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Occident vs Afrique: le divorce ne fera que se poursuivre

28.02.2023

A l’heure des bouleversements contemporains, l’Occident commence à réaliser d’être la risée du monde, tout en prétendant sans surprise le contraire. Cela est d’autant plus flagrant lorsque des régimes otanesques sans la moindre valeur tentent à vouloir prendre un leadership dont ils n’ont ni la capacité intellectuelle, ni pratique.

L’establishment occidental, politique comme médiatique, bien que toujours fort timidement – commence à réaliser que c’est bien le tout petit monde de l’Occident qui fait face à une isolation internationale de plus en plus accrue.

«Guerre en Ukraine: les Occidentaux bien seuls face au défi russe» – titre l’instrument propagandiste hexagonal La Croix. Reconnaissant très amèrement une réalité tellement de fois abordée par les analystes non-occidentaux.

Le continent africain est souvent cité par les sources occidentales comme l’espace d’un grand nombre de pays ayant refusé à se joindre à l’axe anti-russe sollicité par Washington et Bruxelles. Et cela dépasse largement désormais le cadre unique du rejet massif de la politique hexagonale par les populations africaines concernées. Le rejet est bel et bien encore plus important et ne concerne pas uniquement l’espace francophone africain.

En ce sens, l’Afrique du Sud – l’une des principales puissances du continent africain et membre des BRICS – fait déjà l’objet d’attaques émanant aussi bien du côté de Washington que des régimes lui étant soumis dans l’espace de l’Europe bruxelloise. Ces derniers n’ayant pas pu obtenir le résultat escompté, comme Observateur Continental l’avait récemment rappelé

Désormais, c’est au tour des régimes les plus insignifiants de l’espace européiste à rentrer dans l’hystérie anti-sud-africaine, et qui vise de manière générale toute l’Afrique. Ainsi, des parlementaires de Pologne, Estonie et Finlande appellent à reconsidérer «le financement» de l’Afrique du Sud de la part de l’Union européenne. Bien qu’il soit nécessaire de préciser – des investissements, et non pas financement, dans un pays à forte valeur ajoutée.

La rhétorique des personnages en question à l’encontre de la République sud-africaine étant la suivante: «compte tenu de la position de l’Afrique du Sud sur la Russie – les financements de l’UE à l’Afrique du Sud ne devraient-ils pas être suspendus jusqu’à nouvel ordre?». Insistant sur le fait que le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s’était récemment rendu en Afrique du Sud, y compris pour préparer les exercices navals conjoints entre le pays hôte, ainsi que la Russie et la Chine. Et que la cheffe de la diplomatie sud-africaine, Naledi Pandor, avait déclaré que l’organisation d’exercices militaires avec des pays amis était le cours naturel des relations.

Les éléments otanesques rappellent par la même occasion que l’Afrique du Sud s’est également abstenue sur pas moins de deux résolutions de l’Assemblée générale de l’ONU visant à condamner la Russie. En bref, des souris voulant défier un lion continental. Un lion d’autant plus qui n’oublie pas les énormes sacrifices de sa population ayant permis de faire tomber le régime raciste de l’apartheid, soutenu faut bien le rappeler par les régimes et les services de renseignement de l’Occident – directement, ou parfois de manière un peu moins affichée.

Mais au-delà de cela, ce que semblent oublier les représentants polono-estono-finlandais, c’est qu’effectivement qui sont-ils pour pouvoir défier un des principaux leaders du continent africain? Si ce n’est de vulgaires et misérables porte-voix de Washington sur le continent européen. Aucun des trois pays ne fait partie des principales économies mondiales, et dans le cas plus particulier de la Pologne – il faudrait surtout rappeler que ses citoyens se trouvent éparpillés aux quatre coins de l’Europe et d’autres régions du monde en qualité de migrants sans grande qualification, le plus souvent.

Le tout pendant que l’Afrique du Sud accueille à elle seule des millions de migrants sur son sol, et pas seulement d’ailleurs en provenance d’autres pays africains, mais y compris de pays occidentaux. Les statistiques parlent d’elles-mêmes, on pourrait d’ailleurs se demander si les élu(e)s polono-estoniens savent ce que cela représente. Ainsi, l’Afrique du Sud accueille aux dernières données – près de 3 millions de migrants sur son sol, représentant près de 5% de la population totale du pays – et cela en ne prenant compte que les migrants possédant un statut légal en Afrique du Sud.

Selon d’autres sources, le nombre d’immigrés serait de pas moins de 5 millions de personnes, soit pas loin des 10% de la population du pays. En revanche, il y a moins d’un million d’émigrants sud-africains, vivant dans d’autres pays. Des émigrants, le plus souvent d’origine occidentale ayant quitté l’Afrique du Sud avec l’arrivée de la démocratie, mais qui depuis plusieurs années préfèrent de plus en plus à rentrer dans le pays de leur citoyenneté, en quittant pourtant des emplois souvent bien rémunérés dans les Londres, Dubaï, New-York ou Sydney. Saisissant les opportunités existantes dans leur pays d’origine.

Qu’en est-il de la fameuse Pologne contemporaine? Un peu plus que 800.000 migrants vivant en Pologne (soit un peu plus que 2% de la population totale), contre plus de 4,8 millions d’émigrants polonais vivant à l’étranger… En d’autres termes – 6 fois plus de départs que d’arrivées. Et comme déjà dit – dans le but d’occuper à l’étranger des emplois fort majoritairement subalternes.

Rappelons également que l’Afrique du Sud est pleinement intégrée dans le réseau économico-financier de l’alliance BRICS, où se trouvent par la même occasion 4 nations faisant partie du Top 10 des principales économies mondiales en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat (Chine – 1ère, Inde – 3ème, Russie – 6ème, Brésil – 8ème). Et le tout à l’heure où les pays de l’alliance travaillent activement ensemble en vue d’obtenir la pleine indépendance vis-à-vis des instruments financiers occidentaux.

Enfin et sans oublier que la présence même des intérêts occidentaux sur le sol sud-africain pourrait dans un avenir proche être considérablement revue à l’avantage de la majorité de la population du pays. La question financière posée donc par les pseudo-élus européistes devrait certainement être inversée.

De manière générale, il est aujourd’hui évident que face à l’arrogance de personnages n’ayant toujours pas réalisé la configuration internationale contemporaine, des personnages d’autant plus manquants cruellement d’aptitudes intellectuelles – le divorce entre l’Afrique souveraine avec l’Occident se poursuivra à un rythme élevé, sans le moindre doute. Une Afrique qui prendra définitivement son envol lorsque ses innombrables atouts et énormes ressources naturelles contribueront définitivement à l’avantage des Africains, et non pas des prédateurs occidentaux. Pendant ce temps, les plus fidèles sous-traitants de Washington sur le sol européen, à l’instar justement des Pologne et autres Estonie – pourront poursuivre leur quête d’une vie meilleure au-delà de leurs frontières, basée sur une russophobie primitive.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Mali-Russie: cap historique dans les relations bilatérales

08.02.2023

La visite de Sergueï Lavrov en terre malienne marque une étape très importante dans les relations entre Moscou et Bamako, mais également renforce une fois de plus la thèse selon laquelle les régimes occidentaux ne peuvent qu’observer de manière impuissante le développement des liens entre la Russie et d’autres puissances internationales pro-multipolaires avec le grand continent africain.

Le chef de la diplomatie russe est arrivé au Mali dans le cadre d’un renforcement sans précédent de l’alliance russo-malienne, à l’heure du combat féroce entre les forces pro-multipolaires et les nostalgiques de l’unipolarité, ces derniers représentés par les régimes occidentaux atlantistes et quelques autres suiveurs. A son arrivée, Sergueï Lavrov a été accueilli par son homologue malien Abdoulaye Diop.

A noter que si le ministre russe des Affaires étrangères est considéré incontestablement comme l’un des principaux «poids-lourds» de la diplomatie internationale, la symbolique a ici toute son importance sachant que son collègue du Mali fait aujourd’hui indéniablement partie des diplomates qui inspirent le plus la jeunesse africaine, de par son professionnalisme et sa capacité à défendre les intérêts de sa nation, à l’échelle régionale, continentale et également internationale.

Fait marquant également lors de cette visite, comme le rappelle Maliweb – Sergueï Lavrov y a été fait Commandeur de l’Ordre national malien à titre étranger.

«Le ministre Lavrov a pris des décisions fortes et courageuses qui ont permis au Mali de continuer d’exister en tant que pays uni, indépendant et souverain. Ces décisions ont permis de renforcer la coopération entre le Mali et la Fédération de Russie, notamment en renforçant les capacités de Défense et de sécurité qui font aujourd’hui la fierté des Maliens et qui donnent des résultats probants sur le terrain» – a souligné Abdoulaye Diop.

De son côté, le ministre russe des Affaires étrangères a rappelé que la Russie mène une politique visant à contrecarrer les tendances visant à fouler au pied la charte des Nations unies. Par ailleurs, Sergueï Lavrov a réaffirmé le soutien de Moscou aux autorités maliennes dans la lutte contre le terrorisme.

Le chef de la diplomatie russe a par la suite été reçu par le chef d’Etat malien, le colonel Assimi Goïta. Là également, le haut responsable russe a rappelé que la Russie ne ménagera aucun effort pour promouvoir le principe de la parité souveraine des Etats et de la lutte contre les approches colonialistes.

En termes de perspectives, s’il est aujourd’hui évident que l’alliance russo-malienne est plus que jamais soutenue, non seulement au niveau des décideurs bilatéraux, mais également et peut-être même surtout au niveau de la société civile – eurasienne et panafricaine – le point très important à noter est que le Mali d’aujourd’hui représente, à l’instar d’autres nations africaines ayant décidé de couper les liens vicieux avec les forces néocoloniales – une énorme source d’inspiration pour d’autres pays d’Afrique, comme Observateur Continental l’avait déjà plusieurs fois noté précédemment.

Les gesticulations d’une caste mourante dans l’Hexagone et en Occident de manière générale n’y changeront désormais absolument rien. Y compris à travers l’utilisation d’éléments pro-occidentaux achetés pour tenter à défendre la cause d’un Occident non plus seulement en perte de vitesse, mais bel et bien en chute finale. Une chute d’ailleurs qu’il s’est lui-même créé.

Quant aux accusations de «populisme» largement relayés par les éléments propagandistes otanesques à l’encontre de cette jeunesse africaine décomplexée, talentueuse et qui a soif d’aller de l’avant – les populistes sont justement ceux qui tout en ayant apporté le chaos aux peuples non-occidentaux – n’ont jamais été en mesure de pouvoir corriger, ou du moins admettre leurs crimes commis. Et au lieu de réaliser un sérieux mea-culpa – accusent aujourd’hui les Africains, comme les Russes, les Chinois, les Iraniens ou les Turcs – de leurs propres échecs.

Et lorsque dans ce paradigme, les partenariats entre peuples non-occidentaux et partisans de la multipolarité apportent d’autant plus des résultats longtemps attendus par les populations concernées – il ne reste à l’Occident qu’à poursuivre sa décadence et à s’enfermer dans une isolation dans son fameux «jardin» – non pas de rêve, mais bel et bien celui de la décadence et des fausses valeurs. La dernière chance pour l’Occident à se joindre au train multipolaire – est bel et bien partie, et ne reviendra pas dans un avenir proche. Et peut-être même pour très longtemps.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Afrique-Chine: Pékin remet les points sur les «i» face à Washington

30.01.2023

Pendant que l’establishment occidental, et notamment étasunien, s’active dans l’objectif de combattre ses adversaires sur le continent africain, plus particulièrement la Russie et la Chine, il devient aujourd’hui totalement évident que l’Occident, dont Washington, a très peu à proposer de sérieux et fiable aux nations du continent. Et ce de l’avis des analystes chinois.

L’agence de presse internationale chinoise Xinhua publié un article qui remet les pendules à l’heure face aux accusations washingtoniennes à l’encontre de ses principaux adversaires en Afrique, dont évidemment la Chine. Les rappels qui y sont étalés confirment les analyses précédentes d’Observateur Continental.

L’article en question d’un des principaux médias chinois rappelle en effet que pendant la visite de la secrétaire étasunienne au Trésor, Janet Yellen, dans trois pays africains, à savoir le Sénégal, la Zambie et l’Afrique du Sud (dans ce dernier pays – pratiquement juste après la visite du chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov) – durant laquelle elle visait à poursuivre les tentatives de contrer l’influence croissante des rivaux des USA, dont la Chine, de nombreuses contradictions dans la ligne étasunienne apparaissent clairement.

Comme le note Xinhua – les contradictions commencent depuis la passerelle d’embarquement de l’avion de Yellen – sachant qu’elle y trouvera un terminal construit par une entreprise chinoise. Le véhicule la transportant sera également susceptible de rouler sur une route ou un pont bâtis par un constructeur de Chine. Et que les infrastructures modernes construites par la République populaire se trouvent un peu partout dans les pays africains. Chose effectivement que les Occidentaux n’avaient jamais pu, ou peut-être surtout n’avaient jamais voulu, proposer de manière honnête et sincère aux nations africaines.

Au cours dudit voyage, la représentante du régime washingtonien s’est tout de même vantée que les Etats-Unis offraient un «moyen meilleur et plus fiable» pour la croissance et la prospérité du continent et, à l’instar du régime qu’elle représente, a pointé du doigt sur les pratiques et les investissements chinois, en faisant mention de «l’héritage d’une dette insoutenable».

Pourtant et toujours selon l’article concerné – les gouvernements africains ont trois fois plus de dettes auprès de prêteurs privés occidentaux qu’avec la Chine. Cela sans oublier que ces prêteurs occidentaux facturent deux fois plus d’intérêts que la Chine. Selon Charles Onunaiju, directeur du Centre pour les études chinoises, basé au Nigeria, le récit du prétendu piège de la dette si activement exploité par l’Occident est injuste.

Pour lui, la question du piège de la dette a été une diffamation politique et de telles affirmations ne représentent qu’une diversion occidentale pour tenter à décharger justement l’Occident de toute responsabilité. On pourrait d’ailleurs rajouter – surtout lorsqu’on sait quel lourd bagage porte justement l’action néfaste de l’Occident à l’encontre de l’Afrique – historiquement parlant et à ce jour.

Cela sans oublier que malgré toutes les belles paroles de l’establishment washingtonien et plus généralement occidental – il est aujourd’hui admis qu’ils ne pourront jamais faire ni quelque chose de mieux que la Chine – ni de manière générale offrir quelque chose d’honnête et de constructif au continent africain. Ni sur le plan économique, ni sécuritaire, ni dans nombre d’autres domaines.

A notre niveau, il faudrait certainement rajouter qu’il serait très grand temps pour les élites occidentales au contraire d’apprendre et de s’inspirer de la sagesse chinoise, au lieu de poursuivre la promotion d’une mentalité néocoloniale et arrogante d’un autre âge. D’autant plus à un moment de l’histoire mondiale contemporaine où toute la prétendue puissance occidentale – n’impressionne plus. Et surtout que dans les actions actuelles des régimes occidentaux – la grande partie des peuples du monde, et notamment africains, voit surtout comme une extrême nuisance à l’encontre des intérêts de l’écrasante majorité de l’humanité.

Mais l’Occident n’apprend pas de ses erreurs. Et n’apprendra pas dans un avenir proche. Laissant aux partisans de l’ordre multipolaire international comme seules options la poursuite de l’interaction commune pour mettre un terme définitif à l’arrogance et l’hypocrisie de l’Occident. Et avec comme résultat – la chute finale des rêves des nostalgiques atlantistes de l’unipolarité. Quant à l’interaction de l’Afrique avec la Chine et la Russie – l’impuissance étasunienne et occidentale à l’encontre de cette interaction – n’est pratiquement plus à présenter

Mikhail Gamandiy-Egorov

L’énième impuissance occidentale face aux relations Afrique-Russie

26.01.2023

La nouvelle tournée actuelle du chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov sur le continent africain confirme d’une part l’importance des liens stratégiques qui existent entre les nombreux pays d’Afrique avec la Russie. Et de l’autre, ne fait que rappeler que l’Occident ne peut opposer grand-chose pour nuire à ces relations.

Malgré l’hystérie ultra-active du côté des régimes occidentaux vis-à-vis des liens qui unissent Moscou aux nombreuses capitales africaines, et ce dans divers domaines, rien ne semble pouvoir stopper jusqu’à présent les liens en question. Ni les innombrables pressions, menaces et intimidations, ni les promesses de pouvoir prétendument «faire mieux» que Moscou et Pékin.

La première étape de cette nouvelle tournée africaine de Sergueï Lavrov a eu lieu en Afrique du Sud – l’un des principaux partenaires de la Russie sur le continent africain, par ailleurs l’une des principales puissances continentales et membre des BRICS. Et qui d’ailleurs n’a pas manqué de susciter l’amère réaction du côté des principaux instruments propagandistes occidentaux. A l’instar du journal hexagonal Le Monde qui note que la visite de Sergueï Lavrov en Afrique du Sud rappelle la proximité entre Moscou et Pretoria, tout en reconnaissant que les autorités sud-africaines ont récemment confirmé la tenue d’exercices militaires conjoints avec les marines russe et chinoise au large de Durban.

Outre l’Afrique du Sud, les autres pays concernés par la tournée du chef de la diplomatie russe étant l’Eswatini, l’Angola et le Botswana. Quant à début février, Sergueï Lavrov se rendra cette fois-ci en Afrique du Nord, avec des visites au Maroc, en Tunisie et en Mauritanie. A noter qu’avec le Maroc de nouvelles pages fortement intéressantes sont en train de s’ouvrir dans le cadre bilatéral des relations.

Dans le domaine de la coopération énergétique – le Maroc était d’ailleurs récemment cité comme l’une des principales destinations des livraisons de produits pétroliers russes à l’échelle africaine et internationale. Selon les données citées, le Royaume a importé 735.000 tonnes de diesel en provenance de Russie en 2022 (contre 66 000 en 2021), et depuis le début de 2023 – déjà près de 140.000 tonnes.

Pour revenir à la tournée africaine de Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères n’a pas manqué de rappeler depuis la capitale d’Eswatini – Mbabane – que s’il y a un bien pays qui s’immisce dans les affaires intérieures des nations africaines – c’est bien la France.

Répondant ainsi aux déclarations du régime hexagonal prétendant que c’est «la Russie qui est derrière la récente décision des autorités du Burkina Faso d’exiger le départ des troupes françaises du pays». Une décision pour rappel du Burkina Faso accueillie avec beaucoup d’enthousiasme par la société civile burkinabè et panafricaine.

De manière générale, les liens unissant Moscou à ses alliés et partenaires stratégiques africains continuent de faire preuve non seulement d’un solide maintien, mais bel et bien d’un renforcement à plusieurs niveaux, y compris dans de nouveaux domaines d’interaction qui s’ouvrent aujourd’hui. Cela ne fait d’ailleurs que confirmer ce qu’Observateur Continental avait analysé dans un passé récent, à savoir l’impuissance des régimes occidentaux à nuire aux relations russo-africaines.

Et avec la complémentarité sino-russe à l’échelle internationale, y compris africaine – les diverses sorties et gesticulations des représentants de l’establishment atlantiste ne font qu’augmenter fort considérablement le rejet de la politique occidentale parmi les citoyens africains et par la même occasion accélérer les processus en cours – propres à l’ère multipolaire contemporaine.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Burkina Faso: adieu la Françafrique, bonjour l’Afrique!

24.01.2023

Après plusieurs échecs du régime français en terre africaine, l’effet domino se poursuit de manière attendue. Désormais et suite aux revendications populaires, c’est au tour des autorités du Burkina Faso d’officialiser la demande de départ des troupes françaises du sol national. Le système néocolonial de la Françafrique semble définitivement en chute finale.

Suite à l’annonce par les autorités burkinabè de l’exigence pour les troupes françaises se trouvant au Burkina Faso de quitter le pays dans un délai d’un mois – le président hexagonal Macron avait demandé des «clarifications». Des clarifications désormais obtenues: le gouvernement du Burkina Faso confirme avoir demandé le retrait des troupes françaises.

La confirmation est venue du porte-parole du gouvernement – Jean-Emmanuel Ouedraogo, dans une interview à la Radio-Télévision du Burkina (RTB). Si pour le moment, il ne s’agit pas d’une rupture diplomatique entre Ouagadougou et Paris, la page du partenariat militaire se termine bel et bien. Et ce de manière parfaitement logique et attendue, aussi bien par la société civile burkinabè, que par de nombreux autres citoyens africains.

En effet, et comme nous l’avions déjà plusieurs fois abordé – les mobilisations populaires souverainistes, le panafricanisme et la réalité multipolaire internationale ont complètement mis à mal la présence des nostalgiques de l’unipolarité sur le sol africain, ainsi que l’interférence fortement néfaste de ces derniers dans les affaires des Etats de l’Afrique. Et après la Centrafrique, le Mali, ou encore l’Ethiopie – il est devenu évident que les schémas néocolonialistes mis en place par les régimes occidentaux sur le continent africain – n’avaient plus du tout leur place.

Comme nous l’avions également souligné précédemment, les dits régimes atlantistes se retrouvent de-facto impuissants face aux millions de citoyens de pays africains mobilisés et qui comprennent parfaitement les événements en cours à l’échelle régionale, continentale et internationale. Et l’effet domino que nous avions également plusieurs fois abordé – est toujours et plus que jamais d’actualité. Et fort certainement ne fera que se poursuivre.

Pendant ce temps, il est évident qu’au lieu de changer de mentalité et devenir des acteurs constructifs du monde multipolaire et du destin commun de l’humanité – pour reprendre la notion du leadership chinois – l’establishment occidental maintient une approche arrogante, méprisante et condescendante vis-à-vis des Etats et peuples africains. Et plus généralement – vis-à-vis de tous les peuples non-occidentaux, et surtout ceux qui ne partagent pas leurs fameuses pseudo-valeurs, certainement occidentales, mais aucunement universelles.

Bien qu’il soit vrai aussi que tout en maintenant une approche arrogante propre à l’Occident depuis des siècles déjà – les derniers événements à l’échelle internationale – démontrent que le petit monde occidental se rend tout de même compte qu’il est loin, très loin, de pouvoir compter sur un large soutien à l’échelle de l’écrasante majorité de l’humanité.

Dans cette perspective, le pays de Thomas Sankara fait clairement le choix d’une rupture avec le régime hexagonal et les réseaux françafricains. Des réseaux qui tout en continuant à accuser la Russie, la Chine, la Turquie et d’autres puissances non-occidentales de leurs propres échecs abordés tellement de fois, refusent surtout à se regarder de manière un minimum objective dans le miroir.

Dans tous les cas – le Burkina Faso semble désormais définitivement faire le choix de l’orientation panafricaniste et pro-multipolaire. Tout en disant adieu à un système qui n’a plus du tout sa place dans le monde contemporain. Et ce – ni en Afrique, ni ailleurs.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=4583

Le Sommet USA-Afrique ou les tentatives de Washington à contrer Pékin et Moscou

16.12.2022

Malgré les tentatives étasuniennes de voiler les véritables objectifs du sommet avec les Etats africains, la campagne de séduction washingtonienne à l’encontre de l’Afrique confirme sa volonté à nuire aux relations stratégiques des pays du continent avec la Chine et la Russie. Mais également de tenter à repositionner une domination occidentale, face au rejet de la politique hexagonale et d’autres régimes européens sur le continent.

Comme le note l’un des principaux porte-voix de l’Hexagone France 24 – les Etats-Unis, qui se gardent de parler d’une compétition ouverte en Afrique, ont alerté, sur l’influence croissante «déstabilisatrice» de la Chine et de la Russie sur le continent, tout en promettant des milliards de dollars d’aide, lors du sommet avec les pays africains organisé à Washington. Confirmant par la même occasion les véritables intentions étasuniennes.

Du côté d’un autre porte-voix des intérêts hexagonaux, et plus particulièrement françafricains, en l’occurrence le magazine Jeune Afrique, ledit sommet pourrait également être vu comme «un pied de nez à Macron», et une réaction étasunienne aux récentes déconvenues françaises en Afrique.

Ce dernier point est particulièrement intéressant dans le sens que c’est une réalité qu’Observateur Continental avait maintes fois abordé, plus exactement que l’allié washingtonien de Paris tente de surfer sur le sentiment général hostile à son allié français, et ce pendant que le réseau néocolonial françafricain continue en bon sous-traitant de Washington à accuser la Russie, la Chine et la Turquie de ses propres échecs sur le continent africain.

Si bien même que l’élite hexagonale comprendrait être, dans un dossier de plus, le dindon de la farce – la marge de manœuvre de la France macronienne est extrêmement limitée, pour ne pas dire – nulle.

Quant à la Chine et la Russie, qui sont les seuls et réels opposants puissants à la domination occidentalo-atlantiste sur le sol africain – comme Observateur Continental l’avait également soulevé précédemment – Washington malgré toutes les belles paroles et promesses possibles – ne pourra ni surpasser Pékin sur le plan de l’interaction économique avec les pays africains, ni faire mieux sur le plan sécuritaire que Moscou.

Le tout à l’heure où la Chine et la Russie confirment de plus en plus l’approche de complémentarité bilatérale de leur politique à destination de l’Afrique, et que même économiquement parlant Moscou est en train de rattraper le retard par rapport à ses concurrents occidentaux opérant en Afrique, à un moment où tout ne fait encore que se construire.

Pour revenir au sommet organisé à Washington, il faut noter également de nombreux absents : les leaders du Mali, du Burkina Faso, de Guinée et du Soudan n’ayant pas été invités, tandis que ceux du Zimbabwe et de l’Afrique du Sud ont pris la décision de ne pas se déplacer, confirmant qu’au-delà de ses alliés hexagonaux et britanniques – Washington a lui-même du pain sur la planche.

En parlant justement de la République d’Afrique du Sud – l’une des principales puissances africaines et membre des BRICS – le président Cyril Ramaphosa avait pris la décision de ne pas prendre part audit sommet, sans en préciser les raisons exactes.

Et si selon certaines sources, les raisons peuvent être simplement internes, le fait est que l’Afrique du Sud fait partie des pays africains n’ayant pas apprécié les pressions et menaces washingtoniennes de faire rompre les relations avec la Russie, sous peine de sanctions. Cela sans oublier que le président sud-africain Ramaphosa faisait partie des chefs d’Etat internationaux ayant ouvertement critiqué le rôle néfaste de l’Otan dans les événements ukrainiens.

Mikhail Gamandiy-Egorov

http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=4502

Burkina Faso: les Occidentaux s’agitent déjà

11.10.2022

Alors qu’il est toujours trop tôt à pouvoir déterminer l’orientation que privilégieront les nouvelles autorités burkinabés, l’inquiétude grandit au sein des cercles occidentaux. Après les échecs subis dans de nombreux pays africains, le Burkina Faso risque de devenir la goutte de trop pour un establishment occidental largement rejeté en Afrique.

Des inquiétudes et diverses interprétations de Paris jusqu’aux pressions et mises en garde de Washington, décriées par les experts africains, la tendance semble aller assez clairement en direction de nouveaux défis pour l’establishment occidental.

Après les échecs au Burundi, en Centrafrique, en Ethiopie ou plus récemment au Mali – le processus de la chute d’influence non plus seulement du système françafricain, mais plus globalement occidental, ne semble pas pouvoir être stoppé en Afrique. Et si bien même que Washington a tenté de surfer sur la vague panafricaine, en utilisant des éléments qui reprenaient le discours anti-français tout en promouvant la ligne pro-étasunienne, en d’autres termes en poignardant son propre allié, aujourd’hui lui aussi doit se rendre à l’évidence d’être largement rejeté, au même titre que Paris.

D’où les nouvelles menaces et mises en gardes, notamment à destination des nouvelles autorités burkinabés. Le seul souci pour les élites atlantistes, c’est qu’elles oublient une fois de plus que dans la réalité contemporaine, elles n’ont plus seulement en face des leaders de plus en plus à l’écoute de leurs populations, mais justement ces mêmes populations – déterminées à en découdre une bonne fois pour toute avec le système néocolonial occidental sur leur sol.

Les élites occidentales, dans l’extrême arrogance et sentiments de prétendue supériorité qui les caractérisent, pensent fortement à tort que leurs assassinats des grands leaders panafricains, dont Patrice Lumumba, Thomas Sankara, plus récemment Mouammar Kadhafi, et bien d’autres encore – ont été oubliés dans la mémoire collective africaine. Il n’en est rien.

Au contraire et plus que jamais des millions et des millions d’Africains reprennent le flambeau des leaders tombés. L’Occident avait beau tenté à détruire, humilier leur mémoire – rien n’y fait, c’est le retour des flammes à l’envoyeur. Et rien ne semble être en mesure non seulement à éteindre les dites flammes, mais même ne serait-ce qu’à faire baisser leur intensité.

Dans cette perspective, les nouvelles agitations, menaces, intimidations occidentales ont vraisemblablement le mérite d’augmenter la puissance du feu dans lequel brûlent leurs projets malsains pour le continent africain. Faibles en analyse des peuples non-occidentaux, peut-être par manque de capacité intellectuelles, mais surtout car étant incapables de se défaire de la posture néocoloniale ancrée en eux depuis des siècles, Washington, Londres comme Paris continueront à cueillir les «fruits» de leur politique.

Encore une fois et quels que soient les futurs choix stratégiques de Ouagadougou, les autorités nationales ne pourront rester sourds aux appels de la population du pays. Les mobilisations populaires ne sont pas prêtes à s’arrêter et la vague panafricaniste continuera à balayer l’arrogance occidentale. Et si aujourd’hui en Ukraine se déroule le combat contre les derniers vestiges de l’unipolarité atlantiste, c’est notamment en Afrique que se jouera très certainement l’avenir du monde multipolaire post-occidental.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Burkina Faso: le rejet de la Françafrique au summum

04.10.2022

S’il est encore difficile de déterminer la voie que choisiront les nouvelles autorités burkinabés après le récent coup d’Etat militaire, une chose demeure évidente: le rejet quasi-total de l’orientation françafricaine par les populations concernées. Un rejet qui, s’il n’est pas écouté correctement, ne fera que relancer d’autres révolutions populaires.

Une fois de plus, Paris voit très mal les événements en cours dans ce qu’il considère comme son prétendu pré-carré, une notion qu’il devra fort probablement oublier au plus vite. Et ce qui fait le plus mal aujourd’hui au système néocolonial de la Françafrique, et plus généralement à l’establishment occidental, ce ne sont pas tant les coups d’Etat militaires communément appelés comme tels dans le mainstream médiatique de l’Ouest, mais bien les mobilisations sans précédent des populations africaines.

Après tout et si l’on prend les principaux échecs jusqu’à présent pour l’establishment hexagonal en Afrique francophone, à savoir la Centrafrique et le Mali, les deux cas restent différents et ressemblants au même moment. Différents dans le sens de l’organisation des pouvoirs concernés, ressemblants car jouissant d’un très large soutien populaire à l’intérieur des pays cités.

Plus que cela, et comme nous avons souvent répétés dans le passé – les cas de la RCA et du Mali – d’exemples longtemps cités comme étant parmi les plus négatifs à l’échelle continentale en raison de l’insécurité quasi-chronique – sont désormais devenus d’énormes sources d’inspiration pour beaucoup d’autres nations du continent africain.

Pour revenir au Burkina Faso, les experts africains s’accordent à dire que quelle que soit la suite des orientations choisies par le nouveau pouvoir, suite au coup d’Etat conduit par le capitaine Ibrahim Traoré, le principal étant de ne pas faire le jeu de Paris. Car c’est précisément ce que reprochent les citoyens burkinabés à Paul-Henri Damiba, déchu à la suite de ce nouvel coup d’Etat militaire.

Quant aux drapeaux russes que portaient de nombreux manifestants au Burkina Faso, comme d’ailleurs à l’instar d’autres pays africains, si en Occident beaucoup sont ceux qui souhaitent y voir une «main de Moscou», la réalité démontre plutôt qu’ils sont, une fois de plus, si loin du compte.

La réalité étant surtout que les Africains rejettent, sans plus le moindre doute, massivement la politique hexagonale et occidentale – aussi bien vis-à-vis de leurs pays respectifs, de leur continent, et plus généralement à l’échelle internationale. Quant à la Russie, beaucoup de citoyens africains la voient si ce n’est pas comme la force libératrice, alors au moins stabilisatrice, qui contribue à apporter la sécurité, notamment face aux divers groupes terroristes, tout en remettant de l’ordre face à l’arrogance néocoloniale occidentale. Une arrogance que les Africains, dans leur très large majorité, ne toléreront plus jamais.

Et ce qui fait effectivement si peur aux élites occidentales, c’est que si bien même quand elles arrivent à corrompre certains nouveaux pouvoirs africains en place, ou du moins à les forcer à faire marche arrière sur certaines de leurs promesses, évidemment ce schéma ne marche vis-à-vis des millions et des millions de citoyens africains, qui se revendiquent du panafricanisme et de la multipolarité.

Au Mali comme en Centrafrique, où le pouvoir militaire dans le premier cas, civil dans le deuxième, marchent main dans la main avec les aspirations populaires, représentent le plus grand et principal défi aux néocolonialistes résolus, des néocolonialistes nostalgiques du diktat unipolaire par la même occasion.

Dans le cas du Burkina Faso, s’il est encore trop tôt à connaitre les choix stratégiques qui se feront par le nouveau pouvoir en place, l’essentiel étant qu’il ne pourra se permettre de ne pas prendre en compte les attentes de la population burkinabé. Et si en Afrique très nombreux sont ceux qui associent déjà le leader malien Assimi Goïta au légendaire Thomas Sankara, les autorités du Burkina Faso devront encore attendre et démontrer si une telle comparaison avec leur grand compatriote pourra elle aussi se faire à leur encontre.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Le discours historique du Premier ministre malien à la tribune onusienne

27.09.2022

Révolutionnaire, inspirant, grandiose – telles sont aujourd’hui les seulement quelques caractéristiques données par les citoyens maliens et d’autres pays africains à l’égard du discours du colonel Abdoulaye Maïga, Premier ministre par intérim du Mali, à l’ONU. Il est largement vrai que ce discours traduit également le courage de tout un peuple, ayant dans sa large majorité et avec le soutien de nombreux autres Africains – jeté un défi aux vestiges du néocolonialisme occidental en terre africaine.

Dans son discours, Abdoulaye Maïga n’a pas manqué de pointer du doigt l’ex-puissance coloniale hexagonale sur plusieurs volets, y compris sécuritaire. Et aller même jusqu’à parler de «junte française», tout en rappelant que le Mali n’a absolument aucun problème avec les citoyens français ordinaires.

Cette qualification est d’autant plus justifiée lorsqu’on sait que le régime hexagonal ne cesse de qualifier les autorités maliennes, soutenues par l’écrasante majorité de la population du pays et des millions de citoyens d’autres pays africains, de «junte». Une hypocrisie d’autant plus révoltante que l’establishment de Paris appelle le régime kiévien de pouvoir «démocratique», alors qu’il n’est que celui issu d’un coup d’Etat soutenu par l’Occident – et rejeté par des millions de citoyens ukrainiens – pour beaucoup désormais ex-ukrainiens.

Mais si la réponse sans détour du Mali à la tribune onusienne visait l’ex-puissance coloniale, la réalité est qu’elle vise de-facto tout l’Occident collectif. Un Occident collectif arrogant, raciste, convaincu quant à sa prétendue «supériorité» sur les autres peuples de la planète, des peuples qui pourtant représentent ensemble l’écrasante majorité de l’humanité. Avec ce discours historique, une nouvelle page semble effectivement s’ouvrir non seulement pour le Mali – terre d’une grande civilisation ancienne – mais également pour tout le continent africain, dont un énorme nombre d’habitants se retrouvent pleinement et avec enthousiasme dans les paroles prononcées par le colonel Maïga.

Et cette page c’est évidemment celle du panafricanisme, de la souveraineté pleine et entière et d’une appartenance ferme à l’ordre multipolaire international. Les experts des plateaux occidentaux auront beau à poursuivre leurs fanfaronnades en jouant sur des mots n’ayant plus aucun sens – pour des millions et des millions d’Africains, et d’autres peuples de la planète – cela n’aura absolument plus aucune importance.

D’où d’ailleurs et plus que jamais les innombrables menaces de l’Occident collectif otanesque à l’endroit de tous ces peuples, notamment africains, et le chantage qui s’en suit. Encore une fois – que cet Occident se calme, car s’il y aura bien ceux qui ont beaucoup trop à perdre, ce sont bien les Occidentaux, ayant des représentants totalement exécrables et complètement hors-sujet dans la voie contemporaine mondiale.

Une fois de plus, les règles auxquelles l’Occident devra désormais s’habituer dans ses relations avec la Russie et la Chine, ainsi que d’autres puissances non-occidentales promotrices de l’ordre multipolaire international, sont également celles qui seront de plus en plus appliquées dans les relations entre l’establishment atlantiste et le continent africain.

La richesse de l’Occident est effectivement et en grande partie due à l’Afrique, et non pas le contraire comme le prétendent les pseudo-élus et les pseudo-experts du petit monde occidental. Et face à cette réalité, l’Occident devra soit apprendre à faire profil bas en diminuant radicalement l’arrogance qui le caractérise, soit devra continuer à subir des échecs, qui d’ailleurs ne font que commencer.

Mikhail Gamandiy-Egorov

Mali vs Côte d’Ivoire: lorsque la dignité doit faire face à la sous-traitance pro-occidentale

16.09.2022

La crise actuelle entre Bamako et Abidjan dépasse le cadre strictement régional ouest-africain. Il s’agit en effet et avant tout d’une confrontation entre deux visions diamétralement opposées. L’une misant sur la souveraineté nationale et les valeurs panafricaines, l’autre restant dans une posture de sous-traitance en faveur du néocolonialisme occidental. Et le cadre à proprement dit «régional» prend de plus en plus une tournure continentale.

Depuis l’arrestation, en juillet dernier, de près d’une cinquantaine de mercenaires ivoiriens par les autorités maliennes, la crise ne cesse de s’envenimer entre le Mali et la Côte d’Ivoire. Ceci étant dit, nombreux sont les citoyens ivoiriens qui soutiennent le positionnement du voisin malien dans ce dossier.

Au-delà de l’efficacité à travers laquelle a eu lieu cette arrestation des dits mercenaires, dont l’objectif visait fort vraisemblablement à tenter un énième coup d’Etat pro-occidental en terre malienne, ou du moins à créer des problèmes sécuritaires pour l’Etat malien, la fermeté avec laquelle le pouvoir du Mali a maintenu sa ligne jusqu’à maintenant – a été approuvée non seulement par des millions de Maliens, mais également un très grand nombre d’autres citoyens de pays africains.

Pendant ce temps, le président ivoirien et l’un des principaux représentants restants du système néocolonial de la Françafrique, tente à nouveau de mobiliser un front anti-malien, notamment au niveau de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

Bien qu’il soit nécessaire de reconnaitre – avec de plus en plus de difficulté, à l’heure où de nombreux chefs d’Etat de la région, tout comme à l’échelle continentale, sont de plus en plus à l’écoute des aspirations pro-panafricanistes et pro-multipolaires de leurs citoyens. Avec en prime le rejet des schémas si longtemps entretenus par l’establishment occidental sur le continent.

D’autant plus que les méthodes de déstabilisation, y compris à travers l’implication de mercenaires, sont fort loin d’être nouvelles et représentent aujourd’hui un défi non plus seulement pour les Etats africains ayant ouvertement coupé le cordon «ombilical» avec l’Occident collectif, mais également tous les pays qui sont en voie de le faire ou du moins qui adoptent un positionnement de plus en plus équilibré, en s’éloignant progressivement du diktat occidental.

Faudrait-il à ce titre rappeler l’implication de mercenaires français, notamment en République centrafricaine dans un passé récent? Depuis, Paris et d’autres capitales nostalgiques de l’unipolarité tentent par tous les moyens de maintenir cette méthode d’interférence et de déstabilisation à l’encontre des Etats libres d’Afrique, mais avec une mise à contribution plus active des principaux sous-traitants. Comme celui du régime ivoirien.

Néanmoins, il est important de constater qu’au-delà de l’approche patriotique et ferme avec laquelle agissent des Etats africains souverains comme la RCA ou le Mali, on assiste depuis assez récemment à une augmentation nette de l’efficacité en matière de sécurité et des services de renseignement dans le cadre de ces pays. Rendant ainsi la tâche des déstabilisateurs traditionnels et de leurs forces sous-traitantes – de plus en plus difficile.

De manière générale et dans la crise qui oppose le Mali au régime ivoirien actuel – la vérité et la dignité semblent prendre le dessus sur le mensonge et les méthodes criminelles. Et cela est connu aussi bien des citoyens maliens qu’ivoiriens, ainsi que des autres peuples du grand continent africain. La confrontation entre les deux visions prend désormais ouvertement une tournure réellement continentale. Et au vu des processus en cours, aussi bien en Afrique qu’à l’échelle internationale, il devient beaucoup plus facile de comprendre les vives inquiétudes des régimes occidentaux et affiliés.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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