Archives du mot-clé USA

Le Sommet USA-Afrique ou les tentatives de Washington à contrer Pékin et Moscou

16.12.2022

Malgré les tentatives étasuniennes de voiler les véritables objectifs du sommet avec les Etats africains, la campagne de séduction washingtonienne à l’encontre de l’Afrique confirme sa volonté à nuire aux relations stratégiques des pays du continent avec la Chine et la Russie. Mais également de tenter à repositionner une domination occidentale, face au rejet de la politique hexagonale et d’autres régimes européens sur le continent.

Comme le note l’un des principaux porte-voix de l’Hexagone France 24 – les Etats-Unis, qui se gardent de parler d’une compétition ouverte en Afrique, ont alerté, sur l’influence croissante «déstabilisatrice» de la Chine et de la Russie sur le continent, tout en promettant des milliards de dollars d’aide, lors du sommet avec les pays africains organisé à Washington. Confirmant par la même occasion les véritables intentions étasuniennes.

Du côté d’un autre porte-voix des intérêts hexagonaux, et plus particulièrement françafricains, en l’occurrence le magazine Jeune Afrique, ledit sommet pourrait également être vu comme «un pied de nez à Macron», et une réaction étasunienne aux récentes déconvenues françaises en Afrique.

Ce dernier point est particulièrement intéressant dans le sens que c’est une réalité qu’Observateur Continental avait maintes fois abordé, plus exactement que l’allié washingtonien de Paris tente de surfer sur le sentiment général hostile à son allié français, et ce pendant que le réseau néocolonial françafricain continue en bon sous-traitant de Washington à accuser la Russie, la Chine et la Turquie de ses propres échecs sur le continent africain.

Si bien même que l’élite hexagonale comprendrait être, dans un dossier de plus, le dindon de la farce – la marge de manœuvre de la France macronienne est extrêmement limitée, pour ne pas dire – nulle.

Quant à la Chine et la Russie, qui sont les seuls et réels opposants puissants à la domination occidentalo-atlantiste sur le sol africain – comme Observateur Continental l’avait également soulevé précédemment – Washington malgré toutes les belles paroles et promesses possibles – ne pourra ni surpasser Pékin sur le plan de l’interaction économique avec les pays africains, ni faire mieux sur le plan sécuritaire que Moscou.

Le tout à l’heure où la Chine et la Russie confirment de plus en plus l’approche de complémentarité bilatérale de leur politique à destination de l’Afrique, et que même économiquement parlant Moscou est en train de rattraper le retard par rapport à ses concurrents occidentaux opérant en Afrique, à un moment où tout ne fait encore que se construire.

Pour revenir au sommet organisé à Washington, il faut noter également de nombreux absents : les leaders du Mali, du Burkina Faso, de Guinée et du Soudan n’ayant pas été invités, tandis que ceux du Zimbabwe et de l’Afrique du Sud ont pris la décision de ne pas se déplacer, confirmant qu’au-delà de ses alliés hexagonaux et britanniques – Washington a lui-même du pain sur la planche.

En parlant justement de la République d’Afrique du Sud – l’une des principales puissances africaines et membre des BRICS – le président Cyril Ramaphosa avait pris la décision de ne pas prendre part audit sommet, sans en préciser les raisons exactes.

Et si selon certaines sources, les raisons peuvent être simplement internes, le fait est que l’Afrique du Sud fait partie des pays africains n’ayant pas apprécié les pressions et menaces washingtoniennes de faire rompre les relations avec la Russie, sous peine de sanctions. Cela sans oublier que le président sud-africain Ramaphosa faisait partie des chefs d’Etat internationaux ayant ouvertement critiqué le rôle néfaste de l’Otan dans les événements ukrainiens.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=4502

Diplomatie chinoise: l’ère de l’impunité pour les USA est terminée

La Chine continue de hausser le ton face aux nostalgiques du système unipolaire. Les récentes déclarations de la diplomatie chinoise ont été vues par de nombreux analystes comme un sérieux avertissement vis-à-vis de Washington et de ses supplétifs. Mais aussi et peut-être surtout comme une mise au point définitive quant à l’avenir des affaires internationales.

Les Etats-Unis, leurs alliés occidentaux et certains de leurs supplétifs ont beau prétendre à continuer de s’autoproclamer «communauté internationale», à organiser des pseudo-sommets de la «démocratie» – la réalité multipolaire, elle, ne compte aucunement reculer. Et dans cette réalité, à défaut de l’accepter convenablement – il faudra apprendre à une extrême minorité planétaire à connaitre sa place dans le monde… en qualité d’extrême minorité planétaire.

A ce titre, il serait très intéressant de prêter attention aux toutes récentes déclarations de Wang Wenbin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères: «Nous condamnons l’intervention militaire brutale des Etats-Unis en Afghanistan, en Irak, et en Syrie au nom de la « démocratie«  et des « droits de l’homme« . Nous appelons la communauté internationale à enquêter sur les crimes de guerre de l’armée étasunienne consistant à tuer des civils innocents dans le monde et à la tenir responsable de ces crimes».

En ajoutant des éléments très importants: «La justice peut être retardée, mais elle ne sera reniée. L’ère durant laquelle les USA agissaient de façon arbitraire dans le monde sous le prétexte de la prétendue « démocratie«  et des « droits de l’homme«  est terminée. Le jour de rendre des comptes finalement viendra pour l’armée US qui a commis les crimes de tuer des civils innocents dans de nombreux pays».

Maintenant, abordons les perspectives. Tout d’abord, il devient aujourd’hui évident que nos prévisions se sont une fois de plus confirmées. Déjà en février dernier et à l’heure où de nombreux analystes et experts présageaient une amélioration des relations sino-étasuniennes après le départ de l’administration Trump de la Maison-Blanche, Observateur Continental a publié une analyse qui indiquait que rien ne présageait au contraire de nettes améliorations dans ces relations. En rappelant notamment que face à la poursuite de l’arrogance dans la politique étasunienne, Pékin continuera à défendre ses intérêts nationaux et à promouvoir la réalité multipolaire mondiale. Ces prévisions se sont largement confirmées.

D’autre part et au moment où certains pouvaient penser que la Chine – tout en étant une superpuissance économique internationale ne se focalisera pas particulièrement sur le volet géopolitique ont là aussi eu tout faux. La République populaire de Chine a au contraire largement accepté son rôle de superpuissance également géopolitique, et a inlassablement raffermi ses alliances avec les autres principales puissances mondiales non-occidentales, parmi lesquelles la Russie et l’Iran.

Enfin, les déclarations récentes de la haute diplomatie chinoise confirment tout simplement que la Chine est effectivement passée à la contre-offensive. L’appel à faire porter la responsabilité aux USA pour les crimes commis à divers endroits de la planète, ainsi que la mise au point sans équivoque que l’ère de l’injustice unipolaire est bel et bien révolue – ne nécessitent pas de commentaire supplémentaire.

Dans ce paradigme de la réalité internationale contemporaine – l’Occident politique pourra alors poursuivre ses gesticulations «moralisantes» autant qu’il souhaitera. Cela ne changera pourtant aucunement les bouleversements mondiaux: des bouleversements dans lesquels l’establishment occidental et ses acolytes devront apprendre à connaitre la place qui est la leur. Encore une fois – cette place est bien connue. Celle d’une minorité planétaire évidente, avec tout ce que cela implique. Y compris sur le plan économique – à l’heure où le poids de l’Occident dans l’économie mondiale ne cesse d’aller à la baisse. Un processus qui par ailleurs ne fera que s’accélérer dans les prochaines années et décennies.

L’Occident et ses suiveurs les plus radicaux avaient pourtant une chance assez unique de tenter à s’adapter à la nouvelle ère multipolaire. Mais les nombreux appels et rappels des nations partisanes de la multipolarité à l’encontre des nostalgiques de l’ordre unipolaire totalement dépassé – à revoir leur mentalité néocoloniale n’ont donné aucun résultat digne de ce nom. Ayant en face des patients inguérissables, il devient évident qu’une telle perte de temps n’apporte que des retards au véritable développement pour l’humanité.

Et en ce sens – les patients intraitables doivent être mis à l’isolement de l’écrasante majorité planétaire. Sachant d’autant plus qu’au sein de cette large majorité terrestre, on retrouve de nombreux citoyens de pays occidentaux – eux aussi adeptes de la multipolarité. La seule et véritable communauté internationale poursuivra donc sa grande marche en avant.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=3413

https://t.me/axe_afrique_russie/311

https://web.facebook.com/mikhail.egorov.5/posts/10224933132408872

La Chine s’engage en faveur de Cuba face aux USA

Pékin a apporté son soutien à La Havane face aux attaques émanant de Washington. Le leadership chinois hausse de plus en plus le ton face à l’adversaire étasunien, tout en apportant un soutien diplomatique et humanitaire à l’allié cubain.

La Chine exhorte les Etats-Unis à tenir compte de l’appel universel de la communauté internationale, à lever immédiatement et complètement les sanctions et l’embargo contre Cuba, et à cesser immédiatement de chercher des excuses pour s’engager dans une ingérence et une déstabilisation flagrantes – c’est ce qu’a déclaré un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, cité par l’agence de presse Xinhua.

Le représentant diplomatique chinois a par ailleurs souligné que la Chine s’opposait fermement à toute mesure visant à imposer arbitrairement des sanctions unilatérales et à s’ingérer dans les affaires intérieures d’autres pays sous prétexte des soi-disant liberté, droits de l’homme et démocratie: «Les récentes sanctions américaines contre les institutions et des officiels cubains violent gravement les normes de base régissant les relations internationales et démontrent une fois de plus au monde le deux poids, deux mesures et l’intimidation typique des Etats-Unis».

Il a en outre ajouté que la Chine continuera de mettre en œuvre le consensus atteint par les dirigeants des deux pays, d’approfondir les relations amicales entre la Chine et Cuba et de soutenir fermement les efforts de Cuba pour surmonter l’impact de l’épidémie, promouvoir le développement économique et maintenir la stabilité sociale.

Ces déclarations s’ajoutent à celles d’il y a environ deux semaines, lorsque Pékin avait à travers le porte-parole de la diplomatie chinoise, Zhao Lijian, ouvertement soutenu l’argument du leadership cubain selon lequel Washington devrait envisager des sanctions contre soi-même pour les violations des droits de l’homme avant d’en pouvoir accuser d’autres pays du monde.

Si la Chine s’impose effectivement et de plus en plus comme l’une des principales forces internationales au sein des pays latino-américains, le ton adopté désormais par les hauts responsables chinois à l’encontre de l’establishment occidental, et plus particulièrement étasunien, concerne bien évidemment une approche réellement globale. En ce sens, les déclarations du ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, lors de sa récente visite dans la capitale syrienne Damas n’en représentent qu’une preuve supplémentaire.

D’autre part, la référence faite par le leadership chinois quant à la notion de communauté internationale est extrêmement importante: car elle traduit justement, et une fois de plus, le fait que ni Washington, ni l’axe occidental de façon générale, n’ont aucune légitimité à pouvoir parler au nom de la communauté internationale, ne représentant qu’une évidente minorité planétaire, d’ailleurs bien loin de faire l’unanimité au sein de leurs propres populations.

Cette approche de la Chine, pas tant nouvelle mais surtout beaucoup plus affirmée, conforte le renforcement du concept multipolaire mondial actuel – d’autant plus que ces efforts se font en étroite coordination avec les autres grandes puissances non-occidentales et partenaires privilégiés. Et ce aussi bien dans le grand espace eurasiatique, sur le continent africain ou dans l’espace latino-américain.

Evidemment, l’establishment occidental a énormément de mal à pouvoir se faire à cette réalité. D’où son extrême mécontentement face aux grands processus d’alliances et d’intégrations observés au sein de l’espace non-occidental, à sa chute d’influence politique et médiatique à divers endroits du monde – y compris là, où encore récemment il se sentait être en position de force, notamment en Afrique, et aussi quant à la nécessité de devoir faire face à des contre-mesures efficaces frappant les instigateurs des sanctions occidentales. Il est vrai que lorsque la mentalité néocoloniale fait partie intégrante de l’esprit de tel ou tel personnage, il lui devient fort difficile de pouvoir accepter des gifles régulières, d’autant plus douloureuses.

Il est vrai que les grandes puissances mondiales non-occidentales, dont la Chine, ne cherchent pas forcément à infliger de telles leçons – si les interlocuteurs d’en face auraient été un minimum capables d’accepter et de s’adapter à une réalité simple – celle de l’impossibilité pour une extrême minorité mondiale de pouvoir dicter encore sa volonté à l’écrasante majorité du globe terrestre. Et si l’Occident politico-médiatique restera dans cette optique, ce qui d’ailleurs sera vraisemblablement le cas, qu’il ne soit guère surpris quant à la suite désagréable qu’il aura à subir en termes de perte d’influence au niveau international.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=2968

https://t.me/observateur_continental/1400

https://web.facebook.com/mikhail.egorov.5/posts/10224235938619463

Nicaragua ou le rêve US de faire tomber le président Ortega

Washington serait en train de préparer une tentative de renversement d’un autre leader latino-américain, en l’occurrence celui du Nicaragua – en la personne de Daniel Ortega. Au-delà des intérêts géopolitiques étasuniens, l’objectif serait également fortement économique, au moment où la Chine, la Russie et l’Iran continuent de renforcer leurs positions en Amérique latine. Une stratégie US dans la pure tradition néocoloniale, de plus en plus vouée à l’échec pour ses instigateurs.

En novembre prochain, les élections générales auront lieu en République du Nicaragua, et les autorités du pays croient fermement que Washington cherchera à provoquer des manifestations antigouvernementales, à l’instar de la tentative récente qui a eu lieu à Cuba et qui s’est avérée être un échec évident face à la mobilisation populaire pro-gouvernementale. Néanmoins, il est évident que l’establishment étasunien, y compris face à ces échecs, ne compte nullement changer de mentalité. Cela est une évidence.

Mais pourquoi particulièrement le Nicaragua? Il faudrait déjà commencer par rappeler un fait historique: c’est justement l’actuel président nicaraguayen, leader de la révolution sandiniste de 1979 qui avait mis fin au règne du dictateur pro-étasunien Anastasio Somoza Debayle. Au total, l’actuel leader du Nicaragua a été élu président du pays à quatre reprises (1984, 2006, 2011, 2016). Jouissant toujours d’une popularité fort importante auprès de la population nicaraguayenne, mais également au-delà des frontières nationales, Washington craint fortement que son équipe soit de nouveau plébiscitée lors des élections de novembre prochain.

Mais la conjoncture historique est évidemment loin de représenter l’unique raison de la vive hostilité washingtonienne. En effet, les raisons sont réellement multiples. Tout d’abord, Managua fait partie de l’axe souverainiste et progressiste latino-américain, menant une politique économique et étrangère indépendante, et qui condamne la politique néocoloniale des USA et de l’Otan. Le Nicaragua entretient par ailleurs des relations d’alliance aussi bien avec Cuba, le Venezuela, la Bolivie, mais également – avec la Chine, la Russie et l’Iran. Considérés tous comme étant des adversaires à la politique pro-unipolaire washingtonienne et de ses sous-traitants.

Au-delà de l’appartenance à l’axe multipolaire et étant dans l’opposition à l’atlantisme occidental, l’autre raison de la vive inquiétude concerne tout simplement le projet de canal interocéanique du Nicaragua, visant à relier l’océan Atlantique (mer des Caraïbes) à l’océan Pacifique en utilisant le lac Nicaragua qui se trouve à 34 mètres au-dessus du niveau de la mer. Un projet qui pourra devenir une alternative de premier plan au fameux canal de Panama, sur lequel l’influence des USA n’est pas à présenter. C’est peut-être d’ailleurs pour l’establishment étasunien le «péché» principal de Daniel Ortega, au-delà de l’opposition idéologique.

Ce grand projet, auquel participe la Chine, et dont parmi les soutiens se trouvent également le Venezuela et la Russie, n’est pas encore réalisé mais en cas de finalisation, chose tout à fait plausible au vue de la montée en puissance de Pékin dans les affaires latino-américaines, ledit canal aurait une capacité de trafic de 5100 navires par an. Ce serait pour le moment moins que celui du Panama (14 000 navires) mais cela assouplira considérablement le transport de marchandises et diminuerait fortement l’hégémonie des Etats-Unis dans cette question. Le tout à l’heure où la Chine insiste beaucoup sur son projet de grandes routes logistiques eurasiennes et mondiales.

Cela aurait également un impact sur la sphère énergétique internationale. A ce titre, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) prédit une augmentation de 50% de la consommation en gaz naturel liquéfié (GNL) d’ici 2035. Parmi les plus grands importateurs de ce carburant on trouve des pays comme le Japon et l’Inde – des marchés consommateurs que les USA ne souhaitent absolument pas voir augmenter leur partenariat énergétique avec la Russie et l’Iran.

Il faut savoir que 8% des approvisionnements mondiaux en GNL passent actuellement par le canal de Panama. Et avec l’apparition d’une route alternative, les prix du gaz naturel liquéfié pourraient baisser de 10 à 15%. Ce qui pourra certainement ralentir la coopération énergétique des grands marchés de consommation du GNL, dont le Japon et l’Inde, avec les Etats-Unis. Portant par la même occasion un coup sérieux à la volonté d’hégémonie washingtonienne sur le marché énergétique international, de plus en plus vouée à l’échec, y compris en Europe.

Managua est prête à accorder aux investisseurs chinois le contrôle du futur canal nicaraguayen pour une durée de 50 à 100 ans, sachant que Pékin mise souvent sur des projets basés sur du long terme, conformément à sa civilisation, en opposition avec le jeu de poker étasunien. Il ne faut pas par ailleurs exclure une apparition d’une présence militaire permanente russe et chinoise dans la région, dans le but de contribuer à la sécurité non seulement dudit projet, mais également à la sécurité et à la stabilité régionale de façon générale. En ce sens, il est assez évident qu’au-delà du Nicaragua, d’autres nations latino-américaines comme Cuba, le Venezuela ou encore la Bolivie le verront d’un œil extrêmement positif. Le tout à l’heure où Téhéran renforce considérablement aussi son interaction avec les Etats concernés.

Il faut noter qu’au sein même de l’axe bolivarien (Eje bolivariano) – alliance politique, idéologique, économique et informationnelle de Cuba, du Venezuela de la Bolivie, du Nicaragua et de certains autres Etats de la région, on retrouve l’Iran et la Syrie en qualité d’observateurs de l’organisation. Des schémas donc qui déplaisent énormément à Washington et à ses forces sous-traitants régionales, comme extrarégionales.

Tout cela pour dire que la résistance latino-américaine régionale et continentale, l’interaction stratégique au sein de l’Amérique latine souverainiste et progressiste, l’alliance avec les principales puissances pro-multipolaires du monde que sont la Chine, la Russie et l’Iran, de même que la construction de mécanismes économiques et logistiques qui réduiront non seulement l’influence géopolitique, mais également géoéconomique, de Washington, poussera inévitablement ce dernier à une nouvelle tentative de faire tomber un gouvernement légitime latino-américain. Y compris s’il fallait pour cela plonger le pays dans le chaos le plus total.

Le souci, une fois de plus, c’est qu’au-delà d’une capacité de riposte évidente à l’ère contemporaine des principaux pays partisans de la multipolarité, les méthodes sales qui émanent des structures US, qu’elles soient affiliés à la CIA, l’USAID ou les fondations Soros – ont de plus en plus de mal à atteindre les mêmes « succès » que dans le passé plus ou moins récent, en raison d’une résistance sans précédent des peuples visés par ces agressions occidentales.

Plus particulièrement en Amérique latine, les exemples de la Bolivie, du Venezuela, du Pérou, ou encore tout récemment de Cuba – ne font que le confirmer. La mobilisation populaire et celle de la véritable société civile – représentent pour le moment des casse-têtes irrésolus pour l’establishment atlantiste. Et à force de répéter des schémas inefficaces, Washington ne fera qu’accélérer son passage du statut de grande puissance internationale à celui d’une puissance régionale, semblable à la période de la guerre de Sécession. Après tout, chaque chose en son temps.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=2935

https://t.me/observateur_continental/1365

https://web.facebook.com/mikhail.egorov.5/posts/10224182494803401

Les USA perdent «la bataille pour l’Afrique»

Les analystes US ne cachent pas leur vive inquiétude quant à la perte d’influence de Washington sur le continent africain. Et ce face notamment à ses principaux adversaires géopolitiques, parmi lesquels la Chine et la Russie.

Dans un article récent paru sur Foreign Affairs – les auteurs s’inquiètent vivement du décroissement des positions étasuniennes en Afrique, face aux grandes puissances internationales comme la Chine et la Russie.

Les auteurs dudit article ne sont pas des inconnus: Marcus Hicks est un général de division de l’armée de l’air US à la retraite, ayant servi en qualité de dirigeant du Commandement des opérations spéciales US en Afrique, de 2017 à 2019. Kyle Atwell est quant à lui un officier en service de l’armée américaine, doctorant à la School of Public and International Affairs de l’Université de Princeton, co-animateur du podcast Irregular Warfare. Enfin, Dan Collini est un officier de l’armée US également en service actif et associé des chefs d’état-major interarmées.

Tous les trois s’inquiètent donc de l’affaiblissement de la position étasunienne en Afrique, affirmant qu’à l’heure actuelle c’est la Chine et la Russie qui remportent la compétition. Toujours selon eux, les USA ont un besoin urgent à développer une nouvelle stratégie africaine globale: «En tant que militaires, anciens et actifs, dont l’un a dirigé le Commandement des opérations spéciales des Etats-Unis en Afrique de 2017 à 2019, nous considérons que les USA devraient se positionner comme le partenaire privilégié des pays africains à une époque de rivalité croissante entre les grandes puissances. Ne pas le faire mettrait en péril les intérêts américains sur le continent et, possiblement, la sécurité intérieure des Etats-Unis».

Il existe en effet nombre de raisons de considérer que les USA perdent «la bataille pour l’Afrique». La Chine est depuis déjà un bon moment le principal partenaire économico-commercial du continent africain. A titre d’exemple, si en 1999 le volume des échanges entre la République populaire de Chine et les pays africains n’était que de 6 milliards d’équivalent de dollars, en 2010 – le chiffre dépassait déjà les 100 milliards, et avoisinait les 200 milliards en 2019. Et selon le cabinet McKinsey – les flux financiers de la Chine à destination de l’Afrique seraient d’environ 15% plus importants que les chiffres officiels, lorsqu’on y inclut les flux non-traditionnels.

D’ailleurs et toujours selon ce cabinet de conseil en stratégie d’envergure internationale, la Chine est également une source d’aides à croissance rapide, ainsi que la plus importante source de financements des projets de construction dans les pays africains. Des contributions qui ont soutenu nombre des développements les plus ambitieux en matière d’infrastructure en Afrique au cours des dernières années.

Egalement sur la base de pays comme l’Ethiopie et l’Afrique du Sud, Pékin considère ces Etats africains comme de véritables partenaires, engagés de manière fiable et stratégique pour les intérêts économiques et politiques de la Chine. Ces pays ont également créé une plateforme solide pour un engagement chinois continu grâce à leur participation de premier plan à des stratégies comme La Ceinture et la Route (appelée également La nouvelle route de la soie) – leur permettant de bénéficier à une croissance rapide et continue des investissements chinois.

Pour Forbes, la Chine est incontestablement et de loin le principal acteur du boom des infrastructures en Afrique, revendiquant une part de 40% qui continue d’augmenter. Et que pendant ce temps, les parts des acteurs occidentaux chutent brutalement: l’Europe est passée de 44% à 34%, dans le cas étasunien la chute est encore plus évidente: de 24% à seulement 6,7%.

Retournons à l’article de Foreign Affairs, qui mentionne que le rôle de la Russie augmente considérablement aussi: «Ces dernières années, la Russie a considérablement étendu sa présence en Afrique, signant des accords militaires avec au moins 19 pays depuis 2014 et devenant le principal fournisseur d’armements du continent». En ajoutant: «que quelques jours seulement après l’annonce des Etats-Unis de retirer leurs troupes de Somalie en décembre 2020, la Russie a déclaré avoir conclu un accord pour établir une nouvelle base navale à Port-Soudan».

A ce titre, la frégate russe de classe Amiral Grigorovitch est arrivée tout récemment au Soudan. Un positionnement russe qui selon les experts, notamment occidentaux, donnera à la Russie de nombreux avantages, le tout à un emplacement stratégique.

Le partenariat russo-africain ne se limite évidemment pas qu’à la sphère militaro-sécuritaire. Pour rappel, en 2019 la Russie a accueilli dans la ville de Sotchi, le premier sommet Russie-Afrique de l’histoire, ayant réuni près de 10 000 participants, représentant pratiquement tous les pays du continent africain. Le volume des échanges entre la Russie et les pays africains continue lui aussi d’aller à la hausse: de seulement 760 millions d’équivalent de dollars en 1993 à plus de 20 milliards en 2018.

A titre de comparaison des mouvements des échanges, il faudrait noter que le volume des échanges entre les USA et l’Afrique en 2020 représentait moins d’un 1/3 de ce qu’il était en 2008.

Pour finir, il serait certainement juste de rappeler que la perte d’influence US sur le continent africain, n’est pas seulement due à la montée en puissance de la Chine et de la Russie, ou au désintérêt vis-à-vis de l’Afrique durant l’administration Trump. Histoire oblige: les USA ont au même titre que les pays d’Europe de l’Ouest, joué un rôle majeur dans le commerce honteux lié à l’esclavage. D’Afrique vers les USA évidemment. Et que ce rôle néfaste ne s’est pas seulement limité à cette période douloureuse pour la mémoire des Africains et des Afro-descendants, mais s’est largement poursuivi durant le XXème siècle.

Faudrait-il oublier l’implication étasunienne dans l’assassinat du grand homme d’Etat congolais Patrice Lumumba? Ou la contribution de la CIA à l’arrestation de Nelson Mandela par les services secrets sud-africains de la période d’apartheid? D’ailleurs, ce fut loin d’être la seule collaboration de Washington avec le régime raciste de Prétoria de l’époque – la guerre d’Angola après l’obtention de son indépendance vis-à-vis du Portugal en 1975 – n’en représente qu’une preuve supplémentaire.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=2525

https://t.me/observateur_continental/941

La Chine appelle les USA à assumer leurs problèmes intérieurs

Pékin exhorte les Etats-Unis à améliorer leur propre situation en matière de droits de l’homme. Le tout au moment où Washington continue d’interférer dans les affaires intérieures d’Etats souverains.

Les Etats-Unis doivent faire face à leurs problèmes intérieurs profondément enracinés, dont la discrimination raciale et l’application violente de la loi, et prendre des mesures concrètes pour améliorer leur situation en matière de droits de l’homme. C’est ce qu’a déclaré Wang Wenbin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, cité par l’agence de presse Xinhua.

Ces remarques ont été faites lors d’un point de presse en réponse à une question selon laquelle la présidente de la Chambre US des représentants Nancy Pelosi, connue pour ses attaques contre la Chine, la Russie et nombre d’autres pays qui ne se trouvent pas dans l’orbite washingtonienne, a récemment rejoint les soi-disant «défenseurs des droits des Ouïghours», représentant une énième tentative d’interférer dans les affaires intérieures chinoises, notamment dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang.

«Nous nous opposons fermement à l’attaque des Etats-Unis sur la politique chinoise concernant le Xinjiang et à leur ingérence dans les affaires intérieures de la Chine sous le prétexte de la question des droits de l’homme, et au mépris des énormes efforts de la partie chinoise pour protéger les droits de l’homme et promouvoir l’emploi des habitants du Xinjiang», a également déclaré le représentant diplomatique chinois.

En parlant de perspectives, y compris dans le cas plus particulier des relations sino-étasuniennes, pour le moment rien ne laisse donc entrevoir une amélioration digne de ce nom dans la relation Pékin-Washington. Si la Chine renvoie à juste titre les USA vers leurs propres et énormes problèmes intérieurs, à l’heure d’ailleurs d’une division sans précédent de la société étasunienne, il faudrait sans doute rappeler aussi que la présence US à divers endroits du monde continue d’être la source de problèmes de première importance.

C’est le cas notamment en Syrie, où la présence militaire étasunienne – en toute illégalité internationale, continue d’être une source de certains problèmes sécuritaires, y compris avec la recrudescence des éléments restants de Daech, dans une zone où se trouve justement une base US illégale. Cela sans oublier l’exploitation – elle aussi complètement illégale – de ressources naturelles syriennes par des compagnies US dans le nord-est du pays, en complicité avec certains éléments kurdes.

La présence étasunienne est également une source de sérieux problèmes chez le voisin de la Syrie – l’Irak. Pour rappel, le Parlement irakien avait voté en majorité le départ de toutes les troupes US de son sol suite à l’assassinat du général iranien Qassem Soleimani et de son compagnon irakien Abou Mehdi al-Mouhandis. Cette décision date de janvier 2020. Les troupes US, elles, sont toujours en Irak.

Cette réalité de la politique étasunienne qui n’est vraisemblablement pas prête de changer, peu importe l’administration en place, contraste avec les toutes récentes déclarations du secrétaire d’Etat US Antony Blinken, qui a affirmé que les Etats-Unis «ne favoriseront pas la démocratie par des interventions militaires coûteuses ou en tentant de renverser des régimes autoritaires par la force». En ajoutant que les USA «ont essayé ces tactiques dans le passé et qu’aussi bien intentionnées soient-elles, elles n’ont pas fonctionné».

Le chef actuel de la diplomatie US n’a pourtant pas précisé si l’establishment de son pays allait cesser à utiliser les instruments des révolutions de couleur. Ceci étant dit et même s’il l’aurait affirmé, le croire serait pour le moins naïf. D’ailleurs, la reconnaissance même des échecs des interventions armées à divers endroits du monde n’a pas été faite dans le cadre d’un mea-culpa, mais plutôt d’une réalité amère pour l’élite étasunienne. Lorsque dans le cadre du monde multipolaire, nombre d’acteurs internationaux ont pris les choses en main dans le but de bloquer les interminables interférences, déstabilisations et agressions des USA vis-à-vis de nations souveraines.

En ce sens, le rappel à l’ordre des Etats-Unis par la Chine est sans aucun doute à saluer. Si la Chine, comme la Russie, l’Iran et d’autres grandes puissances indépendantes n’ont toujours pas fermé la porte à un dialogue honnête sur les principales questions internationales avec Washington, il n’empêche que si un tel dialogue éventuellement se maintiendra – ce ne sera pas sur la base de conditions unilatérales étasuniennes. Epoque et réalité contemporaines obligent.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=2505

https://t.me/observateur_continental/918

L’accord de Vienne: Téhéran pointe du doigt les responsabilités de Washington

L’Iran se dit prêt à respecter l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien – à condition que les Etats-Unis réintègrent ledit accord sans condition préalable et lèvent les sanctions visant la République islamique. En cela, Téhéran peut compter sur le soutien de Moscou et de Pékin.

Après la sortie unilatérale de l’accord sur le nucléaire iranien, appelé également plan d’action conjoint, opérée par les USA sous l’administration Trump, la responsabilité incombe logiquement à ces derniers quant à la pleine réintégration, et ce sans conditions préalables. C’est la position de l’Iran.

En visite à Moscou, le président du Parlement iranien Mohammad Baqer Qalibaf l’a d’ailleurs rappelé sans équivoque. Lors de cette visite du haut responsable de l’Iran en Russie, dont le but annoncé était l’élévation des relations bilatérales à un niveau encore plus stratégique entre les deux pays, Mohammad Baqer Qalibaf n’a pas manqué également de pointer du doigt la responsabilité étasunienne, notamment dans le cadre du mentionné ci-haut accord de Vienne.

Il a à ce titre déclaré que la nouvelle administration US n’est pas en mesure de prendre de décisions sur les questions majeures: «Nous avons reçu des signaux différents de la part des positions officielles de l’administration Biden, quoique nous n’ayons vu aucune nouvelle stratégie de leur part. Il semble que cette administration ne soit pas capable d’adopter de grandes décisions».

En ajoutant «que la nouvelle administration américaine a évoqué une condition préalable pour tenir ses engagements, mais elle n’a pas le droit de poser de condition préalable pour remplir des obligations qui n’ont pas été remplies (de la part des Etats-Unis, ndlr) depuis plusieurs années. Ce sont les Américains qui ont quitté l’accord sur le nucléaire et ont porté atteinte à l’économie iranienne. Par conséquent, ils doivent d’abord tenir leurs engagements sans aucune condition préalable, et nous devons voir les résultats de la levée des sanctions de manière tangible, et ce sera ensuite à notre tour de tenir nos engagements».

La position de l’Iran demeure donc jusqu’à maintenant inchangée, à savoir que c’est effectivement aux USA de revenir à leurs propres engagements avant de pouvoir demander quoi que ce soit à la partie iranienne. Maintenant et pour parler des perspectives, il faut certainement faire mention de nombre de points.

Tout d’abord, Téhéran aura une fois de plus démontré appartenir aux Etats qui ne fléchissent pas face aux agressions et pressions extérieures, conformément à la défense de la souveraineté et des intérêts nationaux. On peut se rappeler à ce titre des multiples déclarations de l’élite étasunienne quant au fait que l’économie iranienne sera détruite et que les Iraniens seront «forcés» à revenir aux pourparlers avec les USA sur la base des conditions étasuniennes. Il n’en fut rien. Non seulement, l’Iran a tenu face aux sanctions économiques et aux diverses pressions politico-sécuritaires qui visaient à affaiblir et à déstabiliser le pays, mais plus que cela – a réussi à maintenir son influence sur la scène régionale intacte, tout en l’élargissant sur la scène internationale. Notamment en Amérique latine. Confirmant d’ailleurs la thèse que l’Iran n’a probablement jamais été aussi influent internationalement parlant dans son histoire contemporaine.

D’autre part, l’Iran a également fait démonstration de sa capacité non seulement de résister aux pressions et agressions multiples, mais d’être capable de passer à l’offensive – que ce soit sur le plan sécuritaire, économique ou énergétique. Notamment lors des livraisons de carburant au Venezuela ou encore dans le cadre de «l’accord du siècle» avec Pékin ouvrant la voie à de forts importants investissements chinois en Iran, le tout sur du long-terme.

Washington de son côté se retrouve dans une situation délicate. S’il revient sans condition préalable dans l’accord de Vienne – ce sera considéré pour certains comme une défaite de l’administration Biden et pourra être exploité par les opposants à l’actuel pouvoir américain, favorisant un peu plus les divisions étasuniennes internes déjà fortement visibles. Quant au fait de réclamer à l’Iran de faire le premier pas – étant effectivement une demande complètement illogique compte tenu de l’historique et des actions engagées par les USA dans le cadre de cet accord, Téhéran a une nouvelle fois réaffirmé ne pas être prêt à une telle démarche.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=2434

https://t.me/observateur_continental/846

Chine-USA: l’arrogance étasunienne ne diminue pas

Les tensions sino-étasuniennes, revues sérieusement à la hausse sous l’administration Trump, laissaient présager pour certains analystes une amélioration à venir sous la présidence Biden. Rien n’est moins sûr – le ton washingtonien vis-à-vis de Pékin, propre à une époque désormais révolue, ne présage pas de nettes améliorations dans ces relations.

La conversation téléphonique récente entre le nouveau secrétaire d’Etat US Antony Blinken avec le haut diplomate chinois Yang Jiechi était vue comme une occasion d’aller dans le sens d’une diminution de tensions courantes entre Washington et Pékin. Pour autant et au vu du communiqué qui s’en est suivi du côté du département d’Etat étasunien – tout laisse à supposer que les USA maintiendront une vision radicalement unipolaire et arrogante vis-à-vis de la première puissance économique mondiale en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat.

Ainsi, comme le rapporte l’agence Reuters, le secrétaire d’Etat US Antony Blinken a déclaré vendredi lors de l’appel téléphonique avec le haut diplomate chinois Yang Jiechi «que les Etats-Unis continueront à défendre les droits de l’homme et les valeurs démocratiques au Xinjiang, Tibet et à Hong-Kong». Blinken a également exhorté la Chine «à condamner le coup d’Etat militaire au Myanmar, et a réaffirmé que Washington continuera de travailler avec ses alliés pour tenir la Chine responsable des efforts visant à menacer la stabilité dans l’Indo-Pacifique», toujours selon le communiqué du département d’Etat étasunien.

Du côté chinois, parallèlement à l’appel de développer des relations bilatérales stables et constructives, Pékin n’a pas manqué de faire quelques rappels méritant l’attention envers l’homologue US. Notamment de sa ferme position sur la question de Taiwan, et aussi que les questions liées à Hong-Kong, Xinjiang et le Tibet, constituant des affaires intérieures de la Chine – dans lesquelles les forces extérieures n’ont pas à interférer, comme cela est rappelé dans l’article de Hu Xijin – rédacteur en chef du quotidien Global Times.

L’auteur rajoute d’ailleurs qu’objectivement parlant, la stratégie étasunienne de contenir la Chine a montré une tendance vers un sérieux échec. Et qu’il est évident pour le monde que le développement de la RPC est imparable. Tout en rappelant que peu importe ce que les responsables US diront au peuple américain, la Chine espère que les actions réelles pourront ramener la politique chinoise des Etats-Unis du « nuage de la fantaisie à un terrain pragmatique ».

Dans un autre éditorial de Global Times, «la performance réelle des Etats-Unis est médiocre et le pays ne maintient le haut niveau que dans la prédication idéologique, tandis que la Chine a quant à elle assumé les responsabilités d’une grande puissance sur de nombreuses questions». En ajoutant «que la tromperie étasunienne ne peut pas durer longtemps et les faits parlent finalement plus que les mot ».

Les éditorialistes chinois vont plus loin encore en mettant l’accent sur la responsabilité des élites politiques occidentales: «Les différences de valeurs entre la Chine et l’Occident ne sont pas si sérieuses de ce qui pourrait être pensé en Occident. Ce sont les Etats-Unis et leurs principaux alliés qui radicalisent la question. La mentalité chinoise de l’harmonie dans la diversité est plus conforme aux valeurs communes de la plupart des gens dans le monde». Des lignes fortement révélatrices qui d’une part soulignent la différence entre les peuples des pays occidentaux et leurs élites. De l’autre le concept multipolaire promu entre autres par la Chine. Et enfin que de nombreuses personnes y compris même en Occident se retrouvent dans cette vision multipolaire. Difficile en effet de mieux résumer la chose.

Quoiqu’il en soit, cet échange d’opinions démontre plusieurs choses. La première est que les USA, quelle que soit l’administration en place, sont incapables d’engager un dialogue honnête, respectueux et qui tient compte des intérêts réciproques – bien que l’establishment étasunien en place ait rappelé être prêt à dialoguer avec Pékin et Moscou sur des questions ayant un intérêt pour Washington. Le souci de cette philosophie est que les deux premiers cités feront tout simplement de même vis-à-vis des USA. Comme cela a été d’ailleurs dit récemment par plusieurs hauts responsables chinois et russes.

La deuxième chose à noter, est que Pékin continuera à défendre ses intérêts nationaux et à promouvoir la réalité multipolaire mondiale – sans se soucier de ce qu’en pensent les représentants de l’establishment étasunien, et occidental de façon générale.

Et qu’enfin – rien pour le moment ne peut annoncer une amélioration digne de ce nom dans les relations entre les USA – fervents nostalgiques de l’unipolarité dépassée et les partisans de la multipolarité devenue réalité. Et ce malgré toute la rhétorique hostile des élites occidentales visant aussi bien Pékin, que Moscou et les autres centres majeurs de la véritable communauté internationale.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=2429

https://t.me/observateur_continental/841

Iran-Chine-Russie: nouvelle étape pour le triumvirat?

L’embargo interdisant la vente d’armes et d’équipements militaires lourds à l’Iran est arrivé à expiration le 18 octobre. Désormais, la République islamique entrevoit déjà de nouvelles perspectives en matière de Défense, y compris à travers de possibles contrats avec ses principaux alliés.

C’est officiel : l’embargo sur les armes à l’encontre de l’Iran est terminé. Et ce malgré des mois d’intenses lobbyings de la part de l’establishment étasunien en vue de le faire prolonger. Après l’énième double-véto sino-russe et l’abstention des alliés européens de Washington au niveau du Conseil de sécurité de l’ONU, l’échec du côté des USA est retentissant. Au point pour ces derniers de menacer unilatéralement tout contrat d’armement allant être signé avec l’Iran. Mais du côté de Pékin comme de Moscou, ces menaces ne semblent être en mesure de stopper la nouvelle étape de coopération militaro-technique avec Téhéran.

En effet, du côté russe comme chinois, l’heure semble être aux préparatifs et aux négociations. Mais au-delà de l’aspect purement économico-commercial, une attention particulière doit être accordée justement aux volets sécuritaire et… géopolitique. Concernant le premier volet, du moment que l’interaction dans la sphère de la Défense et de la sécurité s’intensifiera encore plus au sein du trio Téhéran-Moscou-Pékin, cela aura bien évidemment des répercussions sur les rapports de force dans la région stratégique du Moyen-Orient – dans laquelle les USA ont pris l’habitude de se considérer longtemps et à tort « intouchables ». Et plus généralement dans l’espace eurasien.

Et c’est là que l’on arrive au second volet – géopolitique. En effet, le triumvirat Chine-Russie-Iran semble aller clairement dans le renforcement. Et pour cela plusieurs raisons. Une vision commune, ou du moins très proche sur une grande partie des dossiers internationaux, y compris sur le volet antiterroriste. Un soutien affiché au sein des trois puissances en faveur du monde multipolaire. Sans oublier le fait que les trois pays concernés sont officiellement considérés du côté washingtonien comme étant ses trois principaux adversaires géopolitiques au niveau mondial.

Ceci étant dit, la réalité est que l’alliance sino-russo-iranienne est d’autant plus naturelle qu’elle n’est pas liée au départ aux pressions étasuniennes, mais représente tout simplement un concept géopolitique viable et logique pour trois grandes puissances internationales souveraines – étant par la même occasion trois civilisations mondiales. Cet aspect, ainsi que l’opposition aux interférences unilatérales étasuniennes et plus généralement occidentales, renforce évidemment ladite alliance.

Un autre fait qui renforce la viabilité du triumvirat, c’est que malgré les innombrables tentatives de divers lobbies de nuire au rapprochement entre les trois nations – pas seulement du côté occidental, mais également israélien ou de certains pays du Golfe – les trois ont réussi à maintenir le cap nécessaire en vue de renforcer leur interaction bilatérale, comme trilatérale.

Ces interactions concernent aussi bien la sphère politico-diplomatique et notamment la coordination des positions sur nombre de dossiers internationaux, mais également et de plus la partie militaro-sécuritaire, avec l’organisation d’exercices militaires conjoints entre les forces armées des trois pays et l’échange d’information en matière de renseignement.

Et lorsqu’on rajoute à cela l’accord « du siècle » entre Pékin et Téhéran – programmé sur une période de vingt-cinq ans, économiquement ouvrant l’Iran à de très importants investissements chinois et raffermissant l’alliance sino-iranienne dans la sphère militaro-sécuritaire, il devient assez évident que la levée actuelle de l’embargo sur les armes à l’encontre de l’Iran ouvre des perspectives fortement intéressantes pour l’Axe Pékin-Moscou-Téhéran.

Mikhail Gamandiy-Egorov

https://t.me/observateur_continental/490

La Chine appelle les USA à accepter la multipolarité

Le leadership chinois continue de hausser la voix dans son soutien résolu au concept multipolaire dans les affaires mondiales. Désormais Pékin appelle ouvertement Washington à l’acceptation de cette réalité.

Le ministre des Affaires étrangères et conseiller d’Etat de la Chine, Wang Yi, a exhorté les Etats-Unis à suivre la tendance historique vers la multipolarité dans le monde et la démocratie dans les relations internationales. C’est qu’annonce l’agence de presse gouvernementale chinoise Xinhua

Ces propos du haut fonctionnaire chinois ont été tenus lors de sa participation à la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’ASEAN et de la Chine par visioconférence. Le chef de la diplomatie chinoise a également déclaré « que les divergences et les contradictions entre la Chine et les Etats-Unis ne résident ni dans le pouvoir ou le statut, ni dans les conflits de systèmes sociaux. La question est plutôt soit de défendre le multilatéralisme ou l’unilatéralisme, et de promouvoir une coopération gagnant-gagnant ou des jeux à somme nulle ».

En ajoutant que « toute tentative unilatérale d’intimidation visant à conserver une position de monopole, à saboter les réalisations d’autres pays en matière de développement, ou à éradiquer l’espace de développement d’autres pays est vouée à l’échec ».

Maintenant et en termes de perspectives, ce qui est intéressant à noter c’est que si les appels du leadership chinois se faisaient régulièrement entendre, et ce lors de divers sommets et rencontres, au cours des mois écoulés, cet appel de l’un des principaux représentants de la République populaire de Chine d’accepter la multipolarité est quant à lui ouvertement destiné aux USA. En tant que destinataires officiels.

D’autre part, ce qui est également important de remarquer c’est la mise en opposition présentée par Wang Yi, entre justement le concept multipolaire du monde – associé à une coopération gagnant-gagnant d’une part, et l’unipolarité révolue mais toujours promue par les élites occidentales – en qualité de « jeux à somme nulle », de l’autre. Evidemment, le fait que la Chine représentait un soutien majeur à la multipolarité depuis plusieurs années était un fait connu pour de nombreux observateurs internationaux. Et ce bien avant les récents dossiers d’hostilité mis en avant par les USA. Mais ces récentes prises de position, le tout au moment d’une guerre géoéconomique en cours avec Washington, promettent un renforcement évident de la détermination des partisans de la multipolarité à divers endroits du monde.

Effectivement et au moment même où plusieurs représentants de l’élite occidentale, notamment européenne, se rendent à l’évidence, bien que sans aucune note d’enthousiasme, de la fin – qui d’ailleurs ne date pas d’hier – de l’ère hégémonique étasunienne/occidentale, l’establishment étasunien continue de vouloir faire vivre l’idée d’une domination des USA sur les affaires mondiales. D’ailleurs les sanctions US visant ses principaux adversaires géopolitiques et géoéconomiques, ainsi que nombre d’autres pays souverains, ne sont pas une caractéristique de force, mais bel et bien plutôt de faiblesse. Etant incapables de vivre une concurrence digne de ce nom sur l’arène internationale, géopolitiquement comme géoéconomiquement parlant, que ce soit dans le secteur du high-tech, de l’armement, de l’énergie, ou tout simplement dans l’idée même d’une attirance internationale, vraisemblablement la seule option qui reste aux nostalgiques radicaux de l’ère unipolaire – ce sont justement les instruments de sanctions et diverses pressions.

Le souci, et c’est d’ailleurs ce qui conforte un peu plus l’idée que ces actions devraient être vues comme un aveu de faiblesse, plutôt que de force et d’intelligence, c’est justement le fait que les nations visées par ces actions démontrent, chaque jour un peu plus, leur capacité à vivre et à s’adapter à ces mesures restrictives unilatérales. Et aussi à pouvoir riposter efficacement. D’autant plus qu’en ce qui concerne les pays partisans de la multipolarité, nombre d’instruments restent encore dans le placard, si l’on peut dire ainsi. Après tout, à chaque chose – son temps.

Mikhail Gamandiy-Egorov

https://t.me/observateur_continental/345