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UEEA: l’accent sur les échanges en monnaies nationales

10.08.2022

L’Union économique eurasiatique prend de plus en plus la voie d’une priorisation des échanges entre les Etats membres de l’union en monnaies nationales. Avec à terme la possibilité de l’introduction d’une monnaie unique, permettant l’établissement d’une union monétaire commune.

L’UEEA (cinquième puissance économique mondiale en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat) poursuit et accentue sa politique coordonnée dans le secteur financier, consistant notamment à une utilisation encore plus importante des monnaies nationales des pays membres de l’organisation dans leurs échanges mutuels et dans le cadre des transactions de commerce extérieur hors-union.

Les perspectives à terme étant par ailleurs l’introduction d’une monnaie unique qui représentera l’étape encore plus profonde de l’intégration au sein de l’Union économique eurasiatique, composée pour rappel de la Russie, de la Biélorussie, du Kazakhstan, de l’Arménie et du Kirghizistan en qualité de membres de plein droit, ainsi que de l’Ouzbékistan, de Cuba et de la Moldavie en tant qu’Etats-observateurs. Avec par la même occasion la formation d’un marché financier unique et la mise en place d’une véritable union monétaire.

Si ces dernières orientations seront amenées à se réaliser après encore quelques étapes supplémentaires, le fait est qu’il est évident qu’en ce qui concerne la politique de priorisation des échanges en monnaies nationales au sein de l’UEEA (en l’occurrence le rouble russe et biélorusse, le tenge kazakh, le dram arménien et le som kirghiz), à l’heure des événements contemporains, il n’y a pratiquement aucun doute que le moment soit bien choisi.

Les principales monnaies occidentales ayant été largement discréditées à l’échelle internationale, car étant ouvertement associées aux instruments de chantage et de pressions multiples de la part de l’establishment politique de l’Occident, l’heure est donc largement opportune pour privilégier les échanges en monnaies non-occidentales, dans le cadre des échanges entre nations – également non-occidentales. Ces processus se développent d’ailleurs dans le cadre des échanges bilatéraux entre la Russie, la Chine, l’Iran, l’Inde, la Turquie et d’autres pays, confirmant la pleine logique de cette orientation pour les pays appartenant à l’espace eurasiatique.

En ce sens, les avancées de l’UEEA en la matière pourraient d’ailleurs être utilisées dans d’autres régions du monde, notamment en Afrique, où des monnaies régionales gérées depuis l’Occident, comme le franc CFA, représentent également un frein au développement des pays concernés. Faudrait-il le rappeler: la chute récente de l’euro a entrainé justement le franc CFA dans sa chute. Et ce n’est que le sommet de l’iceberg par rapport à cet autre instrument de domination néocoloniale occidentale, si longtemps décriée par un très grand nombre d’Africains.

De manière générale, les processus en cours confirment l’éloignement de plus en plus prononcé vis-à-vis des instruments financiers occidentaux, longtemps considérés comme la référence internationale en la matière, après avoir fait preuve d’un manque de fiabilité flagrant. Et si la dédollarisation constitue indéniablement une orientation prioritaire, il n’en est pas moins que des monnaies telles que l’euro, le livre sterling, voire même le franc suisse, auront également démontré ne pas être synonymes d’une quelconque fiabilité. N’étant en réalité que le résultat de mythes longtemps entretenus par l’Occident collectif.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=4133

La Moldavie dans une situation délicate

28.04.2022

La République de Moldavie se retrouve dans une situation complexe où d’un côté l’alignement pro-occidental de son gouvernement actuel lui fait subir d’énormes pressions en provenance de l’axe atlantiste, d’un autre la volonté de maintenir une stabilité pour le pays pousse au choix d’une relative neutralité, de plus en plus difficilement conciliable avec le premier aspect.

Les événements de l’opération militaire en Ukraine ne laissent pas la Moldavie voisine indifférente. D’ailleurs, cela est d’autant plus compliqué qu’au-delà des questions liées à la République moldave du Dniestr (la Transnistrie) – ayant obtenu de-facto l’indépendance au début des années 1990 de Chisinau, ou encore la Gagaouzie – région autonome moldave majoritairement turcophone également pro-russe, l’Etat moldave est lui-même divisé entre les partisans pro-occidentaux et ceux qui considèrent que l’avenir du pays est inévitablement lié à la Russie. Y compris pour ce qui est des échanges économiques.

Depuis le début de l’opération russe de fin février dernier, Chisinau a effectivement fait le choix d’une très relative neutralité. Très relative car d’un côté se joignant à la guerre contre les symboles sacrés pour la grande partie des peuples d’ex-URSS liés à la Grande Guerre patriotique, un positionnement d’ailleurs largement critiqué par l’opposition moldave. D’un autre, refusant pour le moment à se joindre à la coalition des sanctions contre la Russie.

C’est pourquoi les événements récents en République moldave du Dniestr – sécessionniste vis-à-vis de Chisinau – plus particulièrement les actes de terrorisme attribués à des éléments ukrainiens selon les autorités de la Transnistrie basées à Tiraspol, devront faire réfléchir à plus d’une fois le régime pro-occidental moldave quant à une implication militaire à l’encontre de la Transnistrie – pour le compte de Washington, Londres et Kiev. Bien que ce dernier ne soit lui aussi qu’un simple appliquant des ordres atlantistes.

Si certains à Chisinau et dans les capitales occidentales tentent de présenter les événements dans la Transnistrie comme «des provocations russes sous fausses bannières», ces mêmes personnages devraient alors s’intéresser aux dires d’un de leur chouchou kiévien, le conseiller du chef de cabinet du président ukrainien – Oleksiï Arestovitch – l’un des principaux communicants du régime de Kiev – qui appelle ouvertement la Moldavie à se joindre aux efforts kiéviens pour occuper la République moldave du Dniestr.

Dans cette réalité, la meilleure chose que puisse faire le régime de Chisinau, serait de maintenir le cap de la très relative neutralité face aux événements ukrainiens et aux appels du régime kiévien, ou plus exactement de l’axe Washington-Londres, à se joindre aux hostilités. A défaut de quoi les événements pourraient devenir effectivement imprévisibles pour l’Etat moldave.

Toute tentative militaire de récupérer militairement la Transnistrie sera fort vraisemblablement vouée à l’échec. Mais plus important encore, toute implication de ce type sous la dictée atlantiste pourra entrainer tout simplement la chute du gouvernement moldave actuel. Qui par la même occasion est très loin de posséder un large soutien populaire.

Quant aux motivations des parrains du régime kiévien – elles sont également bien connues. L’éventualité de s’emparer de la Transnistrie vise à prendre en otages les forces russes de maintien de la paix qui y sont présentes, prendre possession de larges stocks de munitions et ouvrir un front supplémentaire.

Le souci pour le régime de Kiev et ses parrains atlantistes – c’est que les forces de la Transnistrie ont une capacité défensive réelle et pourront résister longtemps aux assauts des forces ukrainiennes. Et donc sans l’implication de Chisinau – cette opération sera très difficilement réalisable. Par ailleurs, toute opération lancée contre la Transnistrie – et qui devra d’une manière ou d’une autre faire impliquer le contingent armé ukrainien de la région d’Odessa – deviendra automatiquement la cible d’intensification de frappes russes dans cette région contre les éléments armés du régime kiévien.

Et si cela sera le cas – cela ne fera qu’affaiblir encore plus les capacités de combat pour le régime kiévien à Odessa et Nikolaïev. Avec tout ce que cela implique. Et si les régimes atlantistes, plus particulièrement Washington et Londres, souhaitent effectivement une guerre jusqu’au dernier ukrainien – un rôle entièrement accepté par le régime kiévien actuel – du côté de la Moldavie il faudra réfléchir à plus de deux fois avant de s’engager dans quelque chose de similaire.

Mikhail Gamandiy-Egorov

L’Union économique eurasiatique: du Kazakhstan jusqu’à Cuba

L’Union économique eurasiatique (UEEA) a accordé le statut d’observateurs à l’Ouzbékistan et Cuba, élargissant par la même occasion son influence régionale et internationale. Retour sur les développements récents et moins récents.  

Malgré la vive opposition de nombre d’Etats occidentaux aux processus d’intégration dans l’espace eurasiatique ex-soviétique, principalement de Washington, rien ne semble pour le moment pouvoir stopper un processus enclenché depuis les années 1990 comme une initiative personnelle de Noursoultan Nazarbaïev, devenue une réalité en 2014. Depuis ledit processus poursuit sa lancée.

Il est important encore une fois de rappeler le rôle précisément du Kazakhstan et notamment de son ex-président Nazarbaïev pour que l’UEEA voie le jour. En effet, le leader kazakh à l’instar de nombreux habitants d’Asie centrale était opposé à l’éclatement de l’URSS. Mais lorsque la fin de l’Union soviétique était en train de devenir une réalité, il avait cherché dès les premiers moments à créer et bâtir un autre cadre d’intégration et d’interaction dans l’espace eurasien post-soviétique. Et ce aussi bien dans l’intérêt de son pays le Kazakhstan, que de nombreux autres Etats ayant composé l’URSS.

Dans un commentaire récent, accordé dans le cadre du film-documentaire Traits pour un portrait et diffusé par la chaîne de télévision Khabar, le premier président du Kazakhstan a évoqué comment était venue l’idée de la création de l’Union économique eurasiatique. Fait intéressant: l’initiative de Nazarbaïev était réellement apparue avant même l’éclatement officiel de l’URSS. Sa proposition était alors de créer à la base une union de quatre Etats (Russie, Kazakhstan, Biélorussie, Ukraine), dans les mains de laquelle était concentrée 90% de l’économie soviétique. Tout en proposant aux autres pays de pouvoir l’intégrer, selon leur volonté.

Mais l’idée n’avait pas reçu l’approbation de Mikhaïl Gorbatchev – le dernier leader de l’URSS, ni de Boris Eltsine – le premier président de la Russie post-soviétique. Au lieu de cela c’est la Communauté des Etats indépendants (CEI) qui verra le jour. Pour autant et voyant que la nouvelle organisation ne contribuait pas à une intégration profonde au sein de l’espace concerné, Noursoultan Nazarbaïev avait continué à insister pour qu’une structure d’intégration plus puissante se réalise.

Au final, c’est ainsi que naîtra l’Union économique eurasiatique, devenue aujourd’hui l’une des principales forces motrices aussi bien dans le grand espace eurasien, mais également dans le cadre du concept multipolaire du monde. Deux projets auxquels restent fermement opposés les élites étasuniennes, occidentales et atlantistes.

L’organisation est aujourd’hui composée de la Russie, du Kazakhstan, de la Biélorussie, de l’Arménie et du Kirghizistan. Depuis mai 2018, la Moldavie est devenue membre-observateur de ladite structure. Des accords de libre-échange ont été signés avec le Vietnam (mai 2015), l’Iran (mai 2018), le Singapour et la Serbie (tous deux en octobre 2019).

Désormais – deux nouveaux Etats ont rejoint avec l’aval des pays membres les observateurs de l’organisation: à savoir l’Ouzbékistan et Cuba. Dans le cas du premier, il s’agirait vraisemblablement que de la première étape du processus d’intégration. Sachant que lors du sondage mené en mai de cette année, ¾ des citoyens ouzbeks avaient soutenu l’intégration de leur pays au sein de l’UEEA. Fait notable: parmi eux – beaucoup de jeunes.

En ce qui concerne Cuba, les éléments d’une coopération multisectorielle donnent non seulement des avantages, notamment économiques, évidents pour l’île de la liberté, mais peuvent également ouvrir la voie à une interaction encore plus large entre l’Eurasie et l’Amérique latine. Le tout au moment où nombre d’Etats latino-américains soutiennent fermement l’ère multipolaire mondiale. Parmi eux, on peut citer le Venezuela, le Nicaragua, la Bolivie ou encore l’Argentine.

Dans le cas de l’espace eurasien, une grande puissance comme l’Iran pourrait devenir également membre-observateur de l’Union économique eurasiatique prochainement. Des négociations sont prévues en ce sens. A noter que la République islamique est déjà membre-observateur d’une autre grande structure internationale basée en Eurasie – en l’occurrence l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), une structure dans laquelle elle devrait devenir membre à part entière dans un avenir proche.

Et lorsqu’on sait que ces événements majeurs, dans le cadre de l’UEEA, se sont réalisés en l’espace d’un peu plus de six ans – de la création aux événements actuels, il est évident que l’espace eurasien aura pour mission de poursuivre le renforcement observé. Et ce malgré la vive opposition des nostalgiques de l’unipolarité.

Mikhail Gamandiy-Egorov

https://t.me/observateur_continental/703

L’Union économique eurasiatique: l’Ouzbékistan en tant que nouveau pays membre?

Selon un sondage récent, effectué par le Centre de recherches et de réformes économiques, basé à Tachkent – la capitale de la République d’Ouzbékistan, ¾ des citoyens ouzbèques soutiennent l’intégration de leur pays au sein de l’Union économique eurasiatique (UEEA).

En effet, les processus d’intégration au sein de l’ex-URSS se poursuivent, notamment dans le cadre eurasien. La principale union économique au sein de l’espace des anciennes républiques soviétiques, qui regroupe actuellement la Russie, le Kazakhstan, la Biélorussie, l’Arménie et le Kirghizistan en tant que membres à part entière, ainsi que la Moldavie en qualité de membre-observateur, pourrait être élargie à la nation d’Asie centrale ex-soviétique ouzbèque.

Les résultats dudit sondage affichent un soutien de 74% des répondants à l’intégration de leur pays au sein de l’UEEA, 16% y sont opposés, 4% ont répondu par la neutralité et 6% n’ont pas donné de réponse. A noter que le soutien en faveur de l’intégration est plus important chez les femmes interrogées que chez les hommes (82% contre 73%). L’essentiel des partisans de l’adhésion est au sein des groupes d’âges suivants : les jeunes de moins de 20 ans et les plus de 40 ans.

L’analyse des résultats a également révélé que parmi les partisans de l’intégration de l’Ouzbékistan au sein de l’Union économique eurasiatique, le plus grand nombre était parmi les enseignants, les étudiants, ainsi que les représentants du secteur privé (76%).

Parmi les avantages cités par les répondants du sondage, 51% estiment que l’adhésion à l’UEEA aura comme résultat une baisse significative des prix des biens et services, ainsi qu’une augmentation de la qualité des produits due à une amélioration de l’environnement concurrentiel. Le deuxième avantage cité, par 24% des citoyens ouzbèques, étant l’élargissement du marché d’exportation des produits nationaux, avec le potentiel supplémentaire de créer de nouveaux emplois. Enfin 15% des répondants sont convaincus que ladite adhésion améliorera les conditions pour les travailleurs-migrants (pour information sur les près de 2,5 millions de citoyens ouzbèques travaillant en dehors de leur pays, environ 2 millions vivent et travaillent en Russie).

A noter qu’en juin 2019, le président du pays Shavkat Mirziyoyev avait déclaré qu’en vue de prendre une décision sur l’adhésion de l’Ouzbékistan à l’Union économique eurasiatique, le pays devait analyser tous les défis. En janvier 2020, le chef de l’Etat avait annoncé que la question de la participation du pays à l’union devait être étudiée de manière approfondie par le parlement national. Début mars, le Cabinet des ministres a décidé de soumettre à l’examen des deux chambres du Parlement la proposition concernant la participation de l’Ouzbékistan à l’UEEA en qualité d’observateur. Fin avril, la Chambre législative du Parlement a approuvé la participation du pays en qualité d’observateur au sein de l’union.

Maintenant et pour parler perspectives, il serait juste d’aborder plusieurs points. Tout d’abord, un petit rappel historique s’impose. Celui qu’au moment de la chute de l’URSS, l’écrasante majorité des habitants des républiques soviétiques d’Asie centrale, dont l’Ouzbékistan, étaient radicalement opposés à la dislocation de l’Union soviétique. Deuxième point, et cela est tout aussi important : le fait que parmi les partisans de l’adhésion de l’Ouzbékistan à l’Union économique eurasiatique on retrouve une bien large part de jeunes, notamment de moins de 20 ans – la génération qui de facto n’a pas connu l’URSS, confirme pleinement que le processus d’intégration dépasse largement, comme certains pourraient le penser, le cadre des nostalgiques de l’URSS. Si bien que certainement on peut retrouver de nombreuses personnes ayant cette nostalgie au sein des habitants plus âgés, dans le cas des jeunes il s’agit avant tout d’une compréhension logique de l’importance de l’intégration dans l’espace eurasien, y compris évidemment dans le cadre historico-civilisationnel, mais aussi tout simplement une réalité pragmatique des opportunités économiques, commerciales et d’emploi.

Enfin, et malgré la ferme volonté de l’establishment atlantiste de stopper cette intégration dans l’espace post-soviétique eurasien, la réalité est telle que malgré les énormes programmes économiques mis en place par les USA et certains de leurs alliés afin de détourner la jeunesse d’Asie centrale, y compris d’Ouzbékistan, d’un quelconque soutien vis-à-vis d’une intégration eurasiatique, vraisemblablement les résultats de ces tentatives occidentales restent pour le moins… médiocres. Au final, les réalités économiques, alliées à une lecture commune sur de nombreux points de l’histoire, y compris commune, le facteur humain, mental et civilisationnel, restent les atouts qu’il est très difficile d’anéantir, y compris à coups de millions, voire de milliards de billets verts.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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L’Union économique eurasiatique: actions conjointes contre les effets du coronavirus en vue

Les pays membres de l’Union économique eurasiatique (UEEA) se pencheront sur les mesures conjointes de lutte contre la propagation et les effets négatifs du coronavirus (Covid-19), en marge d’une discussion des Premiers-ministres de l’union, prévue le 10 avril.

La discussion aura lieu sous forme de vidéoconférence. Au-delà des mesures conjointes rentrant dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, les chefs des gouvernements de l’UEEA se pencheront également sur des décisions visant à assurer la stabilité économique, ainsi que la poursuite du développement du commerce mutuel et avec l’extérieur.

A titre de rappel, l’Union économique eurasiatique est composée de la Russie, du Kazakhstan, de la Biélorussie, de l’Arménie et du Kirghizistan. La Moldavie y est membre-observateur depuis mai 2018. L’UEEA a par ailleurs plusieurs accords de libre-échange: avec le Vietnam (accord signé en mai 2015), l’Iran (mai 2018), le Singapour et la Serbie (tous deux octobre 2019). Des pourparlers sont également en cours avec plusieurs autres Etats, dont la Chine, Cuba, l’Egypte, la Mongolie, l’Inde, notamment.

Au total, près d’une cinquantaine de pays du monde avaient déjà annoncé leur volonté de collaborer avec l’UEEA. A noter que plusieurs des pays membres de ladite organisation composent également des structures comme l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC). En passant, l’intégration en cours au sein de ces organisations n’a jamais été appréciée au niveau des élites atlantistes, en premier lieu étasuniennes, inquiètes de voir « renaitre une autre URSS » et surtout de voir l’Eurasie devenir l’un des principaux fers de lance du monde multipolaire auquel l’establishment occidental est si opposé.

D’ailleurs, en parlant de la gestion de la crise du coronavirus, puisque c’est toujours le sujet d’actualité phare du moment, il est intéressant de se pencher justement sur la situation qui prévaut au niveau des pays de l’UEEA face à la propagation de cette pandémie, surtout lorsqu’on connait la proximité géographique et économique des dits pays avec la Chine et l’Iran – ayant subi de plein fouet les premiers les effets du Covid-19.

La Russie compte à ce jour un peu plus de 10 100 cas de contaminations, dont 76 décès (l’un des taux de mortalité liée au nombre de contaminations au coronavirus les plus bas au monde) et 698 guérisons. Le Kazakhstan comptabilise 764 cas de contaminations, 7 décès et 55 guéris pour le moment. 1486 cas de contaminations pour la Biélorussie, 16 décès, 139 guérisons. Pour ce qui est de l’Arménie, à ce jour le pays compte 921 contaminations, 10 décès et 138 guérisons. Enfin, le Kirghizistan comptabilise 280 cas de contaminations, 4 décès et 30 personnes guéries.

Des chiffres, faudrait bien le dire qui sont loin des statistiques observées dans l’Union européenne ou aux Etats-Unis. Et ce encore une fois malgré la proximité géographique immédiate avec les nations ayant été frappées en premier par l’apparition du virus. Evidemment, ce n’est aucunement une raison pour baisser la garde et se relâcher car les effets de la pandémie sont évidents aussi bien sur la situation sanitaire internationale que sur l’économie mondiale. Une économie qui tourne depuis au ralenti dans bien de secteurs, avec tout ce que cela implique. Donc au-delà des mesures de prévention et de soins médicaux à maintenir au niveau de l’Union économique eurasiatique, il est aujourd’hui également important à coordonner des actions efficaces pour une reprise économique aussi rapide que possible, et ce aussi bien dans le cadre eurasien que mondial.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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Les faux projets US dans l’ex-URSS

12-12

Alors que l’intégration eurasiatique se renforce de jour en jour, y compris parmi les Etats ex-soviétiques, Washington semble vouloir réactiver des projets n’ayant aucun intérêt stratégique pour les pays concernés, mais qui rentrent parfaitement dans les projets atlantistes de bloquer l’effervescence eurasienne.

Le 12 décembre prochain, l’Ukraine accueillera une réunion des chefs de gouvernement des Etats-membres de l’Organisation pour la démocratie et le développement, dite GUAM – regroupant quatre Etats d’ex-URSS, à savoir la Géorgie, l’Ukraine, l’Azerbaïdjan et la Moldavie. L’Ouzbékistan faisait également précédemment partie de ladite organisation, avant de prendre la décision de la quitter en 2005. L’organisme dispose d’un soutien politique et financier des Etats-Unis, dont l’establishment (notamment en son temps Hillary Clinton) souhaite faire tout le possible en vue de stopper toute «renaissance de l’URSS», notamment sous la forme actuelle de l’Union économique eurasiatique qui ne cesse de monter en puissance.

Pour rappel, l’Union économique eurasiatique est composée de la Russie, de l’Arménie, du Kazakhstan, de la Biélorussie et du Kirghizistan. Le Tadjikistan devant devenir membre de l’union prochainement. Et ayant en outre des zones de libre-échange avec le Vietnam (depuis 2015), plus récemment avec la Serbie et le Singapour (octobre 2019), tout en menant des négociations avec la Chine, l’Iran, Cuba, la Mongolie, l’Egypte, l’Inde et la Thaïlande pour l’établissement de tels accords.

Pour revenir maintenant au GUAM, dès la création de l’organisation, dont le siège se trouve dans la capitale ukrainienne Kiev, les orientations pro-occidentales étaient bien visibles: renforcement des relations avec les USA, l’UE et l’Otan, diminution de la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie. La présence régulière d’envoyés étasuniens aux réunions de cette structure le confirmait d’ailleurs pleinement. Mais depuis le retrait ouzbek, il était devenu clair que l’enthousiasme de départ des instigateurs de sa création partait clairement à la baisse.

La prochaine réunion de ce mois sera-t-elle donc une simple réunion dans le but de maintenir à flot le cadre bureaucratique de l’organisation? Notamment à travers la discussion annoncée de plusieurs thèmes «d’intérêt commun», comme les questions douanières, logistiques, opportunités d’affaires, ainsi que l’élargissement de la coopération dans les domaines économique, scientifique, énergétique, des télécommunications et autres. Ou serait-ce une tentative de raviver une structure dans laquelle l’Ukraine souhaite prendre un rôle de leader, en coordination avec Washington, et dans une moindre mesure Bruxelles?

Il est évident qu’à travers ce genre de rencontre, parrainée par la diplomatie US, l’Ukraine de Zelensky cherche à montrer que sa voix compte et qu’elle ne prévoit pas de reculer. Surtout à un moment où des divergences nettes apparaissent entre Kiev et plusieurs pays de l’UE, en premier lieu l’Allemagne, qui en observant les attaques ukraino-étasuniennes qui visent les intérêts énergétiques (et économiques) allemands, notamment dans le cadre du gazoduc North Stream 2, n’a pas manqué de rappeler à l’ordre le pouvoir ukrainien, en allant même jusqu’à le menacer de réduction du soutien économique. Un soutien économique dont l’Ukraine a énormément, oui énormément, besoin. Un message que Kiev ne peut ignorer – surtout lorsque c’est la première économie de l’UE qui le dit. Evidemment Berlin ne fait pas cela par amour pour la Russie, mais bel et bien strictement dans le cadre de la défense de ses intérêts stratégiques, car faut-il le rappeler les Allemands savent bien compter les coûts et profits.

Quant à Washington, l’intérêt pour le GUAM n’est principalement autre que de tenter à montrer qu’il existe une alternative à l’intégration eurasienne promue par la Russie et ses alliés. Et de rappeler que leurs pions dans l’ex-URSS sont toujours actifs, des pions qu’ils comptent bien utiliser pour mettre un maximum de bâtons dans les roues aux projets qui n’arrangent guère les intérêts washingtoniens, que ce soit l’Union économique eurasiatique (UEEA), l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) ou encore l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC).

Mais concrètement parlant, l’Ukraine dans sa version actuelle peut-elle prétendre à un quelconque «leadership», même étant adoubée par Washington? Rien n’est moins sûr. A commencer par le fait qu’au sein même du GUAM, on est loin, très loin de l’unité. Si en effet avec la Géorgie, l’Ukraine peut prétendre à une sorte d’axe anti-russe, et ce depuis les fameuses révolutions de couleur dans ces deux pays orchestrées, soutenues et suivies par les USA, dans le cas de la Moldavie et de l’Azerbaïdjan, on est assez loin de la rhétorique russophobe.

Dans le cas moldave, il faudrait rappeler qu’un président ouvertement pro-russe et surtout partisan de l’intégration avec l’Union économique eurasiatique, est au pouvoir depuis 2016. Il est vrai que les éléments pro-occidentaux de son pays lui mettent à chaque bonne et moins bonne occasion des bâtons dans les roues, mais Igor Dodon ne compte pas lui aussi reculer. Surtout profitant d’un soutien important de la population moldave et des cercles d’affaires – pour nombreux déçus par les années pro-occidentales à Chisinau. Quant au cas de l’Azerbaïdjan, il est à noter que ce pays a su, et ce depuis l’éclatement de l’URSS, à maintenir des relations fortes avec Moscou sur le plan politique, économique, culturel et sécuritaire, tout en développant ses relations aussi bien avec les pays occidentaux, mais surtout la Turquie, ou encore l’Iran. Plus que cela, nombre d’experts azéris ne cessent d’émettre des doutes sur la viabilité du GUAM et surtout sur la nécessité pour leur pays d’y maintenir sa participation…

Kiev peut donc tenter à prétendre au leadership, avec la «bénédiction» des USA, dans une structure que ces derniers souhaiteraient certainement voir comme une alternative fiable aux projets eurasiens en cours et qui déplaisent fortement à Washington. Encore faut-il, même en ayant un parrain puissant, avoir les moyens de ses ambitions. Et en ce sens, l’Ukraine version actuelle, est tout sauf une mise sérieuse.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=1264

Direction Moscou, le revirement confirmé de la Moldavie

Igor Dodon

C’est un virage à 180 ° pour la Moldavie. Dirigé pendant sept ans par une équipe résolument pro-européenne et pro-Otan, le pays se tourne désormais vers la Russie. La visite d’Igor Dodon, le président moldave à Moscou, concrétise ce changement stratégique.

La première visite officielle à l’étranger d’Igor Dodon, le président moldave récemment élu, vient de se clore. Son agenda fut assez chargé. Durant sa visite, le chef d’État moldave a rencontré plusieurs responsables russes de haut niveau, dont Valentina Matvienko — l’actuelle présidente du conseil de la Fédération ( la chambre haute du Parlement russe ) puis Sergei Lavrov, le chef de la diplomatie. Enfin, en soirée Igor Dodon a rencontré Vladimir Poutine. Les deux chefs D’État ont abordé plusieurs sujets.

Dans le domaine énergétique, ils ont ainsi confirmé leur désir d’avancer sur plusieurs dossiers sensibles, notamment ceux en rapport avec la dette de l’État moldave pour le gaz russe, y compris celui livré en Transnistrie (PMR), qui avait fait sécession avec la Moldavie en 1990. Pour rappel, ce pays dépend à 100 % des livraisons de gaz russe.

L’autre point important concernait l’élargissement des entreprises moldaves pouvant exporter en Russie leur production, notamment agroalimentaire. En effet et depuis les sept dernières années du pouvoir de la coalition pro-occidentale, puis de la signature de l’accord d’association avec l’UE, la Moldavie n’a cessé de perdre ses parts sur le marché russe. Un marché qui n’a jamais pu être remplacé ailleurs, au vu de ses capacités.

Les deux hommes ont également abordé la question des migrants moldaves travaillant en Russie, autre source importante de revenus pour le budget du pays. C’est un point que la presse mainstream oublie souvent de mentionner lorsqu’elle aborde le sujet, puisqu’à en croire certains médias, la grande majorité des Moldaves travailleraient dans l’UE, principalement en Italie, où ils sont effectivement environ 150 000. Mais ce sont plus d’un demi-million de Moldaves qui vivent et travaillent en Russie, sur une population totale du pays de 3,5 millions d’habitants.

La discussion s’est aussi axée sur le dialogue lancé par Igor Dodon avec Tiraspol, la capitale de la PMR. Un éventuel accord de fédéralisation ne serait pas à exclure, bien que l’on en soit encore loin. Néanmoins, le dialogue positif engagé entre Chisinau et Tiraspol est un signe positif. Enfin, le président moldave a réitéré son engagement d’annuler l’accord d’association avec l’Union européenne, signé en juin 2014, et dans lequel la Moldavie n’a, selon Dodon, rien gagné, tout au contraire. Mieux que cela, le leader moldave a demandé à ce que son pays puisse rejoindre l’Union économique eurasiatique, ne serait-ce qu’à titre d’État observateur dans un premier temps.

Une approche qui a suscité la réaction des milieux pro-occidentaux à Chisinau, alors que Dodon se trouvait encore à Moscou. Selon leur déclaration officielle, ils ont affirmé « être prêts à tout pour bloquer toute éventuelle annulation de l’accord d’association avec l’UE et tout processus d’intégration en direction de l’Union économique eurasiatique ».

En effet, le combat s’annonce sérieux puisque le président moldave aura besoin du soutien de son parlement pour mettre en œuvre ses ambitieux projets. Néanmoins, et au vu des sentiments régnant au sein d’une large part de la société moldave, ses chances sont assez importantes. Il convient de rappeler que depuis quelques années, les sentiments pro-UE ont baissé d’une façon aussi drastique qu’augmentaient les sympathies prorusses au sein de la population. Une situation qui a d’ailleurs permis de mettre fin à sept années de pouvoir de la coalition pro-occidentale et de voir arriver la victoire d’Igor Dodon, le chef du Parti des socialistes de Moldavie, en novembre dernier.

Dernier point, au moment où l’Otan cherche de nouveau à attiser les tensions aux frontières de la Russie, le président moldave n’a pas caché son intention de s’éloigner du dialogue engagé par la précédente administration avec l’organisation nord-atlantique. D’ailleurs, le choix même de Moscou comme première visite officielle à l’étranger conserve toute sa symbolique : ce fut Bruxelles qui était la priorité tout au long des années précédentes de Chisinau. Une page vraisemblablement tournée, du moins pour le moment.

https://fr.sputniknews.com/points_de_vue/201701191029674983-igor-dodon-direction-moscou/

Mikhail Gamandiy-Egorov

Un vent venu de Russie souffle sur la Moldavie et la Bulgarie

Les élections présidentielles en Moldavie

Beaucoup sont toujours dans l’enthousiasme, d’autres dans « l’incertitude », d’autres encore dans la vive inquiétude, depuis l’élection que le mainstream occidental n’attendait pas, à savoir de Donald Trump à la tête des USA. Mais ce n’est qu’une partie du processus désormais global. Les grands changements ne font que commencer.

Pour fermer le chapitre des élections présidentielles US, il a été certainement le mieux résumé par le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, à savoir que la Russie attend des améliorations dans ses relations avec les Etats-Unis et que nous jugerons selon les actions du président élu et non pas sur les paroles. Revenons à l’Europe. Le deuxième tour des élections présidentielles vient de prendre fin en Bulgarie, membre de l’Union européenne, ainsi qu’en Moldavie, ex-république soviétique ayant signé, à l’instar de l’Ukraine, le fameux accord d’association avec l’UE. C’était en juin 2014. Que dire d’autre que les résultats obtenus dans les deux pays rentrent parfaitement dans le cours multipolaire du monde actuel et par un rejet évident de l’Occident politique.

En Moldavie, la victoire a été obtenue par le charismatique Igor Dodon. En passant, il s’agissait de la première élection présidentielle au suffrage universel direct depuis 1997. Le candidat prorusse du Parti des socialistes de Moldavie l’emporte sur la rivale de la coalition pro-occidentale Maia Sandu (coalition au pouvoir depuis 2009) avec environ 53 % des voix contre près de 47 %. Le taux de participation au second tour a été plus élevé qu’au premier (53,27 % contre 49,18 %). Les médias occidentaux reconnaissaient que le candidat prorusse était favori mais « espérait » que la diaspora moldave vivant en Europe pourrait éventuellement faire la différence, notamment via la diaspora vivant en Italie (pays accueillant la plus importante diaspora moldave en Europe occidentale) et qui représente plus ou moins 150 000 personnes. Mais les mêmes médias ont oublié d’indiquer que la plus importante diaspora moldave à l’étranger se trouve en Russie: sur une population totale du pays de 3,5 millions d’habitants, plus de 500 000 citoyens de Moldavie vivent et travaillent sur le territoire russe et ont largement soutenu la candidature d’Igor Dodon.

Son programme était clair et net: renégocier (au moins) l’accord d’association avec l’UE qui selon le nouveau président moldave a plombé l’économie du pays, revenir au partenariat stratégique avec la Russie, négocier la réouverture du marché russe aux produits moldaves et à terme pouvoir rejoindre l’Union économique eurasiatique dont font partie la Russie, le Kazakhstan, la Biélorussie, l’Arménie, le Kirghizistan et bientôt le Tadjikistan (et d’éventuels autres pays de l’ex-URSS). A l’inverse de sa rivale qui tout en souhaitant avoir « des relations normales et non-conflictuelles » avec la Russie, souhaitait poursuivre le cours pro-UE et plus généralement pro-occidental. La phase donc du pouvoir pro-atlantiste en Moldavie est actuellement close. Au moins pour les quatre prochaines années. A noter que le président élu Dodon a également su être le candidat de tous les Moldaves (roumanophones comme russophones) et soutenu également par l’autonomie gagaouze (turcophone et pro-russe). Il s’est ouvertement opposé aux rêves des nationalistes roumains de voir la Moldavie intégrer l’Etat roumain et a même promis de pénaliser de tels appels en cas d’élection — c’est désormais chose faite.

En Bulgarie, le second tour des élections présidentielles a été remporté par Roumen Radev, candidat indépendant soutenu par le Parti socialiste bulgare et général des forces armées aériennes, lui aussi haut la main: près de 60 % des voix sur sa rivale Tsetka Tsatcheva (environ 36 %), issue du parti au pouvoir orienté sur les intérêts atlantistes. Enfin près de 4 % des votants ont voté contre tous. Le président élu Radev, que les uns appellent comme étant pro-russe, d’autres comme étant un sympathisant du rapprochement avec la Russie, estime en effet que la politique des sanctions antirusses doit cesser. Il est partisan également du renforcement des liens économico-commerciaux avec la Russie, forts dans le passé et beaucoup moins aujourd’hui, ce qui selon lui pénalise l’économie bulgare. Une approche soutenue par un large nombre de ses compatriotes. Fort de ce soutien qui traduit aussi la déception d’une partie importante des citoyens bulgares de leur membership au sein de l’Europe bruxelloise. Sur un autre sujet, le nouveau président bulgare estime également que la « Crimée est de fait russe ». Position au minimum logique mais ayant choqué nombre de « bien-pensants » atlantistes.

Principal constat donc: les atlantistes perdent sur beaucoup de fronts. Les partisans de la multipolarité, eux, poursuivent leur avancée victorieuse. Un processus qui sera vraisemblablement poursuivi pour plusieurs raisons: les promesses bruxelloises d’un « avenir radieux » dans le domaine économique n’aboutissent pas et la situation s’empire, les belles « valeurs européennes » à la sauce de Bruxelles séduisent de moins en moins compte tenu des contradictions énormes des annonces faites et de la réalité obtenue. Des « valeurs » dans lesquelles les citoyens même des pays occidentaux croient de moins en moins. Enfin la rhétorique du « danger russe » émises tellement de fois par les élites occidentales, politiques comme médiatiques, ne passe simplement plus auprès des populations concernées.

Evidemment ces victoires en Moldavie et en Bulgarie sont avant tout celles du bon sens. Et aussi des leaders souhaitant défendre en premier lieu les intérêts de leurs peuples. Des peuples revendiquant plus de justice, aussi bien chez eux qu’au niveau global, au moment où certaines forces souhaitaient ardemment faire monter les tensions existantes en flèche, en soutenant des extrémistes en tout genre, en faisant la propagande de guerre et en poursuivant la pratique d’une politique purement néocoloniale.

Quant aux « incertitudes » et aux peurs de certains représentants de cette même élite occidentale et comme dit précédemment: qu’ils s’y habituent. Le grand changement multipolaire désiré par la grande majorité de l’humanité se poursuivra, qu’ils l’acceptent ou non.

https://fr.sputniknews.com/points_de_vue/201611141028677230-presidentielles-moldavie-bulgarie/

https://fr.sputniknews.com/authors/mikhail_gamandiy_egorov/

Elections en Gagaouzie : la région à majorité turcophone choisit de nouveau la Russie et s’éloigne largement de l’UE

Gagaouzie

Une nouvelle que les médias du mainstream ont vraisemblablement encore préféré éviter. En effet, très peu de médias occidentaux ont abordé les toutes récentes élections de gouverneur (« Başcan ») en Gagaouzie, région autonome au sein de la République de Moldavie.

Et pour cause, encore une gifle porté aux intérêts bruxellois (et donc à ceux de Washington) et de nouveau un vouloir-vivre ensemble avec la Russie simplement évident.L’élection a été remportée par Irina Vlakh, candidate pro-russe, avec 51,01% des voix. Une victoire dès le premier tour. A noter aussi que mis à part Irina Vlakh, grand nombre d’autres candidats ayant participé à l’élection, étaient eux-aussi ouvertement pour l’intégration économique avec la Russie. Le candidat soutenu par l’alliance pro-UE de Kichinev (la capitale moldave), Nikolay Dudoglo, n’a obtenu que 19,05% des voix, même si ce dernier insistait que lui aussi est « un ami de la Russie »…

Irina Vlakh sera par ailleurs la première femme à diriger la région. Ses priorités sont le renforcement des liens économiques et politiques avec la Fédération de Russie. Une notion que la très grande majorité des Gagaouzes partagent. Peuple turcophone très majoritairement chrétien, les Gagaouzes étaient très largement opposés à l’éclatement de l’URSS, mais à cette époque la voix des populations comptaient malheureusement peu. Depuis les Gagaouzes ont maintes fois exprimé leur désir de se rapprocher de la Russie. En février de l’année dernière, la population locale état invité à participer au référendum pour répondre à deux questions: la première: « Désirez-vous que la Gagaouzie rejoigne l’Union douanière Russie-Biélorussie-Kazakhstan? ». La seconde: « Etes-vous pour l’autodétermination de la Gagaouzie dans le cas où la Moldavie perdrait son indépendance? » (En cas d’un scénario de réunification avec la Roumanie, un projet de longue date des nationalistes roumains et de leurs mentors de l’OTAN).

Les Gagaouzes avaient alors dans l’écrasante majorité (plus de 95%) voté pour l’Union douanière (et donc contre l’Union européenne), ainsi qu’en faveur de l’autodétermination en cas de radicalisation du nationalisme roumain. Une chose donc devient très claire. Le projet nommé « UE » n’attire pas aujourd’hui. Les contes romantiques de l’Europe bruxelloise ne peuvent plus cacher la triste réalité. Celle d’une partie de l’Europe (celle de Bruxelles) complètement vassalisée aux USA.Dans le cas de la Moldavie, il s’agit d’un cas très sérieux, et les élites occidentales le savent parfaitement. Tout d’abord il y a déjà depuis plus de 24 ans une autre Moldavie qui vit parallèlement: la République moldave du Dniestr (PMR) ayant fait sécession de Kichinev durant la période d’éclatement de l’Union soviétique et qui est depuis un Etat indépendant de fait. Sa capitale est Tiraspol. Malgré toutes les tentatives de Kichinev et des élites occidentales d’isoler la PMR, notamment par des mesures économiques (les sanctions on connait), cet Etat vit mieux économiquement parlant que la Moldavie de Kichinev.

D’autre part et il ne faut pas l’oublier, à Kichinev même, un bien grand nombre de voix s’élèvent contre l’intégration atlantiste et en faveur de l’intégration eurasiatique, avec la Russie. Les médias occidentaux ont là aussi essayé de ne pas trop se focaliser sur le sujet des dernières élections législatives moldaves, qui se sont déroulés en novembre dernier. La raison est simple. Le parti qui est arrivé en tête de ces législatives n’est autre que le Parti socialiste de Moldavie, ouvertement pro-russe. Sa priorité est l’intégration avec la Russie et l’Union économique eurasiatique et l’annulation de l’accord d’association avec l’UE. A noter qu’un autre parti favorable à la Russie, le Parti communiste moldave, est arrivé lui troisième de ces élections législatives.Pour conclure donc, Bruxelles (et Washington aussi puisque c’est de lui qu’il s’agit en premier lieu), doivent se rendre à l’évidence que leurs « projets » n’attirent pas. Dans le cas moldave, cela est évident. La République moldave du Dniestr sécessionniste en 1991 vit mieux que la Moldavie version Kichinev, et ce malgré l’embargo et les sanctions la visant. La Gagaouzie turcophone a fait son choix elle aussi: celui de la Russie et de l’Union eurasiatique. Et à Kichinev même, la coalition pro-occidentale est très fragile et perd chaque jour qui passe le soutien des citoyens moldaves. Dans cette situation et surtout au vu des événements dans l’Ukraine voisine, la Moldavie devra trouver la voie qui lui convient. Et cette voie, ce n’est certainement pas Bruxelles.

A noter d’ailleurs, que la Turquie a salué tout comme la Russie l’élection d’Irina Vlakh. Evidemment Ankara entend jouer de son influence au sein d’une entité turcophone mais c’est aussi un nouvel exemple de la politique turque qui défend avant tout ses intérêts et non pas ceux de Washington et de l’OTAN. A la très grande différence des élites politiques bruxelloises.Quant à l’espace eurasiatique, j’avais déjà dit précédemment que personne ne pourra stopper le processus des retrouvailles observées dans ce qu’on appelle l’ex-URSS. Depuis l’éclatement du projet soviétique et après l’échec des expériences libérales pro-occidentales, les peuples cherchent à se rapprocher de nouveau afin de créer une union capable de défendre leurs intérêts légitimes. L’Union économique eurasiatique et bientôt l’Union eurasiatique tout court représentent cette aspiration. Avec la Russie, le Kazakhstan, la Biélorussie, l’Arménie, le Kirghizistan, le Tadjikistan, on est vraisemblablement qu’au début du processus. Peu importe, que Mme Clinton & Co. n’apprécient pas.

http://fr.sputniknews.com/points_de_vue/20150325/1015336624.html#ixzz3VQyrQALz

Mikhail Gamandiy-Egorov