Archives du mot-clé Soudan

Soudan: Washington tente de reprendre la main

L’establishment étasunien ne lésine pas sur les moyens afin de saper l’interaction de Khartoum avec Pékin et Moscou. Le même establishment qui, il y a encore récemment, considérait ce pays africain comme sponsor du terrorisme. Retour sur la question.

Depuis l’annonce en novembre dernier de la création d’une base navale russe près de Port-Soudan – principal port du pays situé sur la mer Rouge, Washington tente au maximum de nuire à ce projet. Pour cela, l’establishment étasunien mise sur plusieurs orientations: diplomatique, économique, sécuritaire, sans oublier le lobbying de ses proxys arabes et africains.

De façon plus générale, les Etats-Unis en tentant par tous les moyens de s’implanter au Soudan, ne visent pas seulement la Russie, mais également un autre des principaux adversaires officiels de Washington – la Chine, fortement présente sur le plan économique dans le pays. Sans oublier l’Iran.

Pour rappel, un navire de guerre US avait accosté en mars dernier au Port-Soudan – un jour seulement après l’arrivée au même endroit de la frégate russe de classe Amiral Grigorovitch.Un peu plus tôt, en décembre dernier, les Etats-Unis avaient retiré le Soudan de leur liste des pays soutenant le terrorisme. Une liste dans lequel Khartoum se trouvait depuis 1993…

Ce n’est pas tout: Washington a mis à contribution le Fonds monétaire international (FMI). Après tout, tous les moyens sont bons pour tenter à contrer l’influence grandissante de Pékin et Moscou.

L’offensive washingtonienne et de ses supplétifs ne se limitera aux secteurs mentionnés, mais touchera même aux médias. Peu surprenant d’ailleurs lorsqu’on connait la complicité existante entre l’establishment politique occidental et la presse mainstream, sans oublier les affiliés. En ce sens, plusieurs médias arabes avaient annoncé la prétendue suspension par le Soudan de l’accord avec la Russie pour l’établissement de la base navale. Parmi eux Al-Arabiya et Sky News Arabia.

Une information rapidement démentie par l’ambassade russe à Khartoum, qui avait répondu que «les plans technico-militaires entre les deux pays sont toujours d’actualité». Tout en ajoutant que les déclarations contraires sont loin de la réalité. Les informations diffusées par les médias arabes cités n’ont reçu d’ailleurs aucune confirmation du côté des responsables soudanais.

Une chose demeure pour autant certaine. L’establishment US continuera de déployer tous les moyens à sa disposition pour tenter à faire saboter l’interaction de Khartoum dans ses projets stratégiques avec Moscou et Pékin. Le tout au moment où l’influence de l’axe des partisans de la multipolarité, devenue une réalité mondiale, ne cesse de monter en puissance, tout en affaiblissant les rêves des nostalgiques du retour à l’ordre unipolaire dépassé.

Il reste à ne pas oublier que la Russie, comme la Chine, disposent également de nombre d’instruments leur permettant d’aller jusqu’au bout de leurs projets. Géopolitiques, géoéconomiques comme sécuritaires. Le tout au moment même que dans la région concernée, Washington continue de perdre des positions, notamment en Ethiopie, où l’influence sino-russe bat son plein.

En conclusion il faudrait peut-être rappeler que sur le moyen-long terme, la stratégie propre à un jeu d’échecs aura toujours le dessus sur celle du poker qui quant à elle ne peut être que sur le court terme. En ce sens, l’axe non seulement des partisans de la multipolarité, mais également de grandes civilisations mondiales, fera fort probablement la différence. Au grand désarroi de Washington et de ses suiveurs jusqu’au-boutistes.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=2706

https://t.me/observateur_continental/1131

Les USA tentent d’entraver les projets russo-soudanais?

Les événements d’il y a quelques jours témoignent des nouvelles tentatives washingtoniennes de jouer le rôle du gendarme mondial – à l’heure où il n’en est tout simplement plus capable. Pour cause: la base navale russe au Soudan dont la mise en œuvre inquiète sérieusement l’establishment washingtonien.

Les actions des administrations US toutes confondues se répètent et se ressemblent. Y compris dans le sens d’un refus d’avoir à accepter la réalité multipolaire mondiale – qui, qu’elle plaise ou non à Washington, est désormais une réalité. Ou encore dans le sens que des nations souveraines du monde puissent choisir librement leurs partenaires privilégiés, sans en demander l’avis ou d’autorisation auprès des élites occidentales, étasuniennes en premier lieu.

Depuis l’annonce du projet de création de la base navale russe au Soudan, Washington et ses principaux alliés ont mené toutes sortes de campagnes de lobbying pour nuire à la mise en œuvre dudit accord. Mais face à l’échec de ces tentatives des lobbyistes pro-washingtoniens, les responsables étasuniens ont alors vraisemblablement décidé à tenter de rattraper le retard.

Ainsi, un navire de guerre étasunien a accosté au Port-Soudan un jour après l’arrivée de la frégate russe de classe Amiral Grigorovitch dans le même port. Pour de nombreux médias internationaux et d’analystes, le timing choisi par la partie étasunienne n’est pas due au hasard, ni à une quelconque coïncidence, mais s’inscrit clairement dans le positionnement washingtonien à nuire à l’accord russo-soudanais de base navale. Ou du moins tenter à faire retarder sa pleine mise en œuvre.

Le cas du Soudan est évidemment assez spécifique dans le sens que depuis la chute de l’ex-président Omar el-Béchir, le pouvoir au pays balance entre les militaires – traditionnellement proches de Moscou et de certains «représentants civils» ayant participé à l’éviction d’el-Béchir, se trouvant sous influence de Washington.

En effet, les USA ont retiré l’année dernière le gouvernement soudanais de sa liste d’Etats «parrainant le terrorisme», notamment dans le cadre du deal pour la normalisation des relations entre Khartoum et Tel-Aviv. Une normalisation sous médiation washingtonienne au bénéfice son allié israélien.

Dans cette perspective, l’establishment étasunien comprend parfaitement que la mise en œuvre d’une base navale russe en terre soudanaise renforcera non seulement l’influence de Moscou sur l’arène régionale concernée et internationale, mais également les liens bilatéraux avec Khartoum, qui pourront incontestablement nuire aux intérêts US, et possiblement à leurs principaux alliés – dont Israël. Après tout, les nostalgiques de l’ère unipolaire révolue voient tous avec vive inquiétude le rôle de plus en plus déterminant de pays comme la Russie, la Chine, l’Iran et d’autres sur la scène internationale.

Evidemment, dans cette nouvelle phase de la confrontation stratégique et géopolitique entre Moscou et Washington, et dans le cas plus particulier du Soudan, plusieurs avantages restent à l’acquis du positionnement russe. Tout d’abord du point de vue de la relation privilégiée déjà mentionnée entre les militaires soudanais et russes, mais également du fait que le Soudan ne peut oublier les tensions et les pressions diplomatiques, économiques et sécuritaires à grande échelle qui émanaient encore récemment du côté de Washington – et qui restent en partie toujours d’actualité, malgré les campagnes de lobbying qui émanent du camp étasunien et de ses proxys.

Une chose demeure certaine : le bouleversement stratégique dans le monde arabe et musulman après les événements en Syrie, où la coalition menée par les Etats-Unis n’a pas pu réaliser le scénario si voulu au départ – à savoir faire tomber le gouvernement légitime syrien pour asseoir la domination étasunienne sur la région, se fait ressentir jusqu’à présent. D’autres régimes, notamment israélien, sont quant à eux également inquiets de l’interaction régionale russo-iranienne dont l’intensité non seulement ne diminue pas – mais continue de croître, et ce aussi bien sur le plan militaire, que diplomatique, géopolitique et géoéconomique.

Et bien que Washington et ses principaux alliés refusent obstinément de reconnaitre officiellement la réalité multipolaire mondiale, la détermination du camp des nations pleinement souveraines ne fera certainement qu’accélérer les nouveaux succès stratégiques.  Le monde arabe et l’Afrique ne feront pas exception.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=2520

https://t.me/observateur_continental/936

Les enjeux de la base navale russe au Soudan

La Russie a confirmé la création d’une base navale au Soudan. Cette nouvelle concerne plusieurs aspects – pratiques du point de vue de la marine militaire russe, mais touche également aux enjeux géostratégiques régionaux et internationaux.

Ledit projet d’accord russo-soudanais prévoit la construction près de Port-Soudan – principal port du pays, situé sur la mer Rouge, d’un carrefour logistique pour la marine russe. Appelé officiellement point d’appui matériel et logistique, il prévoit une capacité d’accueil simultané de 300 hommes (civils et militaires), ainsi que quatre navires, notamment à propulsion nucléaire. Son fonctionnement sera assuré par la partie russe.

L’accord restera en vigueur pour une période de 25 ans, avec un renouvellement automatique de 10 ans si aucune des parties ne demande sa cessation au préalable. La Russie aura également la possibilité de transporter, via les ports et aéroports soudanais, des armes, munitions et équipements destinés au fonctionnement de la base navale.

En termes de perspectives, cette annonce confirme plusieurs aspects. Tout d’abord il s’agit évidemment d’un renforcement des relations bilatérales entre Moscou et Khartoum, à l’heure où la Russie est redevenue un acteur international majeur sur le continent africain. Intérêt pratique pour la marine russe, pour nombre de médias occidentaux l’emplacement dudit site est également stratégique: près de 10% des marchandises commercialisées dans le monde passent par ce carrefour d’échanges maritimes entre l’Europe et l’Asie. 

Pour le Soudan, l’ouverture d’une telle base – au-delà de renforcer encore plus le partenariat bilatéral avec la Russie – accorde plus de sécurité au pays face aux interférences étrangères, notamment étasuniennes. Il est vrai que depuis le départ du président Omar el-Béchir, de nombreux analystes entrevoyaient une éventuelle prise de pouvoir par des forces orientées sur l’establishment occidental. Le site internet américain Military Watch Magazine, spécialisé dans les questions de la Défense, parle même d’un coup d’Etat soutenu par l’Occident en avril 2019 – ayant évincé el-Béchir du pouvoir. Tout en indiquant que l’élite militaire soudanaise est restée étroitement liée à Moscou dans le secteur de la Défense.

Cette remarque du média étasunien est d’autant plus intéressante qu’elle admet une interférence occidentale dans les affaires intérieures d’un pays souverain, tout en reconnaissant amèrement que l’élite militaire du pays en question a maintenu une relation d’alliance avec la Russie – concrétisée désormais par l’accord en lien avec la construction de la base navale.

Il est vrai que le Soudan a de quoi être rassuré – sachant que même après le départ forcé du président Omar el-Béchir, le pays est resté dans le viseur de l’establishment occidental, plus particulièrement étasunien – situation géographique stratégique oblige, sur terre comme sur mer. Sans oublier des relations fortes avec des pays comme la Chine ou la Russie. L’inquiétude, ou du moins l’amertume des analystes, et probablement bientôt des élites de l’Occident, peut donc être vue sur plusieurs points.

Tout d’abord l’ouverture d’une telle base compliquera les éventuelles nouvelles tentatives de déstabilisation du Soudan, voire de la région. Surtout lorsqu’on connait la durée de l’accord : un quart de siècle. D’autre part, la présence de la flotte militaire russe, y compris avec des armements de pointe, à proximité des bases militaires US – mais également des voies commerciales maritimes internationales, apporte un changement notable dans l’équilibre des forces sur la scène régionale et internationale.

Mais peut-être plus important encore – toutes les tentatives qui émanaient de Washington et de leurs alliés occidentaux d’isoler les principaux adversaires géopolitiques n’ont eu comme résultat que le renforcement de ces derniers sur la scène internationale. Et cela, vraisemblablement, les nombreux analystes des médias mainstream ayant beaucoup accentué sur ce sujet au cours des dernières années – n’avaient pas prévu.

Mikhail Gamandiy-Egorov

https://t.me/observateur_continental/585

La Centrafrique vers la paix, la Russie et le Soudan à la manœuvre

L’image contient peut-être : 2 personnes, personnes souriantes

La Centrafrique se dirige vers une solution à la crise qui la frappe. Avec le soutien de la Russie et du Soudan, les principaux groupes armés centrafricains ont en effet signé une déclaration d’entente. Alors que les pays occidentaux n’ont jamais causé que des problèmes, la Russie et ses alliés autres apportent des solutions.

Vers une sortie de crise en Centrafrique? La mission de bons offices de la Russie semble avoir porté ses fruits, malgré les tentatives de la diplomatie française de stopper la montée en puissance des relations russo-centrafricaines.

En effet, les principaux représentants des groupes armés centrafricains viennent de signer à Khartoum, la capitale soudanaise une déclaration d’entente. Parmi les signataires figurent Nourredine Adam (Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique), Ali Darassa (l’Union pour la paix en Centrafrique), Mahamat al-Khatim (Mouvement patriotique pour la Centrafrique) et Maxime Mokom (l’un des représentants du groupe anti-balaka). Ils ont apposé leurs signatures respectives en indiquant leur volonté d’une paix durable et d’une réconciliation. Une approche d’ailleurs saluée par les autorités centrafricaines.

Par son rôle dans cette affaire, Moscou a démontré toute sa détermination à non seulement défendre ses propres intérêts, mais également ceux de ses alliés. Finalement, l’efficacité russe en Syrie, aussi bien dans le cadre de la lutte antiterroriste, qu’au niveau politico-diplomatique, s’exporte sur le continent africain.

En effet, la Russie souhaite voir une Afrique stable, prospère, et avec laquelle il sera possible de collaborer dans un cadre gagnant-gagnant, et sans imposer quoi que ce soit. Sinon, comment expliquer que moins de 200 spécialistes russes aient pu, aussi rapidement, faire tellement plus pour la stabilisation de la Centrafrique, que les 15.000 militaires français passés par là depuis de nombreuses années? Le Quai d’Orsay aura très certainement du mal à donner une réponse digne de ce nom.

Ne doutons pourtant pas que Paris, à l’instar d’autres capitales occidentales, tente, comme dans le passé récent, d’entraver ce processus de paix en Centrafrique. Et ce pour plusieurs raisons. Au-delà de perdre définitivement un pays majeur issu de son prétendu «pré-carré», l’élite française comprend parfaitement aussi que ce processus essaimera au-delà de la République centrafricaine.

Pourtant, le peuple centrafricain est plus que jamais mobilisé à faire face à toute tentative néocoloniale de diviser la société centrafricaine sur une base religieuse ou ethnique. De plus, il peut compter sur des alliés sûrs, respectant sa souveraineté et apportant des solutions à des problèmes créés exclusivement par les représentants occidentaux. Des problèmes créés d’ailleurs à tellement d’autres endroits de l’Afrique, avec toujours le même objectif: diviser pour mieux régner. Et… piller.

Mais le monde évolue: le système multipolaire s’impose de jour en jour. Et les nations du monde, notamment africaines, refusent désormais la manipulation. La Russie est un acteur majeur dans ce renouveau mondial, et avec elles ceux ayant décidé de la suivre.

D’ailleurs, le Soudan, l’autre allié africain de Moscou, qui a aussi beaucoup contribué à ce que cette rencontre ait lieu, sort lui aussi gagnant. Et son président Omar el-Béchir, tellement diabolisé par le petit monde occidental, se positionne désormais en médiateur de paix de premier plan. Après avoir grandement contribué à la signature de l’accord de paix au Sud Soudan, qui s’est séparé de Khartoum en 2011, non sans «l’aide» occidentale et est depuis plongé dans le chaos, le leader soudanais a largement contribué à ce processus de stabilisation si nécessaire à la République centrafricaine.

Les solutions aux problèmes africains peuvent et doivent être africaines, avec le soutien d’alliés sincères.

https://fr.sputniknews.com/points_de_vue/201808311037887343-afrique-centrafrique-crise-russie-paix-soudan/

Mikhail Gamandiy-Egorov

Omar el-Béchir vs CPI : une victoire pour l’Afrique !

Omar el-Béchir

Le suspens n’a pas été long. La machine néocoloniale nommée Cour pénale internationale (CPI) n’a pas réussi son coup : la République d’Afrique du Sud et plus globalement tout le continent africain n’ont pas cédé !

Petit rappel. Ladite CPI, devenue la cour de jugement pour les Africains, tout comme son « frère » le fameux Tribunal pénal pour l’ex-Yougoslavie l’est lui pour les Serbes, avait émis un mandat d’arrêt contre le président soudanais, Omar el-Béchir, accusé de crimes de guerre (mandat émis depuis mars 2009). Des accusations fortement douteuses. Connaissant parfaitement la politisation de cette cour, une politisation qui a été reconnue à maintes reprises ne serait-ce que par les experts russes et chinois. Et surtout connaissant parfaitement les pseudo-accusations ayant visé un autre leader africain, le président ivoirien Laurent Gbagbo, dont le procureur en charge de ce dossier n’a pas pu présenter jusqu’à maintenant ne serait-ce qu’un élément valable de sa culpabilité. De même qu’à l’encontre de l’ex-ministre de la Jeunesse de Côte d’Ivoire, Charles Blé Goudé. Le tout en épargnant entièrement le camp des pro-occidentaux, dont pourtant les crimes massifs (ne serait-ce qu’à Duékoué) ont été reconnus, y compris par des organismes non-gouvernementaux occidentaux.

Le Soudan ne reconnait pas la CPI et le président Omar el-Béchir a plusieurs fois lancé des défis audit organisme en voyageant librement et en participant à divers grands forums aussi bien sur le continent africain qu’ailleurs. Jusqu’ici tout allait assez bien. Mais les derniers jours, la République d’Afrique du Sud accueillait un sommet de l’Union africaine. A noter qu’en juillet 2009, après le lancement du mandat d’arrêt de la CPI à l’encontre d’el-Béchir, les Etats de l’Union africaine ont voté une résolution indiquant qu’ils n’exécuteront pas le mandat d’arrêt de la CPI émis contre le président soudanais.

Mais on connait les Occidentaux, ou plutôt leurs « élites ». Ils ne s’arrêteront devant rien. D’autant plus lorsque la mentalité coloniale est ancrée si profondément dans les têtes de ces dites élites. Ils ont lancé donc une demande à la justice sud-africaine d’arrêter Omar el-Béchir en terre sud-africaine compte tenu du fait que l’Afrique du Sud est signataire du Statut de Rome et reconnait donc (pour le moment) la CPI. Immédiatement, un juge sud-africain d’origine allemande, Hans-Joachim Fabricius, vraisemblablement un nostalgique de la sinistre période d’apartheid (dont l’un des ancêtres selon certaines sources était un haut cadre politique de l’Allemagne nazie), émet une interdiction au président soudanais de quitter le territoire sud-africain.

Le suspens peut commencer. Les Occidentaux pensaient déjà crier victoire en pensant que le gouvernement sud-africain allait appliquer à la lettre leurs exigences. Plus encore, certains représentants occidentaux et leurs valets locaux ont eu le culot de lancer des phrases du genre « je crois que la fidélité de l’Afrique du Sud à l’Union africaine ne peut pas faire le poids face à ses obligations envers la CPI ». C’est vrai, on avait oublié. Les machins néocoloniaux ça vaut « bien plus » qu’une organisation réunissant les Etats de tout un grand continent, en la qualité de l’UA.

Mais le suspens n’a pas duré. Le gouvernement sud-africain n’a pas appliqué les « prérogatives » néocoloniales de la CPI. Omar el-Béchir est rentré au Soudan où il a été accueilli par une foule en liesse. Bravo donc aux Sud-Africains, membres à part entière de l’alliance des BRICS, de ne pas avoir cédé aux tentatives d’une extrême minorité de notre planète, vivant encore dans leurs rêves unipolaires, ainsi qu’aux traitres locaux — héritiers de l’apartheid.

A ce titre, on a pu particulièrement apprécier la réaction du parti historique de Nelson Mandela, le principal parti politique du pays, le Congrès National Africain (ANC), via sa porte-parole Khusela Sangoni, ayant fustigé les tentatives de faire arrêter le leader soudanais en leur sol. « Le gouvernement sud-africain, lorsqu’il a invité son excellence Omar el-Béchir et les autres participants à venir au sommet de l’UA, a dans le même temps adopté une mesure légale pour accorder l’immunité à tous les participants. Cette notice a fait l’objet d’une publication, et personne ne l’a contesté, donc nous trouvons très étrange qu’une organisation décide maintenant de saisir la justice pour obtenir que Béchir soit arrêté en Afrique du Sud, et nous avons encouragé le gouvernement sud-africain à faire en sorte que cette démarche n’aboutisse pas ».

Il fut très intéressant également de connaître la réaction du chef du département juridique de l’Union africaine, le professeur Vincent O. Nmehielle, qui considère que l’Afrique du Sud a entièrement raison du point de vue juridique.

Voici ce qu’il a répondu à RFI : « Le sommet n’est pas une réunion organisée par le gouvernement sud-africain. Dans le règlement de l’Union africaine, et conformément à l’accord signé entre l’Afrique du Sud et l’UA, l’Afrique du Sud ne peut pas violer l’accord faisant de lui un pays hôte. Et donc el-Béchir n’est pas ici pour visiter l’Afrique du Sud, il visite un site sous contrôle de l’Union africaine, aussi longtemps que se tient le sommet. Et donc, les lois de l’Afrique du Sud ne s’appliquent pas dans ce cadre. » Selon lui « cet accord est aussi un traité international entre l’Afrique du Sud et l’Union africaine pour lui permettre de tenir ce sommet. Si l’Afrique du Sud ne peut pas garantir le libre passage de tous les participants à ce sommet, il ne peut pas être pays d’accueil. Il n’y a eu dans cette affaire aucune violation d’aucune sorte. Si l’Afrique du Sud avait écouté ce que n’importe qui avait à dire, ce serait une violation de cet accord qui lui permet d’être l’hôte de ce sommet. »

Très drôle aujourd’hui de voir tout le mainstream occidental, anglophone comme francophone, crier au scandale, tout en donnant la parole à d’anciens cadres de l’administration du régime raciste de la période apartheid, qui expriment également leur « révolte »… Sans commentaires.

Quant à l’Afrique, elle vient effectivement de remporter une mini-bataille, mais fort symbolique. Surtout à l’heure où la plupart des pays africains, membre de l’UA, aient exprimé le désir de quitter la fameuse et trop controversée CPI (merci en passant à la présidence du Zimbabwe à l’UA). La guerre, elle, est bien loin d’être gagnée et les efforts ne doivent aucunement être relâchés. Tout ne fait véritablement que commencer. Mais, cette petite victoire de l’Afrique du Sud (et donc des BRICS), ainsi que de tous les Africains en général prouve que lorsque l’Afrique veut — elle peut beaucoup de choses. En avant !

http://fr.sputniknews.com/points_de_vue/20150616/1016571936.html

Mikhail Gamandiy-Egorov