Archives mensuelles : novembre 2023

La Turquie, pays membre de l’otan, est devenue le deuxième partenaire économico-commercial de la Russie, après la Chine.

Conclusion : il y a les intelligents et les abrutis.

En vidéo : le président allemand Steinmeier qui à son arrivée au Qatar a dû attendre près d’une demi-heure avant que quelqu’un puisse venir l’accueillir… Le respect – cela se mérite.

https://t.me/axe_afrique_russie/2330

Nouvelle victoire pour TON et Telegram : la capacité en nombre de transactions par seconde (108 409) dépasse désormais largement aussi bien les autres des principales cryptomonnaies que les instruments occidentaux « traditionnels », tels que Visa et Mastercard.

A titre de comparaison.

Bitcoin : 7 transactions par secondes

Ethereum : 20 transactions

Mastercard : 5000 transactions

Visa : 24 000 transactions

Les relations privilégiées de la Russie avec le Sud global et les peurs de l’Occident

29.11.2023

Refusant à reconnaitre officiellement l’ordre mondial multipolaire et la simple réalité que les nations non-occidentales représentent l’écrasante majorité planétaire, la minorité occidentale confirme néanmoins avoir peur de l’interaction de plus en plus accrue entre les principaux promoteurs de la multipolarité et les pays du Sud global.

Un long article est paru dans le quotidien espagnol basé à Barcelone La Vanguardia, qui traite de comment Moscou compte être à la tête du Sud global. Sur le fond, l’article reste purement orienté dans la vision occidentale dépassée par les événements contemporains, mais qui confirme effectivement la peur réelle que suscite le renforcement des principales puissances non-occidentales avec les nations du monde qui n’adhérent pas au diktat de l’Occident.

L’auteure de l’article cite plusieurs points en rapport avec les relations entre la Russie et le Sud global. Tout d’abord, elle rappelle que Moscou considère les pays appartenant au dit espace comme la majorité mondiale, une notion que les Occidentaux continuent ouvertement de réfuter, y compris dans le cadre de cet article. Par ailleurs, le média espagnol affirme que l’Etat russe utilise les stratégies et les outils dans l’objectif de diriger un nouvel anticolonialisme ou, plus précisément, un anti-néocolonialisme. Le tout dans le cadre d’un retour des rivalités entre les grandes puissances, accentuées par la guerre en Ukraine.

Un peu plus loin dans le même article, il est tout de même admis que la majorité mondiale n’a pas soutenu l’application des sanctions à l’encontre de la Russie, comme le souhaitait ardemment l’Occident. Selon l’auteure de l’article, seuls les pays représentant 16% de la population du monde ont imposé les dites sanctions contre Moscou. Par la même occasion, l’article en question reconnait que les principales économies des pays du Sud global, bien que fortement différentes par leurs puissances ou leurs systèmes politiques respectifs, à l’instar de pays comme l’Inde ou le Qatar – possèdent néanmoins des points en commun. En l’occurrence le pragmatisme et l’opportunisme et collectivement les pays en question sont très puissants, devenant des éléments clés du «futur ordre international».

Encore un peu plus loin, il est indiqué que la Russie et la Chine aspirent à prendre la tête du Sud global. Et que dans le cas de la Russie puisqu’elle est la principale source d’intérêt dudit article – l’ambition russe est favorisée par l’absence du passé colonial, et ce alors que jusqu’à aujourd’hui la posture de l’Occident continue d’être considérée comme coloniale, néocoloniale et hypocrite – reconnait avec amertume l’auteure de l’analyse. Y compris en reprenant la citation du ministre indien des Affaires étrangères, Subrahmanyam Jaishankar, qui avait déclaré l’année dernière que «l’Europe doit abandonner la mentalité selon laquelle ses problèmes sont les problèmes du monde, parce que les problèmes du monde ne sont pas les problèmes de l’Europe».

L’article de La Vanguardia fait aussi un rappel historique de la Doctrine Primakov (Evgueni Primakov, ministre russe des Affaires étrangères entre 1996 et 1998 et chef de gouvernement entre 1998 et 1999 – ndlr), qui effectivement avait toujours insisté sur l’importance des relations entre la Russie et les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, au lieu de donner une quelconque priorité aux relations avec l’Occident. Et que cette doctrine soutient que le principal intérêt national de l’Etat russe réside dans le fait d’être une grande puissance dans un monde multipolaire.

Par ailleurs, le média espagnol affirme que parmi les instruments qui sont à la disposition de la Russie se trouve le fait d’apporter des solutions sécuritaires aux «problèmes systémiques» de pays comme la Syrie, le Venezuela, le Mali, le Burkina Faso ou encore le Soudan, comme partie de la stratégie de Moscou. Et que cette stratégie consiste également à saper le «système international fondé sur des règles et principes de réforme démocratique, en faveur de la violence pour le contrôle des ressources et d’un leadership irresponsable». Tout comme l’appartenance à des organisations qui ont une grande influence sur les pays du Sud global, parmi lesquelles les BRICS.

Enfin, l’auteure dudit article affirme, également avec amertume, que les événements contemporains, notamment en Ukraine, ont mis en lumière une nouvelle réalité internationale qui non seulement ne changera pas, mais qui semble au contraire se renforcer dans les années à venir, à mesure que les pays du Sud global s’unissent. Et qu’en ce sens, la Russie tentera d’en profiter en défendant la lutte anticoloniale pour avancer vers la réalisation de ses objectifs stratégiques.

Maintenant il faudrait certainement donner quelques réactions aux dits points de l’article concerné. Tout d’abord, ce n’est pas seulement la Russie qui considère les pays du Sud global comme la majorité mondiale, c’est tout simplement une question d’un minimum de bon sens et de statistiques. Les peuples non-occidentaux représentent ensemble l’écrasante majorité planétaire, que cela plaise à la minorité mondiale occidentale, ou pas.

En ce qui concerne la lutte anticoloniale, cela fait effectivement partie de l’histoire de la Russie – une lutte menée durant de bien longues années aux côtés des peuples qui se battaient pour leur indépendance et souveraineté. Une réalité historique que l’Occident ne pourra jamais changer, y compris dans la perception des pays et peuples concernés par ce soutien. D’autre part, le fait que la Russie soutient les nations qui souhaitent se libérer précisément aujourd’hui du néocolonialisme occidental – confirme que cela dépasse largement le cadre historique de la lutte anticoloniale et de la période qui s’en était suivie, dans le cadre des indépendances obtenues et de la période de la Guerre froide.

Le fait que jusqu’à aujourd’hui cela soit toujours d’actualité – c’est justement et précisément en raison que l’establishment occidental n’a toujours pas réussi à se défaire de sa mentalité coloniale et néocoloniale. Dans ses actions comme dans sa rhétorique. Et fort probablement ne saura jamais s’en défaire. En ce qui concerne le choc des élites occidentales et de leurs suiveurs quant au fait que pour l’écrasante majorité de la planète – les problèmes de l’Occident ne peuvent être considérés comme des problèmes du monde entier – cela n’est encore une fois que parfaitement logique. Une logique à laquelle l’Occident sera forcé de s’habituer.

Quant aux problèmes «systémiques» de certains pays auxquels fait référence le média espagnol, il aurait été tout de même correct de préciser à cause de qui et de quoi ces problèmes non seulement existaient, mais aussi prenaient de l’ampleur. Et que justement face à ces problèmes – la Russie apporte, dans un cadre mutuellement respectueux, des solutions non pas pour le court terme, mais bel et bien sur le long terme. Avec le soutien des autorités et des peuples concernés. Pour le bien de l’ordre mondial contemporain.

Et enfin, il serait peut-être temps également que les Occidentaux cessent de faire référence au concept ridicule et totalement dépassé de l’ordre mondial basé sur «des règles», en d’autres termes l’ère unipolaire, car l’écrasante majorité planétaire ne reconnait pas et plus ces pseudo-règles. La minorité occidentale peut vivre avec les règles qu’elle souhaite dans le cadre du petit espace planétaire qui la concerne. Mais cela ne s’appliquera guère ni aux principales puissances planétaires promotrices de l’ordre multipolaire contemporain, en premier lieu la Russie et la Chine. Ni aux pays justement du Sud global qui partagent les valeurs de la multipolarité.

D’un autre côté – qu’attendre d’un média issu d’une ex-puissance coloniale ne représentant rien sur le plan international aujourd’hui, et qui avait par la même occasion soutenu la dictature franquiste en Espagne? La réponse est probablement assez claire. L’essentiel étant que la peur monte au sein des nostalgiques d’une ère révolue, qui n’arrivent vraiment pas à se débarrasser de leur arrogance habituelle. Une arrogance et des faiblesses qui ne font d’ailleurs qu’accélérer les processus qui leur inspirent la peur en question. Quant au futur ordre international – il n’est pas futur, il est précisément actuel. A la seule différence que dans ce futur, il ne sera pas seulement multipolaire, mais également post-occidental.

Mikhail Gamandiy-Egorov

La Chine cherche à mettre en avant les BRICS dans la résolution du conflit israélo-palestinien

27.11.2023

L’Etat chinois continue de mettre en avant sa position, ainsi que celle des BRICS, pour faire valoir une solution politico-diplomatique aux tensions en cours en Palestine, qui peuvent avoir des répercussions majeures sur toute la région du Moyen-Orient. Si l’axe étasunien cherche au contraire à maintenir la spirale de violence, l’approche de Beijing et de ses partenaires stratégiques démontre que les partisans de la multipolarité ont une importante carte à jouer.

«Pour atténuer le conflit israélo-palestinien, le monde devrait écouter la voix des BRICS» – écrit le quotidien chinois anglophone Global Times. L’éditorial dudit média rappelle la position de la Chine sur ce dossier et insiste sur l’importance du rôle des BRICS dans la gestion de ce conflit qui dure depuis plusieurs décennies.

L’article de Global Times rappelle que le récent Sommet extraordinaire des BRICS en visioconférence du 21 novembre est la toute première conférence d’urgence consacrée à une question internationale dans l’histoire de l’organisation. Et qu’il s’agit également de la première réunion des dirigeants du bloc depuis son élargissement à de nouveaux membres en août de cette année. En qualité de plateforme de coopération la plus prestigieuse et la plus influente pour les nations émergentes et les pays en développement, la tenue d’un sommet spécial des BRICS à un moment critique du conflit israélo-palestinien marque un bon début pour une coopération accrue au sein de l’organisation.

Le média chinois rappelle également que comme l’a déclaré le chef d’Etat de la République populaire de Chine Xi Jinping – il est très opportun et très important que les pays des BRICS se réunissent et s’expriment en faveur de la justice et de la paix sur la question palestino-israélienne. En effet et à l’invitation du président sud-africain Cyril Ramaphosa, Xi Jinping a pris part audit sommet et prononcé un discours intitulé Œuvrer à un cessez-le-feu et réaliser une paix et une sécurité durable. Il a à ce titre proposé trois tâches urgentes.

Premièrement, les parties au conflit doivent mettre fin aux hostilités et parvenir à un cessez-le-feu immédiatement, mettre un terme à toutes les violences et attaques contre les civils, libérer les civils retenus en captivité, agir afin d’éviter de nouvelles pertes en vies humaines et épargner davantage de misères aux populations. Deuxièmement, les couloirs humanitaires doivent rester sûrs et libres, une aide accrue doit être fournie à la population de Gaza. Les punitions collectives infligées aux habitants de Gaza sous la forme de déplacements forcés ou de privation d’eau, d’électricité et de carburant doivent cesser.

Troisièmement, la communauté internationale doit prendre des mesures pratiques pour empêcher le conflit de déborder et de mettre en danger la stabilité du Moyen-Orient dans son ensemble. Par ailleurs le président Xi Jinping a souligné que le seul moyen viable de briser le cycle des violences du conflit israélo-palestinien réside dans la solution à deux Etats, tout en appelant à la convocation rapide d’une conférence de paix internationale faisant davantage autorité.

Maintenant il faudrait certainement aborder les perspectives de la position de la Chine dans le contexte aussi bien régional que global. Tout d’abord et effectivement la position constante de Beijing réside dans le fait que le conflit en Palestine ne peut être résolu qu’à travers la solution à deux Etats. C’est d’ailleurs une opinion partagée par la plupart des partenaires stratégiques de la Chine, dont la Russie.

La Chine souhaite effectivement mettre en avant le rôle de sa diplomatie, ayant été capable à la surprise de nombreux observateurs, notamment au sein de la minorité mondiale occidentale, à pousser à la normalisation des relations entre l’Iran et l’Arabie saoudite. Un événement qui était effectivement extrêmement important pour toute la région du Moyen-Orient et l’ensemble de l’ordre multipolaire international.

Néanmoins, il y a effectivement plusieurs obstacles pour l’approche politico-diplomatique chinoise. Dans le cas de l’Iran et de l’Arabie saoudite, malgré les innombrables efforts de Washington à faire maintenir et perdurer les tensions entre les deux grands pays du Moyen-Orient, ce qui a largement facilité la médiation chinoise était le fait que l’Iran – grande puissance régionale ayant d’ailleurs largement élargi son influence à l’internationale y compris au-delà de sa région d’appartenance – est un ferme partisan et promoteur, comme la Chine et la Russie, de l’ordre multipolaire mondial. Quant à l’Arabie saoudite – bien que longtemps considérée comme alliée du bloc occidental – la réalité est que le leadership saoudien actuel a scrupuleusement analysé au cours des dernières années les événements contemporains et s’est plus que considérablement rapproché des partisans de la multipolarité.

Ayant donc deux pays, ayant été par ailleurs invités à rejoindre les BRICS lors du dernier sommet de l’alliance en Afrique du Sud, qui comprennent l’importance de l’ordre multipolaire, la tâche chinoise dans la normalisation des relations irano-saoudiennes a été donc largement facilitée. Mais dans le cas du dossier Palestine-Etat sioniste – cela est beaucoup plus compliqué.

Tout d’abord en raison qu’Israël fait partie du club des nostalgiques de l’unipolarité, réunis au sein d’une évidente minorité mondiale, et représente le principal allié de Washington non seulement dans la région du Moyen-Orient, mais également dans le cadre de la politique intérieure comme extérieure étasunienne, quelle que soient les administrations US concernées. Avec tout ce que cela implique. D’autant plus que Washington n’a jamais cherché, comme dans tellement d’autres dossiers internationaux, à jouer un rôle constructif, sincère et juste dans le dossier israélo-palestinien, plus exactement dans l’injustice que subit le peuple de Palestine depuis plusieurs dizaines d’années. Une réalité notamment rappelée à plusieurs reprises par le président russe Vladimir Poutine.

Comptant sur le soutien de Washington et de ses vassaux occidentaux – l’Etat sioniste pense toujours être en mesure de vivre l’impunité dans ses crimes à l’encontre de la population palestinienne. Sauf qu’effectivement les rapports de force ont radicalement changé. Et cela – Washington comme Tel-Aviv commencent à le comprendre, sans le reconnaitre explicitement.

Car quoi qu’on en dise – et bien que le mouvement palestinien du Hamas se soit considérablement renforcé au cours des dernières années sur le plan de la résistance armée, en analysant les divers développements et techniques utilisées dans un conflit armé – il est encore loin des capacités de riposte des forces régionales de résistance. Surtout en comparaison avec le Hezbollah libanais, les forces armées du Yémen, ou encore la résistance irakienne, entre autres, dont les capacités de combat ne sont pas à présenter. Pour rappel, les dites forces ont joué un rôle plus qu’important dans la victoire sur les terroristes de Daech et d’autres groupes takfiristes – en Syrie comme en Irak.

Les frappes que mène aujourd’hui cette résistance régionale – à l’encontre aussi bien d’Israël que des bases illégales étasuniennes dans la région – ne représentent pour le moment que des piqures à l’encontre de l’ennemi, et non pas des combats à grande échelle. Et la perspective d’ouverture d’un large front régional représente une source d’extrême inquiétude aussi bien pour Washington que pour son allié israélien, malgré leur rhétorique qui prétend à être en position de force et à menacer les forces régionales de résistance. Nombreux aujourd’hui comprennent que des combats de large envergure à l’échelle régionale – ne seront certainement pas des parties de plaisir pour les USA et Israël et ne seront en rien semblables aux massacres de la population civile palestinienne. D’autant plus que même dans le cadre du front israélo-palestinien – les choses sont loin de se passer comme l’auraient souhaité les parties étasuniennes et israéliennes. Les pertes militaires et économiques sont plus que réelles et peuvent le devenir encore plus.

C’est certainement dans cette optique que la Chine et ses principaux alliés, y compris dans le cadre justement des BRICS, auront une carte importante à jouer. Car vivre une défaite politico-diplomatique stratégique pour les nostalgiques de l’unipolarité sera certes très douloureux, mais se retrouver face à un risque existentiel majeur – le sera beaucoup plus. Pour le moment Washington comme Tel Aviv prétend réfuter cette réalité, mais viendra le moment où il faudra bien sortir du monde parallèle artificiel dans lequel ces partisans d’une ère révolue continuent de vivre.

Mikhail Gamandiy-Egorov