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Politique israélienne en Syrie, les masques tombent

F-15 E israélien. Archive photo

La Syrie est le théâtre d’affrontement d’envergure pratiquement mondiale, du fait de l’internationale terroriste présente sur le territoire, mais aussi en raison de la participation de pays hostiles à la République syrienne. Parmi eux, les récents événements ont mis en lumière le rôle d’Israël.

Si aujourd’hui, ce n’est un secret pour personne que des pays comme les USA, l’Arabie saoudite, le Qatar ou encore plusieurs États ouest-européens ont largement et ouvertement contribué au chaos en Syrie, le cas d’Israël était à part. D’un côté, l’État hébreu se déclarait « neutre » dans le conflit syrien, mais ses actions ont plusieurs fois démontré le contraire. La dernière en date a été la goutte qui a fait déborder le vase.

En effet, l’aviation israélienne a mené plusieurs frappes en Syrie au cours de ces dernières années. À chaque fois, elles visaient les positions de l’armée gouvernementale syrienne ainsi que ses alliés, dont le Hezbollah libanais — l’os dans la gorge de l’État israélien depuis déjà bien longtemps. Qu’en est-il des groupes terroristes, dont Daech ou Al-Qaida? Réponse: ils n’ont jamais été visés par les avions israéliens.

En septembre dernier, lors de l’offensive de l’armée syrienne contre les terroristes takfiristes du Front Al-Nosra (devenu par la suite Front Fatah al-Cham et plus récemment encore Hayat Tahrir al-Cham) dans le sud de la Syrie, aux environs de Kouneitra, l’armée israélienne avait une fois de plus attaqué les positions des forces gouvernementales. Si les précédentes attaques israéliennes n’avaient pratiquement pas généré de riposte côté syrien, ce ne sera pas le cas de celle-ci. Un avion et un drone israéliens seront abattus, selon les informations de l’état-major syrien. Israël niera les faits.

17 mars. Alors que l’armée syrienne et les milices progouvernementales poursuivent l’offensive contre Daech à l’est de Palmyre, l’aviation israélienne frappe une nouvelle fois les troupes syriennes. La DCA syrienne riposte et affirme avoir abattu un avion et en avoir touché un autre. Israël nie dans un premier temps les faits, comme il l’avait fait au mois de septembre. Mais la réaction qui s’en suit deux jours plus tard d’Avigdor Lieberman, le ministre israélien de la Défense semble confirmer la version syrienne. En effet, il annonce que si la DCA syrienne riposte de nouveau contre l’aviation israélienne, l’État sioniste « détruira » les systèmes de défense antiaérienne de Syrie.

De l’aveu des médias, y compris mainstream, il s’agit du plus sérieux incident entre les deux pays depuis le début de la crise syrienne. Incident suffisamment sérieux en tout cas pour que le ministère russe des Affaires étrangères convoque ce lundi 20 mars l’ambassadeur israélien en poste à Moscou, afin de lui transmettre l’opposition de la Russie face aux actions israéliennes à l’encontre de la Syrie.

Plus gênant presque que le bombardement en lui-même, ce sont les justifications israéliennes qui ne tiennent tout simplement pas. Tel-Aviv a en effet indiqué que les frappes visaient à empêcher un transfert d’armes au Hezbollah libanais, alors que l’attaque a ouvertement visé les forces syriennes aux alentours de Palmyre, là où l’armée gouvernementale fait face à Daech. Bien difficile désormais de parler du manque de complicité entre Israël et les groupes terroristes, d’autant plus que selon divers témoignages, de nombreux terroristes, notamment ceux opérant dans le Sud du territoire syrien, se font soigner dans les hôpitaux israéliens.

Au-delà du conflit syrien, et dans lequel les forces gouvernementales soutenues par les alliés prennent de plus en plus le dessus sur les groupes terroristes, Israël a vraisemblablement très peur du rééquilibrage des forces dans la région issu de l’ère multipolaire. En effet faut-il rappeler que l’État sioniste faisait partie des grands bénéficiaires de la chute de l’URSS et de la fin officielle de la guerre froide?

L’avènement de l’ère unipolaire, avec le diktat de la seule superpuissance étasunienne, l’allié par excellence d’Israël, avait donné à ce dernier un sentiment de quasi-impunité aussi bien dans le conflit qui l’oppose à la Palestine, qu’à plusieurs de ses voisins. La guerre perdue en 2006 face au Hezbollah libanais, qui combat aujourd’hui aux côtés de l’armée syrienne les terroristes takfiristes, a été l’un des premiers signes remettant en cause « l’invincibilité » régionale d’Israël.

Puis le renforcement de l’Iran, partisan lui de la multipolarité et ennemi de longue date, a ravivé les craintes de Tel-Aviv. Enfin, le positionnement de la Russie en faveur de son allié syrien dans la lutte antiterroriste a complètement reconfiguré les perspectives proche et moyen-orientales. En effet et selon plusieurs hauts cadres de Tsahal, la présence russe en Syrie a totalement mis à mal la domination aérienne d’Israël dans la région. Pour rappel, les systèmes de défense antiaérienne et antimissiles russes S-300 et S-400 se trouvent sur le territoire syrien, mais à ce jour, ils n’ont pas été utilisés. Cependant, la DCA syrienne a riposté au raid israélien avec ses vieux systèmes S-200 et il est peu probable que Tel-Aviv souhaite que les systèmes russes plus sophistiqués soient utilisés contre son aviation. D’où l’importance de l’empêcher par des canaux diplomatiques. Cela a été fait ce lundi.

https://fr.sputniknews.com/points_de_vue/201703201030536992-isael-syrie-politique/

Mikhail Gamandiy-Egorov

Syrie : le grand tournant de la guerre a bien eu lieu

Syrie : le grand tournant de la guerre a bien eu lieu

Alep, Alep. Cette ville était à la une de l’actualité depuis plusieurs semaines. L’élite politico-médiatique occidentale faisait tout pour faire retarder la victoire. Mais rien n’y fait, la victoire a bien eu lieu. Alep est libre.

Avant-hier dans la soirée plusieurs sources indiquaient que l’armée arabe syrienne mène l’opération de libération des tout derniers quartiers sous contrôle terroriste. Des terroristes que les médias du mainstream continuent incessamment d’appeler « rebelles » ou « insurgés », désireux simplement avec l’appui occidental et des régimes du Golfe, d’installer la charia dans un pays multiethnique et multiconfessionnel. Puis cette confirmation tant attendue est arrivée: les dernières résistances terroristes ont été anéanties.

La joie est palpable à Alep en premier lieu. Malgré toutes les souffrances que les habitants de cette deuxième ville de Syrie ont dû endurer: exécutions, utilisation en tant que boucliers humains par les groupes terroristes, extorsions, aujourd’hui cette page est tournée. Les habitants d’Alep en liesse célébraient la reprise totale de la ville par l’armée gouvernementale.

En passant et avec la reprise d’Alep-Est, le gouvernement syrien contrôle désormais les cinq plus grandes villes du pays: la capitale Damas, Alep, Homs, Lattaquié, Hama. D’ailleurs, c’est ce que le journal Le Monde a été forcé lui aussi d’avouer (évidemment sans plaisir).

Mais le travail n’est pas terminé. Beaucoup d’entre nous ont bien sûr les yeux rivés sur Palmyre, la cité antique et martyre, qui a été réoccupée tout récemment par la secte takfiriste de Daech, profitant de l’attention autour d’Alep et de l’arrêt des bombardements de la « coalition » US sur leurs positions à Raqqa, la capitale autoproclamée de la secte. Des experts syriens et russes y ont vu une complicité presque non voilée: voyant la chute imminente de leurs protégés terroristes à Alep et comprenant que les ruses diplomatiques ne marcheront plus, l’élite occidentale a contribué à ce que le joyau de la culture syrienne et mondiale, Palmyre, retombe aux mains des barbares de Daech, que beaucoup voient comme un allié non-reconnu de l’élite occidentale et de certains acteurs régionaux.

Mais pas pour longtemps. D’intenses combats sont menés en ce moment même aux abords de la ville, d’autant plus que l’armée gouvernementale syrienne se retrouvant face à un déluge de terroristes de plusieurs fois supérieurs en nombre (un millier d’hommes contre plus de 5000 extrémistes), a néanmoins réussi à évacuer la très grande majorité des civils de cette petite ville. Ce qui facilite largement la tâche, les terroristes n’auront pas la possibilité d’utiliser les civils en tant que boucliers humains comme l’avaient fait leurs homologues à Alep. Et au vu des déclarations toutes récentes aussi bien des leaderships syrien que russe, les terroristes de Daech vont vivre des moments d’extrême difficulté. Car l’objectif est clairement annoncé: libérer Palmyre dans les plus brefs délais. On peut donc imaginer le calvaire que vont vivre les extrémistes sous peu. D’autant plus que c’est désormais aussi l’occasion d’en éliminer un très grand nombre d’entre eux lorsqu’ils seront forcés de reculer, le tout dans un milieu désertique où ils n’auront pas l’occasion de se cacher entre multiples bâtiments, comme ce fut également le cas à Alep. Palmyre sera certainement donc l’une des grandes priorités du moment.

Mais le travail ne compte nullement s’arrêter là. Il reste évidemment Idlib, « capitale » autoproclamée de l’ex-Front al-Nosra (désormais Front Fatah al-Cham, la filiale d’Al-Qaïda en Syrie), tout comme Raqqa, « capitale » de l’autre secte takfiriste Daech. Sans oublier évidemment la province de Deraa, au sud-ouest du pays, qu’il faudra également nettoyer de la présence terroriste.

Une chose est sûre. Le tournant tant espéré dans cette guerre imposée à la Syrie par le néocolonialisme en alliance avec les groupes extrémistes, a bien eu lieu. Et à l’instar de Stalingrad qui avait sonné la défaite future de la peste brune nazie, Alep sonne pour beaucoup, et je suis d’accord avec eux, la fin définitive de l’ancien monde. Un monde qui fut bâti sur des principes d’injustice, et dans lequel il y aurait soi-disant des « élus », des « exceptionnels », et les autres en la qualité de l’écrasante majorité de l’humanité, censée obéir aux gendarmes autoproclamés du monde. C’est fini. Avec Alep commence une nouvelle partie de l’histoire contemporaine. Et c’est l’une des plus grandes victoires du monde multipolaire sur les vestiges de l’unipolarité.

https://fr.sputniknews.com/points_de_vue/201612141029165277-syrie-alep-guerre-tournant/

https://fr.sputniknews.com/authors/mikhail_gamandiy_egorov/

Reprise de Palmyre et l’hypocrisie des élites occidentales

l’Arc de Triomphe de Palmyre

Le dimanche de la Pâques catholique a été un jour doublement heureux pour nombreuses personnes, chrétiennes comme non chrétiennes, car au matin de ce jour a été confirmée la libération totale de la ville de Palmyre par l’armée arabe syrienne.

En effet, cette ville classée patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1980 et ville martyre, était occupée par les terroristes de Daech depuis mai 2015 jusqu’à sa toute récente libération par l’armée gouvernementale syrienne. Cette victoire est doublement, voire triplement symbolique, ayant eu lieu le jour de Pâques, ayant permis d’une part de sauver tout ce qu’il est encore possible de sauver dans cette cité antique culturellement parlant, et stratégiquement car ouvre la voie à l’armée syrienne pour une vaste offensive à l’Est du territoire syrien, vers Deir ez-Zor qui est tenu courageusement par les forces spéciales syriennes tout en étant encerclés par l’EI depuis de longs mois. Ainsi que vers Raqqa, capitale proclamée de Daech.

Analysons maintenant les réactions à l’international. Le président russe Vladimir Poutine a téléphoné au président syrien Bachar al-Assad pour transmettre ses félicitations après la libération de Palmyre. Un soutien reconfirmé donc de la Russie (dont la position n’a pas changé) à la Syrie dans la lutte antiterroriste et la défense de sa souveraineté nationale. Même enthousiasme côté iranien. L’Iran a en outre ajouté qu’il continuera lui aussi à soutenir la Syrie dans le combat contre les groupes terroristes. Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon s’est félicité de la reprise de Palmyre par l’armée syrienne. Certains diront avec moins d’enthousiasme, mais tout de même. 

Mais le plus intéressant était et reste d’observer les réactions au sein des élites occidentales: politiques comme médiatiques. Que dire si ce n’est rien de nouveau à l’horizon. La mauvaise foi a pratiquement toujours été le fer de lance de ces dites « élites ». Le plus triste étant c’est qu’on a bien eu l’impression du regret de certains (bien que maquillé en belles paroles hypocrites) de la libération de la martyre Palmyre des griffes des takfiristes daéchiens.

Obama et son « proche ami » Cameron avaient vraisemblablement avalé leur langue. La Grande-Bretagne ayant préféré garder simplement le silence. Les USA, après avoir pris une pause pour retrouver un peu leur esprit, ont fait savoir à travers leur Département d’Etat que « bien que la priorité est de défaire Daech, ils n’avaient pas de préférence ni pour Assad ni pour Daech ». Sans commentaires. Terrible mauvaise foi surtout après les récents nouveaux attentats terroristes, notamment à Bruxelles, et tout en sachant parfaitement que les seuls qui luttent véritablement sur le terrain contre la vermine terroriste sont justement les militaires syriens et leurs alliés (véritables, pas ceux de la fausse coalition), ainsi que les forces kurdes. 

Ou devrait-on peut-être nous aussi être silencieux lorsqu’on voit des attaques terroristes en plein centre de l’Europe? Après tout, c’est bien les élites occidentales qui en portent entière responsabilité (avec leurs « amis » du Golfe, épargnés pour le moment). N’est-ce pas eux qui laissaient sans aucune limitation (si ce n’est de façade) partir des jeunes extrémistes combattre en Syrie « le grand méchant Assad » pour après les laisser revenir lorsque ces mêmes extrémistes subissent des revers évidents mais ayant obtenu une grande expérience de combat et de violence? Evidemment nous ne le ferons jamais. Pour la simple raison que nous faisons bien la différence entre ces mêmes élites occidentales (qu’elles soient politiques ou médiatiques) et les simples citoyens des pays occidentaux, dont beaucoup aujourd’hui réalisent (ou commencent à réaliser) les mensonges de ceux qui les gouvernent.

Il était aussi intéressant de lire les « analyses » de certains « experts » et « bienpensants » médiatiques français. Le Monde, Le Figaro, Libération, bref tout le « beau monde » habituel. Cette même hypocrisie assez typique des médias du mainstream et peut-être même plus extrême encore dans le cas des médias français (si l’on compare avec les médias anglophones). En gros le message passé est le suivant: « Palmyre libérée oui d’accord. Mais cela renforce les positions d’Assad. Donc pas bien ». Comme quoi, la ville patrimoine mondial de l’humanité aurait mieux fait de rester encore martyrisée par des extrémistes, y compris sortis tout droit des cités ouest-européennes, pour qui la notion même de culture est totalement absente, que d’être reprise par l’armée du gouvernement légitime du pays auquel elle appartient.

Vraisemblablement, l’Occident politico-médiatique n’a toujours pas appris les dangereuses leçons de faire joujou avec les terroristes pour arriver à ses fins géopolitiques (dans le cas syrien, se débarrasser d’un leader arabe patriote laïc défendant son pays contre l’interférence néocoloniale et le terrorisme la création duquel ce même néocolonialisme a grandement contribué). Y compris après les attentats contre ses propres citoyens. Une hypocrisie qu’il risque de payer cher. En passant, il était assez alarmant, une fois encore, d’observer le grand buzz des attentats de Bruxelles (et qui a sa place, la question n’est pas là) et le manque presque total de solidarité avec les victimes chrétiennes pakistanaises attaquées justement le jour de Pâques. Mais cela est une autre histoire. 

Dernière chose. Certains « experts », vraisemblablement aussi pour des raisons de haine et de mauvaise foi, affirment que la « reprise de la ville de Raqqa » sera impossible. Notamment un certain Jean-Pierre Filiu, professeur en histoire du Moyen-Orient contemporain à Sciences-Po, sur France Info. « Raqqa c’est un quart de million de personnes. On ne peut pas essayer de prendre ces villes avec des forces qui sont ni arabes, ni sunnites. Si le Hezbollah est engagé, si les commandos russes sont là, comment voulez-vous que les habitants de Raqqa se rallient à ces étrangers », nous dit ce « brave » expert. Propagande une fois encore. Si les Russes ne sont effectivement pas Arabes (bien que nous ayons nombre de citoyens russes d’origine arabe), les Libanais du Hezbollah ne sont-ils pas arabes? Ou notre professeur l’aurait-oublié? Quant à l’aspect sunnite et juste pour rappel une fois encore: l’armée arabe syrienne, est à l’instar de la majorité de la population syrienne, une armée composée d’Arabes et majoritairement de musulmans sunnites.

Cette même armée ayant libérée la Perle du désert dimanche dernier. Le tout en « oubliant » également d’indiquer que récemment les habitants de plusieurs quartiers de cette même Raqqa se sont soulevés contre Daech, en arborant des drapeaux nationaux syriens et en scandant des slogans pro-gouvernementaux et pro-armée de Syrie. Juste au cas où. 

Quant à la perspective ou non de la reprise de Raqqa, n’est-ce pas les mêmes qui nous annonçaient depuis plusieurs années la « chute imminente » d’Assad, pour après nuancer leurs propos et déclarer qu’Assad ne pourra sauvegarder que la « Syrie utile » (la capitale Damas et la zone côtière) et qui prennent maintenant une douche bien froide en voyant l’armée syrienne gagner sur tous les axes? On verra donc qui aura raison. Courage à l’armée syrienne et à tous ceux qui luttent contre le terrorisme. Un terrorisme qui ne fait pas de différence que vous soyez Syriens, Irakiens, Belges, Pakistanais ou Nigérians. D’où l’énorme danger de jouer avec lui.

https://fr.sputniknews.com/points_de_vue/201603291023783613-palmyre-paques-catholique/

Mikhail Gamandiy-Egorov