Archives du mot-clé Organisation de coopération de Shanghai

Le grand rendez-vous du Sommet de l’OCS

13.09.2022

Au moment des bouleversements internationaux et d’un affrontement de plus en plus visible entre les partisans de l’ordre multipolaire et les nostalgiques de l’ère unipolaire, le sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai arrive à point pour poursuivre la coordination dans grand nombre d’orientations stratégiques.

Le Premier ministre indien Narendra Modi participera à un sommet régional qui, selon Moscou, donnera lieu à des discussions en tête-à-tête entre les présidents russe Vladimir Poutine et chinois Xi Jinping, comme l’a annoncé dimanche 11 septembre le gouvernement indien, écrit Le Figaro.

Fait tout de même toujours marquant dans la rhétorique occidentale: «sommet régional». S’il est vrai que les pays membres de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) – en l’occurrence la Russie, la Chine, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, l’Inde, le Pakistan et bientôt l’Iran, appartiennent tous au grand espace eurasiatique, il serait tout de même bon de rappeler que la population totale représentée est de pratiquement la moitié de la population mondiale. Cela évidemment sans compter les pays-observateurs: la Biélorussie, la Mongolie et l’Afghanistan. Ainsi que les partenaires de dialogue: Arménie, Azerbaïdjan, Cambodge, Népal, Turquie, Sri Lanka. Et ceux qui sont en cours d’obtention de ce dernier statut, en l’occurrence l’Egypte, l’Arabie saoudite ou encore le Qatar.

En d’autres termes – l’OCS représente une large partie de l’humanité. Et de simples calculs mathématiques permettent strictement à démontrer qui est beaucoup plus apte à faire référence à la communauté internationale. Evidemment, du côté occidental, la prétendue «communauté internationale» reste dans le cadre des 10-15% de la population terrestre, et qui prétendument dépasserait un cadre strictement «régional».

Passons. Il y a tout de même effectivement des points importants à soulever dans ce sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai en Ouzbékistan et qui aura lieu fort symboliquement dans la grande ville historique de Samarkand, l’une des plus anciennes villes habitées d’Asie centrale et ayant été l’une des principales cités de la Route de la soie.

La rencontre attendue entre les chefs d’Etat chinois et russe représente également un grand moment de ce sommet, sachant que ce sera de-facto l’un des deux premiers voyages du leader chinois à l’étranger depuis le début de la pandémie – il se rendra dans un premier temps au Kazakhstan, puis en Ouzbékistan pour le Sommet de l’OCS.

Il apparait aujourd’hui clairement que le rôle de la grande organisation eurasiatique et internationale sera appelé à monter, et ce dans plusieurs dossiers. Parmi lesquels : le renforcement de l’interaction politique, économique et sécuritaire des Etats membres, la poursuite de la défense et de la promotion de l’ordre multipolaire international dont l’OCS est l’un des principaux fers de lance, l’opposition à l’unilatéralisme d’une minorité mondiale extrême, et sans oublier les efforts conjoints dans l’objectif notamment de modifier le travail des différents secrétariats onusiens.

En effet, il est aujourd’hui révoltant qu’une structure comme l’ONU – censée être la base de l’entière communauté internationale – reste dominée, du moins dans les différents groupes de travail et d’analyse, soit par des représentants occidentaux, soit par des représentants assez ouvertement affiliés à l’Occident collectif. Peut-être que ce modèle avait sa «place» dans les années 1990 et le début des années 2000, lorsque les affaires internationales étaient de-facto dominées par l’establishment occidental, malgré l’infime minorité qu’il représentait. Aujourd’hui, cette page est largement dépassée, même si la bête à l’agonie s’accroche jusqu’au bout, il faut bien le reconnaitre.

Car à défaut de réformer en profondeur les diverses structures onusiennes, des organisations comme l’OCS seront appelées dans un avenir assez proche – à prendre leurs propres responsabilités, et si nécessaire devenir des alternatives aux bureaux onusiens existants. Il faut bien le reconnaitre aussi – les divers salariés onusiens issus du petit monde occidental et leurs proxys ne souhaiteront évidemment pas perdre lesdites places, pas plus que les élites atlantistes qui comptent sur eux.

Dans tous les cas, le monde multipolaire et quoiqu’on en dise fort vraisemblablement post-occidental, continuera à monter en puissance dans les mois et années à venir. Les tentatives, y compris radicales, de l’Occident à tenter de stopper ce processus ne mèneront finalement à rien. Et ne feront qu’impacter sérieusement la vie des citoyens ordinaires des pays dirigés par cette extrême minorité planétaire. Et en ce sens, l’Organisation de coopération de Shanghai sera bel et bien la structure clé du nouveau monde qui émerge.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=4237

L’échec de la politique US au Moyen-Orient

22.07.2022

Comme prévu, les nombreux partenaires traditionnels de Washington dans la région stratégique du Moyen-Orient se détournent de plus en plus ouvertement de leur allié. Ce qui paraissait encore récemment presque inimaginable devient réalité.

Plusieurs des principaux médias occidentaux ont clairement affirmé que le président étasunien Joe Biden repart les mains vides de sa tournée au Moyen-Orient, n’ayant rien obtenu lors du sommet arabe organisé en Arabie saoudite. Pas de résultat digne de ce nom notamment dans la sphère énergétique qui représentait l’orientation principale pour les USA dans le cadre de cette visite.

Comme l’indique l’analyse publiée par l’agence de presse gouvernementale turque Anadolu – le président américain Joe Biden a quitté l’Arabie saoudite sans avoir atteint le minimum en termes de prévisions des marchés internationaux de l’énergie qui avaient pourtant estimé avant son déplacement dans la région l’acceptation par les pays du Golfe de la hausse de la production du brut dans le but d’apaiser les marchés.

Ledit article rappelle également que des médias étasuniens, ainsi que des stratèges de banques d’investissement ont commencé à parler de l’échec de Biden à obtenir des engagements pétroliers auprès des dirigeants du Golfe au cours du sommet de Djeddah. Et que les marchés énergétiques américains sont conscients du fait que le principal objectif de la visite du président US dans la région du Moyen-Orient était de demander à ses dirigeants de continuer à alimenter le marché par de plus grandes quantités de brut, pour pouvoir amener à une baisse des prix de l’énergie aux Etats-Unis.

En effet et du côté saoudien, il a été déclaré à travers le prince héritier Mohammed ben Salmane, que le royaume sera dans l’incapacité à l’avenir d’augmenter sa production quotidienne au-delà de 13 millions de barils, sachant que la production actuelle est de 11 millions de barils quotidiens.

Si cet échec de l’administration Biden a été vu comme quelque chose d’inattendu pour de nombreux observateurs occidentaux, la réalité est que ce fut un développement parfaitement prévisible. Et qui confirme l’orientation de plus en plus en faveur de l’ordre multipolaire au sein de cette région stratégique qu’est le Moyen-Orient, comme Observateur Continental l’avait déjà souligné dans un passé récent.

Cela alors même que l’establishment occidental, atlantiste et nostalgique de l’unipolarité, observe avec vive inquiétude la montée en puissance des BRICS et d’un intérêt de plus en plus vif vis-à-vis de cette organisation ou encore de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) de la part de pays longtemps considérés comme des partenaires stratégiques de l’Occident.

Aussi et comme Observateur Continental l’avait déjà annoncé – tous les événements en cours confirment une fois de plus que la spirale des pressions, intimidations et sanctions en tout genre se retourne contre ses instigateurs. Et que l’establishment occidental a beau vouloir faire passer l’idée de son extrême puissance dans les affaires planétaires, tout en continuant à espérer un retour radical à l’ordre unipolaire – la réalité actuelle démontre que d’une part l’effet boomerang se fera ressentir de plein fouet sur la partie occidentale du monde, et de l’autre que nombre de pays de la planète, longtemps considérés comme ses alliés, s’éloignent progressivement de l’Occident.

Comme également annoncé précédemment, l’autre grand avantage des événements en cours est d’avoir démontré que la peur à sa libérer du joug occidental disparait de manière de plus en plus visible. Les masques de l’extrême arrogance et d’hypocrisie au summum sont définitivement tombés, permettant aux nombreuses nations du monde de comprendre que le monde d’aujourd’hui et à venir ne pourra être que post-occidental.

Prochain pronostic? Il est à croire que le régime étasunien va maintenant raviver la fameuse question de «respect» des droits de l’homme et les pressions multiformes vis-à-vis de tous les alliés qui ne vont dans la voie de l’obéissance la plus totale. Car s’il y a bien une chose dont ont besoin aujourd’hui les responsables atlantistes, c’est bien une application totale de leurs ordres face aux nations pro-multipolaires qui continuent de s’imposer.

En effet, l’Occident collectif n’a pas besoin d’alliés, ni de partenaires, mais bel et bien d’esclaves et de purs sous-traitants. En oubliant qu’au-delà de vivre dans un monde où l’ère multipolaire s’est imposée, peu souhaiteront faire partie d’un bateau qui coule. A moins d’être, comme c’est encore le cas pour certains régimes, d’évidents partisans du sadomasochisme.

Mikhail Gamandiy-Egorov

L’Inde remet les USA à leur place

19.07.2022

Bien que l’Occident collectif, et plus particulièrement Washington, avait vivement souhaité faire basculer l’Inde dans le camp occidental, New Delhi démontre que son agenda n’est pas celui de l’Occident. Une démarche indienne souveraine qui ne fait que renforcer l’axe de la multipolarité.

L’Inde a reproché aux Etats-Unis d’avoir «suggéré» directement aux autorités portuaires de la ville de Mumbai une interdiction d’entrée de navires russes. Les autorités indiennes ont rappelé avoir le droit souverain de traiter avec tous les partenaires mondiaux. L’indécence étasunienne a été vivement critiquée aussi bien au niveau du ministère indien des Affaires étrangères, qu’au niveau de l’opinion publique du pays.

Evidemment, cette nouvelle tentative d’intimidation de la part de Washington à l’encontre de New Delhi n’est pas le fruit du hasard. Après l’échec de faire éloigner la Chine de la Russie et de créer un large front international anti-russe, de même que la perte de plus en plus évidente quant à l’influence sur les alliés d’hier, l’Occident n’a plus peur du ridicule pour tenter à donner l’impression de ne pas couler. Y compris si cela ne fait que ridiculiser un peu plus sa posture.

Mais la retenue et un minimum de honte ne sont pas des caractéristiques de l’establishment occidental. Ces notions sont totalement absentes de sa manière à penser. Et si l’Inde est aujourd’hui dans le viseur atlantiste, ce n’est pas seulement en raison du fait que le pays achète beaucoup de pétrole russe, avec pour la seule demi-année en cours déjà plus de 60 millions de barils achetés à la Russie (contre 12 millions pour toute l’année 2021).

Les autres raisons étant que depuis toutes ces dernières années, l’Occident collectif avait fait des pieds et des mains pour tenter à faire intégrer l’Inde dans son camp, et de l’éloigner au maximum de la Russie comme de la Chine. Pour au final devoir faire face à un énième échec cuisant. Ce n’est pas tout. L’establishment politico-médiatique occidental tente par tous les moyens de présenter l’affrontement final actuel entre les partisans de la multipolarité et les nostalgiques de l’unipolarité comme celui de l’axe «autoritaire» face aux démocraties occidentales.

Des pseudo-démocraties occidentales qui avaient tellement besoin de la véritable et la plus grande démocratie du monde – en l’occurrence la République de l’Inde – ne serait-ce qu’au moins symboliquement à faire partie de leur bloc. Dans l’objectif à redorer le blason des fausses démocraties de l’Occident. Echec également.

Enfin, et là nous parlons de géopolitique et de géoéconomie, l’Inde faisant partie des BRICS comme de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), l’objectif occidental a toujours été de tenter d’affaiblir ces deux grandes organisations – représentant la véritable notion de communauté internationale. Non pas celle à la sauce G7. Et qui aujourd’hui inquiètent vivement les Occidentaux, ou du moins ceux résolument nostalgiques de l’ère unipolaire.

Mais les arrogants extrêmes de l’Ouest semblent oublier une fois de plus à qui ils ont affaire. Cela est d’autant plus choquant dans le cas lorsque le consulat d’un Etat de-facto sans histoire, culture, ni civilisation dignes de ce nom – s’adresse ouvertement à une administration intérieure d’un pays souverain à la civilisation millénaire, et 3ème puissance économique mondiale en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat par la même occasion, sous prétexte que les décisions prises aux USA et en Occident sont censées avoir une portée prétendument universelle.

Si les échecs de Washington et de ses suiveurs européistes, australien ou encore canadien – sont une fois de plus fort démonstratifs de la phase très importante et intéressante de l’histoire contemporaine mondiale que nous vivons en ce moment – il n’en est pas moins que l’Inde devra fermement renforcer sa sécurité vis-à-vis des interférences occidentales – pas tellement politiques dans le cas indien, mais beaucoup plus précisément sécuritaires.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=4074

L’Egypte, l’Arabie saoudite et la Turquie s’intéressent aux BRICS

15.07.2022

Les prévisions quant au fait que de nombreux pays, y compris longtemps liés à l’Occident, regardent de plus en plus en direction des grandes puissances non-occidentales et des organisations d’intégration correspondantes, avancent dans la voie de la concrétisation. Le concept des BRICS+ semble inévitablement prendre son envol.

Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) s’attendent à ce que l’Egypte, l’Arabie saoudite et la Turquie puissent rejoindre le groupe dans un avenir proche, écrit Middle East Monitor. Cette information est rapportée via Purnima Anand, présidente du Forum international des BRICS.

Cela alors même que tout récemment l’Iran et l’Argentine avaient déjà exprimé le désir d’intégrer la grande organisation internationale, représentant pratiquement la moitié de la population mondiale, plus d’un quart du PIB du monde, et 4 des 10 principales économies mondiales en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat. Le tout également au moment où l’Occident ne cache désormais plus son inquiétude quant à la montée en puissance de ladite alliance et son orientation de plus en plus anti-occidentale.

Purnima Anand a par ailleurs déclaré que la Chine, la Russie et l’Inde avaient déjà abordé la question de l’élargissement des BRICS en lien avec les pays mentionnés lors du 14ème Sommet de l’organisation, qui s’est tenu le mois dernier. «Tous ces pays ont manifesté leur intérêt à adhérer et se préparent à postuler pour l’adhésion. Je pense que c’est une bonne étape, car l’élargissement est toujours perçu positivement. Cela augmentera clairement l’influence des BRICS dans le monde».

Elle a également ajouté que l’adhésion de l’Egypte, de l’Arabie saoudite et de la Turquie pourrait ne pas avoir lieu au même temps pour les trois concernés. De son côté Li Kexin, directeur général du Département des affaires économiques internationales du ministère chinois des Affaires étrangères, avait précédemment indiqué que plusieurs pays «frappaient aux portes» de l’organisation, dont l’Indonésie, la Turquie, l’Arabie saoudite, l’Egypte et l’Argentine, notamment.

En parlant maintenant des perspectives de l’élargissement des BRICS et du concept BRICS+, il est à noter qu’Observateur Continental avait déjà abordé récemment cette question. En ce qui concerne plus précisément les cas de l’Egypte, de la Turquie et de l’Arabie saoudite – il serait correct de les analyser brièvement au cas par cas.

L’Egypte est actuellement la 22ème économie mondiale (juste derrière l’Iran) et la première en Afrique en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat. Sur le plan du PIB nominal, le pays des pharaons est classé 35ème à l’échelle mondiale et deuxième sur le continent africain (derrière le Nigéria). Le pays est par la même occasion la 12ème puissance militaire du monde en 2022 – première d’Afrique et du monde arabe. Le Caire peut également se vanter d’avoir des relations développées avec la Chine et la Russie, notamment, confirmant le fait d’être un membre potentiel intéressant pour les BRICS.

En ce qui concerne l’Arabie saoudite et la Turquie – ce sont des cas effectivement particuliers et également intéressants. La première étant la 17ème économie mondiale en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat (18ème en termes de PIB nominal). Longtemps considérée comme l’un des deux principaux alliés de Washington au Moyen-Orient (avec Israël), Riyad a engagé néanmoins récemment une orientation stratégique intéressante et axée sur la multipolarité. A l’instar des Emirats arabes unis, autre pays de la région longtemps considéré comme un allié de l’Occident, l’Arabie saoudite a souhaité préserver la coopération avec Moscou sur les questions énergétiques et géopolitiques, malgré les pressions washingtoniennes.

Quant à ses relations avec la Chine, l’Etat saoudien, au-delà d’être l’un des deux principaux (avec la Russie) fournisseurs de pétrole à Pékin, étudiait par la même occasion la possibilité de recevoir les paiements chinois pour le brut saoudien – en yuans. Une réalité fort déplaisante pour Washington. La suite dépendra bien évidemment de la capacité de Riyad à poursuivre l’éloignement de l’axe anglo-saxon en privilégiant celui de la multipolarité. Quant aux relations avec l’Iran, ayant déjà débuté la procédure d’adhésion en qualité de membre de plein droit au sein de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et souhaitant rejoindre également les BRICS, la plateforme internationale pro-multipolaire pourrait être d’ailleurs l’occasion de normaliser les relations. A suivre donc.

Pour ce qui est de la Turquie, 11ème puissance économique mondiale en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat et 13ème puissance militaire du monde, seul l’avenir pourra dire si l’orientation en faveur de l’axe de la multipolarité sera privilégiée par le leadership turc. Etant membre de l’Otan, et le deuxième effectif armé du bloc atlantiste, Ankara a néanmoins explicitement refusé à se joindre aux sanctions contre la Russie, partenaire économico-commercial stratégique du pays, malgré les innombrables pressions de l’establishment washingtonien et occidental.

Et plus que cela a clairement choisi la voie d’accroitre encore plus les échanges avec Moscou. Dans l’état actuel des choses, il est encore trop tôt de dire si la Turquie pourra intégrer pleinement les BRICS. Néanmoins et dans un avenir multipolaire post-occidental – rien ne sera impossible.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=4068

L’Occident inquiet de la montée en puissance des BRICS

04.07.2022

Longtemps stigmatisée par les prétendus experts occidentaux, l’organisation des BRICS inquiète vivement désormais les divers analystes issus de l’espace occidental qui la voient comme un bloc plus que jamais ouvertement opposé à l’Occident collectif.

«Un bloc anti-occidental émerge, plus puissant que jamais», titre Die Welt, l’un des principaux quotidiens allemands. L’auteur dudit article, Stefan Aust, affirme que si beaucoup en Allemagne pensent que la plupart des pays du monde soutiennent l’Ukraine, la vérité est pourtant toute autre: l’alliance anti-occidentale devient de plus en plus puissante, politiquement et économiquement – et continue de s’étendre à travers le monde.

Pour lui, le bloc anti-occidental est en train d’émerger, plus puissant qu’à n’importe quel moment de l’histoire. A ce titre, il serait fort juste effectivement de reprendre la piqure de rappel de Lijian Zhao – porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères qui dans sa publication récente indique justement à très juste titre que si la population totale des pays composant le G7 est d’un peu plus que 770 millions de personnes, celle des BRICS représente plus de 3 milliards d’habitants de la planète.

Le haut représentant chinois ne manque d’ailleurs pas d’ajouter que «la prochaine fois qu’ils parleront de communauté internationale – vous saurez ce que cela signifie». En effet, les événements en cours, y compris la propagande occidentale largement russophobe autour de l’Ukraine, ont le mérite d’avoir remis amplement les points sur les «i». A savoir que l’Occident collectif, bien que faisant bloc commun (en qualité des nostalgiques de l’unipolarité) représente dans les faits une infime partie de l’humanité, avec tout ce que cela implique.

Les Occidentaux remarquent aussi avec stupéfaction que malgré les sanctions occidentales visant la Russie, y compris à travers les systèmes de paiement comme Visa ou MasterCard – les Russes peuvent désormais utiliser le système chinois UnionPay (accepté dans 180 pays du monde), que le nombre de voitures et d’autres produits fabriqués en Chine augmente largement sur le marché russe, et que même l’Inde – que les Occidentaux voulaient à tout prix voir dans leur bloc – non seulement n’a pas condamné l’opération militaire spéciale de la Russie, mais au contraire augmente fort considérablement ses échanges avec Moscou. Y compris dans la sphère énergétique, comme Observateur Continental l’avait déjà abordé

Aussi, les analystes occidentaux sont aujourd’hui forcés de reconnaitre, avec amertume bien évidemment, que leur suzerain en la qualité des USA – perd progressivement son influence sur les autres continents également. Y compris dans ce que Washington considérait  comme son arrière-cour, à savoir l’Amérique latine, fait qu’Observateur Continental avait également abordé.

Les Occidentaux reconnaissent également qu’aucun pays d’Amérique latine et d’Afrique n’a soutenu les sanctions occidentales contre la Russie. Tandis qu’en Asie, ils peuvent se comptent sur les doigts d’une seule main: Japon, Corée du Sud, régime séparatiste de Taïwan.

Les analystes occidentaux commencent également à reconnaitre, alors que cela était prédit depuis de longues années, que les grandes organisations internationales non-occidentales telles que les BRICS ou encore l’Organisation de coopération de Shanghai, malgré leurs diversités culturelles et politiques – sont unis dans le rejet face la prétendue supériorité occidentale et des pseudo-valeurs que tente d’exporter l’establishment de l’Occident.

Il faudrait certainement également rappeler que l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et les BRICS – abritent ensemble 4 des 10 principales économies mondiales en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat (Chine – 1ère, Inde – 3ème, Russie – 6ème, Brésil – 9ème) et quatre puissances nucléaires par la même occasion (Russie, Chine, Inde, Pakistan). Tout en représentant à eux seuls de-facto la moitié de la population terrestre et plus d’un quart du PIB mondial.

Cela alors que la seule et véritable communauté internationale garde les portes ouvertes pour d’autres nations. A ce titre l’Iran et l’Argentine ont annoncé leurs ambitions de rejoindre les BRICS. Dans le cas de l’Iran, il faudrait rappeler que son adhésion a été déjà validée à l’OCS en qualité de membre de plein droit. Et cela en tenant compte aussi que les présidents Vladimir Poutine et Xi Jinping souhaitent augmenter l’interaction entre les BRICS, l’OCS ou encore l’Union économique eurasiatique. Sans oublier les grands ensembles régionaux et continentaux, notamment africains et latino-américains.

Pour conclure, résumons. L’Occident comprend de plus en plus que l’ère de son extrême arrogance est bel et bien terminée. Et si avant il y avait encore une porte ouverte à devenir pour cet Occident collectif un membre responsable de la véritable communauté internationale, désormais c’est vraisemblablement trop tard. Le monde ne sera plus seulement multipolaire – il l’est déjà – mais bel et bien multipolaire post-occidental.

Car au-delà d’être effectivement une évidente minorité planétaire sur le plan démographique, sur le plan économique l’Occident ne cesse également de perdre sa position de dominant (dans le Top 10 mondial, désormais moins de la moitié sont des économies occidentales et dans un avenir assez proche elles seront encore moins représentées). Les technologies occidentales deviennent de plus en plus remplaçables, et mêmes perdent de l’importance face aux alternatives chinoises et indiennes pour ne citer qu’elles. Quant aux ressources naturelles – l’Occident n’en possède comme au Moyen-Age tout simplement pas, mis à part celles qu’il pille encore à nombre d’endroits de la planète.

Et dans cette réalité résumée – oui, l’Occident devra effectivement apprendre à faire profil bas face à l’écrasante majorité de la planète et de l’humanité.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Pétrole: les marchés asiatiques comme priorité

23.06.2022

Le secteur pétrolier traduit une configuration mondiale qui suit parfaitement les changements majeurs observés sur la scène internationale, dans le cadre de l’ordre multipolaire. Et en ce sens, l’Occident est loin de représenter une quelconque priorité.

«Grâce à la Chine et l’Inde, le pétrole rapporte encore gros à la Russie» – annonce la chaine Euronews – l’un des principaux porte-voix des européistes bruxellois. En effet, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), cité par ledit reportage – la Russie a tiré des exportations de pétrole un revenu estimé à 20 milliards de dollars pour le seul mois de mai.

Par ailleurs, les importations chinoises de pétrole en provenance de Russie ont augmenté de 28% le mois dernier, et comme résultat l’Etat russe est devenu le premier fournisseur pétrolier de la Chine, en dépassant l’Arabie saoudite. Du côté de l’Inde, autre grande puissance non-occidentale et tout comme la Chine et la Russie – membre des BRICS et de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) – pour la seule demi-année en cours elle a acheté 60 millions de barils de pétrole russe, tandis pour toute l’année 2021 le volume de pétrole acheté à la Russie était de 12 millions de barils.

Les observateurs occidentaux aiment rappeler que Moscou vend son pétrole à Pékin et New Delhi avec un discount intéressant, ce qui est d’ailleurs vrai, mais en oubliant parfois d’indiquer que l’augmentation nette des prix pour cette matière stratégique à l’échelle internationale compense largement aujourd’hui tous les possibles discounts. D’autant plus des discounts faits à des partenaires dignes de ce nom. A l’énorme différence des régimes occidentaux. Après tout, vous avez bien droit de vendre le produit demandé au prix qui varie selon le niveau de fiabilité du client, et des relations qui vous lient à lui.

Tout cela traduit plusieurs aspects. Tout d’abord qu’il est effectivement grand temps pour la Russie de prioriser au maximum les marchés asiatiques et d’autres espaces non-occidentaux. Pas seulement pour le pétrole d’ailleurs. Dans le cas plus particulier du pétrole, les responsables et experts russes l’ont maintes fois indiqué: le pétrole russe trouvera preneur partout dans le monde, même si l’establishment atlantiste interdirait complètement son importation pour les compagnies occidentales.

De l’autre, que de manière générale et connaissant ce que représentent les marchés asiatiques, à savoir de loin les principaux consommateurs, il est également parfaitement naturel de se focaliser sur ces orientations. Et pas seulement du point de vue démographique, même si là aussi tout est dans les faits : la Chine et l’Inde à elles seules représentent près de 2,8 milliards de personnes. Cela sans même comptabiliser de nombreuses autres nations d’Eurasie, d’Afrique et d’Amérique latine. Quant aux USA et leurs fidèles sous-traitants de l’UE: pas plus que 800 millions…

Mais au-delà de l’aspect démographique qui a bien évidemment toute son importance, et peut-être aujourd’hui plus que jamais, pour rappeler aux nostalgiques de l’unipolarité où se trouve la véritable communauté internationale, la réalité économique n’est pas en reste. Faut-il justement rappeler qu’à ce titre, la Chine est la première puissance économique mondiale en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat et l’Inde – troisième?

Un sujet qu’Observateur Continental avait déjà abordé nombre de fois. Avec en prime le rappel que la Russie dans un avenir proche dépassera l’Allemagne (première économie de l’UE) pour devenir la 5ème puissance économique du monde, et que des pays comme le Royaume-Uni et la France quitteront, et ce également dans un avenir assez proche, le Top 10 des principales économies mondiales pour laisser place à des nations comme la Turquie ou encore le Mexique.

Bien sûr, nous savons tous que cela fait mal, et peut-être très mal, aujourd’hui pour l’Occident de devoir reconnaitre le fait d’être non seulement une extrême minorité planétaire sur le plan démographique, mais également de regarder avec énorme jalousie les portefeuilles de ses principaux adversaires géopolitiques et géoéconomiques. Qui ne sont autres que les grandes puissances non-occidentales, et partisanes de l’ordre multipolaire international par la même occasion.

Et lorsqu’on prend en compte tous ces aspects, et quelques autres, on comprend mieux pourquoi l’Occident a tellement de mal à maintenir une domination mondiale. Une domination qui non seulement s’est essoufflée, mais qui de facto est morte. Encore une fois il faut bien rappeler et préciser qu’au départ il n’était pas question d’exclure l’Occident de la communauté internationale au vrai sens du terme. Mais les élites occidentales ont de par leur extrême arrogance et une pure mentalité néocoloniale préféré s’autoexclure elles-mêmes. Et ainsi nous permettre non seulement de poursuivre le développement de l’ordre multipolaire international, mais également d’ouvrir la page de l’ère multipolaire post-occidentale. Une ère dans laquelle les ressources réelles joueront un rôle clé dans le développement des peuples, et non pas la spéculation sans aucun support derrière.

Quelles en seront les conséquences pour l’Occident? Difficile de le dire de manière exacte pour le moment. Il faudrait juste peut-être rappeler que les diverses croisades occidentales du Moyen-Age avaient peut-être des objectifs spirituels que pour certains de ses participants. Mais pour les instigateurs, n’hésitant pas à attaquer musulmans comme chrétiens orthodoxes (voir pillage de la ville de Constantinople de 1204), l’objectif était uniquement économique. A une période où cette fameuse Europe aujourd’hui si arrogante mourrait de la faim et de la peste, et n’avait pratiquement aucune notion digne de ce nom de la médecine. A la grande différence notamment du monde arabe.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Iran-Russie: le corridor Nord-Sud en tant que route commerciale internationale majeure

21.06.2022

Téhéran et Moscou vont établir des centres de commerce basés dans les deux pays, tout en établissant un corridor Nord-Sud qui pourra rivaliser avec le canal de Suez. Cela en maintenant une coordination de haut niveau sur les questions eurasiatiques et internationales.

L’Iran et la Russie ont signé un protocole d’accord en ce qui concerne la mise en place de centres de commerce mutuels, comme l’annonce le site d’information anglophone spécialisé dans les rapports et les analyses sur le Moyen-Orient – Al-Monitor.

L’un des deux centres sera basé dans la capitale iranienne Téhéran, tandis que le second se trouvera dans la deuxième plus grande ville russe Saint-Pétersbourg. Les centres en question auront pour fonction de faciliter les échanges entre les deux pays dans les secteurs de l’énergie, des transports, de l’électronique, de l’agriculture, de l’alimentation, des produits pharmaceutiques et de la construction.

Le mémorandum a également pour objectif d’aider les hommes d’affaires iraniens et russes à établir des contacts et à effectuer des transactions financières. Le projet visera également à faire accélérer le projet de corridor Nord-Sud – un corridor commercial de première importance pour les deux nations. Pour rappel, les deux pays participent à ce grand projet eurasien, reliant l’Inde à de nombreux autres pays de l’espace eurasiatique à travers un système de routes, de lignes maritimes et de chemins de fer. Ledit projet a pris encore plus d’importance suite aux problèmes qu’avait connus le canal de Suez en mars 2021, lorsqu’un porte-conteneurs s’est échoué, provoquant de sérieuses perturbations pour le commerce maritime dans cette zone stratégique au niveau international.

Evidemment et en parlant de perspectives, ces nouvelles orientations ne font que rajouter encore plus de poids aux relations stratégiques entre l’Iran et la Russie. Faudrait-il rappeler l’adhésion de la République islamique à l’Organisation de coopération de Shanghai (composée de la Russie, de la Chine, du Kazakhstan, du Kirghizistan, de l’Ouzbékistan, du Tadjikistan, de l’Inde et du Pakistan) – en qualité de membre de plein droit? Sans oublier l’interaction avec l’Union économique eurasiatique (UEEA) également considérée comme une orientation stratégique pour Téhéran ou encore la coopération dans la sphère militaro-sécuritaire, y compris dans le cadre du triumvirat Russie-Chine-Iran.

Il devient désormais évident que l’Eurasie continuera à jouer un rôle de premier poids dans l’ordre multipolaire international. Et vraisemblablement désormais non plus seulement dans un cadre multipolaire, mais bel et bien multipolaire post-occidental, à l’heure où l’Occident s’est de facto lui-même isolé de la communauté internationale, en continuant obstinément à prétendre vivre encore dans l’ère unipolaire du diktat occidental.

Evidemment et dans le cadre eurasiatique, la Russie, la Chine et l’Iran – jouent des rôles déterminants aussi bien sur le plan civilisationnel d’appartenance à l’Eurasie, mais également du point de vue des orientations géopolitiques, géoéconomiques et militaro-sécuritaires au niveau régional et international. Des orientations appelées à se renforcer, comme le confirme y compris le projet du corridor Nord-Sud, s’ajoutant parfaitement au grand projet chinois des Nouvelles routes de la soie, et créant par la même occasion des défis supplémentaires à l’axe anglo-saxon ayant longtemps pensé dans l’histoire contemporaine pouvoir dominer sans partage sur les axes commerciaux internationaux.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Secrétaire général de l’OTSC: l’alliance militaire eurasienne capable de faire face à l’Otan

28.05.2022

L’expansion vers l’Est de l’Otan attisera les tensions régionales et en aucun cas ne sera une source de stabilité ou de sécurité pour ses Etats membres, selon le secrétaire général de l’OTSC. Toujours selon lui, les hostilités entre les deux blocs ne pourront que s’aggraver.

L’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) dispose de toutes les possibilités pour garantir la sécurité pour nos pays, c’est ce qu’a indiqué Stanislav Zas – secrétaire général de l’organisation. Il a également ajouté que l’OTSC représente un bouclier efficace pour ses Etats-membres. Pour rappel, l’organisation politico-militaire est composée de la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l’Arménie et le Tadjikistan.

Selon lui, l’expansion orientale de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord attisera les tensions régionales et en aucun cas ne stabilisera et n’assurera pas la sécurité pour ses pays membres. En ce qui concerne les perspectives d’adhésion de la Finlande et de la Suède au bloc otanesque – cela ne fera qu’aggraver les hostilités entre la Russie et l’Otan.

Stanislav Zas a également rappelé que l’OTSC est une organisation internationale qui ne constitue pas seulement un bloc politico-militaire, mais que c’est également une organisation multifonctionnelle, offrant une protection contre d’autres types de menaces. Tout en ajoutant que l’organisation dispose de suffisamment de forces et de moyens, ainsi que d’un système de réponse aux crises: «L’OTSC a toutes les possibilités pour servir de garant de la sécurité de nos pays et je pense que nous sommes vraiment un bon bouclier pour nos six Etats», a-t-il déclaré.

En termes de perspectives, ces déclarations du secrétaire général de l’Organisation du Traité de sécurité collective confirment effectivement plusieurs aspects. Tout d’abord est que nous assistons en effet aujourd’hui à une opposition féroce entre l’Eurasie – devenue la principale force motrice de défense et de promotion de l’ordre multipolaire international et l’Occident – dont l’establishment continue de tenter à forcer l’écrasante majorité de la planète vers un retour à l’ordre unipolaire, dépassé et révolu.

En ce sens, les processus en cours et à venir dans le grand espace eurasiatique prennent aujourd’hui une dimension particulièrement importante. Aussi bien dans le cadre de structures telles que l’OTSC, mais également en ce qui concerne les grandes alliances internationales telles que l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) – composée quant à elle de la Russie, de la Chine, du Kazakhstan, du Kirghizistan, de l’Ouzbékistan, du Tadjikistan, de l’Inde, du Pakistan, et bientôt de l’Iran qui deviendra également membre à part entière. 

D’où les innombrables tentatives des élites atlantistes à tenter de ralentir les processus en question en Eurasie – non seulement car ledit espace représente en soi un énorme poids démographique, militaire, économico-industriel et civilisationnel, mais aussi en raison de d’influence de plus en plus accrue dudit espace sur d’autres régions du monde, notamment dans son interaction avec l’Afrique, l’Asie du Sud-Est, le Moyen-Orient et l’Amérique latine.

En effet et depuis les événements des derniers mois, l’Occident ne peut plus occulter la réalité de n’être qu’une extrême minorité à l’échelle mondiale et de n’avoir absolument aucune légitimité à pouvoir parler au nom d’une quelconque communauté internationale. Et ce malgré les innombrables instruments étant encore à sa disposition pour tenter de faire croire le contraire. Un autre élément à prendre en considération – vu comme un extrême danger par l’establishment atlantiste – n’est autre que la montée en nombre de personnes dans l’espace occidental qui se revendiquent de plus en plus ouvertement de la multipolarité. Et qui ne se retrouvent aucunement dans les délires de leurs prétendues élites qui s’accrochent au fantasme d’une hégémonie occidentale sur le monde, dans la pure continuité d’une mentalité coloniale.

En ce sens, il est évident que les alliances eurasiennes et internationales ont un énorme rôle à faire valoir pour mettre définitivement fin aux rêves des nostalgiques de l’unipolarité, et pour que puisse s’imposer non plus seulement le monde multipolaire – qui est déjà une réalité admise – mais bel et bien l’ère multipolaire post-occidentale, souhaitée et attendue par des milliards de personnes de la planète.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Les perspectives des BRICS en tant que base de la nouvelle réalité internationale

21.04.2022

Dans le cadre du monde multipolaire post-occidental, les discussions s’activent sur les modèles qui joueront un rôle clé dans la nouvelle architecture internationale. Le groupe des BRICS fait partie des options qui méritent un grand intérêt.

Dans le contexte des bouleversements en cours et à venir sur la scène internationale, avec comme résultat la marginalisation de plus en plus visible de l’establishment occidental, il est désormais très important de mettre en place les mécanismes de cette nouvelle réalité mondiale qui s’impose, et s’imposera.

Les nostalgies du système unipolaire vivent les dernières heures et laisseront la place à une nouvelle configuration des relations internationales et de blocs régionaux/continentaux. On sait également que les forces motrices de cette architecture seront les grandes puissances mondiales non-occidentales, ainsi que les communément appelés pays du Sud. A cet effet, de nouvelles institutions verront certainement le jour, de même que de nouveaux mécanismes d’intégration régionale, voire inter-régionale, sans oublier les systèmes financiers correspondants.

Evidemment, les BRICS constituent l’un de ces exemples d’inspiration pour la suite des événements à venir. Parmi les orientations que pourra offrir l’organisation, on peut faire mention du redémarrage des échanges mondiaux sur de nouvelles règles et bases, la création d’un nouveau système institutionnel qui permettra la modernisation des pays alliés et partenaires, la mise en place de nouvelles plateformes régionales, et bien évidemment la création d’un système financier nouveau, qui privilégiera les échanges en monnaies nationales/régionales, sans oublier la ferme nécessité de s’éloigner vis-à-vis des réserves en monnaies occidentales.

Ces schémas, ainsi que certainement beaucoup d’autres, pourront être coordonnés et mis en œuvre dans le cadre du format BRICS+, un format qui ouvre l’interaction entre les pays membres des BRICS avec les autres nations, et plus généralement le reste de l’économie mondiale. En ce qui concerne plus précisément les organisations avec lesquelles les BRICS peuvent déjà interagir, on peut mentionner l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) – cette grande organisation eurasiatique internationale, ainsi que l’Union économique eurasiatique (UEEA).

Aussi, les interactions et coordinations de divers mécanismes supplémentaires, peuvent et doivent être étendues aux autres parties du monde, notamment l’Afrique et l’Amérique latine. Il est également évident que lors de la création de telles nouvelles plateformes d’interaction, l’esprit du multilatéralisme, ainsi que de la construction d’une nouvelle architecture internationale – dans l’intérêt de l’ensemble de ses participants – seront des orientations de première importance.

Si l’esprit des groupes des BRICS et de l’OCS est devenu aujourd’hui inspirant pour de nombreuses régions terrestres, il est évident qu’il faudra faire preuve d’adaptation à leurs besoins, le tout dans l’objectif de reformater l’économie mondiale dans un cadre réellement inclusif, juste et durable. En cela les BRICS comme l’OCS peuvent devenir les initiateurs de processus d’interaction avec à terme une grande plateforme de coopération regroupant tous les pays du Sud. La présidence chinoise des BRICS de cette année peut d’ailleurs donner une impulsion à toutes ces initiatives.

En ce qui concerne les grandes puissances non-occidentales, il est évident qu’il faut dès maintenant construire ces mécanismes qui à terme tourneront définitivement la page du système libéral occidental. Dans cette optique, l’Occident pourra choisir de rester isolé en poursuivant ses fameuses références à un système international qu’il contrôlait – révolu, ou d’ici là s’adapter aux nouvelles règles. Bien que cette question ne soit pas prioritaire. La priorité est représentée par la majorité de la population du globe terrestre.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=3806

Chine-Russie: la force dans la complémentarité

A la veille d’une nouvelle rencontre entre les présidents russe et chinois, il devient définitivement évident que tous les adversaires du rapprochement sans précédent entre la Chine et la Russie, le plus souvent ni Russes, ni Chinois, doivent se rendre à l’évidence d’un énième échec.

Alors que le président russe sera en déplacement en Chine, accompagné d’une grande délégation, pour y rencontrer son homologue chinois Xi Jinping et assister à l’ouverture des Jeux olympiques d’hiver de Pékin, Vladimir Poutine a signé une tribune intitulée La Russie et la Chine: un partenariat stratégique tourné vers l’avenir, et publié par l’agence de presse chinoise Xinhua.

Si le leader russe rappelle à très juste titre que les deux pays, étant des voisins proches, sont liés par des traditions séculaires d’amitié et de confiance, il revient également sur les principales orientations de la coopération stratégique entre la Russie et la Chine. En indiquant que «nous apprécions hautement le fait que le partenariat de coordination stratégique globale Russie-Chine, qui est entré dans une nouvelle ère, a atteint un niveau sans précédent et est devenu un modèle d’efficacité, de responsabilité et d’aspiration pour l’avenir».

En parlant des échanges économico-commerciaux, le président russe a fait valoir qu’à l’issue de l’année 2021, le volume des échanges mutuels a augmenté de plus d’un tiers, pour dépasser le niveau record de 140 milliards d’équivalents de dollars. Tout en rappelant que l’objectif fixé par les leaderships des deux pays est de porter le volume commercial à 200 milliards par an.

Un point important soulevé par le leader russe concerne l’extension des règlements en devises nationales et la poursuite de la création des mécanismes qui compensent l’impact négatif des sanctions unilatérales. Tout en rappelant qu’à cet égard un accord a été signé entre la Russie et la Chine en 2019.

On devrait également rappeler qu’un véritable coup de pouce supplémentaire pour les échanges sino-russes pourra être donné par le renforcement des axes logistiques bilatéraux, et ce à l’heure du grand projet international promu par la Chine La Ceinture et la Route.

Vladimir Poutine n’a pas manqué évidemment d’aborder la coordination de la politique étrangère entre la Russie et la Chine, qui repose sur des approches étroites et concordantes pour résoudre les problèmes mondiaux et régionaux. «Nos pays jouent un rôle stabilisateur important dans l’environnement international difficile d’aujourd’hui, en promouvant une plus grande démocratie au sein du système des relations internationales afin de le rendre plus équitable et inclusif». Tout en rappelant par la même occasion qu’au-delà de l’interaction bilatérale d’un niveau sans précédent, les deux nations travaillent également dans un cadre actif multilatéral, que ce soit au sein de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) ou des BRICS, entre autres.

La culture et les relations entre les deux peuples ne sont également pas restées de côté. Le président russe a à ce titre rappelé que la Russie et la Chine sont des pays comptant des milliers d’années de traditions uniques et un patrimoine culturel renommé. Par ailleurs, de nouveaux programmes de sensibilisation et d’éducation seront lancés afin de faire découvrir encore plus aux citoyens russes et chinois l’histoire et la vie quotidienne des deux pays. Renforçant une fois de plus le fait que la proximité stratégique ne concerne pas seulement les leaderships politiques, militaires et les opérateurs économiques des deux civilisations, mais aussi et très fortement les deux peuples.

Enfin et alors que les Jeux olympiques d’hiver vont maintenant débuter dans la capitale chinoise, le président russe n’a pas manqué de rappeler l’intensification des tentatives d’un certain nombre de pays qui visent à politiser le sport pour leurs intérêts égoïstes, ce qui est fondamentalement erronée et contraire à l’esprit et aux principes mêmes de la Charte olympique. En ajoutant que «nos amis chinois ont fait un travail énorme pour bien préparer les Jeux olympiques et paralympiques d’hiver». Et en exprimant sa conviction que la vaste expérience de la Chine dans l’excellente organisation de compétitions internationales représentatives permettra d’organiser cette fête mondiale du sport au plus haut niveau.

Evidemment et en termes de perspectives, l’essentiel à retenir, une fois de plus, c’est que la relation sino-russe au-delà d’être solide, est orientée sur le temps. Sur du long-terme. Les experts autoproclamés occidentaux ont beau continuer à tenter de chercher la moindre petite faille dans cette relation (qui par essence d’ailleurs ne les regarde pas) – ils n’arrivent pas à faire stopper cette puissante locomotive conjointe.

Une locomotive construite effectivement sur une base solidaire et celle de la complémentarité. Le tout en tenant compte des intérêts respectifs, en coordonnant les positions dans les très nombreux dossiers internationaux courants, en renforçant la coopération dans la sphère militaro-sécuritaire (aussi bien au niveau bilatéral que multilatéral), et en promouvant des échanges économico-commerciaux à succès et mutuellement bénéfiques. C’est ce qui facilite d’ailleurs justement cette complémentarité sino-russe, et ce aussi bien sur le plan bilatéral qu’à d’autres endroits du monde.

Pour finir, il serait certainement juste de répondre aux mauvaises langues occidentales, en d’autres termes – aux adversaires de la Russie comme de la Chine – qui sans même s’intéresser aux chiffres et statistiques, prétendent maîtriser les particularités économiques, en gesticulant que l’économie chinoise ne fera « qu’avaler » celle de la Russie.

Ces prétendus spécialistes pourront donc consulter les statistiques des échanges commerciaux entre les deux pays pour le troisième trimestre 2021. Les exportations russes à destination de la Chine pour cette période ont représenté plus de 17,6 milliards d’équivalents de dollars (une hausse de 57,19% sur la même période de 2020), celles de la Chine à destination de la Russie: un peu plus que 19 milliards (hausse de 30,14% sur la même période de 2020). Conclusion: des échanges donc tout à fait équilibrés entre respectivement la première et la sixième économie mondiale en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat. Des échanges qui ne feront que s’accroitre encore plus, au détriment des adversaires occidentaux.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=3551

https://t.me/axe_afrique_russie/368

https://web.facebook.com/mikhail.egorov.5/posts/10225179499047884