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Zimbabwe-Chine: une coopération inarrêtable

Les relations entre Pékin et Harare sont révélatrices de la stratégie plus globale de la Chine sur le continent africain. Des relations entre l’Etat chinois et les pays africains devenues stratégiques sur le plan économique. Mais depuis un temps plus récent, le leadership chinois semble également déterminé à répondre de manière ferme aux adversaires géopolitiques, tout en promouvant l’ordre multipolaire international.

La Chine et le Zimbabwe continueront de collaborer pour faire progresser la coopération bilatérale malgré les critiques des détracteurs occidentaux – c’est la déclaration de l’ambassadeur chinois en poste à Harare, Guo Shaochun, écrit l’agence de presse Xinhua.

Dans un discours prononcé en amont du 72ème anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine le 1er octobre, le diplomate a affirmé que la dynamique à la hausse de la coopération entre les deux pays était inarrêtable. Il a affirmé que l’amitié durable et la coopération fructueuse ont rendu jaloux certains acteurs politiques. Ces derniers inventant de fausses informations pour s’en prendre aux investissements chinois au Zimbabwe et salir l’image de la Chine et des entreprises chinoises.

En ajoutant que leur diffamation ne fait que légitimer le succès conjoint, consolider la confiance et la force commune. L’ambassadeur chinois a également rappelé que contrairement à d’autres Etats, la Chine n’interfère pas dans les affaires internes des autres pays et ne formule pas de conditions préalables à son aide politique et économique.

Pour comprendre l’importance du Zimbabwe pour la Chine, et vice-versa, il faut rappeler que si aujourd’hui Pékin est effectivement le principal partenaire économico-commercial du continent africain en qualité d’Etat – une orientation devenue d’ailleurs stratégique pour les deux parties, et qu’aujourd’hui les entreprises chinoises sont présentes dans pratiquement tous les pays du continent, le Zimbabwe représente néanmoins un cas particulier.

A ce titre, un rappel historique s’impose: la Chine, comme l’URSS, avait largement contribué à la lutte du peuple zimbabwéen contre le néocolonialisme britannique. Depuis cette période, le Zimbabwe était constamment sous pression de l’establishment anglo-saxon – étasunien comme britannique – une pression non seulement politico-diplomatique, mais également à travers l’imposition de sanctions économiques.

Les véritables raisons des attaques de Washington comme de Londres vis-à-vis de Harare n’ont jamais été les prétendues violations des normes démocratiques ou des droits de l’homme, mais bel et bien l’aspect historique déjà cité, et d’autre part – ce qui est tout aussi important – depuis la libération nationale une politique largement souveraine et en opposition avec l’Occident politique.

Néanmoins, et malgré nombre de problèmes auxquels l’Etat zimbabwéen a dû faire face, ce pays d’Afrique australe a su maintenir un système politique stable, un appareil sécuritaire efficace, une population parmi les plus instruites d’Afrique, ainsi qu’une politique internationale indépendante et souveraine. Et à ce titre, il faut également indiquer que le soutien chinois a été à bien des égards déterminant.

En ce sens, et à l’heure où Pékin s’affirme haut et fort non seulement comme la superpuissance économique internationale, mais également en tant que l’une des principales puissances géopolitiques du monde – ce dernier aspect ayant été pleinement assumé – les alliés stratégiques de la Chine sur le continent africain, parmi lesquels le Zimbabwe, pourront indéniablement jouir du soutien chinois. Y compris au niveau du Conseil de sécurité de l’ONU, où le duo sino-russe reste fermement solidaire face au trio occidental composé des USA, du Royaume-Uni et de la France.

L’autre aspect à ne pas négliger concerne la promotion active par la Chine, au même titre que ses alliés, du concept multipolaire mondial, devenu une réalité avec laquelle il faut compter. Face au refus d’un certain nombre de régimes de reconnaitre officiellement ladite réalité, tout en représentant une minorité planétaire évidente, Pékin active plus que jamais ses alliances à divers endroits du monde. D’autant plus que l’Etat chinois se retrouve désormais ouvertement et agressivement visé par diverses alliances lui étant largement hostiles, liées aux nostalgiques de l’unipolarité.

L’Afrique représente l’une des principales priorités de la politique étrangère chinoise, au même titre d’ailleurs que russe. Et au moment où plusieurs Etats africains cherchent à définitivement se libérer des réseaux obscurs propres au néocolonialisme, les vieilles alliances testées avec succès par le temps peuvent jouer un rôle stratégique dans les processus en cours. Aussi bien dans le cadre de la promotion d’une large partie du continent africain en qualité de bloc géopolitique pro-multipolarité, que dans le renforcement de l’ordre multipolaire de façon générale.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=3162

Emeutes aux USA: le Zimbabwe lui aussi sur le banc des accusés

Les Etats-Unis sont en train de vivre une page fortement difficile de leur histoire. De loin en tête en termes de nombre de contaminations et de décès dus au Covid-19, le pays de l’Oncle Sam doit désormais faire face à de multiples émeutes à divers endroits du pays, le tout sur fond de tensions ethniques.

De façon générale ces émeutes n’ont rien d’exceptionnelles en tant que telles – sachant que ce ne sont loin d’être les premières. En effet, sous l’administration Obama – durant le mandat duquel plusieurs assassinats avaient été commis vis-à-vis, bien souvent, de représentants afro-américains et d’autres minorités ethniques, suite à quoi s’en étaient suivies plusieurs manifestations de citoyens US en colère. En réponse de quoi les forces de l’ordre étasuniennes n’avaient pas hésité à utiliser la violence comme moyen de réponse, y compris l’extrême.

Au-delà du fait que le pays se prétendant être le modèle parfait en termes de démocratie, de liberté et des droits de l’homme, se permettant de façon hyperactive à donner des leçons de vie à la planète entière et à se mêler d’affaires intérieures d’Etats souverains, sans oublier évidemment les déstabilisations, organisations de coups d’Etat, et bien évidemment l’intervention armée pure et simple – lorsque cela est «nécessaire», ait à utiliser un tel degré de violence contre ses propres citoyens, mais l’autre fait qui se démarque – ce sont les accusations portées par nombre de représentants de l’establishment étasunien à destination de pays étrangers – qui auraient «contribué» à ces émeutes.

Si les accusations portées par une partie de l’establishment politique et médiatique (notamment via la chaine CNN) à l’encore de la Chine, la Russie ou encore de l’Iran sont loin d’être nouvelles, le cas du Zimbabwe parait tout de même surprenant. S’il est vrai que Harare se trouve en alliance avec les trois premiers dans les domaines politico-diplomatiques, économiques et militaires, quel intérêt aurait-elle, sérieusement parlant, à contribuer à la montée de la violence en terre étasunienne? Revanche pour les sanctions US? Pour les nombreuses déstabilisations intérieures orchestrées par des forces obscures liées aux Etats-Unis? Tentatives américaines de faire isoler le pays?

S’il est vrai que les raisons pour le Zimbabwe d’en vouloir les USA sont réelles et nombreuses, il est peu probable que Harare aurait une quelconque volonté de mettre de l’huile sur le feu chez l’ex-gendarme du monde – si ce n’est que de lui mettre un miroir devant ses yeux. Vraisemblablement, un miroir qui donne une migraine énorme à ceux qui profèrent ces accusations d’interférence contre les USA. Peut-être d’ailleurs que ces derniers auraient quelque chose à se reprocher?Demain les accusations seraient-elles portées également contre Cuba, le Venezuela, le Nicaragua et d’autres forces progressistes latino-américaines, voire la Syrie ou encore la Turquie? Connaissant l’establishment US et sa mentalité – rien ne serait impossible.

Mais le mieux probablement que ces élites étasuniennes auraient à faire c’est justement et surtout de commencer à se regarder dans le miroir et comprendre à quel point leur propre société est tout sauf un exemple pour d’autres nations. D’autre part, pour les partisans de Trump si il y a bien ceux qui essaient d’exploiter les énormes tensions actuelles, c’est surtout ses adversaires intérieurs – aussi bien ceux liés à Soros & Co., que les Clinton, Biden et Obama – de façon il est vrai totalement hypocrite sachant qu’à leur période de règne les crimes à caractère raciste étaient tout sauf moindres.

Enfin, du moment que l’establishment étasunien, dans son ensemble, ne saura accepter la réalité multipolaire du monde et leur incapacité à maintenir le diktat unipolaire, les USA continueront de s’enfoncer dans toutes les contradictions possibles – intérieures comme extérieures. Et à ce titre au lieu de maintenir des centaines de bases militaires à l’étranger, Washington ferait bien mieux de régler ses énormes problèmes intérieurs – de l’économie à la santé, des problèmes sociétaux aux conflits interethniques qui n’ont cessé d’exister au cours de son histoire tumultueuse. Des massacres des populations de souche et de la traite esclavagiste jusqu’aux lois ségrégationnistes, y compris après la seconde moitié du XXème siècle, jusqu’aux violences contemporaines. Donc stay home and solve your problems.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=1645