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Xi Jinping en Russie et l’ordre mondial contemporain

25.03.2023

Pendant que les élites occidentales continuent de déchanter suite aux résultats de la visite du président chinois en Russie, du côté de la seule et véritable communauté internationale – l’heure est résolument à l’optimisme. Cette évidence confirme de-facto une énième fois l’impuissance des nostalgiques de l’unipolarité.

Si le récente visite officielle du président de la République populaire de Chine, Xi Jinping, en Fédération de Russie avait une importance stratégique pour l’alliance sino-russe qui prend désormais effectivement un nouvel envol, pour la majorité du reste de la communauté internationale elle était également synonyme d’un grand espoir pour la suite du monde multipolaire. Evidemment, cet enthousiasme était loin d’être partagé par les nostalgiques de l’unipolarité, mais cela est désormais complètement secondaire, pour ne pas dire plus.

En ce sens, les principaux médias chinois ont consacré plusieurs comptes-rendus en lien avec la première visite officielle à l’étranger du chef d’Etat de la RPC suite à la confirmation récente de son troisième mandat présidentiel, représentant une première dans l’histoire de la Chine par la même occasion.

Ainsi, si la télévision internationale de Chine CGTN questionné les habitants de la capitale chinoise sur l’importance de la visite de Xi Jinping en Russie, l’agence de presse Xinhua réalisé une synthèse sur la valeur stratégique de ce voyage et des pourparlers au Kremlin entre les présidents chinois et russe.

Comme le note justement Xinhua – la communauté internationale a salué la visite de Xi Jinping à Moscou, décrivant ce voyage d’amitié, de coopération et de paix comme une étape historique. Sous la direction stratégique de MM. Xi et Poutine, la Chine et la Russie ont enrichi leur partenariat de coordination stratégique global à l’ère nouvelle et approfondi leur coopération pragmatique dans divers secteurs, apportant davantage de bénéfices aux peuples des deux pays, selon les observateurs internationaux.

Ces observateurs internationaux se sont également dits convaincus que cette visite contribuerait à améliorer la gouvernance mondiale, promouvrait la construction d’une communauté de destin pour l’humanité et ferait avancer la cause du progrès humain. Parmi les experts interrogés par Xinhua, on retrouve notamment l’ancien ministre bolivien des Affaires étrangères, Fernando Huanacuni – pour qui face à la montée de l’hégémonisme et de l’unilatéralisme, la visite de M. Xi a injecté davantage d’éléments de stabilité et de certitude dans le monde actuel. Les relations sino-russes ont donné un exemple pour les relations entre les grands pays et inspiré les pays d’Amérique latine en quête de coopération, affirme Fernando Huanacuni.

Pour Serik Korzhumbaïev, rédacteur en chef du journal Delovoy Kazakhstan (Le Kazakhstan d’affaires) – ces dernières années, les chefs d’Etat des deux pays sont restés en contact étroit de diverses manières, élaborant des plans pour les relations sino-russes. Selon lui, les relations bilatérales russo-chinoises sont devenues plus globales, pragmatiques et stratégiques.

De son côté, le sociologue argentin Marcelo Rodriguez considère «que nous sommes à un tournant de l’histoire de l’humanité et les relations sino-russes génèrent un nouveau paradigme pour ce que les relations internationales doivent être».

Abdullah al Faraj, expert des relations sino-russes au Centre de recherche et de connaissances en intercommunication, un groupe de réflexion basé à Riyad, la capitale saoudienne – «les relations sino-russes sont caractérisées par l’égalité et le respect mutuel, et la vision incarnée dans leurs relations gagne de plus en plus de soutien international».

Il est évidemment très important également d’attirer l’attention sur le commentaire accordé à la presse du ministre chinois des Affaires étrangères Qin Gang (ex-ambassadeur de Chine à Washington, où il était en poste jusqu’à fin décembre dernier), qui affirme que la visite de Xi Jinping en Russie – peut être largement considérée comme un événement majeur, doté d’une grande portée géopolitique.

Comme le note l’actuel chef de la diplomatie chinoise – la Chine et la Russie doivent travailler ensemble pour orienter et faire avancer la gouvernance mondiale dans une direction capable de répondre aux attentes de la communauté internationale et pour promouvoir la construction d’une communauté de destin pour l’humanité.

Pour lui – la principale contradiction du monde d’aujourd’hui n’est pas la prétendue opposition entre «démocratie et autocratie» mise en avant par un petit groupe de pays, mais une lutte entre le développement et l’endiguement du développement, entre la justice mondiale et les politiques de puissance, et face à la montée de l’unilatéralisme et de l’hégémonisme, il était plus nécessaire que jamais pour la Chine et la Russie de consolider et de renforcer leur coordination stratégique.

Qin Gang a également indiqué que les deux pays s’engageaient à promouvoir un monde multipolaire et une plus grande démocratie dans les relations internationales. Et que cela répond aux exigences de maintien de l’équité et de la justice internationales, est propice à la construction d’une communauté de destin pour l’humanité, représente la bonne direction du progrès et du développement de l’histoire, et dépasse le cadre des relations bilatérales pour acquérir une importance mondiale. Le haut niveau de confiance mutuelle qui règne entre les deux chefs d’Etat permet de fournir une orientation stratégique et des garanties politiques solides au partenariat de coordination stratégique global sino-russe à l’ère nouvelle.

Pour parler maintenant des perspectives, il est aujourd’hui effectivement évident que l’ère multipolaire se renforce considérablement avec le soutien affirmé de la majorité des peuples planétaires. Pendant ce temps, le petit groupe de pays pour reprendre l’expression du ministre chinois des Affaires étrangères, s’enfonce chaque jour un peu plus. Le ridicule est tel que les instruments propagandistes de l’extrême minorité planétaire occidentale poursuivent la fameuse rhétorique des sanctions et d’isolation vis-à-vis de ses adversaires.

Fait fortement intéressant: si la première visite officielle à l’étranger de Xi Jinping après avoir été reconduit à la tête de la République populaire de Chine représente bien évidemment celle du chef d’Etat de la première puissance économique mondiale en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat, mais également démographique, il est à noter que tout récemment se trouvaient également à Moscou les délégations parlementaires de 40 pays africains pour les travaux de la deuxième Conférence parlementaire Russie-Afrique, représentant toutes les régions du grand continent africain. Pour rappel, la population de la Chine dépasse 1,4 milliards d’habitants. La population actuelle du continent africain – dépasse également 1,4 milliards d’habitants. Juste pour rappel.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Mali-Russie: cap historique dans les relations bilatérales

08.02.2023

La visite de Sergueï Lavrov en terre malienne marque une étape très importante dans les relations entre Moscou et Bamako, mais également renforce une fois de plus la thèse selon laquelle les régimes occidentaux ne peuvent qu’observer de manière impuissante le développement des liens entre la Russie et d’autres puissances internationales pro-multipolaires avec le grand continent africain.

Le chef de la diplomatie russe est arrivé au Mali dans le cadre d’un renforcement sans précédent de l’alliance russo-malienne, à l’heure du combat féroce entre les forces pro-multipolaires et les nostalgiques de l’unipolarité, ces derniers représentés par les régimes occidentaux atlantistes et quelques autres suiveurs. A son arrivée, Sergueï Lavrov a été accueilli par son homologue malien Abdoulaye Diop.

A noter que si le ministre russe des Affaires étrangères est considéré incontestablement comme l’un des principaux «poids-lourds» de la diplomatie internationale, la symbolique a ici toute son importance sachant que son collègue du Mali fait aujourd’hui indéniablement partie des diplomates qui inspirent le plus la jeunesse africaine, de par son professionnalisme et sa capacité à défendre les intérêts de sa nation, à l’échelle régionale, continentale et également internationale.

Fait marquant également lors de cette visite, comme le rappelle Maliweb – Sergueï Lavrov y a été fait Commandeur de l’Ordre national malien à titre étranger.

«Le ministre Lavrov a pris des décisions fortes et courageuses qui ont permis au Mali de continuer d’exister en tant que pays uni, indépendant et souverain. Ces décisions ont permis de renforcer la coopération entre le Mali et la Fédération de Russie, notamment en renforçant les capacités de Défense et de sécurité qui font aujourd’hui la fierté des Maliens et qui donnent des résultats probants sur le terrain» – a souligné Abdoulaye Diop.

De son côté, le ministre russe des Affaires étrangères a rappelé que la Russie mène une politique visant à contrecarrer les tendances visant à fouler au pied la charte des Nations unies. Par ailleurs, Sergueï Lavrov a réaffirmé le soutien de Moscou aux autorités maliennes dans la lutte contre le terrorisme.

Le chef de la diplomatie russe a par la suite été reçu par le chef d’Etat malien, le colonel Assimi Goïta. Là également, le haut responsable russe a rappelé que la Russie ne ménagera aucun effort pour promouvoir le principe de la parité souveraine des Etats et de la lutte contre les approches colonialistes.

En termes de perspectives, s’il est aujourd’hui évident que l’alliance russo-malienne est plus que jamais soutenue, non seulement au niveau des décideurs bilatéraux, mais également et peut-être même surtout au niveau de la société civile – eurasienne et panafricaine – le point très important à noter est que le Mali d’aujourd’hui représente, à l’instar d’autres nations africaines ayant décidé de couper les liens vicieux avec les forces néocoloniales – une énorme source d’inspiration pour d’autres pays d’Afrique, comme Observateur Continental l’avait déjà plusieurs fois noté précédemment.

Les gesticulations d’une caste mourante dans l’Hexagone et en Occident de manière générale n’y changeront désormais absolument rien. Y compris à travers l’utilisation d’éléments pro-occidentaux achetés pour tenter à défendre la cause d’un Occident non plus seulement en perte de vitesse, mais bel et bien en chute finale. Une chute d’ailleurs qu’il s’est lui-même créé.

Quant aux accusations de «populisme» largement relayés par les éléments propagandistes otanesques à l’encontre de cette jeunesse africaine décomplexée, talentueuse et qui a soif d’aller de l’avant – les populistes sont justement ceux qui tout en ayant apporté le chaos aux peuples non-occidentaux – n’ont jamais été en mesure de pouvoir corriger, ou du moins admettre leurs crimes commis. Et au lieu de réaliser un sérieux mea-culpa – accusent aujourd’hui les Africains, comme les Russes, les Chinois, les Iraniens ou les Turcs – de leurs propres échecs.

Et lorsque dans ce paradigme, les partenariats entre peuples non-occidentaux et partisans de la multipolarité apportent d’autant plus des résultats longtemps attendus par les populations concernées – il ne reste à l’Occident qu’à poursuivre sa décadence et à s’enfermer dans une isolation dans son fameux «jardin» – non pas de rêve, mais bel et bien celui de la décadence et des fausses valeurs. La dernière chance pour l’Occident à se joindre au train multipolaire – est bel et bien partie, et ne reviendra pas dans un avenir proche. Et peut-être même pour très longtemps.

Mikhail Gamandiy-Egorov

L’énième impuissance occidentale face aux relations Afrique-Russie

26.01.2023

La nouvelle tournée actuelle du chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov sur le continent africain confirme d’une part l’importance des liens stratégiques qui existent entre les nombreux pays d’Afrique avec la Russie. Et de l’autre, ne fait que rappeler que l’Occident ne peut opposer grand-chose pour nuire à ces relations.

Malgré l’hystérie ultra-active du côté des régimes occidentaux vis-à-vis des liens qui unissent Moscou aux nombreuses capitales africaines, et ce dans divers domaines, rien ne semble pouvoir stopper jusqu’à présent les liens en question. Ni les innombrables pressions, menaces et intimidations, ni les promesses de pouvoir prétendument «faire mieux» que Moscou et Pékin.

La première étape de cette nouvelle tournée africaine de Sergueï Lavrov a eu lieu en Afrique du Sud – l’un des principaux partenaires de la Russie sur le continent africain, par ailleurs l’une des principales puissances continentales et membre des BRICS. Et qui d’ailleurs n’a pas manqué de susciter l’amère réaction du côté des principaux instruments propagandistes occidentaux. A l’instar du journal hexagonal Le Monde qui note que la visite de Sergueï Lavrov en Afrique du Sud rappelle la proximité entre Moscou et Pretoria, tout en reconnaissant que les autorités sud-africaines ont récemment confirmé la tenue d’exercices militaires conjoints avec les marines russe et chinoise au large de Durban.

Outre l’Afrique du Sud, les autres pays concernés par la tournée du chef de la diplomatie russe étant l’Eswatini, l’Angola et le Botswana. Quant à début février, Sergueï Lavrov se rendra cette fois-ci en Afrique du Nord, avec des visites au Maroc, en Tunisie et en Mauritanie. A noter qu’avec le Maroc de nouvelles pages fortement intéressantes sont en train de s’ouvrir dans le cadre bilatéral des relations.

Dans le domaine de la coopération énergétique – le Maroc était d’ailleurs récemment cité comme l’une des principales destinations des livraisons de produits pétroliers russes à l’échelle africaine et internationale. Selon les données citées, le Royaume a importé 735.000 tonnes de diesel en provenance de Russie en 2022 (contre 66 000 en 2021), et depuis le début de 2023 – déjà près de 140.000 tonnes.

Pour revenir à la tournée africaine de Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères n’a pas manqué de rappeler depuis la capitale d’Eswatini – Mbabane – que s’il y a un bien pays qui s’immisce dans les affaires intérieures des nations africaines – c’est bien la France.

Répondant ainsi aux déclarations du régime hexagonal prétendant que c’est «la Russie qui est derrière la récente décision des autorités du Burkina Faso d’exiger le départ des troupes françaises du pays». Une décision pour rappel du Burkina Faso accueillie avec beaucoup d’enthousiasme par la société civile burkinabè et panafricaine.

De manière générale, les liens unissant Moscou à ses alliés et partenaires stratégiques africains continuent de faire preuve non seulement d’un solide maintien, mais bel et bien d’un renforcement à plusieurs niveaux, y compris dans de nouveaux domaines d’interaction qui s’ouvrent aujourd’hui. Cela ne fait d’ailleurs que confirmer ce qu’Observateur Continental avait analysé dans un passé récent, à savoir l’impuissance des régimes occidentaux à nuire aux relations russo-africaines.

Et avec la complémentarité sino-russe à l’échelle internationale, y compris africaine – les diverses sorties et gesticulations des représentants de l’establishment atlantiste ne font qu’augmenter fort considérablement le rejet de la politique occidentale parmi les citoyens africains et par la même occasion accélérer les processus en cours – propres à l’ère multipolaire contemporaine.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Chine-Russie: le cap vers une interaction encore plus importante

28.10.2022

L’échec occidental à déstabiliser l’Etat russe, ainsi que le maintien au pouvoir de Xi Jinping en République populaire de Chine, sont des éléments qui annoncent, entre autres, le cap vers le renforcement encore plus évident des relations entre Moscou et Pékin.

La Chine est prête à approfondir ses relations avec la Russie – à tous les niveaux. Toute tentative de bloquer le progrès des deux nations ne réussira jamais. C’est ce qu’a déclaré ce jeudi le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi.

Le chef de la diplomatie chinoise a également déclaré que c’est le droit légitime de la Chine et de la Russie de réaliser leur développement et leur revitalisation, lors de l’entretien téléphonique avec son homologue russe Sergueï Lavrov.

Cela au moment où les échanges économico-commerciaux entre les deux nations devraient dépasser les 170 milliards d’équivalent de dollars à la fin de cette année, et atteindre les 200 milliards en 2023. Cela également au moment où le président de la République populaire de Chine, Xi Jinping, artisan résolu du développement des relations sino-russes, a été reconduit haut la main pour un troisième mandat à l’issue du XXème Congrès du Parti communiste chinois. Au grand dam de l’establishment occidental, politique comme médiatique.

Cette déception des élites atlantistes occidentales est d’autant plus importante que l’espoir d’une déstabilisation de la situation intérieure en Russie – a lui aussi connu un échec flagrant. Et donc échec par la même occasion pour les nostalgiques de l’unipolarité à pouvoir casser l’axe multipolaire, dont l’affrontement avec les vestiges de l’ordre occidental dépassé continue de prendre de l’ampleur.

Dans la conjoncture actuelle, il est évident que la Russie et la Chine, en qualité des deux des principaux défenseurs et promoteurs de l’ordre international multipolaire, devront poursuivre les efforts conjoints dans le but de mettre un terme définitif aux règles prétendument «universelles», établies par une extrême minorité planétaire, une minorité n’ayant par ailleurs consulté personne au moment où ces pseudo-règles avaient été établies et appliquées, avec les conséquences à l’échelle mondiale connues de tous.

Il est aujourd’hui évident que les présidents russe comme chinois, sont des os dans la gorge des porteurs de la mentalité néocoloniale et de la fausse exceptionnalité du monde occidental. Les manœuvres de déstabilisation visant la Chine, la Russie et d’autres nations du monde – en Afrique, Asie, Amérique latine – se retournent désormais de plus en plus contre leurs concepteurs et instigateurs. En retour l’establishment occidental a beau à tenter de faire porter la responsabilité de ses propres échecs sur ses principaux adversaires géopolitiques et géoéconomiques, mais l’effet boomerang est fort bien enclenché.

Ce qui fait aujourd’hui particulièrement mal par la même occasion à l’Occident politique, c’est que l’idée si longuement entretenue par lui-même, à savoir que le monde ne saurait tourner sans cet Occident, tombe assez ouvertement à l’eau. Le monde entier est désormais témoin que toute la propagande sur les hautes technologies «à haute valeur ajoutée» produites dans le petit monde occidental, prétendument irremplaçables et ayant soi-disant beaucoup plus de valeurs que les ressources naturelles et les technologies alternatives, s’écroule sans que le monde atlantiste y soit capable d’y faire quoi que ce soit.

Cela inquiète d’autant plus la sphère occidentale, qu’elle comprend parfaitement la suite logique des choses. A l’heure où non seulement la Russie a mis en exergue cette démonstration, désormais de plus en plus suivie par les nations d’Eurasie et du Moyen-Orient, et une Afrique – possédant également d’énormes ressources naturelles – qui avance elle aussi à grands pas dans le concept multipolaire mondial. Le résultat sera probablement à terme critique pour l’Occident, car perdant la capacité à pouvoir imposer son diktat sur des ressources (dont il a extrêmement besoin), mais dont il ne pourra plus maîtriser un quelconque contrôle, et ne pouvant plus imposer la valeur ajoutée de ses industries sans un accès «avantageux» aux dites ressources, les élites occidentales devront apprendre alors à faire profil bas et voiler leur arrogance autant qu’il leur sera possible.

Dans tous les cas, l’interaction sino-russe non seulement ne diminue pas, mais est appelée à poursuivre un développement actif, comme cela est confirmé par les leaderships des deux Etats. Et bien que cette perspective déplaise fortement aux représentants otanesques du bloc nostalgique de l’unipolarité, il faudra qu’ils apprennent que leurs sentiments et opinions ont de moins en moins de valeur pour l’écrasante majorité du globe terrestre. Oui, avec tout ce que cela implique.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=4369

L’Occident impuissant face à l’interaction russo-africaine

02.08.2022

Les voyages du ministre russe des Affaires étrangères et du président français en Afrique se sont déroulés pratiquement au même moment. Et malgré le déplacement du chef d’Etat hexagonal avant un agenda ouvertement anti-russe, les pays africains refusent de se joindre à l’hystérie occidentale contre Moscou. Poussant Macron une fois de plus à faire démonstration d’une arrogance d’un autre âge.

Alors que Sergueï Lavrov, chef de la diplomatie russe, se trouvait encore en tournée africaine – durant laquelle il a visité l’Egypte, le Congo, l’Ouganda et l’Ethiopie – le président français Macron a tenté à tout prix à l’instar d’autres représentants de régimes occidentaux de réduire l’influence russe sur le continent africain, que Paris continue d’ailleurs de considérer aveuglement comme son pré-carré.

Devant faire face à un énième échec de ces tentatives russophobes, le chef d’Etat hexagonal était à la limite de l’insulte à l’encontre des pays africains, parlant «d’hypocrisie» africaine à l’encontre du conflit en Ukraine. En d’autres termes, une prétendue hypocrisie qui n’est que le fait que l’Afrique dans sa large partie a refusé de condamner l’opération militaire spéciale de la Russie, ainsi que de se joindre aux sanctions contre Moscou promues par l’establishment occidental.

Du côté de Sergueï Lavrov, la réponse ne s’est pas fait attendre: «En ce qui concerne le président Macron et ses déclarations, on aurait pu s’attendre à des propos plus éthiques de la part des Français», des propos par ailleurs jugés offensants et insultants par le chef de la diplomatie russe. Dans tous les cas, le ministre russe des Affaires étrangères a été accueilli fort cordialement dans tous les pays où il a fait escale, ne se limitant d’ailleurs pas à rencontrer ses homologues chefs de diplomatie des pays respectifs, mais également les chefs d’Etat des nations visitées.

Quant à l’attitude d’extrême arrogance propre à une mentalité d’une période coloniale, si propre à sieur Macron et à ses autres semblables atlantistes, désormais cela ne traduit plus un quelconque sentiment de supériorité ou de puissance. Bien au contraire, cela que fait qu’exposer une fois encore et au grand jour le désarroi total des élites occidentales, dans un monde où chaque région planétaire leur demande (poliment) d’apprendre à connaitre leur seule et véritable place: celle d’une extrême minorité à l’échelle mondiale.

Pour l’anecdote, après l’échec macronien en Afrique, Antony Blinken, le secrétaire d’Etat américain, sera lui aussi de la partie sur le sol africain. Et même le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, avait récemment annoncé son intention de se rendre en Afrique. En d’autres termes: grosse mobilisation à tenter une dernière fois de convaincre les capitales africaines à faire preuve de «solidarité» à l’encontre du pauvre régime de Kiev et de ses parrains occidentaux, se sentant désormais si seuls à l’échelle internationale.

Permettons-nous de faire un petit pronostic : autres échecs et humiliations à venir pour l’Occident collectif. En ce qui concerne l’Afrique, ce riche continent victime si longtemps des clichés, interventions et pillages néocolonialistes occidentaux, aujourd’hui et plus que jamais son importance pour l’avenir international n’est plus à prouver. Disposant d’énormes ressources naturelles, sans lesquelles l’Occident retournera pratiquement au Moyen-Age comme le démontre d’ailleurs l’actuelle crise après les effets boomerangs (encore limités) des sanctions contre la Russie, d’une population jeune et dynamique, et de plus en plus déterminée à suivre la voie panafricaniste et refuser le diktat extérieur occidental.

Cette orientation conforte fortement l’avenir du monde multipolaire, dans lequel l’Afrique aura certainement un rôle de première importance à jouer. Et pour rappel une fois de plus, le monde de demain ne sera pas seulement multipolaire – il l’est déjà – mais bel et bien multipolaire et post-occidental. Dans cette perspective, les agitations d’entités à l’agonie – n’y changeront rien.

Mikhail Gamandiy-Egorov

G20: l’UE en qualité de grande perdante

13.07.2022

L’actualité internationale, et notamment le récent Sommet du G20 en Indonésie, ont largement démontré que les pays ayant assumé leur statut de satellites et de sous-traitants n’auront pas d’avenir sur le devant de la scène mondiale. L’Union européenne passe donc du statut d’un nain géopolitique à simplement celui d’un bloc de-facto inexistant dans les grandes affaires internationales.

Problèmes économiques et sociaux qui ne cessent de monter en puissance dans nombre de pays de l’Europe bruxelloise, chute brutale de la monnaie européiste – tout cela n’est que la confirmation d’un processus qui a en fait débuté depuis un bon moment déjà. Ayant longtemps prétendu à se présenter comme étant un bloc puissant, l’UE ne représente aujourd’hui que la désillusion la plus totale.

Le récent Sommet du G20 à Bali, en Indonésie, a eu également et largement le mérite de remettre les choses au clair. D’abord Josep Borrell, chef de la diplomatie bruxelloise, qui reconnait que l’Union européenne n’est pas en train de gagner dans la bataille narrative mondiale sur l’Ukraine. Y compris dans le cadre justement du G20.

En ce qui concerne le maître de l’Occident collectif, à savoir les USA, celui-ci n’a pas réussi ni à écarter Moscou de la participation du dernier Sommet du G20, ni à imposer son agenda à Pékin. Les événements protocolaires que les représentants occidentaux avaient décidé de boycotter en raison de la présence du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, ont pu parfaitement se dérouler sans ladite présence occidentale. Confirmant d’ailleurs parfaitement la thèse annoncée, avec amertume, par le déjà cité Borrell.

Mais si les Etats-Unis, subissant échec après échec, ont néanmoins réussi à maintenir leur position de suzerain du bloc occidental, le bloc européiste bruxellois aura confirmé ce que représente réellement la notion de médiocrité. Car si Washington a effectivement énormément à perdre dans le développement actif de l’ordre multipolaire international, y compris avec la perte du statut d’hégémon mondial, l’UE avait une occasion de s’adapter et de s’intégrer, ne serait-ce que progressivement aux règles issues de la multipolarité.

En préférant suivre aveuglement l’agenda outre-Atlantique, l’Union européenne confirme être la grande perdante et certainement celle qui subira les plus larges revers dans la bataille décisive entre les partisans de l’ère multipolaire et les nostalgiques de l’unipolarité. Faut-il le encore le rappeler: dans la chute d’une entité, ce sont bien souvent les sous-traitants et les satellites qui paient les premiers frais pour le compte du maître.

Si cela est aujourd’hui de plus en plus difficile à nier, l’autre aspect des plus importants étant celui que personne ne prend désormais au sérieux le positionnement de l’UE, à l’échelle internationale. Bien souvent, les pays et les différentes régions du monde comprennent aujourd’hui que s’il y a une quelconque utilité encore à parler à l’Occident, autant le faire directement avec Washington, au lieu de passer par un groupe sous-traitant.

Dans cette perspective, et au-delà de l’avènement de l’ordre multipolaire post-occidental, dans lequel l’Occident devra progressivement apprendre à vivre en qualité d’une extrême minorité planétaire avec tout ce que cela implique, l’Europe bruxelloise commence déjà à disparaitre en qualité de bloc ayant son mot à dire dans les affaires internationales contemporaines. Confirmant ainsi le passage du statut de nain géopolitique à celui d’une entité inexistante.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=4058

Sanctions occidentales contre la Russie: la Turquie dit non

22.03.2022

En dépit des pressions qui se poursuivent, la Turquie continue fermement de refuser à se joindre aux sanctions à l’encontre de la Russie. Malgré plusieurs divergences existantes avec Moscou, l’approche pragmatique turque démontre que l’axe atlantiste est loin d’être soudé.

«La Turquie n’a pas participé aux sanctions contre la Russie et n’a pas l’intention de s’y joindre» – c’est ce qu’avait déclaré Mevlüt Çavuşoğlu, ministre turc des Affaires étrangères, cité par l’agence de presse Anadolu.

Une posture saluée par son homologue russe Sergueï Lavrov, qui a de son côté affirmé «qu’Ankara suit une ligne pragmatique concernant la crise ukrainienne», avec une approche très équilibrée. Pour autant, cela ne signifie pas que les deux pays soient sur la même ligne dans ce dossier, comme dans d’autres.

En effet, le leadership turc avait condamné l’opération militaire russe en Ukraine. Et ce n’est évidemment pas le seul point de discorde existant entre la Turquie et la Russie. Faut-il rappeler qu’Ankara et Moscou possèdent des approches divergentes, voire diamétralement opposées, dans de nombreux dossiers régionaux et internationaux: Syrie, Libye, Caucase du Sud, pour ne citer que cela.

Ceci étant dit, tout ne sépare pas les deux pays à l’international, loin de là et cela s’est traduit par des approches similaires ou assez proches dans plusieurs autres dossiers: Biélorussie, Venezuela, Centrafrique, Mali. Plus que cela, les deux nations possèdent de très importants intérêts économico-commerciaux conjoints – du secteur énergétique jusqu’au nucléaire civil, en passant par le tourisme, l’agroalimentaire, le textile ou le secteur du BTP. L’aspect économique représentant certainement la partie d’intérêt stratégique pour les deux parties.

Evidemment, la meilleure caractéristique qui peut être donnée à la politique turque dans sa posture internationale est celle d’équilibriste – sachant promouvoir ses intérêts de concert avec les grandes puissances non-occidentales eurasiennes, sans pour autant fermer le chapitre de son appartenance à l’Otan. Une approche d’ailleurs qui lui a valu de nombreuses critiques de la part de plusieurs de ses alliés atlantistes.

Dans le cas ukrainien, il ne faut pas non plus oublier que la Turquie avait fourni un certain nombre d’armements au régime kiévien, y compris les fameux drones Bayraktar TB2. Ce qui pourrait d’ailleurs être considéré comme une prise de position en faveur dudit régime, bien que le plus important pour Ankara soit surtout la possibilité de continuer à promouvoir ses drones de combat à l’échelle internationale, pour des rentrées économiques supplémentaires.

Le fait est que le refus de la Turquie de se joindre aux sanctions contre la Russie, tellement promues par l’establishment occidental, confirme plusieurs aspects. Tout d’abord qu’Ankara maintient sa propre ligne politique à l’international, faisant du pays certainement le seul acteur assez indépendant au sein de l’Otan. De l’autre, la posture du leadership turc s’apparente à celle d’observer la suite des événements, comprenant parfaitement que le monde de la domination unipolaire occidentale est terminé. Et ne souhaitant donc pas se trouver, du moins complètement, dans le camp des perdants.

Il est évident que ne serait-ce que devant sa propre opinion publique intérieure, l’objectif du gouvernement turc actuel sera de dire: «vous voyez, nous n’avons pas adopté la même approche que les Occidentaux, et c’est cela qui nous permet de dire que nous n’avons pas perdu». Quant aux relations économiques avec la Russie, stratégiques pour la Turquie, cette dernière souhaite non seulement les maintenir, mais surtout de pouvoir tirer intelligemment profit de la situation actuelle, à l’heure d’une quasi-rupture relationnelle entre Moscou et l’Occident.

Selon nombre de sources informées, plusieurs opérateurs économiques turcs souhaitent justement soit élargir leur présence économique en Russie, et pour certains de prendre la place tout simplement de plusieurs acteurs occidentaux, notamment européens. A l’heure où ces derniers subissent d’énormes pressions de la part de leurs gouvernements et d’une partie de leur opinion publique pour stopper leurs activités commerciales en territoire russe.

En ce sens et connaissant parfaitement le talent des entrepreneurs turcs, il ne faut certainement pas douter qu’ils trouveront leur bonheur dans les nouvelles opportunités qui s’ouvrent à eux. Cela sans oublier, que plusieurs acteurs économiques russes voient également la Turquie comme l’une des destinations à privilégier dans le cadre de leurs activités à l’international, y compris en matière d’investissements.

Enfin et au-delà de cette capacité turque à savoir ménager ses intérêts avec incomparablement plus de souveraineté et de pragmatisme que ses homologues d’Europe bruxelloise, sa posture démontre également le manque évident d’unité au sein du bloc atlantiste. Aussi, il est certain que si un Etat comme la Roumanie ou l’Estonie, aurait tenté d’avoir une approche similaire, peu s’en soucieraient vu leur poids minime sur le plan politique et économique.

Mais dans le cas de la Turquie – deuxième effectif armé de l’Otan et onzième puissance économique mondiale en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat – il est totalement évident pourquoi l’équilibrisme pragmatique d’Ankara soit si amer pour les plus radicaux des atlantistes et nostalgiques de l’unipolarité par la même occasion.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=3702

Sanctions US contre la Turquie: uniquement pour les S-400?

Les Etats-Unis ont mis leurs menaces visant la Turquie à exécution. Cette annonce de sanctions visant Ankara pour l’acquisition du système russe de défense antimissile S-400 est-elle cependant la seule raison pour cette étape ultime de pression sur la Turquie? Rien n’est moins sûr.

Washington a effectivement annoncé des sanctions contre la Turquie pour son acquisition du système de défense aérienne russe S-400, interdisant tout nouveau permis d’exportation d’armes à l’agence gouvernementale turque en charge des achats d’armement. 

Du point de vue pratique, cela signifie que les USA interdisent désormais l’attribution de tout nouveau permis d’exportation d’armes à l’agence gouvernementale turque en charge des achats d’armement (SSB), et interdisent l’entrée sur le territoire étasunien à ses dirigeants, dont le chef du SSB – Ismail Demir. C’est ce qui a été annoncé par l’actuel chef de la diplomatie US Mike Pompeo.

«Les mesures prises signalent clairement que les Etats-Unis ne tolèreront pas de transactions significatives avec les secteurs russes de la défense et du renseignement», a précisé le secrétaire d’Etat étasunien.

Du point de vue des perspectives, il s’agit évidemment d’une première dans la relation entre alliés de l’Otan. Plus exactement – entre la première et la deuxième force en termes d’effectifs de l’organisation atlantiste.

La Turquie n’a de son côté pas manqué de réagir. Et une fois de plus – ne compte vraisemblablement pas reculer sur ledit dossier. A ce titre, Ismail Demir, visé par ces sanctions, a déclaré que son pays est déterminé à parvenir à une industrie de la défense totalement indépendante sous la direction du président Recep Tayyip Erdogan. 

«Aucune décision prise à l’étranger envers moi-même ou notre institution ne changera ma position ou celle de mon équipe», a déclaré Ismail Demir dans un tweet. En ajoutant que «les sanctions ne pourront en aucun cas entraver l’industrie de la défense turque».

Un son de cloche similaire du côté d’autres hauts responsables de la Turquie, que ce soit de la présidence, de sa diplomatie ou encore de ses parlementaires – issus aussi bien du parti au pouvoir, que de l’opposition. En d’autres termes – la souveraineté turque, et ce malgré l’appartenance otanesque, reste non-négociable pour son élite. Plusieurs de ses membres ont même appelé à l’accélération d’une pleine utilisation des S-400 par la Turquie.

Pour le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov – les sanctions étasuniennes visant la Turquie sur les S-400 n’ont pas été une surprise, il s’agit d’une énième manifestation d’une attitude arrogante envers le droit international, ainsi que des mesures tout simplement illégales. Une solidarité partagée par le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Djavad Zarif, qui a fermement condamné de son côté les sanctions US imposées à la Turquie, évoquant un «mépris du droit international». 

«Nous condamnons fermement les récentes sanctions américaines contre la Turquie et nous nous tenons aux côtés de son peuple et de son gouvernement», a publié dans un tweet le chef de la diplomatie iranienne.

Pour nombre d’experts, les actions étasuniennes à l’encontre d’Ankara ne feront certainement pas fléchir cette dernière. Néanmoins, il s’agit très certainement d’un signal pour d’autres clients potentiels de l’armement russe. Si des pays comme la Chine, l’Inde, l’Algérie, l’Iran, la Turquie, ainsi qu’un certain nombre de nations eurasiennes et latino-américaines, n’ont pas été impressionnés jusqu’à maintenant par la menace des dites sanctions, il n’empêche que des Etats entretenant des relations fortes avec Washington pourraient abandonner leur intérêt pour les systèmes russes sous la pression washingtonienne. Difficile pour les Etats-Unis d’assumer une concurrence loyale et digne face à une production compétitive, sophistiquée et avec un bien meilleur rapport qualité/prix. Ceci étant dit, cela ne pourra nuire de façon considérable aux intérêts de Moscou sur le marché international de l’armement.

Mais concernant la Turquie plus particulièrement, les actions hostiles des USA sont-elles dues uniquement au dossier des S-400? Rien n’est moins sûr. En effet, plusieurs raisons peuvent également avoir largement contribué à cette énième attaque à sanctions des Etats-Unis contre un pays souverain. Tout d’abord, l’establishment US n’aime pas avoir des partenaires qu’il doit traiter en égal. A ce titre, il préfère bien plus la relation de dictant à sous-traitant.

D’autre part, les actions turques des dernières années ont confirmé l’indépendance de sa politique extérieure aussi bien vis-à-vis de Washington, que du siège otanesque Bruxelles. Par ailleurs, l’hypocrisie occidentale est caractérisée également par une autre forte contradiction: Washington et nombre d’autres capitales occidentales parlent «d’actions déstabilisantes» de la Turquie dans divers régions du monde. Bizarre, ces condamnations étaient totalement absentes du langage des élites atlantistes lorsque la Turquie participait à la déstabilisation de la République arabe syrienne et de son gouvernement, de concert avec les Occidentaux. Notamment durant la première phase du conflit syrien.

Et là aussi ce n’est pas tout. La capacité d’Ankara de trouver des accords et des compromis dans des dossiers régionaux et internationaux, notamment avec Moscou et Téhéran, y compris en ayant des intérêts parfois divergents – le tout sans y inclure les puissances occidentales, et surtout les USA, semble confirmer la colère de l’élite US, et atlantiste de façon générale.

Si en Syrie, cela a été atteint avec le processus d’Astana, le dossier récent du Haut-Karabakh – où l’accord de paix a été négocié sans la participation de Washington et de Paris qui souhaitaient vivement être impliqués, peut avoir été la goutte de trop.

Le souci pour les élites étasuniennes, et plus généralement occidentalo-atlantistes, c’est que ces mécanismes du concept multipolaire du monde semblent désormais en phase active. Quant aux sanctions, elles ne pourront pas stopper la chute confirmée de l’unilatéralisme occidental. Mais tel un patient inguérissable – l’establishment occidental semble rejeter tous les traitements – par la même occasion accélérant sa propre chute.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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Les BRICS: unis face aux défis actuels

Le 28 avril a eu lieu la réunion extraordinaire par visioconférence des ministres des Affaires étrangères des pays BRICS. Plusieurs initiatives importantes y ont été abordées et proposées. Une chose est sûre, les puissances membres de l’organisation semblent décidées à jouer un rôle de premier plan dans la lutte contre les défis du moment, dont évidemment le Covid-19.

En effet, au sein du groupe des principales puissances dites «émergentes» selon les termes utilisés par le mainstream occidental, regroupant pour rappel le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, l’heure est incontestablement à la coordination conjointe, et ce dans plusieurs secteurs. Surtout à l’heure de la poursuite de la propagation du coronavirus et des effets néfastes sur l’économie mondiale.

Les chefs des diplomaties respectives ont émis plusieurs appels, en vue aussi bien de s’entraider mutuellement dans le cadre de la crise mondiale actuelle, mais également afin de contribuer aux efforts dans le cadre planétaire. Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a appelé tous les pays des BRICS à défendre fermement le multilatéralisme, le système international centré sur l’ONU et les objectifs et principes de la Charte des Nations unies.

«Nous devons défendre l’approche de la consultation et de la coopération pour des bénéfices partagés en matière de gouvernance et prendre l’initiative de faire avancer la réforme de la gouvernance mondiale dans la bonne direction», a déclaré M. Yi. Il a également appelé les pays membres «à sauvegarder, via des efforts conjoints, les droits et intérêts légitimes, ainsi que l’espace de développement non seulement pour nous-mêmes, mais aussi pour tous les autres pays émergents et en développement». Tout en rappelant la nécessité de mesures économiques, notamment dans le maintien de la coordination afin de préserver la sécurité et le bon fonctionnement des chaines industrielles et d’approvisionnement mondiales.

Son homologue russe, Sergueï Lavrov, a de son côté appelé à unir les efforts conjoints au sein des BRICS, notamment dans la lutte contre le coronavirus qui est aujourd’hui la priorité pour l’organisation. Plus concrètement, M. Lavrov a appelé de toute urgence à lancer le mécanisme des BRICS pour le développement et la production d’un vaccin contre le coronavirus. Une proposition sans aucun doute plus que jamais d’actualité, compte tenu d’une part de la situation sanitaire internationale, et de l’autre du potentiel scientifico-intellectuel des pays membres. En effet, un pays comme l’Inde est reconnue comme une puissance dans la conception et la production de produits pharmaceutiques, au niveau mondial. La Chine, la Russie, l’Afrique du Sud et le Brésil possèdent eux-aussi un potentiel très important dans ce secteur. Et en joignant les efforts, les pays de l’alliance ont en effet toutes les chances de pouvoir contribuer grandement à ce que le résultat recherché, pour l’humanité toute entière, soit atteint.

Par ailleurs, le chef de la diplomatie russe a tenu à rappeler que les mesures restrictives applicables à certains pays empêchent une lutte pleinement efficace contre la pandémie du coronavirus, tout en causant des dommages importants au développement socio-économique des pays respectifs. A ce titre, il aurait été juste de rappeler que la Russie, la Chine, l’Iran, la Syrie, Cuba, le Nicaragua, le Venezuela et la Corée du Nord, avaient transmis récemment un appel au secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres pour lui faire part de la nécessité d’une levée des sanctions unilatérales, imposées par un certain nombre d’Etats. Une initiative qui avait été d’ailleurs soutenue par le chef onusien mais bloquée par les pays qui poursuivent l’imposition de ces sanctions – et qui se reconnaitront sans problèmes.

Sergueï Lavrov, à l’instar de son collègue chinois, n’a par ailleurs pas manqué lui aussi d’apporter son soutien à la recherche de réponses concrètes aux défis du moment, tout en rappelant qu’il n’y a pas d’alternative à une approche multilatérale égale, sans la politisation de la coopération des Etats souverains dans la résolution des questions les plus urgentes du moment.

Une approche saluée par les autres membres des BRICS, particulièrement la République d’Afrique du Sud, ayant en passant démontré jusqu’à maintenant une gestion efficace du coronavirus sur son sol. A noter également, que La Nouvelle banque de développement – créée en juillet 2014 par les Etats BRICS – allouera un montant équivalent à 15 milliards de dollars afin de stimuler les économies des pays membres de l’alliance.

A suivre donc. Ce qui est néanmoins sûr, c’est que malgré la crise que traverse l’humanité au stade actuel, les BRICS confirment une fois de plus leur capacité à unir les efforts aussi bien dans le cadre de leurs propres intérêts respectifs, mais également dans le cadre des intérêts conjoints et plus globalement encore dans le cadre mondial. Une approche qui d’ailleurs ne fait que confirmer la raison du pourquoi l’avenir se trouve au niveau des puissances non-occidentales. Cela évidemment sans oublier que les cinq pays membres de l’organisation, à eux seuls, représentent près de la moitié de la population mondiale, un quart de la surface terrestre, et pas moins de 35% du PIB mondial, appelé à croitre. A noter aussi que dans le classement récent du Top 10 des pays par PIB à parité du pouvoir d’achat (PPA), quatre des cinq membres des BRICS y sont présents, en l’occurrence la Chine, l’Inde, la Russie et le Brésil – respectivement première, troisième, sixième et huitième dans ce classement. Cela sans oublier que le rôle de l’Afrique du Sud, 30ème au classement, puissance économique et politique indiscutable du continent africain, continue d’aller à la hausse au niveau international. Notamment à l’heure actuelle – en tant que membre non-permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, où Pretoria représente un soutien de poids au duo sino-russe.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=1560

Premier Forum social russo-africain: pour un envol des relations bilatérales

Afrique

Les relations russo-africaines ont le vent en poupe. Le premier Forum social russo-africain à Moscou confirme l’étroitesse des liens entre l’Afrique et la Russie. Un succès qui en annonce d’autres, puisque cet événement prépare notamment le premier Sommet Afrique-Russie de 2019. Retour sur un colloque riche en enseignements.

C’est une innovation dans la relation entre la Russie et les pays africains: l’African Business Initiative a organisé le premier Forum social russo-africain à Moscou.

Cette rencontre, organisée dans le cadre de la promotion des relations russo-africaines, notamment au niveau économico-commercial, prépare le terrain au premier forum d’affaires, et surtout au premier Sommet Afrique-Russie, qui devrait avoir lieu en 2019.

Y ont pris part des représentants russes et africains du monde diplomatique, politique, scientifique, des affaires, des médias et de la société civile. De nombreux représentants africains étaient d’ailleurs diplômés des universités soviétiques et russes. Côté pays hôte, Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, ainsi que le vice-ministre des Affaires étrangères et représentant spécial du président russe pour l’Afrique et le Moyen-Orient, Mikhail Bogdanov, étaient présents.

Ce colloque comprenait plusieurs séances plénières et tables rondes, qui ont couvert presque tous les sujets d’intérêt russo-africain. Plusieurs points importants ont été soulevés, notamment l’objectif d’augmenter considérablement le nombre d’étudiants africains dans les universités russes, de faciliter aux étudiants l’accès aux stages et au marché du travail russe durant leurs études et d’assurer le suivi des succès post-études des diplômés africains. Sur le plan des affaires, l’accent a été mis sur la nécessité de collaborer dans un esprit gagnant-gagnant, de créer des projets avec une responsabilité sociale des entreprises et bien sûr la création d’emplois pour les populations africaines.

Sur le plan politico-diplomatique, M. Lavrov n’a pas manqué de rappeler plusieurs points importants, des points ayant reçu l’approbation des participants, dont deux méritent une attention particulière. Le ministre des Affaires étrangères a souligné que «la Russie n’a pas à se reprocher des crimes coloniaux. Au contraire, elle a accompagné les luttes d’indépendance en Afrique». Il a aussi martelé un slogan —«aux problèmes africains, des solutions africaines»- qui mettait l’accent sur le respect de la souveraineté de l’Afrique, tellement de fois remise en cause par certains États.

La Russie en Afrique peut déjà compter sur plusieurs atouts: absence d’histoire coloniale, soutien aux luttes d’indépendance des nations africaines, mais également durant la période post-indépendance; en outre, la Russie n’a jamais pillé les ressources du continent. À ce titre, le Dr Edimo Mongory, économiste camerounais qui est récemment intervenu en qualité d’expert dans l’une des émissions de la chaîne TV Afrique Média —la télévision panafricaine- a déclaré que «la Russie est probablement le seul pays du monde qui a plus donné à l’Afrique qu’il n’en a pris». Déclaration difficilement contestable.

L’autre atout évident de la Russie en Afrique, ce sont effectivement les milliers de cadres africains ayant été formés dans les universités soviétiques et russes et qui, dans leur grande majorité, continuent de porter le pays de leurs études dans leur cœur. Plusieurs d’entre eux occupent aujourd’hui des positions de haut rang dans leurs pays respectifs.

Mais ce qui peut paraître paradoxal, c’est qu’au-delà des amis naturels de la Russie sur le continent africain —comme ces diplômés- la Russie peut compter sur des milliers de représentants de la société civile africaine, notamment de la jeunesse, qui bien que n’ayant pas été formés sur le sol russe et ne parlant pas la langue de Pouchkine, soutiennent néanmoins activement la politique actuelle de la Russie. Et c’est probablement cette jeunesse aussi qui jouera un rôle stratégique dans la suite des relations Afrique-Russie, n’en déplaise aux détracteurs de la Russie et de sa présence en Afrique.

https://fr.sputniknews.com/points_de_vue/201810241038623076-russie-afrique-relations-forum/

Mikhail Gamandiy-Egorov