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Les contingents onusiens pour la paix: forces sincères ou agents du néocolonialisme?

29.09.2022

La Force de maintien de la paix de l’ONU, couramment appelée les Casques bleus, se trouve sous l’emprise d’innombrables critiques dans le cadre de son action, plus particulièrement sur le continent africain. Manque d’actions efficaces, divers abus et vol des ressources naturelles des pays concernés par les dites missions – représentent les quelques des multiples accusations visant les contingents. Nombreux sont ceux qui appellent au départ pur et simple de ces forces.

Les manifestations à divers endroits de l’Afrique contre la présence des forces onusiennes de maintien de la paix ne datent pas d’hier: Centrafrique, Mali, République démocratique du Congo, entre autres. En RCA, la Minusca (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique) était souvent accusée d’inaction face aux groupes rebelles, surtout durant la période où ces groupes contrôlaient près de 2/3 du territoire centrafricain.

Aujourd’hui et alors que l’autorité nationale a été restaurée sur l’écrasante majorité de la République centrafricaine suite aux nombreuses réformes efficaces des Forces armées nationales (FACA) et des autres structures sécuritaires avec l’implication d’instructeurs russes, nombreux des citoyens centrafricains considèrent qu’après les longues années de présence sans résultat notable sur le terrain, mis à part pour certaines forces africaines composant la Minusca, le temps serait venu de mettre fin à cette présence.

Le Mali est un autre exemple. Et à l’instar de la RCA, nombreux sont les citoyens maliens qui souhaitent le départ pur et simple de la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali), comme le rappelle la télévision panafricaine Afrique Média.

Dans le cas de la République démocratique du Congo – les récentes manifestations de fin juillet à l’encontre cette fois-ci de la Monusco (Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo), dans les villes de Goma et de Butembo, avaient été endeuillées par des tirs visant les manifestants congolais, ayant fait de nombreuses victimes (mort et blessés) de la part des forces onusiennes. Il y aurait eu pas moins de 30 morts parmi les habitants et plus de 70 blessés.

Beaucoup d’observateurs auraient évidemment plutôt souhaité voir la rage des contingents onusiens à stabiliser sincèrement les pays concernés, en mettant en déroute les nombreux groupes armés présents ne serait-ce qu’en RDC, qui ne cessent d’y maintenir l’instabilité et la violence, que de tuer des civils venus exprimer leur colère en qualité de citoyens du pays où ces éléments onusiens se trouvent. Cela sans oublier les nombreuses accusations d’abus sexuels commis par le personnel de l’ONU en RDC, comme à d’autres endroits des missions en Afrique.

Mais pourquoi un tel manque d’efficacité ou manque de volonté à jouer réellement un rôle stabilisateur des dites missions onusiennes en terres africaines? Pour répondre à cette question, il faut certainement comprendre deux aspects primordiaux. Le premier étant lié à des intérêts économiques, sachant que les pays africains regorgent de matières premières stratégiques. Le cas encore une fois de la RDC ne fait que le confirmer. Il est donc évident qu’une stabilisation rapide de la situation sur le terrain ne rentre pas dans les intérêts de certains représentants onusiens, ayant directement ou indirectement des intérêts économiques dans les pays concernés. Cela évidemment sans remettre en cause l’engagement de tous les éléments onusiens prenant part dans ces missions dites de stabilisation et de paix. Il n’empêche que la morale annoncée est loin de faire l’unanimité au sein des preneurs de décisions des diverses structures de l’ONU et de leurs principaux représentants sur place.

L’autre problème, que nous avons déjà soulevé dans le passé, est que les divers secrétariats onusiens restent fermement liés aux intérêts d’une extrême minorité planétaire, à savoir l’establishment occidental. Mais une extrême minorité qui s’obstine à refuser de perdre son hégémonie internationale.

Ce qu’il en ressort? Le fait que lorsque cet establishment occidental n’est aucunement intéressé par la résolution des défis sécuritaires dans tel ou tel pays, notamment d’Afrique, il en va de son intérêt à faire prolonger les conflits autant que possible. Et ce aussi bien dans un but géoéconomique que géopolitique. Et compte tenu de cela, il est évident que lorsqu’un citoyen d’un pays occidental, ou simplement affilié à l’Occident collectif, est nommé responsable de missions de stabilisation et de maintien de la paix – il ne fera qu’appliquer ce pourquoi il a été adoubé par l’élite pour laquelle il est au service.

D’où encore une fois l’énorme importance d’une réforme profonde des différents instituts de la machine onusienne, à défaut de quoi les grandes organisations régionales, continentales et internationales non-occidentales, devront prendre leurs responsabilités et ne plus donner le feu vert aux activités macabres d’éléments n’ayant rien à avoir avec de véritables missions de paix et de stabilisation.

Mikhail Gamandiy-Egorov

La jeunesse africaine cherche à étendre le partenariat avec la Russie

Francis Mvemba

Entretien avec Francis Mvemba, jeune entrepreneur, originaire de la République démocratique du Congo. Il vit aujourd’hui à Monaco mais prévoit de s’investir dans l’avenir politique de son pays où il vient de lancer un nouveau parti politique qui mise sur le développement des relations avec la Russie et les nations BRICS.

Sputnik : Pourquoi un nouveau parti politique en RDC ?

Francis Mvemba : Mon parcours est celui d’un enfant né au pays, ayant immigré et grandi en Europe et plus particulièrement en France dans des quartiers difficiles, j’en suis sorti grâce au travail et à la persévérance. Aujourd’hui j’ai réussi mes affaires et depuis quelques temps j’ai envie de m’investir pour mon pays. On ne peut pas laisser son pays s’enliser si on a une chance de le tirer vers le haut, c’est cela ma profonde conviction.

J’ai créé le PEC (Parti Emergence du Congo) car je voulais rassembler autour d’un projet les jeunes du pays et de la diaspora, leur montrer que c’est possible, qu’on peut y arriver, que eux aussi ils peuvent prendre leurs responsabilités et émerger. Quand je regarde cette jeunesse congolaise, je vois des jeunes talentueux, plein de capacités, d’intelligence, mais cela fait des générations qu’on nous dit que le succès ce n’est pas pour nous. Cela nous ne voulons plus l’accepter et notre parti a pour objectif de proposer de nouvelles perspectives à cette jeunesse.

Sputnik : Quelle est votre compréhension de la situation au pays ?

Francis Mvemba : C’est une question difficile même pour un Congolais. Le Congo, c’est un empire qui a un potentiel énorme, le monde entier le sait. C’est cette richesse qui fait nos joies mais aussi crée nos tensions. Notre histoire nous a appris que nous ne devons compter que sur nous-même. Je me refuse de rentrer dans le jeu de la politique politicienne. Ce que je comprends c’est que plus nous diversifions et multiplions les relations et les partenariats avec des pays amis et partenaires, plus nous avons de chances de créer en République démocratique du Congo les conditions au développement, à l’emploi des jeunes, à l’émergence du pays tout entier. Le Congo a besoin d’un équilibre, cet équilibre est à mon sens possible tant que notre pays s’ouvre à toutes les forces vives désireuses de soutenir son développement. Je veux bien sur parler des partenaires historiques du pays ( Europe, etc. ) mais aussi les nouvelles puissances émergentes ( BRICS ) sans oublier bien évidemment la Fédération de Russie qui pour grand nombre de Congolais est le pays leader du moment. N’oublions pas que la seule université au monde qui soit liée au nom du grand héros national Patrice Lumumba se trouve à Moscou ( l’Université russe de l’Amitié des Peuples, ndlr ).

Sputnik : Vous parlez de la Russie, quelle est votre opinion ou votre intérêt pour celle-ci ?

Francis Mvemba : Elle est intéressante à plus d’un titre. D’abord, quand on regarde son histoire, on y trouve de nombreux points communs avec le Congo. En 1991, la situation était la suivante: le pays était riche de ressources naturelles mais en quasi-cessation de paiement. Aujourd’hui malgré la dernière crise et les sanctions occidentales qui la visent, elle est de nouveau sur le premier plan, tout au moins une nation incontournable sur le plan du leadership international. Les Russes ont prouvé que c’est possible de se redresser. Nous sommes en 2016, en seulement 25 ans ils ont rebâti le pays, retrouvé l’unité, la fierté…

Ramené à notre dimension congolaise, je souhaite que nous puissions nous aussi émerger grâce à nos richesses naturelles et à nos ressources humaines, le Congo a aussi le droit de rayonner tant dans la sous-région qu’en Afrique ou au niveau international, vous ne pensez pas ?

Sputnik : Vous parlez du rayonnement du Congo dans la Sous-région, au niveau de l’Afrique, et à l’international, avez-vous une vision ou une idée personnelle sur la question ?

Francis Mvemba : Je vous l’ai dit j’ai accepté la mission qui m’a été confiée de représenter mon pays et de tout faire pour y faire venir de l’investissement, du développement, et y créer de l’emploi. Ce qu’il faut d’abord c’est qu’on se mette tous au travail. Je suis persuadé que les cartes du leadership mondial ont changé de main, le vieux système lui-même est en train de montrer ses absurdités et ses limites. Regardez l’Afrique, le monde continue de croire que les Africains ne sont pas assez compétents et responsables pour régler leurs problèmes eux-mêmes au niveau régional. Pourtant, qui de mieux placés que les pays concernés peuvent résoudre un litige ou créer un partenariat gagnant — gagnant entre Etats. Regardez ces dernières années, n’a-t-on pas vu le Maroc amener un nouveau souffle dans le jeu des relations extérieures, et dans la prise de position en faveur de l’Afrique? On vit une époque-clé qui laisse la place aux régionalismes et à l’échelle plus globale la multipolarité, mais c’est tout simplement du bon sens quand un Congolais s’assoit à une table de discussion avec un Centrafricain, un Ougandais, un Burundais et un Congolais de Brazza pour parler de questions régionales.

Pour conclure et être plus concret, qu’est-ce que Francis Mvemba va faire dès demain matin en rentrant à Kinshasa ?

Ma première mission va être d’aller dans l’est du pays à Beni, pour y distribuer des aides matérielles aux femmes et aux enfants victimes des massacres. Nous avons une fondation : Eufrasia, qui s’occupe de récolter les fonds et de financer des projets humanitaires. On fait peu mais on le fait, dans l’urgence, avec nos moyens.

Pour le reste, on veut s’inscrire dans la durée, sur le long terme. A 34 ans, j’ai déjà compris une chose de la politique: l’énergie et le temps qu’on perd à penser à sa carrière personnelle, on ne l’utilise pas à servir son pays. To Banga Nzambe ( on doit craindre Dieu ).

https://fr.sputniknews.com/interviews/201612151029194206-jeunesse-africaine-russie/

https://fr.sputniknews.com/authors/mikhail_gamandiy_egorov/

Diamants africains et intérêts européens

Diamonds

L’Afrique est de loin le continent leader et indétrônable dans le domaine de la production des diamants bruts. Cela est bien connu.

Dans le TOP 10 des principaux pays producteurs mondiaux, six sont africains. D’autre part, les Etats d’Afrique représentent 60% d’extraction de ces diamants bruts au niveau mondial.

Pourtant et cela est bien connu également, les principaux centres de commerce des diamants du monde sont hors d’Afrique. Le principal étant à Anvers, en Belgique: 80% des diamants bruts vendus à travers le monde à ce jour. Surprenant diront certains pour un pays qui ne possède pas ses propres diamants, extraits chez lui. Pourtant c’est loin d’être un exemple isolé: de la même manière que l’Organisation mondiale du cacao (ICCO) qui se trouve à Londres alors que près de 40% de la production mondiale des fèves de cacao reviennent à la Côte d’Ivoire. En y ajoutant les autres pays d’Afrique de l’Ouest (Ghana, Nigeria, Cameroun, Togo), on arrive à 70% de la production mondiale, mais peu importe, le siège international chargé de réguler ce secteur est installé loin de l’Afrique. La colonisation et le néocolonialisme contemporain ont donc « bien » fait leur travail.

Revenons aux diamants. L’aspect injuste qui caractérise ce processus fait que le continent africain est le principal producteur de ces belles pierres mais ayant un contrôle minime sur leur commercialisation (les Etats du sud du continent: l’Afrique du Sud, l’Angola, la Namibie et le Botswana, constituent un peu les exceptions, faisant de leur mieux pour transformer les diamants bruts en taillés sur place). Car faut-il le rappeler un diamant brut africain poli à Anvers ou Tel-Aviv sera par la suite revendu beaucoup plus cher, souvent de dizaines de fois au prix initial du brut. Mais l’autre aspect injuste et ouvertement criminel concerne les diamants en provenance des zones de conflit, communément appelés aussi les diamants de sang.

Pour lutter contre la commercialisation de ces diamants, sortis directement des zones de guerre, notamment d’Afrique de l’Ouest, un régime international de certification de diamants bruts a été créé en 2003, à Kimberley, en Afrique du Sud. C’est le fameux processus de Kimberley. Mais là encore et c’est cet aspect-ci que l’on va aborder aujourd’hui, ce processus est entaché par de nombreuses hypocrisies dans son application, principalement par les Etats occidentaux.
Deux exemples pour ce faire traduisant cette hypocrisie, ainsi qu’une véritable application de la fameuse notion deux poids deux mesures: la République démocratique du Congo et le Zimbabwe.

Le premier étant depuis de longues années martyrisé par des rébellions, souvent d’ailleurs soutenus à différents niveaux de l’étranger. D’autre part, la RDC est associée à de nombreuses exactions commises dans les zones de conflit se trouvant sur son territoire, surtout si ces zones abritent de grandes réserves de diamants. Viols sur femmes, travail forcé dans les mines, enrôlement d’enfants soldats,… Mais malgré tous ces faits prouvés à maintes reprises, les diamants congolais se retrouvent sans soucis sur le marché anversois. Plus encore, les diamants de la RDC font partie des plus représentés à Anvers. Faut-il le rappeler aussi, la République démocratique du Congo (ex-Zaïre) était une colonie belge et à une certaine époque même « propriété privée du roi de Belgique », c’est dire!

Et parallèlement nous avons le Zimbabwe, pays en paix mais faisant face depuis de longues années aux sanctions occidentales, en premier lieu britanniques et étasuniennes. Des sanctions engagées pour punir le leadership zimbabwéen de sa politique visant les intérêts occidentaux dans un pays pour rappel ayant également et longtemps subi la ségrégation raciale de la part de la minorité blanche, à l’instar de l’Afrique du Sud voisine, période apartheid. Le pays malgré tout tient bon et continue son développement en faisant même partie du TOP 10 des pays africains ayant depuis quelques années les plus forts taux de croissance de leur PIB réel. Pour cela, le Zimbabwe compte beaucoup sur le partenariat avec l’Afrique du Sud et la Chine, principaux partenaires économiques du pays, ainsi que sur des pays comme l’Inde et la Russie. A ce titre, une large délégation d’hommes politiques et d’affaires russes avait visité Harare en septembre de l’année dernière. Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères était d’ailleurs à la tête de ladite délégation.

Mais pour revenir aux sanctions occidentales, qui ont longtemps affecté l’économie zimbabwéenne, le pays n’a pourtant pas fléchi. Plus encore et comme mentionné plus haut, il a largement diversifié ses relations économiques et commerciales, lui permettant d’aller sur la bonne voie. Et les nombreuses découvertes depuis quelques années de nouveaux champs diamantifères, notamment dans l’est du pays, ont fait parler du Zimbabwe comme de l’un des plus grands gisements de diamants au monde. Et compte tenu des relations très tendues entre ce pays et les élites occidentales, ces dernières n’ont pas hésité à lancer de vastes campagnes contre les diamants zimbabwéens, les accusant d’être des « diamants de sang » et en manipulant comme ils savent si bien le faire l’opinion publique internationale, y compris via les médias du mainstream… Pourtant pour rappel encore une fois, le Zimbabwe est un pays en paix et qui ne connait aucun conflit armé sur son territoire. Si ce n’est qu’il doit toujours faire face aux pressions de l’Occident.

Ceci étant un exemple parmi tant d’autres mais pourtant cette différence d’approche est fort significative de la politique occidentale, aussi bien en Afrique que de par le monde en général. D’un côté: viols, massacres, enrôlement forcé, mais rien n’arrête les diamantaires occidentaux de commercer tant que c’est eux qui sont privilégiés à recevoir ces belles pierres acquises par le sang de gens dont la vie n’intéresse aucunement ces élites, toujours assoiffées par les ressources des autres. De l’autre, pression énorme et larges campagnes de diffamation visant un pays qui refuse de céder au diktat extérieur, qui défend sa souveraineté et qui poursuit son développement malgré toutes les tentatives extérieures de l’en empêcher. Et surtout qui refuse de laisser exploiter ses ressources dans une relation de gagnant-perdant, favorisant en lieu un partenariat avec les nations respectant sa souveraineté et ses intérêts légitimes. A méditer.

http://fr.sputniknews.com/points_de_vue/20150818/1017615297.html

Mikhail Gamandiy-Egorov

République Démocratique du Congo : un demi-siècle après l’assassinat de Patrice Lumumba (Seconde partie)

République Démocratique du Congo : un demi-siècle après l’assassinat de Patrice Lumumba (Seconde partie)

Suite de la première partie

L’assassinat de Patrice Lumumba a provoqué à l’époque des manifestations massives contre l’impérialisme et le colonialisme occidental aux quatre coins du monde : notamment en URSS (où par ailleurs l’une des plus prestigieuses universités du pays sera nommée en l’honneur de Lumumba), ainsi que dans de nombreux autres pays du monde, notamment chez les alliés de l’Union soviétique et au sein de la communauté des pays non-alignés.

 Depuis le pays a subi nombreuses autres épreuves : longue dictature de Mobutu, guerres ethniques, interventions des pays voisins, en l’occurrence du Rwanda et de l’Ouganda, viols massifs des femmes congolaises, l’exploitation incessante de ses énormes ressources par les multinationales, ainsi qu’une pauvreté et des inégalités révoltantes. En gros tous les maux contraires aux valeurs pour lesquels Patrice Lumumba a toujours combattu : unité du pays, défense de son indépendance et de sa souveraineté, condamnation des sociétés multinationales gérant les richesses colossales du pays. Des ressources pour rappel jouant un rôle capital dans l’économie mondiale : diamant, or, cuivre, étain, bauxite, pétrole, fer, charbon,…, pour ne citer que ceux-là et surtout lorsqu’on connait leur quantité colossale dont profitent pleinement ces multinationales mais nullement la population locale. Y compris aujourd’hui.

 Patrice Lumumba était un ami de l’URSS et ne l’a jamais caché. Ceux qui accusaient Lumumba de « sympathie communiste » et d’être un agent de Moscou, voici quelques-unes des citations de Patrice Lumumba où il y répond :

 « L’Union soviétique est un peuple comme toute autre nation. Les questions d’idéologie ne nous intéressent pas. Notre politique de neutralisme politiquenous recommande de traiter avec toute nation qui a des intentions nobles et qui ne viendrait pas chez nous dans le but d’instaurer une autre domination » (La pensée, p. 281). « Quand nos frères luttaient partout, étaient-ce les Russes qui nous instiguaient à réclamer l’indépendance ? Qui nous a exploités durant 80 ans, n’est-ce pas les impérialistes ? Ils considèrent le Congo, avec ses richesses, comme leur réserve nationale » (La pensée, p. 366). « En Afrique, tous ceux qui sont progressistes, tous ceux qui sont pour le peuple et contre les impérialistes, ce sont des communistes, ce sont des agents de Moscou ! Mais tous ce qui est en faveur des impérialistes, celui qui va chercher chaque fois l’argent, le mettre en poche pour lui et sa famille, c’est un homme exemplaire, les impérialistes le loueront, le béniront. Voilà la vérité, mes amis. »

 Evidemment un leader de la carrure de Lumumba n’arrangeait en rien les forces impérialistes : ni les multinationales, ni les USA, ni la Belgique, ni les autres Etats occidentaux, ni leurs supplétifs locaux. On doit aussi rappeler que la RDC est un des meilleurs exemples où la fameuse stratégie « Diviser pour mieux régner » a été appliquée et continue de l’être. Malgré tout cela, Patrice Emery Lumumba reste et restera un héros non seulement au niveau national, mais également au niveau de tout le continent africain et du monde. Il est et restera cet exemple à suivre pour tous les Africains en quête d’une indépendance et d’une souveraineté totale pour leur continent, ainsi que d’une vraie intégration continentale. Pour revenir à la RDC, les Congolais devront mettre fin à l’injustice qui les empoisonne depuis bien trop longtemps.

 Lorsqu’on revoit les photos de Patrice Lumumba et de ses camarades entourés de traitres-bourreaux peu avant l’exécution et malgré l’approche de la mort, on lit nettement dans leurs regards la fierté et la dignité. Et on comprend alors que leur combat est plus que jamais d’actualité. L’Afrique aura son moment de gloire comme l’a toujours voulu son digne fils et héros.

 Pendant ce temps, les bourreaux et les commanditaires de l’assassinat de Lumumba vivent paisiblement, que ce soit en Belgique, aux USA et ailleurs… Ils écrivent des livres, se permettent de donner des interviews à la télévision et ne regrettent en rien leur acte barbare et inhumain. Bien au contraire. Pendant que les Africains et les Serbes se font juger massivement pour « crimes contre l’humanité » par la justice internationale, d’autres profitent pleinement de leur retraite et se sentent en toute sécurité. Mais le temps pour répondre de leurs crimes est probablement venu. Et comme pour les criminels nazis, l’âge ne devrait aucunement être un obstacle. La justice doit être faite !

 « Sans dignité, il n’y a pas de liberté, sans justice il n’y a pas de dignité et sans indépendance, il n’y a pas d’hommes libres. »

 « L’Afrique écrira sa propre histoire et elle sera au nord et au sud du Sahara une histoire de gloire et de dignité. Ne me pleure pas, ma compagne. Moi je sais que mon pays, qui souffre tant, saura défendre son indépendance et sa liberté. Vive le Congo ! Vive l’Afrique ! »

 Patrice Emery Lumumba

http://french.ruvr.ru/2013_08_16/Republique-Democratique-du-Congo-un-demi-siecle-apres-l-assassinat-de-Patrice-Lumumba-Seconde-partie-9775/

Mikhail Gamandiy-Egorov

République Démocratique du Congo : un demi-siècle après l’assassinat de Patrice Lumumba (Première partie)

Патрис Лумумба премьер-министр конго

Il y a 52 ans, le héros national congolais Patrice Lumumba était assassiné. Principal figure de l’indépendance, il fut également le premier Premier ministre de la République Démocratique du Congo (RDC). En 1962, il est exécuté sauvagement dans une opération à laquelle participèrent directement la CIA, le gouvernement belge et le MI6. Depuis ce triste jour, le Congo, qui est pourtant l’un des pays les plus riches d’Afrique en terme de ressources, n’arrive toujours pas à décoller économiquement et reste l’un des pays lesplus pauvres du continent.

 La RDC est aussi le deuxième pays africain le plus vaste (derrière l’Algérie), le quatrième pays le plus peuplé, et le premier pays le plus peuplé parmi les pays francophones. Ex-colonie belge (bien que la Belgique soit quatre-vingt fois plus petite que la RDC), le pays a été pendant vingt-trois ans « possession personnelle » du roi Léopold II de Belgique (jusqu’en 1908) ! Dans ce pays grand et riche, l’ injustice ne date pas d’hier.

 En 1960, le Congo obtient son indépendance grâce à la lutte acharnée du Mouvement de libération nationale et des intellectuels congolais. A leur tête, Patrice Lumumba. Malgré l’indépendance, le gouvernement belge montre clairement qu’il n’a pas l’intention de lâcher cette colonie si précieuse. Quant au grand héros national congolais, sa carrière politique ne durera pas longtemps…

 En effet, les anciens colons poussent les dignitaires du Katanga, province la plus au sud du Congo, à faire sécession. Lumumba demande à l’ONU d’intervenir, et accepte la venue des casques bleus. Le Sud-Kasaï, autre région méridionale du pays, fait également sécession. Les casques bleus, envoyés pour mettre fin à ces sécessions, n’interviennent pas. Patrice Lumumba demande officiellement de l’aide à l’Union soviétique. Dès lors, il devient pour les Occidentaux un ennemi à abattre. C’est ce qui va mener à l’épisode le plus triste et le plus honteux de l’histoire du pays.

 Voyant Patrice Lumumba et les intellectuels congolais se tourner vers l’URSS, la CIA et l’Etat belge décident d’éliminer le grand intellectuel et patriote. Ils sont aidés par des subordonnés locaux, notamment Joseph-Désiré Mobutu (futur Mobutu Sese Seko) qui par la suite s’emparera du pouvoir. Lumumba et deux de ses partisans, Maurice Mpolo et Joseph Okito, sont arrêtés et livrés aux « autorités locales » du Katanga. Ils sont ligotés, humiliés et exécutés sous le commandement et avec la participation d’officiers belges et d’agents de la CIA. Les corps des victimessont par la suite découpés et dissous dans de l’acide. Une barbarie organisée par ceux qui se nommaient « peuples civilisés » et qui continuent, même au XXIème siècle, de nous donner à tous des leçons. Mais ceci est une autre histoire…

 Cette destruction totale des corps des victimes était avant tout une tentative de faire oublier les vrais héros du pays. De les faire disparaitre à jamais sans laisser aucune trace et pour éviter les pèlerinages massifs des Congolais sur le lieu de l’assassinat. Néanmoins, ni Lumumba ni ses compagnons n’ont jamais été oubliés, bien au contraire ils continuent d’être les véritables symboles de la vraie indépendance et de la dignité nationale. Si bien que même l’un de leurs bourreaux, le fameux Mobutu, connaissant parfaitement l’amour populaire envers les martyrs, consacrera Lumumba et ses compagnons en tant qu’héros nationaux en 1966…

http://french.ruvr.ru/2013_08_13/Republique-Democratique-du-Congo-plus-d-un-demi-siecle-apres-l-assassinat-de-Patrice-Lumumba-Premiere-partie-1672/

Mikhail Gamandiy-Egorov