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Les BRICS dépassent le G7 et les nouvelles opportunités pour les pays du Sud

14.03.2023

Les principales puissances non-occidentales s’affirment de jour en jour, y compris économiquement. Et commencent à prendre progressivement le dessus sur le bloc occidental, ne faisant que confirmer les nombreuses prévisions des dernières années.

A l’issue de 2022, l’association des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) a dépassé le club du G7 (composé des Etats-Unis, Royaume-Uni, Canada, Allemagne, France, Italie, Japon) en termes de PIB combiné, écrit le portail indien The Eastern Herald. Ainsi, dans l’économie mondiale les BRICS avaient désormais une part de 31,5% contre 30,7% pour le G7.

Cette réalité confirme les nombreuses prévisions datant d’il y a plusieurs années et démontre que le bloc des BRICS pèse désormais pratiquement d’1/3 sur le PIB mondial. Et non plus d’1/4 comme cela était le cas dans un passé pas du tout lointain. Le tout à l’heure où les pays membres du bloc augmentent les actions en vue d’obtenir la pleine indépendance vis-à-vis des instruments financiers occidentaux, comme Observateur Continental l’avait récemment rappelé

Une autre analyse intéressante vient quant à elle de l’hebdomadaire sud-africain Mail & Guardian qui soulève la question du comment les pays du Sud global peuvent échapper à la mainmise du dollar étasunien, écrit par Nontobeka Hlela, qui collabore avec l’Institut de recherche sociale Tricontinental et est détachée au bureau du conseiller à la sécurité nationale de l’Afrique du Sud en qualité de chercheuse.

L’analyste sud-africaine rappelle à juste titre que le dollar US depuis qu’il était devenu la monnaie de réserve internationale, cela a permis aux Etats-Unis de contrôler les marchés financiers et d’imprimer de l’argent comme bon leur semble. Cette réalité avait donné aux USA un pouvoir mondial extraordinaire et, avec la structure de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international (FMI) et du Conseil de sécurité des Nations unies, cela signifie que bien qu’il existe des Etats dits démocratiques, il n’existe en réalité pas de démocratie des Etats.

Toujours selon elle – au fil des années, on a souvent soutenu que la construction d’un monde plus équitable exige, entre autres mesures, la démocratisation du système financier mondial. Et à cet effet – cela nécessiterait, au même titre qu’avec d’autres mesures, de s’éloigner du dollar comme principale monnaie de réserve mondiale.

Il y a eu selon Nontobeka Hlela des propositions justement pour rompre avec l’emprise du dollar. Et ces projets visant à lutter contre cette emprise sur les économies des pays du Sud se trouvaient au cœur des motivations étasuniennes à chasser Saddam Hussein en Irak et Mouammar Kadhafi en Libye.

Aujourd’hui, de nouvelles tentatives visant à contourner le quasi-monopole du dollar en tant que principale monnaie du commerce international ont vu le jour. L’analyste sud-africaine cite la décision de l’Arabie saoudite d’accepter d’autres devises en échange de son pétrole – faisant référence au yuan chinois. Mais pour elle la question de l’abandon du dollar a été soudainement intensifiée par le conflit en Ukraine.

Rappelant que suite au gel des avoirs de la Russie par l’Occident et à son expulsion du système bancaire international SWIFT, Moscou a répondu en exigeant le paiement des livraisons de son gaz dans sa propre monnaie – le rouble russe. Cela a été une démonstration claire que le commerce international peut être effectué sans en dépendre du dollar étasunien. Toujours selon elle le développement rapide des possibilités de commerce international sans la médiation du dollar représente un moment important pour les pays du Sud global, qui se sont longtemps retrouvés considérés comme des Etats vassaux des Etats-Unis en particulier, et de l’Occident de manière générale.

Ces relations avec l’Occident sont d’ailleurs devenues si grossières que, comme nous l’avons vu récemment en Afghanistan où Washington s’est approprié 9,5 milliards de dollars de la Banque centrale afghane – cela n’a fait que confirmer que les réserves en dollars d’autres pays détenues à la banque centrale étasunienne ne sont pas sécurisées.

Plus généralement parlant, l’experte sud-africaine rappelle également qu’il s’agit d’un processus de longue date, où les USA cherchent à isoler économiquement et à sanctionner les Etats qu’ils perçoivent comme une menace pour leur pouvoir. Et ce – depuis la révolution haïtienne contre l’esclavage en 1804 ou encore au cours du XXème siècle, notamment avec l’assassinat par la CIA du président chilien Salvador Allende.

Quant à la guerre économique déclenchée par l’Occident contre la Russie, y compris le gel de ses réserves libellées en dollars, cela a largement prouvé qu’aucun pays qui va à l’encontre des USA ne pourra se sentir en sécurité. Et cela devrait être un signal d’alarme urgent pour les pays du Sud afin de se lancer pleinement dans un système financier alternatif qui ne dépende pas du dollar étasunien.

L’analyste sud-africaine rappelle elle aussi encore une fois que le PIB combiné des pays BRICS est désormais supérieur à celui du groupe G7. Et que les nations BRICS peuvent très certainement trouver une meilleure façon de travailler ensemble afin de construire un système financier qui ne soit pas sous contrôle des USA, ces derniers ayant continuellement bloqué les tentatives de développer de nouvelles règles plus justes pour le commerce mondial.

Pour Nontobeko Hlela, les BRICS doivent également renforcer leurs institutions et celles de la Nouvelle banque de développement afin qu’elle puise être ce point d’ancrage qui crée et soutient un système alternatif pour les pays du Sud. Enfin, l’experte sud-africaine rappelle que l’ordre mondial construit par les Occidentaux (communément appelé l’unipolarité) – correspond effectivement à la description de néocolonial. Et que cet ordre ne fonctionne pas pour les pays du Sud. Tout en insistant que le système plus multilatéral de gouvernance mondiale concerne non pas seulement l’aspect économique de la question, mais également politique.

Pour conclure, il devient aujourd’hui évident que quelle que soit l’entêtement des élites occidentales qui continuent de faire référence à «un ordre mondial basé sur des règles» (occidentales), un ordre représenté désormais par les vestiges de l’unipolarité – au sein des principales puissances mondiales non-occidentales et plus généralement dans les pays justement du Sud global, représentant ensemble l’écrasante majorité de l’humanité – il sera complètement inacceptable de vivre selon les prétendues règles d’une extrême minorité planétaire. Une minorité bien souvent ne représentant même pas ses propres populations.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Le soutien international en faveur de la Russie augmente (étude britannique)

09.03.2023

Depuis le lancement de l’opération militaire spéciale, le soutien plus ou moins affiché à la Russie à divers endroits du monde grandit. Cela concerne également les pays adoptant une position neutre et qui refusent eux-aussi à se joindre à l’axe anti-russe promu par l’Occident. C’est ce qu’il ressort de l’analyse d’un célèbre cabinet britannique.

L’analyse de l’équipe globale de prévision de l’Economist Intelligence Unit (EIU), cabinet britannique appartenant à The Economist Group, qui offre des prévisions et des services de conseil à ses clients au niveau international, montre qu’un nombre croissant de pays se rangent aujourd’hui du côté de la Russie.

Ce que note ladite analyste occidentale, c’est que depuis l’année dernière la situation n’a pas beaucoup changé pour les pays occidentaux et pro-occidentaux. Un bloc qui selon EIU représente environ 36% de la population mondiale. Le nombre de pays neutres est quant à lui passé de 26 à 35 (représentant désormais près de 31% de la population mondiale). Les analystes du cabinet britannique indiquent que certains pays qui étaient précédemment alignés sur l’Occident, dont la Colombie, la Turquie et le Qatar – sont ainsi entrés dans cette catégorie de pays neutres, au moment où leurs gouvernements cherchent à tirer des avantages économiques dans le cadre de l’engagement avec les deux parties. Cependant, la Russie et la Chine font monter les enchères en «recrutant» selon les termes employés par l’étude occidentale les pays non-alignés et neutres, en leur faveur.

Ainsi, pour Agathe Demarais, directrice générale de la prévision chez EIU, «la Russie et la Chine courtisent les pays neutres non-alignés dans le but de semer le doute sur les effets des sanctions visant la Russie et de tirer parti du ressentiment contre les anciennes puissances coloniales. Nous pensons que les deux pays intensifieront ces efforts dans les années à venir, posant des défis croissants aux démocraties et à la diplomatie occidentales, qui n’ont pas encore saisi toute l’ampleur de ce défi».

Aussi, ladite étude mentionne que le plus grand changement de position a été parmi les pays qui penchent vers la Russie: leur nombre est passé de 25 à 36. La Chine reste le pays le plus important dans cette catégorie, mais d’autres pays en développement (notamment l’Afrique du Sud, le Mali et le Burkina Faso) ont également évolué dans ce groupe, qui représente 33% de la population mondiale. Ces tendances mettant en évidence l’influence croissante de la Russie en Afrique, indique EIU.

Maintenant intéressons-nous encore de plus près à cette étude. En effet, EIU a divisé les pays du monde en cinq groupes: ceux qui condamnent la Russie, ceux qui penchent vers l’Occident, les pays neutres, ceux qui penchent vers la Russie, et ceux qui apportent un soutien officiel et déclaré à la Russie. A notre niveau, rappelons également que nombre de régimes occidentaux avaient plusieurs fois martelé que ceux qui adoptent une position neutre sur le dossier ukrainien, apportent également un soutien à la Russie, car ne la condamnent pas et ne se joignent pas aux sanctions occidentales à l’encontre de Moscou.

En termes donc de poids économique sur le PIB mondial, les régimes qui condamnent la Russie représentent 60,1%, les pays penchant vers l’Occident – 7,8%, les pays neutres – 12%, les pays penchant vers la Russie – 16,8%, et ceux soutenant très ouvertement Moscou – 3,3%. Si l’on doit donc faire la somme des trois groupes qui ne font pas partie de la coalition occidentale anti-russe (soutiens déclarés à la Russie, penchant vers la Russie et neutres), nous obtenons un total de 32,1% du PIB mondial – correspondant plus ou moins au poids économique international actuel des puissances émergentes non-occidentales, notamment les BRICS.

Sur le plan démographique, EIU indique que les pays condamnant la Russie représentent 15,2% de la population mondiale, ceux penchant vers l’Occident – 20,7%, ceux adoptant la neutralité – 30,8%, ceux penchant vers la Russie – 27,8%, et ceux soutenant officiellement la Russie – 5,5%. Ce qui revient à dire que le pourcentage total de la population mondiale qui n’adhère pas à la coalition russophobe occidentale représente au total : 64,1% de la population terrestre.

Quant aux principales évolutions de positions des Etats depuis l’année dernière auxquelles fait également référence l’Economist Intelligence Unit, il s’agit des points suivants. La Colombie, la Turquie et le Qatar sont passés du statut penchant vers l’Occident à neutre. La Bolivie, l’Afrique du Sud et l’Ouganda – de la neutralité à penchant vers la Russie. L’Iran, le Mali et le Burkina Faso – de penchant vers la Russie à un soutien déclaré en faveur de Moscou. Le seul pays mentionné ayant évolué dans le sens contraire, en faveur donc des thèses occidentales, étant le Bangladesh – du statut neutre à penchant vers l’Occident.

Maintenant permettons-nous quelques commentaires. Tout d’abord, il est évident que le ton choisi par les analystes d’EIU est résolument amer. Constatant que cela représente un défi pour les prétendues démocraties occidentales. Comme si la notion même de démocratie était une propriété exclusive de l’Occident. Et comme si l’Occident, et plus particulièrement l’establishment otanesque, avait une quelconque légitimité à pouvoir ne serait-ce que mentionner le mot de démocratie.

D’autre part, ce qui est tout de même fort révélateur – c’est le fait qu’encore une fois le minimum d’objectivité et la constatation d’un certain nombre de faits ressortent plus souvent de l’axe anglo-étasunien, qui tout en étant de loin le principal adversaire à l’alliance sino-russe et plus généralement à l’axe de la multipolarité, possède une capacité d’analyse résolument meilleure que les régimes ayant totalement perdu leur indépendance en faveur justement de cet axe anglo-saxon, notamment l’Hexagone ou le régime allemand.

Enfin, il faut tout de même rappeler que ladite étude reste une étude occidentale, qui tout en admettant un certain nombre de faits devenus impossibles à faire voiler – «oublie» de prendre en compte le poids du soutien de nombreuses sociétés civiles en faveur de la Russie et de l’ordre multipolaire international, à divers endroits de la planète – y compris dans des pays qui restent sous la coupe occidentale. Et là, il est très fort probable que le soutien en faveur de la Russie, et donc de tous les partisans de la multipolarité, sera bien au-dessus des 64,1% de la population mondiale, comme le prétend l’EIU.

Mikhail Gamandiy-Egorov

BRICS: vers l’indépendance vis-à-vis des instruments financiers occidentaux

17.02.2023

L’alliance des BRICS avance de plus en plus vers le cap d’une utilisation beaucoup plus large des monnaies nationales dans leurs échanges et investissements. Une étape fortement nécessaire en vue de la création d’une monnaie unique, également de plus en plus abordée au sein des membres de l’alliance pro-multipolaire.

Une plus importante utilisation de leurs monnaies nationales dans les échanges et les investissements par les pays BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) doit précéder la création d’une monnaie unique, a affirmé l’ambassadeur itinérant pour l’Asie et les BRICS au ministère sud-africain des Affaires étrangères, Anil Sooklal, comme le note Le Courrier du Vietnam.

Selon ce haut responsable sud-africain – «les membres des BRICS doivent étendre l’utilisation réciproque de leurs monnaies nationales dans le commerce, les investissements et d’autres transactions», ajoutant que c’est l’unique moyen de jeter les fondations d’une monnaie unique au sein de l’alliance.

Il a également indiqué que la question d’une monnaie unique avait déjà été débattue lors de la récente rencontre en Afrique du Sud parmi les représentants des BRICS: «L’extension de l’utilisation des monnaies nationales des BRICS dans le système financier mondial est indispensable en tant que facteur le plus important de la création d’une monnaie unique et les pays membres font les efforts nécessaires dans ce sens». Il existe déjà entre eux des accords de commerce en monnaies nationales. Et la Nouvelle banque de développement des BRICS a décidé qu’entre 2022 et 2026 – au moins un tiers des nouveaux prêts serait accordé dans les monnaies nationales des pays du groupe.

Anil Sooklal a en outre rappelé que l’Afrique du Sud, qui assure actuellement la présidence au sein des BRICS, estime prioritaires les questions de la réforme de l’architecture financière mondiale. Le Courrier du Vietnam précise également que selon de nombreux économistes sud-africains – les événements pourraient s’accélérer dans les prochaines années et conduire à la formation d’une nouvelle structure du marché financier international dominé par les BRICS.

En termes de perspectives, il serait certainement juste de dire qu’au-delà de l’importance d’une dédollarisation et plus généralement d’une désoccidentalisation de l’économique mondiale, à l’heure de la montée en puissance, y compris économico-financière, des grandes puissances non-occidentales, les USA et plus globalement parlant l’Occident auront largement mis en évidence – que tout en étant une extrême minorité à l’échelle planétaire – d’utiliser leurs instruments économico-financiers à des fins de chantage et de vols tout simplement à l’encontre aussi bien de leurs adversaires géopolitiques, que vis-à-vis de toute nation dont la politique ne rentre pas dans la vision de la minorité évidente concernée.

Cela est d’ailleurs tout aussi d’actualité non plus seulement pour les principales puissances non-occidentales, dont les membres des BRICS, ni plus uniquement pour tous les pays résolument tournés vers la multipolarité, mais également même pour les Etats se trouvant encore sous la coupe occidentale à divers degrés, et qui demain pour toute défaillance dans leur adhésion à l’axe de l’Ouest risquent à se retrouver face à d’importants problèmes. Une réalité que nombre de ces Etats comprennent de plus en plus.

Les BRICS en ce sens, ainsi que d’autres grandes organisations internationales pro-multipolaires, dont l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) ou encore l’Union économique eurasiatique (UEEA) sont en train non seulement de jeter les bases d’une architecture économique internationale débarrassée du parasitage occidental, mais également montrent la voie à suivre pour toute nation du monde désireuse de s’affranchir d’une dépendance vis-à-vis de l’Occident qui n’a aucunement lieu d’être. Et dans l’objectif de profiter pleinement des atouts dont elle dispose.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Le Qatargate ou les nouvelles difficultés énergétiques pour l’UE

24.12.2022

Le scandale de corruption ayant ébranlé Bruxelles avec l’implication présumée du Qatar représente un défi supplémentaire sur le plan énergétique pour l’Union européenne, à l’heure où l’espace européiste n’a toujours aucune alternative digne de ce nom aux livraisons de gaz russe. Et si Washington tire son épingle du jeu des problèmes économiques et industriels européens, les responsables de l’UE ne font que s’enfoncer dans les dits problèmes, le tout sans aucune solution fiable.

«Qatargate: Doha menace de couper le gaz à des Européens encore trop dépendants» – titre le magazine hexagonal Marianne. En précisant que le Qatar n’avait pas attendu la fin de la Coupe du monde de football pour adresser un sérieux avertissement aux pays européens, dans le cas où l’UE prendrait des sanctions après la révélation du Qatargate. Tout en menaçant de lourdes conséquences sur la sécurité énergétique mondiale.

Pour rappel, l’émirat qatari a été largement courtisé par les représentants européistes tout au long des derniers mois, dans l’objectif à réduire la dépendance de l’UE au gaz russe, sans grand succès jusqu’à présent. Comme Observateur Continental l’avait noté précédemment, Doha est depuis longtemps spécialisé sur les marchés asiatiques, et si bien même qu’il augmenterait ses livraisons aux clients européens – ce serait alors sur la base de contrats signés sur le long-terme, option qui déplait fortement aux bureaucrates de l’Europe bruxelloise.

Cela sans oublier que le leadership qatari avait clairement fait entendre ne pas être en mesure de remplacer complètement et dans un avenir proche le gaz russe sur le marché européen. Tous ces faits mettant Doha en position de force indéniable.

D’autant plus et qu’au-delà du scandale de corruption éclaté à Bruxelles, le Qatar n’oublie certainement pas les diverses campagnes hostiles à son encontre, notamment avant et durant le déroulement de la principale compétition footballistique internationale, en provenance de l’Occident. Les appels au boycott, les tentatives agressives de nombre de pays occidentaux à promouvoir la propagande lgbtiste, en d’autres termes – l’arrogance si traditionnelle des régimes de l’Occident – restent fort certainement dans la mémoire des citoyens qataris, et de leurs représentants.

Tout cela se déroule au moment où les livraisons pétrolières et gazières russes, malgré toutes les sanctions occidentales à l’encontre de la Russie, continuent d’augmenter sur les grands marchés asiatiques comme ceux de la Chine et de l’Inde, ainsi que sur d’autres marchés non-occidentaux. Et le tout également au moment où le risque de désindustrialisation dans l’espace bruxellois est de plus en plus ouvertement abordé – y compris par les Européens eux-mêmes. Un processus qui semble d’ailleurs déjà suivre son cours, avec comme l’un des résultats – la délocalisation des industries européennes sur le sol étasunien. Pour le plus grand bonheur de Washington, chef incontesté de l’axe atlantiste nostalgique de l’unipolarité, et pour le plus grand malheur des industries basées en Europe, incapables d’être compétitives sans l’énergie russe. Un fait totalement évident aujourd’hui.

Pour revenir au Qatar, ses mises en garde à destination des responsables européistes représentent tout simplement l’option que l’UE a longtemps cherché elle-même. A force de pratiquer l’arrogance et l’ingratitude, et cela depuis de bien longues années et non pas seulement depuis quelques mois, le résultat était largement prévisible et attendu. Peut-être pas pour les bureaucrates bruxellois, bien souvent ne possédant pas les capacités intellectuelles et analytiques nécessaires, mais pour toute personne censée – indéniablement.

Et en ce sens le petit émirat qatari possède aujourd’hui tous les moyens de remettre à sa place le nain géopolitique nommé Union européenne. Et peut-être bientôt non plus seulement un nain géopolitique, mais également et de plus en plus économique. Car lorsqu’on ne possède pratiquement rien en termes de ressources stratégiques – il faut avoir un minimum de bon sens de savoir faire profil bas et avaler son arrogance.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Le plafonnement occidental du prix sur le pétrole russe aura peu d’impact sur la Russie

09.12.2022

Le plafonnement des prix sur le pétrole en provenance de Russie ne fera que payer à l’Occident le prix élevé pour de telles actions, à l’inverse de l’Etat russe, paralysant par la même occasion les principes de marché occidentaux. C’est ce qu’il ressort de l’avis des experts chinois.

Alors que la Russie a averti ce lundi qu’elle répondra au plafonnement des prix sur son pétrole brut à l’initiative étasunienne et de ses alliés, les experts chinois interrogés par le quotidien Global Times ont souligné que ledit plafonnement des prix entrainerait des pertes pour Moscou, mais dont l’étendue sera relativement limitée, car la Russie dispose de plusieurs plans alternatifs.

Le quotidien chinois indique à ce titre que le prix fort sera payé par l’Europe bruxelloise – creusant l’écart de ses propres divisions internes et paralysant les principes de marché sur lesquels l’Occident s’est construit. Tout en rappelant la position officielle chinoise sur la question, citant Mao Ning – porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la République populaire de Chine qui a déclaré que la coopération énergétique sino-russe était toujours menée dans un esprit de respect et d’avantages mutuels, et que le fait de pouvoir assurer la sécurité de l’approvisionnement énergétique mondial était d’une importance vitale.

Pour Cui Heng – chercheur adjoint au Centre d’études russes de l’Université normale de Chine orientale – Moscou ressentirait un pincement car la décision occidentale de plafonnement limiterait la capacité de la Russie à exporter du pétrole en Occident, mais cela n’aura pas d’impact majeur.

«Elle peut trouver des acheteurs tels que la Chine et l’Inde dans l’objectif de combler le vide, tout comme elle peut contourner le plafonnement en exportant d’abord le pétrole vers les pays du Moyen-Orient, puis en Europe», a déclaré l’expert chinois. Cela sans oublier l’option de pousser davantage de pays européens à demander des exemptions aux nouvelles limitations (à l’instar de la Hongrie, ndlr).

Cui Heng ajoute que l’Europe bruxelloise paiera le prix de ses actions, car devra trouver des substituts au brut russe et payer des tarifs plus élevés pour acheter au Royaume-Uni et aux Etats-Unis.

Pour Wang Yiwei – directeur de l’Institut des relations internationales de l’Université Renmin de Chine – le fait de vouloir fixer un prix plafonné constitue une grave violation des principes du marché pour une industrie mature. Et qu’une telle intervention ne fera que saper la crédibilité des gouvernements concernés, tout en pesant lourdement sur leurs économies déjà en difficulté.

Enfin et au-delà de l’opposition des grandes puissances internationales comme la Chine et l’Inde à de telles pratiques et désireuses de maintenir le cap d’une coopération énergétique de haut niveau avec la Russie, les experts chinois interrogés par Global Times ont également rappelé que l’OPEP+, qui réunit les principaux exportateurs mondiaux de pétrole, a convenu de maintenir le cap visant à réduire la production journalière de pétrole – à hauteur de deux millions de barils par jour.

En ajoutant que la voix de l’OPEP+ grandit sur la scène internationale, au moment où l’organisation devient de plus en plus indépendante dans l’élaboration de sa politique, et en se libérant des pressions étasuniennes.

En parlant donc des perspectives à venir, et comme bien rappelés par les experts chinois – l’Europe bruxelloise continuera à représenter le dindon de la farce dans la guerre de Washington contre la Russie et les partisans de la multipolarité. Vraisemblablement le dossier gazier n’apprend rien aux agents de l’atlantisme sur le sol européen, qui oublient par la même occasion que de nombreuses options de Moscou restent toujours dans le tiroir. La question – jusqu’à quand? Et cela non seulement dans les domaines du pétrole et du gaz, mais aussi sur la question stratégique par exemple de l’uranium, entre autres.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Commerce international & sanctions: le monde ne tourne pas sur l’Occident

07.11.2022

Depuis le début de l’opération militaire spéciale de la Russie, l’Occident avait espéré mettre rapidement Moscou à genoux en créant une large coalition internationale anti-russe. Huit mois plus tard, le constat est sans appel. Non seulement l’écrasante majorité du monde ne n’est pas jointe aux sanctions contre l’Etat russe, mais au contraire de nombreux pays ont tiré profit et ont considérablement accru leurs échanges avec Moscou.

Dans un récent article, le quotidien étasunien The New York Times revient sur la question des échanges économico-commerciaux de la Russie depuis le lancement de l’opération militaire spéciale, en notant que le commerce international avec la Russie a explosé cette année, alors même que des pays (occidentaux) ont imposé des sanctions à son encontre.

L’un des principaux porte-voix médiatiques US affirme également que bien qu’un certain nombre de pays avaient juré de rompre leurs liens économiques avec l’Etat russe et imposé des sanctions destinées à paralyser son économie depuis le début de l’opération militaire spéciale, cela n’a pas abouti. En qualité d’un des plus importants producteurs mondiaux de pétrole, de gaz et d’autres matières premières stratégiques, la Russie continue d’entretenir depuis longtemps des partenariats commerciaux lucratifs. Le journal étasunien précise également que faire rompre ces liens n’est pas chose facile.

Parlons maintenant des chiffres et statistiques. En effet, et se basant comme l’indique NYT sur le volume mensuel moyen des échanges depuis le lancement de l’opération militaire spéciale par rapport à la moyenne des cinq années précédentes, les pays dont les volumes des échanges avec la Russie ont considérablement augmenté depuis le 24 février dernier sont les suivants: l’Inde (augmentation des échanges de 310%), la Turquie (+198%), le Brésil (+106%) et la Chine (+64%).

Précisons à ce titre de notre part que la République populaire de Chine reste le principal partenaire économico-commercial de la Fédération de Russie, avec un volume total des échanges qui devrait à l’issue de cette année dépasser le chiffre des 170 milliards d’équivalent de dollars (record historique). Et l’année prochaine, l’objectif étant de nouveau de battre le record, pour atteindre les 200 milliards d’équivalent de dollars.

Si sur les quatre pays cités – trois (Inde, Brésil, Chine) sont membres du bloc des BRICS, le cas de la Turquie est encore une fois fort révélateur. Membre de l’Otan dont elle constitue la deuxième force armée en termes d’effectifs, la Turquie non seulement ne s’est pas jointe aux sanctions occidentales contre la Russie, et a non seulement préservé ses relations économico-commerciales stratégiques avec Moscou, mais de plus a largement tiré profit des nouvelles opportunités qui s’étaient ouvertes à elle. A noter à ce titre que cette année sera également celle du record historique des échanges russo-turcs, avec un volume annuel qui devrait atteindre l’équivalent de 60 milliards de dollars.

En poursuivant avec les statistiques, on notera également une augmentation considérable des échanges de la Russie avec l’Arabie saoudite (+36%) et avec l’Afrique du Sud (+10%), cette dernière étant également membre des BRICS avec Moscou, Pékin, New Delhi et Brasilia. En se basant donc sur ces données, si l’Occident souhaiterait sanctionner les acteurs étatiques et privés des pays mentionnés, tout en gardant à l’esprit que l’écrasante majorité des membres de la communauté internationale ont refusé d’adhérer aux sanctions occidentales contre Moscou, cela reviendrait à vouloir sanctionner une population totale de… pas moins de 3,2 milliards de personnes. Cela en prenant uniquement en compte la Chine, l’Inde, le Brésil, la Turquie, l’Afrique du Sud et l’Arabie saoudite. Soit seulement six pays…

Mais le fait le plus paradoxal dans cette situation pour les autoproclamés « exceptionnels », c’est que nombre de régimes occidentaux, tout en adhérant officiellement aux sanctions contre la Russie, ont eux aussi accru leurs échanges avec Moscou durant cette période: Belgique (+81%), Espagne (+57%), Pays-Bas (+32%), Norvège (+16%), sans oublier le régime pro-occidental du Japon (+13%). A noter que dans les cinq cas cités – tous ont augmenté considérablement leurs importations depuis la Russie… Faut bien le préciser.

Dans cette situation, Washington et Bruxelles penseraient-ils à sanctionner leurs propres régimes assujettis? Dans le cas de la Belgique (pour rappel augmentation des échanges de 81% avec la Russie), ce serait particulièrement paradoxal, Bruxelles étant non seulement le siège de l’UE et de l’Otan, mais également la capitale de l’Etat belge…

Mais le plus important dans cette situation étant qu’elle aura largement démontré une fois de plus que dans le cadre du monde multipolaire, le monde justement ne tourne pas pour l’Occident, ni autour de l’Occident. Une extrême minorité planétaire, en chute d’influence non seulement au niveau géopolitique, mais également en termes de puissance économique, d’autant plus dont les régimes concernés sont loin d’être largement approuvés par leurs citoyens respectifs, ne peut et ne pourra jamais réimposer son diktat à l’écrasante majorité de la planète. En premier lieu à des Etats pleinement souverains, et même dans une certaine mesure à ceux qui font preuve d’un minimum de pragmatisme et d’intelligence.

Pour le reste, l’hystérie atlantiste peut se poursuivre. Mais elle ne sera aucunement en mesure de bousculer la voie choisie par le monde et la véritable communauté internationale. A un moment ou un autre, l’establishment occidental n’aura d’autre choix que de faire profil bas.

Mikhail Gamandiy-Egorov

L’Arabie saoudite poursuit son rapprochement avec les BRICS

21.10.2022

Riyad aurait confirmé son intention de rejoindre les BRICS, selon le président sud-africain. S’il est encore trop tôt pour dire que cette intention annoncée ira jusqu’au bout, le fait est que cela confirme une fois de plus les grands bouleversements en cours sur l’arène internationale, aux dépens de l’Occident collectif.

L’Arabie saoudite souhaite rejoindre les BRICS – c’est ce qu’a déclaré Cyril Ramaphosa, le président de l’Afrique du Sud, suite à sa visite d’Etat de deux jours dans le royaume. Comme le note le principal quotidien économique indien The Economic Times, cela signale une expansion potentielle spectaculaire du bloc composé déjà du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud, et le tout dans un contexte de tensions croissantes avec les USA, dans le cadre notamment de la crise ukrainienne.

Le chef de l’Etat sud-africain a par ailleurs rappelé que d’autres nations aspirent également à rejoindre les BRICS. Faisant certainement référence à l’Iran, l’Argentine, l’Egypte, l’Algérie ou encore la Turquie. Toujours selon lui la question d’adhésion des nouveaux membres sera étudiée lors du sommet à venir des pays membres, qui aura lieu l’année prochaine, à Johannesburg.

Comme le rappelle encore une fois The Economic Times, les pourparlers entre l’Afrique du Sud et l’Arabie saoudite se sont déroulés en plein milieu d’une dispute entre Riyad et Washington au sujet de la décision de l’OPEP à réduire la production pétrolière à hauteur de deux millions de barils par jour, qu’Observateur Continental avait déjà traité

Le quotidien indien rappelle également que le président étasunien Joe Biden avait menacé la semaine dernière l’Etat saoudien de «conséquences» non précisées et accusé l’allié de longue date de sa ranger du côté de la Russie dans la crise ukrainienne. Les législateurs US avaient appelé à mettre fin à la coopération avec l’Arabie saoudite, notamment dans le domaine de la vente d’armes ou encore dans le cadre d’un retrait du soutien militaire.

S’il est encore trop tôt pour savoir dans quelle direction iront à moyen-long terme les relations entre Riyad et Washington, au moment où certains pensent qu’une séparation totale d’une alliance datant de plusieurs dizaines d’années soit peu probable, et que d’autres pensent au contraire que dans le cadre des événements contemporains la rupture de ladite alliance est tout à fait possible, l’essentiel est que les BRICS continuent d’être la référence pour des pays émergents ou en voie de l’être. Et plus généralement parlant – pour les nations non-occidentales, qui comprennent parfaitement désormais toute l’arnaque du système économico-financier construit par l’Occident.

Une chose est également sûre. La décision ferme de l’OPEP+, où l’Arabie saoudite et la Russie jouaient les principaux rôles – en opposition aux pressions washingtoniennes, ainsi que la volonté transmise au leader sud-africain, confirment que Riyad ne compte pas rater l’occasion de faire pleinement partie de l’ère multipolaire, ni à se retrouver parmi les retardataires et mauvais élèves, représentés par les nostalgiques de l’unipolarité. Et ces événements constituent un casse-tête indéniable pour l’ex-hégémon international, ainsi que pour ses fidèles sous-traitants.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Le grand rendez-vous du Sommet de l’OCS

13.09.2022

Au moment des bouleversements internationaux et d’un affrontement de plus en plus visible entre les partisans de l’ordre multipolaire et les nostalgiques de l’ère unipolaire, le sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai arrive à point pour poursuivre la coordination dans grand nombre d’orientations stratégiques.

Le Premier ministre indien Narendra Modi participera à un sommet régional qui, selon Moscou, donnera lieu à des discussions en tête-à-tête entre les présidents russe Vladimir Poutine et chinois Xi Jinping, comme l’a annoncé dimanche 11 septembre le gouvernement indien, écrit Le Figaro.

Fait tout de même toujours marquant dans la rhétorique occidentale: «sommet régional». S’il est vrai que les pays membres de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) – en l’occurrence la Russie, la Chine, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, l’Inde, le Pakistan et bientôt l’Iran, appartiennent tous au grand espace eurasiatique, il serait tout de même bon de rappeler que la population totale représentée est de pratiquement la moitié de la population mondiale. Cela évidemment sans compter les pays-observateurs: la Biélorussie, la Mongolie et l’Afghanistan. Ainsi que les partenaires de dialogue: Arménie, Azerbaïdjan, Cambodge, Népal, Turquie, Sri Lanka. Et ceux qui sont en cours d’obtention de ce dernier statut, en l’occurrence l’Egypte, l’Arabie saoudite ou encore le Qatar.

En d’autres termes – l’OCS représente une large partie de l’humanité. Et de simples calculs mathématiques permettent strictement à démontrer qui est beaucoup plus apte à faire référence à la communauté internationale. Evidemment, du côté occidental, la prétendue «communauté internationale» reste dans le cadre des 10-15% de la population terrestre, et qui prétendument dépasserait un cadre strictement «régional».

Passons. Il y a tout de même effectivement des points importants à soulever dans ce sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai en Ouzbékistan et qui aura lieu fort symboliquement dans la grande ville historique de Samarkand, l’une des plus anciennes villes habitées d’Asie centrale et ayant été l’une des principales cités de la Route de la soie.

La rencontre attendue entre les chefs d’Etat chinois et russe représente également un grand moment de ce sommet, sachant que ce sera de-facto l’un des deux premiers voyages du leader chinois à l’étranger depuis le début de la pandémie – il se rendra dans un premier temps au Kazakhstan, puis en Ouzbékistan pour le Sommet de l’OCS.

Il apparait aujourd’hui clairement que le rôle de la grande organisation eurasiatique et internationale sera appelé à monter, et ce dans plusieurs dossiers. Parmi lesquels : le renforcement de l’interaction politique, économique et sécuritaire des Etats membres, la poursuite de la défense et de la promotion de l’ordre multipolaire international dont l’OCS est l’un des principaux fers de lance, l’opposition à l’unilatéralisme d’une minorité mondiale extrême, et sans oublier les efforts conjoints dans l’objectif notamment de modifier le travail des différents secrétariats onusiens.

En effet, il est aujourd’hui révoltant qu’une structure comme l’ONU – censée être la base de l’entière communauté internationale – reste dominée, du moins dans les différents groupes de travail et d’analyse, soit par des représentants occidentaux, soit par des représentants assez ouvertement affiliés à l’Occident collectif. Peut-être que ce modèle avait sa «place» dans les années 1990 et le début des années 2000, lorsque les affaires internationales étaient de-facto dominées par l’establishment occidental, malgré l’infime minorité qu’il représentait. Aujourd’hui, cette page est largement dépassée, même si la bête à l’agonie s’accroche jusqu’au bout, il faut bien le reconnaitre.

Car à défaut de réformer en profondeur les diverses structures onusiennes, des organisations comme l’OCS seront appelées dans un avenir assez proche – à prendre leurs propres responsabilités, et si nécessaire devenir des alternatives aux bureaux onusiens existants. Il faut bien le reconnaitre aussi – les divers salariés onusiens issus du petit monde occidental et leurs proxys ne souhaiteront évidemment pas perdre lesdites places, pas plus que les élites atlantistes qui comptent sur eux.

Dans tous les cas, le monde multipolaire et quoiqu’on en dise fort vraisemblablement post-occidental, continuera à monter en puissance dans les mois et années à venir. Les tentatives, y compris radicales, de l’Occident à tenter de stopper ce processus ne mèneront finalement à rien. Et ne feront qu’impacter sérieusement la vie des citoyens ordinaires des pays dirigés par cette extrême minorité planétaire. Et en ce sens, l’Organisation de coopération de Shanghai sera bel et bien la structure clé du nouveau monde qui émerge.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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L’Inde remet les USA à leur place

19.07.2022

Bien que l’Occident collectif, et plus particulièrement Washington, avait vivement souhaité faire basculer l’Inde dans le camp occidental, New Delhi démontre que son agenda n’est pas celui de l’Occident. Une démarche indienne souveraine qui ne fait que renforcer l’axe de la multipolarité.

L’Inde a reproché aux Etats-Unis d’avoir «suggéré» directement aux autorités portuaires de la ville de Mumbai une interdiction d’entrée de navires russes. Les autorités indiennes ont rappelé avoir le droit souverain de traiter avec tous les partenaires mondiaux. L’indécence étasunienne a été vivement critiquée aussi bien au niveau du ministère indien des Affaires étrangères, qu’au niveau de l’opinion publique du pays.

Evidemment, cette nouvelle tentative d’intimidation de la part de Washington à l’encontre de New Delhi n’est pas le fruit du hasard. Après l’échec de faire éloigner la Chine de la Russie et de créer un large front international anti-russe, de même que la perte de plus en plus évidente quant à l’influence sur les alliés d’hier, l’Occident n’a plus peur du ridicule pour tenter à donner l’impression de ne pas couler. Y compris si cela ne fait que ridiculiser un peu plus sa posture.

Mais la retenue et un minimum de honte ne sont pas des caractéristiques de l’establishment occidental. Ces notions sont totalement absentes de sa manière à penser. Et si l’Inde est aujourd’hui dans le viseur atlantiste, ce n’est pas seulement en raison du fait que le pays achète beaucoup de pétrole russe, avec pour la seule demi-année en cours déjà plus de 60 millions de barils achetés à la Russie (contre 12 millions pour toute l’année 2021).

Les autres raisons étant que depuis toutes ces dernières années, l’Occident collectif avait fait des pieds et des mains pour tenter à faire intégrer l’Inde dans son camp, et de l’éloigner au maximum de la Russie comme de la Chine. Pour au final devoir faire face à un énième échec cuisant. Ce n’est pas tout. L’establishment politico-médiatique occidental tente par tous les moyens de présenter l’affrontement final actuel entre les partisans de la multipolarité et les nostalgiques de l’unipolarité comme celui de l’axe «autoritaire» face aux démocraties occidentales.

Des pseudo-démocraties occidentales qui avaient tellement besoin de la véritable et la plus grande démocratie du monde – en l’occurrence la République de l’Inde – ne serait-ce qu’au moins symboliquement à faire partie de leur bloc. Dans l’objectif à redorer le blason des fausses démocraties de l’Occident. Echec également.

Enfin, et là nous parlons de géopolitique et de géoéconomie, l’Inde faisant partie des BRICS comme de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), l’objectif occidental a toujours été de tenter d’affaiblir ces deux grandes organisations – représentant la véritable notion de communauté internationale. Non pas celle à la sauce G7. Et qui aujourd’hui inquiètent vivement les Occidentaux, ou du moins ceux résolument nostalgiques de l’ère unipolaire.

Mais les arrogants extrêmes de l’Ouest semblent oublier une fois de plus à qui ils ont affaire. Cela est d’autant plus choquant dans le cas lorsque le consulat d’un Etat de-facto sans histoire, culture, ni civilisation dignes de ce nom – s’adresse ouvertement à une administration intérieure d’un pays souverain à la civilisation millénaire, et 3ème puissance économique mondiale en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat par la même occasion, sous prétexte que les décisions prises aux USA et en Occident sont censées avoir une portée prétendument universelle.

Si les échecs de Washington et de ses suiveurs européistes, australien ou encore canadien – sont une fois de plus fort démonstratifs de la phase très importante et intéressante de l’histoire contemporaine mondiale que nous vivons en ce moment – il n’en est pas moins que l’Inde devra fermement renforcer sa sécurité vis-à-vis des interférences occidentales – pas tellement politiques dans le cas indien, mais beaucoup plus précisément sécuritaires.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=4074

L’Occident inquiet de la montée en puissance des BRICS

04.07.2022

Longtemps stigmatisée par les prétendus experts occidentaux, l’organisation des BRICS inquiète vivement désormais les divers analystes issus de l’espace occidental qui la voient comme un bloc plus que jamais ouvertement opposé à l’Occident collectif.

«Un bloc anti-occidental émerge, plus puissant que jamais», titre Die Welt, l’un des principaux quotidiens allemands. L’auteur dudit article, Stefan Aust, affirme que si beaucoup en Allemagne pensent que la plupart des pays du monde soutiennent l’Ukraine, la vérité est pourtant toute autre: l’alliance anti-occidentale devient de plus en plus puissante, politiquement et économiquement – et continue de s’étendre à travers le monde.

Pour lui, le bloc anti-occidental est en train d’émerger, plus puissant qu’à n’importe quel moment de l’histoire. A ce titre, il serait fort juste effectivement de reprendre la piqure de rappel de Lijian Zhao – porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères qui dans sa publication récente indique justement à très juste titre que si la population totale des pays composant le G7 est d’un peu plus que 770 millions de personnes, celle des BRICS représente plus de 3 milliards d’habitants de la planète.

Le haut représentant chinois ne manque d’ailleurs pas d’ajouter que «la prochaine fois qu’ils parleront de communauté internationale – vous saurez ce que cela signifie». En effet, les événements en cours, y compris la propagande occidentale largement russophobe autour de l’Ukraine, ont le mérite d’avoir remis amplement les points sur les «i». A savoir que l’Occident collectif, bien que faisant bloc commun (en qualité des nostalgiques de l’unipolarité) représente dans les faits une infime partie de l’humanité, avec tout ce que cela implique.

Les Occidentaux remarquent aussi avec stupéfaction que malgré les sanctions occidentales visant la Russie, y compris à travers les systèmes de paiement comme Visa ou MasterCard – les Russes peuvent désormais utiliser le système chinois UnionPay (accepté dans 180 pays du monde), que le nombre de voitures et d’autres produits fabriqués en Chine augmente largement sur le marché russe, et que même l’Inde – que les Occidentaux voulaient à tout prix voir dans leur bloc – non seulement n’a pas condamné l’opération militaire spéciale de la Russie, mais au contraire augmente fort considérablement ses échanges avec Moscou. Y compris dans la sphère énergétique, comme Observateur Continental l’avait déjà abordé

Aussi, les analystes occidentaux sont aujourd’hui forcés de reconnaitre, avec amertume bien évidemment, que leur suzerain en la qualité des USA – perd progressivement son influence sur les autres continents également. Y compris dans ce que Washington considérait  comme son arrière-cour, à savoir l’Amérique latine, fait qu’Observateur Continental avait également abordé.

Les Occidentaux reconnaissent également qu’aucun pays d’Amérique latine et d’Afrique n’a soutenu les sanctions occidentales contre la Russie. Tandis qu’en Asie, ils peuvent se comptent sur les doigts d’une seule main: Japon, Corée du Sud, régime séparatiste de Taïwan.

Les analystes occidentaux commencent également à reconnaitre, alors que cela était prédit depuis de longues années, que les grandes organisations internationales non-occidentales telles que les BRICS ou encore l’Organisation de coopération de Shanghai, malgré leurs diversités culturelles et politiques – sont unis dans le rejet face la prétendue supériorité occidentale et des pseudo-valeurs que tente d’exporter l’establishment de l’Occident.

Il faudrait certainement également rappeler que l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et les BRICS – abritent ensemble 4 des 10 principales économies mondiales en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat (Chine – 1ère, Inde – 3ème, Russie – 6ème, Brésil – 9ème) et quatre puissances nucléaires par la même occasion (Russie, Chine, Inde, Pakistan). Tout en représentant à eux seuls de-facto la moitié de la population terrestre et plus d’un quart du PIB mondial.

Cela alors que la seule et véritable communauté internationale garde les portes ouvertes pour d’autres nations. A ce titre l’Iran et l’Argentine ont annoncé leurs ambitions de rejoindre les BRICS. Dans le cas de l’Iran, il faudrait rappeler que son adhésion a été déjà validée à l’OCS en qualité de membre de plein droit. Et cela en tenant compte aussi que les présidents Vladimir Poutine et Xi Jinping souhaitent augmenter l’interaction entre les BRICS, l’OCS ou encore l’Union économique eurasiatique. Sans oublier les grands ensembles régionaux et continentaux, notamment africains et latino-américains.

Pour conclure, résumons. L’Occident comprend de plus en plus que l’ère de son extrême arrogance est bel et bien terminée. Et si avant il y avait encore une porte ouverte à devenir pour cet Occident collectif un membre responsable de la véritable communauté internationale, désormais c’est vraisemblablement trop tard. Le monde ne sera plus seulement multipolaire – il l’est déjà – mais bel et bien multipolaire post-occidental.

Car au-delà d’être effectivement une évidente minorité planétaire sur le plan démographique, sur le plan économique l’Occident ne cesse également de perdre sa position de dominant (dans le Top 10 mondial, désormais moins de la moitié sont des économies occidentales et dans un avenir assez proche elles seront encore moins représentées). Les technologies occidentales deviennent de plus en plus remplaçables, et mêmes perdent de l’importance face aux alternatives chinoises et indiennes pour ne citer qu’elles. Quant aux ressources naturelles – l’Occident n’en possède comme au Moyen-Age tout simplement pas, mis à part celles qu’il pille encore à nombre d’endroits de la planète.

Et dans cette réalité résumée – oui, l’Occident devra effectivement apprendre à faire profil bas face à l’écrasante majorité de la planète et de l’humanité.

Mikhail Gamandiy-Egorov