Archives du mot-clé mainstream occidental

Centrafrique: fin de partie pour les groupes armés?

Les Forces armées centrafricaines avec le soutien des alliés de la RCA semblent avoir repris les choses en main face aux groupes armés qui il y a encore récemment menaçaient de nouveau la stabilité du pays. L’intérêt est également de se pencher sur le traitement de l’information visant la Centrafrique de la part des médias mainstream.

Le 15 décembre dernier, à quelques jours des élections présidentielles en République centrafricaine, plusieurs groupes armés avaient dénoncé l’Accord de Khartoum dont ils étaient signataires, et avaient émis une série d’ultimatums vis-à-vis du gouvernement du pays. Les élections avaient tout de même eu lieu à la date prévue, avec comme résultat une réélection dès le premier tour du président Faustin-Archange Touadéra.

Bien que n’ayant pas réussi à prendre la capitale Bangui, ni à saper le déroulement des élections, les dits groupes armés avaient néanmoins continué à déstabiliser la situation intérieure, notamment en bloquant l’axe routier qui relie la Centrafrique au Cameroun – représentant par la même occasion le principal axe commercial du pays. Fait intéressant: les médias occidentaux, notamment français, relayaient en grande pompe ces informations, bien souvent en se référant sur des «sources» bien informées sur place. Des sources se trouvant dans la plupart des cas dans le camp des groupes armés.

Mais il a suffi que le gouvernement de la RCA reprenne la situation en main, pour que ces mêmes médias deviennent pour certains pratiquement muets, pour d’autres relayant un minimum d’information, le tout avec peu d’enthousiasme. En effet, ce mois de février peut être considéré comme celui d’une contre-offensive majeure des Forces armées centrafricaines (FACA) en vue d’en finir avec les groupes armés sur toute l’étendue du territoire national.

Déjà le communiqué du gouvernement centrafricain du 11 février dernier, annonçant notamment la libération de nombre de villes du pays, n’avait pas eu droit au même niveau de diffusion du côté des médias mainstream, notamment français, que lors des attaques rebelles.

Evoquant ce dimanche 21 février la révocation par le président centrafricain des responsables gouvernementaux qui pour nombre d’entre eux étaient liés aux groupes armés, RFI a eu tout de même enfin le mérite de noter que «les autorités sont en pleine offensive armée sur le territoire, appuyées par leurs alliés russes et rwandais».

En ajoutant même que les forces gouvernementales ont repris position dans de nombreuses localités, dont Bambari. Et qu’enfin, se référant au Premier ministre centrafricain (Firmin Ngrebada, ndlr), l’armée nationale serait aux portes de Bossangoa, fief de François Bozizé, ex-chef d’Etat s’étant mis à la tête de la récente rébellion, ce dernier accusé par ailleurs de crimes contre l’humanité.

Par ailleurs et selon nombre de sources, Francis Bozizé – le fils de l’ex-président centrafricain serait actuellement à Moundou, dans le sud du Tchad en compagnie de Mahamat al-Khatim, leader du groupe MPC, ainsi qu’avec des émissaires des anti-balaka pour une «réunion». Le tout vraisemblablement en raison de la gravité de leur situation dans le cadre des défaites subies face aux forces gouvernementales.

Tout cela permettant aujourd’hui d’entrevoir une plausible fin de partie pour les groupes armés. A ce titre, le traitement de l’information de la part des médias mainstream permet certainement de faire un certain parallèle entre la RCA et un pays non-africain – en l’occurrence la Syrie. On se rappelle bien comment les médias occidentaux se donnaient la peine de relayer les avancées des groupes terroristes sur les positions gouvernementales. Pour certains avec un enthousiasme peu voilé. Un enthousiasme qui volera en éclat après la reconquête du territoire national par l’armée gouvernementale syrienne, soutenue par les forces alliées. Et même lors la libération de la cité de Palmyre – patrimoine mondial de l’UNESCO des mains des salafistes de Daech – les médias mainstream avaient été forcés de relayer ladite information, mais là aussi et le plus souvent plutôt avec amertume qu’autre chose.

Cette contradictoire, mais désormais plus vraiment surprenante, approche dans le traitement de l’information du côté des médias mainstream, y compris hexagonaux, a néanmoins plusieurs mérites indéniables. Tout d’abord, elle permet d’ouvrir un peu plus les yeux à ceux qui encore pouvaient avoir des doutes quant au manque d’objectivité des dits médias. Et surtout de renforcer encore plus les positions de médias panafricains qui relayaient au cours des derniers mois et des dernières semaines des informations détaillées sur la situation en Centrafrique, avec en prime une mise en perspectives de la part d’experts d’Afrique et d’ailleurs. C’est notamment le cas de la chaine de télévision panafricaine Afrique Média dont la popularité au niveau continental n’est plus à présenter.

Le constat final est pourtant simple: l’objectivité est de moins en moins présente dans les médias dits libres de l’Occident. Et les derniers événements en matière de traitement de l’information ne font que renforcer cette thèse. Surtout lorsque les événements en cours vont à l’encontre des intérêts géopolitiques des pays et cercles d’intérêt auxquels ces médias sont liés. Et ce qui rassure aussi, c’est que le manque d’enthousiasme actuel de la part de ces médias quant aux succès des forces gouvernementales centrafricaines face aux bandits de grand chemin manipulés depuis l’extérieur, confirme justement une situation fort difficile pour ces derniers. Au grand mécontentement de leurs parrains – mais pour le bonheur de l’écrasante majorité du peuple de la Centrafrique.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=2469

https://t.me/observateur_continental/883

BRICS: coopération médiatique d’un monde multipolaire

Le cinquième Forum des médias des BRICS a eu le mérite de remettre à l’ordre du jour une orientation fort importante d’interaction entre les puissances composant le groupe – celle d’une coopération accrue dans le secteur médiatique. Le tout à une période cruciale des défis géopolitiques, géoéconomiques, sécuritaires et sanitaires.

La cinquième réunion du présidium du Forum des médias des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) a été tenue lundi par visioconférence. Les participants se sont engagés à unir leurs efforts pour améliorer le mécanisme du forum et intensifier les échanges et la coopération entre les médias des BRICS dans l’ère post-Covid-19. 

Le président et rédacteur en chef de l’agence de presse gouvernementale chinoise Xinhua, He Ping, par ailleurs président exécutif du Forum des médias des BRICS, a noté que «dans le contexte de changements importants jamais vus depuis un siècle, les médias des BRICS devraient saisir la tendance de l’histoire et agir en tant que facilitateurs pour un développement pacifique».

Il a également exhorté les médias des pays BRICS à connaitre la tendance générale du développement mondial afin d’être des narrateurs de l’histoire des BRICS, à suivre les tendances de l’évolution des médias pour être des leaders du développement novateur, et à mettre pleinement en valeur les avantages de la collaboration des nations BRICS en vue d’être ceux qui poursuivent la coopération pragmatique.

Pour Trust Matsilele, professeur de journalisme à l’Université de technologie de la péninsule du Cap en Afrique du Sud, cité par l’agence Xinhua, les médias des BRICS doivent également contribuer à promouvoir les échanges culturels entre les pays membres de l’organisation. Toujours selon cet expert, «les médias jouent un rôle dans la mise en avant auprès du public de l’unicité culturelle des pays des BRICS» et que la promotion des échanges culturels entre les pays membres contribuent également à renforcer davantage les relations économico-commerciales.

En termes de perspectives, si le concept de la coopération sur les plans médiatique et informationnel au sein des BRICS est loin d’être nouveau, désormais l’heure est vraisemblablement au renforcement des actions conjointes. Et ce pour plusieurs raisons. Parmi elles on retrouve évidemment la nécessité de la poursuite du renforcement de l’interaction intra-BRICS, dans le cadre de projets aussi bien bilatéraux que multilatéraux. Pour autant, il ne faut pas oublier également la nécessité d’assurer une réponse médiatique forte et coordonnée aux attaques informationnelles qui continuent de viser aussi bien les pays BRICS – que toutes les nations partisanes de la multipolarité. Notamment de la part du mainstream médiatique occidental.

En effet, que ce soit du côté de nombre de médias occidentaux anglophones, comme francophones, la tendance ne change pas. Il suffit d’ailleurs pour cela d’observer nombre de reportages réalisés par les représentants du mainstream, ne serait-ce que sur l’exemple de sujets liés à la Chine, la Russie, l’Afrique du Sud ou l’Inde, visant à donner une image si souvent déformée sur la réalité des pays concernés. Mais plus que cela – à nuire aux intérêts géopolitiques, géoéconomiques et sécuritaires des dites nations.

Il n’empêche que la donne a changé. D’ailleurs, nombre de journalistes et d’analystes de grands médias régionaux, continentaux et internationaux, l’affirment avec certitude. Pour les panélistes de la grande chaine panafricaine Afrique Média TV – il est aujourd’hui devenu clair que la peur a changé de camp. Et c’est assez logique.

Si l’Occident médiatique pouvait longtemps effectivement se vanter de dominer l’espace informationnel international, désormais plusieurs des médias internationaux dits «alternatifs» dépassent en popularité et appréciation leurs concurrents occidentaux. Et ce aussi bien en Eurasie, Afrique ou en Amérique latine.

Et plus que cela encore, si les attaques informationnelles de l’Occident, bien souvent avec le soutien de ses élites politiques, ne baissent aucunement en intensité, il s’agit effectivement aujourd’hui de la peur pure et simple de voir les partisans de la réalité multipolaire mondiale s’unir et renforcer l’interaction conjointe. D’autant plus que pour ces derniers – tous ensemble il s’agit ni plus ni moins – d’une majorité évidente du globe terrestre. Si l’alliance des puissances non-occidentales est devenue évidente sur la scène géopolitique internationale, l’alliance médiatico-informationnelle constitue également et sans le moindre doute une source d’inquiétude majeure pour les nostalgiques de l’unipolarité révolue.

Mikhail Gamandiy-Egorov

https://t.me/observateur_continental/625

Comment le mainstream couvre le 20ème anniversaire de la rétrocession de Macao à la Chine

12-39

Alors que la République populaire de Chine observe les festivités célébrant le 20ème anniversaire du retour de Macao dans le giron national, après 400 ans d’administration coloniale portugaise, il est intéressant de se pencher sur ce énième exemple du miracle économique chinois, mais également et surtout sur comment les succès de Pékin continuent d’attiser la jalousie du mainstream occidental.

Macao, considéré comme le dernier comptoir et la dernière colonie européenne en Chine et en Asie, s’est réellement métamorphosé en un espace de temps réduit. Sa population a augmenté de 50%, sa richesse elle a été multipliée par six. Selon une étude publiée par le FMI l’année dernière, le PIB de Macao devrait atteindre l’année prochaine 143 000 dollars par habitant, et dépasser ainsi celui du Qatar – actuel premier mondial. Ce succès économique de la région de Macao est dû principalement à deux facteurs: le tourisme et les jeux d’argent, étant une zone abritant un très grand nombre de casinos. Fait notable: les revenus des casinos de Macao sont trois fois supérieurs à ceux de Las Vegas.

Au-delà de ces succès économiques et de l’importance de ces succès pour Macao et pour la Chine en général, il est intéressant de se pencher sur les différences de couverture médiatique. Si pour les médias gouvernementaux chinois, l’heure est clairement à la célébration  , les grands titres des médias occidentaux mélangent un air de jalousie vis-à-vis des réussites du géant asiatique, et le regret que Macao soit loin de suivre les opinions protestataires de Hong Kong – autre région stratégique pour l’Empire du Milieu, rétrocédée à Pékin en 1997 après avoir été une colonie britannique.

En parlant de la presse française, voici quelques exemples de titres sur le sujet: «Xi Jinping joue Macao contre Hong Kong» (Le Figaro) ou «Macao, l’anti-Hongkong qui plait à Pékin» (Le Monde). Un parallèle ouvertement malsain, mais tellement habituel, du mainstream occidental, souhaitant comme à son habitude chercher et trouver dans le succès de ses concurrents géopolitiques et géoéconomiques des failles et des points faibles.

Pourtant, cette rhétorique habituelle anti-chinoise des «bien-pensants» mainstrimois confirme plusieurs choses, pour beaucoup connues elles aussi. Que d’une part l’establishment politico-médiatique occidental est plus qu’intéressé dans la déstabilisation intérieure en Chine. Et le soutien ouvertement affiché aux manifestants hostiles à Pékin à Hong Kong le confirme pleinement. Ceci étant dit, le leadership chinois a réussi jusqu’à maintenant à gérer cette contestation pro-occidentale avec une approche sage qui lui est propre, tout en défendant au mieux sa souveraineté sur le plan politico-diplomatique.

Mais l’Occident politico-médiatique oublie une autre chose – ce même Occident qui adore accuser les partisans de l’ordre multipolaire d’interférence dans les processus politiques d’un certain nombre de pays, dont occidentaux – à travers cette approche connue et reconnue depuis de longues années, il ne fait que faire découvrir ses véritables intentions et son véritable visage. Et surtout démontrer une fois de plus qui interfère réellement dans les affaires intérieures d’Etats souverains. Imaginons ne serait-ce qu’une seconde, que Pékin, Moscou, Téhéran, Ankara ou Caracas, puissent apporter un soutien déclaré aux Gilets Jaunes en France? Quelle serait alors la réaction des «bien-pensants» du Monde et du Figaro? Probablement très différente.

Après cela, ces mêmes donneurs de leçons se fâchent lorsqu’ils finissent par sortir de leur petit monde et découvrir enfin ce que pensent nombre de leurs concitoyens, ainsi que les citoyens des pays de présence des intérêts de l’Elysée, notamment africains. L’establishment français avait même parlé de larges campagnes anti-françaises en Afrique. Mais la chose que ce même establishment n’a toujours pas réussi à saisir, c’est qu’à l’heure d’aujourd’hui il n’y a plus grand besoin de quelconques campagnes pour condamner quoi que ce soit. A l’heure où l’information s’échange en un espace de temps record et où grand nombre de personnes souhaitent comparer diverses sources informationnelles pour pouvoir soi-même analyser et se faire une opinion, l’approche hypocrite et faussement humaniste des élites politico-médiatiques occidentales est déjà condamnée depuis un bon moment.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=1292