Archives mensuelles : juillet 2020

L’Axe Pékin-Moscou-Téhéran plus que jamais renforcé?

Au vu des événements en cours sur l’arène géopolitique mondiale, avec notamment des pressions de plus en plus poussées de la part du camp atlantiste vis-à-vis des partisans de l’ordre multipolaire, et malgré cela la poursuite du renforcement indéniable de ces derniers, le plein établissement de l’axe des pays partisans de la souveraineté et de la multipolarité semble instoppable.

Effectivement et alors que Moscou, Pékin et Téhéran sont clairement reconnus comme étant les principaux adversaires géopolitiques de Washington, avec des pressions politico-diplomatiques, économiques, sécuritaires constamment grandissantes, les trois nations ne font que renforcer de plus en plus leur interaction – aussi bien dans le cadre bilatéral, que trilatéral.

Entre la Chine et la Russie, les relations bilatérales n’ont probablement jamais été à un tel niveau de confiance mutuelle dans l’histoire contemporaine. Les deux géants se soutiennent mutuellement, et pratiquement de façon permanente, au niveau du Conseil de sécurité de l’ONU, dont ils sont tous deux des membres permanents. Les échanges économico-commerciaux ne cessent de grandir et ont déjà atteint un niveau stratégique: plus de 110 milliards d’équivalent de dollars en 2019, avec un objectif annoncé d’atteindre et dépasser le plus rapidement possible le cap de 200 milliards d’échanges. Pour Moscou, Pékin est désormais le principal partenaire économico-commercial, contrastant clairement avec les années post-soviétiques lorsque la Russie regardait du côté occidental, et plus particulièrement européen. L’interaction militaro-sécuritaire sino-russe ne nécessite pas non plus de présentation supplémentaire – les deux pays menant régulièrement des exercices militaires conjoints (aussi bien terrestres que navals) – et ce sur le plan bilatéral, que dans le cadre d’organisations internationales comme les BRICS ou l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS).

De façon générale et malgré les tentatives voilées et non-voilées de la part du camp occidental, étasunien comme européen, de saper l’alliance sino-russe, rien jusqu’à maintenant ne semble permettre d’atteindre, ne serait-ce qu’en partie, ce but.

En ce qui concerne l’interaction sino-iranienne, elle semble désormais elle aussi prendre la tournure d’une véritable alliance stratégique. Surtout au regard des développements récents. L’accord de coopération stratégique, qui devra être conclu prochainement entre les deux pays en représente une preuve supplémentaire. Surtout au vu des secteurs stratégiques que cet accord vise: l’économie et les 400 milliards d’équivalent de dollars d’investissements chinois en Iran sur une période de 25 ans, ainsi que la coopération militaro-sécuritaire, notamment dans l’organisation d’exercices militaires conjoints, des recherches conjointes, la mise au point d’armes et le partage de renseignements. Cela est d’autant plus particulièrement important que cette interaction casserait définitivement les tentatives US de vouloir faire isoler l’Iran et d’asphyxier son économie. Tout en renforçant le concept d’intégration dans le grand espace eurasien et le cadre multipolaire.

Quant à l’alliance Moscou-Téhéran, elle poursuit également son renforcement, et ce à plusieurs niveaux. Les deux pays ont activement interagi dans le cadre de la lutte antiterroriste en République arabe syrienne – étant d’ailleurs les deux seuls Etats se trouvant en Syrie sur une base légale. Cette interaction, en soutien à l’armée gouvernementale syrienne, a permis d’écraser les terroristes de Daech et d’Al-Qaida en terre syrienne et de permettre au gouvernement national de reprendre la grande partie de son territoire, sur lequel vit plus de 90% de la population syrienne.

Cela sans oublier les efforts diplomatiques conjoints, notamment dans le cadre du processus d’Astana sur la Syrie. De façon générale sur le plan politico-diplomatique, les deux pays partagent également une vision souvent similaire ou proche sur nombre de dossiers internationaux. Par ailleurs, Moscou comme d’ailleurs Pékin, est opposé au prolongement de l’embargo sur les armes à l’Iran, tellement voulu et promu par l’establishment étasunien. Une levée de l’embargo qui permettra incontestablement de renforcer encore plus l’interaction militaro-technique russo-iranienne.

Quant au triumvirat Pékin-Moscou-Téhéran, aussi bien dans le cadre d’actions conjointes au niveau de l’arène géopolitique mondiale, y compris dans le grand espace eurasien devenu fer de lance du renforcement de la multipolarité qu’au-delà de l’Eurasie (notamment en Amérique latine où les trois pays soutiennent activement le Venezuela face aux attaques US et plus généralement occidentales), que d’une alliance militaire qui fait tellement peur aux forces atlantistes. Déjà récemment, s’en alarmait le site Atlantico, justement sur l’établissement d’un triumvirat militaire sino-russo-iranien, avec «des implications sur l’équilibre des forces en présence au Moyen-Orient».

Ce qui est certain dans tous ces processus de renforcement de ladite alliance, c’est que ni Pékin, ni Moscou, ni Téhéran, ne prévoient d’en demander des autorisations auprès de pays qui pensent encore posséder l’exclusivité dans le déroulement des processus internationaux. La peur des élites occidentales et atlantistes est compréhensible dans le sens qu’une telle alliance, qui s’élargirait aux alliés respectifs des trois puissances, fermerait définitivement le débat sur la véritable notion de communauté internationale. Et ferait comprendre une bonne fois pour toute aux nostalgiques de l’unipolarité qu’il n’y a pas d’alternative au monde multipolaire devenu réalité.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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Airbus iranien agressé, autre face du terrorisme US (Débat)

Ma participation au débat sur Press TV – la télévision internationale iranienne. Emission présentée par Ahmad Nokhostine depuis Téhéran.

http://french.presstv.com/Detail/2020/07/24/630328/Syrie-Iran-Airbus-USA-Liban

https://urmedium.com/c/frenchpresstv/27240?fbclid=IwAR01oXEGaKUCD2MCYlmo8FTTJGqxTAQo42xqumDHYrov8JJqot4NuZ9rRCI

Washington lance la «coalition» internationale contre la Chine

Alors que les tensions continuent de monter entre Pékin et Washington, aussi bien dans le cadre économique, politico-diplomatique que militaire, il semble que l’establishment étasunien soit résolu à poursuivre jusqu’au bout sa campagne anti-chinoise, en faisant en sorte d’y intégrer ses alliés occidentaux.

Après la guerre commerciale lancée contre Pékin, les pressions sur les médias chinois aux USA, les provocations militaires en mer de Chine, Washington ne compte toujours pas s’arrêter. Le dernier épisode en date: la demande unilatérale étasunienne de fermer le Consulat général de Chine dans la ville US de Houston. Dans cet épisode aussi, le leadership chinois ne prévoit pas de reculer et tente d’appeler les Etats-Unis à la raison, à défaut de quoi il se prépare à des représailles.

Se sentant probablement de plus en plus isolée sur la scène internationale, y compris dans cet acharnement contre la République populaire de Chine, l’élite étasunienne tente de mettre en œuvre sa coalition internationale contre Pékin. Pour cela, elle pourra vraisemblablement compter sur son principal allié d’Europe occidentale en la qualité du Royaume-Uni – formant ensemble le noyau dur du monde anglo-saxon par la même occasion.

Mais Washington a-t-il réellement des chances de faire joindre à ce projet un nombre conséquent de pays? Rien n’est moins sûr. Certes, l’élite étasunienne pourra éventuellement compter sur quelques alliés fidèles au sein des pays membres de l’Union européenne – se tenant prêts à soutenir pratiquement tout ordre émanant d’Outre-Atlantique. Pologne, pays baltes, Roumanie,… Mais même réunis, il sera impossible de parler d’une coalition digne de ce nom, tellement ces derniers ne représentent pas des puissances souveraines sur l’arène internationale. Tout en sachant que la Chine, première économie mondiale en termes de PIB à parité de pouvoir d’achat (PPA), pourra faire mal économiquement parlant à toutes les forces hostiles.

Le reste de l’Europe bruxelloise sera-t-il prêt à suivre les USA dans leur campagne anti-Chine? Beaucoup de doutes planent à ce niveau. Y compris même au niveau des représentants ouvertement pro-atlantistes, notamment l’allemande Angela Merkel – au moment même où les Etats-Unis menacent ouvertement d’adopter des sanctions contre les compagnies et personnalités allemandes qui participent au projet du gazoduc Nord Stream 2. Evidemment, le désaccord allemand dans ce dernier dossier n’est pas dû à un amour quelconque de Berlin vis-à-vis de Moscou, mais au simple pragmatisme économique – en passant tellement caractéristique de ce pays.

La France, qui possède des intérêts économiques importants en Chine, a également peu de chances de rentrer dans le club résolument anti-chinois de Washington. Et pourra tout au plus se limiter à une solidarité de principe vis-à-vis de l’allié étasunien. Ceci étant dit, même dans la perspective (peu probable) d’une solidarité totale des pays de l’UE vis-à-vis des Etats-Unis contre Pékin, il est à se demander qui en sera le grand perdant? Et peu probable que ce soit la Chine.

Aujourd’hui, les intérêts, notamment économico-commerciaux, de l’Empire du Milieu se trouvent pratiquement dans toutes les contrées du monde. Avec un accent particulier en Eurasie et en Afrique. Les puissances du grand espace eurasien, ainsi que leurs alliés, sans douter une seule seconde soutiendront la Chine face à l’acharnement étasunien. Les pays africains, du moins la grande majorité, ne se joindront pas eux aussi à l’axe tellement voulu par l’establishment US. Pas plus qu’une large partie de l’Amérique latine, ni du Moyen-Orient.

Et là nous revenons une fois de plus au sujet phare dans le cadre du monde contemporain. Qui représente réellement la communauté internationale? Un espace ne dépassant pas 10% de la population terrestre, voire 15% en y intégrant tous les satellites? Ou le reste de l’humanité ne faisant pas partie du monde occidental? Les chiffres parlent une fois de plus d’eux-mêmes. Cela sans oublier, là aussi une fois encore, qu’une part notable des citoyens des pays occidentaux n’approuvent guère la politique de leurs gouvernements respectifs, pas plus que la détermination de ces derniers à forcer le monde vers un retour à l’ère unipolaire. Un retour qui n’aura pas lieu.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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Les projets d’intégration internationaux face aux défis des adversaires

Les grands projets d’intégration non-occidentaux augmentent en nombre, prennent une ampleur indiscutable, et renforcent la réalité multipolaire du monde. Mais la minorité qui s’y oppose compte bel et bien saper les dits efforts par tous les moyens. D’où l’importance d’une large collaboration internationale.

Les opposants à ces projets sont connus et ne sont que ceux qui, en étant une minorité au niveau mondial évidente, avaient pris l’habitude d’une domination politique et économique sans partage – probablement passé colonial oblige. Mais il est bien difficile pour eux aujourd’hui, malgré des instruments toujours puissants à leur disposition – les structures financières dans lesquelles l’Occident jouent les premiers rôles ou les médias mainstream – de pouvoir stopper et même ralentir les processus alternatifs déjà enclenchés.

Si la capacité de riposte militaire et la puissance coordonnée politico-diplomatique des pays partisans de l’ordre multipolaire constituent incontestablement des orientations qui font extrêmement peur aux élites atlantistes et pro-unipolaires, en raison de la perte d’influence à l’échelle géopolitique pour ces derniers, à l’heure actuelle il faut dire que l’aspect économique, ou plutôt géoéconomique, représente lui aussi une orientation de premier ordre. D’où les permanentes menaces de sanctions économiques, diverses pressions et limitations, lancées en direction des pays pleinement souverains et bien souvent sans aucune base logique ou légale, par ceux qui justement au fil de l’histoire humaine ne se sont toujours pas habitués à une concurrence loyale et honnête.

En ce sens, les grands projets d’intégration régionaux et continentaux, n’appartenant pas au monde occidental – sont aujourd’hui clairement dans le viseur des élites atlantistes de l’Occident. Et d’une certaine façon, connaissant la mentalité néocoloniale qui les caractérise, il est possible de comprendre pourquoi.

A titre d’exemples, si l’on prend les importants projets d’intégration se déroulant dans le grand espace eurasien et sur le plan international, chiffres à l’appui, la compréhension de la peur d’une extrême minorité devient relativement compréhensible. L’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) – représente à elle seule près de la moitié de la population terrestre, rassemblant par la même occasion le pays le plus peuplé (Chine) et le plus vaste (Russie). Mais ce n’est pas tout: les membres de l’OCS regroupent 20% des ressources mondiales de pétrole, 38% de gaz naturel, 30% de l’uranium et 40% de charbon. Cela sans compter que quatre des membres de l’organisation sont des puissances nucléaires (Russie, Chine, Inde, Pakistan).

Dans le cas de l’Union économique eurasiatique, il est question de 14% de la surface terrestre, un chiffre d’affaires du commerce extérieur avoisinant les 750 milliards d’équivalent de dollars, la cinquième place mondiale pour la production d’acier (65,8 millions de tonnes) et de charbon (557,1 millions de tonnes), la quatrième pour la production d’électricité (1288,1 milliards de kWh), la deuxième place mondiale pour la production de pétrole (653,2 millions de tonnes) et de gaz (795 milliards de mètres cubes). Ou encore la première place au monde en termes de production d’engrais potassiques (16 millions de tonnes en termes de nutriments à 100%).

Dans les cas des BRICS, dont la géographie des pays membres élargit le cadre eurasien, il est également question de près de la moitié de la population mondiale, plus d’un tiers du PIB au niveau global – qui ne cesse de croitre, sans oublier le fait que dans le Top 10 des principales économies du monde en termes de PIB à parité de pouvoir d’achat (PPA) – quatre des cinq pays membres de l’organisation sont représentés (Chine, Inde, Russie, Brésil).

La constatation à faire donc dans l’analyse de ces chiffres et données est qu’au-delà des nombreux aspects d’interaction hors-économiques caractérisant les organisations citées, la puissance économique et énergétique représente incontestablement un défi de poids pour l’establishment occidental, en premier lieu étasunien. Et vu l’incapacité évidente de l’Occident à une concurrence loyale dans les échanges internationaux, la seule arme restante n’étant que les sanctions et menaces de toutes sortes. Le souci pour les initiateurs de ces pressions est qu’au final elles ne font que motiver encore plus les pays visés à aller de l’avant et renforcer l’interaction mutuelle.

D’autant plus qu’à l’instar des grands projets d’intégration eurasiens ou des BRICS, d’autres régions du monde regardent jalousement les acquis des cités. Notamment l’Amérique latine ou l’Afrique. D’ailleurs, il n’est pas surprenant que dans le cas de l’intégration africaine, ou plutôt panafricaine, y compris dans l’élargissement des échanges entre les pays du continent, on retrouvera les mêmes qui tenteront par tous les moyens de mettre des bâtons dans les roues des partisans d’une telle intégration, longtemps souhaitée par feu Mouammar Kadhafi. Mais du moment que les alliances des partisans de la multipolarité continueront de se forger, dans le cadre de la véritable communauté internationale – représentant ensemble la majorité de la population terrestre, il sera encore plus difficile aux nostalgiques de l’unipolarité de réussir à bloquer, et même à ralentir les dits processus.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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