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Les BRICS dépassent le G7 et les nouvelles opportunités pour les pays du Sud

14.03.2023

Les principales puissances non-occidentales s’affirment de jour en jour, y compris économiquement. Et commencent à prendre progressivement le dessus sur le bloc occidental, ne faisant que confirmer les nombreuses prévisions des dernières années.

A l’issue de 2022, l’association des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) a dépassé le club du G7 (composé des Etats-Unis, Royaume-Uni, Canada, Allemagne, France, Italie, Japon) en termes de PIB combiné, écrit le portail indien The Eastern Herald. Ainsi, dans l’économie mondiale les BRICS avaient désormais une part de 31,5% contre 30,7% pour le G7.

Cette réalité confirme les nombreuses prévisions datant d’il y a plusieurs années et démontre que le bloc des BRICS pèse désormais pratiquement d’1/3 sur le PIB mondial. Et non plus d’1/4 comme cela était le cas dans un passé pas du tout lointain. Le tout à l’heure où les pays membres du bloc augmentent les actions en vue d’obtenir la pleine indépendance vis-à-vis des instruments financiers occidentaux, comme Observateur Continental l’avait récemment rappelé

Une autre analyse intéressante vient quant à elle de l’hebdomadaire sud-africain Mail & Guardian qui soulève la question du comment les pays du Sud global peuvent échapper à la mainmise du dollar étasunien, écrit par Nontobeka Hlela, qui collabore avec l’Institut de recherche sociale Tricontinental et est détachée au bureau du conseiller à la sécurité nationale de l’Afrique du Sud en qualité de chercheuse.

L’analyste sud-africaine rappelle à juste titre que le dollar US depuis qu’il était devenu la monnaie de réserve internationale, cela a permis aux Etats-Unis de contrôler les marchés financiers et d’imprimer de l’argent comme bon leur semble. Cette réalité avait donné aux USA un pouvoir mondial extraordinaire et, avec la structure de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international (FMI) et du Conseil de sécurité des Nations unies, cela signifie que bien qu’il existe des Etats dits démocratiques, il n’existe en réalité pas de démocratie des Etats.

Toujours selon elle – au fil des années, on a souvent soutenu que la construction d’un monde plus équitable exige, entre autres mesures, la démocratisation du système financier mondial. Et à cet effet – cela nécessiterait, au même titre qu’avec d’autres mesures, de s’éloigner du dollar comme principale monnaie de réserve mondiale.

Il y a eu selon Nontobeka Hlela des propositions justement pour rompre avec l’emprise du dollar. Et ces projets visant à lutter contre cette emprise sur les économies des pays du Sud se trouvaient au cœur des motivations étasuniennes à chasser Saddam Hussein en Irak et Mouammar Kadhafi en Libye.

Aujourd’hui, de nouvelles tentatives visant à contourner le quasi-monopole du dollar en tant que principale monnaie du commerce international ont vu le jour. L’analyste sud-africaine cite la décision de l’Arabie saoudite d’accepter d’autres devises en échange de son pétrole – faisant référence au yuan chinois. Mais pour elle la question de l’abandon du dollar a été soudainement intensifiée par le conflit en Ukraine.

Rappelant que suite au gel des avoirs de la Russie par l’Occident et à son expulsion du système bancaire international SWIFT, Moscou a répondu en exigeant le paiement des livraisons de son gaz dans sa propre monnaie – le rouble russe. Cela a été une démonstration claire que le commerce international peut être effectué sans en dépendre du dollar étasunien. Toujours selon elle le développement rapide des possibilités de commerce international sans la médiation du dollar représente un moment important pour les pays du Sud global, qui se sont longtemps retrouvés considérés comme des Etats vassaux des Etats-Unis en particulier, et de l’Occident de manière générale.

Ces relations avec l’Occident sont d’ailleurs devenues si grossières que, comme nous l’avons vu récemment en Afghanistan où Washington s’est approprié 9,5 milliards de dollars de la Banque centrale afghane – cela n’a fait que confirmer que les réserves en dollars d’autres pays détenues à la banque centrale étasunienne ne sont pas sécurisées.

Plus généralement parlant, l’experte sud-africaine rappelle également qu’il s’agit d’un processus de longue date, où les USA cherchent à isoler économiquement et à sanctionner les Etats qu’ils perçoivent comme une menace pour leur pouvoir. Et ce – depuis la révolution haïtienne contre l’esclavage en 1804 ou encore au cours du XXème siècle, notamment avec l’assassinat par la CIA du président chilien Salvador Allende.

Quant à la guerre économique déclenchée par l’Occident contre la Russie, y compris le gel de ses réserves libellées en dollars, cela a largement prouvé qu’aucun pays qui va à l’encontre des USA ne pourra se sentir en sécurité. Et cela devrait être un signal d’alarme urgent pour les pays du Sud afin de se lancer pleinement dans un système financier alternatif qui ne dépende pas du dollar étasunien.

L’analyste sud-africaine rappelle elle aussi encore une fois que le PIB combiné des pays BRICS est désormais supérieur à celui du groupe G7. Et que les nations BRICS peuvent très certainement trouver une meilleure façon de travailler ensemble afin de construire un système financier qui ne soit pas sous contrôle des USA, ces derniers ayant continuellement bloqué les tentatives de développer de nouvelles règles plus justes pour le commerce mondial.

Pour Nontobeko Hlela, les BRICS doivent également renforcer leurs institutions et celles de la Nouvelle banque de développement afin qu’elle puise être ce point d’ancrage qui crée et soutient un système alternatif pour les pays du Sud. Enfin, l’experte sud-africaine rappelle que l’ordre mondial construit par les Occidentaux (communément appelé l’unipolarité) – correspond effectivement à la description de néocolonial. Et que cet ordre ne fonctionne pas pour les pays du Sud. Tout en insistant que le système plus multilatéral de gouvernance mondiale concerne non pas seulement l’aspect économique de la question, mais également politique.

Pour conclure, il devient aujourd’hui évident que quelle que soit l’entêtement des élites occidentales qui continuent de faire référence à «un ordre mondial basé sur des règles» (occidentales), un ordre représenté désormais par les vestiges de l’unipolarité – au sein des principales puissances mondiales non-occidentales et plus généralement dans les pays justement du Sud global, représentant ensemble l’écrasante majorité de l’humanité – il sera complètement inacceptable de vivre selon les prétendues règles d’une extrême minorité planétaire. Une minorité bien souvent ne représentant même pas ses propres populations.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Economie britannique: pas glorieuses les prévisions

07.03.2023

L’économie du Royaume-Uni devrait être la seule grande économie à se contracter en 2023. Mais au-delà de cet aspect, ce qui choque les observateurs britanniques c’est le fait que les prévisions pour le principal adversaire reconnu de Londres – la Russie – soient largement plus optimistes, et ce malgré les innombrables sanctions occidentales la visant.

Vraisemblablement, l’heure n’est pas à l’optimisme du côté occidental, économiquement parlant. Dans le cas plus particulier du Royaume-Uni, en passant l’une des principales forces de soutien aux vestiges de l’unipolarité aux côtés de Washington, il est à noter que son économie va se contracter et se comporter moins bien que d’autres économies dites avancées, y compris celle de la Russie, et ce alors que le coût de la vie continue de frapper les ménages – écrit la BBC, citant le Fonds monétaire international (FMI).

Ainsi et selon effectivement le FMI – l’économie britannique se contracterait de 0,6% en cette année 2023, plutôt que de croître légèrement comme prévu précédemment. Toujours selon lui, la revue à la baisse de ses prévisions pour le Royaume-Uni est due à ses prix élevés de l’énergie, la hausse des coûts hypothécaires, l’augmentation des impôts, ainsi que la pénurie persistante de travailleurs. La BBC rappelle amèrement également que le Royaume-Uni sera effectivement le seul pays à subir la contraction cette année, parmi toutes les économies dites avancées et émergentes. Et que même la Russie frappée par des sanctions devrait connaître une croissance cette année. Des sanctions qui se comptent par milliers de positions, il faut bien le préciser.

Toujours dans le même article, il est rappelé que si l’économie d’un pays se contracte – cela signifie généralement que les entreprises gagnent moins d’argent et que le nombre de chômeurs augmente. Un autre rappel concerne quant à lui l’inflation, à savoir le rythme auquel les prix augmentent, et dans le cas britannique cela reste proche de son plus haut niveau depuis les 40 dernières années. Rien que cela. Les prévisions du FMI pour cette année vis-à-vis de la perfide Albion reflétaient sa forte dépendance au gaz naturel liquide coûteux, ce qui fait grimper le coût de la vie.

Globalement parlant, ce sont les thèses générales de l’article, bien que la BBC tente d’être rassurante, en rappelant que les prévisions du FMI, bien qu’étant celles de l’institution de référence en la matière, restent des prévisions. Après tout – l’espoir fait vivre.

Evidemment, le porte-voix de la propagande britannique à l’international, n’insiste pas trop dans son article sur le fait que le principal adversaire pour Londres sur la scène internationale, en l’occurrence la Russie, le pays aujourd’hui le plus sanctionné à l’échelle mondiale et qui devait économiquement parlant être à genoux selon les instigateurs de l’Occident – aura en 2024 (toujours selon les prévisions du FMI) une croissance supérieure non seulement face au Royaume-Uni, mais également par rapport à toutes les principales économies occidentales, comme le montre le tableau de l’article  de la BBC.

Selon donc le Fonds monétaire international, loin pourtant d’être un ami de la Russie et plus généralement des pays BRICS, en 2024 l’Etat russe devrait connaître une croissance supérieure à celle du Royaume-Uni, de l’Allemagne, la France, l’Italie, le Canada, rajoutons-y également le Japon qui se trouve sous la coupe occidentale, et même des Etats-Unis. Parmi les pays mentionnés, seule la Chine sera devant la Russie en termes de croissance. Pour rappel, la première puissance économique mondiale en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat, alliée de la Russie et également avec elle l’une des principales promotrices de l’ordre multipolaire international.

De manière générale, la dure constatation de la réalité par les éléments occidentaux ne fait que confirmer l’analyse récente d’Observateur Continental qui citait Xu Poling, expert chinois, directeur-adjoint du Centre de recherche sur l’économie et la politique des pays en transition de l’Université de Liaoning, pour qui les succès économiques de la Russie ont dépassé toutes les attentes.

Mais au-delà de la sagesse chinoise et de l’amère réalité pour l’Occident, la principale question à se poser reste la suivante: comment des régimes prétendant au leadership mondial et adorateurs résolus de sanctions à l’encontre de leurs adversaires géopolitiques et de tout Etat réellement souverain et indépendant – se retrouvent à être dans une situation aussi embarrassante face à ceux qu’ils comptaient punir et mettre à genoux. A ce sujet, il y a presque un siècle, Robert Minor, célèbre dessinateur de presse, journaliste politique et membre important du Parti communiste américain avait réalisé un dessin qui retrouve toute son actualité à l’heure actuelle.

Robert Minor avait-il tout prévu en 1925? Quoi qu’il en soit – l’establishment atlantiste occidental devra effectivement apprendre à connaître sa véritable place dans le monde contemporain. Un monde multipolaire et qui sera inévitablement post-occidental.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Les succès économiques de la Russie ont dépassé toutes les attentes (expert chinois)

22.02.2023

S’il est aujourd’hui peu intéressant de se focaliser sur les prétendus spécialistes occidentaux qui il y a encore récemment espéraient voir l’économie de la Russie à genoux et aujourd’hui se retrouvent à admettre « le miracle économique russe », il est au contraire très important d’entendre l’opinion d’experts issus de la principale économie du monde – la Chine.

Xu Poling, directeur-adjoint du Centre de recherche sur l’économie et la politique des pays en transition de l’Université de Liaoning, a publié un article d’analyse fort intéressant pour le quotidien en ligne The Paper, basé à Shanghai.

L’auteur y décrypte en détails les succès économiques de la Russie et sa résistance face aux innombrables sanctions occidentales, y compris depuis le lancement de l’opération militaire spéciale l’année dernière. Xu Poling note notamment que suite à la principale crise internationale depuis la fin officielle de la guerre froide – l’Etat russe a rapidement pris des mesures pour empêcher l’effondrement de son système financier, ajuster sa stratégie de coopération économique extérieure et élargir sa coopération avec la Chine, l’Inde et d’autres économies émergentes.

En parlant justement de l’interaction sino-russe, l’expert chinois rappelle qu’au cours de 2022 – les exportations de la Russie vers la Chine ont augmenté de 43,4% en glissement annuel, et ce aussi bien dans le secteur énergétique que dans nombre d’autres. Du côté des exportations chinoises vers la Russie – l’augmentation est également conséquente. Et que selon les données de l’Institut de la finance internationale basé à Washington – la Chine (y compris Hong Kong et Macao) et la Turquie ont dépassé l’Union européenne pour devenir les principaux partenaires économico-commerciaux de la Russie à l’échelle internationale. Avec en prime des perspectives encore plus intéressantes, notamment pour les relations sino-russes, pour l’année en cours.

L’auteur indique également que le paysage financier mondial est entré dans un tournant historique. A l’heure où les USA et l’Europe bruxelloise ont militarisé les instruments et monnaies internationaux, tels que le système Swift ou le dollar étasunien. Permettant d’éveiller la vigilance de nombreux pays et comme résultat l’obtention de la dédollarisation progressive des échanges internationaux. Parmi les exemples cités, Xu Poling rappelle l’abandon par la Russie du dollar US et de l’euro dans ses réserves de change, remplacés par l’or et le yuan chinois.

La Chine et l’Arabie saoudite commencent à utiliser la monnaie chinoise dans leurs transactions importantes au niveau bilatéral. L’Inde de son côté prévoit d’étendre ses accords énergétiques avec les pays producteurs de pétrole au Moyen-Orient aux transactions en monnaies locales. Et la ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Naledi Pandor, avait rappelé qu’au sein des BRICS le travail était également mené dans la direction d’augmenter les échanges en monnaies nationales. En d’autres termes – en vue de réduire fortement la dépendance vis-à-vis des instruments financiers occidentaux. Un sujet qu’Observateur Continental avait récemment traité

Comme le note donc Xu Poling – si auparavant les règlements des transactions énergétiques, surtout pétrolières, étaient presque exclusivement effectués en dollars US – la nouvelle donne des transactions en monnaies nationales modifie le paysage financier mondial.

Pour revenir à la Russie et à sa résilience face aux sanctions occidentales que nombreux ne pouvaient pas imaginer – l’expert chinois rappelle que suite aux sanctions records décidées par l’Occident vis-à-vis de Moscou, des sanctions se comptabilisant par milliers de positions – les retombées négatives ont touché surtout les pays de l’Europe bruxelloise, pendant que la performance économique russe a dépassé toutes les attentes.

Chiffres à l’appui, l’auteur réalise le rappel qu’en avril de l’année dernière – la Banque mondiale prévoyait que la Russie connaitrait une croissance négative de 11,2% à l’issue de 2022. Certains experts occidentaux annonçaient quant à eux une décroissance encore plus importante. Pourtant, en janvier de cette année – le Fonds monétaires international (FMI) a prédit que le PIB de la Russie diminuerait de seulement 2,2% pour l’année écoulée 2022. Et retrouverait une croissance positive en 2023 et 2024. Et ce au moment, où le taux de chômage est au plus bas depuis 1991 dans le pays – à hauteur de 3,9%.

De même – sur les plans de la sécurité financière, budgétaire et celle de la balance des paiements de la Russie – rien n’a été sérieusement compromis. Xu Poling note par la même occasion que si la performance économique russe a dépassé toutes les attentes possibles, en faisant effectivement preuve d’une forte résilience – en termes de facteurs justifiant ces succès, il est évident que l’Etat russe était parfaitement préparé aux sanctions étasuniennes et européennes.

Et qu’après 2014, la stratégie russe de substitution des importations, la construction de la sécurité financière et budgétaire, la dédollarisation de l’économie, ainsi que les efforts visant à réduire la dépendance au secteur des exportations énergétiques – ont tous jeté de bonnes bases pour faire face à l’impact des sanctions les plus extrêmes. Le tout sans oublier – l’autosuffisance dans de nombreux domaines, notamment celui de l’agro-alimentaire.

Pour finir, et si tous les points cités par Xu Poling sont parfaitement logiques et objectifs – il serait très certainement temps de manière générale à s’intéresser aux analyses des principaux experts des pays qui représentent l’avenir, et non pas le passé, mondial. D’ailleurs et pour s’écarter un peu du domaine purement interétatique, il suffit aujourd’hui d’observer le monde de l’entreprenariat au sein des nations non-occidentales. Et comment les entrepreneurs russes, chinois, indiens, turcs et d’autres trouvent matière à coopérer dans de nombreux domaines d’intérêt commun. Le tout pendant que les diplômés des prétendues grandes écoles de commerce occidentales observent ces processus avec non seulement une vive jalousie, mais surtout une incompétence qui bien souvent n’est pas à démontrer.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Pour le FMI – l’Ukraine a besoin de dons et non pas de prêts

Les structures affiliées à l’Occident font preuve d’une «solidarité» presque sans limite vis-à-vis du régime kiévien. Les Etats européens, pourtant faisant face à de nombreux défis économiques, ne seront pas épargnés par l’action de générosité réclamée par Kiev et ses principaux parrains. D’autant plus que vraisemblablement, l’Ukraine ne sera pas en mesure de rembourser quoi que ce soit.

Pour rappel, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait récemment indiqué que son pays a besoin de 7 milliards de dollars mensuels pour pouvoir continuer à faire fonctionner son économie, et surtout de continuer à remplir les responsabilités sociales pour le paiement des salaires et des retraites. En passant – des obligations sociales, dont les retraites, que ledit régime ne paie plus à «ses citoyens» du Donbass depuis maintenant de longues années, et d’autres territoires suspectés d’être aujourd’hui en faveur de la Russie, comme la région de Kherson.

A l’heure où l’establishment occidental, plus particulièrement anglo-saxon et affilié, maintient le cap de livraisons d’armements au régime kiévien, la réalité fait que les armes aussi massives soient-elles ne pourront évidemment pas répondre aux besoins de simples citoyens ukrainiens. Tout le paradoxe d’ailleurs du régime de Kiev réside dans l’aspect promu par ses conseillers étasuniens, à savoir que le régime kiévien réclame plus d’aide à l’Occident, et particulièrement à l’Europe, adopte un ton qui dicte aux Européens de ne plus commercer avec la Russie, tout en continuant à percevoir les paiements pour le transit du gaz russe à destination de l’UE, et en obtenant le chauffage dans les foyers ukrainiens – en provenance de la «méchante» Russie.

Mais peu importe – paradoxe ou non, l’Europe doit suivre ce que réclame Kiev, ainsi que ses parrains de Washington et Londres. La dignité n’étant pas le point fort des cités depuis un long moment. Pour ce qui est du Fonds monétaire international (FMI), et plus particulièrement sa directrice générale Kristalina Georgieva, l’appel est tel que les besoins financiers de l’Ukraine et la manière de les combler «doit passer le plus possible par des donations plutôt que des prêts».

En d’autres termes – Kiev ne sera vraisemblablement pas capable de rembourser ses créanciers. Car au-delà du fait qu’un conflit armé soit en cours, par rapport auquel d’ailleurs nombreux observateurs se posent la question légitime du pourquoi d’une telle générosité vis-à-vis du régime kiévien à la différence de nombreux autres pays passés par des situations de guerre – mais surtout au niveau de corruption systématique de l’Etat ukrainien que le coup d’Etat pro-occidental de 2014 n’a tout sauf amélioré. Faisant depuis ledit coup d’Etat de l’Ukraine l’un des deux Etats les plus pauvres d’Europe.

Evidemment, certains comptent bien remporter la mise, en obtenant par exemple des livraisons de produits alimentaires stratégiques en provenance de l’Ukraine en échange d’avoir apporté, ou simplement trouvé des financements pour le compte kiévien. En d’autres termes – parfois et tout simplement des intermédiaires de certains «cabinets» et lobbies occidentaux. D’autres, notamment plusieurs pays européens, apporteront tout simplement des fonds des contribuables des pays respectifs sans aucun retour sur «investissement».

Peut-être évidemment que les responsables européistes justifieront cela par la nécessité de soutenir une «démocratie» et une prétendue «résistance» de l’Etat ukrainien post-Maïdan face au méchant ours russe. Dans tous les cas – nombreux sont les contribuables justement qui ne souhaitent guère subir des pertes économiques importantes de leurs Etats avec des conséquences directes pour leur vie quotidienne, le tout pour le compte d’un régime qui ne leur apportera rien en échange. Et plus que cela, continuera à tenter de dicter les actions à suivre pour ces mêmes pays en question.

Il est évident que dans ce schéma, les élites washingtoniennes et plus généralement anglo-saxonnes ne subiront pas de pertes comparables à l’Europe continentale. Mais après tout, c’est pour «la bonne cause», diront les responsables atlantistes. Quant aux populations respectives, elles n’auront que leurs yeux pour constater les effets de cette politique appliquée par leurs élus.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Soudan: Washington tente de reprendre la main

L’establishment étasunien ne lésine pas sur les moyens afin de saper l’interaction de Khartoum avec Pékin et Moscou. Le même establishment qui, il y a encore récemment, considérait ce pays africain comme sponsor du terrorisme. Retour sur la question.

Depuis l’annonce en novembre dernier de la création d’une base navale russe près de Port-Soudan – principal port du pays situé sur la mer Rouge, Washington tente au maximum de nuire à ce projet. Pour cela, l’establishment étasunien mise sur plusieurs orientations: diplomatique, économique, sécuritaire, sans oublier le lobbying de ses proxys arabes et africains.

De façon plus générale, les Etats-Unis en tentant par tous les moyens de s’implanter au Soudan, ne visent pas seulement la Russie, mais également un autre des principaux adversaires officiels de Washington – la Chine, fortement présente sur le plan économique dans le pays. Sans oublier l’Iran.

Pour rappel, un navire de guerre US avait accosté en mars dernier au Port-Soudan – un jour seulement après l’arrivée au même endroit de la frégate russe de classe Amiral Grigorovitch.Un peu plus tôt, en décembre dernier, les Etats-Unis avaient retiré le Soudan de leur liste des pays soutenant le terrorisme. Une liste dans lequel Khartoum se trouvait depuis 1993…

Ce n’est pas tout: Washington a mis à contribution le Fonds monétaire international (FMI). Après tout, tous les moyens sont bons pour tenter à contrer l’influence grandissante de Pékin et Moscou.

L’offensive washingtonienne et de ses supplétifs ne se limitera aux secteurs mentionnés, mais touchera même aux médias. Peu surprenant d’ailleurs lorsqu’on connait la complicité existante entre l’establishment politique occidental et la presse mainstream, sans oublier les affiliés. En ce sens, plusieurs médias arabes avaient annoncé la prétendue suspension par le Soudan de l’accord avec la Russie pour l’établissement de la base navale. Parmi eux Al-Arabiya et Sky News Arabia.

Une information rapidement démentie par l’ambassade russe à Khartoum, qui avait répondu que «les plans technico-militaires entre les deux pays sont toujours d’actualité». Tout en ajoutant que les déclarations contraires sont loin de la réalité. Les informations diffusées par les médias arabes cités n’ont reçu d’ailleurs aucune confirmation du côté des responsables soudanais.

Une chose demeure pour autant certaine. L’establishment US continuera de déployer tous les moyens à sa disposition pour tenter à faire saboter l’interaction de Khartoum dans ses projets stratégiques avec Moscou et Pékin. Le tout au moment où l’influence de l’axe des partisans de la multipolarité, devenue une réalité mondiale, ne cesse de monter en puissance, tout en affaiblissant les rêves des nostalgiques du retour à l’ordre unipolaire dépassé.

Il reste à ne pas oublier que la Russie, comme la Chine, disposent également de nombre d’instruments leur permettant d’aller jusqu’au bout de leurs projets. Géopolitiques, géoéconomiques comme sécuritaires. Le tout au moment même que dans la région concernée, Washington continue de perdre des positions, notamment en Ethiopie, où l’influence sino-russe bat son plein.

En conclusion il faudrait peut-être rappeler que sur le moyen-long terme, la stratégie propre à un jeu d’échecs aura toujours le dessus sur celle du poker qui quant à elle ne peut être que sur le court terme. En ce sens, l’axe non seulement des partisans de la multipolarité, mais également de grandes civilisations mondiales, fera fort probablement la différence. Au grand désarroi de Washington et de ses suiveurs jusqu’au-boutistes.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=2706

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«Les échanges entre l’Afrique et les BRICS sont projetés à 500 milliards de dollars en 2015»

«Les échanges entre l’Afrique et les BRICS sont projetés à 500 milliards de dollars en 2015»

Selon le Haut-commissaire de l’Inde au Cameroun, A. R. Ghanashyam, les échanges commerciaux entre l’Afrique et les pays membres du groupe des BRICS (Brésil, Russie, Inde, et ) «ont plus rapidement cru au cours de ces dernières années, que les échanges entre le continent noir et toutes les autres régions du monde», a-t-il révélé dans une interview accordée le 1er septembre 2014 au Quotidien gouvernemental camerounais, Cameroon Tribune.

Pour preuve, soutient le diplomate indien dont la mission diplomatique s’étend au , au Bénin et au Tchad, ces échanges Afrique-BRICS«ont doublé entre 2007 et 2012, pour se situer à 340 milliards de dollars cette année-là, et sont projetés à 500 milliards de dollars en 2015». «Le succès des BRICS dans la promotion de la croissance économique inclusive, la création des emplois et la structuration du secteur de la transformation locale des produits, afin de lutter contre la et les inégalités, ont apporté beaucoup d’enseignements aux pays africains», indique-t-il, pour justifier cet intérêt croissant des Africains pour les BRICS en matière de coopération économique.

A. R. Ghanashyam prédit d’ailleurs un dynamisme plus accru de cette coopération économique entre les BRICS et les Etats africains, avec l’entrée en activité prochaine des (une de développement et un fonds) récemment créées par ce groupe constitué de pays émergents.

Pour rappel, la banque de développement et le Fonds des BRICS veulent notamment être une alternative à la , mais aussi au Fonds monétaire international ().  La capitalisation de cette banque a été fixée dans un premier temps à 10 milliards de dollars de liquidités sur sept ans, équitablement répartis entre les pays fondateurs, et 40 milliards de dollars de garanties. Cette somme sera progressivement portée à 100 milliards de dollars et la banque pourra commencer à prêter en 2016.

Agence Ecofin

http://reseauinternational.net/les-echanges-lafrique-les-brics-projetes-500-milliards-dollars-en-2015/