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Le temps est-il venu à limiter plus grandement la propagande occidentale?

22.04.2024

Dans le cadre des événements contemporains à l’échelle mondiale, le camp des nostalgiques de l’unipolarité – conformément à sa posture d’hystérie et de rage largement grandissante, continue à miser sur les options visant à limiter encore plus la liberté d’expression – aussi bien dans le petit espace occidental qu’il contrôle, que dans l’idéal (pour lui) à une échelle plus large. Face à cela, il est aujourd’hui probablement impératif pour les partisans de la multipolarité à se préparer à des mesures de rétorsion efficaces et sur le long-terme.

Au moment où s’éloigne de plus en plus l’option d’un ordre multipolaire inclusif, qui inclurait le petit espace occidental au sein de l’ordre international contemporain, et que la multipolarité post-occidentale apparait de plus en plus comme une nécessité et une prochaine étape pour l’humanité, il est peut-être également grand temps à lancer le débat sur la manière à contrer la propagande qui émane de l’extrême minorité planétaire à travers des mesures supplémentaires et efficaces.

Il est vrai que les processus de rétorsion sont déjà en cours – cela avait déjà été abordé récemment par Observateur Continental. Néanmoins, il devient aujourd’hui assez évident qu’à l’heure actuelle il est nécessaire à ne pas s’arrêter en si bon chemin. En ce sens d’ailleurs, les décisions courageuses de plusieurs pays africains, y compris membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), devraient certainement inspirer d’autres grandes régions de la majorité non-occidentale.

Cela est d’autant plus nécessaire que face à la rage des régimes occidentaux, des nostalgiques de l’unipolarité et de leurs lobbys respectifs – après avoir déjà interdit plusieurs médias non-occidentaux, notamment russes, dans le petit espace occidental – les éléments concernés s’acharnent sur les autres grands médias issus de la majorité non-occidentale, et dont la ligne éditoriale déplait si fortement aux représentants de l’évidente minorité planétaire. Parmi les médias dans le viseur des haineux révisionnistes occidentaux – des médias chinois, iraniens, latino-américains et africains.

En parlant justement du continent africain – tout récemment la chaîne de télévision panafricaine Afrique Média – très populaire et suivie en Afrique comme au sein de la diaspora africaine – s’est vue supprimée sa page sur Facebook, appartenant au groupe étasunien Meta. Pour information, la page comptait plus d’un million d’abonnés. Confirmant une fois de plus l’absence de liberté d’expression au sein d’instruments à la solde de l’establishment otano-occidental, mais aussi et peut-être surtout le désespoir de ces derniers. Etant incapables à détruite la popularité d’un grand média continental et international – la censure, une fois de plus, reste pratiquement le seul instrument à la disponibilité de la minorité planétaire. Les campagnes de diffamation, de pressions politico-diplomatiques et de tentatives de soudoiement – n’ayant toutes rien apporté à leurs instigateurs.

S’il n’y a aucun doute que la direction d’Afrique Média prendra les mesures efficaces nécessaires et continuera sur sa lancée panafricaine et pro-multipolaire, il n’en demeure pas moins que la majorité mondiale doit dès à présent réfléchir à des mesures de rétorsion supplémentaires, et certainement radicales vis-à-vis de l’arrogant petit monde occidental et de sa propagande agressive. Surtout au moment où les acteurs et éléments néocolonialistes ne cachent plus leur désir à miser sur la désinformation et une nouvelle colonisation

Aussi et en termes de perspectives à venir, il est intéressant à se pencher sur la posture que devrait adopter à terme le réseau social qui continue son impressionnante montée en puissance à l’échelle globale – Telegram. A ce titre, la récente interview du journaliste américain Tucker Carlson avec Pavel Dourov – créateur et propriétaire de Telegram est particulièrement intéressante. 

Si dans l’interview en question – Dourov, l’un des grands génies russes du high-tech, apporte beaucoup d’informations intéressantes, le point peut-être particulièrement intéressant concerne sa vision vis-à-vis de la liberté d’expression et du respect de la vie privée des utilisateurs de sa plateforme. En résumé – Pavel Dourov considère que Telegram doit rester ouvert à toutes les opinions, aussi différentes soient-elles. En d’autres termes – aux partisans comme aux ennemis de l’ordre multipolaire international contemporain.

D’un côté, cela fait partie des valeurs certainement justes lorsqu’il s’agit à parler de liberté d’expression, dans sa composante la plus réelle. Néanmoins et connaissant les agissements de la minorité mondiale et des nostalgiques de l’unipolarité – cette approche pourra-t-elle être appliquée sur le long-terme ? Rien n’est moins sûr. D’autant plus que Telegram lui-même fait aujourd’hui partie des cibles privilégiées des régimes et des multinationales de l’Occident. Et que face à cela, Pavel Dourov, peut-être, devrait réfléchir dans un avenir plus ou moins proche, possiblement beaucoup plus proche que lointain, à prendre lui aussi des mesures vis-à-vis de la propagande occidentale et affiliée, qui ne cache pas sa rage et sa haine vis-à-vis des partisans et des plateformes propres à l’ère multipolaire actuelle.

Oui, cela représenterait une nouvelle étape d’évolution et de mesures très nécessaires vis-à-vis de ceux qui refusent obstinément à s’adapter aux réalités contemporaines mondiales, s’accrochant jusqu’au bout dans l’objectif à faire revenir leur diktat unipolaire, raciste et néocolonial. Chaque chose en son temps.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Comment la propagande occidentale subit le retour des flammes

06.03.2024

Les interdictions d’instruments médiatiques et expulsions de propagandistes en provenance de l’espace occidental font partie des événements contemporains qui enragent l’Occident, mais auxquels il va devoir fort vraisemblablement s’habituer. La lecture unilatérale des événements à l’échelle internationale, collage d’étiquettes et de clichés occidentaux sur des Etats souverains, participation aux déstabilisations à travers la désinformation en complicité avec les services de renseignement – ne représentent que quelques-uns des exemples pourquoi la propagande occidentale aura de plus en plus de mal à fonctionner vis-à-vis de la majorité mondiale.

Les régimes occidentaux, y compris celui de l’Hexagone, ont beau à accuser nombre de pays de campagnes médiatiques hostiles à leur encontre, le fait est que les dites accusations sont pour le moins anecdotiques lorsqu’il est bien connu que les instruments médiatiques appartenant à l’Occident et les propagandistes qui sont à leur service – propagent des campagnes de désinformation et de fake-news à l’encontre de leurs principaux adversaires géopolitiques et de tout pays ne se conformant pas à la vision occidentale des affaires internationales, depuis déjà de bien longues années. Les clichés propagés sont également fort bien connus: «dictatures», «régimes autoritaires», prétendues «violations des droits de l’homme», etc.

L’anecdote de la situation réside également dans le fait qu’en parlant justement de liberté d’expression et de la pluralité des opinions – ces notions fonctionnent à géométrie totalement variable dans l’espace occidental. Surtout lorsque les voix du monde non-occidental trouvent une importante appréciation à l’international.

En ce sens, les autorités de nombre de nations non-occidentales, notamment africaines, ont décidé de prendre les choses en main en fermant l’accès à des instruments médiatiques occidentaux, dont plusieurs hexagonaux, à leurs pays. D’autant plus que l’Afrique représente bien souvent la principale destination pour les propagandistes de l’Occident, et particulièrement ceux de l’Hexagone.

Ces ripostes d’Etats africains souverains, notamment ceux appartenant à l’Alliance des Etats du Sahel (AES), provoquent sans surprise l’hystérie et même la rage de la propagande occidentale. Et les mêmes instruments expriment sans vergogne leur «révolte» quant à la limitation de la prétendue «liberté d’expression», en fermant bien évidemment les yeux sur les multiples violations et limitations de la liberté d’expression justement dans leur propre petit espace occidental.

Idem en ce qui concerne nombre de propagandistes hexagonaux et occidentaux, qu’ils soient ouvertement affiliés à des instruments médiatiques de leur espace ou s’affichant «indépendants», mais qui de-facto participent ouvertement aux campagnes de diffamation à l’encontre de nations non-occidentales, et ce à divers endroits du monde – en Eurasie, en Afrique, Asie ou Amérique latine. Enumérer les dits propagandistes n’est aucunement nécessaire – ils sont parfaitement en mesure à se reconnaitre.

Pour revenir à l’Afrique, plusieurs sont les pays, et d’ailleurs pas seulement dans le cadre de l’Afrique francophone, qui ont décidé à prendre les mesures nécessaires. En arrêtant et en expulsant les propagandistes en provenance de l’Occident, surtout lorsqu’il s’agit d’agents affiliés aux services de renseignement occidentaux, participant à des missions d’infiltrations et de déstabilisations, le tout en violation totale des normes qui régissent le travail des médias dans les Etats concernés. «Exceptionnalisme» occidental oblige – les dits personnages ne considèrent évidemment pas nécessaire à devoir se conformer aux lois et normes nationales des pays en question. Mais pleurnichant à chaque fois qu’ils se font arrêter et/ou expulser par les autorités nationales des dits pays.

Mais le paradoxe réside également dans le fait que dans plusieurs pays des BRICS par exemple, notamment en Russie qui est aujourd’hui de-facto l’ennemi déclaré numéro 1 de la minorité planétaire représentée par les régimes occidentaux – nombreux sont les propagandistes hexagonaux et occidentaux qui y vivent paisiblement, tout en propageant les discours diffamatoires et désinformations en tout genre sur le pays d’accueil.

C’est probablement quelque chose qui devrait prendre fin prochainement. L’Etat russe ayant certes très longtemps démontré son ouverture à la pluralité des opinions, y compris vis-à-vis d’instruments médiatiques occidentaux, pourrait certainement dans un avenir proche commencer à s’inspirer des alliés et partenaires à l’international, et notamment d’Afrique, afin de prendre les mesures vis-à-vis de ceux qui considèrent que la liberté d’expression n’est applicable que vis-à-vis des prétendus «exceptionnels» et selon lesquels le pluralisme ne devrait même pas exister. Une chose est sûre – le retour des flammes ne fait encore que commencer.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Azerbaïdjan, Françafrique: le régime hexagonal cherche de nouveaux boucs émissaires pour ses propres échecs

01.03.2024

Le torchon brûle entre Bakou et le régime hexagonal macronien. Ce dernier n’hésitant d’ailleurs pas à accuser l’Azerbaïdjan de campagnes hostiles à l’encontre de Paris, y compris en ce qui concerne le système néocolonial de la Françafrique. Mais les gesticulations hexagonales ne font en réalité qu’à remettre en avant les échecs évidents de Paris et dont il est le seul responsable, mais pour lesquels il cherche toujours et désespérément des responsables extérieurs.

«Baku connection»: la France, un punching-ball de choix pour l’Azerbaïdjan – titre la chaîne hexagonale pour l’international France 24. En effet et pour la propagande hexagonale – l’Azerbaïdjan est désormais le nouvel accusé de Paris quant aux prétendues campagnes hostiles menées à l’encontre du régime macronien et de sa politique à l’international, y compris en Afrique.

S’il est vrai qu’il était grand temps d’ajouter quelques «fraîcheurs» sur le banc des accusés traditionnels, parmi lesquels la Russie, la Chine, l’Iran ou encore la Turquie – le cas azerbaïdjanais démontre surtout que face aux innombrables difficultés du régime français actuel – la liste des dits «accusés» ne fera que s’allonger très probablement davantage dans un avenir proche. Après tout – il est tellement plus facile de justifier ses propres échecs par la mise en accusation d’acteurs extérieurs, au lieu de se regarder de manière franche et honnête dans le miroir.

Il est vrai qu’en ce qui concerne ce dernier cas – ce n’est pas bien évidemment une particularité uniquement hexagonale, mais beaucoup plus caractéristique de la large partie des régimes occidentaux, lorsqu’il s’agit à chercher des boucs émissaires pour le rejet de leur politique à l’échelle du monde – mais néanmoins le cas hexagonal reste particulier. Particulier dans le sens que ledit régime prétend encore être une puissance internationale, mais de-facto observe la dure réalité que ce statut n’est plus du tout d’actualité.

De manière générale, oui – les autorités azerbaïdjanaises ont pris aujourd’hui une posture résolument opposée à celle du régime hexagonal. Sans raisons objectives à cela? C’est tout de même assez formidable d’observer l’incroyable mauvaise foi dudit régime et de ses sbires excités. Notamment lorsqu’il s’agit de mettre son nez dans des affaires régionales dont non seulement il ne possède aucune compétence digne de ce nom, ou surtout d’être l’élément par «excellence» lorsqu’il s’agit à ne pas respecter ses propres engagements.

Cela a été d’ailleurs observé déjà tellement de fois. Violation totale des engagements pris vis-à-vis de l’ex-président ukrainien Viktor Ianoukovitch, violation totale également des engagements de Paris dans le cadre des Accords de Minsk, campagnes de déstabilisations incessantes vis-à-vis d’Etats n’acceptant pas ou plus la politique d’arrogance et d’hypocrisie extrême du régime hexagonal, le tout avec implication de barbouzes en bonne et due forme, qui opèrent agressivement depuis de bien longues années – et ce aussi bien en matière de création d’insécurité, que de campagnes informationnelles de diffamation et de fake-news.

Et après cela, un pays comme l’Azerbaïdjan n’aurait pas le droit à prendre les mesures qu’il juge nécessaire, afin de faire face aux tentatives de déstabilisation qui émanent du régime macronien? Y compris en expulsant des diplomates français dont les activités sur le sol azerbaïdjanais étaient incompatibles avec leur statut, en prenant part récemment à Moscou au Forum des partisans de la lutte contre les pratiques néocoloniales, ou encore en mettant en place ses propres plateformes de coordination avec les mouvements anticoloniaux.

Quant au prétendu impact économique sur l’Azerbaïdjan dans le cas où les relations avec le régime macronien continueront à se détériorer – comme le prétendent certains éléments hexagonaux – il serait peut-être grand temps de se mettre à jour des développements contemporains. Des développements dans lesquels l’Azerbaïdjan peut compter ses des partenariats économico-commerciaux poussés avec la Turquie, la Russie, la Chine, l’Iran, l’Inde, le Turkménistan, sans oublier les nouvelles opportunités avec d’autres partenaires responsables, y compris en Afrique. A se demander d’ailleurs qui sera dans ce cas de figure plus perdant que l’autre…

Bien que ce dernier point soit encore si caractéristique de ce régime hexagonal, extrêmement arrogant et malhonnête, ainsi que de ses acolytes. A savoir – remettre toujours la responsabilité de ses propres échecs sur les autres, tout en continuant à maintenir un esprit purement néocolonial et déstabilisateur, avec même la fainéantise d’analyser les chiffres et statistiques – s’y mettant uniquement au moment lorsqu’il est déjà trop tard. Ne laissant alors que de la place à l’hystérie au summum.

Mikhail Gamandiy-Egorov

L’ordre mondial dominé par l’Occident n’est plus. Que cela plaise ou non aux Occidentaux.

16.02.2024

La Russie, en qualité de pays qui fut des années durant largement sous-estimé par les élites occidentales, y compris en ce qui concerne son importance pour l’économie internationale, a joué un rôle majeur dans les événements en cours qui confirment que la page du diktat occidental sur le monde est bel et bien tournée. Même du côté des analystes anglo-étasuniens – cette compréhension de la réalité contemporaine commence à faire son chemin.

Ce qui est tout de même paradoxal, c’est qu’une fois de plus lorsqu’il s’agit de traiter des différents rôles dans la «famille» otano-occidentale, le minimum de bon sens analytique se trouve plus souvent du côté des anglo-étasuniens. Paradoxal car d’un côté étant les principaux instigateurs et intéressés dans les tentatives ratées d’infliger une défaite stratégique à la Russie, ayant à ce titre mobilisé tout le petit monde appelé Occident collectif, mais de l’autre étant bien souvent les premiers à reconnaitre, certes avec amertume, les succès de la Russie. Le tout pendant que les instruments médiatiques de nombre de régimes occidentaux, notamment hexagonaux et d’autres, continuent à vivre dans des illusions d’un monde révolu. Au même temps, cela n’est pas si étonnant que cela. Après tout le rôle attribué aux vassaux – est ce qu’il est.

Un article récent est paru chez Responsible Statecraft  magazine en ligne du célèbre think-tank étasunien Quincy Institute for Responsible Statecraft – groupe de réflexion spécialisé dans la politique étrangère US. Son auteur Michael Corbin possède près de 30 ans d’expérience de travail dans le milieu universitaire, au sein du gouvernement fédéral étasunien et auprès de divers groupes de réflexion couvrant les questions commerciales et économiques liées à la Russie et à l’Eurasie.

L’article traite des aspects géoéconomiques et géopolitiques, notamment de la résistance et de l’adaptation de Moscou aux sanctions unilatérales occidentales, adoptées à son encontre. Selon l’auteur, les solutions russes en matière de contournement des sanctions imposées par l’Occident – ont le potentiel de perturber «l’ordre mondial fondé sur des règles», voire de le miner.

Evidemment et en ce qui concerne ce point – l’ordre mondial fondé sur des règles – les règles de la minorité planétaire occidentale – faut bien le préciser – n’existe plus. Et il faut garder à l’esprit que les anglo-étasuniens, à l’instar des autres régimes occidentaux, n’ont toujours pas reconnu officiellement l’ordre multipolaire international. Dans tous les cas et dans le cadre dudit article, de nombreux points intéressants ont été soulevés.

Tout d’abord, Michael Corbin rappelle qu’à la période de janvier 2024 – la Russie fait l’objet de plus de 28 000 sanctions occidentales, sur lesquelles – 16 000 ont été imposées à des personnes physiques, près de 10 000 à des entreprises et 3200 à des institutions. L’analyste étasunien rappelle également que des sanctions sectorielles à l’encontre de Moscou ont été établies, notamment des embargos commerciaux sur le gaz et le pétrole russe. A ce titre, Corbin indique que si les objectifs des dites sanctions avaient pour objectif à «entraver l’effort de guerre» de la Russie, ainsi qu’à fomenter une instabilité économique et politique à l’intérieur du pays – la plupart des objectifs n’ont tout simplement pas été atteints.

La Russie ayant maintenu ses activités militaires en Ukraine, tandis que les récentes prévisions du FMI prévoient une croissance de 2,6% en 2024 – le tout à un moment où de nombreux pays de l’UE se dirigent vers la récession dans un contexte d’incertitude politique importante dans le cadre de l’année en cours – rappelle également Corbin. L’expert US indique par la même occasion que les conséquences des dites sanctions étaient également dans le fait que la Russie a renforcé son pivot commercial vers l’Est et le Sud et qu’à l’issue des neuf premiers mois de 2023 – le volume des échanges économico-commerciaux de la Russie avec d’autres pays a atteint 530,2 milliards d’équivalent de dollars.

Le principal partenaire économico-commercial, et de loin, de la Russie étant la Chine, au moment où les échanges ont activement augmenté également avec de nombreux autres pays, dont l’Inde. Corbin note également qu’au-delà de l’aspect géoéconomique, l’Etat russe s’est engagé dans un large éventail d’activités diplomatiques, allant des négociations bilatérales, y compris avec des pays comme justement l’Inde ou l’Iran, aux efforts visant à élargir l’adhésion et la portée géopolitique des BRICS et de l’Union économique eurasiatique.

En ce qui concerne précisément l’expansion des BRICS, Corbin considère que cela est remarquable non seulement d’un point de vue économique, mais également et significativement dans un contexte géopolitique. Selon lui, l’adhésion de pays du Moyen-Orient et d’Afrique donne au groupe une plus grande présence encore le long des principales routes maritimes et commerciales. Tout comme cela augmente par la même occasion la part des BRICS dans la production pétrolière mondiale à hauteur de 43%, à hauteur de 25% pour la part des exportations. Cela sans oublier que les Etats membres des BRICS représentent ensemble 72% des éléments de terres rares mondiaux – essentiels aux armes hautement technologiques et aux biens de consommation, notamment les circuits imprimés et les téléphones portables.

Enfin, Michael Corbin considère que les initiatives continues de la Russie dans la sphère géopolitique internationale doivent être suivies de près. Et que les capacités russes, y compris en matière de faire face aux sanctions occidentales, ainsi que le savoir-faire lié au contournement de ces sanctions, surtout dans le cadre des événements constamment en évolution – pourraient effectivement perturber «l’ordre mondial fondé sur des règles», voire le miner. Tout en ajoutant que par conséquent, une politique d’engagement constructif et sans restriction dans les relations commerciales et économiques à l’échelle mondiale doit être un outil clé de la diplomatie commerciale pour les décideurs politiques occidentaux à l’avenir. Cela impliquerait une plus grande retenue des politiques de sanctions sévères qui ne font que réduire l’accès des pays occidentaux aux biens essentiels et conduire à une inflation mondiale plus élevée, dont le poids est supporté par les consommateurs des classes moyennes et inférieures.

Maintenant et en termes de perspectives. Le principal intérêt à observer dans l’analyse dudit expert étasunien est qu’au-delà d’avoir soulevé plusieurs données importantes, y compris en ce qui concerne l’interaction à succès de la Russie avec le monde non occidental, représentant ensemble la majorité mondiale de l’humanité, c’est précisément l’aveu de l’échec des sanctions unilatérales occidentales à l’encontre de Moscou.

D’ailleurs son appel aux futurs décideurs occidentaux – à ne pas privilégier désormais les sanctions dans les relations internationales – est au-delà de la reconnaissance de l’échec d’une telle approche vis-à-vis de grandes puissances indispensables dans tellement de domaines stratégiques, et plus généralement parlant vis-à-vis de tous les Etats libres et souverains du monde, est aussi et surtout un sérieux avertissement quant au risque pour l’avenir de l’Occident dans le cadre des réalités contemporaines. Surtout au vu de la dépendance des Occidentaux vis-à-vis de très nombreuses matières stratégiques appartenant à la majorité mondiale non-occidentale.

Evidemment et en ce qui concerne la mention du prétendu «ordre mondial fondé sur des règles», en d’autres termes l’ère unipolaire – dépassée et révolue, il faut encore une fois garder en mémoire que ledit analyste est non seulement étasunien, mais d’autant plus lié à l’establishment US. Et évidemment pour ceux ayant le plus profité du diktat unipolaire – il reste particulièrement difficile à devoir admettre et reconnaitre l’ordre multipolaire international contemporain. Dans tous les cas – reconnaissance occidentale ou pas – les partisans et défenseurs de la multipolarité continueront à faire ce qu’ils ont à faire, n’en déplaise à la minorité planétaire occidentale. C’est cela l’essentiel.

Et encore une fois – peut-être que les vulgaires propagandistes européistes, continuant à vivre dans l’illusion d’un monde où ils restent prétendument «exceptionnels» et «supérieurs» – devraient commencer à s’intéresser aux analyses de leurs maîtres étasuniens, qui bien qu’étant résolument opposés à la multipolarité, ont au moins le mérite à reconnaitre, parfois, des réalités devenues totalement évidentes.

Mikhail Gamandiy-Egorov

La rage des anglo-étasuniens et la patience stratégique de l’Iran

15.01.2024

Washington et Londres cherchent l’escalade à l’échelle internationale. Se trouvant en difficulté évidente sur tous les fronts, les deux régimes tentent désormais à trouver désespérément les moyens à casser la patience stratégique de leurs principaux adversaires à l’échelle internationale, parmi lesquels bien évidemment l’Iran.

Les frappes britanno-étasuniennes menées contre le Yémen constituent une fois de plus non pas une quelconque démonstration de force de la part de l’axe anglo-saxon, mais bien plutôt un signe désespéré quant au fait que leurs scénarios tant désirés ne se déroulent pas comme prévu. Les raisons ne manquent pas. Echec de la fameuse contre-offensive otano-kiévienne de l’été dernier, et dans laquelle les stratèges britanniques et étasuniens avaient joué un rôle clé, échec également en cours au Moyen-Orient où malgré les innombrables pertes civiles palestiniennes – Washington, Londres comme Tel-Aviv n’arrivent pas à atteindre leurs objectifs. Le tout à l’heure où les forces de résistance régionale – au Liban, en Irak, en Syrie comme au Yémen ont montré leur détermination en réalisant des frappes limitées efficaces contre les nostalgiques de l’unipolarité – sans pour autant utiliser pour le moment tout leur potentiel.

Evidemment et dans cette configuration régionale explosive – les ennemis de la paix internationale cherchent par tous les moyens de faire impliquer directement l’Iran. Au moment où il est devenu définitivement clair que l’Etat sioniste, le grand allié régional des anglo-étasuniens, n’est certainement pas la principale puissance régionale. Et qui en subissant déjà de nombreuses difficultés sur le terrain face à la résistance palestinienne – se retrouve par la même occasion dans une situation économique très compliquée.

L’Iran pour autant continue de faire preuve de patience stratégique, en soutenant ses alliés régionaux, qui font preuve d’efficacité avec des dépenses incomparablement inférieures à celles de l’axe Washington-Londres-Tel-Aviv. De nouvelles sanctions éventuelles de la minorité mondiale occidentale contre l’Iran n’y changeront également rien car la nation perse étant l’un des deux pays, avec la Russie, les plus visés par ces sanctions unilatérales illégales – a parfaitement démontré être en mesure à pouvoir les surmonter. Et ce avant même les nouvelles opportunités qui se sont offertes à Téhéran via le renforcement encore plus important des liens avec Moscou et Beijing, l’adhésion officielle aux BRICS, la normalisation des relations avec l’Arabie saoudite, la dédollarisation en cours et les nouveaux grands projets dans l’espace eurasiatique.

C’est précisément cela qui gêne tellement l’axe otanesque occidental et tous les nostalgiques d’une ère révolue. N’étant plus capables de dicter leur loi sauvage au monde entier, ils se rendent compte également que le temps joue en faveur des partisans de l’ordre mondial multipolaire contemporain. Et ce – sur tous les fronts. De-facto cette impuissance enrage les anglo-étasuniens qui espèrent à travers leurs crimes pousser l’adversaire à la faute. Sauf qu’ils doivent garder en mémoire que seule une agression directe contre le territoire iranien poussera Téhéran à riposter beaucoup plus fermement que ce n’est le cas aujourd’hui, avec toutes les conséquences aussi bien pour les dizaines de milliers de militaires US présents dans la région, de même qu’en ce qui concerne l’existence ultérieure du régime israélien.

Une chose est sûre – le chaos, qui constitue la base même des régimes étasunien et britannique, se retourne contre ses instigateurs. Ceci étant dit – les flammes qu’ils reçoivent en retour déjà aujourd’hui sont loin de représenter le véritable potentiel de riposte qui peut frapper les pires criminels de l’histoire de l’humanité.

Mikhail Gamandiy-Egorov

L’OCS: la Biélorussie sera membre à part entière

11.01.2024

L’adhésion en qualité de membre de plein droit de la République de Biélorussie à l’Organisation de coopération de Shanghai devrait être finalisée au cours des prochains mois. Ainsi l’autre des principales organisations pro-multipolaires représentant par la même occasion le grand espace eurasiatique connaîtra l’élargissement cette année. Une perspective particulièrement importante dans le cadre des événements contemporains.

Après la signature par le président biélorusse Alexandre Loukachenko du mémorandum sur l’engagement du pays à devenir membre de plein droit de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) fin novembre dernier, les choses s’accélèrent et confirment que ladite adhésion devrait être finalisée très probablement d’ici l’été 2024.

Encore plus récemment – le 29 décembre 2023 – a été adoptée la résolution du Conseil des ministres sur l’adhésion de la Biélorussie aux traités internationaux et la mise en œuvre des obligations internationales dans le cadre de l’OCS. Les dites étapes confirment les déclarations précédentes des responsables biélorusses quant à l’adhésion rapide du pays au sein de l’organisation.

Pour rappel, l’Organisation de coopération de Shanghai a été créée en 2001 par la Chine, la Russie, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Kirghizistan et le Tadjikistan. Auxquels se sont joints ensuite en qualité de membres à part entière l’Inde et le Pakistan en juin 2017, puis l’Iran en juillet 2023. La Biélorussie, qui était jusque-là avec la Mongolie membre observateur de l’organisation – deviendra donc le dixième Etat membre de plein droit de l’OCS.

Parmi les partenaires de dialogue de la grande organisation internationale eurasiatique et pro-multipolaire se trouvent l’Azerbaïdjan, l’Arménie, le Bahreïn, l’Egypte, le Qatar, le Cambodge, le Koweït, les Maldives, le Myanmar, le Népal, l’Arabie saoudite, la Turquie, le Sri Lanka, ainsi que les Emirats arabes unis. Symbolique ou pas – le fait est qu’avec la très prochaine adhésion de la Biélorussie à l’OCS dans les prochains mois, l’organisation comptera dix membres à part entière, tout comme les BRICS – également désormais composés de dix membres.

Ce qui rassemble également l’OCS avec les BRICS est le poids démographique (plus de 40% de la population mondiale) et économique (25% du PIB mondial, en augmentation de plus de 13 fois par rapport à 2001, lorsque l’organisation a été créée). Dans le cas des BRICS faut-il encore rappeler que l’organisation sur la base uniquement des cinq premiers Etats membres (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) a déjà dépassé en termes de PIB combiné à l’issue de l’année 2022 le club du G7, composé de plusieurs régimes occidentaux + Japon, longtemps considéré comme le regroupement des pays les plus riches et les plus industrialisés du monde.

L’autre point essentiel dans les similitudes entre l’OCS et les BRICS étant bien évidemment le soutien de ses membres à l’ordre multipolaire international contemporain, et le fait de représenter la véritable notion de communauté internationale. La seule différence marquante entre les deux structures étant que l’OCS représente géographiquement parlant le grand espace de l’Eurasie, tandis que les BRICS comptent les membres de tous les principaux continents de la planète.

Mais l’adhésion de la Biélorussie concerne également un autre aspect, non des moindres. Longtemps considéré comme faisant partie uniquement de l’Europe et se trouvant dans le viseur des multiples déstabilisations en provenance du petit espace arrogant nommé Union européenne – Minsk se détache désormais une bonne pour toute d’un espace n’ayant aucune perspective intéressante, pour se consacrer pleinement à la Grande Eurasie, aux côtés des principaux promoteurs et membres de l’ordre multipolaire. Également pour rappel – la Biélorussie est l’un des Etats membres de l’Union économique eurasiatique et aspire par ailleurs à intégrer à terme les BRICS.

Fait paradoxal est qu’au moment de la chute de l’URSS, une certaine Ukraine voisine était plus développée économiquement que l’Etat biélorusse, sachant d’autant plus que la Biélorussie ne dispose pas de larges ressources naturelles. Pour autant cela n’a pas empêché Minsk depuis de nombreuses années à renforcer sa place d’une des républiques ex-soviétiques les plus développées économiquement, aux côtés de la Russie et du Kazakhstan, et dont la production (aussi bien agricole que le savoir-faire technologique) s’exporte avec succès. La Biélorussie alliant parfaitement une agriculture saine et demandée, des équipements et technologies destinés à de nombreux secteurs qui s’exportent aux quatre coins du monde, dont beaucoup en Afrique, et un secteur informatique parmi les plus performants. Loin du marasme que vit l’Ukraine, un marasme largement indépendant des événements en cours dans l’opposition entre la Russie et l’axe otanesque.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Journaliste malien: la Russie et l’ère nouvelle

20.12.2023

Le bourbier si souhaité par Washington et l’axe occidental à l’encontre de la Russie se retourne contre ses instigateurs, Moscou devenant le véritable contrepoids à la volonté hégémonique de l’Occident. Telle est la vision d’un journaliste malien qui reflète par la même occasion l’opinion d’un grand nombre d’Africains et de partisans de l’ordre multipolaire à l’échelle planétaire.

Un article est paru sur le média malien Mali Actu, intitulé Vladimir Poutine: la Russie s’apprête à un nouveau monde, écrit par le journaliste Mamadou Makadji. L’auteur y mentionne lusieurs aspects, dont la confirmation de participation du chef de l’Etat russe aux élections présidentielles en Russie l’année prochaine, le déroulement de l’Opération militaire spéciale, ainsi que le positionnement de Moscou en qualité de contrepoids efficace face au bloc occidentalo-otanesque.

Comme le souligne l’auteur dudit article – malgré la ferme volonté de Washington à vouloir contenir la Russie en engageant une guerre par procuration à son encontre, les décisions prises par le leadership russe, y compris dans le cadre militaire, ont permis d’inverser le cours de la guerre. Mamadou Makadji rappelle également qu’à l’heure actuelle, les forces russes avancent sur les 900 km de la ligne de front et leur élan pourrait les porter jusqu’à l’autre côté du Dniepr. La Crimée et la mer Noire ne sont pas en grand danger, tandis que les quatre nouveaux territoires sont riches en ressources et la Russie contrôle tous les ports de la mer d’Azov.

Le média malien indique par la même occasion que Vladimir Poutine à travers ses décisions prises depuis le lancement de l’Opération militaire spéciale a également brillamment bidouillé les politiques économiques et sociales afin d’épargner aux Russes ordinaires les privations habituelles caractéristiques d’une économie de guerre. Enfin et toujours selon l’article en question – Poutine a dispersé l’objectif des USA visant à piéger la Russie et la mettre dans un bourbier apparent qui allait l’affaiblir.

Au final – la Russie est devenue un contrepoids de plus en plus efficace à l’hégémonie occidentale. Enfin et selon le journaliste malien, la réélection de Poutine en 2024 marquera le début d’une nouvelle ère pour l’Etat russe. La guerre en Ukraine a mis fin à l’ordre mondial post-guerre froide et a ouvert la voie à une nouvelle confrontation entre les deux principes géopolitiques antagonistes: le principe anglo-saxon «diviser pour régner» et le principe continental «unir pour diriger».

En termes de perspectives, Mamadou Makadji a fort bien résumé la situation qui prévaut aujourd’hui entre non seulement l’Occident et la Russie, mais beaucoup plus généralement parlant entre les nostalgiques d’une ère révolue regroupés autour d’une minorité planétaire d’un côté et les forces soutenant l’ordre multipolaire international contemporain de l’autre, regroupant les principales puissances mondiales non-occidentales, pouvant s’appuyer sur le soutien et les sympathies d’une large majorité du monde.

D’autre part et ce qui est très important dans l’article en question, c’est la mention de l’affrontement entre les anglo-saxons vivants sur le principe de diviser pour régner, en propageant le chaos à l’échelle planétaire et les partisans du principe justement continental qui vise à unir pour gérer ensemble les affaires internationales. Cette notion traduit effectivement parfaitement bien la vision même de l’espace eurasiatique et de toutes les autres grandes régions du monde, faut bien préciser – régions non-occidentales, à savoir s’unir, travailler et prospérer ensemble.

Aussi, et c’est un point également particulièrement important – c’est que cette vision, n’en déplaise aux représentants de l’extrême minorité planétaire représentée par l’establishment de l’Occident, traduit largement la vision d’un très grand nombre d’Africains et d’autres peuples représentant précisément ensemble la majorité mondiale. Une notion que peut réfuter autant qu’elle le souhaite la minorité planétaire terrestre, le fait est qu’elle ne sera aucunement en mesure à stopper désormais la voie engagée entre la Russie, la Chine, les autres grandes forces non-occidentales du monde, les nations du Sud global, dont bien évidemment celles du continent africain, une fois de plus – la majorité planétaire mondiale.

Et cette voie c’est celle des relations mutuellement bénéfiques, respectueuses de la véritable diversité du monde et des valeurs des peuples, des relations qui n’ont de-facto aucun intérêt pour les problèmes d’une minorité qui doit tout simplement s’accepter comme telle. Il en sera ainsi et pas autrement.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Les BRICS plus que jamais en position de force

23.11.2023

L’alliance des BRICS continue d’être une grande source d’attractivité pour de nombreux pays à l’échelle mondiale. Le nombre de ceux qui souhaitent faire partie du bloc lors des prochaines étapes d’élargissement dépasse largement les quelques obstacles placés par l’establishment occidental sur le chemin de l’organisation pro-multipolaire.

Le Pakistan souhaite adhérer aux BRICS. C’est ce qu’a affirmé l’ambassadeur pakistanais en poste en Russie Muhammad Khalid Jamali qui a également déclaré espérer obtenir le soutien de Moscou dans cette démarche. Pour rappel, Islamabad fait déjà partie d’une autre grande organisation internationale pro-multipolaire, en l’occurrence l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), aux côtés de la Russie, de la Chine, du Kazakhstan, de l’Ouzbékistan, du Kirghizistan, du Tadjikistan, de l’Inde et de l’Iran.

24ème économie mondiale en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat, 5ème puissance démographique et 7ème puissance militaire du monde, le Pakistan en qualité par ailleurs d’un membre important du grand espace eurasiatique aurait logiquement toute sa place au sein des BRICS, comme c’est déjà le cas depuis plusieurs années dans le cadre de l’OCS.

A cela s’ajoute la longue liste des autres candidatures aux quatre coins du monde – de pays aspirant eux aussi à rejoindre les BRICS. Parmi ces pays l’Indonésie (7ème économie du monde en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat), le Vietnam ou encore le Kazakhstan, entre autres. Et c’est certainement cela qui constitue la meilleure réponse à ceux qui en Occident auraient souhaité jubiler quant aux récentes élections présidentielles en Argentine, lors desquelles le scrutin a été remporté par un candidat d’extrême-droite, populiste, pro-étasunien et opposé aux BRICS, du moins dans sa rhétorique actuelle.

Dans le cas justement argentin, il faut se rappeler que les BRICS représentent une organisation démocratique, et si le nouveau pouvoir de Buenos Aires décidera à ne se joindre à l’alliance – personne ne l’en empêchera. D’autant plus que techniquement parlant l’Argentine ne pourra officiellement devenir membre du bloc que courant début 2024. Un refus donc à le faire signifierait simplement que le pays pourrait éventuellement quitter le projet, du moins pour le moment, sans l’avoir officiellement rejoint.

Il est d’ailleurs intéressant d’observer aujourd’hui la rhétorique de l’establishment politico-médiatique occidental, ayant pris une vilaine habitude de traiter les forces souverainistes et progressistes d’Amérique latine de «populistes», sachant que la seule et véritable raison pour une telle hostilité étant l’opposition des dits leaderships à la domination occidentale, se réjouir aujourd’hui de l’élection précisément d’une administration extrêmement populiste en Argentine, un populisme libéral d’ailleurs qui rime avec – clownerie.

Cela sans oublier un autre point essentiel qui est précisément économique. Les deux principaux partenaires économico-commerciaux de Buenos Aires étant précisément la Chine et le Brésil, qui étaient par la même occasion les principaux soutiens de la candidature argentine au sein des BRICS. Et si la nouvelle administration politique argentine se mettait à dos Beijing et Brasilia – les conséquences économiques directes pour le pays pourraient être, dans le pire scénario bien évidemment, assez catastrophiques.

De manière générale, le cas de l’Argentine doit faire l’objet d’analyses au sein des membres de l’alliance, pour tenir compte dans la suite des événements des candidatures de pays possédant un puissant lobby pro-occidental. Une chose est néanmoins sûre – dans le cas de l’annulation provisoire de l’adhésion argentine au sein des BRICS – le perdant sera précisément Buenos Aires, du moins son actuelle administration, et non pas le bloc pro-multipolaire.

D’autre part et en parlant d’Amérique latine – plusieurs autres candidats qui aspirent à rejoindre l’organisation le méritent amplement, dont bien évidemment Cuba, le Venezuela ou encore la Bolivie. Dans tous les cas et au vu de la longue liste des candidatures actuelles et à venir qui aspirent à devenir membres de l’alliance – le Sommet des BRICS de 2024 en Russie a toutes les chances de devenir tout aussi historique que celui de l’Afrique de cette année. Et c’est précisément cela être en position de force.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Les difficultés de Washington à jouer au gendarme mondial

15.11.2023

Les analystes occidentaux reconnaissent aujourd’hui les difficultés évidentes pour Washington dans ses tentatives à vouloir maintenir le rôle de prétendu «gendarme» mondial. Parmi les principales sources de préoccupation occidentale se trouve la coordination internationale entre la Russie, la Chine et l’Iran et les forces promouvant l’ordre multipolaire.

Un article a été publié dans le quotidien économique et financier britannique Financial Times intitulé La Chine, la Russie, l’Iran et la perspective d’un retrait américain. L’auteur Gideon Rachman y traite des difficultés actuelles des Etats-Unis à l’échelle internationale et des défis simultanés quant à leur rôle longtemps dominant en matière sécuritaire en Asie, en Europe et au Moyen-Orient.

L’auteur en question rappelle notamment que l’actuel président des USA n’est pas qu’un vieil homme, mais également un représentant d’une idée ancienne, qui remonte aux années 1940. A savoir que son pays et le « reste du monde » seront plus en «sécurité» si les Etats-Unis jouent le rôle de gendarme mondial.

La perspective du retour de Donald Trump à la Maison Blanche l’année prochaine soulève selon l’article du Financial Times un énorme point d’interrogation quant à l’avenir du leadership mondial de l’Amérique. Au cours de son premier mandat, il a flirté avec la possibilité de retirer les Etats-Unis de l’Otan. Dans le cadre d’un second mandat, il pourrait effectivement aller jusqu’au bout. Et s’il poursuivait la version la plus radicale de son idéologie «l’Amérique d’abord», une deuxième administration Trump pourrait rompre complètement avec l’idée selon laquelle il est dans l’intérêt des USA de soutenir les dispositifs de sécurité dans trois des régions les plus stratégiques du monde, à savoir l’Europe, l’Asie du Nord-Est et le golfe Persique.

Toujours dans cet article, il est indiqué que dans chacune de ces régions, les Etats-Unis font désormais face à un challenge actif, qui s’impatiente de les voir partir. En Europe, ce challenger étant la Russie. En Asie – c’est la Chine. Et au Moyen-Orient – l’Iran. Gideon Rachman rappelle également que les trois pays travaillent de plus en plus étroitement ensemble et qu’ils promeuvent tous avec enthousiasme l’idée d’un monde multipolaire – qui est un code pour définir la fin de l’hégémonie étasunienne.

Un autre point mentionné par Financial Times étant que Washington a de plus en plus de mal à pouvoir jouer simultanément le rôle de gendarme dans les trois grandes régions citées ci-haut. Maintenant et en termes de perspectives, il faudrait certainement aborder plusieurs points.

Tout d’abord et en ce sens l’opinion dudit analyste occidental est correcte, c’est effectivement le fait que la Chine, la Russie et l’Iran ont connu non seulement un rapprochement sans précédent et que les trois nations promeuvent effectivement l’ordre multipolaire international, mais également coordonnent de plus en plus activement leur politique multilatérale à l’échelle régionale comme mondiale. Tout comme le fait que Washington ne saura effectivement être capable à pouvoir faire face à plusieurs fronts simultanés. D’ailleurs y compris même dans le cadre d’un seul front réellement actif comme c’est le cas depuis l’année dernière et jusqu’à présent.

D’autre part, s’il est effectivement vrai que les USA malgré tous les outils de déstabilisation à leur disposition – des vassaux obéissants jusqu’aux instruments qu’ils utilisent pour sanctionner unilatéralement des Etats souverains, en passant par le dispositif militaire regroupé au sein de l’axe otanesque, il est néanmoins aujourd’hui considéré que ledit régime étasunien ne peut aucunement prétendre à un quelconque rôle de « gendarme » international. En dehors évidemment de ceux qui soutiennent une telle option.

Dans tous les cas – ni Moscou, ni Beijing, ni Téhéran ne reconnaissent tout simplement pas ce statut autoproclamé de l’ex-hégémon mondial. Et avec les principaux promoteurs de la multipolarité – toutes les nations qui se revendiquent également de l’ère multipolaire contemporaine. C’est ainsi et pas autrement. N’en déplaise précisément aux vassaux de Washington et à tous les nostalgiques de l’époque d’injustice unipolaire.

Par ailleurs, il est certainement erroné de la part des analystes occidentaux à penser qu’un changement d’administration aux USA puisse être déterminant pour l’avenir mondial. Car quel que soit l’occupant à la Maison Blanche washingtonienne – et bien qu’il puisse même vouloir quelques changements, l’establishment étasunien est constitué d’une telle façon que rien ne peut pouvoir garantir un quelconque développement positif pour la posture internationale du régime US.

Et de manière encore plus générale – les grandes civilisations que sont la Chine, la Russie, l’Iran et leurs alliés respectifs – n’ont point besoin de suivre l’agenda politique étasunien interne pour pouvoir faire triompher l’ordre multipolaire. Et d’ailleurs les années précédentes et les événements en cours le démontrent parfaitement. L’axe de l’extrême minorité occidentale peut mettre autant de bâtons dans les roues des partisans résolus de la multipolarité, l’agenda en cours continuera à aller de l’avant. Avec parfois quelques ralentissements, mais qui ne changeront rien à l’objectif final.

Enfin et pour répondre à la notion de régions stratégiques dans la vision occidentale des choses, si l’Asie du Nord-Est, le Moyen-Orient et plus globalement parlant le grand espace eurasiatique sont effectivement des régions stratégiques pour l’avenir mondial, l’Europe dans sa version bruxelloise et vassale de Washington ne représente aujourd’hui de-facto aucune portée stratégique à l’échelle du monde. Du moins actuellement.

Par ailleurs et en dehors de l’Eurasie – l’Afrique et l’Amérique latine sont elles aussi des régions stratégiques dans le cadre de l’ordre multipolaire international contemporain. Et leur influence ne fera qu’augmenter. C’est de cela qu’il s’agit précisément. Enfin – un tout dernier point. Les amateurs de poker ne sauront jamais être à la hauteur de joueurs d’échecs – aussi rusés et bluffeurs puissent être les pokéristes. Il y a la civilisation et l’absence de civilisation. Et cette dernière notion concerne également tous ceux qui bien qu’ayant prétendu représenter des civilisations ne peuvent aujourd’hui pouvoir en être affiliés. En raison tout d’abord des crimes de masse commis à l’échelle planétaire et aussi en raison d’avoir fait le choix du camp de la non-civilisation. Les régimes occidentaux se reconnaitront tous sans difficulté.

Mikhail Gamandiy-Egorov

L’Iran et le monde multipolaire: regard de l’Inde

07.11.2023

L’Iran est un acteur important du monde multipolaire selon l’analyse d’experts indiens. Cette vision démontre également que les tentatives de créer des divisions au sein des pays adhérant au concept multipolaire mondial sont vouées à l’échec. Et que malgré quelques différences de visions, les intérêts communs entre les partisans de l’ordre multipolaire restent indéniablement plus importants que ces quelques différences.

Un article intéressant a été publié il y a quelques jours par le Conseil indien des Affaires mondiales (ICWA) – probablement le principal think tank de l’Inde, créé en 1943 et basé à New Delhi. Son conseil d’administration est notamment composé de Jagdeep Dhankhar et Subrahmanyam Jaishankar – respectivement Vice-président et ministre des Affaires étrangères de la République indienne.

L’auteur de l’article, Dr. Lakshmi Priya – chercheuse et membre d’ICWA, analyse le rôle de la République islamique d’Iran dans le cadre du monde multipolaire actuel. L’experte indienne y note plusieurs points importants.

Tout d’abord, l’auteur rappelle que l’année 2023 a marqué plusieurs orientations importantes pour l’Iran. Parmi ces orientations – l’adhésion en qualité de membre de plein droit à l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et aux BRICS, ainsi que la normalisation des relations avec l’Arabie saoudite après plusieurs années de tensions.

Elle rappelle également que l’Iran adhère pleinement à un ordre mondial multipolaire avec la ferme certitude que l’ère unipolaire touche à sa fin. Les liens de Téhéran de plus en plus étroits avec la Russie et la Chine et plus généralement parlant – son orientation stratégique vers l’Est – auront largement contribué à renforcer ce soutien à la multipolarité. Par ailleurs et afin de renforcer encore plus ce positionnement en faveur de l’ordre multipolaire, le chef d’Etat iranien Ebrahim Raïssi a effectué des visites dans plusieurs pays d’Amérique latine, dont le Venezuela, Cuba et le Nicaragua en juin de cette année, en renforçant ainsi l’alliance avec les Etats qui s’opposent eux aussi au système basé sur un pouvoir hégémonique unilatéral.

Lakshmi Priya indique également que les tensions entre l’Iran et les Etats-Unis restent au plus haut niveau, des tensions basées par le rejet iranien de la politique US au Moyen-Orient depuis de longues années historiquement parlant, et dans le cadre des événements actuels en Palestine, où Washington soutient son allié israélien.

L’experte indienne insiste particulièrement sur les liens étroits entre Téhéran avec Moscou et Pékin. Dans le cas de la Russie – elle représente un partenaire de première importance sur de nombreuses orientations, notamment sécuritaires, comme cela a été d’ailleurs démontré en Syrie, mais également plus récemment dans le cadre de l’Opération militaire spéciale russe en Ukraine. Quant à la Chine, pour l’Iran elle représente un partenaire économique de premier choix, sans oublier que c’est précisément la diplomatie chinoise qui a joué un rôle clé dans la normalisation des relations entre Téhéran et Riyad.

En ce qui concerne l’officialisation de l’adhésion de la République islamique au sein des principales organisations internationales promouvant l’ordre multipolaire mondial – cela représente des atouts que l’Iran compte absolument utiliser, y compris dans le cadre de ses intérêts économiques, monétaires et financiers. En parlant justement d’intérêts économiques et de l’adhésion aux BRICS – l’experte indienne rappelle que cela est parfaitement naturel sachant que les BRICS comptent deux des principaux partenaires économico-commerciaux de l’Iran, à savoir la Chine et l’Inde. De manière générale, Lakshmi Priya est convaincue que l’adhésion aux BRICS sera largement bénéfique à l’économie iranienne, y compris en tenant compte que l’organisation internationale est composée désormais de onze Etats membres.

L’experte indienne cite notamment le Vice-ministre iranien des Affaires étrangères pour la diplomatie économique, Mahdi Safari, qui avait fait valoir que les pays BRICS bénéficieront des vastes ressources énergétiques de l’Iran, ainsi que des projets de connectivité en cours reliant le Nord au Sud et l’Est à l’Ouest. Pour rappel, de grands projets logistiques où sont justement impliquées la Chine, la Russie et l’Inde.

Aussi et comme le note l’experte indienne – l’Iran est un soutien actif aux initiatives de dédollarisation et les considère comme un outil très nécessaire pour vaincre la domination occidentale sur l’économie mondiale. A ce titre, le président Raïssi avait déjà déclaré que l’Iran soutenait l’utilisation des monnaies nationales par les membres des BRICS et appréciait le renforcement des mécanismes de paiement et de règlement des pays membres de l’alliance.

Et enfin – vu la situation stratégique de l’Iran en termes de transit des marchandises, ses énormes ressources énergétiques et les développements dans le domaine de la science et de la technologie – cela garantit que Téhéran sera un membre actif et digne du bloc des BRICS.

En termes de perspectives et en en suivant l’analyse de Lakshmi Priya, il y a plusieurs points importants à noter. Tout d’abord et que malgré toutes les tentatives des régimes occidentaux à vouloir arracher l’Inde du bloc des partisans de la multipolarité – cela ne fonctionne pas pour les instigateurs. New Delhi reste attachée à ses intérêts nationaux et le pays comprend parfaitement que son intérêt stratégique est clairement dans le cadre de l’ordre multipolaire international.

Si bien même que certaines différences de visions puissent exister, cela rentre justement dans le cadre démocratique des relations et d’égal à égal entre les partisans de la multipolarité. Et le plus important étant précisément que les intérêts communs prennent ouvertement le dessus sur les quelques différences éventuelles. L’Inde jusqu’à présent aura démontré être capable de prendre ses décisions de manière pleinement souveraine, ce qui est d’ailleurs parfaitement logique pour l’une des deux principales puissances démographiques mondiales et la troisième puissance économique du monde en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat.

Pour preuves – l’opposition aux sanctions unilatérales occidentales visant la Russie et le développement actif des relations économiques avec Moscou, tout comme le soutien à l’adhésion de l’Iran à l’OCS et aux BRICS. Tout cela confirme une chose évidente : l’ordre multipolaire international poursuit sa marche en avant sans prêter attention aux appels hystériques des nostalgiques de l’unipolarité faisant référence à un ordre que l’écrasante majorité planétaire ne reconnait tout simplement pas.

Last but not least – la toute récente proposition du président iranien de signer un pacte de non-agression parmi les Etats membres de l’Organisation de coopération de Shanghai, composée pour rappel de la Russie, de la Chine, du Kazakhstan, du Kirghizistan, de l’Ouzbékistan, du Tadjikistan, de l’Inde, du Pakistan et de l’Iran, comptant par la même occasion quatre puissances nucléaires, pourrait être un premier pas vers l’officialisation d’une alliance militaire au sein de l’OCS, qui sera un véritable contrepoids aux déstabilisateurs mondiaux réunis au sein du bloc otanesque et de l’extrême minorité mondiale.

Mikhail Gamandiy-Egorov