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Le saut stratégique vu de Turquie

13.01.2023

Les principaux analystes turcs considèrent que tous les empires ayant tenté de faire asseoir une domination sans partage sur les affaires internationales ont au final toujours subi des échecs, faisant le parallèle direct avec le cas contemporain des Etats-Unis. Cette analyse confirme une fois de plus une vision géopolitique particulière de la Turquie, ainsi que le rôle qu’elle entrevoit pour elle-même dans les relations mondiales.

Bercan Tutar, analyste turc dans son récent article Stratejik sıçrama (Le saut stratégique) pour le quotidien Sabah (l’un des trois principaux en Turquie) décrit les bouleversements stratégiques internationaux, en mettant l’accent sur la position des Etats-Unis, de la Russie, de la Chine et de la Turquie.

L’auteur de l’article rappelle que toutes les tentatives des Etats impériaux, anciens ou nouveaux, ayant cherché à devenir les seuls maîtres du monde – se sont toujours soldées par des échecs. Pour Bercan Tutar, le dernier exemple étant la défaite de la politique de «la Nouvelle Rome», que les Etats-Unis ont tenté à mettre en œuvre sous prétexte de « guerre contre le terrorisme » après les attentats du 11 septembre 2001. L’échec des USA à devenir le seul hégémon mondial a d’ailleurs selon lui paradoxalement conduit vers une fin progressive du chaos dans de nombreuses régions du monde, en particulier au Moyen-Orient, où un certain équilibre a été rétabli.

Ces processus ont ainsi permis à des pays comme la Russie, la Chine et la Turquie – à maximiser leur influence respective dans différentes parties du monde. Et après que Washington ait défini son objectif principal de stratégie de sécurité nationale dans les nouveaux processus en cours à combattre des acteurs mondiaux comme la Russie et la Chine, à la place de la guerre contre le terrorisme, le visage du Moyen-Orient a commencé rapidement à se transformer.

L’un des pays qui a le plus profité de cette nouvelle transformation et qui a élargi sa sphère d’influence a été la Turquie. L’Etat turc ayant été capable de lire le cours des processus mondiaux, a ainsi pu devenir un important acteur régional et même international. Un peu plus loin dans le même article, l’auteur décrit le rôle central de la Turquie aussi bien vis-à-vis de l’Occident, avec lequel Ankara partage l’appartenance à l’Otan, mais également avec la Russie avec laquelle la Turquie possède de nombreux projets et orientations stratégiques.

Bercan Tutar fait notamment référence au projet conjoint avec Moscou de faire de la Turquie le principal hub pour l’énergie russe, ainsi qu’aux contacts bilatéraux étroits sur les questions du Moyen-Orient et de nombreux autres sujets stratégiques. L’auteur parle également de la Chine et rappelle que son pays représente un corridor sûr aux yeux de Pékin, dans le cadre du grand projet international chinois de la Ceinture et la Route.

Maintenant et en termes de perspectives suite à cet article, il serait juste de rappeler plusieurs faits que nous avons déjà abordé dans le passé. La Turquie se positionne effectivement comme un Etat ayant la particularité d’être un membre du bloc otanesque (dont pour rappel elle représente la deuxième force en termes d’effectif armé), tout en refusant obstinément à suivre aveuglement l’hystérie anti-russe et anti-chinoise de l’establishment occidental. Tirant ainsi profit de cette capacité assez unique à défendre et promouvoir ses intérêts avec toutes les parties.

A ce titre, et étant probablement le seul pays réellement souverain du bloc atlantiste vis-à-vis de Washington, la Turquie est effectivement devenue un acteur incontournable non plus seulement dans de nombreuses affaires régionales, mais de plus en plus à l’international. Ses relations stratégiques dans de nombreux domaines avec la Russie, la Chine, l’Iran et d’autres grandes puissances non-occidentales y ont d’ailleurs beaucoup contribué. En faisant la sourde oreille à la colère de ses partenaires occidentaux.

Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que de plus en plus de voix étasuniennes et plus généralement occidentales s’élèvent contre Ankara et appellent ouvertement à remettre en question l’appartenance turque à l’Otan, du fait justement des liens étroits de la Turquie avec les principaux adversaires des nostalgiques otanesques de l’unipolarité, dont bien évidemment les liens avec la Russie. L’Etat turc ayant été jusqu’à présent le seul membre de l’Otan à avoir fermement refusé à se joindre aux sanctions occidentales contre Moscou. Et même plus que cela – ayant au contraire fort largement élargi l’interaction économico-commerciale avec la Russie.

Dans ce paradigme, la Turquie joue parfaitement son jeu. Comprenant que l’Otan ne peut se permettre de perdre dans un avenir proche un membre aussi important, du point de vue aussi bien stratégique qu’idéologique, Ankara enfonce le clou en continuant à renforcer son orientation eurasienne et de plus en plus pro-multipolaire. D’autant plus lorsqu’on observe actuellement le processus probable de normalisation des relations avec le leadership syrien, le tout avec la médiation russe.

Et lorsque viendra le moment pour la Turquie de quitter effectivement l’Otan, au-delà du fait que ce sera une énorme défaite stratégique pour l’Occident, l’Etat turc d’ici là aura pu profiter au maximum de tout ce dont il a besoin actuellement. Avec par ailleurs à la clé – l’intégration dans le Top 10 des principales économies mondiales en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat, pendant que des France et Royaume-Uni quitteront vraisemblablement ce même Top 10.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=4561

Le soutien au régime kiévien s’étouffe à l’ONU

16.11.2022

Malgré la pression occidentale sur de nombreux pays, le soutien affiché à Kiev au niveau onusien diminue drastiquement, et ce de l’aveu même des médias de l’Occident. Le tout récent vote de l’Assemblée générale de l’ONU promu par l’establishment atlantiste en vue de faire profiter le régime kiévien de réparations russes le confirme amplement.

La toute récente résolution occidentalo-kiévienne votée à l’Assemblée générale de l’ONU constitue un revers de poids pour Kiev et ses principaux parrains. Au-delà d’être non-contraignante, elle affiche surtout la perte du soutien international à la coalition pro-occidentale, et cela alors que les élites atlantistes maintiennent une pression hors norme sur la communauté internationale.

Avec 94 votes en faveur de ladite résolution, 13 votes contre, 74 abstentions et 11 non-participations au vote, malgré son adoption – la coalition pro-occidentale a recueilli moins de la moitié des voix des Etats membres de l’ONU. The Washington Post confirme cette réalité en indiquant qu’il s’agit d’un des plus bas soutiens en faveur de Kiev lors des cinq résolutions relatives à l’Ukraine votées par l’Assemblée générale onusienne, depuis le début de l’opération militaire spéciale de la Russie, le 24 février dernier.

La consternation occidentale est certainement d’autant plus grande que parmi les 13 pays ayant voté ouvertement contre l’initiative occidentalo-kiévienne on retrouve la République populaire de Chine – membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, première puissance économique mondiale en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat et tout simplement l’une des principales puissances internationales. Le vote de la Chine d’opposition ouverte à la résolution occidentale s’est fait aux côtés de la Biélorussie, de la Centrafrique, de Cuba, de la Corée du Nord, de l’Erythrée, de l’Ethiopie, de l’Iran, du Mali, du Nicaragua, de la Syrie, du Zimbabwe et évidemment de la Russie.

A noter que les élites occidentales avaient plusieurs fois répété dans le passé qu’ils doivent recueillir pas moins de 100 votes en faveur des résolutions concernant l’Ukraine, à défaut de quoi ce serait considéré comme un échec. En oubliant très souvent de rappeler que même lors des votes où ladite coalition réussissait à obtenir un nombre bien plus conséquent que lors de la toute récente Assemblée générale, le poids démographique des nations représentées n’était jamais à l’avantage des régimes occidentaux. Et désormais cette réalité devient nettement plus visible.

Une chose est sûre. Ce vote aura largement démontré une fois de plus que l’Occident n’a aucune valeur à pouvoir prétendre parler au nom de la communauté internationale. Cela d’autant plus qu’à la différence des régimes atlantistes, Moscou et Pékin n’ont point besoin d’intimider, menacer ou faire du chantage vis-à-vis des Etats membres onusiens pour obtenir les votes nécessaires. A l’énorme différence de l’establishment occidental.

Les espoirs donc de l’Occident collectif quant au fait que l’isolation de la Russie pourrait à terme se réaliser – non seulement ne se concrétisent pas, mais subissent de-facto la ridiculisation, compte tenu de tous les efforts des nostalgiques de l’unipolarité. Et cela sans même aborder de nouveau les problèmes économiques qui touchent de plus en plus fermement les instigateurs et promoteurs des sanctions unilatérales. L’effet boomerang dans toute sa splendeur.

Mikhail Gamandiy-Egorov

La coopération militaire russo-iranienne face à l’Occident collectif

19.10.2022

Pendant que la Russie dans le cadre de son opération militaire spéciale doit faire face à tout l’Otan et tout l’Occident collectif, le partenariat militaro-technique entre Moscou et Téhéran suscite déjà d’énormes inquiétudes au sein des cercles occidentaux et de leurs proxys.

Inquiétudes en effet dans les capitales occidentales, ainsi que du côté du régime fantoche kiévien, dans le cadre d’une coopération militaire qui semble de plus en plus se confirmer entre Moscou et Téhéran. «L’Iran a accepté d’expédier des missiles et encore plus de drones à la Russie, défiant l’Occident» – écrit Reuters.

Il est notamment question de livraisons de missiles balistiques iraniens possédant une précision améliorée, en particulier la famille des missiles Fateh et Zolfaghar. De nouveaux lots de drones kamikazes Shahed-136 devraient également être livrés – des drones ayant déjà fait leurs preuves dans les frappes contre des installations militaires et énergétiques du régime kiévien. Certaines sources avaient également mentionné l’éventualité de livraisons de drones d’attaque sophistiqués à longue portée Arash 2, pouvant par la même occasion transporter des charges plus importantes que ce n’est le cas pour Shahed-136.

Pendant ce temps et selon le général de division iranien Yahya Rahim Safavi – 22 Etats étrangers sont déjà intéressés par l’acquisition de drones iraniens. Pour revenir au partenariat entre la Russie et l’Iran, vu l’hystérie qu’il semble provoquer au niveau des régimes occidentaux et de leur proxy kiévien, ce dernier menaçant d’ailleurs la République islamique de rupture complète des relations diplomatiques, cela confirme l’importance et l’efficacité d’un tel partenariat.

Au-delà d’avoir déjà pour les deux nations activement collaborées ensemble dans la lutte antiterroriste en République arabe syrienne, y compris contre les groupes terroristes de Daech et d’Al-Qaïda, et de partager de nombreuses visions communes pour l’espace eurasiatique et dans les affaires internationales, le fait désormais de travailler ensemble dans la guerre ouverte entre la multipolarité et les vestiges de l’unipolarité, s’apparente de plus en plus à une complémentarité nécessaire.

Il faut bien le reconnaitre, la Russie – deuxième puissance militaire mondiale – a pris un certain retard dans la production à grande échelle de drones de combat. Bien que les récentes utilisations à succès des drones kamikazes, cette fois-ci de fabrication russe, Lancet – confirment que Moscou rattrape activement le retard. Il n’empêche que le soutien iranien en la matière est opportun, en termes de timing et des objectifs à atteindre prochainement.

De l’autre côté, et c’est certainement cela qui inquiète vivement les régimes occidentaux ou encore celui de Tel-Aviv – c’est l’éventualité pour l’Iran de pouvoir obtenir de la part de la Russie des avions de combat de dernière génération, voire un système anti-missile encore plus avancé que les S-300, déjà livrés dans le passé à la République islamique. Rappelons à ce titre que l’Iran est déjà la 14ème puissance militaire mondiale selon le classement international pour cette année – juste derrière la Turquie, et devant Israël (18ème).

Il est donc évident que le savoir-faire réciproque et un partenariat gagnant-gagnant permettront aux deux nations d’encore plus renforcer la donne stratégique à l’échelle régionale et internationale. Et si certains personnages en Occident tentent de présenter les livraisons iraniennes à la Russie comme une prétendue «faiblesse» de cette dernière, alors qu’il ne s’agit que d’une compensation d’un des rares domaines du secteur militaire où l’Etat russe peut encore largement s’améliorer, que dire des dizaines de régimes otanesques, aujourd’hui directement impliqués dans la guerre contre Moscou, et malgré les énormes moyens à leur disposition – n’arrivant pas à défaire la Russie.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=4336

Normalisation turco-syrienne: perspective réelle?

24.08.2022

Après des années de tensions, Damas et Ankara semblent être sur la voie d’une possible normalisation de leurs relations. Si cela se réalisait, ce serait non seulement une victoire pour les deux pays, mais également une grande réussite pour le monde multipolaire dans son ensemble.

Si peu de spécialistes croyaient en une telle éventualité, les processus en cours du moment confirment une fois de plus la justesse de la vision eurasiatique, et certainement pas occidentale, quant à l’avenir mondial. En effet et si les services de renseignement des deux pays sont déjà en contact depuis ces quelques dernières années, les signaux récents permettent d’entrevoir l’éventualité d’une réconciliation politico-diplomatique à venir.

Suite au récent voyage du président turc Recep Tayyip Erdogan en Russie, cette question d’ailleurs a vraisemblablement été abordée. Et selon les déclarations, également récentes, de plusieurs hauts responsables turcs, la possibilité pour une telle normalisation semble n’avoir jamais été aussi proche.

Evidemment et dans cette optique, un tel événement sera une victoire pour la République arabe syrienne et son leadership, à l’encontre desquels Ankara a maintenu une animosité ouverte durant plusieurs années passées. D’un autre côté, un tel résultat sera également un point positif pour la Turquie, qui cherche à démontrer vouloir contribuer à une région pacifique et prospère.

Après maintenant plus de dix années de résistance à succès de la Syrie – au terrorisme international et aux interférences néocoloniales occidentales – et au-delà du soutien de ses principaux alliés en la qualité d’Etats comme la Russie, l’Iran et la Chine – un large processus de normalisation a déjà été engagé avec plusieurs pays, notamment arabes, qui étaient dans un premier temps hostiles à Damas et longtemps considérés comme des alliés indéfectibles de l’Occident, mais qui au final ont opté pour une vision pragmatique et juste.

Ce processus a évidemment été fort mal perçu par les régimes occidentaux qui avaient pourtant juré de pouvoir isoler la République arabe syrienne de la scène internationale. Comme résultat – un énième échec retentissant. En ce sens, si la Turquie – deuxième force armée de l’Otan en termes d’effectifs, mais privilégiant une approche pragmatique et souveraine lorsqu’il s’agit de défendre ses intérêts nationaux – ira d’une manière sincère vers une nouvelle page relationnelle avec Damas, ce sera inévitablement une grande nouvelle victoire pour tout l’espace eurasiatique et le monde multipolaire dans son ensemble.

Et bien évidemment une nouvelle défaite pour l’Occident collectif, nostalgique de l’unipolarité, dont l’intérêt a toujours été de créer et maintenir des conflits et des tensions artificielles entre peuples voisins, non-occidentaux. Bien sûr, une telle normalisation nécessitera aussi la résolution de plusieurs dossiers conflictuels entre Damas et Ankara, comme celui de la région d’Idleb où restent encore présents nombres d’éléments terroristes et dont la Syrie devra reprendre le plein contrôle. En ce qui concerne les inquiétudes sécuritaires de la Turquie, notamment en zones frontalières, ces questions pourront elles aussi être résolues de manière franche et honnête.

Enfin, il serait bon de souligner que si certains prétendus experts (occidentaux ou affiliés aux intérêts atlantistes) ont le culot aujourd’hui de parler de «désordre mondial» – suite à la fin de leur petit monde unipolaire révolu et devant se rendre à l’évidence que leur pauvre existence n’est que celle d’une extrême minorité planétaire – les événements actuels démontrent au contraire que nous avançons à grands pas vers un ordre beaucoup plus juste et rassembleur.

Le monde qui sera non plus seulement multipolaire, mais également post-occidental, sera certainement celui où les faux conflits entre «frères ennemis» devront être dépassés, afin que le vampirisme occidental ne puisse plus se maintenir sous perfusion du sang des peuples de la planète. Et en ce sens, la désormais possible normalisation des relations entre la Syrie et la Turquie ne sera certainement pas le dernier exemple notable.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=4172

Mali: succès antiterroristes et résistance efficace aux interférences

13.04.2022

Au moment même où la République du Mali connait des succès sur le terrain dans la lutte antiterroriste, et ce sans l’implication de quelconques forces occidentales, l’establishment élyséen et ses alliés occidentaux tentent par tous les moyens de dénigrer ces réussites. Bien que cela ait été parfaitement prévisible.

Pour les Maliens, l’opération militaire antiterroriste récente à Moura (région de Mopti, centre du pays) est indéniablement une victoire notable. Et alors que l’establishment hexagonal avec plusieurs acteurs occidentaux s’obstinent à accuser les Forces armées maliennes (FAMA) de prétendues exactions, l’Etat-major général des Armées du Mali récuse ces accusations et appelle à la retenue contre les spéculations diffamatoires.  

Paris avait également tenté de faire adopter une initiative de lancement «d’enquêtes indépendantes» au niveau du Conseil de sécurité de l’ONU – tentative bloquée par la Russie et la Chine. Une solidarité sino-russe saluée par de nombreux représentants de la société civile malienne et plus généralement africaine, qui au-delà d’y voir un exemple supplémentaire de solidarité entre les deux grandes puissances mondiales, sont surtout convaincus que cela bloque les schémas de déstabilisation occidentale bien connus.  

En effet, faut-il rappeler les innombrables exemples d’accusations qui émanaient des élites atlantistes à l’encontre de tout Etat dont les actions ne se conformaient pas aux désirs des dites élites? Syrie, Centrafrique, Iran, Venezuela,… Désormais au tour du Mali. Cela était effectivement parfaitement prévisible.

Mais dans le cas particulier de la RCA et du Mali, il ne s’agit pas seulement pour Paris à tenter de se venger contre deux nations africaines ayant fait le choix d’une souveraineté ferme et d’une diversification des partenariats extérieurs, mais il s’agit surtout pour l’Elysée et le Quai d’Orsay à tenter de stopper la contagion.

Oui, la contagion. Car si durant les longues années de présence française et occidentale, ces deux pays avaient été taxés des caractéristiques les plus négatives (pour l’anecdote par ces mêmes médias affiliés à l’establishment politique de l’Occident), désormais les deux Etats sont devenus de très importantes sources d’inspiration pour de nombreux autres peuples africains. Des peuples y compris issus de pays se trouvant toujours sous le diktat occidental.  

L’Occident néocolonial et atlantiste n’avait en effet jamais connu de telles difficultés en Afrique dans l’histoire récente. Les mobilisations populaires de masses, des responsables politiques et militaires patriotes et de plus en plus à l’écoute de leurs peuples, montée en puissance des valeurs panafricaines et les récentes réalités géopolitiques internationales propres à l’ère multipolaire – tout cela représente un énorme défi pour Washington, Londres comme Paris – si longtemps habitués à voir en l’Afrique une terre où ils pouvaient faire ce que bon leur semblait. Effectivement – cette époque est terminée.

Quant aux campagnes occidentales de diffamation qui visent les autorités et les Forces armées maliennes – il faudrait certainement dire que cela est d’une certaine façon positif et rassurant. Si l’on observe les dernières années et les événements ne serait-ce qu’en République arabe syrienne ou en République centrafricaine – nous verrons assez facilement que cela se déroulait presque toujours au moment où l’Occident et ses éléments se trouvaient en difficulté.

Dans cette optique, non seulement le Mali ne doit pas accorder une grande attention aux pseudo-accusations qui émanent des mêmes instigateurs, mais au contraire poursuivre la ligne dure face au terrorisme choisie avec le soutien de la très large majorité du peuple du pays. Quant aux enquêtes «indépendantes», cela pourra devenir des options acceptables – uniquement lorsque le système onusien des ressources humaines et des différentes administrations – s’adaptera aux nouvelles réalités planétaires. Et dans ces réalités, sachant d’autant plus que la République populaire de Chine est l’un des très principaux créanciers de l’ONU, il est grand temps qu’une grande partie des cadres occidentaux ou affiliés à l’Occident soient remplacés dans les meilleurs délais dans les instances onusiennes respectives.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=3778

Xinhua: comment les USA tirent les ficelles de la guerre informationnelle en Ukraine

06.04.2022

Une guerre de l’information à grande échelle est en cours, avec comme seul initiateur en chef: les Etats-Unis. Sous l’hégémonie du récit occidental, Washington est tout sauf intéressé par la diffusion de faits et de vérité. Xinhua revient sur les tactiques courantes employées par les USA pour duper l’opinion publique internationale sur les événements en Ukraine.

L’agence de presse chinoise Xinhua a publié un compte-rendu détaillé des méthodes utilisées par l’establishment occidental, et plus particulièrement étasunien, dans sa guerre informationnelle en cours contre la Russie.

Premier point mentionné: susciter l’agitation et encourager l’hostilité. Au-delà des éléments parfaitement répertoriés dans l’article de Xinhua, il faut effectivement reconnaitre que lorsqu’on observe aujourd’hui une partie non négligeable de l’opinion publique occidentale (faut bien préciser: occidentale), la haine vis-à-vis de la Russie est plus que palpable. Et entretenue avec «soins» par ses instigateurs.

Si dans des pays dont les régimes sont longtemps et clairement russophobes – finalement cette haine de tout ce qui est russe n’est pas nouvelle – de la Pologne jusqu’à la Lituanie, en passant par la Roumanie, le fait est qu’aujourd’hui cette stratégie de l’establishment occidental a su toucher un large public y compris dans des pays européens où cette russophobie ne se trouvait pas à un niveau comparable.

Deuxième point: Xinhua rappelle également à juste titre la politique du deux poids, deux mesures, mise en évidence dans la crise ukrainienne. L’agence de presse chinoise indique qu’alors que les Etats-Unis sont occupés à réclamer des sanctions à l’encontre de la Russie pour «violations du droit international», ils restent silencieux lorsqu’on les interroge sur leurs crimes, notamment la promotion de la doctrine Monroe en Amérique latine, les bombardements de la Yougoslavie sans fondement juridique et leurs invasions de l’Afghanistan, de l’Irak et de la Syrie. Où se trouvent donc la repentance et la responsabilité des Etats-Unis?

Les USA ont vanté leurs principes néolibéraux, comme l’effacement des frontières nationales dans la culture et le sport et l’inviolabilité de la propriété privée. Mais depuis l’éclatement du conflit russo-ukrainien, les avoirs de la Russie ont été gelés à l’étranger, tandis que des artistes et athlètes ont été exclus et persécutés. Les chats, les arbres et le ballet du Lac des cygnes russes n’ont pas non plus échappé aux sanctions.

Troisièmement point: faire courir les rumeurs. C’est cela que la machine de propagande US a pris à cœur et met en pratique. Les exemples cités dans l’article de Xinhua sont fort révélateurs. Par ailleurs, l’agence de presse internationale chinoise ne manque pas par la même occasion de rappeler les énormes manipulations de l’establishment étasunien en Irak, ou encore en Syrie: le 5 février 2003, lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU consacrée à l’Irak, Colin Powell, alors secrétaire d’Etat américain, avait présenté une fiole contenant de la lessive en poudre, affirmant qu’il s’agissait là d’une preuve que l’Irak développait des armes chimiques.

Les auteurs de l’article font également un rappel important en ce qui concerne les activités fortement douteuses d’une organisation comme les Casques blancs, financée entre autres par les Etats-Unis, et dont les activités en matière de manipulation, notamment d’attaques sous fausse bannière, ont été maintes fois mentionnées.

Quatrième point: la censure. En effet, l’Occident a beau tenter à se présenter comme le défenseur de la liberté d’expression, les événements en cours démontrent au contraire à quel point ce même Occident applique des méthodes qui pourraient nous rappeler celles du Troisième Reich.

Xinhua cite à ce titre le blocage des médias russes dans toute l’Europe, l’autorisation par Meta aux utilisateurs de Facebook de publier des contenus anti-russes violents, ou encore l’exemple de la journaliste française Anne-Laure Bonnel – ayant réalisé des reportages dans le Donbass depuis plusieurs années – et qui se voit aujourd’hui être de-facto réduite au silence par les principaux médias hexagonaux, et plus généralement occidentaux.

Le dernier point mentionné par Xinhua – est de faire rentrer la politique spectacle, notamment dans les rencontres de haut niveau. D’une manière effectivement assez primitive, mais qui semble marcher pour ceux qui restent attachés au style hollywoodien et netflixien de présentation des événements.

Si ledit article reprend très justement les différents points et diverses méthodes de propagande étasuno-occidentale, il faudrait également rajouter que leur hystérie qui a atteint désormais le summum du summum – augmente considérablement dans le refus des pays et peuples non-occidentaux de se laisser entrainer dans cette russophobie par l’Occident.

Plus que cela, il faudrait également rajouter que les nombreux soutiens exprimés à l’endroit de l’opération militaire russe en Ukraine de la part d’Africains, Asiatiques ou Latino-Américains – ne fait que faire encore plus tomber le masque des Occidentaux et de leur petit «protégé» à Kiev – à savoir des menaces et intimidations à l’encontre des dits pays, dans un style purement raciste et néocolonial. Faut bien le dire: sans grand succès jusqu’à présent pour l’establishment occidental atlantiste.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=3749

Construire et non pas détruire: la Chine accroit son influence au Moyen-Orient

Les sociétés étatiques chinoises ont signé un accord avec les autorités irakiennes pour la construction d’un millier d’écoles qui représenteront vraisemblablement que la première tranche dudit accord. Pour Bagdad – il s’agit de restaurer avec l’aide de la Chine son système éducatif détruit après des années de guerre et d’interventionnisme. Pour Pékin – d’accroître encore plus son influence dans la région stratégique du Moyen-Orient.

En effet, la République populaire de Chine a une chance assez unique de considérablement augmenter son influence dans la région concernée. Et de mettre une fois de plus en pratique son approche à l’international – construire, et non pas détruire. Avec un clin d’œil évident à Washington.

Il faudrait également rappeler que l’Irak attire aujourd’hui le plus d’investissements chinois dans la région. Et avec le nouvel accord en question – la Chine a la chance non seulement de mettre à profit ses capacités qui ne sont plus à démontrer en matière de construction des infrastructures, mais également de contribuer à remettre sur les rails un secteur stratégique pour toute nation qui se respecte – celui de l’éducation. A ce titre, il serait certainement juste de faire le rappel qu’avant l’agression US contre l’Etat irakien de 2003, le pays pouvait se vanter d’avoir l’un des systèmes éducatifs les plus développés de la région et du monde arabe de façon générale.

Evidemment, il y a d’autres aspects qu’il faut prendre en compte. Comme le fait que la Chine est devenue le principal client du pétrole irakien (5ème producteur mondial). Ou encore que malgré des années d’occupation étasunienne, la présence de cette dernière en terre irakienne ne sera évidemment pas éternelle. A un moment ou un autre, Washington devra plier bagage, et partir du pays ayant été plongé si longtemps dans le chaos par ses «soins». D’autant plus que le parlement irakien a explicitement formulé cette demande, après le lâche assassinat par les USA du général iranien Qassem Soleimani et du chef des Kataeb Hezbollah Abou Mehdi al-Mouhandis, à l’aéroport international de Bagdad.

Là aussi, ce n’est pas tout. L’Iran et l’Irak partagent des relations d’alliance très solides. Et à l’heure de la montée en puissance du triumvirat Chine-Russie-Iran – à l’échelle aussi bien régionale qu’internationale – il devient évident qu’une plus large participation économique chinoise sera la bienvenue. Aussi bien d’ailleurs en Irak, qu’en Syrie, entre autres.

Il est à noter qu’après la réalisation de la première tranche de construction d’écoles déjà annoncée, les opérateurs chinois seront vraisemblablement sollicités à construire 7000 écoles supplémentaires. En d’autres termes – le constat est sans appel. Entre les actions US en Irak comme dans toute la région, et celles de la République populaire de Chine, on comprend vite qui est le destructeur, et qui le réparateur.

Néanmoins, Washington sans surprise poursuivra très certainement sa rhétorique sur une «Chine expansionniste», dans le même style que celle visant Moscou ou Téhéran. Il n’empêche que les années de résistance à la présence US, ainsi que le manque total d’efficacité de cette dernière lors du déferlement des terroristes de Daech, n’en sont que des preuves supplémentaires quant au fait qu’à l’instar de l’Afghanistan, les troupes US devront déguerpir d’Irak.

Il y a un autre point qui a également toute son importance. Si Washington peut, à juste titre, être considéré comme le champion dans la propagation du chaos à l’international, à travers de longues années d’agressions néocolonialistes en terres étrangères, de même que dans le vol des ressources naturelles dans les pays concernés par ces agressions, la résistance contemporaine et la récente réalité géopolitique, mais également géoéconomique, mondiale – résolument multipolaire, auront démontré toutes les limites d’une telle approche des convaincus à prétendument être «exceptionnels» et ne pas à avoir rendre des comptes.

En ce sens, les troupes d’occupation US auront déjà démontré être dans l’incapacité à faire face à la résistance populaire, malgré les énormes moyens militaires à leur disposition. D’autre part, cette incapacité à sécuriser les pays détruits par leur propre interventionnisme, ne créent pas le climat nécessaire pour que des entreprises étasuniennes un tant soit peu sérieuses puissent considérer à s’y aventurer.

Mis à part évidemment les quelques compagnies liées à des firmes de mercenariat US. Et qui de par leurs actions d’exploiter illégalement des ressources naturelles d’Etats souverains, comme notamment en Syrie, ne sauront éternellement pouvoir expliquer à leurs propres concitoyens les dizaines de milliards de dépenses du budget national dans des opérations à l’étranger, en vue de pouvoir simplement enrichir quelques hauts gradés de l’establishment politique ou militaire US.

Aussi, le fait que les principaux défenseurs et promoteurs du concept multipolaire international aient largement haussé le ton – démontre définitivement que le contrepoids à l’unilatéralisme occidental non seulement existe fermement, mais sera appelé à prendre encore plus de poids dans les années à venir.

Faut-il pour autant espérer que Washington déguerpisse de toute la région très rapidement? Certainement pas. Mais l’Irak sera déjà une nouvelle étape fort importante. Quant à la Chine, de même que les nations alliées, elles sauront certainement en qualité de grandes civilisations mondiales à démontrer qu’un pays quel qu’il soit a besoin avant tout de sécurité et de développement. Et non pas d’interventions néocoloniales sous faux couvert «humanitaire-démocratique».

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=3422

https://t.me/axe_afrique_russie/314

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Diplomatie chinoise: l’ère de l’impunité pour les USA est terminée

La Chine continue de hausser le ton face aux nostalgiques du système unipolaire. Les récentes déclarations de la diplomatie chinoise ont été vues par de nombreux analystes comme un sérieux avertissement vis-à-vis de Washington et de ses supplétifs. Mais aussi et peut-être surtout comme une mise au point définitive quant à l’avenir des affaires internationales.

Les Etats-Unis, leurs alliés occidentaux et certains de leurs supplétifs ont beau prétendre à continuer de s’autoproclamer «communauté internationale», à organiser des pseudo-sommets de la «démocratie» – la réalité multipolaire, elle, ne compte aucunement reculer. Et dans cette réalité, à défaut de l’accepter convenablement – il faudra apprendre à une extrême minorité planétaire à connaitre sa place dans le monde… en qualité d’extrême minorité planétaire.

A ce titre, il serait très intéressant de prêter attention aux toutes récentes déclarations de Wang Wenbin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères: «Nous condamnons l’intervention militaire brutale des Etats-Unis en Afghanistan, en Irak, et en Syrie au nom de la « démocratie«  et des « droits de l’homme« . Nous appelons la communauté internationale à enquêter sur les crimes de guerre de l’armée étasunienne consistant à tuer des civils innocents dans le monde et à la tenir responsable de ces crimes».

En ajoutant des éléments très importants: «La justice peut être retardée, mais elle ne sera reniée. L’ère durant laquelle les USA agissaient de façon arbitraire dans le monde sous le prétexte de la prétendue « démocratie«  et des « droits de l’homme«  est terminée. Le jour de rendre des comptes finalement viendra pour l’armée US qui a commis les crimes de tuer des civils innocents dans de nombreux pays».

Maintenant, abordons les perspectives. Tout d’abord, il devient aujourd’hui évident que nos prévisions se sont une fois de plus confirmées. Déjà en février dernier et à l’heure où de nombreux analystes et experts présageaient une amélioration des relations sino-étasuniennes après le départ de l’administration Trump de la Maison-Blanche, Observateur Continental a publié une analyse qui indiquait que rien ne présageait au contraire de nettes améliorations dans ces relations. En rappelant notamment que face à la poursuite de l’arrogance dans la politique étasunienne, Pékin continuera à défendre ses intérêts nationaux et à promouvoir la réalité multipolaire mondiale. Ces prévisions se sont largement confirmées.

D’autre part et au moment où certains pouvaient penser que la Chine – tout en étant une superpuissance économique internationale ne se focalisera pas particulièrement sur le volet géopolitique ont là aussi eu tout faux. La République populaire de Chine a au contraire largement accepté son rôle de superpuissance également géopolitique, et a inlassablement raffermi ses alliances avec les autres principales puissances mondiales non-occidentales, parmi lesquelles la Russie et l’Iran.

Enfin, les déclarations récentes de la haute diplomatie chinoise confirment tout simplement que la Chine est effectivement passée à la contre-offensive. L’appel à faire porter la responsabilité aux USA pour les crimes commis à divers endroits de la planète, ainsi que la mise au point sans équivoque que l’ère de l’injustice unipolaire est bel et bien révolue – ne nécessitent pas de commentaire supplémentaire.

Dans ce paradigme de la réalité internationale contemporaine – l’Occident politique pourra alors poursuivre ses gesticulations «moralisantes» autant qu’il souhaitera. Cela ne changera pourtant aucunement les bouleversements mondiaux: des bouleversements dans lesquels l’establishment occidental et ses acolytes devront apprendre à connaitre la place qui est la leur. Encore une fois – cette place est bien connue. Celle d’une minorité planétaire évidente, avec tout ce que cela implique. Y compris sur le plan économique – à l’heure où le poids de l’Occident dans l’économie mondiale ne cesse d’aller à la baisse. Un processus qui par ailleurs ne fera que s’accélérer dans les prochaines années et décennies.

L’Occident et ses suiveurs les plus radicaux avaient pourtant une chance assez unique de tenter à s’adapter à la nouvelle ère multipolaire. Mais les nombreux appels et rappels des nations partisanes de la multipolarité à l’encontre des nostalgiques de l’ordre unipolaire totalement dépassé – à revoir leur mentalité néocoloniale n’ont donné aucun résultat digne de ce nom. Ayant en face des patients inguérissables, il devient évident qu’une telle perte de temps n’apporte que des retards au véritable développement pour l’humanité.

Et en ce sens – les patients intraitables doivent être mis à l’isolement de l’écrasante majorité planétaire. Sachant d’autant plus qu’au sein de cette large majorité terrestre, on retrouve de nombreux citoyens de pays occidentaux – eux aussi adeptes de la multipolarité. La seule et véritable communauté internationale poursuivra donc sa grande marche en avant.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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Syrie: le rapprochement des Etats arabes avec Damas

La République arabe syrienne observe les manœuvres de nombre de pays arabes souhaitant normaliser leurs relations avec le leadership syrien. Cette réalité confirme le succès de la résistance syrienne et du soutien stratégique de ses alliés, mais également l’énième échec de l’establishment occidental.

«Rapprochement éclair avec la Jordanie, rôle majeur dans la crise énergétique libanaise, réintégration au sein d’Interpol, les signes ne trompent pas: la Syrie est en train de rompre partiellement son isolement en dépit du maintien de lourdes sanctions internationales», écrit France 24 – l’un des principaux porte-voix médiatiques des intérêts de l’establishment hexagonal à l’international. Faisant notamment référence au récent entretien téléphonique entre le président syrien Bachar al-Assad et le roi Abdallah II de Jordanie.

Le même article parle même d’une «approche plus pragmatique» du côté étasunien, notamment «le feu vert exceptionnel accordé en août au projet d’acheminement de gaz égyptien via la Syrie vers le Liban en crise, malgré les lourdes sanctions du Caesar Act, adopté en 2019 et qui interdit toute transaction avec les autorités syriennes».

Par ailleurs, l’analyste Aaron Lund, cité par France 24 indique que «les pays les plus influents au sein de la Ligue arabe, excepté l’Arabie saoudite, sont favorables à une réintégration de la Syrie» au sein de l’organisation… Evidemment et malgré tous ces éléments parmi d’autres que ledit groupe médiatique mentionne – il reste trop difficile pour le mainstream médiatique de passer sincèrement à une approche raisonnable dans le traitement de l’information internationale. Notamment lorsqu’on lit dans la même publication, que «le régime syrien est toujours considéré comme un paria par la communauté internationale».

Cette ligne mérite évidemment quelques commentaires et mises au point. Tout d’abord, de quelle communauté internationale parle-t-on d’une infime minorité planétaire nommée l’Occident? Ou encore plus particulièrement de l’establishment occidental? Si c’est le cas, alors il est tout sauf question, une fois de plus, de communauté internationale. Un groupe de régimes représentant tout au plus 10% de la population terrestre ne pourra jamais prétendre à être la communauté internationale. A moins de changer radicalement de mentalité et de rhétorique, et devenir un acteur responsable dans les affaires internationales – on en est si loin.

D’autre part, lorsqu’on connait les principaux soutiens de la République arabe syrienne, notamment les grandes puissances internationales comme la Russie, l’Iran, mais également la Chine, superpuissance économique mondiale, il est pour le moins ridicule de pouvoir encore prétendre à parler d’une quelconque isolation de la Syrie. Rajoutons à cela ces manœuvres de nombre de voisins arabes de Damas dans la voie de normalisation des relations, souvent même sur leur propre initiative, et on arrive au summum du ridicule dans la rhétorique politico-médiatique de l’Ouest. Bien que ce ridicule ne surprenne plus grand monde aujourd’hui.

Dans un article de novembre de l’année dernière, Observateur Continental avait abordé le fait que la Syrie de l’après-guerre n’a pas besoin de l’Occident. Cette mise en perspective semble plus que jamais d’actualité aujourd’hui, à l’heure où plusieurs acteurs régionaux et internationaux se bousculent pour le rétablissement des relations avec le leadership syrien. Fait intéressant: même les représentants turcs qui maintiennent une animosité peu voilée envers le gouvernement syrien, reconnaissent depuis peu de façon officielle les contacts existants entre leurs services de renseignement et ceux de Damas.

Une question légitime se pose donc: l’Occident ne serait-il pas tout simplement le seul et véritable paria contemporain de la communauté internationale? Nous sommes en droit de nous poser cette question.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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L’Arabie saoudite s’adapte aux réalités contemporaines?

Riyad semble opérer des changements dans sa politique régionale et internationale. Normalisation envisageable avec l’Iran, des relations montantes avec la Russie et la Chine, les événements en cours démontrent une stratégie qui semble tenter à s’adapter aux règles du monde multipolaire. Mais jusqu’où pourra aller l’Arabie saoudite?

Certains des représentants du royaume saoudien semblent de plus en plus comprendre que l’alliance de longue date avec le monde anglo-saxon, et plus particulièrement avec Washington, ne représente plus une mise gagnante pour son avenir. Et qu’à l’heure d’un renforcement sans précédent de l’ordre international multipolaire il serait peut-être temps de s’y adapter, au risque de se retrouver dans le camp perdant.

Dans le cas relationnel avec l’Iran – l’adversaire régional déclaré de l’Etat wahhabite, les récentes actions laissent entrevoir une possible normalisation. A ce titre, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Saeed Khatibzadeh, a récemment déclaré que les discussions sur les relations bilatérales avancent progressivement.

«Au cours des derniers mois, nous avons eu des contacts plus ou moins élaborés avec le Royaume d’Arabie saoudite. Nous avons entamé une série de pourparlers avec le gouvernement saoudien à Bagdad au cours de ces mois», soulignant que les discussions en rapport avec les relations bilatérales et les progrès des pourparlers sur la sécurité de la région du Golfe étaient très fructueux.

Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a également déclaré que si le gouvernement saoudien accorde une attention sérieuse au message de l’Iran qui considère que la solution aux problèmes de la région demeure en la région elle-même, et que nous devons parvenir à un mécanisme régional global, il sera alors possible à ce moment-là d’avoir des relations soudées entre les deux pays.

Evidemment, si un tel mécanisme deviendrait réalité, il ne sera pas du goût de Washington, ni de Tel-Aviv. Et à ce titre, rien n’est encore sûr quant au fait si Riyad aura le courage d’aller jusqu’au bout d’une telle initiative. D’un autre côté, les Saoudiens comprennent aujourd’hui parfaitement que les tentatives à faire isoler l’Iran constituent indéniablement un échec total pour ses initiateurs.

Et les évidences de cet échec ne manquent pas: Syrie, Yémen, montée en force de l’Axe de la résistance, probablement la plus grande influence de l’Iran dans les affaires régionales et même au-delà dans son histoire contemporaine, formation de l’alliance avec la Chine et la Russie. Cette dernière d’autant plus renforcée que l’adhésion officielle de la République islamique en qualité de membre de plein droit au sein de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) a été pleinement validée

Dans le cas saoudien, s’ajoute à cela les récents retraits par les USA des batteries de missiles Patriot du territoire saoudien, le nouvel accord de coopération militaire avec la Russie, la coopération économico-énergétique avec la Chine. En bref – des éléments supplémentaires qui confirment un basculement évident dans les affaires du Moyen-Orient.

Cela sans oublier le retrait US d’Afghanistan, qui selon nombre de sources a fortement déplu à plusieurs monarchies du Golfe. Et surtout la manière dont s’est opéré ce retrait. Permettant de voir clairement avec quelle facilité Washington peut abandonner ses prétendus alliés.

Pour autant, non – il est encore très loin de considérer que l’Arabie saoudite se joindra sous peu à l’axe de la multipolarité. Et rien ne présage un changement de cap dans les plus brefs délais, connaissant l’énorme proximité de Riyad avec Washington. Il n’empêche qu’il y a effectivement de plus en plus de têtes pensantes en territoire saoudien qui comprennent la voie du monde actuelle. Et que dans le cadre des processus en cours, il faut déjà commencer à prendre les bonnes dispositions. A défaut de quoi – s’exposer au risque de subir de plein fouet les conséquences d’avoir été parmi les principaux retardataires dans le cadre des réalités qui émanent de l’ordre multipolaire.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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