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Le Niger reprend les droits sur ses ressources naturelles

21.06.2024

Les pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel renforcent l’orientation stratégique qui concerne non pas seulement le cadre militaro-sécuritaire et géopolitique, mais également celui de la géoéconomie à l’heure de la nécessité d’un contrôle souverain des ressources nationales et d’un choix de partenaires basé sur les intérêts des pays à qui appartiennent les dites ressources stratégiques. La toute récente décision du Niger de reprendre le contrôle d’une grande mine d’uranium à un groupe hexagonal conforte ces orientations.

Les autorités du Niger ont retiré le permis d’exploitation d’une grande mine d’uranium, celle d’Imouraren, à la compagnie hexagonale Orano (ex-Areva). Comme le note l’Agence nigérienne de presse (ANP), le ministre des Mines, le colonel Abarchi Ousmane, a notifié au Directeur général d’Imouraren SA, que le terrain couvert par le «Permis Imouraren» fait retour au domaine public et se trouve libéré de tout droit en résultant, en application des dispositions des articles 59 et 61 de l’ordonnance n°93-16 du 02 mars 1993 portant sur la loi minière.

Le ministre des Mines a appuyé cette décision du gouvernement nigérien par le fait que le plan d’exploitation proposé dans la lettre du Directeur général d’Imouraren du 26 avril 2024, «ne répondait pas à nos attentes». Par lettre citée en référence, «vous avez été mis en demeure pour la deuxième fois, de reprendre les travaux d’exploitation dans un délai de trois (3) mois, conformément aux dispositions de la loi minière et à l’étude de faisabilité transmise à l’Administration des Mines et validée par l’Etat du Niger». Cette mise en demeure expirait le 19 juin 2024.

Cette décision du Niger a créé un véritable choc supplémentaire parmi les instruments propagandistes hexagonaux, qui continuent d’ailleurs à nommer les autorités nigériennes comme celle des deux autres pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) – de «junte», n’arrivant surtout pas à digérer le positionnement pris par les trois nations de la région sahélienne. Le tout après avoir mis à la porte les troupes des régimes de l’Hexagone et de Washington.

Pour revenir aux questions géoéconomiques, le retrait du permis d’exploitation de la mine d’Imouraren à l’hexagonal Orano – conforte également la thèse que les leaderships des trois pays membres de l’AES visent strictement l’indépendance y compris économique. D’autant plus que jusqu’à présent les partenariats économiques avec les intérêts occidentaux étaient tout sauf honnêtes et certainement pas à l’avantage des pays possesseurs des ressources naturelles stratégiques, y compris dans le cas de l’uranium dont le Niger fait partie des plus importants producteurs mondiaux.

Sinon comment expliquer que le Niger qui était longtemps le principal fournisseur d’uranium à l’Hexagone et à l’UE, représentant quasiment un quart des livraisons à l’espace européiste, n’ait jamais pu réellement profiter de sa qualité d’un des plus importants exportateurs d’une ressource réellement stratégique, ne serait-ce que sur la base du taux d’électrification du pays?

La raison est pourtant simple. Il n’a jamais été dans l’intérêt ni de l’Hexagone, ni de l’Occident dans son ensemble, à proposer un partenariat véritablement gagnant-gagnant. Et du moment que le pays se trouvait sous contrôle occidental, les centrales nucléaires françaises comme autres pouvaient se fournir à très moindre coût en uranium, pendant que le Niger ne pouvait même pas profiter d’une électrification nationale à large échelle.

Certains pseudo-experts dans le petit espace occidental répondront que les prix de l’uranium avaient connu une baisse significative suite à l’accident nucléaire de Fukushima, au Japon. Et c’est précisément là qu’il faudrait certainement revenir à la question primordiale de la détermination des prix internationaux sur les ressources stratégiques. Des ressources en très large partie se trouvant dans les pays appartenant à la majorité mondiale non-occidentale, mais dont les prix continuent à être si souvent fixés dans le petit monde occidental – qui tout en ayant extrêmement besoin de nombre des dites ressources stratégiques, cherche à fixer unilatéralement la formation des prix et les règles de commercialisation.

C’est justement en ce sens que les BRICS et les pays du Sud global devront fort probablement ensemble créer le cadre nécessaire à la défense des intérêts de la majorité mondiale, à l’instar d’autres actions nécessaires sur le plan géoéconomique – déjà en cours ou à venir. Et pour revenir au Niger et à sa récente décision concernant la mine d’uranium d’Imouraren – il faudrait noter plusieurs points importants supplémentaires.

Coïncidence ou pas, la décision des autorités nigériennes arrive au moment où le régime hexagonal en coordination avec d’autres régimes occidentaux, en premier lieu washingtonien, mène une guerre informationnelle et psychologique à l’encontre des pays membres de l’AES. Au cours des derniers jours – c’était d’ailleurs le Burkina Faso qui était particulièrement visé. Dans tous les cas, le coup du Niger fait mal et les réactions dans le monde propagandiste hexagonal le confirment amplement.

Et de deux – comme déjà noté précédemment dans l’analyse d’Observateur Continental, les intérêts économico-commerciaux représentant l’Occident portent bien souvent le même niveau de responsabilité que les régimes politiques auxquels ils sont affiliés. Et aujourd’hui – le plein retour des flammes les touchent et les touchera encore. Bien longtemps, les dits groupes économiques du petit monde occidental pensaient connaître, à l’instar des régimes politiques auxquels ils sont affiliés, le même degré d’impunité et du pratiquement tout permis. Mais chaque chose a une fin. Surtout à l’heure de l’ordre multipolaire international.

Quant au fait et comme l’affirment les propagandistes hexagonaux et autres occidentaux – à savoir que l’uranium pourra être livré en quantités plus importantes en France et dans l’espace européiste à partir du Kazakhstan – premier producteur mondial – en remplacement des pertes subies au Niger – évidemment. Sauf qu’il faudra y payer le prix net du marché, tout en tenant compte que la liste des clients est loin de se limiter à ceux en provenance du petit monde occidental – la Russie et la Chine étant des partenaires clés du Kazakhstan dans le secteur de l’uranium. En ce qui concerne le Niger – le pays possède légitimement le droit à pouvoir mettre en place les conditions de partenariat dans ce domaine avec les acteurs qui seront prêts à s’y adapter et travailler dans un cadre digne et honnête.

Mikhail Gamandiy-Egorov

La Nouvelle-Calédonie et toute l’hypocrisie hexagonale

25.05.2024

Dans le cas du colonialisme occidental, et notamment hexagonal, toujours vivant bien que subissant en pleine face le retour des flammes, il est aujourd’hui nécessaire de faire quelques réflexions. Des réflexions qui traduisent une nouvelle fois tous les doubles, voire les triples, standards du régime hexagonal, comme d’ailleurs de l’ensemble de la minorité planétaire occidentale.

La résistance au colonialisme hexagonal en Nouvelle-Calédonie se poursuit. La population de souche kanak refuse jusqu’à présent de faire marche arrière dans ce qui n’est autre qu’une arnaque, dans tous les sens du terme, du régime hexagonal macronien. Dans cette mobilisation sans précédent d’un peuple qui pourrait être complètement marginalisé sur ses propres terres ancestrales – nombre de réflexions s’imposent.

Lorsque les arrogants représentants hexagonaux et occidentaux, de même que leur propagande affiliée, «conseillent» par exemple aux partisans de la multipolarité, y compris parmi leurs propres citoyens ou les étrangers vivant en Hexagone – à partir vivre en Russie et en Chine, jouant sur le mythe du «grand pays d’accueil» pour les étrangers que serait la France – les mêmes personnages oublient bien souvent de mentionner que l’Etat russe accueille déjà des millions de ressortissants étrangers de plus que le sol de la métropole hexagonale. Tout comme le fait que la Russie accueille sur son territoire plus de citoyens étrangers que les Royaume-Uni, Canada, Espagne ou Australie, et d’autres encore. Parfois il suffit juste d’étudier les statistiques internationales sur la question.

Mais ce discours du chantage migratoire à l’hexagonal préfère par la même occasion omettre de rappeler comment les colons au départ de la métropole s’installent depuis des dizaines d’années dans les territoires toujours colonisés par l’Hexagone. Y compris d’ailleurs en Nouvelle-Calédonie. En parlant justement de la Nouvelle-Calédonie, territoire se trouvant à plus de 16.500 kilomètres de Paris, l’arnaque en cours à l’encontre de la population de souche – les Kanaks – n’a évidemment pas commencé hier. Sinon comment expliquer que suite à l’Accord de Nouméa, signé en 1998 entre les partisans de l’indépendance et le gouvernement hexagonal, ce n’est qu’en 2018 – soit 20 ans plus tard que ne sera organisé le premier référendum sur la question de l’indépendance de ce territoire colonisé?

La raison est évidemment simple. Le régime hexagonal avait besoin de temps pour asseoir encore plus sa domination sur le territoire colonisé et d’y ramener encore plus de ressortissants en provenance de l’Hexagone. Pour ensuite, comme c’est le cas en ce moment – pouvoir légitimer leur participation en qualité de participants «à part entière» des événements et des décisions en rapport avec le territoire. En d’autres termes – une immigration largement occidentale pour imposer définitivement le colonialisme sur cette terre. Des siècles passent – le colonialisme occidental, dans le fond, ne change aucunement. A la seule différence d’utiliser le sourire hypocrite et moqueur à la place du fouet et des tortures.

En ce qui concerne justement la question des référendums. Lorsque le référendum était organisé en Crimée en 2014 sur le rattachement à la Russie, avec une mobilisation sans précédent des habitants de la péninsule, les régimes occidentaux, dont celui de Paris, n’avaient pas manqué de condamner et de le déclarer «contraire» au droit international. Pour autant, l’Etat russe n’a pas eu besoin d’attendre des dizaines d’années en vue d’apporter massivement de nouveaux arrivants en provenance du reste de la Russie pour organiser ledit référendum. Et en ce sens – tous les habitants criméens sans exception – Russes, Ukrainiens, Tatars de Crimée, Karaïmes, Grecs, Bulgares, Allemands, Turcs, et d’autres groupes ethniques – ont pu librement exprimer leur choix. L’Occident rétorque – cela se déroulait avec la présence de l’armée russe. Oui, pour la sécurité des Criméens qui avaient massivement rejeté le coup d’Etat armé du Maïdan à Kiev de la même année 2014. Des Criméens qui étaient d’ailleurs ouvertement menacés de représailles par les arrivistes extrémistes, ayant pris le pouvoir en Ukraine, avec le soutien des régimes occidentaux.

En parlant d’ailleurs de présence armée – en Nouvelle-Calédonie depuis toutes les dernières dizaines d’années – n’y avait-il pas de présence armée envoyée depuis l’Hexagone? Tout le monde connait la réponse à cette question. Et enfin – dernier point du moment. Des armements occidentaux, y compris hexagonaux, sont utilisés par l’effectif armé otano-kiévien lors de frappes visant les territoires russes. Le régime hexagonal ne pense-t-il pas qu’un jour les Kanaks, à l’instar d’autres peuples encore colonisés par le colonialisme français et occidental, puissent obtenir les moyens techniques nécessaires en vue de pouvoir arracher leur liberté et indépendance, car refusant l’arnaque pure et simple émise depuis la métropole coloniale?

Toutes ces réflexions doivent surtout rappeler que l’Occident est entré dans de telles contradictions, et plus seulement vis-à-vis de la majorité mondiale, mais également vis-à-vis de lui-même, que le retour des flammes contemporain est largement mérité. La rage occidentale peut se poursuivre autant que souhaitée par les concernés – cela ne changera pas radicalement les processus historiques du monde moderne. Multipolaire et certainement aussi à l’avenir – résolument post-occidental.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Présence militaire occidentale en Afrique: l’Hexagone laisse de la place à Washington

12.03.2024

Le paradigme de la présence militaire occidentale sur le continent africain suit les processus propres au petit monde de l’Occident, dans lequel le régime washingtonien prend le chef de file du bloc otano-occidental, en mettant pleinement à contribution ses vassaux et sous-traitants de l’espace européiste, y compris bien évidemment le régime hexagonal, dont la présence en Afrique est plus que jamais rejetée à l’échelle continentale africaine.

«Désengagement: l’Armée française réduit ses effectifs au Sénégal» – écrit le célèbre média sénégalais Seneweb. Après le départ du 23e bataillon d’infanterie marine (Bima), c’est au tour de la marine française de plier bagages. A terme, les effectifs seront fortement réduits. La base militaire française de Ouakam sera libérée aux trois quarts de ses occupants.

De près de 500 hommes, la présence militaire française sera réduite à environ 260 éléments, estime la source citée par Seneweb. Ledit développement de la présence militaire hexagonale sur le sol africain était déjà abordé précédemment par d’autres médias, stipulant que la France pourrait réduire drastiquement sa présence militaire en Afrique.

Pour autant, loin est de supposer que le régime hexagonal avance dans le sens de cette réduction car comprenant et acceptant le rejet de sa politique néocoloniale à l’égard de nombreux pays africains. Car comme soulignent les mêmes sources – cette évolution de la présence militaire française en Afrique pourrait être associée à celle qu’envisagent les États-Unis pour leurs troupes, principalement déployées au Niger. «Des réflexions ont lieu à Washington pour redéployer des effectifs, notamment sur la côte ouest africaine», avance Le Monde, qui évoque de «nouveaux projets de bases communes entre Français et Américains». Ce que l’Élysée n’a pas démenti. «Il y a des réflexions, sur la base de nos intérêts».

Cette posture confirme par la même occasion les analyses et prévisions du passé d’Observateur Continental, où il devenait clair que Washington tente de son côté à prendre la relève et tenter de barrer la route à l’axe sino-russe et celui de la multipolarité en Afrique. Les événements récents et à venir prochainement vont certainement pouvoir conforter cette thèse. D’autant plus que les sources occidentales commencent déjà à le reconnaitre implicitement.

En d’autres termes, si le système néocolonial hexagonal de la Françafrique est effectivement aujourd’hui plus que jamais mourant – il n’en demeure pas moins que l’establishment occidentalo-otanesque, avec à sa tête le régime étasunien, tente par tous les moyens à donner une nouvelle vie au néocolonialisme occidental sur le continent africain, en prenant néanmoins au maximum ses distances avec l’échec françafricain. Préférant mettre à contribution les capacités de déstabilisation du dernier pour pouvoir mieux installer la nouvelle entité occidentale à destination de l’Afrique.

Ceci étant dit et même ledit système qui serait officiellement dirigé par Washington avec la contribution de nombreux régimes européistes, vassaux et sous-traitants – sait qu’il aura à faire face à de bien nombreux défis. D’ailleurs, les récents aveux du général US Michael Langley, commandant de l’Africom (Commandement américain pour l’Afrique) en disent long, affirmant que «le discours de la Russie (en Afrique) a noyé celui du gouvernement américain ces dernières années. Ils (les Russes) y ont excellé». Tout en accusant bien évidemment, dans la pure tradition occidentale, la Russie de «campagnes de désinformation» sapant les intérêts étasuniens et occidentaux. Oubliant par la même occasion de donner quelques précisions sur les multiples campagnes de désinformation étasuniennes à destination des pays africains. Peu étonnant d’ailleurs.

Dans tous les cas, ces aveux du haut responsable US confirment également les analyses précédentes d’Observateur Continental. A savoir que malgré les nouvelles tentatives washingtoniennes à contrer Moscou et Beijing en Afrique – Washington n’a aucun moyen à l’échelle africaine aujourd’hui à pouvoir concurrencer économiquement parlant la Chine, de même que la Russie dans le volet militaro-sécuritaire dont il tente par tous les moyens à limiter l’interaction avec les Etats du continent.

D’autant plus que dans le cas de la Russie – les secteurs d’interaction se diversifient et augmentent de plus en plus, y compris sur le plan économique, avec les alliés et partenaires africains. Quant à la nature et les «différences» entre le régime washingtonien et celui par exemple de l’Hexagone – déjà si largement rejeté à l’échelle continentale – peu nombreux sont les citoyens africains qui se font de quelconques illusions sur ledit sujet. Après tout, l’establishment occidentalo-otanesque ou en d’autres termes l’Occident collectif – est précisément associé aujourd’hui comme tel dans la perception générale des nations non-occidentales. A savoir une entité planétaire minoritaire, agressive, responsable dans la propagation de chaos à l’échelle mondiale, et vis-à-vis de laquelle une confiance digne de ce nom n’est aucunement possible.

D’un autre côté, le petit monde occidental peut au moins se vanter d’être associé comme étant un espace commun, de-facto en opposition au reste du monde. C’est déjà cela de gagné pour l’extrême minorité planétaire des nostalgiques de l’unipolarité.

Mikhail Gamandiy-Egorov

La responsabilité des entreprises occidentales pour complicité avec leurs régimes politiques

07.03.2024

Le suivisme souvent aveugle des compagnies occidentales des intérêts géopolitiques de leur establishment politique démontre d’une part que le message longtemps propagé par les dites structures, à savoir faire des affaires lucratives indépendamment de la conjoncture politique, ne correspond pas à la réalité. Et de l’autre, que les intérêts économico-commerciaux représentant l’Occident portent bien souvent le même niveau de responsabilité que les régimes politiques auxquels ils sont affiliés.

Ce qui est tout de même formidable dans le cadre des événements contemporains, dans cette époque dangereuse, mais tellement importante et stratégique pour l’humanité, c’est qu’au-delà de la destruction de plus en plus affirmée des mythes longtemps entretenus par la minorité mondiale nommée Occident collectif, de même que l’échec de la politique de sanctions unilatérales occidentales – longtemps considérée comme l’arme stratégique de ladite minorité face à ses adversaires géopolitiques et de tous les pays réellement libres et indépendants – le cours des événements bouscule justement les intérêts de ceux ayant fait preuve de suivisme aveugle de leurs régimes politiques.

Les exemples ne manquent pas. Le système financier étasunien ne sait pas comment sauver le «soldat dollar» car la perte de confiance à l’échelle mondiale dans la monnaie US continue de battre son plein et rien n’indique une quelconque solution miracle pour Washington – les menaces et intimidations ne fonctionnant plus comme dans le passé pas encore si lointain. Les européistes, les véritables dindons de la farce des événements en cours, ne cessent d’atteindre de nouveaux sommets (vers le bas) – désindustrialisation en cours de l’Allemagne, la première économie de l’UE, en dit long

Et bien évidemment cela sans oublier les autres régimes d’Europe bruxelloise, dont l’arrogance et l’incompétence mutuellement intégrées ne sont plus à démontrer. Y compris bien évidemment dans le cas du régime hexagonal. Ainsi, la compagnie aérienne Air France-KLM est aujourd’hui confrontée à des résultats financiers décevants en Afrique de l’Ouest, en particulier dans les pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Entraînant des coûts exceptionnels de 65 millions d’euros pour la compagnie aérienne. Ces coûts comprennent des frais de sécurité supplémentaires, des annulations de vols et des détournements vers d’autres aéroports.

Cela après avoir perdu le marché russe, tout comme la possibilité de survoler le territoire de la Russie – longtemps utilisé pour les longues distances, notamment en provenance de l’Hexagone et à destination de nombreux pays d’Asie. Pourtant et à l’instar de nombreuses autres compagnies occidentales – les difficultés des dites structures se doivent d’être pleinement assumées. Et lorsqu’une compagnie, quelle que soit d’ailleurs son origine dans le petit espace occidental, assume pleinement son positionnement en faveur des régimes politiques locaux concernés, tout en travaillant à l’international – il est parfaitement logique et normal à devoir assumer les conséquences dans l’espace international. Vis-à-vis du marché russe, de nombre de pays africains, comme de tout autre à l’échelle mondiale.

Après tout, il y a tout de même des contre-exemples qui démontrent que lorsqu’une entreprise en provenance de l’espace occidental pense à ses intérêts de manière pragmatique – malgré toute sorte de campagnes hostiles à son encontre – comme c’est notamment le cas du groupe français Auchan pour qui la Russie était et reste un marché stratégique – le choix intelligent et pragmatique s’avère payant, dans le bon sens du terme. Ou plus exactement pour l’avenir même de ladite entreprise. En Russie comme sur d’autres marchés internationaux.

Quant aux autres – partisans du suivisme de leurs régimes politiques – tant pis. L’essentiel étant que personne ne leur gardera la porte ouverte lorsqu’ils décideront à reprendre leurs activités. Quel que soit d’ailleurs le secteur concerné. Et comme le degré de vassalité du régime hexagonal, entre autres, vis-à-vis du maître washingtonien est fort bien connu – il ne sera aucunement surprenant qu’à l’avenir les groupes hexagonaux et européens perdront également d’autres marchés internationaux, en raison de ce suivisme aveugle et assumé. Dans tous les cas – la complicité de nombre de compagnies occidentales avec leurs régimes politiques, nostalgiques affirmés d’une ère unipolaire du diktat occidental aujourd’hui révolue – fera partie intégrante des responsabilités et des conséquences que les dites compagnies vont devoir intégralement assumer.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Mali: la libération du territoire national se poursuit

17.10.2023

Les autorités maliennes avec le soutien des forces alliées poursuivent la campagne de libération du territoire du pays de la présence de groupes terroristes. Malgré les obstacles et vives critiques placés par les régimes occidentaux opposés aux choix stratégiques de Bamako – le processus continue avec des succès notables.

Le 7 octobre dernier, les Forces armées maliennes (FAMA) avaient annoncé avoir repris le contrôle total de la ville d’Anéfis, dans la région de Kidal (Nord-Est du Mali), après dix ans d’absence. Comme le note Maliweb – cette nouvelle offensive militaire sur les bases de la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad) dans la région de Kidal, surtout la prise d’Anéfis constitue un tournant majeur après une décennie de conflit.

Ces succès sur le terrain des militaires maliens et de leurs alliés confirment plusieurs points importants. Tout d’abord que les résultats obtenus rentrent dans la ligne des objectifs annoncés par le leadership du Mali. Pour rappel, dans son récent discours à la Nation, à la veille de la célébration du 63ème anniversaire de l’indépendance du pays, le chef de l’Etat le colonel Assimi Goïta avait clairement fait comprendre que le Mali retrouvera sa souveraineté sur l’ensemble du territoire national.

D’autre part et cela est également particulièrement important à noter – c’est le fait que les récents succès de l’armée malienne, y compris dans le cadre de la libération de la ville d’Anéfis après une dizaine d’année de contrôle par les groupes armés et terroristes – sont observés en l’espace de quelques mois seulement. Sachant que la présence occidentale, et principalement hexagonale, n’avait jamais pu ou n’avait jamais cherché, voire peut-être surtout les deux, à résoudre ce grave problème sécuritaire après… une dizaine d’années de présence. Le tout en sachant également que ces mêmes problèmes sécuritaires dans la région du Sahel ont été largement «facilités» par l’intervention otanesque contre la Libye de Mouammar Kadhafi en 2011. Une intervention criminelle dans laquelle le régime hexagonal avait pour rappel joué un rôle clé.

Le troisième point concerne quant à lui le fait que malgré tous les obstacles posés et qui continuent d’ailleurs d’être posés par les ennemis de la pleine souveraineté de l’Etat malien, ainsi que dans un objectif de revanche pour avoir été mis à la porte, la ferme détermination des autorités, de l’armée et de la large partie de la population du Mali – ne faiblit pas. D’ailleurs, la meilleure confirmation de ce point est visible dans l’amertume des médias de propagande occidentale, principalement hexagonaux, qui tout en étant obligés à reconnaitre les nouveaux récents succès des Forces armées maliennes – tentent par tous les moyens à les dénigrer. En bref, la méthode si habituelle des régimes nostalgiques de l’unipolarité.

Aussi, il est tellement intéressant, surtout après tous les événements traités au cours des dernières années à travers les exemples de plusieurs pays et régions du monde, du Moyen-Orient à l’Afrique en passant par l’Eurasie et l’Amérique latine – d’observer à quel point les experts autoproclamés de l’Occident continuent à avoir tout faux dans leurs prétendues analyses et prévisions.

Plus précisément et dans le cas africain, faut-il rappeler de quelle manière moqueuse les pseudo-spécialistes occidentaux et notamment hexagonaux prédisaient l’impossibilité de résoudre la crise en République centrafricaine? Et lorsque leurs fameuses prévisions, qui d’ailleurs n’étaient que le véritable miroir de leurs objectifs stratégiques, ne se réalisaient pas – ces mêmes personnages continuaient de prétendre maîtriser la situation. Plusieurs d’entre eux avaient également déclaré que le Mali n’est pas la Centrafrique, et que sans la présence militaire de l’Hexagone – Bamako ferait face à un échec «retentissant».

Aujourd’hui et face aux succès de l’armée malienne, bien que beaucoup de travail doit encore être fait – seront-ils au moins capables de reconnaitre leurs erreurs? De reconnaitre que les Maliens à l’instar d’autres peuples africains n’ont point besoin d’une fausse aide occidentale pour réussir? La réponse est très fort certainement – non.

Et non pas seulement pour des raisons d’absence d’un minimum de dignité, ni en raison de fortes méconnaissances couplées à une extrême arrogance, mais bel et bien précisément en raison d’avoir longtemps espéré pouvoir poursuivre à mentir à l’Afrique comme au reste de la large partie de la communauté internationale. Au nom du prétendu «exceptionnalisme» occidental. Un exceptionnalisme qui comme le confirment les événements en cours, y compris au Mali, n’est que du sable. Les peuples africains, comme de nombreuses autres populations non-occidentales, n’ont non seulement pas besoin des régimes occidentaux pour atteindre leurs objectifs, mais effectivement et au contraire se doivent de casser définitivement cette relation vicieuse et d’un cadre purement gagnant/perdant. Le Mali est ce nouvel exemple qui le confirme amplement.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Sahel: la fin de la Françafrique?

27.07.2023

Les événements tout récents au Niger placent Paris et l’Occident dans une situation doublement inconfortable. Au-delà de l’incertitude pour la suite des relations politiques et militaires, le pays africain est également un important producteur d’une ressource stratégique nommée uranium. S’il est encore difficile de faire des prévisions sur la suite immédiate de la situation dans ce pays, le fait est que l’Occident refuse une fois de plus à admettre que le rejet de sa politique par les populations africaines ait atteint le summum.

Les Forces armées nigériennes ont déclaré, mercredi, avoir pris le pouvoir et suspendu toutes les institutions de la République. Réunis au sein du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) – dans une déclaration diffusée sur la télévision publique, les militaires ont annoncé avoir décidé de mettre fin au régime du président Mohamed Bazoum.

«Cela fait suite à la dégradation continue de la situation sécuritaire et à la mauvaise gouvernance économique et sociale», a déclaré le colonel-major de l’armée de l’air du Niger Abdourahaman Dandjodi. Les représentants militaires ont également décidé de la fermeture des frontières terrestres et aériennes jusqu’à nouvel ordre et de l’instauration d’un couvre-feu.

Le régime hexagonal, dont le Niger restait l’un des principaux et derniers alliés sur le continent africain, n’a pas manqué de condamner ce qu’il appelle «la prise de pouvoir par la force». Les autres régimes occidentaux, dont les USA, devraient fort probablement adopter la même posture.

S’il est effectivement encore difficile de faire des prévisions quant à la suite des événements au Niger, y compris compte tenu de la forte implication des réseaux françafricains et occidentaux dans ce pays, le fait est que l’événement en question ne fait non plus seulement de confirmer, mais surtout d’élargir et de renforcer la thèse qu’Observateur Continental avait plusieurs fois relayé. A savoir l’expulsion pure et simple du régime hexagonal du continent africain. Du moins dans sa forme néocoloniale et extrêmement arrogante.

En termes de perspectives, les défis pour les Occidentaux sont aujourd’hui doubles. D’une part, le Niger représentait jusqu’à encore tout récemment le principal allié des Occidentaux dans le Sahel, notamment dans la prétendue «lutte antidjihadiste». Une lutte que les régimes occidentaux n’ont jamais réellement mené tout au long des années précédentes et cela sans même rappeler que le renforcement du terrorisme dans le Sahel est une des conséquences directes de la destruction de la Jamahiriya libyenne de Mouammar Kadhafi par l’Otan.

Et dans les événements observés dans d’autres pays, en misant sur la souveraineté, le panafricanisme, la diversification des partenariats extérieurs et les valeurs de l’ordre multipolaire international, comme notamment au Mali et au Burkina Faso – rien ne peut garantir aujourd’hui aux régimes de l’Occident à pouvoir garder leur mainmise au Niger.

Ceci étant dit, il serait naïf de croire que les dits régimes ne tenteront pas l’imposition de leur agenda, dans un pays aussi stratégique. D’autant plus et qu’au-delà de la présence militaro-politique occidentale, le Niger fait partie des principaux producteurs de l’uranium à l’échelle mondiale. Une production dont profite très largement le régime hexagonal et d’autres intérêts occidentaux. Et pour ceux qui l’auraient oublié – la France a beau revendiquer le statut de puissance nucléaire – le fait est qu’elle dépend largement des livraisons externes d’uranium. Et à ce titre et comme le reconnaissent les médias hexagonaux en termes de ces livraisons – la France est totalement dépendante des livraisons en provenance justement du Niger et de certains autres pays.

Quant à l’ensemble européiste nommé UE – le Niger fait tout simplement partie des deux principaux fournisseurs avec le Kazakhstan. Rien que cela. Pendant ce temps et à titre d’information, le taux d’électrification du Niger aujourd’hui représente moins de 20%.

Dans cette configuration, il est évident que l’Occident, à l’instar de ce qui a été longuement observé au Mali voisin et à d’autres endroits du continent africain – tentera de s’accrocher jusqu’au bout. Et à cet effet, il ne sera d’ailleurs nullement étonnant que les nostalgiques de l’unipolarité aillent de nouveau à accuser les adversaires géopolitiques du petit monde occidental des événements en cours. Tout en prétendant, également une fois de plus, à ne pas voir ni comprendre les seules et véritables raisons du rejet de la politique occidentale à divers endroits du monde, dont bien évidemment en Afrique.

Tout comme le fait que bien souvent le leadership militaire de nombre de pays concernés ne fait que suivre les aspirations populaires de la société civile de ces nations. De manière générale, si aujourd’hui il ne fait pratiquement pas de doute que le système néocolonial de la Françafrique vit ses dernières heures dans le Sahel et à l’échelle continentale de l’Afrique, la situation est fortement semblable pour les autres régimes occidentaux ayant fait preuve d’une totale incapacité à s’adapter aux aspirations des populations africaines et aux règles qui ressortent de l’ordre multipolaire international contemporain.

Mikhail Gamandiy-Egorov