dans les relations économiques les liant à la Russie, le temps est certainement venu pour que ce même Occident s’adapte également aux nouvelles règles qui vont s’imposer dans sa relation avec le continent africain.

L’arrogance propre à l’establishment occidental ne peut pas faire disparaître ses énormes besoins en ressources naturelles – aussi bien pour son industrie, que dans le cadre de la consommation quotidienne de ses citoyens. Dans le monde multipolaire post-occidental – ces ressources naturelles représenteront indéniablement la clé du nouveau système international.

Si face à la Russie, l’un des principaux adversaires de l’Occident sur l’arène internationale, ce dernier apprend, progressivement, à travailler ne serait-ce que sur le plan des échanges économico-commerciaux sur de nouvelles bases (qui ne lui plaisent évidemment pas), le temps viendra et les nostalgiques de l’unipolarité devront en faire de même avec l’Afrique et les Africains.

Il est aujourd’hui définitivement clair le pourquoi de l’hystérie au summum des élites occidentales en ce qui concerne les bouleversements observés sur le continent africain, notamment dans le cadre de l’adhésion africaine de plus en plus évidente au système de l’ère multipolaire promu activement par la Chine, la Russie et nombre d’autres pays, du rejet de la politique atlantiste occidentale, et de la large diversification des partenariats observée sur le continent.

En effet et bien que durant de longues années, l’arrogance de l’establishment occidental voulait créer une image d’une Afrique qui ne peut survivre sans l’Europe et l’Occident, la réalité actuelle démontre fermement que c’est l’Europe et l’Occident qui ne sauront se passer de l’Afrique, comme le confirme d’ailleurs la crise ayant atteint son plus haut niveau dans l’histoire contemporaine entre la Russie et l’axe atlantiste.

Le plus grand danger pour l’establishment bruxellois, et notamment hexagonal – c’est de continuer à perdre des positions en Afrique, comme cela était le cas et continue de l’être – depuis maintenant plusieurs années. Les menaces, pressions, sanctions, intimidations, déstabilisations – n’impressionnent plus les leaderships patriotes et panafricanistes, ainsi que les millions de citoyens de pays africains.

Longtemps l’Afrique était pour les Occidentaux ce que la Sibérie est pour la Russie, à la seule différence que la Sibérie appartient à la Russie, tandis que l’Occident n’a aucun droit légitime sur l’Afrique et ses ressources. On comprend d’ailleurs parfaitement pourquoi certains Etats européens, notamment l’Italie, font actuellement les mains et les pieds sur le sol des différents pays africains en vue de pouvoir faire diminuer la dépendance européiste aux ressources naturelles, notamment énergétiques, russes. Sans grand succès, mais tout le monde aura compris les objectifs.

C’est d’ailleurs l’une des raisons supplémentaires aux mobilisations africaines qui restent aux aguets et qui ne faiblissent pas face à une prédation occidentale qui retranchée et en grande difficulté – risque tout simplement de lancer de nouvelles tentatives d’agressions et de pillages des nations africaines.

Et au vu du sentiment anti-occidental (anti-establishment occidental faut bien le préciser) qui non seulement ne diminue pas, mais au contraire ne cesse de s’activer – Paris, Londres comme Washington connaissent parfaitement les énormes défis auxquels ils auront à faire face, car les anciens schémas d’interventions néocoloniales auront de plus en plus de mal à aboutir face à des populations déterminées et mobilisées.

A titre d’exemple – faudrait-il rappeler que le principal fournisseur d’uranium de l’UE n’est autre qu’un pays comme le Niger (devant la Russie et le Kazakhstan). Une ressource naturelle stratégique qui ne nécessite pas de présentation supplémentaire. Un Niger qui tout en étant un fournisseur majeur d’une matière aussi importante – n’a que 30-35% de sa population qui a accès à l’électricité. Et cela selon les chiffres les plus optimistes.

On comprend maintenant mieux pourquoi l’Elysée et le Quai d’Orsay mettent autant de pression sur le Mali voisin, pays également fort riche en ressources naturelles, mais aussi la raison du pourquoi l’establishment hexagonal et plus généralement européiste soutient autant le régime actuel du Niger – complètement soumis aux intérêts occidentaux, mais tellement impopulaire auprès de la population du pays.

Une fois de plus, il est aujourd’hui évident que les échecs de Paris, Bruxelles, Washington, Londres, comme Berlin – ne s’arrêteront pas en RCA et au Mali. L’effet domino dû à l’arrogance et à la surexploitation de l’Afrique par l’Occident, les règles multipolaires récentes et l’absence désormais de la peur auprès d’une large partie de l’humanité face aux pillards et criminels maquillés en démocrates – ne fera que se poursuivre sans pouvoir s’arrêter.

Et dans ces conditions, l’Occident comprendra définitivement que ce n’est pas lui qui produit de la richesse, mais que c’est le monde non-occidental, représentant l’écrasante majorité de l’humanité – qui lui a longtemps permis de prétendre à le faire. Désormais, qu’il se rende à l’évidence que c’est bientôt la fin.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Pour le FMI – l’Ukraine a besoin de dons et non pas de prêts

Les structures affiliées à l’Occident font preuve d’une «solidarité» presque sans limite vis-à-vis du régime kiévien. Les Etats européens, pourtant faisant face à de nombreux défis économiques, ne seront pas épargnés par l’action de générosité réclamée par Kiev et ses principaux parrains. D’autant plus que vraisemblablement, l’Ukraine ne sera pas en mesure de rembourser quoi que ce soit.

Pour rappel, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait récemment indiqué que son pays a besoin de 7 milliards de dollars mensuels pour pouvoir continuer à faire fonctionner son économie, et surtout de continuer à remplir les responsabilités sociales pour le paiement des salaires et des retraites. En passant – des obligations sociales, dont les retraites, que ledit régime ne paie plus à «ses citoyens» du Donbass depuis maintenant de longues années, et d’autres territoires suspectés d’être aujourd’hui en faveur de la Russie, comme la région de Kherson.

A l’heure où l’establishment occidental, plus particulièrement anglo-saxon et affilié, maintient le cap de livraisons d’armements au régime kiévien, la réalité fait que les armes aussi massives soient-elles ne pourront évidemment pas répondre aux besoins de simples citoyens ukrainiens. Tout le paradoxe d’ailleurs du régime de Kiev réside dans l’aspect promu par ses conseillers étasuniens, à savoir que le régime kiévien réclame plus d’aide à l’Occident, et particulièrement à l’Europe, adopte un ton qui dicte aux Européens de ne plus commercer avec la Russie, tout en continuant à percevoir les paiements pour le transit du gaz russe à destination de l’UE, et en obtenant le chauffage dans les foyers ukrainiens – en provenance de la «méchante» Russie.

Mais peu importe – paradoxe ou non, l’Europe doit suivre ce que réclame Kiev, ainsi que ses parrains de Washington et Londres. La dignité n’étant pas le point fort des cités depuis un long moment. Pour ce qui est du Fonds monétaire international (FMI), et plus particulièrement sa directrice générale Kristalina Georgieva, l’appel est tel que les besoins financiers de l’Ukraine et la manière de les combler «doit passer le plus possible par des donations plutôt que des prêts».

En d’autres termes – Kiev ne sera vraisemblablement pas capable de rembourser ses créanciers. Car au-delà du fait qu’un conflit armé soit en cours, par rapport auquel d’ailleurs nombreux observateurs se posent la question légitime du pourquoi d’une telle générosité vis-à-vis du régime kiévien à la différence de nombreux autres pays passés par des situations de guerre – mais surtout au niveau de corruption systématique de l’Etat ukrainien que le coup d’Etat pro-occidental de 2014 n’a tout sauf amélioré. Faisant depuis ledit coup d’Etat de l’Ukraine l’un des deux Etats les plus pauvres d’Europe.

Evidemment, certains comptent bien remporter la mise, en obtenant par exemple des livraisons de produits alimentaires stratégiques en provenance de l’Ukraine en échange d’avoir apporté, ou simplement trouvé des financements pour le compte kiévien. En d’autres termes – parfois et tout simplement des intermédiaires de certains «cabinets» et lobbies occidentaux. D’autres, notamment plusieurs pays européens, apporteront tout simplement des fonds des contribuables des pays respectifs sans aucun retour sur «investissement».

Peut-être évidemment que les responsables européistes justifieront cela par la nécessité de soutenir une «démocratie» et une prétendue «résistance» de l’Etat ukrainien post-Maïdan face au méchant ours russe. Dans tous les cas – nombreux sont les contribuables justement qui ne souhaitent guère subir des pertes économiques importantes de leurs Etats avec des conséquences directes pour leur vie quotidienne, le tout pour le compte d’un régime qui ne leur apportera rien en échange. Et plus que cela, continuera à tenter de dicter les actions à suivre pour ces mêmes pays en question.

Il est évident que dans ce schéma, les élites washingtoniennes et plus généralement anglo-saxonnes ne subiront pas de pertes comparables à l’Europe continentale. Mais après tout, c’est pour «la bonne cause», diront les responsables atlantistes. Quant aux populations respectives, elles n’auront que leurs yeux pour constater les effets de cette politique appliquée par leurs élus.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Kiev avertit l’Europe sur une éventuelle arrivée massive de réfugiés ukrainiens

Au moment où l’Occident politique accuse nombre de pays considérés comme des adversaires d’utiliser les crises migratoires à des fins géopolitiques, l’allié ukrainien de l’establishment occidental annonce l’éventualité d’une arrivée de millions de réfugiés ukrainiens sur le sol de l’Union européenne.

Le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiï Reznikov, a ainsi appelé les pays occidentaux à empêcher la Russie «d’une invasion à grande échelle», en avertissant que la guerre plongerait l’Europe dans une crise de grande envergure, avec l’arrivée dans les pays de l’UE de 3 à 5 millions de réfugiés ukrainiens. Le tout dans un article paru chez l’Atlantic Council.

Dans cet article, le responsable ukrainien continue d’insister sur la prétendue agression russe qui viserait l’Ukraine dans les prochains mois, sans pour autant faire mention sur le fait que s’il y a bien une agression qui se prépare, c’est celle du régime kiévien contre les populations des républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk.

S’il y a bien également un autre fait que le ministre ukrainien omet d’aborder – c’est celui que la migration des citoyens ukrainiens à destination des pays de l’Union européenne a déjà commencé et ne cesse de monter en nombre. Profitant du régime sans visa de trois mois alloué à Kiev comme compensation pour son positionnement pro-occidental, un régime qui a déjà vu une augmentation nette du flux migratoire en provenance de l’Ukraine et à destination de l’UE. Il faut bien le préciser – non pas touristique, mais très principalement migratoire, au moment où l’Ukraine dans sa version post-Maïdan fait partie des deux pays les plus pauvres d’Europe.

Le tout à l’heure où selon les chiffres les plus optimistes – pas moins de 4,5 millions de migrants ukrainiens se trouvent déjà à l’étranger en quête d’une vie meilleure. Et là aussi ce n’est pas tout. Car ce «qu’oublient» de rappeler les politiciens kiéviens, notamment lorsqu’ils insistent auprès de leurs alliés occidentaux quant à la nécessité d’accepter le plus tôt possible l’Ukraine au sein de l’UE et de l’OTAN, c’est qu’effectivement et face au marasme économique du pays, les citoyens ukrainiens n’auront d’autre choix que de partir vers des horizons meilleurs. Des millions d’Ukrainiens habitent et travaillent en Russie – en passant loin de se limiter seulement à ceux en provenance des régions majoritairement russophones du Sud-Est. D’autres iront chercher le rêve européiste bruxellois.

Certains seraient également tentés de partir en terre étasunienne, mais Washington n’a que faire de cette main-d’œuvre bon marché, qu’il préfère laisser à ses alliés bruxellois. Comme d’ailleurs les Afghans, Irakiens et nombre d’autres citoyens en provenance de pays ayant subi le chaos made in USA. Pour qu’au final des médecins, ingénieurs et d’autres professionnels hautement qualifiés deviennent des serveurs ou des livreurs de pizzas. Quant aux migrants ukrainiens qui chercheront le bonheur en Europe occidentale, bon nombre seraient d’ailleurs susceptibles d’appartenir à des groupes armés d’obédience bandériste néo-nazie. Avec tout ce que cela pourra impliquer pour la sécurité et le bien-être européen.

Evidemment, les responsables bruxellois connaissent parfaitement cette réalité, mais étant sous la coupe washingtonienne – n’oseront pas aller à l’encontre des décisions du maitre. Une chose reste pour autant pratiquement sûre: les avertissements kiéviens vis-à-vis des alliés européens ne sont à prendre à la légère. Bien que et encore une fois – ce n’est pas tant un quelconque conflit qui poussera des millions supplémentaires d’Ukrainiens à quitter leur pays d’origine, mais bel et bien le marasme économique dans lequel ces mêmes responsables ont fait plonger leurs compatriotes, tout en étant dans l’incapacité la plus totale d’en faire sortir.

D’autre part, toute la campagne politico-médiatique kiévo-occidentale à parler jour et nuit d’une prétendue agression russe qui toucherait prochainement l’Ukraine ne cherche vraisemblablement qu’à voiler les véritables projets de cette coalition – à savoir anéantir la résistance du Donbass et le choix de ses habitants. Un choix pour rappel qui n’est que la conséquence directe du coup d’Etat de 2014 à Kiev. Et du moment que la Russie a clairement fait comprendre qu’elle ne permettra pas le massacre des populations civiles du Donbass – l’hystérie kiévienne et occidentale est évidemment montée en flèche. Aux responsables occidentaux, et à leurs supplétifs kiéviens, de revoir donc et très rapidement leurs projets criminels et de cesser d’alimenter des rumeurs quant à une prétendue invasion russe.

Quant aux avertissements du régime ukrainien sur le vaste flux migratoire supplémentaire à destination de l’UE – c’est un processus déjà en cours et qui ne fera que s’exacerber face au ras-le-bol de millions d’Ukrainiens de croupir dans la misère – une misère créée intégralement par les actions de leurs responsables politiques issus du putsch de Maïdan, avec la bénédiction de leurs parrains atlantistes occidentaux.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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Nicaragua ou le rêve US de faire tomber le président Ortega

Washington serait en train de préparer une tentative de renversement d’un autre leader latino-américain, en l’occurrence celui du Nicaragua – en la personne de Daniel Ortega. Au-delà des intérêts géopolitiques étasuniens, l’objectif serait également fortement économique, au moment où la Chine, la Russie et l’Iran continuent de renforcer leurs positions en Amérique latine. Une stratégie US dans la pure tradition néocoloniale, de plus en plus vouée à l’échec pour ses instigateurs.

En novembre prochain, les élections générales auront lieu en République du Nicaragua, et les autorités du pays croient fermement que Washington cherchera à provoquer des manifestations antigouvernementales, à l’instar de la tentative récente qui a eu lieu à Cuba et qui s’est avérée être un échec évident face à la mobilisation populaire pro-gouvernementale. Néanmoins, il est évident que l’establishment étasunien, y compris face à ces échecs, ne compte nullement changer de mentalité. Cela est une évidence.

Mais pourquoi particulièrement le Nicaragua? Il faudrait déjà commencer par rappeler un fait historique: c’est justement l’actuel président nicaraguayen, leader de la révolution sandiniste de 1979 qui avait mis fin au règne du dictateur pro-étasunien Anastasio Somoza Debayle. Au total, l’actuel leader du Nicaragua a été élu président du pays à quatre reprises (1984, 2006, 2011, 2016). Jouissant toujours d’une popularité fort importante auprès de la population nicaraguayenne, mais également au-delà des frontières nationales, Washington craint fortement que son équipe soit de nouveau plébiscitée lors des élections de novembre prochain.

Mais la conjoncture historique est évidemment loin de représenter l’unique raison de la vive hostilité washingtonienne. En effet, les raisons sont réellement multiples. Tout d’abord, Managua fait partie de l’axe souverainiste et progressiste latino-américain, menant une politique économique et étrangère indépendante, et qui condamne la politique néocoloniale des USA et de l’Otan. Le Nicaragua entretient par ailleurs des relations d’alliance aussi bien avec Cuba, le Venezuela, la Bolivie, mais également – avec la Chine, la Russie et l’Iran. Considérés tous comme étant des adversaires à la politique pro-unipolaire washingtonienne et de ses sous-traitants.

Au-delà de l’appartenance à l’axe multipolaire et étant dans l’opposition à l’atlantisme occidental, l’autre raison de la vive inquiétude concerne tout simplement le projet de canal interocéanique du Nicaragua, visant à relier l’océan Atlantique (mer des Caraïbes) à l’océan Pacifique en utilisant le lac Nicaragua qui se trouve à 34 mètres au-dessus du niveau de la mer. Un projet qui pourra devenir une alternative de premier plan au fameux canal de Panama, sur lequel l’influence des USA n’est pas à présenter. C’est peut-être d’ailleurs pour l’establishment étasunien le «péché» principal de Daniel Ortega, au-delà de l’opposition idéologique.

Ce grand projet, auquel participe la Chine, et dont parmi les soutiens se trouvent également le Venezuela et la Russie, n’est pas encore réalisé mais en cas de finalisation, chose tout à fait plausible au vue de la montée en puissance de Pékin dans les affaires latino-américaines, ledit canal aurait une capacité de trafic de 5100 navires par an. Ce serait pour le moment moins que celui du Panama (14 000 navires) mais cela assouplira considérablement le transport de marchandises et diminuerait fortement l’hégémonie des Etats-Unis dans cette question. Le tout à l’heure où la Chine insiste beaucoup sur son projet de grandes routes logistiques eurasiennes et mondiales.

Cela aurait également un impact sur la sphère énergétique internationale. A ce titre, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) prédit une augmentation de 50% de la consommation en gaz naturel liquéfié (GNL) d’ici 2035. Parmi les plus grands importateurs de ce carburant on trouve des pays comme le Japon et l’Inde – des marchés consommateurs que les USA ne souhaitent absolument pas voir augmenter leur partenariat énergétique avec la Russie et l’Iran.

Il faut savoir que 8% des approvisionnements mondiaux en GNL passent actuellement par le canal de Panama. Et avec l’apparition d’une route alternative, les prix du gaz naturel liquéfié pourraient baisser de 10 à 15%. Ce qui pourra certainement ralentir la coopération énergétique des grands marchés de consommation du GNL, dont le Japon et l’Inde, avec les Etats-Unis. Portant par la même occasion un coup sérieux à la volonté d’hégémonie washingtonienne sur le marché énergétique international, de plus en plus vouée à l’échec, y compris en Europe.

Managua est prête à accorder aux investisseurs chinois le contrôle du futur canal nicaraguayen pour une durée de 50 à 100 ans, sachant que Pékin mise souvent sur des projets basés sur du long terme, conformément à sa civilisation, en opposition avec le jeu de poker étasunien. Il ne faut pas par ailleurs exclure une apparition d’une présence militaire permanente russe et chinoise dans la région, dans le but de contribuer à la sécurité non seulement dudit projet, mais également à la sécurité et à la stabilité régionale de façon générale. En ce sens, il est assez évident qu’au-delà du Nicaragua, d’autres nations latino-américaines comme Cuba, le Venezuela ou encore la Bolivie le verront d’un œil extrêmement positif. Le tout à l’heure où Téhéran renforce considérablement aussi son interaction avec les Etats concernés.

Il faut noter qu’au sein même de l’axe bolivarien (Eje bolivariano) – alliance politique, idéologique, économique et informationnelle de Cuba, du Venezuela de la Bolivie, du Nicaragua et de certains autres Etats de la région, on retrouve l’Iran et la Syrie en qualité d’observateurs de l’organisation. Des schémas donc qui déplaisent énormément à Washington et à ses forces sous-traitants régionales, comme extrarégionales.

Tout cela pour dire que la résistance latino-américaine régionale et continentale, l’interaction stratégique au sein de l’Amérique latine souverainiste et progressiste, l’alliance avec les principales puissances pro-multipolaires du monde que sont la Chine, la Russie et l’Iran, de même que la construction de mécanismes économiques et logistiques qui réduiront non seulement l’influence géopolitique, mais également géoéconomique, de Washington, poussera inévitablement ce dernier à une nouvelle tentative de faire tomber un gouvernement légitime latino-américain. Y compris s’il fallait pour cela plonger le pays dans le chaos le plus total.

Le souci, une fois de plus, c’est qu’au-delà d’une capacité de riposte évidente à l’ère contemporaine des principaux pays partisans de la multipolarité, les méthodes sales qui émanent des structures US, qu’elles soient affiliés à la CIA, l’USAID ou les fondations Soros – ont de plus en plus de mal à atteindre les mêmes « succès » que dans le passé plus ou moins récent, en raison d’une résistance sans précédent des peuples visés par ces agressions occidentales.

Plus particulièrement en Amérique latine, les exemples de la Bolivie, du Venezuela, du Pérou, ou encore tout récemment de Cuba – ne font que le confirmer. La mobilisation populaire et celle de la véritable société civile – représentent pour le moment des casse-têtes irrésolus pour l’establishment atlantiste. Et à force de répéter des schémas inefficaces, Washington ne fera qu’accélérer son passage du statut de grande puissance internationale à celui d’une puissance régionale, semblable à la période de la guerre de Sécession. Après tout, chaque chose en son temps.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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La plateforme perdante de Kiev

Le pouvoir kiévien devant faire face à une situation économique et sociale de plus en plus marasmique, espère faire perdurer la mainmise sur le pays en exploitant des plateformes censées selon lui permettre à retrouver les territoires perdus. Bien qu’au fond, toutes les voix raisonnables sont d’avis que stratégiquement parlant – cela ne changera absolument rien.

La «plateforme de Crimée», promue par le régime kiévien depuis un certain moment déjà de concert avec ses parrains, commencera ses activités le 23 août prochain dans la capitale ukrainienne. Ce premier « sommet » sera consacré à la discussion sur les moyens de «désoccuper» la Crimée. Kiev tente de donner audit événement une grande envergure internationale, en y invitant les dirigeants de différents pays.

Le souci pour la partie ukrainienne, c’est que jusqu’à maintenant les seuls soutiens obtenus proviennent d’environ une dizaine de pays, pour la plupart occidentaux et affiliés à l’Otan. Cela sans oublier que les travaux de ladite initiative ne resteront que des discussions sans aucune valeur légale et stratégique.

Il faut à ce titre rappeler, que ce projet promu par le président ukrainien Zelensky, est à la base une initiative britannique. Ladite plateforme a été annoncée après la visite à Londres l’année dernière du personnage mentionné – ex-comédien, faut-il le rappeler aussi.

Concrètement parlant, ce concept signifie que des représentants de certains pays, parmi lesquels les Etats-Unis, d’autres pays occidentaux, la Turquie, et certains Etats d’Europe de l’Est – se réuniront pour discuter de la Crimée, avec certainement des annonces «d’initiatives» dont l’objectif serait de contribuer à rendre la péninsule à l’Ukraine. En résumé: une plateforme de discussion pour un groupe limité de pays, ne représentant aucunement la communauté internationale.

Certains se poseront légitimement la question quant au bien-fondé d’une telle initiative de la part d’un des deux pays les plus pauvres d’Europe, dont la situation économique ne cesse par ailleurs de se détériorer. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’à travers ce genre de projet, conseillé par l’establishment anglo-saxon, le régime ukrainien espère justement à perdurer au pouvoir. Face à une population désillusionnée, et s’intéressant de moins en moins aux attaques verbales de Kiev vis-à-vis de «l’agresseur russe». Pour rappel, des millions de citoyens ukrainiens ont quitté au cours des dernières années leur terre natale, pour aller chercher leur bonheur ailleurs. Acceptant bien souvent les emplois les moins prestigieux et les moins bien rémunérés.

Les chiffres les plus optimistes parlent de pas moins de 4,5 millions de migrants ukrainiens se trouvant à l’étranger. D’autres – de pratiquement le double. Sachant que de nombreux Ukrainiens profitent du régime sans-visa de trois mois accordé par l’UE pour venir non pas faire du tourisme, mais bel et bien des emplois saisonniers. En d’autres termes – trois mois d’emploi, souvent dans la clandestinité, puis trois au bercail, et ainsi de suite. Une chose est sûre : un pourcentage énorme pour un pays d’un peu plus de 40 millions d’habitants.

Mais étant vraisemblablement dans l’impossibilité de résoudre le marasme économique – ne réalisant pas de projets efficaces et n’obtenant pas de véritable soutien dans le secteur de la part des parrains occidentaux, il devient assez évident que le meilleur moyen de remonter le moral aux Ukrainiens est de lancer des plateformes dont les initiatives sortantes seront perdantes d’avance, tout en poursuivant les guerres de paroles quant à «l’agresseur russe». Paradoxalement d’ailleurs, ledit agresseur qui doit par la même occasion selon la volonté du régime ukrainien continuer à maintenir à flot l’économie ukrainienne via le transit de son gaz à destination de l’UE. Puisque l’establishment occidental est très solidaire dans les paroles politiques, mais beaucoup moins financièrement. Une relation pour le moins surprenante vis-à-vis du pays avec lequel Kiev souhaiterait couper tous les ponts, y compris culturellement et spirituellement.

Quant à la Crimée, toutes ces discussions ne font que faire sourire la population concernée. La Russie a déclaré suffisamment de fois que cette question est close une bonne fois pour toute et qu’aucun retour en arrière ne serait possible. Les récentes provocations occidentales en mer Noire ont reçu une réponse ferme de la part des forces armées russes, forçant les Occidentaux à faire marche arrière. Tout le reste n’étant que bavardage.

Par contre, les conseillers anglo-saxons de Kiev devraient sérieusement s’intéresser de nouveau au cas du berceau historique et civilisationnel serbe du Kosovo – arraché à la Serbie en toute illégalité et sans aucun référendum. Une question qu’il faudra traiter le moment venu.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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