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Mali: la population souhaite le départ de la Minusma

28.05.2023

Les Maliens ne veulent plus de la Minusma. Au moment où Bamako renforce sa propre capacité défensive qui se traduit par des succès sur le terrain face aux groupes terroristes et où le pays continue de faire face à une pression de nombre de régimes occidentaux – cette volonté populaire semble plus que jamais justifiée.

Plusieurs milliers de Maliens ont manifesté dans la capitale malienne Bamako pour réclamer le départ de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma). A l’appel du M5-RFP, parti du Premier ministre de transition Choguel Maïga, du Mouvement de la société civile Yèrèwolo (hommes dignes), Debout sur les Remparts et une trentaine d’associations, des milliers de personnes se sont ainsi rassemblées jeudi dernier au Palais des sports de Bamako pour exiger le départ de la mission onusienne.

Pour Sidiki Kouyaté, porte-parole du mouvement, la Minusma doit partir dès maintenant – n’étant plus utile pour le Mali car c’est une fabrication française, dirigée par des militaires hexagonaux et certains de leurs alliés. Une fabrication qui continue d’entretenir la guerre et la peur au Mali, ainsi que de soutenir les terroristes.

Dans leur discours, les leaders de la manifestation ont également vivement critiqué le dernier rapport de l’ONU sur le massacre perpétré en mars 2022 contre la population civile dans la ville de Moura, située dans la région centrale de Mopti. Un rapport qui accuse les Forces armées maliennes (FAMA) et des soldats étrangers.

En dehors des autorités et de la société civile du Mali, la présence de la Minusma est indésirable y compris pour d’anciens cadres du gouvernement, à l’image de l’écrivaine et ancienne ministre malienne Aminata Dramane Traoré, qui considère que la France – comme la Minusma – se sont invitées toutes seules au Mali. Et que la force onusienne participe à l’instar de l’ancienne puissance coloniale et d’autres régimes occidentaux – à un combat géopolitique contre son pays qui se bat pour sa dignité. Pour elle – la Minusma doit simplement suivre Barkhane (l’opération militaire française ayant duré plus de 8 ans en terre malienne et terminée en novembre dernier, ndlr).

De manière plus générale, l’opinion largement entendue de la nation malienne rejoint l’analyse d’Observateur Continental qui traitait le problème de la présence des forces onusiennes dans le cadre des missions dites de paix, plus particulièrement sur le continent africain. Notamment les questions d’un manque flagrant d’efficacité de ces missions dans leur rôle annoncé de « stabilisation ». Et d’autre part – l’affiliation des divers secrétariats onusiens à l’establishment occidental, avec tout ce que cela implique – ce qui représente un énorme défi jusqu’à ce jour pour les pays concernés et toute la véritable communauté internationale.

Comme également rappelé précédemment – le fait que lorsque cet establishment occidental n’est aucunement intéressé par la résolution des défis sécuritaires dans tel ou tel pays, notamment d’Afrique, il en va de son intérêt à faire prolonger les conflits autant que possible. Et ce aussi bien dans un but géoéconomique que géopolitique. Et compte tenu de cela, il est évident que lorsqu’un citoyen d’un pays occidental, ou simplement affilié à l’Occident collectif, est nommé responsable de missions de stabilisation et de maintien de la paix – il ne fera qu’appliquer ce pourquoi il a été adoubé par l’élite pour laquelle il est au service.

D’où par la même occasion le mécontentement à peine voilé des structures citées quant à l’arrivée d’autres acteurs qui obtiennent des résultats notables en un espace de temps rapide. Et d’où les fameux « rapports » des diverses structures onusiennes proches de l’Occident en vue de condamner les actions des autorités des pays concernés et de leurs alliés non-occidentaux.

Encore une fois et en ce qui concerne les pays d’Afrique – il semble aujourd’hui de plus en plus évident que les Minusma, Minusca, Monusco et autres – n’ont plus leur place dans la résolution des défis sécuritaires dans les Etats concernés. Surtout au vu des événements des quelques dernières années, lorsque l’Occident politique & affiliés n’arrivent plus à voiler les succès des acteurs de l’espace non-occidental, des succès obtenus en coordination avec les nations africaines.

Quant à l’approche encore plus mondiale – il faudrait revenir effectivement une fois de plus à la question d’une très large réforme de la machine onusienne, à défaut de passer à d’autres actions parmi les puissances des BRICS et les nations du Sud global. Cela passe incontestablement par une réforme du Conseil de sécurité de l’ONU – en direction des pays non-occidentaux, représentant l’écrasante majorité planétaire. Une perspective que les membres permanents que sont la Russie et la Chine soutiennent.

Et d’autre part – faire libérer les différents secrétariats et structures de l’ONU de cadres qui se maintiennent à leurs postes uniquement en raison de leurs citoyennetés occidentales ou de leur affiliation à l’Occident. Surtout lorsqu’on sait que la Chine fait partie des principaux contributeurs financiers des Nations unies, de même que d’autres nations non-occidentales. Cela sans même de nouveau rappeler les réalités démographiques, géopolitiques et géoéconomiques du monde contemporain multipolaire.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Les BRICS et le bouleversement mondial

26.04.2023

L’élargissement de l’alliance des BRICS non seulement avance dans la phase de confirmation, mais semble largement dépasser les attentes quant au nombre de pays souhaitant se joindre à l’organisation pro-multipolaire. Le tout au grand désarroi de l’Occident, dont la représentation minoritaire à l’échelle planétaire n’est plus à démontrer.

19 pays ont exprimé leur intérêt à rejoindre le groupe des nations BRICS alors que se prépare le sommet annuel qui aura lieu en Afrique du Sud, écrit Bloomberg. Le sujet de l’élargissement de l’alliance à de nouveaux membres sera effectivement discuté cet été en terre sud-africaine.

L’information n’est effectivement pas nouvelle – Observateur Continental l’a précédemment plusieurs fois traité – y compris justement la question de l’élargissement en faveur d’autres pays non-occidentaux. Le tout à l’heure où les le PIB combiné des 5 cinq membres des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) dépasse désormais celui des 7 membres du club occidental + Japon, le fameux G7.

Par contre ce qui est intéressant de noter dans l’article de Bloomberg, c’est le fait que sur les 19 pays ayant exprimé leur volonté d’adhésion aux BRICS – 13 l’auraient fait de manière officielle, tandis que 6 autres non-officiellement. Peut-être d’ailleurs afin d’éviter dans le cas de ces derniers de mettre trop tôt en colère leurs partenaires occidentaux.

Cela d’autant plus qu’il ne faut pas croire que toutes les demandes recevront une réponse favorable et immédiate. Un tri sera incontestablement nécessaire et une feuille de route sera probablement déterminée pour chacune des demandes concernées. Cela sans oublier que – comme Observateur Continental l’avait précédemment abordé – des pays-candidats pourraient être dans un premier temps acceptés comme observateurs de l’organisation, avant une éventuelle pleine adhésion au groupe.  

Dans tous les cas, les BRICS auront non seulement confirmé leur attractivité à l’échelle mondiale, mais désormais avec les nouvelles perspectives il devient évident que l’Occident approche la perte non seulement de sa domination géopolitique, mais bel et bien et également géoéconomique, à l’heure où dans le Top 10 mondial en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat les économies occidentales ne représentent plus la majorité. Et cela sur la base même des données du Fonds monétaire international (FMI).

Et lorsque nous savons que selon ces mêmes prévisions l’alliance des cinq pays déjà membres des BRICS – représentant déjà aujourd’hui près de la moitié de la population terrestre et un tiers du PIB mondial – à l’horizon de 2050 le PIB combiné pourrait atteindre, voire dépasser, le niveau de 50% du PIB mondial. A noter par la même occasion que selon les prévisions de Goldman Sachs – à l’horizon justement de 2050 – 4 des 5 membres actuels des BRICS, à savoir la Chine, l’Inde, le Brésil et la Russie – feront partie du Top 5 des principales économies mondiales.

En prenant en compte ces données – pour rappel encore une fois uniquement sur la base des cinq Etats membres aujourd’hui – il n’est possible alors que d’imaginer quel sera alors le PIB combiné de l’alliance pro-multipolaire suite à l’élargissement prévue en faveur des autres nations non-occidentales. Le constant sera pourtant simple et sans appel : l’Occident n’aura alors qu’à subir de manière encore beaucoup plus marquée le rôle de l’extrême minorité planétaire. D’une minorité certes arrogante, mais extrêmement minoritaire. D’ailleurs le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, à l’heure où la Russie préside actuellement le Conseil de sécurité de l’ONU, l’a bien rappelé: «Appelons les choses par leur nom. Personne n’a donné d’autorisation à la minorité occidentale à parler au nom de toute l’humanité». Effectivement – personne. Quant au reste – tout se paie.

Mikhail Gamandiy-Egorov

L’Amérique latine n’est pas l’arrière-cour étasunienne

21.04.2023

Les pays d’Amérique latine refusent le diktat washingtonien et se positionnent de plus en plus activement au sein de l’ordre multipolaire international. Y compris les principaux poids lourds de la région. Cela déplait énormément à l’establishment étasunien, mais c’est une réalité avec laquelle il faudra compter.

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov se trouve en nouvelle tournée internationale, cette fois-ci en Amérique latine. Le tout après la récente tournée sur le continent africain. Le Brésil fut le premier pays concerné par cette visite latino-américaine, suivi par le Venezuela, le Nicaragua et enfin Cuba.

Au Brésil – le ministre russe des Affaires étrangères a rappelé que les pays concernés sont unis par le désir d’un ordre international polycentrique plus juste. Cela au moment d’ailleurs où Washington, dans son arrogance si habituelle, a accusé le Brésil (huitième puissance économique mondiale en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat) «de se faire l’écho de la propagande russe et chinoise».

L’inquiétude US est évidemment partagée par les principaux suiveurs de la politique étasunienne, à savoir les régimes bruxellois. Ainsi, la chaîne européiste Euronews se pose la question si le Brésil ne serait tout simplement pas aligné sur Moscou et Pékin? En rappelant par la même occasion que les récentes déclarations du président brésilien Lula auraient «irrité» les Occidentaux. Notamment quant au fait que Washington et Bruxelles devaient cesser d’encourager la guerre en Ukraine.

A cela s’ajoutent évidemment les récents appels du chef d’Etat du Brésil, durant son déplacement en Chine, aux pays en développement à œuvrer ensemble pour remplacer le dollar US par leurs propres monnaies dans le commerce international. Un processus de dédollarisation qu’Observateur Continental avait déjà traité et qui prend effectivement et plus que jamais son envol à l’échelle mondiale.

Ce qui inquiète évidemment Washington et ses sous-traitants dans la configuration actuelle, c’est que la solidarité des pays BRICS est plus que jamais forte, y compris dans le cadre de cette dédollarisation en cours, où chacun des pays concernés met en action les mécanismes nécessaires – bilatéraux comme multilatéraux. Dans le cadre du trio Chine-Russie-Brésil, ce qui met également en extrême colère les régimes occidentaux et leurs quelques affiliés – c’est que les trois pays sont représentés au sein du Conseil de sécurité de l’ONU. Pékin et Moscou en qualité bien évidemment de membres permanents, Brasilia actuellement en tant que membre non-permanent.

Et lorsqu’on sait que les trois pays représentant à eux seuls une population totale de plus d’1,8 milliard d’habitants et étant par la même occasion respectivement la première, sixième et huitième économies mondiales en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat, cela représente des données et statistiques que les Occidentaux détestent voir publier. Pourtant il faudra bien s’en habituer.

Au-delà du Brésil et en ce qui concerne les autres partenaires privilégiés de Moscou en Amérique latine, à savoir comme déjà indiqué le Venezuela, le Nicaragua et Cuba (bien que le chef de la diplomatie russe a également eu des discussions avec ses homologues de Bolivie et de Saint-Vincent-et-les-Grenadines dans le cadre de cette tournée), les autres inquiétudes washingtoniennes sont également connues. En l’occurrence l’augmentation de la coopération militaro-technique et l’éventualité de la création de bases militaires russes dans ces pays, avec tout ce que cela implique.

Après tout, ce n’est pas seulement une question de réponse proportionnelle et amplement justifiée face à la présence étasunienne aux frontières occidentales de la Russie, mais c’est également et peut-être surtout une question de sécurité pour les Etats latino-américains en question face aux incessantes tentatives washingtoniennes d’interférence et de déstabilisation dans les affaires intérieures et régionales des pays concernés. D’autant plus que d’un point de vue purement militaro-stratégique, le fait que la Russie soit le leader mondial avec la Chine en matière d’armement hypersonique – constitue déjà une réponse suffisante quant aux possibilités de frapper le territoire étasunien en cas de riposte nécessaire. Et cela au départ du territoire russe et sans avoir la nécessité de le faire à partir de pays tiers.

Dans tous les cas – l’Amérique latine n’est pas l’arrière-cour des néocolonialistes de Washington. Y compris dans le volet économique qui restait longtemps le maillon faible des Etats latino-américains dans leur dépendance face à une puissance sans civilisation digne de ce nom. A l’heure où d’ailleurs même économiquement la Chine a largement mis de côté les USA en qualité de principal partenaire économico-commercial des pays de la région. Y compris en passant du Brésil et ce depuis plusieurs années maintenant.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Gazoducs Nord Stream & terrorisme: la Chine exige une enquête impartiale

25.02.2023

Suite aux révélations récentes d’un journaliste américain quant au sabotage prémédité par les Etats-Unis et l’Otan à l’encontre des gazoducs Nord Stream – Pékin insiste sur l’accélération et l’approfondissement de l’enquête sur ce dossier. Le tout alors que jusqu’à maintenant l’Occident a tout fait pour étouffer la vérité.

Compte tenu des récentes révélations du célèbre journaliste américain Seymour Hersh, qui accusent directement les USA et l’organisation otanesque de sabotage à l’encontre des gazoducs Nord Stream, pouvant d’ailleurs être ouvertement caractérisé par du terrorisme international pur et simple, la Chine a maintes fois réclamé une enquête objective sur ledit dossier. Et continue de le faire.

D’ailleurs, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, n’avait pas manqué de pointer du doigt le silence suite aux dites révélations au sein des principales voix occidentales – politiques comme médiatiques.

La République populaire de Chine apporte pleinement aussi son soutien à Moscou au niveau onusien. Ainsi, le représentant permanent de la Chine auprès des Nations unies, Zhang Jun, a exigé ce mardi des explications convaincantes des parties concernées sur la destruction des gazoducs Nord Stream en septembre 2022, tout en réclamant une enquête internationale. Important une fois de plus de le préciser: internationale, et non pas occidentale.

«Récemment, nous avons découvert de nombreux détails et informations pertinentes concernant l’incident de Nord Stream, qui sont alarmants», a indiqué M. Zhang. Tout en ajoutant que face à des documents aussi détaillés et à des preuves aussi complètes, une simple déclaration de « totalement faux et de fiction complète » (la rhétorique US actuelle, ndlr) ne suffit évidemment pas à répondre aux nombreuses questions et inquiétudes soulevées dans le monde entier. Trouver un moyen d’esquiver la réunion d’aujourd’hui ne signifie pas pour autant que la vérité peut être dissimulée – faisant ainsi référence à la réunion du Conseil de sécurité de mardi sur la question du Nord Stream.

«Nous attendons des explications convaincantes de la part des parties concernées. Une telle demande est tout à fait légitime et raisonnable. Il est aujourd’hui de plus en plus clair que ce qui est arrivé aux gazoducs Nord Stream n’était en aucun cas un accident, mais plutôt un acte délibéré. Du point de vue des conditions physiques, il est difficile d’imaginer qu’un acteur non-étatique soit capable de procéder seul à une telle destruction», a ajouté le représentant chinois à l’ONU.

Les points qui s’en suivent sont également très importants: «Une enquête objective, impartiale et professionnelle sur cette affaire, la publication des conclusions et la recherche des responsabilités dans les plus brefs délais sont non seulement dans l’intérêt de l’incident lui-même, mais portent également sur la sécurité des infrastructures transfrontalières mondiales. En outre, ces questions sont étroitement liées aux intérêts et aux préoccupations de chaque pays». Faisant ainsi clairement allusion au fait que le terrorisme international perpétré par Washington et ses fidèles sous-traitants peut toucher aujourd’hui n’importe quel pays. Enfin, Zhang Jun a réaffirmé le plein soutien de la Chine au projet de résolution du Conseil de sécurité déposé par la Russie, tout en estimant qu’il est très important d’autoriser une enquête internationale sur le sabotage des pipelines Nord Stream.

En termes de perspectives, s’il est une fois de plus difficile de rajouter quoi que ce soit aux dires du représentant permanent de la Chine auprès de l’ONU, il est néanmoins important de relever plusieurs aspects. Tout d’abord, que les relations sino-russes non seulement se maintiennent au plus haut niveau, mais également que tout avance vers un cadre encore supérieur. Et cela d’ailleurs correspond à nos propres prévisions, que de celles des principaux experts chinois et des autres pays BRICS.

D’autre part, la Chine rappelle fermement aux USA, et à travers ces derniers à tout l’Occident que le temps de l’impunité est effectivement terminé. Et cela est d’autant plus important que cela ne concerne pas seulement les intérêts sino-russes, mais beaucoup plus globalement la sécurité et le développement de l’écrasante majorité de l’humanité. Le terrorisme occidental devra disparaitre, et ce indépendamment des moyens qui seront nécessaires à la mise en œuvre de cet objectif. Y compris, si nécessaire, les moyens les plus radicaux, car il reste évident que le droit international ne s’applique par l’Occident que lorsque cela va à son avantage, géopolitique comme géoéconomique.

Le monde est et sera multipolaire. Et si ce mot fait tellement trembler les chancelleries occidentales, c’est qu’elles savent parfaitement que le temps de l’impunité approche irrémédiablement la fin. L’extrême minorité planétaire devra en ce sens non seulement apprendre à faire profil bas, mais devra effectivement se préparer à rendre des comptes.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Président du Nigéria: les armes fournies par l’Occident à l’Ukraine apparaissent en Afrique

06.12.2022

Le président nigérian s’inquiète de l’arrivée d’armes en provenance du conflit ukrainien dans la région, impactant ainsi la sécurité aussi bien d’une des principales puissances africaines, que des autres pays voisins. Comme prédit – l’Occident semble perdre complètement le contrôle sur ses livraisons massives d’armes en faveur du régime kiévien.

Muhammadu Buhari, président du Nigéria – la première puissance économique africaine en termes de PIB nominal et la deuxième en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat – a déclaré récemment que des armes en provenance du conflit ukrainien se glissent désormais dans la région du bassin du lac Tchad.

Le chef d’Etat nigérian a lancé cet appel dans son discours d’ouverture du 16ème Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT), qui s’est déroulé dans la ville d’Abuja, la capitale du Nigéria.

«Il faut cependant préciser que malgré les succès enregistrés par les vaillantes troupes de la MNJTF (Force multinationale mixte, composée des Forces armées du Nigéria, du Cameroun, du Bénin, du Niger et du Tchad, ndlr) et les différentes opérations nationales en cours dans la région, des menaces terroristes rôdent toujours dans la région, et malheureusement, la situation au Sahel et la guerre qui fait rage en Ukraine sont des sources majeures d’armes et de combattants qui renforcent les rangs des terroristes dans la région du lac Tchad», a déclaré le président nigérian.

«Ce mouvement illégal d’armes dans la région a intensifié la prolifération des armes légères et de petit calibre qui continue de menacer notre paix et notre sécurité collectives dans la région», a ajouté Muhammadu Buhari dans son discours.

Les déclarations du président nigérian ne font que confirmer les nombreuses prévisions et mises en garde sur les livraisons massives et incontrôlées d’armes en faveur du régime kiévien de la part de l’axe otanesque et de l’Occident. Et cela depuis de longs mois.

Au point que même certains représentants de régimes occidentaux avaient fini récemment par admettre timidement cette réalité. Il est donc parfaitement compréhensible pourquoi le président nigérian tire aujourd’hui la sonnette d’alarme, compte tenu des risques sécuritaires non pas seulement pour le Nigéria, mais également pour de nombreux autres pays de la région. Sans oublier évidemment les défis face au terrorisme dans le Sahel.

Mais au-delà du fait que l’Occident ne contrôle effectivement pas les processus post-livraisons de ses armements à destination du régime kiévien dans le but de combattre la Russie, la situation actuelle devrait nous interpeller sur un autre aspect. Et si ce flux d’armes à destination des réseaux terroristes opérant en Afrique en provenance de l’Ukraine était voulu par l’establishment occidental?

Surtout lorsqu’on sait que les nombreux problèmes sécuritaires sur le continent africain, y compris dans la région du Sahel, sont justement le «fruit» des actions occidentales. A commencer par la destruction de la Jamahiriya libyenne de Mouammar Kadhafi par l’Otan et en poursuivant par le manque total d’efficacité dans la lutte antiterroriste annoncée par des Etats comme la France et d’autres régimes otanesques.

Last but not least, il n’est pas à exclure que l’Occident nostalgique de l’unipolarité soit d’autant plus intéressé par une nouvelle vague de propagation terroriste en Afrique, dans l’objectif de punir les pays africains – qui pour de nombreux d’entre eux ont refusé de se joindre à la coalition anti-russe promue par l’establishment occidental. Provoquant l’hystérie collective du côté des régimes atlantistes.

A ce titre, le Nigéria peut également faire partie des cibles privilégiées, car au-delà d’être l’une des principales puissances du continent africain et ayant dû faire face aux défis sécuritaires, notamment contre la secte terroriste de Boko Haram – avait fait partie des pays n’ayant pas soutenu la dernière résolution occidentale anti-russe votée à l’Assemblée générale de l’ONU, le mois dernier.

Dans tous les cas, il devient aujourd’hui évident que les nations africaines doivent plus que jamais s’unir dans un cadre panafricain et accroitre l’interaction avec les puissances non-occidentales dans l’objectif de faire efficacement face au chaos promu et propagé par l’Occident, qui refuse obstinément à reconnaitre l’ère multipolaire mondiale. Des mesures fortes, ciblées et si nécessaire radicales devront fort certainement être engagées dans les plus brefs délais.

Après tout, si l’effet boomerang de la politique otanesque se retourne contre ses instigateurs – cela est une chose, même si c’est encore une fois les populations concernées qui en paieront le prix fort. Mais ce n’est certainement pas au monde non-occidental de payer un quelconque prix pour les folies d’un Occident complètement malade et en chute libre.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=4473

La Chine ne lâche pas la pression quant à l’activité biologique US en Ukraine

24.11.2022

Les actions obscures de Washington, y compris avec la participation du Pentagone, dans le cadre de ses activités biologiques sur le sol ukrainien représentent non seulement un sujet de vive inquiétude pour Moscou, mais également pour Pékin – qui ne compte vraisemblablement pas reculer dans ledit dossier.

«La probabilité d’armes biologiques US en Ukraine ouvre un nouveau front dans les tensions sino-étasuniennes» – titre South China Morning Post– journal quotidien chinois de langue anglaise basé à Hong Kong.

Le média chinois note que Washington dénonce l’amplification de Pékin quant aux affirmations prétendument «absurdes» de Moscou selon lesquelles les USA financent la recherche sur les armes biologiques en Ukraine, aggravant les tensions sino-étasuniennes, y compris en ce qui concerne la position de la Chine dans ce que l’establishment washingtonien appelle l’invasion russe en Ukraine.

Le quotidien rappelle par la même occasion qu’un porte-parole chinois des Affaires étrangères avait récemment exhorté les Etats-Unis à rendre compte de leurs activités militaires biologiques dans le pays et à l’étranger, ainsi que de se soumettre à la vérification multilatérale. Evidemment lorsqu’on connait la capacité de Washington à ne pas soumettre à des mécanismes internationaux, en y faisant référence uniquement lorsque cela arrange ses intérêts, il est de-facto impossible à pouvoir s’attendre à une quelconque attitude honnête des USA sur cette question plus que sensible, à l’échelle mondiale.

D’autant plus que Washington peut toujours compter sur l’appui de ses fidèles sous-traitants britannique et français au niveau du Conseil de sécurité de l’ONU. Pour rappel lors du vote récent au CS onusien, la résolution rédigée par la Russie et soutenue par la Chine avait été bloquée par le trio néocolonial occidental Washington-Londres-Paris.

Quant à la prétendue «absurdité» des accusations russes selon les mots utilisés par l’establishment washingtonien, que dire des déclarations du 8 mars dernier de la sous-secrétaire d’Etat US aux affaires politiques – la sulfureuse Victoria Nuland – qui avait admis devant la commission des relations extérieures du Sénat étasunien l’existence «d’installations de recherche biologique» en Ukraine et avait fait part de sa préoccupation par le fait que les Forces armées russes pourraient rechercher à en prendre contrôle. Et aussi que les USA travaillaient étroitement avec les Ukrainiens sur la manière dont ils peuvent empêcher que l’un de ces matériaux de recherche ne tombe entre les mains de l’armée russe…

Comme le rappelle d’ailleurs Judicial Watch – organisation américaine qui se fixe l’objectif de surveiller les activités du gouvernement étasunien. Dans ce rapport, beaucoup d’autres informations importantes ont également été publiées en lien avec l’activité biologique US en Ukraine, plus exactement les dossiers du département de la défense étasunien qui révèlent le financement washingtonien d’activités du laboratoire d’anthrax (maladie infectieuse grave causée par des bactéries à Gram positif en forme de bâtonnets connues sous le nom de bacille du charbon, ndlr) en Ukraine.

Une chose semble sûre. Face aux activités largement opaques de Washington et son refus de transparence face à la communauté internationale, la Russie et la Chine n’auront d’autre choix que de trouver le moyen de faire la lumière sur ces activités. En ce en supplément des pressions politiques et diplomatiques. Dans un cadre certainement conjoint.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=4440

Le soutien au régime kiévien s’étouffe à l’ONU

16.11.2022

Malgré la pression occidentale sur de nombreux pays, le soutien affiché à Kiev au niveau onusien diminue drastiquement, et ce de l’aveu même des médias de l’Occident. Le tout récent vote de l’Assemblée générale de l’ONU promu par l’establishment atlantiste en vue de faire profiter le régime kiévien de réparations russes le confirme amplement.

La toute récente résolution occidentalo-kiévienne votée à l’Assemblée générale de l’ONU constitue un revers de poids pour Kiev et ses principaux parrains. Au-delà d’être non-contraignante, elle affiche surtout la perte du soutien international à la coalition pro-occidentale, et cela alors que les élites atlantistes maintiennent une pression hors norme sur la communauté internationale.

Avec 94 votes en faveur de ladite résolution, 13 votes contre, 74 abstentions et 11 non-participations au vote, malgré son adoption – la coalition pro-occidentale a recueilli moins de la moitié des voix des Etats membres de l’ONU. The Washington Post confirme cette réalité en indiquant qu’il s’agit d’un des plus bas soutiens en faveur de Kiev lors des cinq résolutions relatives à l’Ukraine votées par l’Assemblée générale onusienne, depuis le début de l’opération militaire spéciale de la Russie, le 24 février dernier.

La consternation occidentale est certainement d’autant plus grande que parmi les 13 pays ayant voté ouvertement contre l’initiative occidentalo-kiévienne on retrouve la République populaire de Chine – membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, première puissance économique mondiale en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat et tout simplement l’une des principales puissances internationales. Le vote de la Chine d’opposition ouverte à la résolution occidentale s’est fait aux côtés de la Biélorussie, de la Centrafrique, de Cuba, de la Corée du Nord, de l’Erythrée, de l’Ethiopie, de l’Iran, du Mali, du Nicaragua, de la Syrie, du Zimbabwe et évidemment de la Russie.

A noter que les élites occidentales avaient plusieurs fois répété dans le passé qu’ils doivent recueillir pas moins de 100 votes en faveur des résolutions concernant l’Ukraine, à défaut de quoi ce serait considéré comme un échec. En oubliant très souvent de rappeler que même lors des votes où ladite coalition réussissait à obtenir un nombre bien plus conséquent que lors de la toute récente Assemblée générale, le poids démographique des nations représentées n’était jamais à l’avantage des régimes occidentaux. Et désormais cette réalité devient nettement plus visible.

Une chose est sûre. Ce vote aura largement démontré une fois de plus que l’Occident n’a aucune valeur à pouvoir prétendre parler au nom de la communauté internationale. Cela d’autant plus qu’à la différence des régimes atlantistes, Moscou et Pékin n’ont point besoin d’intimider, menacer ou faire du chantage vis-à-vis des Etats membres onusiens pour obtenir les votes nécessaires. A l’énorme différence de l’establishment occidental.

Les espoirs donc de l’Occident collectif quant au fait que l’isolation de la Russie pourrait à terme se réaliser – non seulement ne se concrétisent pas, mais subissent de-facto la ridiculisation, compte tenu de tous les efforts des nostalgiques de l’unipolarité. Et cela sans même aborder de nouveau les problèmes économiques qui touchent de plus en plus fermement les instigateurs et promoteurs des sanctions unilatérales. L’effet boomerang dans toute sa splendeur.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Les contingents onusiens pour la paix: forces sincères ou agents du néocolonialisme?

29.09.2022

La Force de maintien de la paix de l’ONU, couramment appelée les Casques bleus, se trouve sous l’emprise d’innombrables critiques dans le cadre de son action, plus particulièrement sur le continent africain. Manque d’actions efficaces, divers abus et vol des ressources naturelles des pays concernés par les dites missions – représentent les quelques des multiples accusations visant les contingents. Nombreux sont ceux qui appellent au départ pur et simple de ces forces.

Les manifestations à divers endroits de l’Afrique contre la présence des forces onusiennes de maintien de la paix ne datent pas d’hier: Centrafrique, Mali, République démocratique du Congo, entre autres. En RCA, la Minusca (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique) était souvent accusée d’inaction face aux groupes rebelles, surtout durant la période où ces groupes contrôlaient près de 2/3 du territoire centrafricain.

Aujourd’hui et alors que l’autorité nationale a été restaurée sur l’écrasante majorité de la République centrafricaine suite aux nombreuses réformes efficaces des Forces armées nationales (FACA) et des autres structures sécuritaires avec l’implication d’instructeurs russes, nombreux des citoyens centrafricains considèrent qu’après les longues années de présence sans résultat notable sur le terrain, mis à part pour certaines forces africaines composant la Minusca, le temps serait venu de mettre fin à cette présence.

Le Mali est un autre exemple. Et à l’instar de la RCA, nombreux sont les citoyens maliens qui souhaitent le départ pur et simple de la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali), comme le rappelle la télévision panafricaine Afrique Média.

Dans le cas de la République démocratique du Congo – les récentes manifestations de fin juillet à l’encontre cette fois-ci de la Monusco (Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo), dans les villes de Goma et de Butembo, avaient été endeuillées par des tirs visant les manifestants congolais, ayant fait de nombreuses victimes (mort et blessés) de la part des forces onusiennes. Il y aurait eu pas moins de 30 morts parmi les habitants et plus de 70 blessés.

Beaucoup d’observateurs auraient évidemment plutôt souhaité voir la rage des contingents onusiens à stabiliser sincèrement les pays concernés, en mettant en déroute les nombreux groupes armés présents ne serait-ce qu’en RDC, qui ne cessent d’y maintenir l’instabilité et la violence, que de tuer des civils venus exprimer leur colère en qualité de citoyens du pays où ces éléments onusiens se trouvent. Cela sans oublier les nombreuses accusations d’abus sexuels commis par le personnel de l’ONU en RDC, comme à d’autres endroits des missions en Afrique.

Mais pourquoi un tel manque d’efficacité ou manque de volonté à jouer réellement un rôle stabilisateur des dites missions onusiennes en terres africaines? Pour répondre à cette question, il faut certainement comprendre deux aspects primordiaux. Le premier étant lié à des intérêts économiques, sachant que les pays africains regorgent de matières premières stratégiques. Le cas encore une fois de la RDC ne fait que le confirmer. Il est donc évident qu’une stabilisation rapide de la situation sur le terrain ne rentre pas dans les intérêts de certains représentants onusiens, ayant directement ou indirectement des intérêts économiques dans les pays concernés. Cela évidemment sans remettre en cause l’engagement de tous les éléments onusiens prenant part dans ces missions dites de stabilisation et de paix. Il n’empêche que la morale annoncée est loin de faire l’unanimité au sein des preneurs de décisions des diverses structures de l’ONU et de leurs principaux représentants sur place.

L’autre problème, que nous avons déjà soulevé dans le passé, est que les divers secrétariats onusiens restent fermement liés aux intérêts d’une extrême minorité planétaire, à savoir l’establishment occidental. Mais une extrême minorité qui s’obstine à refuser de perdre son hégémonie internationale.

Ce qu’il en ressort? Le fait que lorsque cet establishment occidental n’est aucunement intéressé par la résolution des défis sécuritaires dans tel ou tel pays, notamment d’Afrique, il en va de son intérêt à faire prolonger les conflits autant que possible. Et ce aussi bien dans un but géoéconomique que géopolitique. Et compte tenu de cela, il est évident que lorsqu’un citoyen d’un pays occidental, ou simplement affilié à l’Occident collectif, est nommé responsable de missions de stabilisation et de maintien de la paix – il ne fera qu’appliquer ce pourquoi il a été adoubé par l’élite pour laquelle il est au service.

D’où encore une fois l’énorme importance d’une réforme profonde des différents instituts de la machine onusienne, à défaut de quoi les grandes organisations régionales, continentales et internationales non-occidentales, devront prendre leurs responsabilités et ne plus donner le feu vert aux activités macabres d’éléments n’ayant rien à avoir avec de véritables missions de paix et de stabilisation.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Le discours historique du Premier ministre malien à la tribune onusienne

27.09.2022

Révolutionnaire, inspirant, grandiose – telles sont aujourd’hui les seulement quelques caractéristiques données par les citoyens maliens et d’autres pays africains à l’égard du discours du colonel Abdoulaye Maïga, Premier ministre par intérim du Mali, à l’ONU. Il est largement vrai que ce discours traduit également le courage de tout un peuple, ayant dans sa large majorité et avec le soutien de nombreux autres Africains – jeté un défi aux vestiges du néocolonialisme occidental en terre africaine.

Dans son discours, Abdoulaye Maïga n’a pas manqué de pointer du doigt l’ex-puissance coloniale hexagonale sur plusieurs volets, y compris sécuritaire. Et aller même jusqu’à parler de «junte française», tout en rappelant que le Mali n’a absolument aucun problème avec les citoyens français ordinaires.

Cette qualification est d’autant plus justifiée lorsqu’on sait que le régime hexagonal ne cesse de qualifier les autorités maliennes, soutenues par l’écrasante majorité de la population du pays et des millions de citoyens d’autres pays africains, de «junte». Une hypocrisie d’autant plus révoltante que l’establishment de Paris appelle le régime kiévien de pouvoir «démocratique», alors qu’il n’est que celui issu d’un coup d’Etat soutenu par l’Occident – et rejeté par des millions de citoyens ukrainiens – pour beaucoup désormais ex-ukrainiens.

Mais si la réponse sans détour du Mali à la tribune onusienne visait l’ex-puissance coloniale, la réalité est qu’elle vise de-facto tout l’Occident collectif. Un Occident collectif arrogant, raciste, convaincu quant à sa prétendue «supériorité» sur les autres peuples de la planète, des peuples qui pourtant représentent ensemble l’écrasante majorité de l’humanité. Avec ce discours historique, une nouvelle page semble effectivement s’ouvrir non seulement pour le Mali – terre d’une grande civilisation ancienne – mais également pour tout le continent africain, dont un énorme nombre d’habitants se retrouvent pleinement et avec enthousiasme dans les paroles prononcées par le colonel Maïga.

Et cette page c’est évidemment celle du panafricanisme, de la souveraineté pleine et entière et d’une appartenance ferme à l’ordre multipolaire international. Les experts des plateaux occidentaux auront beau à poursuivre leurs fanfaronnades en jouant sur des mots n’ayant plus aucun sens – pour des millions et des millions d’Africains, et d’autres peuples de la planète – cela n’aura absolument plus aucune importance.

D’où d’ailleurs et plus que jamais les innombrables menaces de l’Occident collectif otanesque à l’endroit de tous ces peuples, notamment africains, et le chantage qui s’en suit. Encore une fois – que cet Occident se calme, car s’il y aura bien ceux qui ont beaucoup trop à perdre, ce sont bien les Occidentaux, ayant des représentants totalement exécrables et complètement hors-sujet dans la voie contemporaine mondiale.

Une fois de plus, les règles auxquelles l’Occident devra désormais s’habituer dans ses relations avec la Russie et la Chine, ainsi que d’autres puissances non-occidentales promotrices de l’ordre multipolaire international, sont également celles qui seront de plus en plus appliquées dans les relations entre l’establishment atlantiste et le continent africain.

La richesse de l’Occident est effectivement et en grande partie due à l’Afrique, et non pas le contraire comme le prétendent les pseudo-élus et les pseudo-experts du petit monde occidental. Et face à cette réalité, l’Occident devra soit apprendre à faire profil bas en diminuant radicalement l’arrogance qui le caractérise, soit devra continuer à subir des échecs, qui d’ailleurs ne font que commencer.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Le grand rendez-vous du Sommet de l’OCS

13.09.2022

Au moment des bouleversements internationaux et d’un affrontement de plus en plus visible entre les partisans de l’ordre multipolaire et les nostalgiques de l’ère unipolaire, le sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai arrive à point pour poursuivre la coordination dans grand nombre d’orientations stratégiques.

Le Premier ministre indien Narendra Modi participera à un sommet régional qui, selon Moscou, donnera lieu à des discussions en tête-à-tête entre les présidents russe Vladimir Poutine et chinois Xi Jinping, comme l’a annoncé dimanche 11 septembre le gouvernement indien, écrit Le Figaro.

Fait tout de même toujours marquant dans la rhétorique occidentale: «sommet régional». S’il est vrai que les pays membres de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) – en l’occurrence la Russie, la Chine, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, l’Inde, le Pakistan et bientôt l’Iran, appartiennent tous au grand espace eurasiatique, il serait tout de même bon de rappeler que la population totale représentée est de pratiquement la moitié de la population mondiale. Cela évidemment sans compter les pays-observateurs: la Biélorussie, la Mongolie et l’Afghanistan. Ainsi que les partenaires de dialogue: Arménie, Azerbaïdjan, Cambodge, Népal, Turquie, Sri Lanka. Et ceux qui sont en cours d’obtention de ce dernier statut, en l’occurrence l’Egypte, l’Arabie saoudite ou encore le Qatar.

En d’autres termes – l’OCS représente une large partie de l’humanité. Et de simples calculs mathématiques permettent strictement à démontrer qui est beaucoup plus apte à faire référence à la communauté internationale. Evidemment, du côté occidental, la prétendue «communauté internationale» reste dans le cadre des 10-15% de la population terrestre, et qui prétendument dépasserait un cadre strictement «régional».

Passons. Il y a tout de même effectivement des points importants à soulever dans ce sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai en Ouzbékistan et qui aura lieu fort symboliquement dans la grande ville historique de Samarkand, l’une des plus anciennes villes habitées d’Asie centrale et ayant été l’une des principales cités de la Route de la soie.

La rencontre attendue entre les chefs d’Etat chinois et russe représente également un grand moment de ce sommet, sachant que ce sera de-facto l’un des deux premiers voyages du leader chinois à l’étranger depuis le début de la pandémie – il se rendra dans un premier temps au Kazakhstan, puis en Ouzbékistan pour le Sommet de l’OCS.

Il apparait aujourd’hui clairement que le rôle de la grande organisation eurasiatique et internationale sera appelé à monter, et ce dans plusieurs dossiers. Parmi lesquels : le renforcement de l’interaction politique, économique et sécuritaire des Etats membres, la poursuite de la défense et de la promotion de l’ordre multipolaire international dont l’OCS est l’un des principaux fers de lance, l’opposition à l’unilatéralisme d’une minorité mondiale extrême, et sans oublier les efforts conjoints dans l’objectif notamment de modifier le travail des différents secrétariats onusiens.

En effet, il est aujourd’hui révoltant qu’une structure comme l’ONU – censée être la base de l’entière communauté internationale – reste dominée, du moins dans les différents groupes de travail et d’analyse, soit par des représentants occidentaux, soit par des représentants assez ouvertement affiliés à l’Occident collectif. Peut-être que ce modèle avait sa «place» dans les années 1990 et le début des années 2000, lorsque les affaires internationales étaient de-facto dominées par l’establishment occidental, malgré l’infime minorité qu’il représentait. Aujourd’hui, cette page est largement dépassée, même si la bête à l’agonie s’accroche jusqu’au bout, il faut bien le reconnaitre.

Car à défaut de réformer en profondeur les diverses structures onusiennes, des organisations comme l’OCS seront appelées dans un avenir assez proche – à prendre leurs propres responsabilités, et si nécessaire devenir des alternatives aux bureaux onusiens existants. Il faut bien le reconnaitre aussi – les divers salariés onusiens issus du petit monde occidental et leurs proxys ne souhaiteront évidemment pas perdre lesdites places, pas plus que les élites atlantistes qui comptent sur eux.

Dans tous les cas, le monde multipolaire et quoiqu’on en dise fort vraisemblablement post-occidental, continuera à monter en puissance dans les mois et années à venir. Les tentatives, y compris radicales, de l’Occident à tenter de stopper ce processus ne mèneront finalement à rien. Et ne feront qu’impacter sérieusement la vie des citoyens ordinaires des pays dirigés par cette extrême minorité planétaire. Et en ce sens, l’Organisation de coopération de Shanghai sera bel et bien la structure clé du nouveau monde qui émerge.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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