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Les contingents onusiens pour la paix: forces sincères ou agents du néocolonialisme?

29.09.2022

La Force de maintien de la paix de l’ONU, couramment appelée les Casques bleus, se trouve sous l’emprise d’innombrables critiques dans le cadre de son action, plus particulièrement sur le continent africain. Manque d’actions efficaces, divers abus et vol des ressources naturelles des pays concernés par les dites missions – représentent les quelques des multiples accusations visant les contingents. Nombreux sont ceux qui appellent au départ pur et simple de ces forces.

Les manifestations à divers endroits de l’Afrique contre la présence des forces onusiennes de maintien de la paix ne datent pas d’hier: Centrafrique, Mali, République démocratique du Congo, entre autres. En RCA, la Minusca (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique) était souvent accusée d’inaction face aux groupes rebelles, surtout durant la période où ces groupes contrôlaient près de 2/3 du territoire centrafricain.

Aujourd’hui et alors que l’autorité nationale a été restaurée sur l’écrasante majorité de la République centrafricaine suite aux nombreuses réformes efficaces des Forces armées nationales (FACA) et des autres structures sécuritaires avec l’implication d’instructeurs russes, nombreux des citoyens centrafricains considèrent qu’après les longues années de présence sans résultat notable sur le terrain, mis à part pour certaines forces africaines composant la Minusca, le temps serait venu de mettre fin à cette présence.

Le Mali est un autre exemple. Et à l’instar de la RCA, nombreux sont les citoyens maliens qui souhaitent le départ pur et simple de la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali), comme le rappelle la télévision panafricaine Afrique Média.

Dans le cas de la République démocratique du Congo – les récentes manifestations de fin juillet à l’encontre cette fois-ci de la Monusco (Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo), dans les villes de Goma et de Butembo, avaient été endeuillées par des tirs visant les manifestants congolais, ayant fait de nombreuses victimes (mort et blessés) de la part des forces onusiennes. Il y aurait eu pas moins de 30 morts parmi les habitants et plus de 70 blessés.

Beaucoup d’observateurs auraient évidemment plutôt souhaité voir la rage des contingents onusiens à stabiliser sincèrement les pays concernés, en mettant en déroute les nombreux groupes armés présents ne serait-ce qu’en RDC, qui ne cessent d’y maintenir l’instabilité et la violence, que de tuer des civils venus exprimer leur colère en qualité de citoyens du pays où ces éléments onusiens se trouvent. Cela sans oublier les nombreuses accusations d’abus sexuels commis par le personnel de l’ONU en RDC, comme à d’autres endroits des missions en Afrique.

Mais pourquoi un tel manque d’efficacité ou manque de volonté à jouer réellement un rôle stabilisateur des dites missions onusiennes en terres africaines? Pour répondre à cette question, il faut certainement comprendre deux aspects primordiaux. Le premier étant lié à des intérêts économiques, sachant que les pays africains regorgent de matières premières stratégiques. Le cas encore une fois de la RDC ne fait que le confirmer. Il est donc évident qu’une stabilisation rapide de la situation sur le terrain ne rentre pas dans les intérêts de certains représentants onusiens, ayant directement ou indirectement des intérêts économiques dans les pays concernés. Cela évidemment sans remettre en cause l’engagement de tous les éléments onusiens prenant part dans ces missions dites de stabilisation et de paix. Il n’empêche que la morale annoncée est loin de faire l’unanimité au sein des preneurs de décisions des diverses structures de l’ONU et de leurs principaux représentants sur place.

L’autre problème, que nous avons déjà soulevé dans le passé, est que les divers secrétariats onusiens restent fermement liés aux intérêts d’une extrême minorité planétaire, à savoir l’establishment occidental. Mais une extrême minorité qui s’obstine à refuser de perdre son hégémonie internationale.

Ce qu’il en ressort? Le fait que lorsque cet establishment occidental n’est aucunement intéressé par la résolution des défis sécuritaires dans tel ou tel pays, notamment d’Afrique, il en va de son intérêt à faire prolonger les conflits autant que possible. Et ce aussi bien dans un but géoéconomique que géopolitique. Et compte tenu de cela, il est évident que lorsqu’un citoyen d’un pays occidental, ou simplement affilié à l’Occident collectif, est nommé responsable de missions de stabilisation et de maintien de la paix – il ne fera qu’appliquer ce pourquoi il a été adoubé par l’élite pour laquelle il est au service.

D’où encore une fois l’énorme importance d’une réforme profonde des différents instituts de la machine onusienne, à défaut de quoi les grandes organisations régionales, continentales et internationales non-occidentales, devront prendre leurs responsabilités et ne plus donner le feu vert aux activités macabres d’éléments n’ayant rien à avoir avec de véritables missions de paix et de stabilisation.

Mikhail Gamandiy-Egorov

RCA: le sale jeu de Washington et de Paris

Les Etats-Unis et la France ne ménagent aucun effort pour tenter à faire réduire la popularité de l’interaction avec la Russie au sein de l’opinion publique africaine. La Centrafrique en représente l’un des principaux exemples courants. Le souci pour l’establishment occidental c’est que devant faire face aux succès de l’implication russe aux côtés des alliés africains, le message propagé par les Occidentaux ne convainc pas les peuples de l’Afrique.

Les élites étasuniennes et françaises, de plus en plus devant faire à une perte évidente d’influence à divers endroits du monde, y compris sur le continent africain, tentent aujourd’hui par tous les moyens de s’accrocher de ce qu’il reste du schéma qu’elles avaient établi dans le cadre du concept unipolaire – dépassé et révolu. En oubliant bien souvent que la décision finale reviendra désormais aux peuples concernés, et non pas aux bonhommes prétendant vivre encore à une autre époque.

Plus particulièrement en République centrafricaine, Paris comme Washington activent des campagnes coordonnées, aussi bien au niveau politique, diplomatique, médiatique que militaire dans le but à essayer de stopper la contagion. Après tout, le cas de la RCA – d’un exemple d’un Etat caractérisé par le chaos durant de longues années – devient aujourd’hui positif et fort inspirant pour bien d’autres nations africaines. Bien que les dites campagnes prouvent très clairement aujourd’hui plusieurs aspects des concernés: un état hystérique, une arrogance comme toujours au summum et l’absence d’un minimum de honte et de dignité.

Après les récentes campagnes médiatiques du mainstream occidental, notamment de la part de RFI et CNN, visant à dénigrer les succès de l’interaction russo-centrafricaine, c’est désormais au tour de certains personnages appartenant à l’establishment politique et militaire de rentrer dans la danse.

A cet effet, Hervé Bléjean, citoyen français, vice-amiral d’escadre et l’actuel directeur général de l’état-major de l’Union européenne, intervenant depuis Washington lors d’un forum a déclaré avoir tenté à convaincre le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra de mettre fin à l’interaction avec les instructeurs russes. Dans le but, également déclaré, de les remplacer par des «partenaires onusiens, de l’UE, américains et africains».

Tout d’abord ce qu’il faut voir dans cette déclaration, c’est la mention des partenaires proposés au remplacement des Russes: les Occidentaux bien évidemment, comment peut-on se passer d’eux? Un peu plus surprenant de parler de l’ONU sachant qu’elle y est déjà à travers la Minusca. Quant aux partenaires africains, le responsable hexagonal doit certainement faire référence aux pays se trouvant sous la coupe occidentale et qui sont bien connus.

D’une certaine façon, le militaire français en question a le droit de proposer à un Etat souverain des alternatives sécuritaires, pour tenter à réduire l’influence grandissante des adversaires géopolitiques, dont fait partie indéniablement la Russie. Ceci étant dit, on peut se demander s’il le fait en qualité de représentant bruxellois de l’UE ou celui de Paris? En effet, il aurait été très peu probable que le chef précédent de l’état-major de l’Union européenne, le général finlandais Esa Pulkkinen, puisse faire des déclarations similaires.

Mais ce n’est pas le point principal, car le principal justement en parlant d’absence de minimum de notions de honte et de dignité, c’est que ledit personnage semble complètement faire abstraction du rôle néfaste joué par son pays de citoyenneté en RCA. En effet, la France était omniprésente durant de longues années en Centrafrique, à l’instar d’autres pays faisant partie de ses anciennes colonies. Des milliers de militaires français se trouvaient en mission sur le sol centrafricain, le tout pour quel résultat? Eh bien de-facto aucun, et même pire encore. Les violences n’avaient non seulement pas pu être stoppées mais avaient atteint à une période un tel niveau que les médias hexagonaux semblaient vouloir donner l’impression que la violence dans ce pays est chronique, et que les tensions communautaires et confessionnelles, notamment entre chrétiens et musulmans, seraient prétendument insurmontables. Cela sans oublier les viols avérés de la part de ces militaires, venus normalement dans un but de stabilisation, vis-à-vis de mineurs centrafricains.

Evidemment Bléjean, en bon représentant du réseau françafricain, n’est pas une exception. Les diplomates US, y compris au niveau de l’ONU, s’activent pour tenter, de façon assez similaire que lors de l’opération antiterroriste russe en République arabe syrienne, à y mettre aussi du sien. Notamment, là aussi – comme en son temps en Syrie – à faire référence à des prétendus experts «indépendants» (financés par les Occidentaux), les médias mainstream et à des témoignages selon de nombreuses sources locales arrachés en échange d’une compensation financière.

Pour conclure, il serait juste de faire mention de quelques points essentiels en rapport avec le sale jeu en question mené vis-à-vis non seulement de la Russie, mais aussi de ses alliés africains, par Washington (en chef de projet) et Paris (en bon sous-traitant). Tout d’abord, cette campagne hostile visant l’interaction russo-centrafricaine, est fort justement due aux succès évidents de ladite interaction. Après des années de chaos et d’absence de contrôle de la part des autorités nationales sur la large partie du territoire centrafricain, désormais la situation est à l’inverse – la grande partie du territoire du pays est sous contrôle gouvernemental.

D’autre part, ce qu’il faut mentionner – c’est le timing et l’effectif. Quelques centaines d’instructeurs russes ont réussi à largement réformer les Forces armées centrafricaines (FACA) pour les rendre aptes à mener des combats contre les groupes rebelles et ainsi pouvoir défendre la souveraineté et l’intégrité territoriale de la nation. Puis, les récents succès des forces armées et de sécurité centrafricaines, ainsi que des alliés, face à ces groupes rebelles ont été obtenus en l’espace seulement de quelques mois. Plus exactement – depuis l’échec des groupes rebelles ayant voulu empêcher par la voie armée le bon déroulement des élections présidentielles de fin décembre dernier, en violation par ailleurs de l’accord de paix de Khartoum.

Question logique: comment se fait-il que les troupes françaises, qui fut présentes dans le passé en nombre plus conséquent que les instructeurs russes, n’aient pas pu arriver à un résultat ne serait-ce qu’un tout petit peu semblable? Réponse probable: certainement en raison de l’absence de volonté de contribuer à la stabilisation de la RCA de la part de l’establishment politico-militaire hexagonal. Quant à la force onusienne de la Minusca, présente depuis 2014 en Centrafrique, avec un effectif d’environ 15 000 hommes – elle n’a également pas été en mesure de pouvoir apporter une quelconque stabilisation digne de ce nom, mis à part les efforts et sacrifices qu’il faut reconnaitre de certains pays africains ayant dépêché des hommes dans le cadre de cette mission multidimensionnelle, notamment du Burundi.

Dernier point. Ce que les représentants washingtoniens comme parisiens semblent oublier, c’est qu’au final les meilleurs juges ne sont que les populations concernées. Et c’est d’ailleurs également la raison évidente de l’hystérie observée côté occidental. Aujourd’hui, ces personnages occidentaux observent avec une très vive inquiétude non seulement la perte de leur influence géopolitique et stratégique, mais également l’opposition de plus en plus ferme de l’opinion publique centrafricaine, et plus généralement africaine, quant à leur présence. Les élites occidentales, étant dans l’incapacité la plus totale de s’adapter au monde contemporain multipolaire, risquent à terme de devoir faire face à des évacuations humiliantes de leurs troupes et mercenaires – en Afrique, comme à d’autres endroits du monde – avec en prime l’obligation d’observer la joie des populations des pays concernés qui les accompagneront jusqu’à la piste de décollage.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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Macron au Rwanda pour tenter à tourner la page des tensions

Le président français a reconnu la responsabilité de Paris dans le génocide rwandais, sans toutefois reconnaitre les accusations de complicité. Cette reconnaissance permettra-t-elle d’ouvrir une nouvelle page relationnelle entre les deux pays ? Retour sur la question.

Vingt-sept ans après le génocide rwandais, le président français Emmanuel Macron, a prononcé une allocution solennelle dans la capitale rwandaise Kigali. Dans ce discours très attendu au Mémorial du génocide rwandais, il a lancé «Je viens reconnaitre nos responsabilités».

Selon lui, «c’est aux hommes qu’il appartient de briser le silence. Et c’est au nom de la vie que nous devons dire, nommer, reconnaitre». En ajoutant «que la France a un rôle, une histoire, une responsabilité politique au Rwanda. Elle a un devoir: celui de regarder l’Histoire en face et de reconnaitre la part de souffrance qu’elle a infligée au peuple rwandais en faisant trop longtemps prévaloir le silence sur l’examen de vérité».

Cette démarche pourrait officialiser la normalisation des relations entre Kigali et Paris, surtout après un renforcement de la coopération économique entre les deux pays depuis les deux dernières années. En effet, le volet économique ne serait pas étranger dans la démarche de l’Elysée, comme le confirme d’ailleurs l’un des principaux porte-voix médiatiques des intérêts français le journal Le Monde.

A noter qu’Emmanuel Macron est accompagné à Kigali d’une dizaine d’entreprises françaises, ainsi que par le directeur général de l’Agence française de développement (AFD). Il faut d’ailleurs à ce titre faire remarquer que dans le classement Doing Business 2020 (édité par la Banque mondiale), le Rwanda est classé deuxième en Afrique et 38ème au niveau mondial dans ce rapport qui établit un classement des pays selon leur environnement des affaires. Confirmant ainsi l’intérêt évident pour le marché rwandais.

Mais au-delà de la sphère économique, le Rwanda a également renforcé son influence sur la scène régionale et continentale, en devenant un acteur avec lequel il faut compter. Que ce soit en matière de gestion post-conflit que dans le domaine sécuritaire. Concernant justement ce dernier point, il faut rappeler que Kigali avait récemment accordé un soutien militaire à la République centrafricaine, dont les troupes – aux côtés de celles des Forces armées centrafricaines (FACA) et des instructeurs russes – ont participé à la stabilisation du territoire centrafricain face aux groupes rebelles.

Une contribution ayant joué son rôle, puisque désormais les groupes rebelles en RCA ont connu une déroute totale face à l’armée gouvernementale et ses alliés. Le tout au moment même d’une chute d’influence sans précédent de Paris non seulement en Centrafrique, mais de plus en plus à d’autres endroits du continent africain.

En ce qui concerne les démarches de l’Elysée, notamment en direction du Rwanda, plusieurs questions méritent d’être posées. Serait-ce une compréhension réelle et sincère que si la France souhaite maintenir un certain nombre de ses intérêts en Afrique, elle devra reconnaitre les pages obscures de son interaction avec le continent? Rien n’est moins sûr, surtout au vu des événements récents en République centrafricaine, où les tentatives de déstabilisation via le réseau françafricain persistent – bien que sans résultat.

Serait-ce simplement une reconnaissance pragmatique du fait que pour sauver la face dans le monde contemporain, il faudra s’adapter à la réalité multipolaire, tout en respectant la souveraineté des Etats? Sur ce point également, rien ne permet pour l’instant de le penser sincèrement.

Ou peut-être tout simplement que Paris cherche à reprendre pied là – où son influence serait justement en chute libre? Quoiqu’il en soit, sans un changement réel d’attitude et de mentalité, traduit dans les actes et pas seulement dans les paroles, la capacité de conserver ses positions sur le continent africain continuera à être revue à la baisse.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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RCA: Faustin-Archange Touadéra investi président

Le président de la République centrafricaine vient d’être réinvesti à la tête de son pays, pour son deuxième mandat. Cette investiture renforce indéniablement le cadre de la volonté populaire du peuple de la Centrafrique, de même que la souveraineté du pays – longtemps martyrisé, et ce au désarroi de toutes les forces ayant de nouveau misé sur la déstabilisation.

Faustin-Archange Touadéra, arrivé au pouvoir en 2016 pour son premier mandat présidentiel dans un cadre démocratique, et ayant de nouveau remporté le scrutin en décembre dernier, a donc prêté serment en qualité de chef d’Etat de la RCA. Si effectivement sa réélection a suscité un enthousiasme évident d’une large part de la population centrafricaine, mais également de la société civile de nombre d’autres pays africains, il n’en demeure pas moins qu’elle n’a pas fait que des heureux.

En l’occurrence les groupes armés qui avaient tenté de nuire au bon déroulement du récent scrutin présidentiel et qui n’avaient certainement pas prévu de subir une déroute sans précédent face à la détermination du leadership centrafricain et des alliés bilatéraux du pays, en premier lieu la Russie et le Rwanda.

En ce sens, il est aujourd’hui pratiquement incontestable que l’autorité du président Touadéra n’en a été que renforcée. Ayant toujours été un homme de paix, privilégiant le dialogue, dont le premier mandat peut d’ailleurs être caractérisé par une stabilisation assez évidente de la situation intérieure, il n’a pas manqué dernièrement à faire de preuve cette fois-ci de fermeté à l’égard des violateurs de l’accord de paix de Khartoum.

C’est d’ailleurs probablement un exemple aujourd’hui évident pour nombre d’autres nations africaines: cadre démocratique, souveraineté nationale, panafricanisme, promotion de la paix tout en la défendant par la force en cas de nécessité, et, libre choix des partenaires extérieurs. A ce titre, c’est un secret de polichinelle que de savoir par exemple que l’ex-métropole coloniale française, ou plus particulièrement les réseaux «françafricains» étaient depuis toutes ces années fort mécontents de la large diversification des relations extérieures opérée par le président Touadéra et son administration, notamment au niveau diplomatique.

Une chose est sûre, les Forces armées centrafricaines (FACA), formées au cours des dernières années par la Russie, sont actuellement beaucoup plus aguerries, en comparaison à 2016. Et s’il y a encore récemment, les médias occidentaux, y compris hexagonaux, se donnaient un malin plaisir à rappeler qu’une large partie du territoire de la RCA était sous contrôle des groupes armés – depuis le bouleversement de la situation et la contre-offensive récente des forces gouvernementales avec le soutien russe et rwandais, ayant permis de libérer la large partie du sol centrafricain, l’enthousiasme de ces mêmes médias est devenu beaucoup moins évident. Avec comme résultat soit le silence sur les succès des troupes gouvernementales centrafricaines et de leurs alliés, soit une reconnaissance amère de cette réalité. On pourrait en ce sens faire le parallèle encore une fois avec le traitement de l’information sur la Syrie, mais restons en RCA.

Le secrétaire d’Etat français aux Affaires étrangères, Jean-Baptiste Lemoyne, cité par RFIparle «de l’engagement de la France dans le pays» et appelle à une solution politique. En parlant du premier point, on pourrait se demander à quel engagement fait référence le représentant hexagonal, sachant que dans toute la campagne de sécurisation récente du territoire centrafricain opérée contre les groupes armés qui menaçaient de nouveau la stabilité du pays et la population, l’Elysée n’était pas seulement absent, mais au contraire représentait l’une des principales sources du problème. Sans même rentrer dans les coulisses de la déstabilisation ayant tenté de faire tomber le gouvernement légitime de la Centrafrique, et des rapports pour le moins ambigus qu’entretient l’Elysée avec nombre d’acteurs locaux des tentatives de déstabilisation, rien que l’opposition de Paris, au même titre que Washington et Londres, au Conseil de sécurité onusien quant à la levée de l’embargo sur les armes à destination de la RCA, en dit très long. Une levée demandée à maintes reprises par le gouvernement de la Centrafrique pour accroitre les capacités défensives de ses forces armées.

En opposition encore une fois à Moscou et Pékin ayant quant à eux exprimé leur solidarité face au plaidoyer de la diplomatie centrafricaine. Quant au dialogue politique auquel fait référence Jean-Baptiste Lemoyne, voudrait-il pousser un gouvernement légitime au dialogue avec des bandits de grand chemin – d’autant plus vaincus sur le terrain? Ou serait-ce un message sur des tentatives de déstabilisation ultérieures? La suite nous le montrera.

Une chose est sûre – la RCA revient de loin et peut aujourd’hui se vanter de devenir un exemple, désormais positif, pour d’autres Etats africains. Quant aux blocages occidentaux du renforcement encore plus important de ses capacités défensives, Bangui pourra certainement continuer à compter sur les partenariats bilatéraux, dans un cadre souverain.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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Centrafrique: fin de partie pour les groupes armés?

Les Forces armées centrafricaines avec le soutien des alliés de la RCA semblent avoir repris les choses en main face aux groupes armés qui il y a encore récemment menaçaient de nouveau la stabilité du pays. L’intérêt est également de se pencher sur le traitement de l’information visant la Centrafrique de la part des médias mainstream.

Le 15 décembre dernier, à quelques jours des élections présidentielles en République centrafricaine, plusieurs groupes armés avaient dénoncé l’Accord de Khartoum dont ils étaient signataires, et avaient émis une série d’ultimatums vis-à-vis du gouvernement du pays. Les élections avaient tout de même eu lieu à la date prévue, avec comme résultat une réélection dès le premier tour du président Faustin-Archange Touadéra.

Bien que n’ayant pas réussi à prendre la capitale Bangui, ni à saper le déroulement des élections, les dits groupes armés avaient néanmoins continué à déstabiliser la situation intérieure, notamment en bloquant l’axe routier qui relie la Centrafrique au Cameroun – représentant par la même occasion le principal axe commercial du pays. Fait intéressant: les médias occidentaux, notamment français, relayaient en grande pompe ces informations, bien souvent en se référant sur des «sources» bien informées sur place. Des sources se trouvant dans la plupart des cas dans le camp des groupes armés.

Mais il a suffi que le gouvernement de la RCA reprenne la situation en main, pour que ces mêmes médias deviennent pour certains pratiquement muets, pour d’autres relayant un minimum d’information, le tout avec peu d’enthousiasme. En effet, ce mois de février peut être considéré comme celui d’une contre-offensive majeure des Forces armées centrafricaines (FACA) en vue d’en finir avec les groupes armés sur toute l’étendue du territoire national.

Déjà le communiqué du gouvernement centrafricain du 11 février dernier, annonçant notamment la libération de nombre de villes du pays, n’avait pas eu droit au même niveau de diffusion du côté des médias mainstream, notamment français, que lors des attaques rebelles.

Evoquant ce dimanche 21 février la révocation par le président centrafricain des responsables gouvernementaux qui pour nombre d’entre eux étaient liés aux groupes armés, RFI a eu tout de même enfin le mérite de noter que «les autorités sont en pleine offensive armée sur le territoire, appuyées par leurs alliés russes et rwandais».

En ajoutant même que les forces gouvernementales ont repris position dans de nombreuses localités, dont Bambari. Et qu’enfin, se référant au Premier ministre centrafricain (Firmin Ngrebada, ndlr), l’armée nationale serait aux portes de Bossangoa, fief de François Bozizé, ex-chef d’Etat s’étant mis à la tête de la récente rébellion, ce dernier accusé par ailleurs de crimes contre l’humanité.

Par ailleurs et selon nombre de sources, Francis Bozizé – le fils de l’ex-président centrafricain serait actuellement à Moundou, dans le sud du Tchad en compagnie de Mahamat al-Khatim, leader du groupe MPC, ainsi qu’avec des émissaires des anti-balaka pour une «réunion». Le tout vraisemblablement en raison de la gravité de leur situation dans le cadre des défaites subies face aux forces gouvernementales.

Tout cela permettant aujourd’hui d’entrevoir une plausible fin de partie pour les groupes armés. A ce titre, le traitement de l’information de la part des médias mainstream permet certainement de faire un certain parallèle entre la RCA et un pays non-africain – en l’occurrence la Syrie. On se rappelle bien comment les médias occidentaux se donnaient la peine de relayer les avancées des groupes terroristes sur les positions gouvernementales. Pour certains avec un enthousiasme peu voilé. Un enthousiasme qui volera en éclat après la reconquête du territoire national par l’armée gouvernementale syrienne, soutenue par les forces alliées. Et même lors la libération de la cité de Palmyre – patrimoine mondial de l’UNESCO des mains des salafistes de Daech – les médias mainstream avaient été forcés de relayer ladite information, mais là aussi et le plus souvent plutôt avec amertume qu’autre chose.

Cette contradictoire, mais désormais plus vraiment surprenante, approche dans le traitement de l’information du côté des médias mainstream, y compris hexagonaux, a néanmoins plusieurs mérites indéniables. Tout d’abord, elle permet d’ouvrir un peu plus les yeux à ceux qui encore pouvaient avoir des doutes quant au manque d’objectivité des dits médias. Et surtout de renforcer encore plus les positions de médias panafricains qui relayaient au cours des derniers mois et des dernières semaines des informations détaillées sur la situation en Centrafrique, avec en prime une mise en perspectives de la part d’experts d’Afrique et d’ailleurs. C’est notamment le cas de la chaine de télévision panafricaine Afrique Média dont la popularité au niveau continental n’est plus à présenter.

Le constat final est pourtant simple: l’objectivité est de moins en moins présente dans les médias dits libres de l’Occident. Et les derniers événements en matière de traitement de l’information ne font que renforcer cette thèse. Surtout lorsque les événements en cours vont à l’encontre des intérêts géopolitiques des pays et cercles d’intérêt auxquels ces médias sont liés. Et ce qui rassure aussi, c’est que le manque d’enthousiasme actuel de la part de ces médias quant aux succès des forces gouvernementales centrafricaines face aux bandits de grand chemin manipulés depuis l’extérieur, confirme justement une situation fort difficile pour ces derniers. Au grand mécontentement de leurs parrains – mais pour le bonheur de l’écrasante majorité du peuple de la Centrafrique.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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Centrafrique: les responsabilités de chacun

Le 27 décembre doivent avoir lieu les élections présidentielles en République centrafricaine. Un enjeu de taille pour un pays qui a commencé à sortir du chaos et des violences sans fin. Face aux nouvelles tentatives de déstabilisation visant le pays, il est aujourd’hui important de faire quelques rappels.

Six groupes armés (MPC, 3R, FPRC, UPC, anti-balaka aile Mokom, anti-balaka aile Ndomaté) ont signé le 15 décembre une déclaration commune dénonçant l’accord de paix en vigueur, à savoir l’Accord de Khartoum, négocié dans la capitale soudanaise et signé à Bangui le 6 février 2019 entre le gouvernement centrafricain et quatorze groupes armés. Ils réclament des «concertations» avec le président en exercice Faustin-Archange Touadéra, et ce «avant les élections présidentielles». A défaut de quoi, ils menacent de reprendre à grande échelle les combats. Des mouvements de ces groupes ont d’ailleurs été observés à certains endroits du pays, au moment où la situation dans la capitale Bangui reste calme.

Selon le gouvernement de la RCA, l’ex-président François Bozizé, soutenu par Paris, auteur du coup d’Etat en 2003, ayant été par ailleurs visé par un mandat d’arrêt international pour crimes contre l’humanité et incitation au génocide, est à la tête de ce mouvement anti-gouvernemental impliquant les groupes armés. Bien que dans le camp de Bozizé cette information n’a pas été encore confirmée, le fait est que selon nombre de sources sur le terrain c’est effectivement ce dernier qui participe à la déstabilisation de son propre pays.

Maintenant en parlant de perspectives, il est important de remettre à l’ordre du jour plusieurs points, ainsi que les responsabilités de chacun. Tout d’abord, le timing. Comme par hasard, c’est pratiquement à la veille des élections que le pays qui ait réussi à retrouver une stabilité relative et une paix assez globale sur son territoire – voit l’annonce de ces nouvelles menaces de groupes armés. Peut-être que justement les initiateurs de ces menaces et leurs parrains doutent fortement des capacités à convaincre les Centrafricains par le programme électoral et les idées de ceux que ces initiateurs et parrains soutiennent?

L’autre point qui mérite également une attention particulière concerne quant à lui l’immobilisme de la Minusca (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique). Ayant sur place plus de 10 000 soldats impliqués, la structure onusienne se limite à émettre des déclarations et des communiqués appelant à faire cesser les violences, sans pour autant prendre d’actions vraiment concrètes sur le terrain.

En ce qui concerne la capacité défensive des Forces armées centrafricaines (FACA), bien que cette capacité ait sérieusement augmenté au cours des dernières années, notamment à travers des livraisons d’armes de la part de la Russie et des formations en faveur des forces de défense assurées par des instructeurs russes, le problème de l’embargo sur les armes à destination de la RCA empêche toujours un plein renforcement des forces armées nationales. Les quelques allègements de l’embargo au niveau du Conseil de sécurité de l’ONU ont permis, notamment à travers l’implication de la Russie, d’augmenter considérablement les capacités défensives des FACA, mais seule une levée totale dudit embargo permettrait aux forces gouvernementales d’atteindre le niveau nécessaire en matière de défense d’un pays souverain. Chose à laquelle reste opposée la France et ses autres alliés occidentaux.

Justement, en parlant maintenant de la France et de son implication dans la situation en RCA – un point qui soulève de nombreuses questions est comment se fait-il que plusieurs pays voisins de la Centrafrique soient surarmés tout en n’étant aucunement des producteurs d’armes? Autre fait majeur: nombre de ces pays sont proches de l’élite élyséenne. Enfin ces armes finissent dans les mains des groupes armés présents en RCA. Qui menacent la sécurité des civils et de l’autorité de l’Etat.

Un autre aspect et non des moindres concerne quant à lui la trahison de certains fonctionnaires étatiques, y compris sur le plan sécuritaire. Manque de patriotisme, manipulation par les instigateurs de la nouvelle phase de déstabilisation – la nuisance pour la sécurité intérieure demeure évidente.

Maintenant en ce qui concerne le rôle particulier de l’ex-président François Bozizé dans cette énième tentative de déstabilisation de la Centrafrique. Au-delà d’un manque également évident de patriotisme de la part de ce dernier, dénigrant les changements positifs en termes de paix, de sécurité et de développement observés durant la présidence de Faustin-Archange Touadéra – arrivé au pouvoir dans un cadre démocratique, ayant misé dès sa prise de fonction à chercher la paix pour son peuple et à diversifier les partenariats extérieurs – cela confirme deux choses relativement simples. La première étant que ses ambitions personnelles sont placées largement au-dessus des intérêts et des aspirations du peuple centrafricain. Un peuple dont il prétend défendre les attentes. La deuxième est que ces ambitions égoïstes servent clairement les intérêts de ses soutiens extérieurs, notamment extra-africains.

Il en va de même de l’opposition dans son ensemble, notamment celle qui forme une coalition avec Bozizé, en fermant les yeux sur les accusations de crimes de guerre auxquelles il est lié. Préférant former une alliance dans un but purement opportuniste, là aussi en coordination probable avec des puissances occidentales pour qui la paix en RCA est tout sauf une priorité.

Mais malgré cette nouvelle tentative de déstabiliser un pays qui sort progressivement d’une longue crise de violences, et qui commence à retrouver une paix globale et un début de réel développement dans un cadre souverain et panafricaniste, une grande partie des citoyens restent mobilisés pour la défense de la démocratie et de la souveraineté nationale.

Pour Sylvie Baïpo-Temon, la ministre centrafricaine des Affaires étrangères, contactée par Observateur Continental, l’heure est à l’unité. Elle demande en ce sens aux citoyens centrafricains à ne pas se laisser manipuler, à prendre part massivement au vote lors des élections et à faire entendre leur voix dans un cadre démocratique. Elle appelle également la communauté internationale à prendre ses responsabilités pour apporter une contribution réelle et sincère afin que la République centrafricaine retrouve définitivement la paix qu’elle a déjà commencé à retrouver au cours de ces quelques dernières années.

Mikhail Gamandiy-Egorov

https://t.me/observateur_continental/693