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Un autre monde a déjà émergé

20.02.2023

Visite du président iranien à Pékin, exercices navals conjoints entre l’Afrique du Sud, la Russie et la Chine, représentent indéniablement ce que l’establishment occidental tentait à tout prix d’éviter – à savoir le renforcement de l’alliance pro-multipolaire. Le fait est que le processus en question est non seulement bel et bien enclenché, mais que les ennemis de l’ère multipolaire continueront à observer de manière impuissante la marche en avant de l’écrasante majorité planétaire.

Deux événements récents suscitent de nouveau la colère et la stupéfaction du côté atlantiste occidental. Comme le note le journaliste brésilien Pepe Escobar – la visite du chef de l’Etat iranien Ebrahim Raïssi en Chine dépasse le cadre fortement stratégique de la signature de 20 accords de coopération bilatéraux. Le tout suite à l’accord stratégique historique signé entre les deux pays en été 2020, pour une période de 25 ans, que nous avions déjà précédemment analysé

En effet et pour lui – il s’agit également d’un point d’inflexion crucial dans un processus historique intéressant et complexe, et qui se construit depuis des décennies: l’intégration de l’Eurasie. En rappelant d’ailleurs à ce titre que le président de l’Iran, accueilli notamment durant sa visite en terre chinoise à l’Université de Pékin où il a par la même occasion reçu le titre de professeur émérite, y a prononcé des paroles fortes et pleines de bon sens: «un nouvel ordre mondial se forme et prend la place de l’ancien, un monde caractérisé par un réel multilatéralisme, une synergie maximale, la solidarité et la dissociation des unilatéralismes».

Et que l’épicentre de cet ordre se trouve effectivement en Asie. Au moment où comme Observateur Continental l’a maintes fois rappelé – l’Eurasie représente le fer de lance du renforcement du concept multipolaire mondial actuel, et la véritable notion de communauté internationale.

L’autre événement récent important concerne le lancement des exercices militaires navals conjoints entre l’Afrique du Sud, la Russie et la Chine, qui se tiendront durant 10 jours dans l’océan Indien. Des exercices pour rappel maintenus par le pays hôte – l’Afrique du Sud – malgré les innombrables condamnations occidentales. Ce à quoi la ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Naledi Pandor, avait précédemment répondu sans équivoque: «chaque nation a le droit d’organiser les actions qu’elle juge nécessaire avec les pays amis».

Le tout au moment où la République d’Afrique du Sud préside l’alliance des BRICS et où les pays membres discutent activement des prochaines étapes au sein de l’organisation en vue d’acquérir l’indépendance vis-à-vis des instruments financiers occidentaux.

Tout cela conforte l’idée que les processus que l’axe occidental cherchait à tout prix à faire au moins ralentir – ne font au contraire que s’accélérer. L’arnaque internationale, communément appelée Occident, n’impressionne visiblement plus. Et surtout ne fait que motiver encore plus les nations libres du monde contemporain à effectivement accélérer les démarches de divorce avec l’axe occidental.

Un divorce d’ailleurs qui se consomme déjà à divers endroits de la planète: en Afrique, Moyen-Orient ou encore en Amérique latine. Le parasitage des ressources mondiales via une extrême minorité planétaire – extrêmement arrogante, raciste et qui ne pourra se défaire de sa mentalité néocoloniale – n’aura plus lieu. C’est un fait qu’il faut aujourd’hui admettre, y compris en tenant compte du rideau de fer qui s’installera entre l’Occident d’une part et le reste du monde de l’autre. L’espace occidental ayant définitivement raté sa chance d’intégrer les règles issues de l’ordre multipolaire international. Un ordre et un monde ayant déjà émergé et qui ne vont guère accepter les désirs d’une caste dépassée par les événements contemporains.

Mikhail Gamandiy-Egorov

La mise en garde de Téhéran à Kiev

02.02.2023

La stratégie iranienne vis-à-vis du dossier ukrainien semble aller dans la voie d’un élargissement de l’interaction avec Moscou et d’une opposition encore plus active face aux actions de l’axe otano-kiévien. Le tout au moment où les régimes hostiles à Téhéran sont fortement mécontents de la montée en puissance de l’Iran et de ses liens qui continuent à se renforcer avec la Russie.

L’Iran envisage de changer de stratégie par rapport à la guerre en Ukraine, et ce, suite aux propos hostiles de Kiev sur l’attaque terroriste d’Ispahan, indique la télévision internationale iranienne Press TV.

Si les déclarations hostiles de Mykhaïlo Podoliak, conseillé du président ukrainien contre l’Iran, ne sont pas corrigées par les autorités officielles de ce pays, elles pourraient entraîner la réaction de la part de la République islamique d’Iran, a déclaré une source bien informée au site d’information Nour News, lié au Conseil suprême de sécurité nationale de l’Iran.

Sous couvert de l’anonymat, la source a déclaré que les allégations hostiles du conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky peuvent entraîner «des réactions différentes» de la part de Téhéran, à moins qu’elles ne soient corrigées par les autorités du pays.

«L’insistance de l’Ukraine à menacer la sécurité nationale de l’Iran peut ouvrir la voie à un changement de position de la République islamique d’Iran concernant la guerre en Ukraine et à l’adoption d’une nouvelle approche proportionnée au comportement du gouvernement de Kiev», a affirmé la source.

Plus tôt, le ministère iranien de la Défense avait annoncé dans un communiqué publié dimanche 29 janvier que l’un de ses complexes d’ateliers à Ispahan avait été attaqué par un certain nombre de micro-véhicules aériens (MAV), mais que les défenses aériennes ont réussi à repousser l’attaque.

Le ministère iranien de la Défense avait également rassuré dans le communiqué que l’attaque n’avait causé aucune perte de vie et n’avait fait que des dommages mineurs au toit d’un atelier. Le complexe, ajoute le communiqué, poursuit ses opérations ordinaires après l’attaque.

En termes de perspectives, il est à noter que l’événement en question rentre parfaitement dans le cadre de l’affrontement actuel entre les partisans et défenseurs de l’ordre multipolaire international, dont la Russie, l’Iran et la Chine, d’un côté – et de l’autre – les nostalgiques de l’ère unipolaire – représentés par l’Otan, l’axe des régimes occidentaux et quelques affiliés.

Il est indéniable que l’Iran continue de représenter un os dans la gorge de régimes hostiles à son encontre, dont bien évidemment ceux de Washington et de Tel-Aviv, et ce pour plusieurs raisons. Au-delà d’être un acteur important aux côtés de Moscou et Pékin – l’Iran aura démontré une impressionnante capacité de résistance face aux sanctions unilatérales étasuniennes à son encontre – des sanctions qui étaient censées selon leurs instigateurs à asphyxier l’économie iranienne. Avec comme résultat – un échec flagrant pour les dits initiateurs. Idem pour les innombrables tentatives à organiser une révolution colorée en terre iranienne.

Rajoutons à cela le savoir-faire de la nation iranienne, y compris dans le domaine de la recherche et des sciences, et bien évidemment une montée sans précédent au cours des dernières années de l’influence de l’Etat perse à l’échelle régionale et même internationale. Et depuis les événements récents, une interaction encore plus importante avec Moscou dans la sphère sécuritaire, économique, logistique et politico-diplomatique – tout cela représente bien évidemment un développement fortement non souhaitable pour les nostalgiques de l’unipolarité. D’où les nouvelles tentatives terroristes à son encontre de la part des forces ennemies.

Le seul souci pour les instigateurs du chaos à l’échelle internationale, c’est qu’en tentant une fois de plus à déstabiliser l’Iran – ils risquent bien gros. Il faut à ce titre rappeler que la République islamique est classée en 2023 – 17ème puissance militaire mondiale (devant Israël). Avec une capacité de combat, et ce de divers types d’unités militaires, qui n’est plus à démontrer. Sans oublier l’option d’ouverture de plusieurs fronts, d’autant plus dans une région où sont stationnés des dizaines de milliers de militaires US, pouvant devenir des cibles très faciles.

Tout cela pour dire que les mises en garde iraniennes visent bel et bien principalement Washington et Tel-Aviv. Quant à Kiev, dont il est question uniquement sur la base d’un régime fantoche, il est fort probable que Téhéran y apportera effectivement aussi la réponse adéquate.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Le soutien au régime kiévien s’étouffe à l’ONU

16.11.2022

Malgré la pression occidentale sur de nombreux pays, le soutien affiché à Kiev au niveau onusien diminue drastiquement, et ce de l’aveu même des médias de l’Occident. Le tout récent vote de l’Assemblée générale de l’ONU promu par l’establishment atlantiste en vue de faire profiter le régime kiévien de réparations russes le confirme amplement.

La toute récente résolution occidentalo-kiévienne votée à l’Assemblée générale de l’ONU constitue un revers de poids pour Kiev et ses principaux parrains. Au-delà d’être non-contraignante, elle affiche surtout la perte du soutien international à la coalition pro-occidentale, et cela alors que les élites atlantistes maintiennent une pression hors norme sur la communauté internationale.

Avec 94 votes en faveur de ladite résolution, 13 votes contre, 74 abstentions et 11 non-participations au vote, malgré son adoption – la coalition pro-occidentale a recueilli moins de la moitié des voix des Etats membres de l’ONU. The Washington Post confirme cette réalité en indiquant qu’il s’agit d’un des plus bas soutiens en faveur de Kiev lors des cinq résolutions relatives à l’Ukraine votées par l’Assemblée générale onusienne, depuis le début de l’opération militaire spéciale de la Russie, le 24 février dernier.

La consternation occidentale est certainement d’autant plus grande que parmi les 13 pays ayant voté ouvertement contre l’initiative occidentalo-kiévienne on retrouve la République populaire de Chine – membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, première puissance économique mondiale en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat et tout simplement l’une des principales puissances internationales. Le vote de la Chine d’opposition ouverte à la résolution occidentale s’est fait aux côtés de la Biélorussie, de la Centrafrique, de Cuba, de la Corée du Nord, de l’Erythrée, de l’Ethiopie, de l’Iran, du Mali, du Nicaragua, de la Syrie, du Zimbabwe et évidemment de la Russie.

A noter que les élites occidentales avaient plusieurs fois répété dans le passé qu’ils doivent recueillir pas moins de 100 votes en faveur des résolutions concernant l’Ukraine, à défaut de quoi ce serait considéré comme un échec. En oubliant très souvent de rappeler que même lors des votes où ladite coalition réussissait à obtenir un nombre bien plus conséquent que lors de la toute récente Assemblée générale, le poids démographique des nations représentées n’était jamais à l’avantage des régimes occidentaux. Et désormais cette réalité devient nettement plus visible.

Une chose est sûre. Ce vote aura largement démontré une fois de plus que l’Occident n’a aucune valeur à pouvoir prétendre parler au nom de la communauté internationale. Cela d’autant plus qu’à la différence des régimes atlantistes, Moscou et Pékin n’ont point besoin d’intimider, menacer ou faire du chantage vis-à-vis des Etats membres onusiens pour obtenir les votes nécessaires. A l’énorme différence de l’establishment occidental.

Les espoirs donc de l’Occident collectif quant au fait que l’isolation de la Russie pourrait à terme se réaliser – non seulement ne se concrétisent pas, mais subissent de-facto la ridiculisation, compte tenu de tous les efforts des nostalgiques de l’unipolarité. Et cela sans même aborder de nouveau les problèmes économiques qui touchent de plus en plus fermement les instigateurs et promoteurs des sanctions unilatérales. L’effet boomerang dans toute sa splendeur.

Mikhail Gamandiy-Egorov

BRICS: l’alliance pro-multipolaire face à l’élargissement

10.11.2022

L’élargissement de l’alliance des BRICS semble aller de plus en plus vers la voie de la concrétisation, avec la possibilité d’adhésion de nouveaux membres au sein du bloc pro-multipolaire. Le concept des BRICS+ prend une tournure de plus en plus intéressante.

Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) devront certainement bientôt se concerter quant à l’adhésion de nouveaux membres au sein du bloc représentant déjà près de la moitié de la population du monde et plus d’un quart du PIB mondial. Après l’Iran, l’Argentine, l’Egypte, l’Arabie saoudite ou encore la Turquie, ayant exprimé leur souhait à se joindre aux BRICS, désormais c’est également l’Algérie qui a officialisé sa demande d’adhésion.  

S’il est encore tôt de connaitre les étapes d’adhésion pour chacun des dossiers, ainsi que le timing nécessaire, le fait est que cela confirme largement le désir de nombreux pays à se joindre au bloc des grandes puissances internationales, n’adhérant pas à la vision occidentale du monde.

L’autre point important à souligner c’est que tout semble indiquer la bienveillance vis-à-vis des nouvelles adhésions non seulement de la part de la Chine et de la Russie, mais également des trois autres membres composant l’alliance.

Par ailleurs, et ce qui devient également intéressant, c’est que le bloc des BRICS – conçu au départ comme une alliance économique et qu’il est toujours d’ailleurs, poursuit le renforcement de l’interaction dans d’autres domaines importants. Ainsi, l’annonce de nouveaux exercices militaires navals conjoints entre l’Afrique du Sud, la Russie et la Chine, prévus normalement pour février prochain, inquiète déjà de nombreux représentants occidentaux, ainsi que leurs proxys. Ce seront les seconds exercices du genre depuis 2019.  

A ce titre, l’opposition pro-occidentale n’a pas manqué de critiquer cette décision du leadership politique et militaire sud-africain. Mais fort probablement ne pourra pas y faire grand-chose. Après tout, l’expression du «chien aboie, la caravane passe» y trouve tout son sens. Le déroulement des dits exercices conforte l’idée que les BRICS ne se limitent plus uniquement à collaborer dans l’orientation économique, en qualité d’alternative majeure au système occidental, mais s’ouvrent à de nombreux autres domaines d’intérêt stratégique.

Un point important concerne le fait que les divers analystes occidentaux avaient prédit durant de longues années que cette alliance n’allait pas durer, tellement les cultures de chacun des membres sont différentes et que tôt ou tard l’alliance implosera. Nombreux étaient également ceux qui avaient espéré un rôle néfaste du Brésil lors de l’arrivée au pouvoir du président Jair Bolsonaro. Cela n’est pas arrivé, Brasilia ayant pleinement respecté ses engagements au sein du bloc et ayant continué à accroitre son interaction économico-commerciale avec les autres membres, dont la Chine et la Russie.

A ce titre, l’augmentation plus que conséquente des échanges entre le Brésil et la Russie depuis le 24 février dernier ne fait que le confirmer. Pour rappel, une augmentation de 106% sur la base du volume mensuel moyen par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Le retour du président Lula da Silva devrait maintenir le cap, voire le renforcer encore plus, sachant qu’il était l’un des principaux partisans et architectes de l’intégration du Brésil au sein des BRICS. Le tout au grand dam des espoirs occidentaux.

Quant aux autres pays membres, aucune force interne ne semble être en mesure de pouvoir faire basculer les projets du bloc. Pas même l’opposition sud-africaine, qui malgré toute sa rhétorique hostile ne peut défaire le parti historique de Nelson Mandela et de ses camarades – l’ANC. Une chose est sûre: les prochains mois et années seront intenses en termes de travail pour l’alliance des BRICS, et certainement maintenant bientôt des BRICS+.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=4401

La coopération militaire russo-iranienne face à l’Occident collectif

19.10.2022

Pendant que la Russie dans le cadre de son opération militaire spéciale doit faire face à tout l’Otan et tout l’Occident collectif, le partenariat militaro-technique entre Moscou et Téhéran suscite déjà d’énormes inquiétudes au sein des cercles occidentaux et de leurs proxys.

Inquiétudes en effet dans les capitales occidentales, ainsi que du côté du régime fantoche kiévien, dans le cadre d’une coopération militaire qui semble de plus en plus se confirmer entre Moscou et Téhéran. «L’Iran a accepté d’expédier des missiles et encore plus de drones à la Russie, défiant l’Occident» – écrit Reuters.

Il est notamment question de livraisons de missiles balistiques iraniens possédant une précision améliorée, en particulier la famille des missiles Fateh et Zolfaghar. De nouveaux lots de drones kamikazes Shahed-136 devraient également être livrés – des drones ayant déjà fait leurs preuves dans les frappes contre des installations militaires et énergétiques du régime kiévien. Certaines sources avaient également mentionné l’éventualité de livraisons de drones d’attaque sophistiqués à longue portée Arash 2, pouvant par la même occasion transporter des charges plus importantes que ce n’est le cas pour Shahed-136.

Pendant ce temps et selon le général de division iranien Yahya Rahim Safavi – 22 Etats étrangers sont déjà intéressés par l’acquisition de drones iraniens. Pour revenir au partenariat entre la Russie et l’Iran, vu l’hystérie qu’il semble provoquer au niveau des régimes occidentaux et de leur proxy kiévien, ce dernier menaçant d’ailleurs la République islamique de rupture complète des relations diplomatiques, cela confirme l’importance et l’efficacité d’un tel partenariat.

Au-delà d’avoir déjà pour les deux nations activement collaborées ensemble dans la lutte antiterroriste en République arabe syrienne, y compris contre les groupes terroristes de Daech et d’Al-Qaïda, et de partager de nombreuses visions communes pour l’espace eurasiatique et dans les affaires internationales, le fait désormais de travailler ensemble dans la guerre ouverte entre la multipolarité et les vestiges de l’unipolarité, s’apparente de plus en plus à une complémentarité nécessaire.

Il faut bien le reconnaitre, la Russie – deuxième puissance militaire mondiale – a pris un certain retard dans la production à grande échelle de drones de combat. Bien que les récentes utilisations à succès des drones kamikazes, cette fois-ci de fabrication russe, Lancet – confirment que Moscou rattrape activement le retard. Il n’empêche que le soutien iranien en la matière est opportun, en termes de timing et des objectifs à atteindre prochainement.

De l’autre côté, et c’est certainement cela qui inquiète vivement les régimes occidentaux ou encore celui de Tel-Aviv – c’est l’éventualité pour l’Iran de pouvoir obtenir de la part de la Russie des avions de combat de dernière génération, voire un système anti-missile encore plus avancé que les S-300, déjà livrés dans le passé à la République islamique. Rappelons à ce titre que l’Iran est déjà la 14ème puissance militaire mondiale selon le classement international pour cette année – juste derrière la Turquie, et devant Israël (18ème).

Il est donc évident que le savoir-faire réciproque et un partenariat gagnant-gagnant permettront aux deux nations d’encore plus renforcer la donne stratégique à l’échelle régionale et internationale. Et si certains personnages en Occident tentent de présenter les livraisons iraniennes à la Russie comme une prétendue «faiblesse» de cette dernière, alors qu’il ne s’agit que d’une compensation d’un des rares domaines du secteur militaire où l’Etat russe peut encore largement s’améliorer, que dire des dizaines de régimes otanesques, aujourd’hui directement impliqués dans la guerre contre Moscou, et malgré les énormes moyens à leur disposition – n’arrivant pas à défaire la Russie.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=4336

Les mensonges étasuniens sur le programme nucléaire iranien

26.07.2022

Le directeur de la CIA a reconnu que les Etats-Unis avaient de-facto menti sur l’Iran, plus particulièrement sur l’éventuelle obtention de l’arme nucléaire par la République islamique. Des informations qui démontrent une fois de plus qui représente le seul et véritable danger dans les affaires internationales.

Les responsables US commencent à admettre les mensonges longtemps propagés par Washington à l’encontre de Téhéran, écrit Lucas Leiroz, chercheur brésilien en sciences sociales à l’Université fédérale rurale de Rio de Janeiro.

En effet, William Burns, directeur de la CIA, a déclaré mercredi 20 juillet que l’Iran n’avait en fait jamais repris son programme de production d’armes nucléaires, et ce depuis 2004. Si cette déclaration ne fait en réalité que confirmer ce que disaient nombre d’analystes internationaux, il est effectivement assez impressionnant que cette affirmation émane du chef du renseignement étasunien.

En décembre dernier, le même Burns avait d’ailleurs déjà déclaré que les Etats-Unis ne disposaient pas de suffisamment de raisons pour croire que l’Iran prévoyait de produire des armes nucléaires. Comme l’indique également l’auteur de l’article, mis à part le directeur de la CIA, l’ex-chef du renseignement militaire israélien, Tamir Hayman, avait précédemment déclaré que Tel-Aviv n’avait trouvé aucune preuve que Téhéran envisagerait de développer des armements nucléaires, malgré le fait qu’il existait un important processus d’enrichissement d’uranium.

Pour rappel, la République islamique d’Iran avait plusieurs fois déclaré que son refus de produire des capacités militaires nucléaires n’est pas lié à la question des sanctions, mais tout simplement en raison de l’idéologie de la nation iranienne. Et comme le rappelle également Lucas Leiroz – la réalité est surtout que l’utilisation pacifique de la technologie nucléaire par l’Iran pourrait également devenir «dangereuse» pour les intérêts US.

A savoir que la technologie nucléaire pacifique et propre permet, notamment, des niveaux élevés de développement industriel et scientifique, en plus de renforcer la puissance militaire, comme par exemple la fabrication de sous-marins à propulsion. Tout en ajoutant que toute forme de développement matériel de ses ennemis géopolitiques est déjà considérée par les USA comme un «problème», et c’est précisément la raison pour laquelle Washington tente à tout prix de neutraliser le programme nucléaire iranien.

Le chercheur brésilien va encore plus loin en rappelant que tout le récit washingtonien autour du programme nucléaire iranien est devenu en quelque sorte une «arme rhétorique» pour l’establishment étasunien. Car avec ce discours, il est devenu possible de tenter à mobiliser une partie de la communauté internationale contre la prétendue «nucléarisation», justifier des sanctions illégales, lancer des opérations militaires et même des actes terroristes dans le but d’assassiner des responsables et scientifiques iraniens.

Pour Lucas Leiroz, cette rhétorique anti-iranienne fonctionne de manière similaire avec le récit autour de la prétendue invasion de l’Ukraine par la Russie, alors que pour l’auteur de l’article ce ne sont que des récits sans fondement, servant aux manœuvres occidentales à l’international.

A notre niveau, il faudrait certainement rajouter que ce qui fait effectivement peur à Washington comme à son principal allié régional et peut-être même international Tel-Aviv – c’est justement l’incroyable capacité scientifico-intellectuelle de la nation perse, qui malgré les innombrables sanctions occidentales prises à son encontre, a non seulement fait preuve de résistance efficace, mais également a activement poursuivi le développement, et ce dans de nombreux secteurs. Etant à ce titre l’actuelle 14ème puissance militaire mondiale (devant Israël – 18ème) et la 21ème puissance économique mondiale en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat.

Et pour conclure sur la question du nucléaire iranien, il est aujourd’hui évident que l’Iran n’a pas besoin d’arme atomique pour pouvoir se défendre efficacement face à ses principaux ennemis et adversaires. Le renforcement sans précédent des positions iraniennes à l’échelle régionale et internationale ne font d’ailleurs que largement le confirmer. A cela s’ajoutent son alliance avec la Russie et la Chine, ainsi que l’appartenance aux principaux défenseurs de l’ordre multipolaire mondial.

Mikhail Gamandiy-Egorov

L’Egypte, l’Arabie saoudite et la Turquie s’intéressent aux BRICS

15.07.2022

Les prévisions quant au fait que de nombreux pays, y compris longtemps liés à l’Occident, regardent de plus en plus en direction des grandes puissances non-occidentales et des organisations d’intégration correspondantes, avancent dans la voie de la concrétisation. Le concept des BRICS+ semble inévitablement prendre son envol.

Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) s’attendent à ce que l’Egypte, l’Arabie saoudite et la Turquie puissent rejoindre le groupe dans un avenir proche, écrit Middle East Monitor. Cette information est rapportée via Purnima Anand, présidente du Forum international des BRICS.

Cela alors même que tout récemment l’Iran et l’Argentine avaient déjà exprimé le désir d’intégrer la grande organisation internationale, représentant pratiquement la moitié de la population mondiale, plus d’un quart du PIB du monde, et 4 des 10 principales économies mondiales en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat. Le tout également au moment où l’Occident ne cache désormais plus son inquiétude quant à la montée en puissance de ladite alliance et son orientation de plus en plus anti-occidentale.

Purnima Anand a par ailleurs déclaré que la Chine, la Russie et l’Inde avaient déjà abordé la question de l’élargissement des BRICS en lien avec les pays mentionnés lors du 14ème Sommet de l’organisation, qui s’est tenu le mois dernier. «Tous ces pays ont manifesté leur intérêt à adhérer et se préparent à postuler pour l’adhésion. Je pense que c’est une bonne étape, car l’élargissement est toujours perçu positivement. Cela augmentera clairement l’influence des BRICS dans le monde».

Elle a également ajouté que l’adhésion de l’Egypte, de l’Arabie saoudite et de la Turquie pourrait ne pas avoir lieu au même temps pour les trois concernés. De son côté Li Kexin, directeur général du Département des affaires économiques internationales du ministère chinois des Affaires étrangères, avait précédemment indiqué que plusieurs pays «frappaient aux portes» de l’organisation, dont l’Indonésie, la Turquie, l’Arabie saoudite, l’Egypte et l’Argentine, notamment.

En parlant maintenant des perspectives de l’élargissement des BRICS et du concept BRICS+, il est à noter qu’Observateur Continental avait déjà abordé récemment cette question. En ce qui concerne plus précisément les cas de l’Egypte, de la Turquie et de l’Arabie saoudite – il serait correct de les analyser brièvement au cas par cas.

L’Egypte est actuellement la 22ème économie mondiale (juste derrière l’Iran) et la première en Afrique en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat. Sur le plan du PIB nominal, le pays des pharaons est classé 35ème à l’échelle mondiale et deuxième sur le continent africain (derrière le Nigéria). Le pays est par la même occasion la 12ème puissance militaire du monde en 2022 – première d’Afrique et du monde arabe. Le Caire peut également se vanter d’avoir des relations développées avec la Chine et la Russie, notamment, confirmant le fait d’être un membre potentiel intéressant pour les BRICS.

En ce qui concerne l’Arabie saoudite et la Turquie – ce sont des cas effectivement particuliers et également intéressants. La première étant la 17ème économie mondiale en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat (18ème en termes de PIB nominal). Longtemps considérée comme l’un des deux principaux alliés de Washington au Moyen-Orient (avec Israël), Riyad a engagé néanmoins récemment une orientation stratégique intéressante et axée sur la multipolarité. A l’instar des Emirats arabes unis, autre pays de la région longtemps considéré comme un allié de l’Occident, l’Arabie saoudite a souhaité préserver la coopération avec Moscou sur les questions énergétiques et géopolitiques, malgré les pressions washingtoniennes.

Quant à ses relations avec la Chine, l’Etat saoudien, au-delà d’être l’un des deux principaux (avec la Russie) fournisseurs de pétrole à Pékin, étudiait par la même occasion la possibilité de recevoir les paiements chinois pour le brut saoudien – en yuans. Une réalité fort déplaisante pour Washington. La suite dépendra bien évidemment de la capacité de Riyad à poursuivre l’éloignement de l’axe anglo-saxon en privilégiant celui de la multipolarité. Quant aux relations avec l’Iran, ayant déjà débuté la procédure d’adhésion en qualité de membre de plein droit au sein de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et souhaitant rejoindre également les BRICS, la plateforme internationale pro-multipolaire pourrait être d’ailleurs l’occasion de normaliser les relations. A suivre donc.

Pour ce qui est de la Turquie, 11ème puissance économique mondiale en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat et 13ème puissance militaire du monde, seul l’avenir pourra dire si l’orientation en faveur de l’axe de la multipolarité sera privilégiée par le leadership turc. Etant membre de l’Otan, et le deuxième effectif armé du bloc atlantiste, Ankara a néanmoins explicitement refusé à se joindre aux sanctions contre la Russie, partenaire économico-commercial stratégique du pays, malgré les innombrables pressions de l’establishment washingtonien et occidental.

Et plus que cela a clairement choisi la voie d’accroitre encore plus les échanges avec Moscou. Dans l’état actuel des choses, il est encore trop tôt de dire si la Turquie pourra intégrer pleinement les BRICS. Néanmoins et dans un avenir multipolaire post-occidental – rien ne sera impossible.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=4068

L’Occident inquiet de la montée en puissance des BRICS

04.07.2022

Longtemps stigmatisée par les prétendus experts occidentaux, l’organisation des BRICS inquiète vivement désormais les divers analystes issus de l’espace occidental qui la voient comme un bloc plus que jamais ouvertement opposé à l’Occident collectif.

«Un bloc anti-occidental émerge, plus puissant que jamais», titre Die Welt, l’un des principaux quotidiens allemands. L’auteur dudit article, Stefan Aust, affirme que si beaucoup en Allemagne pensent que la plupart des pays du monde soutiennent l’Ukraine, la vérité est pourtant toute autre: l’alliance anti-occidentale devient de plus en plus puissante, politiquement et économiquement – et continue de s’étendre à travers le monde.

Pour lui, le bloc anti-occidental est en train d’émerger, plus puissant qu’à n’importe quel moment de l’histoire. A ce titre, il serait fort juste effectivement de reprendre la piqure de rappel de Lijian Zhao – porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères qui dans sa publication récente indique justement à très juste titre que si la population totale des pays composant le G7 est d’un peu plus que 770 millions de personnes, celle des BRICS représente plus de 3 milliards d’habitants de la planète.

Le haut représentant chinois ne manque d’ailleurs pas d’ajouter que «la prochaine fois qu’ils parleront de communauté internationale – vous saurez ce que cela signifie». En effet, les événements en cours, y compris la propagande occidentale largement russophobe autour de l’Ukraine, ont le mérite d’avoir remis amplement les points sur les «i». A savoir que l’Occident collectif, bien que faisant bloc commun (en qualité des nostalgiques de l’unipolarité) représente dans les faits une infime partie de l’humanité, avec tout ce que cela implique.

Les Occidentaux remarquent aussi avec stupéfaction que malgré les sanctions occidentales visant la Russie, y compris à travers les systèmes de paiement comme Visa ou MasterCard – les Russes peuvent désormais utiliser le système chinois UnionPay (accepté dans 180 pays du monde), que le nombre de voitures et d’autres produits fabriqués en Chine augmente largement sur le marché russe, et que même l’Inde – que les Occidentaux voulaient à tout prix voir dans leur bloc – non seulement n’a pas condamné l’opération militaire spéciale de la Russie, mais au contraire augmente fort considérablement ses échanges avec Moscou. Y compris dans la sphère énergétique, comme Observateur Continental l’avait déjà abordé

Aussi, les analystes occidentaux sont aujourd’hui forcés de reconnaitre, avec amertume bien évidemment, que leur suzerain en la qualité des USA – perd progressivement son influence sur les autres continents également. Y compris dans ce que Washington considérait  comme son arrière-cour, à savoir l’Amérique latine, fait qu’Observateur Continental avait également abordé.

Les Occidentaux reconnaissent également qu’aucun pays d’Amérique latine et d’Afrique n’a soutenu les sanctions occidentales contre la Russie. Tandis qu’en Asie, ils peuvent se comptent sur les doigts d’une seule main: Japon, Corée du Sud, régime séparatiste de Taïwan.

Les analystes occidentaux commencent également à reconnaitre, alors que cela était prédit depuis de longues années, que les grandes organisations internationales non-occidentales telles que les BRICS ou encore l’Organisation de coopération de Shanghai, malgré leurs diversités culturelles et politiques – sont unis dans le rejet face la prétendue supériorité occidentale et des pseudo-valeurs que tente d’exporter l’establishment de l’Occident.

Il faudrait certainement également rappeler que l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et les BRICS – abritent ensemble 4 des 10 principales économies mondiales en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat (Chine – 1ère, Inde – 3ème, Russie – 6ème, Brésil – 9ème) et quatre puissances nucléaires par la même occasion (Russie, Chine, Inde, Pakistan). Tout en représentant à eux seuls de-facto la moitié de la population terrestre et plus d’un quart du PIB mondial.

Cela alors que la seule et véritable communauté internationale garde les portes ouvertes pour d’autres nations. A ce titre l’Iran et l’Argentine ont annoncé leurs ambitions de rejoindre les BRICS. Dans le cas de l’Iran, il faudrait rappeler que son adhésion a été déjà validée à l’OCS en qualité de membre de plein droit. Et cela en tenant compte aussi que les présidents Vladimir Poutine et Xi Jinping souhaitent augmenter l’interaction entre les BRICS, l’OCS ou encore l’Union économique eurasiatique. Sans oublier les grands ensembles régionaux et continentaux, notamment africains et latino-américains.

Pour conclure, résumons. L’Occident comprend de plus en plus que l’ère de son extrême arrogance est bel et bien terminée. Et si avant il y avait encore une porte ouverte à devenir pour cet Occident collectif un membre responsable de la véritable communauté internationale, désormais c’est vraisemblablement trop tard. Le monde ne sera plus seulement multipolaire – il l’est déjà – mais bel et bien multipolaire post-occidental.

Car au-delà d’être effectivement une évidente minorité planétaire sur le plan démographique, sur le plan économique l’Occident ne cesse également de perdre sa position de dominant (dans le Top 10 mondial, désormais moins de la moitié sont des économies occidentales et dans un avenir assez proche elles seront encore moins représentées). Les technologies occidentales deviennent de plus en plus remplaçables, et mêmes perdent de l’importance face aux alternatives chinoises et indiennes pour ne citer qu’elles. Quant aux ressources naturelles – l’Occident n’en possède comme au Moyen-Age tout simplement pas, mis à part celles qu’il pille encore à nombre d’endroits de la planète.

Et dans cette réalité résumée – oui, l’Occident devra effectivement apprendre à faire profil bas face à l’écrasante majorité de la planète et de l’humanité.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Comment l’axe anglo-saxon arnaque Paris en Afrique

28.06.2022

Pendant que Paris continue d’accuser régulièrement Moscou et Pékin de frapper ses intérêts sur le continent africain, les anglo-saxons n’hésitent pas à commettre de nouveaux croche-pieds à leur allié hexagonal en Afrique. Une réalité qui met parfaitement en exergue la relation vicieuse qu’entretiennent Washington et Londres à l’encontre de la France et des autres prétendus alliés européens.

Comme déjà annoncé précédemment par Observateur Continental, le système françafricain de l’Elysée est désormais non seulement confronté à la résistance panafricaniste, et à l’alliance de celle-ci avec les principales puissances mondiales non-occidentales, mais également à ses propres alliés anglo-saxons, qui n’hésitent plus à frapper ouvertement les intérêts hexagonaux. Le tout sans remords et avec le sourire. Paris devra apprécier.

L’erreur monumentale des élites hexagonales, aussi bien dans le cadre de leur politique en Afrique qu’à l’échelle globalement internationale, est:

1) de ne pas avoir su adapter leur politique en tenant compte des attentes des Africains. Ni d’avoir été en mesure de se conformer aux nouvelles réalités mondiales multipolaires, en maintenant une mentalité, un discours et des actions caractérisés par une extrême arrogance, si habituelle.

2) d’avoir maintenu pour soi-même un rôle de sous-traitant vis-à-vis de l’establishment anglo-saxon, en continuant à fermer les yeux sur tous les sales coups entrepris contre les intérêts français par les alliés washingtonien et londonien à divers endroits du monde.

Et pendant que l’Elysée et le Quai d’Orsay, réfutant les aspirations populaires africaines de masse, et en lançant des accusations incessantes contre Moscou, Pékin, Téhéran ou encore Ankara – dans l’objectif de justifier les échecs subis – Washington et Londres passent désormais presque ouvertement à l’action pour frapper le pauvre et si obéissant «allié» français.

Observateur Continental l’avait déjà soulevé dans des articles analytiques précédents – le principal allié (ou plutôt suzerain) de Paris, en la qualité de l’axe anglo-saxon, a été observé à tenter de surfer sur la vague souverainiste et panafricaniste, y compris s’il fallait à cet effet reprendre les discours critiques à l’encontre de la Françafrique.  

Désormais, les anglo-saxons sont allés encore plus loin: en faisant adhérer le Togo et le Gabon au Commonwealth – de-facto l’équivalent (néo)colonial britannique de la Françafrique. « Alors qu’ils n’ont pas de liens historiques avec le Royaume-Uni, le Togo et le Gabon ont rejoint samedi le Commonwealth, composé majoritairement d’anciennes colonies britanniques » – rapporte  France 24, l’une des principales voix de propagande hexagonale pour l’international.

Cela est d’ailleurs rapporté par les propagandistes hexagonaux avec une amertume à peine voilée, mais qui traduit si bien la relation de dominant à dominer entre l’axe Washington/Londres et Paris. Quel sera notre pronostic pour la suite? A dire vrai et très vraisemblablement l’Elysée et le Quai d’Orsay feront en sorte d’avaler de nouveau ces énièmes amertume et déception. Après tout, si cela sert les intérêts des chefs du bloc des nostalgiques de l’unipolarité – c’est tout de même pour «la bonne cause».

Maintenant et en quittant la discussion sur les relations familiales sadomasochistes occidentales, comment entrevoir ces tout récents développements pour les Africains et leurs principaux alliés non-occidentaux qui défendent et promeuvent l’ordre multipolaire international? Probablement, il faut le prendre de manière positive.

Tout d’abord et le fait que les croche-pieds se multiplient dans l’axe occidental confirme que l’Occident collectif est loin d’être uni, si ce n’est de faire front commun sur le théâtre clownesque de soutien au régime kiévien et dans l’opposition à reconnaitre l’ordre multipolaire, promu par la Russie et la Chine, notamment.

D’autre part, le fait que l’axe anglo-saxon tente de reprendre la main en marchant sur les intérêts hexagonaux en Afrique confirme que l’establishment occidental comprend parfaitement les difficultés auxquels il fait face sur le continent, et plus généralement à l’échelle internationale. Y compris dans le refus, malgré d’énormes pressions, des pays africains à suivre l’Occident dans la haine et l’hystérie russophobe.

Enfin, et cela est particulièrement rassurant: si certains représentants africains pro-occidentaux changent de cap, passant de Paris à Washington-Londres, cela est fort loin de concerner la société civile africaine qui pour une large partie d’entre elle voit tout l’Occident collectif comme une menace, voire la principale menace, pour l’émancipation totale et le développement de leurs pays respectifs et de l’Afrique dans son ensemble.

Et de la même manière que la Françafrique a subi de plein fouet la colère de millions d’Africains, le Commonwealth, ou autre arnaque occidentale – subira fort vraisemblablement le même sort. Personne ne sera désormais dupe pour ne pas s’apercevoir que l’establishment occidental, aussi rusé soit-il dans le cas anglo-saxon en particulier, est bel et bien la cible à éliminer.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Iran-Russie: le corridor Nord-Sud en tant que route commerciale internationale majeure

21.06.2022

Téhéran et Moscou vont établir des centres de commerce basés dans les deux pays, tout en établissant un corridor Nord-Sud qui pourra rivaliser avec le canal de Suez. Cela en maintenant une coordination de haut niveau sur les questions eurasiatiques et internationales.

L’Iran et la Russie ont signé un protocole d’accord en ce qui concerne la mise en place de centres de commerce mutuels, comme l’annonce le site d’information anglophone spécialisé dans les rapports et les analyses sur le Moyen-Orient – Al-Monitor.

L’un des deux centres sera basé dans la capitale iranienne Téhéran, tandis que le second se trouvera dans la deuxième plus grande ville russe Saint-Pétersbourg. Les centres en question auront pour fonction de faciliter les échanges entre les deux pays dans les secteurs de l’énergie, des transports, de l’électronique, de l’agriculture, de l’alimentation, des produits pharmaceutiques et de la construction.

Le mémorandum a également pour objectif d’aider les hommes d’affaires iraniens et russes à établir des contacts et à effectuer des transactions financières. Le projet visera également à faire accélérer le projet de corridor Nord-Sud – un corridor commercial de première importance pour les deux nations. Pour rappel, les deux pays participent à ce grand projet eurasien, reliant l’Inde à de nombreux autres pays de l’espace eurasiatique à travers un système de routes, de lignes maritimes et de chemins de fer. Ledit projet a pris encore plus d’importance suite aux problèmes qu’avait connus le canal de Suez en mars 2021, lorsqu’un porte-conteneurs s’est échoué, provoquant de sérieuses perturbations pour le commerce maritime dans cette zone stratégique au niveau international.

Evidemment et en parlant de perspectives, ces nouvelles orientations ne font que rajouter encore plus de poids aux relations stratégiques entre l’Iran et la Russie. Faudrait-il rappeler l’adhésion de la République islamique à l’Organisation de coopération de Shanghai (composée de la Russie, de la Chine, du Kazakhstan, du Kirghizistan, de l’Ouzbékistan, du Tadjikistan, de l’Inde et du Pakistan) – en qualité de membre de plein droit? Sans oublier l’interaction avec l’Union économique eurasiatique (UEEA) également considérée comme une orientation stratégique pour Téhéran ou encore la coopération dans la sphère militaro-sécuritaire, y compris dans le cadre du triumvirat Russie-Chine-Iran.

Il devient désormais évident que l’Eurasie continuera à jouer un rôle de premier poids dans l’ordre multipolaire international. Et vraisemblablement désormais non plus seulement dans un cadre multipolaire, mais bel et bien multipolaire post-occidental, à l’heure où l’Occident s’est de facto lui-même isolé de la communauté internationale, en continuant obstinément à prétendre vivre encore dans l’ère unipolaire du diktat occidental.

Evidemment et dans le cadre eurasiatique, la Russie, la Chine et l’Iran – jouent des rôles déterminants aussi bien sur le plan civilisationnel d’appartenance à l’Eurasie, mais également du point de vue des orientations géopolitiques, géoéconomiques et militaro-sécuritaires au niveau régional et international. Des orientations appelées à se renforcer, comme le confirme y compris le projet du corridor Nord-Sud, s’ajoutant parfaitement au grand projet chinois des Nouvelles routes de la soie, et créant par la même occasion des défis supplémentaires à l’axe anglo-saxon ayant longtemps pensé dans l’histoire contemporaine pouvoir dominer sans partage sur les axes commerciaux internationaux.

Mikhail Gamandiy-Egorov